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 « Seigneur Jésus,
apprenez-nous à être généreux,
à vous servir comme vous le méritez,
à donner sans compter,
à combattre sans souci des blessures,
à travailler sans chercher le repos,
à nous dépenser sans attendre d’autre récompense
que celle de savoir que nous faisons votre Sainte volonté. »

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N° 46 – Avril/Mai 2009

Jérusalem – La Pore Dorée

Table des matières

Editorial

Il y a 100 ans naissait Tel Aviv

La communauté druze en Israël (2ème partie)

Le parc de Ramat Hanadiv

L'église arménienne de Jérusalem

Le niveau de la mer morte remonte un peu ...  

Sderot, une ville peu connue

La bénédiction du soleil

La vie en parabole

Un journaliste pas banal

Meïr Diezengoff

Le chant du mois

Humour: une blague ancienne

Infos pratiques

Editorial

Ce n'est pas un écho d'Israël, ce sont de multiples échos, un kaléidoscope sur Israël. On nous guide

– dans l'église arménienne de la Vieille Ville de Jérusalem avec des chapelles datant du quatrième, cinquième siècle;

– chez les Druzes de Galilée, issus d'une branche de l'Islam au dixième siècle;

– dans la ville de Sdérot sortie des camps d'absorption dans les années 50, dans le magnifique parc du baron de Rotschild de 1914 ;

– et enfin, à Tel Aviv, surgie du sable il y a 100 ans.

Ce 4 avril 2009, 250000 personnes étaient rassemblées pour fêter l'inauguration des festivités de ce centenaire, non loin du lieu où, le Il avril 1909, soixante à soixante-dix bourgeois s'étaient rassemblés sur le sable pour la photo de fondation, là où, quelques mois plus tard, s'élèvera le premier quartier de Tel Aviv.

«Passer brusquement d'un clair de lune sur Jérusalem à un plein soleil sur Tel Aviv fut, pour le poète que je voulais demeurer, une épreuve assez dure. »écrit Edmond Fleg vers 1930 dans son livre Vers le monde qui vient, au chapitre La ville juive. « Tournée vers l'avenir, cette ville sans histoire fut bâtie par de petits bourgeois sur des dunes sans légendes. Et, quand je lui cherchais un passé qui eût plus de vingt ans, je ne trouvais que du sable. ( ... ) Une ville, pour être juive, devait-elle offusquer le regard à ce point? Fallait-il nécessairement qu'elle étalât cette Europe sans grâce au milieu du paysage palestinien? »

Son ami, le peintre Rubin dont le pinceau lui avait «révélé naguère à Paris mieux que les descriptions de tous les écrivains, les lignes et les couleurs de la Ville Sainte» lui disait: « Moi, je ne pourrais pas vivre à Jérusalem; Jérusalem, c'est un musée; pour vivre, il me faut Tel Aviv. » ( ... )

« Quand même, Rubin ! Préférer Tel Aviv à Jérusalem ! ... ».

«Faut-il tout vous dire? A Jérusalem, je suis chez les Arabes, chez les Anglais, chez les goïm; à Tel Aviv, je suis chez moi. » Et Edmong Fleg va peu à peu découvrir une histoire à ce sable: « Ce sable se mêlait pour moi à celui du désert que, trois mille ans plus tôt, les Hébreux avaient franchi pour passer de la servitude à la liberté. N'était-ce point une servitude également douloureuse que tant d'hommes avaient quittée pour venir ici?

J'entre chez le pharmacien. Tout en couvrant d'une rondelle de papier, qu'il plie et replie, le bouchon d'un flacon, il sourit : peut-être s'est-il battu pour la Russie des tsars qui, dans la zone interdite aux Juifs, aura refusé à ses blessures les soins de l'hôpital! J'entre chez le photographe. En me rendant les pellicules qu'il a développées et dont il critique les ombres et les lumières, il sourit: peut-être a-t-il trouvé, dans son village, en Pologne, son père crucifié sur le bois de son comptoir! Le cordonnier, le chapelier, le confiseur, le boulanger n'ont sans doute point vu de pareilles tragédies; mais tous ont connu l'angoisse, la honte, la peur. Maintenant, ils ne se souviennent de leur souffrance que pour se rappeler qu'elle a cessé, et c'est leur délivrance que raconte leur sourire. »

Edmond Fleg, lui aussi, va se sentir« comme en sécurité» chez lui, dans une pension de famille de Tel Aviv. «Maintenant, je comprenais: tous étaient juifs, aucun mot contre les Juifs ne serait prononcé. Jamais, pourtant, je n'avais entendu médire des Juifs en ma présence, ni même soupçonné que je le redoutasse. Quelle découverte! Obscurément, j'étais guetté par cette crainte! Tel Aviv, tout à coup, m'en délivrait! »

C'est aussi dans ce renouveau de la langue, de l'hébreu, que nous conduit La vie en parabole, cette« parabole sur l'existence de Dieu ». Et, Un Echo d'Israël se termine en chantant: « des mots, des mots », hébreux, bien sûr, inventés par ce Juif désopilant, Eliezer Ben Yehuda.

 

Histoire

Il y a 100 naissait Tel Aviv

Jean-Marie Allafort

En ce premier week-end du mois d'avril, s'ouvrent les festivités du centenaire de la première ville hébraïque au monde, l'un des symboles les plus remarquables de l'entreprise sioniste. Tel Aviv, aujourd'hui une métropole devenue le centre économique, culturel et politique d'Israël, est née comme un quartier juif au nord de Jaffa, cité plurimillénaire.

Tel Aviv, ville levantine au bord de la Méditerranée, enthousiasme ou rebute. Ville laïque, souvent mise en opposition à Jérusalem, la ville religieuse, elle est présentée comme insouciante, artificielle, extravertie et tournée vers le futur. Ville moderne, dont le nom est connu dans le monde entier, elle a réussi la performance d'être classée comme patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco. Comme toute grande cité qui se respecte, la ville qui a vu naître l'Etat d'Israël a déjà sa légende de fondation. La première ville hébraïque surgie des sables et construite par une poignée de Juifs qui aspiraient à la modernité, est l'un des symboles de la réussite du sionisme.

Le projet de la création d'un nouveau quartier juif à l'extérieur de Jaffa, quelque peu insalubre, a émergé en juillet 1906, lors d'une réUl11Ol1 organisée par un petit groupe de Juifs appartenant au cercle 'Y échouron'. Akiva Arieh Weiss, un nouvel immigrant de Biélorussie, orfèvre de métier, fut à l'origine de linitiative de créer un quartier d'habitation moderne et propre. Pour réaliser ce projet, ils fondèrent la Société des Bâtisseurs de Maisons (Agoudat Boné Batim). Deux ans plus tard, l'idée commence à prendre forme. La nouvelle société prit alors le nom de Ahouzat Baït (Domaine d'habitation) qui deviendra aussi le prermer nom donné à ce quartier. A cette époque, à Jaffa, sur une population de 40 000 habitants, on comptait près de 8000 Juifs qui se sentaient quelque peu à l'étroit et dont le style de vie était peu adapté aux conditions de cette ville. Le nouveau quartier serait comme une cité-jardin selon le modèle proposé par Sir Ebenezer Howard. Il n'était pas question pour les membres de Ahouzat Baït de construire une simple extension de Jaffa mais une véritable infrastructure autonome qui prendrait modèle sur les grandes villes européennes, avec des habitations confortables, des jardins privés et publics et des grandes avenues. Ils ne voulaient pas non plus imiter les quartiers juifs déjà existants hors de Jaffa, comme Nevé Tsedek ou Névé Shalorn, qui reprenaient le modèle de la cité orientale avec des cours intérieures et des maisons les unes sur les autres. Il fallait créer quelque chose de tout-à-fait nouveau : un quartier qui deviendrait une localité indépendante avec un plan d' urbani sation, l'eau courante, le tout-­à-l'égout etc.

Dans un premier temps, les organisations Juives et sionistes qui aidaient au développement des villages agricoles refusèrent d'apporter une contribution financière. Pour la construction des 66 premières maisons, les membres de Ahouzat Baït avaient besoin de fonds. Le terrain de 13, 5 hectares, sablonneux avec quelques pieds de vigne laissés à l'abandon, fut acheté par des courtiers immobiliers juifs. Son acquisition et son enregistrement au cadastre ne se firent pas sans peine. L'administration ottomane ne voyait pas d'un très bon œil l'édification d'un nouveau quartier juif à l'extérieur de Jaffa. Pour la petite histoire, les Turcs avaient installé un camp militaire près du futur quartier sachant bien que la loi ottomane interdisait la construction de maisons près d'installations tenues par l'armée. Dans un empire en déclin où le bakchich remplaçait le système administratif légal, les difficultés furent surmontées ...

Un fonctionnaire de l'Agence Juive, Arthur Ruppin, joua également un rôle important dans l'édification de la future localité. Il réussit à persuader le Kerem Kayemet Leisrael et l'Anglo-Palestine Bank de l'Organisation Sioniste d'accorder un prêt à un taux d'intérêt modéré.

C'est le photographe Abraham Suskin qui allait immortaliser la fondation de ce qui deviendra la première ville hébraïque au monde. On peut y voir une noble assemblée de 60 ou peut-être 70 personnes, en habits de fête, qui venait de participer à un étrange tirage aux sorts. Ce Il avril 1909, deuxième jour de Pessah, il fut décidé d'attribuer à chaque membre fondateur du quartier une parcelle de terre sur laquelle il construirait sa maison.

Akiva Arieh Weiss raconte dans ses mémoires qu'il avait ramassé sur la plage 60 coquillages gns et 60 coquillages blancs. Sur les coquillages blancs on inscrivit le nom des participants et sur les gris le numéro de la parcelle à attribuer. Puis le tirage au sort eut lieu. Chaque propriétaire tira deux coquillages de couleurs différentes. Meïr Dizengoff, qui sera le premier maire de Tel Aviv, reçut la parcelle de terre où se déroula la cérémonie. C'est à cet endroit même que, 39 ans plus tard, sera proclamée la création de l'Etat d'Israël par David Ben Gourion.

Une légende raconte également qu'un fou de service aurait hurlé à l'adresse des fondateurs : "Espèces de cinglés, vous allez périr dans le désert".

Mais l'utopie allait très vite devenir réalité. Le 30 avril de cette même année, la première pierre de la première maison fut posée. En octobre 1909, quelques dizaines de familles purent déjà s'installer. Le premier quartier, qui jettera les bases de Tel Aviv, sera habité par 66 familles considérées comme les fondateurs de la ville.

Les premières maisons de Ahouzat Baït étaient à deux étages, avec des toits en tuiles et unjardin entouré d'une murette de pierre. S'il faisait bon y vivre, si l'endroit était propre et calme, il restait tout-de-même un quartier-dortoir, une dépendance de Jaffa. Les Turcs s'opposèrent à l'ouverture de boutiques ne voulant pas que le nouveau quartier prenne son autonomie. Au terme de nombreuses tractations, les autorités ottomanes autorisèrent l'ouverture d'un kiosque qui aurait le droit de vendre des boissons non alcoolisées. Ce kiosque existe encore aujourd'hui sur le boulevard Rothschild.

Quelques mois après l'installation des premières familles, une polémique allait enflammer les esprits : quel nom donner au nouveau quartier hébraïque? Plusieurs propositions furent avancées:

Nevé Yaffo (résidence de Jaffa), Nof Yaffé (Beau paysage), Nouvelle Jaffa, Aviva (la printanière) ou encore Ivria (l'Hébraïque). On proposa également le nom de Herzlia (en hommage à Théodor Herzl). Finalement, c'est Menahem Sheinkin qui lança l'idée quelque peu originale de Tel Aviv. Ce nom était le titre de la traduction hébraïque du roman de Herzl. Altneuland (Terre ancienne et nouvelle) faite par Nahum Sokolov. 'Tel' renvoie au passé et à l' antiquité et 'Aviv' (printemps) à la renaissance et au renouvellement. Le vote eu lieu le 21 mai 1910 lors de l'assemblée du comité de Ahouzat Baït : 20 se prononcèrent pour le nom Tel Aviv contre 15 pour Nevé Yaffo, Les membres qui votèrent ce jour-là ignoraient que le nom de Tel Aviv figurait déjà dans la Bible, dans le livre d'Ezechiel (3, 15) et qu'il renvoyait à une ville de Babylonie qui accueillait les exilés de Sion !

A partir de 1913, ce nom sera aussi attribué aux autres quartiers construits autour de que ce qui sera dorénavant le cœur de la cité.

Le quartier de Tel Aviv ne fut pas le premier à voir le jour en dehors de Jaffa. Il existait quelques hameaux arabes, le village de Sarona fondé en 1871 par les Templiers allemands et habité dans les années 20 par quelques 270 personnes et le quartier de Nevé Tsedek fondé en 1887 par des membres des Amants de Sion et des immigrants de la seconde alya (immigration). En 1904, Nevé Tsedek comptait déjà une centaine de familles. Mais les maisons étaient petites, serrées les unes contre les autres et peu modernes. Un autre quartier du nom de Nevé Shalom verra le jour en 1890. Il ressemblait un peu à une petite ville juive de la Diaspora avec ses institutions religieuses, ses ateliers et ses petites boutiques. Nevé Tsedek et Nevé Shalom qui seront rattachés à Tel Aviv resteront durant des dizaines d'années des quartiers pauvres.

Les premiers pionniers de Tel Aviv seront fiers de l' œuvre réalisée : le quartier fut construit entièrement par la main d'œuvre juive et non arabe, comme c'était le cas dans de nombreux villages agricoles ou des quartiers juifs de Jérusalem. Pour les fondateurs, il ne s'agissait pas seulement de construire un quartier bourgeois avec toutes les commodités de la modernité mais de concrétiser un rêve: celui de bâtir une cité juive moderne où la langue serait l' hébreu et de réaliser l'idéal sioniste qui n'était pas seulement travailler la terre. Edifier quelque chose de neuf, d'unique en son genre à cette époque au Moyen-Orient. Tel Aviv sera très vite le centre urbain le plus important de la présence juive en Palestine. Il va répondre aux besoins de dizaines puis de centaines de milliers de Juifs qui désiraient vivre une vie conforme aux normes européennes tout en réalisant l'idéal sioniste.

Tel Aviv est la première ville qui a été édifiée par des Juifs en Terre sainte depuis au moins la fin de la période talmudique (500 après JC). Elle symbolise donc, plus que toutes les autres cités du pays, le retour du peuple juif sur la Terre de la Promesse.

Dossiers

La communauté druze en Israël (2ème partie)

Loïc Le Méhauté

Villages druzes en Israël

Dans le monde la population druze est estimée à plus d'un million. La plus grande partie de la communauté druze vit dans les zones montagneuses de la Syrie (près de la moitié), au Liban (30%-40%), quelques milliers uniquement en Jordanie et en Israël (6%-7%). De grandes communautés d'expatriés vivent en dehors du Moyen­Orient: États-Unis, Canada, Amérique Latine, Europe ...

En Israël, les Druzes, communauté arabophone forte de plus de 120 000 personnes réparties dans 22 localités, sont reconnus officiellement comme une entité religieuse distincte avec leurs leaders spirituels, et leurs propres tribunaux (comprenant leur juridiction concernant les affaires de statut personnel, manage, divorce, adoption ... ). De plus, ils possèdent une autonomie sociale et cultuelle. Ce sont des citoyens israéliens. Leurs villes et villages sont perchés sur les hauteurs du nord du pays, ce qui permit dans le passé d'assurer une meilleure sécurité contre les attaques et les persécutions. Ils se répartissent ainsi : Mont Carmel 25% ; Galilée 70% ; plateau du Golan 5%. Le Bureau Israélien des Statistiques annonçait qu'au début de l'année 2008 la communauté druze d'Israël représentait 1,7% de la population israélienne et 8% de la population arabe du pays.

Mont Carmel Daliyat el-Carmel. située au cœur du Parc national du Carmel est la plus grande ville druze du pays (15 000 personnes), créée il y a quatre siècles par des Druzes de la région d'Alep (Syrie). Ceci est attesté par leur fort accent d'Alep (Halab) et le nom de la plus grande famille de la ville, les Halabi, Dans cette ville un mémorial militaire israélien fut élevé pour les quelques 400 Druzes tués lors de combats pour le pays. Isfiya est construit à l'emplacement d'un village byzantin et croisé. En 1930, des ruines comprenant un pavement de mosaïque d'une synagogue et témoignant d'une communauté juive du Ve siècle furent mises au jour. Le village druze, créé au XVIIIe siècle, vivait surtout de l'huile d'olive et d'élevage de chèvres et de moutons. Sur les 10 000 habitants, 70% sont druzes, les autres sont chrétiens ou musulmans. Très récemment ces deux villes ont fusionné pour former l'agglomération Ir- Hacarmel.

Galilée :Shefar ' am (Galilée Occidentale),       ancien village juif mentionné dans le Talmud et siège du Sanhédrin au Ile siècle de notre ère, a vu sa communauté juive complètement disparaître au XXe siècle. Aujourd'hui, forte de près de 30 000 Druzes, cette ville comprend également une population musulmane et chrétienne. Chaque groupe religieux possède des lieux saints et des maisons de prière. En Galilée Orientale les villages de Maghar : 17 000 habitants dont 60% Druzes, 20% musulmans et 20% de chrétiens ; de Rama: 7000 habitants et le petit village de Sajur. Dans la Haute Galilée proche du mont Meron, le village entièrement druze de Beit Jan comprends la 000 personnes. Très proche de là, Peki' in, un des plus anciens villages du pays souvent mentionné dans les sources historiques, possède encore quelques membres d'une ancienne communauté juive. Ici, la plus ancienne école druze fut créée par l'Église russe à la fin du XIXe siècle. D'autres villages druzes allant de quelques centaines de personnes à quelques milliers, sont disséminés dans toute la Galilée : Ein el-Asad, Kafr Surnei ', Kirsa, Yanuah, Yirka, Abou Sinan, Jat, Hurfeish et Julis où vécut l'ancien chef spirituel de la communauté dont le petit-fils Saleh Tarif fut le premier Druze nommé ministre au gouvernement israélien. Plateau du Golan : Majdal Shams, Mas 'ada, Buqata, Ein Qunya, AI Ghagar, Suheeta. (plus de 20 000 Druzes).

Un Centre arabe des droits de l'homme se trouve à Majdal Shams en vue du dialogue israélo-syrien et de la connaissance de la situation des Druzes du Golan. Sur une place, au cœur de cette ville, est érigée une statue du sultan Pacha al-Atrash (1885-1982), le héros de la cause druze en Syrie quand, en 1945, il souleva la Montagne druze contre l'armée française.

Les Druzes du Golan, étant sous l'autorité israélienne depuis la guerre des Six jours (1967), ont une position politique réservée face au gouvernement israélien contrairement aux autres Druzes de la Galilée et du mont Carmel. En 1981 ils furent soumis à la juridiction et à l'administration israélienne quand le plateau du Golan fut annexé par l'État d'Israël. Mais certains Druzes refusèrent la citoyenneté israélienne, se considérant syriens.

La majorité des Druzes du Golan travaille dans l'agriculture. De nombreuses terrasses furent réalisées ces 20 dernières années permettant la plantation de milliers d'arbres fruitiers: pommiers, poiriers, cerisiers ... Certains travaillent dans l'industrie israélienne localisée dans les différents kibboutz et villages juifs du Golan. Le niveau de vie de ces Druzes est assez élevé. Dans les villages druzes du Golan on rencontre de nombreux universitaires, ayant étudié soit en Israël, soit en Syrie. Si les hommes peuvent rendre visite aux membres de leurs familles en Syrie, les femmes n'ont pas reçu ce droit de la part du gouvernement israélien. Le film israélien d'Eran Riklis « La fiancée syrienne », qui a obtenu plusieurs prix, a éveillé le monde aux problèmes que rencontrent les Druzes du Golan sous l'autorité israélienne depuis 1967. Le Golan redeviendra-t-il syrien ') Qu'adviendra-t-il des Druzes qui ont eu et ont encore des positions politiques pro-israéliennes 'l Dilemme d'une communauté séparée de part et d'autre de la frontière!

Allégeance

Bien que leur langue et leur culture soient arabes, les Druzes furent contre le nationalisme arabe de 1948. La communauté druze du mont Carmel choisit en 1948, lors la guerre d'Indépendance, de se battre auprès des Juifs contre les cinq pays envahisseurs. Depuis la création de l'État d'Israël ils servent dans Tsahal. d'abord comme volontaires puis comme conscrits obligatoires (depuis 1956). Ils sont également dans la Police. Ce sont les chefs de la communauté druze qui intervinrent auprès de David Ben Gourion, alors ministre de la Défense, pour enrôler les hommes druzes dans l'armée israélienne. De nombreux membres de la communauté ont des postes de haut niveau tant sur le plan politique que public et militaire (officiers supérieurs). De plus, les Druzes bénéficient d'une position sociale spéciale par rapport aux autres minorités du pays. Depuis 1961. le gouvernement israélien les considère comme une communauté ethnique distincte. C'est la seule communauté minoritaire en Israël prêtant allégeance à l'État. Les Druzes se considèrent citoyens du pays dans lequel ils vivent, ils lui sont loyaux et sont prêts à sacrifier leur vie pour sa défense et sa survie.

Un Druze, homme d'affaires israélien, Azzam Azzam, fut accusé en 1996, par le gouvernement égyptien d'espionnage pour l'État hébreu. Cette accusation fut réfutée par les autorités israéliennes. En 2005. les Druzes s'étaient même opposés farouchement au démantèlement des villages juifs du Goush Katif dans la bande de Gaza 1 Les soldats druzes n'y participèrent pas et le député druze Ayoub Kara (Likoud) avait scandé « Un Druze ne chasse pas des Juifs ».

Au cours de la Deuxième guerre du Liban, en juillet 2006, le bataillon druze (Herev, Épée), ne subit aucune perte. grâce à sa connaissance du terrain libanais.

En janvier 2004, le chef spirituel de la communauté, le cheik Mowafak Tarif. a signé une déclaration demandant à tous les non-juifs d'Israël d'observer les Sept lois noachiques que recommande la tradition juive. La relation entre les Juifs et les Druzes est si forte que certains parlent d' « Alliance de sang », Expression cependant critiquée ces dernières années car, en dehors des relations militaires, la jeunesse n'a pas assez de possibilités pour s'épanouir dans la société israélienne et elle désire obtenir les mêmes droits que les Juifs israéliens. De plus, après une carrière militaire, un Druze se réintègre difficilement dans sa société qui ne lui offre que pcu dc débouchés économiques et son intégration dans la société israélienne n'est pas encore pleinement acquise. En réaction, certains Druzes appellent à une identification avec le nationalisme arabe et prônent le rapprochement avec les Arabes palestiniens.

Sur le plan démographique, le taux de croissance des Druzes est de 2% supérieure à celui des Juifs (1,5%). Un des problèmes que la communauté druze rencontre dans les villes et villages est le manque de terrains et d’infrastructures nécessaires pour répondre aux besoins de l'augmentation de la population. Ils ont besoin d'une aide économique gouvernementale pour développer leurs secteurs agricole et industriel. Un autre secteur en retard par rapport à la communauté juive est celui de l'éducation qui devrait être révisé par le gouvernement.

Sous l'influence de la société israélienne moderne, la communauté druze est soumise à un défi concernant la modernisation des structures internes de sa propre société. Le statut des femmes druzes, déjà plus élevé que celui des autres femmes arabes, doit être révisé afin de leur permettre de travailler à l'extérieur de leurs foyers. Est-ce seulement une affaire interne à la société druze refusant toute intervention gouvernementale ou autre ? La communauté druze, basée sur la famille et le clan (harnula), est une société très fermée, peu sujette aux changements sollicités par la modernisation économique et sociale.

La communauté druze va-t-elle être traversée par des forces antagonistes comme celle des Bédouins : allégeance ou rébellion. Déjà, l'avocat et député druze Saïd Naafa, qui remplace Azmi Bishara au parti Balad, œuvre pour que les jeunes druzes cessent de s'enrôler dans Tsahal et, de fait, de plus en plus de jeunes refusent de servir dans l'armée israélienne, malgré les menaces de punitions proférées par le gouvernement.

Les événements qui ont bouleversé le village druze de Péki'in en octobre 2007, pendant le raid de la police israélienne concernant une antenne de télé­communications contestée par des membres du village exacerbèrent les ressentiments des Druzes. La police dut faire face à une population hostile armée de barres de fer et divers projectiles. Ces affrontements entre la communauté druze et les forces de police renforcent le sentiment parmi la communauté que leur petit groupe ethnique est négligé et laissé pour compte. Sont-ils considérés comme des citoyens de deuxième catégorie ? De hauts responsables de la communauté ont affirmé que la police ne serait pas intervenue aussi durement s'il s'était agi de Juifs. Cet incident accentuera-t-il le fossé qui se creuse entre les Druzes et l'État d'Israël?

La confiance et l'allégeance qui unissaient la communauté druze à l'État d'Israël s'estompent-t-elles ? Est-il trop tard pour renouer les liens ,) De nouvelles opportunités économiques, éducatives et culturelles offertes à la communauté druze rapprocheraient peut-être celle-ci de la société israélienne et leur donneraient un plus grand sentiment d'appartenance au pays et à l'État. Souhaits pieux ou nécessités urgentes?

Enfin notons que lors des dernières élections en février 2009. quatre Druzes ont été élus députés.

Bibliographie

Georges Dagher, Rivoal, Isabelle. Les Maîtres du secret : ordre mondain et ordre religieux dans la communauté druze en Israël, Paris. Éditions de l'École des hautes études en sciences sociales, 2000, 427 p. ;Cahiers d'études africaines, 162. 2001 http://etudesafricaines.revues. org/. .. Gérard de Nerval, Voyage en Orient (histoire du calife Hakim), Folio/Gallimard ; Jad Hatern, Dieu en guise d'homme dans le druzisme, Paris. Librairie de l'Orient, 2006 ; Israel Central Bureau of Statistics, The Druze Population of Israel, 19 avril 2007 ; Gabriel Ben-Dor, The Druze Miority in Israel en the mid-1990s. The J erusalem Center for Public Affairs. Jerusalern, Israel.

Connaissance du pays

Le parc de Ramat Hanadiv

Cécile Pilverdier

Ramat Hanadiv (La colline du Bienfaiteur) est un parc situé au sud de Zikhron y aakov, entourant le caveau du baron Edmond de Rothschild et de sa femme Adélaïde. Une réserve naturelle offre une vue à couper le souffle sur la Méditerranée. AI' entrée du parc, la ferme offre aux enfants une expérience du passé, au sud se dresse la forteresse de Shuni et au nord le mont Cannel.Le parc s'étend sur une superficie de 455 hectares et a été aménagé par le Fonds National Juif en 1970, y plantant des pins et des cyprès sur 18% de la surface.

Dans les années 80 un plan d'étude a divisé les activités en quatre sections : A- Recherche sur l'écosystème pour développer un programme éducatif. B­- Fouilles archéologiques des sites situés sur le parc. C- Tracés de sentiers circulaires menant aux différents lieux d'intérêt. D­ - Direction active pour assurer la conservation de la biodiversité.

Par exemple en introduisant dans le parc des troupeaux de chèvres, de bovins et autres animaux. Des jardiniers professionnels étudient des projets environnementaux, comprenant l'horticulture, la fabrication du compost, le traitement des eaux usées et la pépinière pour arbres. Le jardin, lui, comprend cinq thèmes autour de la crypte de la famille de Rothschild, et le 12 mars 2008, le « Pavillon vert» a été inauguré.

Histoire du jardin

Lors de sa quatrième visite en Terre d'Israël en février 1914. le baron Edmond de Rothschild fit un tour au sud du Carmel et exprima son désir d'être enterré « dans le rocher » : il accompagna sa demande d'instructions précises, Le baron mourut le 30 novembre 1934 dans son château de Boulogne sur Seine, en France. Sa femme Adélaïde mourut le 29 décembre 1935, et tous deux furent enterrés temporairement au cimetière du Père Lachaise à Paris.

En 1936. Monsieur James de Rothschild leur fils, commença la création des jardins de Ramat Hanadiv dans leur forme actuelle, comme mémorial de ses parents. La colline Umm-el-Aleq fut choisie pour les jardins à cause de sa situation en hauteur, dominant les installations du baron, la plaine de Samarie à l'est et la côte méditerranéenne à l'ouest. Quatorze des meilleurs architectes du pays furent invités à soumettre des projets pour le mémorial. Une crypte simple, digne, creusée dans le rocher, fut dessinée, entourée d'un jardin avec des fleurs, et le parc naturel. Le projet dUriel Schiller fut sélectionné et l'architecte Schlomo Weinberg fut choisi pour le plan des jardins. Les travaux commencèrent en 1938, mais la Seconde guerre mondiale les freina. Après la création de l'Etat d'Israël en 1948, « Solel Boneh » l'entreprise de construction principale, n'utilisa que des pierres du pays. Les statues furent dessinées par Rhoda et Israël Traub.

En 1954 les jardins furent complétés pour le transfert des dépouilles mortelles du baron et de sa femme.Selon la loi d'Israël, le nom d'Umm-el-Aleq fut changé en Ramat Hanadiv. « La colline du Bienfaiteur ».

Le parc

Le parc comprend un laboratoire pour la recherche scientifique, un projet éducatif sur l'environnement, ainsi qu'un large centre d'activités récréatives. On peut y visiter: le jardin, le parc naturel et le pavillon des visiteurs.

Le jardin entoure le mémorial d'Edmond de Rothschild et de sa femme Adélaïde. il couvre 7 hectares situés au centre du parc, en haut de la colline. De là on a un point de vue sur la ville de Zikhron Yaakov, sur les villages Binyamina et Givat Ada, témoins du travail du baron pour l'établissement de l'Etat d'Israël. Tout est soigneusement conçu : un parterre de ne urs fleurissant toute l'année, un autre de plantes méditerranéennes, un troisième avec une cascade. une roseraie, une palmeraie. un parterre composé de plantes odorantes. spécialement conçu pour Ifs aveugles, un sentier aménagé pour handicapés, enfin un amphithéâtre pour des concerts en plein air.

Le parc naturel offre trois sentiers à difficulté variable pour les marcheurs, menant à des points d'observations, et à des sites archéologiques. Ce sont : le sentier de la source. le sentier de la ferme et le sentier des aigles.

Le centre pour les visiteurs, a été inauguré le 13 mars 2008. Situé à l'entrée avec un grand parking, il est le premier en Israël à être certifié « Bâtiment vert », sa structure ayant très peu d'impact sur l'environnement. Les murs extérieurs, en pente, sont recouverts de végétation. A l'intérieur, une allée mène aux différentes pièces construites en pierre du pays, très modernes et sobres. Dans une des salles, un film présente l'histoire du parc. La cafétéria est proche et les enfants peuvent jouer sur le terrain de jeu à l'ombre des pins.

Diverses activités sont proposées comme la marche avec les chèvres, le baguage des oiseaux, le circuit explicatif des différents arbres, des concerts variés et des conférences.

La recherche

Ramat Hanadiv a trois buts:

A- Donner une base scientifique aux activités appliquées dans le parc.

B- Ajouter de nouvelles dimensions au contenu des travaux éducatifs.

C- Enrichir la connaissance scientifique en Israël et dans le monde.

Depuis 1984, un grand nombre d'étudiants sont venus, enrichissant la connaissance de l'écosystème du parc et aidant à son application et aux programmes éducatifs.

Par exemple en 1991. un chemin coupe-feu a été établi entre le parc et la ville voisine, par la taille des arbustes et la tonte de l'herbe par le bétail. qui broute les jeunes pousses de plantes à épines, favorisant ainsi le développement des fleurs sauvages qui disparaissaient peu à peu.

Toute une série de recherches ont été publiées :- sur la botanique: Jerusalem (Aleppo) Pines Settle in on the Natural Groves of Ramat Hanadiv de Ayala Lavi and Yagil Osem, Who Pollinates Cyclamen persicum ') de Racheli Schwartz-Tzachor, Amotz Dafni, and Dan Eiskowitch. sur la zoologie :

Habitat Utilization and Social Organization of Female Mountain Gazelles Gazella at the Ramat Hanadiv Park, de Hagit Geffen sur l'archéologie : Horvat' Aqav de Yizhar Hirschfeld, ou The Tumulus Field de Yizhar Hirschfeld et autres.

L'éducation

Le parc est un "champ-laboratoire" pour le système éducatif en Israël qui a son site internet : W. ramathanadiv­edu.org.il

Certains sujets y sont proposés, tous traitant de la relation de l'homme avec l'environnement. Des informations sur les différentes espèces du parc avec cartes et feuillets sont adaptées aux enseignants et aux étudiants. Des renseignements météorologiques sont donnés mensuellement d'après la station du parc.

I! y a un centre de communication avec professeurs et élèves de tout Israël sur les questions environnementales et écologiques. Des programmes s'adressant aux écoles primaires et secondaires proposent des activités en classe, dans le parc et sur le web. Heures de visite: Dimanche -Jeudi: 8 :00 à 16 h Vendredi: 8 :00 à 14 h Samedi : 8 :00 à 16 h (La crypte est fermée).L'admission au jardin est fermée 15 minutes avant la fin. Tel. 04­6298111

En Israël depuis si longtemps, je m'étonne de n'être venue qu'aujourd'hui pour la première fois dans ce parc, grâce à l'inauguration récente du centre pour visiteurs. Avec mes amies nous en avons profité au maximum avec le soleil d'hiver qui nous a gâtées. Nous vous invitons à le visiter!

 

Dossiers

L’église arménienne de Jérusalem

Agnès Staes

Lorsque l'on se promène dans la Vieille Ville de Jérusalem ou sur les remparts, on se rend compte rapidement qu'il y a différents quartiers bien distincts. Au sud-ouest se situe celui des Arméniens qui occupe environ un sixième de la Vieille Ville. Ce quartier où vivent un peu moins de 2000 Arméniens comprend le couvent St Jacques, la cathédrale, la résidence patriarcale, plusieurs monastères, une grande bibliothèque, un musée, Un séminaire. Il y a environ 2000 Arméniens qui vivent en dehors de ce quartier principalement à Jérusalem, Bethléem, Jaffa, Haïfa, Ramleh et Ramallah.

Avant de pénétrer dans ce lieu et d'en faire la visite, regardons un peu quelle est l'histoire de l'Eglise d'Arménie, ainsi que le rite qu'elle utilise.

Les Arméniens sont un groupe ethnique originaire du Caucase et du Haut plateau arménien. Ils ont une grande diaspora dans le monde.

La tradition nous dit que l'Arménie a été évangélisée par Thaddée et Barthélemy. Puis un peu plus tard, saint Grégoire l'Illuminateur (260-328) joue un rôle important. Né en Arménie, il vit dans un univers chrétien à Césarée de Cappadoce (Turquie actuelle). En 298 Tiridate IV devient roi d'Arménie. Son désir est de restaurer les fêtes en l' honneur d’Anahit, déesse de la fécondité, de la beauté et de l'eau. C'est une des deux figures principales du panthéon arménien avec son fils Mithras, dieu de la lumière, symbolisant la pureté, la chasteté et combattant les forces obscures. Grégoire refuse cela et est jeté dans une fosse pendant 13 ans. Puis le roi Tiridate tombe malade et fait libérer Grégoire pour qu'il vienne le soigner. Il est miraculeusement guéri et nomme Grégoire premier catholicos d'Arménie, c'est-à-dire patriarche suprême de l'Eglise d'Arménie (terme qui dérive du grec signifiant universel). Une Eglise existait avant lui, mais c'est Grégoire le réel fondateur. Ill' organise, fondant des évêchés ... Les conversions sont nombreuses. L'Arménie devient alors la première nation chrétienne avant même le décret de Constantin en 312. La plus grande fête de l'Eglise d'Arménie est celle de Saint Grégoire le 30 septembre.

Aujourd'hui l'Eglise arménienne est divisée en 4 entités deux catholicossats autonomes dus aux invasions et dominations qui ont peu à peu séparé l'Arménie en deux (occidentale et orientale) et deux patriarcats secondaires, celui de Jérusalem fondé en 638 et celui de Constantinople fondé en 1461. C'est le catholicossat qui a son siège à Etchmiadzin (prés d'Erevan) en Arménie qui a la primauté d'honneur. C'est là que vit le catholicos de tous les Arméniens, actuellement Garéguine II. L'Eglise apostolique arménienne est une Eglise orientale orthodoxe autocéphale. Elle fait partie des Eglises des trois conciles qui n'ont pas accepté le Concile de Chalcédoine en 451. Elle professe le miaphysisme souvent confondu avec le monophysisme. C'est-à-dire comme le disait St Cyrille d'Alexandrie à propos de la nature du Christ : les deux natures du Christ coexistent sans qu'elles soient égales. Quelques diocèses arméniens ont rejoint l'Eglise de Rome en 1742 et constituent l'Eglise arménienne catholique.

Le calendrier grégorien fut adopté par l'Église apostolique arménienne le 6 novembre 1923, le patriarcat de Jérusalem est resté fidèle au calendrier julien comme toutes les Eglises orthodoxes locales.

Le rite liturgique employé dans les Eglises arméniennes prend sa source à la fois dans les rites syriaque occidental et byzantin. La langue utilisée est l'arménien classique appelé grabar. La seule prière eucharistique utilisée est l'anaphore de St Grégoire l'Illuminateur. C'est la seule Eglise qui ne fête Noël ni le 25 décembre comme les catholiques, protestants ..., ni le 7 janvier comme les orthodoxes russes, grecs ... mais le 18-19 janvier. C'est la fête de la théophanie qui célèbre à la fois la nativité et l'épiphanie. Pour un chrétien arménien les principaux rites sont le baptême, le manage, l'enterrement. Le bébé est baptisé et reçoit la communion. Le culte ordinaire inclut la messe le dimanche et les vêpres quotidiennes vers 15h (prière biblique du soir).

C'est le père Emmanuel, très fraternel qui nous accueille pour nous faire visiter les lieux. Le monastère arménien se situe sur le mont Sion historique. Comme partout dans la vieille ville, on pénètre par une porte et c'est un uni vers qui s'ouvre devant nous. Ici aussi, après avoir franchi le porche principal, dont le mur fait plus d'un mètre cinquante, nous entrons d'abord dans la cathédrale St Jacques qui date du 12e siècle et dont la décoration est du 16e.

Nous sommes frappés par la pénombre qui y règne. Il y a beaucoup de lampes à huile éteintes suspendues au plafond. Au moment où nous y entrons, une trentaine de prêtres et de séminaristes sortent tout vêtus de noir, certains avec le chapeau noir pointu traditionnel, le veghar. Ils viennent de chanter les vêpres. A gauche de la nef principale de la cathédrale il y a deux petites chapelles et une église. L'église date du 4e-5e siècle. Une des petites chapelles, toute illuminée de 12 lampes qui brûlent constamment, contient sous l'autel sous une étoile d'argent, la tête de Jacques le majeur, l'apôtre, fils de Zébédée, dont le corps est à St-Jacques de Compostelle. L'image qui le surmonte est la décapitation de Jacques. Sur l'autel principal de la nef de la cathédrale trône toujours le livre des 4 Evangiles. Sous ce même autel repose le corps de St Jacques, le frère du Seigneur (celui qui a écrit la lettre). Là se trouvent également deux trônes. L'Un représente celui de Jacques et l'autre est celui du patriarche. Une fois par an, lors de la fête de St Jacques. le patriarche se tient debout devant le trône de Jacques signifiant ainsi sa place dans la succession des évêques de Jérusalem.

Dans la cour devant la cathédrale repose le corps du premier évêque arménien de Jérusalem Abraham 1er qui a vécu au 7e siècle et qui a reçu une reconnaissance officielle du Calife Omar.

Un peu plus loin s'élève l'église St Thoros dans laquelle se trouve une collection de 4000 manuscrits en arménien, certains avec de magnifiques enluminures témoignant de la vitalité des monastères arméniens du 4 au 8e siècles en Terre sainte (70 monastères de 200 à 400 moines). C'est la seconde collection au monde de ce genre de manuscrits en arménien. Dans les sous­-sols de cette église, il y les trésors du patriarcat.

La visite continue par un dédale de ruelles, de cours, de bâtiments. Nous arrivons dans une grande cour à droite de la cathédrale où il y a des maisons. Des familles venues se réfugier au moment du génocide arménien (1915­-1916) sont restées dans ces lieux. Nous passons devant des monastères et l'école qUI accueille environ une centaine d'enfants de la maternelle au secondaire; devant l'église Sr-Sauveur, lieu traditionnel de la maison de Caïphe, puis un peu plus loin devant l'église des Sts-Archanges, lieu traditionnel de la maison du grand prêtre Anne. On peut y voir la prison où le Christ aurait été emprisonné en attendant son procès. A côté de la maison d'Anne, se trouve un très vieil olivier qui non seulement aurait « vu » le Christ, mais sur lequel il aurait aussi été flagellé. Cet olivier aurait ainsi été en contact avec le Christ d'où ses vertus peu ordinaires lorsqu'une femme stérile boit de l'huile de cet olivier, elle peut alors concevoir, Sur le côté droit entourant le parapet, nous pouvons voir une pierre d'environ un mètre de haut qui ressemble à une figure humaine ayant la bouche ouverte. Cette pierre s'appelle « Hosanna ». Le père Emmanuel nous rappelle le texte de Le 19,40. si les hommes ne crient pas la louange de Dieu, les pierres crieront. Derrière cet olivier il y a un ermitage actuellement inoccupé.

Nous entrons ensuite dans la maison des prêtres dans le quartier du jardin (Bagh'ja'tagh). Aujourd'hui ils ont chacun deux pièces alors que pendant des siècles ils n'en ont eu qu'une. Leurs chambres entourent un petit jardin fleuri. Au centre de celui-ci s'élève une croix arménienne. Sa spécificité est que le bois de la croix semble fleurir, « Quand le Christ ressuscite alors tout reprend vie, même le bois de la croix » nous explique le père Emmanuel. Nous sommes entrés dans leur réfectoire, une magnifique salle voûtée, où une grande table allongée est déjà dressée pour le repas du soir.

Nous continuons la visite par la bibliothèque construite en 1920 avec ses 100 000 ouvrages. Elle contient des livres de théologie, de liturgie dont la moitié est en arménien et l'autre moitié en anglais et dans une demi-douzaine de langues européennes. Le père Emmanuel nous rappelle que l'alphabet arménien comporte 38 lettres, 32 consonnes et 6 voyelles, créé en 405 par Saint Mesrop Machtots. A la différence de celui des langues sémitiques, il possède une notation intégrale des voyelles. La forme des lettres s'inspire de celle des caractères persans d'autrefois en usage en Arménie. L'arménien, langue indo­européenne, devient alors langue écrite : le grabar. La Bible est le premier livre à avoir été traduit en arménien par Mesrop Machtots lui-même. Le père Emmanuel nous explique que la première lettre de l'alphabet est le « a » qui ressemble à un homme qui élève les deux bras pour louer le Seigneur, Et la dernière est le « K », elle sert à exprimer le Christ (Kurios) et ressemble à un homme crucifié avec la tête enchée sur le côté.

Un peu plus loin il y a l'imprimerie fondée en 1833, première imprimerie de Jérusalem, elle a ensuite été déplacée. Actuellement, elle ne fonctionne plus.

Le musée est actuellement fermé pour une année car des travaux de rénovation sont en cours.

Nous passons à côté de deux maisons d'évêques. En revenant prés de l'entrée, il y a la maison du catholicos actuel de Jérusalem : Torkom II Manoogian, le 96ème patriarche successif. Il est responsable de l'Eglise avec un synode composé de 7 prêtres élus dont trois évêques qui l'aident dans sa fonction. Les décisions sont votées.

En face de la rue, il yale séminaire où actuellement 30 séminaristes sont formés. Le premier séminaire arménien a été fondé en 1841 à Ramleh et fut déplacé en face du patriarcat en 1845. A certaines époques il y a eu jusqu'à 70 séminaristes. Devant le séminaire il y a 7 grandes pierres qui rappellent le génocide arménien perpétré par les jeunes Turcs, un million deux cent mille Arméniens ont été massacrés entre le 24 avril 1915 et juillet 1916. A travers toutes les périodes tumultueuses de l'histoire de l'Arménie, les Arméniens ont su protéger leur identité grâce à l'Eglise. A l'extérieur des murs de la Vieille Ville, près du couvent saint Sauveur où réside actuellement une famille, un évêque et un prêtre, se situe le cimetière arménien.

Le quartier arménien est entouré d'un mur, C'est presque un village à part dans la Vieille Ville. Ce mur a été construit en 1340. A cette époque le patriarche arménien était en bonne entente avec les Mamelouks qui ne voyaient pas ces chrétiens comme une menace. Aussi ils reçurent la permission de se protéger,

Nous terminons la visite chez Georges qui tient le magasin de peinture arménienne sur porcelaine et céramique face à l'entrée du couvent St-Jacques. Il parle très bien le français car il a été à l'école des Frères. Il précise quelques éléments de la vie des Arméniens ici à Jérusalem. « Comme chrétien, ce n 'est pas facile de vivre à Jérusalem. Il reste environ 1,2% de chrétiens et ils continuent de partir, c'est vrai aussi pour les Arméniens. Il y a quelques dizaines d'année il y avait environ 5000 Arméniens dans ce quartier, Les lieux saint restent des lieux saints mais il n'y a plus de communauté chrétienne derrière ». Georges travaille avec son épouse et plusieurs personnes pour peindre ces porcelaines. Il explique que les Arméniens parlent souvent deux langues à la maison : l'arménien et une autre langue soit l'hébreu soit l'arabe, selon la langue parlée à l'école où vont les enfants.

C'est un quartier où toute une vie interne humaine, religieuse et culturelle bouillonne.

 

Nouvelle

Le niveau de la mer morte remonte un peu

Cécile Pilverdier

Pour la première fois depuis 2003 le niveau de la Mer Morte a monté. D'après le service d'hydrologie, la Mer de Sel, comme elle est appelée dans la Bible, a gagné 8 centimètres au mois de mars 2009. Depuis plusieurs décennies, le niveau de la Mer Morte descend régulièrement à cause du peu d'eau venant du Jourdain et de ses sources, et de la baisse de la pluviométrie. Il descend d'un mètre par an.

En décembre 2008 le niveau a baissé de 11 centimètres; dans le mois de janvier particulièrement sec, il est descendu de 8 centimètres ; même en février qui a été pluvieux, alors que le lac de Tibériade était remonté de 42 centimètres, la Mer Morte a baissé d'encore 8 centimètres. Mais en mars, grâce à la crue du Yarrnouk, le niveau de la Mer Morte a monté de 8 centimètres et est actuellement à 422, 22 mètres en dessous du niveau de la mer. La dernière fois que l'on a enregistré une montée de son niveau, c'était en 2003, et cette fois encore ce fut grâce au Yarrnouk, L'eau qui alimente la Mer Morte vient de la fonte des neiges et des pluies qui ont lieu en Syrie, Ces dernières descendent vers le sud dans le Jourdain et remplissent la partie nord de la Mer Morte,

Sur la baisse de niveau

Vue d'avion, c'est une catastrophe écologique! Il est trop tôt pour savoir si cette remontée inespérée améliorera l'équilibre annuel: en 2008, le niveau de la Mer Morte avait baissé de 1,35 mètre, soit de 30 centimètres de plus qu'en 2007.La Compagnie Nationale des Eaux explique que les quatre dernières années particulièrement peu pluvieuses ont fait baisser tous les niveaux des différentes réserves d'eau en Israël. Eli Raz, géologue qui, ces dernières années, examine régulièrement le niveau de la Mer Morte, explique que toutes les sources d'eau qui alimentent la Mer Morte sont fermées- l'écluse de Degania est fermée depuis 1950 et le Yarmouk a un réservoir à l'usage des Syriens et des Jordaniens, ainsi: le climat lui, ne joue presque plus. La pluie qui arrive dans la Mer Morte est « quantité négligeable ». A part les eaux usées qui viennent du Yarmouk en passant par le Jourdain et les eaux usées de Jérusalem et du torrent du Cédron, les seules sources d'eau naturelle sont au nord-ouest, celles de Ein Fashka, de Ein A wara et les torrents qui se forment lors des orages. D'après Eli Raz, le facteur principal de cette baisse de niveau est le facteur humain. Il accuse le gouvernement israélien de n'avoir rien fait. « Il n’y a aucune étude sérieuse concernant le problème de la Mer Morte. Il y a des mouvements politiques et des interventions d'hommes d'affaires, mais aucun examen sur ce qu'il faut faire vraiment n'a été réalisé » conclut Raz.

Est-ce qu'un canal est la solution?

Un canal amenant l'eau de la Mer Rouge serait une roue de secours pour la Mer Morte qui s'assèche. Des politiciens et des hommes d'affaires pensent que ce canal pourrait non seulement remplir, mais aussi permettre la construction d'une centrale électrique, et favoriser des projets touristiques qui aideraient la région à se développer.

Des pays européens et le Japon ont également manifesté leur soutien au projet, et actuellement la Banque Mondiale a fourni un budget pour l'étude de cette initiative, Le nouveau ministre pour le Développement de la Galilée et du Néguev, le vice-Premier ministre Silvan Shalorn, a déclaré lors de son entrée en fonction, que ce projet serait en tête des travaux de son ministère.

Mais les organisations en faveur de l'environnement et les spécialistes estiment qu'il est nécessaire de bien étudier les conséquences environnementales d'un mélange d'eau de la Mer Rouge avec les eaux de la Mer Morte. Des organisations comme « Les amis de la Terre - du Moyen Orient », appellent la Banque Mondiale à financer des études plus approfondies capables d'envisager d'autres solutions comme celle du remplissage du Jourdain ou celle d'un canal venant de la Méditerranée.

Connaissance du pays

Sderot, une ville peu connue

Antoinette Brémond

Sderot, un lieu associé immédiatement aux roquettes. Non que cela soit le seul lieu où, depuis huit années, des roquettes kassam venant de Gaza tombaient quotidiennement mais Sderot, la ville de Sderot, c'est un peu le symbole du Néguev occidental avec ses villes et villages, ses kibboutz et ses moshav. Il faut dire que Sderot n'est qu'à un kilomètre de la Bande de Gaza. Mais en fait. Sderot, c'est quoi exactement ? On l'appelle ville de développement. Là encore, on ne sait pas trop ce que cela veut dire, et qui sont ces gens qui depuis 8 ans sont comme assiégés,

Un peu d'histoire

De 1949 à 1951, les Juifs du Moyen Orient (Irak) et d'Afrique du nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye) immigrent en masse en Israël. Ils sont tout d'abord logés dans des camps de transit, ou dans d'anciens camps militaires britanniques, sous des tentes ou dans des baraquements improvisés situés souvent loin des centres urbains. A la fin de 1949, plus de 100 000 nouveaux immigrants vivaient dans ces camps, sans rien à faire, sans aucune possibilité de travailler et de s'intégrer au pays, à la charge de l'Agence Juive et du gouvernement.

En été 1950, un nouveau système d'absorption des immigrants fut mis en place sous la direction de Levi Eshkol : la création de ma' abarot, centres de transition, qui devaient encourager les immigrants à se prendre en charge, à devenir indépendants dès leur arrivée au pays. Ces ma' abarot étaient situées près d'une ville ou d'une localité, ou à proximité d'un chantier de travaux publics. A la fin de l'année 1952, 113 ma' abarot groupaient 250 000 personnes vivant encore sous des tentes ou dans des cabanes de planches ou de tôle ondulée. Le gouvernement et l'Agence Juive se chargeaient des services publics, aidés par des organismes internationaux comme l'Appel des Juifs Unifiés.

Après 40 mois d'immigration massive, dès le milieu de l'année 52, ce mouvement de retour au pays des pères diminua d'ampleur: entre 1952 et 1954 il n'y eut que 50 000 arrivées d'Afrique du nord. Certains de ces centres de transit allaient devenir des villages construits en dur d'autres seraient supprimés, une localité s'étant construite à côté. Au bilan final, 78 000 logements furent construits comprenant 165 000 pièces, 345 nouveaux villages, kibboutzim, moshavim. La carte d'Israël se couvrait de noms nouveaux.

Une trentaine de ces nouvelles localités habitées par des gens du Moyen Orient et d'Afrique du nord en majorité, sont devenues des villes de développement, la première étant Beth Shemesh. Les autres se trouvent principalement en Galilée (Beit Shean, Karrniel, Kyriat Shmona ... ) et dans le Néguev ( Arad, Dimona, Kiryat Gat. Mitzpe Ramon, Kiryat Malakhi, Ofakim, Sderot. .. ). Malgré les subsides de l'Etat pour favoriser la création d’industries et la réduction des impôts, la majorité de ces villes sont pauvres, surtout celles du sud, et sont considérées parfois comme un Israël de seconde classe. 18 % de la population juive en Israël vit dans ces villes nouvelles fondées entre 1950 et 1968. Elles ont toutes joué un rôle important dans l'intégration des Juifs d'URSS dans les années 1990 et dans celle des Juifs d'Ethiopie.

Sderot

Sderot fut fondée en 1951 à côté du ma'abara Gevim-Dorot, en partie sur le terrain du village arabe de Nadj. La plupart de ses premiers habitants étaient Kurdes et Perses. Vivant tout d'abord sous tentes, ils construisent peu à peu des maisons en dur et, en 1954, elle est la ville de développement modèle pour le Néguev occidental. En 1958 elle devient un conseil local. Peu à peu sa population change : en 1961, 87% viennent du Maroc, et 11 % du Kurdistan. Dès 1990 elle absorbe un nombre important de Juifs d'Union Soviétique et d’Ethiopie, ce qui double sa population. En 1996 elle acquiert le statut de ville. Dès 1997, des Arabes palestiniens venant de Gaza ayant collaboré avec le Shabak, (Sûreté Générale), sont logés à Sderot.

En 2000, on compte environ 20 000 habitants dont 50% ont moins de 30 ans. Le salaire moyen est de 4 900 pour les hommes et 2 600 pour les femmes. Il y a 6 301 salariés et 367 travailleurs indépendants. 603 résidents reçoivent une allocation de chômage, et 3 183 une allocation supplémentaire. Une partie importante de la population est religieuse et traditionnelle, comme dans les autres villes de

Culture

Dans cette population jeune, plusieurs orchestres sont créés, inspirés par la musique marocaine de leurs parents combinée avec des airs et des rythmes modernes. Les plus connus sont Teapacks et Sfatayim. Shlomo Bar, Kobi Oz et Smadar Levi des musiciens israéliens très appréciés, sont de Sderot. Curieux de constater que cette petite ville a donné naissance à une proportion importante de chanteurs, de musiciens, de compositeurs et de poètes comme Erez Biton et Shi mon Adaf. Un film documentaire sur la ville, « Un rocher dans la zone rouge » créé par Laura Bialis va bientôt sortir.

Education

En plus des écoles primaires et secondaires, gouvernementales et privées, deux collèges très appréciés dans le pays se sont installés dans cette ville:

1) Le collège académique de Sapir est un centre universitaire permettant à 8000 étudiants de se former dans des domaines très variés : scientifique, technique, communication, cinéma et TV, administration, industrie, travail social etc. Les élèves viennent de tout le pays. Ce collège comprend douze niveaux d'étude, depuis l'école élémentaire, les écoles secondaires, les études universitaires et la formation pour adultes. Des dortoirs sont construits pour les étudiants à Sderot et dans les kibboutz ou villages voisins. Ce centre Sapir permet également à des jeunes de la ville de recevoir une formation très poussée.

2) Une yeshiva Hesder permettant à 500 jeunes de combiner l'étude de la Tora avec le service militaire. Cette école talmudique comprend, comme la plupart des autres écoles, des pièces spécialement aménagées pour protéger les jeunes en cas d'attaque de roquettes. Contrairement à l'ensemble de la population de la ville qui a diminué ces dernières années, les étudiants de la yeshiva sont de plus en plus nombreux, augmentant chaque année de 15%. Sur les 550 élèves actuels, 80 servent à l'armée.

Projets sociaux

Plusieurs associations existent pour améliorer la vie des plus démunis. Citons en particulier Migvan (gamme des couleurs), un kibboutz urbain. Un petit groupe de jeunes, sortis des kibboutz traditionnels, en est à l'origine. Nomika Tsion, l'une des fondatrices, explique :« Nous ne voulions plus vivre dans un milieu privilégié et d'une certaine manière, riche, mais en ville. S'insérer dans la société, parmi les plus démunis, tout en gardant les principes fondateurs du kibboutz. » A six, ils décident de s'installer à Sderot, lieu où sont concentrés des problèmes sociaux, des disparités ethniques et des difficultés issues de la cohabitation entre religieux et laïques. C'est en 1987 que ce kibboutz urbain, Migvan est créé à Sderot. Ils sont actuellement 50 : 16 familles dont 9 mettent tout en commun. En 2000, ils déménagent dans un nouveau quartier où ils construisent des bâtiments clairs et spacieux. Une association, créée dans le cadre du kibboutz, emploie 80 personnes, a son propre jardin d'enfants et va créer une école permettant aux plus démunis d'avoir le même niveau d'étude que dans les écoles privées. Des cours de culture juive traditionnelle sont organisés pour les religieux et les laïques. Cette association a mis sur pied une entreprise de haute technologie où travaillent 12 personnes.

Sous les roquettes kassam

La ville étant à un kilomètre de Beit Hanoun, ville du nord de la Bande de Gaza, a été dès la seconde Intifada en 2000 sous les roquettes lancées par le Hamas et le Djihad islamique. Même si la majorité tombe en terrain vague, des centaines de maisons ont été atteintes. On compte des centaines de blessés, 13 morts et un traumatisme général sur tous les habitants de cette ville. Une moyenne de 3 à 4 roquettes par jour. Le gouvernement installe un système d'alarme « couleur rouge », donnant aux habitants 15 secondes pour aller se réfugier dans un abri. Pendant ces 8 années. 3000 habitants de la ville sont partis vivre ailleurs, la plupart appartenant à la classe moyenne, ayant la possibilité de changer de domicile. Pourtant. dans le milieu religieux sioniste, on pense autrement : 50 familles viennent s'installer à Sderot, sous les roquettes. Citons le cas de David Avikar, 23 ans, qui, après son service militaire, retourne à Sderot avec son épouse, et s'installe dans l'un des quartiers vidé récemment par le départ de 5 familles. « Revenant de la deuxième guerre du Liban en août 06, je me retrouvais ici sur le front. » Pour lui et d'autres Israéliens de cette même tendance, s'installer à Sderot correspond à une « mission » : aider et fortifier la population existante. c Si le Hamas veut détruire notre ville. nous. au contraire, nous voulons la construire selon l'idéal sioniste. selon la Tora. Et pourtant nous avons aussi nos heures de crainte et de découragement. »

Que faire? Comment être solidaire? Les habitants de Sderot demandent au gouvernement de mieux les protéger en fortifiant les écoles. les maisons, en créant de nouveaux abris plus proches. Des crédits sont débloqués. Par exemple. le 27 février 2008. 327 millions de shekels. Des associations privées se mobilisent. Mais les habitants attendent une vraie solution au problème Gaza-Sderot. Les années passent, les roquettes s'intensifient, et pas de solution.

Cette situation difficile des localités du Neguev occidental ne laisse pas les Israéliens indifférents. Des douzaines d'initiatives privées ou publiques sont lancées pour signifier leur solidarité aux habitants de cette région, de Sderot en particulier. En voici quelques exemples.

a) El Al, la compagnie d'aviation nationale, va nommer ses deux premiers boeing 777 Sderot et Kiryat Shmona.

b) Tel Aviv. En mars 2008, la municipalité offre aux propriétaires de petites entreprises et aux commerçants de Sderot et des localités voisines la possibilité d'établir des stands dans la zone portuaire de la ville. Deux journées de marché sous le titre: « Ouvrez vos cœurs aux commerçants et aux artistes de Sderot. » 8 000 Telaviviens viennent acheter. Les commerçants rapportent chez eux les bénéfices de la vente sans rien avoir à verser à la municipalité.

c) Achats du vendredi à Sderot. la 000 Israéliens venus de Tel Aviv, de Haïfa, de Jérusalem, de Raanana s'organisent, un certain vendredi, pour venir faire leurs emplettes pour le shabbat dans cette ville.

d) Les fêtes sont aussi l'occasion de visiter et de partager avec les habitants de la ville assiégée.

1) Hanoukka. Le 14 décembre 2007, des étudiants venus de tout le pays se mobilisent. Entraînés par deux associations caritatives, Lev Ehad (un seul cœur) et lm Tirtzou ( si vous voulez ), ils vont se partager la tâche : nettoyer, peindre les abris, visiter les personnes en difficultés et aider en particulier ceux qui sont traumatisés par ces tirs de roquettes quotidiens. Ils collaborent avec les assistants sociaux de la ville qui, au centre Green House, reçoivent les plus blessés et créent pour eux un climat de confiance. Les étudiants étrangers venant des USA et du Canada travaillant à l'université Ben Gourion de Beersheva se mobilisent également.

2) Pourim 21 mars 2008. L'association Hayerouchalmim de Jérusalem, groupant des jeunes de 20 à 30 ans, se mobilise pour fêter Pourim à Sderot. Organiser pour les enfants de la ville les festivités : lecture de la meguila d'Esther, spectacles de clowns. musiques et jeux. et bien sûr. distribution des « manot ». gâteries. Une centaine de jeunes de Jérusalem seront au rendez vous. La municipalité. le département de l'Education offrent des friandises. des plats préparés par les jardins d'enfants de Jérusalem ( 4000). en particulier par le jardin d'enfants de Ramat Eshkol. Le maire joint un message à chaque paquet.

3) Souccot. Pour l'une des fêtes de Souccot, les habitants du Neguev occidental organisèrent un « festival de cuisine » sous le thème: « se sentir à la maison ». Trente cuisiniers, la plupart des femmes, préparèrent des mets traditionnels de chacune de leurs ethnies : spécialités du Maroc. du Kurdistan, d'Ethiopie, des Indes. de Tunisie, de Perse et des Karaïtes. Ces femmes cuisinières ont entre 40 et 70 ans. Après avoir recherché les recettes de leur tradition, elles les enseignent aux autres. Le festival, animé par des artistes et des musiciens locaux, attire plus de 10.000 visiteurs.

Opération militaire

En fin décembre 2008, l'armée lança une opération de grande envergure dans la Bande de Gaza dans le but de faire cesser les tirs de roquette. Des armes et des lieux cachant des armes ont été détruits, ainsi que des tunnels permettant le transport de matériel militaire. Il y eut beaucoup de morts. Pendant cette opération. les roquettes Grad ont atteint de nouvelles cibles. Ofakim, Netivot, Beer Sheva, Ashdod. Ashkelon. Ces villes étaient moins préparées que Sderot à ce genre d'attaque. Après l'opération militaire. des roquettes en moins grand nombre continuent à tomber dans la région.

Pour le moment, rien n'est vraiment résolu.

 

Connaissance du judaïsme

La bénédiction du soleil

Jean-Marie Allafort

L'événement est exceptionnel: demain matin, à l'aube, en cette veille de Pessah, les Juifs du monde entier prononceront une bénédiction sur le soleil. Au Mur occidental à Jérusalem des milliers de fidèles sont attendus pour ce rite peu connu du judaïsme qui a lieu tous les 28 ans. A Eilat, le mouvement Hassidique Habad organise un grand rassemblement et à Safed se déroule un festival, à la fois kabbalistique et écologique, de 8 jours. Les communautés juives de toutes les tendances se préparent à cet événement qu'un homme ne célèbre au maximum que 3 fois dans sa vie. Cette année 2009 (5769 selon le calendrier hébraïque) le commandement devra être accompli le matin du 8 avril avant 10h19! Notons que si le ciel est couvert et que le soleil n'est pas visible, il est possible de réciter la bénédiction jusqu'au milieu du jour.

Origine

Mentionnée pour la première fois dans le Talmud au traité Berakoht (Bénédictions) 59b, cette bénédiction semble déjà être pratiquée au 1er et 2ème siècle de l'ère chrétienne. II n'existe aucune source de l'époque du second Temple faisant allusion à un tel rite. Cette absence ne signifie pas obligatoirement qu'il n'était pas déjà pratiqué.

"Nos sages enseignent: 'celui qui voit le soleil dans son cycle, la lune dans sa force, les étoiles dans leurs parcours et les constellations à leur place doit dire: "Béni soit Celui qui crée". Quand cela est-il ? Abbayé dit : 'tous les 28 ans, lorsque le cycle de Nissan (premier mois du printemps) revient à son origine et se trouve en Shabtaï (Saturne). le soir du mardi et le matin du mercredi." Ce même texte talmudique se retrouve dans le Midrash Rabba sur le livre du Lévitique. Ce court texte va donner lieu à de nombreuses interprétations. Le plus célèbre commentateur du Talmud. Rachi, va expliquer clairement que tous les 28 ans, le soleil revient exactement à la position qui était la sienne lorsqu'il fut créé, au début du 4ème jour de la création (Gn 1,16). Cette bénédiction tombe toujours un mercredi.

Le grand décisionnaire du moyen-âge, Maimonide, va statuer: "Celui qui voit le soleil dans son cycle à l'époque de Nissan, au début du cycle de 28 années, au début de la nuit du mercredi, lorsqu'on le voit le mercredi matin, il doit dire 'Béni sois-tu Seigneur notre Dieu, Roi de l'univers, auteur de l' œuvre de la création". (Lois sur les bénédictions 10,18). II semble qu'au cours des siècles, la date de l'accomplissement de ce commandement ait varié. Ainsi, dans son livre de prière, Saadia Gaon qui a vécu en Babylonie en 10ème siècle, explique qu'il faut prononcer cette bénédiction au mois de Tamuz (juillet­août) au moment où le soleil réchauffe le plus.

Problèmes astronomiques

Pour les sages du Talmud, le soleil fut créé dans la position de l' éq uinoxe de printemps. II faut donc louer le Créateur de façon particulière à cette occasion. Sur le plan astronomique, les calculs des maîtres juifs ne sont pas justes. Sans entrer dans tous les détails techniques et calculs réalisés par les sages, signalons tout de même que cette bénédiction fait coïncider le calendrier hébraïque avec le calendrier julien qui postule que l'année solaire est exactement de 365 jours 1/4. Quand on combine le cycle hebdomadaire de 7 jours et le cycle bissextile de 4 ans, on obtient un cycle de 28 ans après lequel les dates juliennes reviennent au même jour de la semaine.

Il semble bien qu'à l'origine cette bénédiction intervenait à l'équinoxe de printemps, que le calendrier grégorien a fixé le 21 Mars. Mais comme nous l'avons expliqué, les calculs étaient basés sur le calendrier Julien dont l'année avait 365,25 jours. Or notre année solaire issue du calendrier grégorien a 365,242199 jours. Cette différence entraina au cours des siècles. un décalage de 7,81 jours.

Lorsque fut adopté en occident le calendrier grégorien, on prit soin de rectifier cet écart en abandonnant 10 jours dans le calendrier de l'année 1582, ce que les rabbins de l'époque refusèrent de faire. Cette décision explique les 18 jours d'écart qui séparent l'équinoxe du 8 Avril. Pour cette même raison, la bénédiction du soleil aura lieu le 9 avril au 22ème siècle! Notons aussi que cette année, ce rite a lieu la veille de Pessah. En théorie. se serait la 12ème fois depuis l'an 1 du calendrier juif que le début du cycle solaire coïncide avec la veille de Pessah. La prochaine fois aura lieu en l'an 6000 !

Significations

Les rabbins ont donné, au cours des siècles, de nombreuses interprétations de cette bénédiction. Le judaïsme sanctifie le temps et insiste à travers le cycle des fêtes et des saisons sur l'importance de la création réalisée par Dieu. Dans la Bible, le soleil est appelé le "grand luminaire". II est le principal élément vivifiant de l'écosystème terrestre. Les plantes, les animaux et les hommes tous reçoivent leur subsistance du soleil et dépendent de lui pour leur croissance. II est un serviteur de Dieu comme tous les astres du ciel et un instrument de la bonté divine pour tous les hommes.

Depuis quelques années, des rabbins. surtout issus des mouvements conservateurs et réformés, invitent leurs fidèles à réfléchir sur les questions écologiques comme le changement climatique, les ressources de la planète. les énergies et les autres défis environnementaux. La cérémonie de la bénédiction du soleil est une occasion particulière.

La dernière fois que cette bénédiction a été prononcée fut le 8 avril 1981. Partout dans le monde juif de nombreux rassemblements avaient eu lieu. Le plus célèbre fut sans doute celui organisé par le rabbin Zalman Schatchter Shalomi qui était monté avec 300 personnes en haut de l'Empire State Building à New York. II avait sonné le shofar au lever du jour, puis prononcé la bénédiction sur le soleil. Les fidèles avaient ensuite effectué un lancer de ballons.

Dates des prochaines bénédictions du soleil : 8 avril 2009 (14 Nissan) – 8 avril 2037 (23 Nissan) 8 avril 2065 (2 Nissan) 8 avril 2093 (12 Nissan)

La vie en parabole

I.C.

En 1958, un jeune auteur, publia à Tel­Aviv un roman intitulé: La vie en parabole. D'entrée de jeu, Pinhas Sadeh annonçait ses couleurs en faisant part dans sa préface de l'objet de son désir. "Oh Dieu! dit l'âme, tu m'as créée en me tirant du vague et du néant. Le premier jour tu m'as éclairée afin que je puisse me voir moi-même et tu as séparé les ténèbres de la lumière qui est en moi. Le deuxième jour, tu as créé le ciel bleu avec toutes mes aspirations. Le troisième jour tu as créé ma terre et les fleurs ravissantes de mon amour. Le quatrième jour. tu as créé les étoiles lointaines où je me sens solitaire mais jamais égarée, car rien de ce qui est en toi ne peut se perdre. Le cinquième jour, tu as créé les monstres et les étranges poissons qui peuplent mes rêves. Le sixième jour, tu m'as donné ­non sans peine - les traits qui font de moi une âme humaine et tu m'as placée tout près de toi dans la nudité de ma solitude.

Maintenant, le sixième jour arrive à son terme.

Au couchant rouge encore, je vois la nuit descendre. L’heure est maintenant venue de me donner le shabbat, oh Dieu! Donne-moi le shabbat. Toi, mon Père qui es au Ciel, donne-moi donc le shabbat des shabbats !"

*    *

Né en Pologne. Pinhas Sadeh [1929­1994] monta en Israël en 1934. Il vécut dans sa jeunesse au kibboutz Sarid, dans la plaine d'Izréel où il travailla comme garde et berger. Dès 1951. il commença à publier des poèmes et une série de légendes hassidiques. Après des séjours aux kibboutzim de Kinnéret et de Yfat, il s'établit à Jérusalem puis à Tel-Aviv. En 1990, il fut honoré du prix Bialik de littérature.

Après un an de travail acharné, le nouveau venu sur la scène littéraire essaya de publier La vie en parabole mais se heurta au refus de toutes les maisons d'édition. Toutefois, un groupe d'amis encouragés par l'écrivain Binyamin Tammouz, persuada un imprimeur de Tel-Aviv de prendre les risques de cette publication. Ce dernier accepta mais à condition d'éliminer de l'ouvrage tous les passages 'abstraits', autrement dit, les chapitres de réflexion et de poésie. Sadeh refusa bien entendu de voir son texte caviardé et obtint finalement gain de cause. Imprimé dans son intégrité, le livre ne tarda pas à toucher des fibres sensibles dans les replis de bien des cœurs.

Comme rien n'est plus convaincant que le succès, la maison d'édition Shocken publia, une décennie plus tard, l'ouvrage de cet écrivain qui avait su ""'comme aucun autre rejoindre l'imaginaire d'un peuple nouvellement rassemblé sur sa terre. Dans le style sobre d'une émotion contenue, il rendait un témoignage vibrant à la réalité israélienne avec tout ce qu'elle pouvait avoir de bouleversant au temps où elle commençait à prendre forme.

Considérant son œuvre comme théologique, celui qui était une espèce à lui tout seul envisageait son travail d'écrivain comme un acte moral où l'on aspire sans cesse à une lumière que l'on ne rejoint jamais.

Au moment de sa parution, le ton inhabituel de La vie en parabole eut le don de révulser la critique officielle dans son ensemble. Le journal influent Davar le voua aux gémonies en déclarant que le livre en question était tout juste bon à être placé dans un chalet de nécessité. Mais confiant en son étoile, Sadeh pressentait qu'il aurait l'audience et l'estime d'un public choisi. Situé entre l'autobiographie et la profession de foi, le message à plus d'un égard inattendu de La vie en parabole allait lui valoir l'attachement indéfectible de lecteurs fidèles qui voyaient en lui un maître à penser. Dans le monde en gestation où se trouvait la société israélienne à ses débuts, sa façon d'écouter le "silence de la terre" ne pouvait laisser indifférent. Déjà, au début de son livre, il abordait ce thème en évoquant ses randonnées nocturnes à travers les ruelles désertes de Jérusalem où le silence de la nuit lui rappelait la chute muette des feuilles d'automne emportées par le vent.

Son œuvre a probablement joué un rôle séminal dans le renouveau de l'hébreu après que le peuple d'Israël eût recommencé à s'exprimer dans la langue des prophètes en la faisant remonter des catacombes de l'histoire. Bien que tombée depuis longtemps en désuétude comme langue parlée, elle était seule admise à la Synagogue et s'écrivait encore dans des cercles restreints où ses caractères rappelaient que "dans la lettre il y a l'esprit sans y prétendre." Aussi pouvait-on dire que si l'hébreu n'était plus vivant, il n'était tout de même pas mort.

Après des siècles de somnolence. son réveil sur la terre qui l'avait vu naître allait s'avérer lourd de conséquences, comme l'avait bien vite remarqué Gershom Scholem [1897-1982]. "Le langage, disait-il, est une marque qui recèle sa puissance propre car c'est en elle qu'est scellé l'abîme qu'il renferme. Pour avoir remémoré quotidiennement les noms d'autrefois, il ne dépend plus de nous de pouvoir écarter les pouvoirs qu'ils détiennent. Une fois réveillés, ils se manifesteront au grand jour, car nous les avons invoqués avec une violence terrible. Certes, l'hébreu rudimentaire que nous parlons est quasi fantomatique et pourtant, dans cette langue témoin d'un passé révolu, la force du sacré semble toujours nous interpeller." Paradoxalement, cette langue singulière où s'exprime l'âme d'un peuple atteint l'universel car elle fut en son temps porteuse d'un dialogue avec le divin. Elle y était sans doute prédisposée car elle semble avoir été conçue pour répondre aux besoins d'une révélation qui entraîne inévitablement une tension entre l'expérience et l'attente. autrement dit, entre le connu et l'inconnu,

Il reste que. tout en informant le psychisme d'une communauté attachée à sa tradition, les propriétés mystérieuses de l'hébreu risquent toujours d'intriguer, voire d'irriter ceux qui se montrent incapables de l'aborder avec un sentiment de connaturalité affective. Cette disposition du cœur est d'autant plus désirable que bien souvent, la langue hébraïque exprime ce qui reste impensé dans les autres. Douée de pulsations particulières, elle est comme une respiration venue

 

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d'ailleurs avec un pouvoir transformant sur ceux qui la parlent.

En 1993, Sadeh raconta à un ami comment il fut mené au cœur d'un univers qu'il découvrit fortuitement le jour où, faisant paître un troupeau en Galilée. il trouva une version hébraïque du Nouveau Testament dans un champ. Comme quoi, ces lieux déjà si marqués d'histoire n'ont pas encore épuisé leurs réserves de surprises. Ayant toujours eu des rapports abrupts avec la vérité, il ne cachait pas. au cours de cet entretien, qu'il souffrait d'un mal incurable. "En ce moment, avouait-il, ma vie ne tient plus qu'à un fil. J'ai souvent médité et écrit sur la précarité de l'existence, mais il y a tout de même de la marge entre un écrit et tout ce que nous pouvons ressentir lorsque la vie elle-même se met à nous parler." Autant dire que l'approche d'une issue fatale conférait aux propos de cet homme une aura testamentaire.

“Le fait. disait-il, que l'on trouve dans mon livre des considérations sur le Christianisme est dû au mouvement intérieur qui fait partie intégrante du Judaïsme et de son devenir propre. Il s'agit là de son destin au sens le plus profond, de cette histoire qui commence avec Abraham sans se confondre nécessairement avec les données de la science et des chroniques. Pour moi, l'idée de religiosité a toujours été - je ne dirai pas synonyme - mais liée à l'idée d'un combat où le désir de comprendre et de vivre mène au dépassement.

Je pense personnellement que La vie en parabole est d'inspiration juive dans toute la force du terme. Cela ne veut pas dire que toute personne formée dans l'esprit de la littérature traditionnelle doive nécessairement abonder dans mon sens et reconnaître que ce soit là une œuvre juive au sens strict du mot. On ne saurait toutefois oublier que le Judaïsme a toujours été sujet à des tensions issues de tendances diverses, que ce soit entre Maïmonide et ses détracteurs qui étaient aussi attachés à la foi d'Israël quil ne l'était lui-même. entre le Baal Shem Tov et les adversaires du hassidisme. ou bien encore entre Rabbi Nahman de Bratzlav et l'opposition qu'il suscitait au sein même du mouvement hassidique.

Ce livre est finalement le miroir fidèle de ma propre vie. Celle d'un adolescent puis d'un jeune homme conscient d'être membre du peuple juif. avec tout ce qu'il peut y avoir d'énigmatique et de complexe dans cet état. La vie en parabole envisage en effet le besoin de vivre, de travailler et de poursuivre une errance physique et spirituelle, autant de traits qui ont toujours caractérisé l'âme juive comme on le voit chez Abraham notre père venu d'Haran, non moins que chez Jacob, Moïse, David et bien d'autres encore. Comme toutes ces aspirations, où l'appel à risquer l'avenir devient le symptôme d'une insatisfaction présente, se retrouvent finalement dans mon œuvre, elle est, ce me semble, typiquement juive et la note chrétienne qu'on y perçoit fait tout simplement partie des antagonismes qui se sont toujours manifestés à un moment ou à un autre au sein de notre peuple.

Force m'est de reconnaître qu'un penchant naturel m'inclinait déjà dans la direction où les événements m'orientaient. Si l'on croit que l'élan d'une vie est fonction de sa finalité et qu'une divine Providence veille sur chacun de nous, tout peut livrer un sens à qui sait entendre. Les phases d'une existence revêtent alors pour un cœur réceptif une signification cachée, qu'il s'agisse de rapports avec les autres personnes, de lectures particulières, de peines ou de joies. Pour ma part, j'ai été confronté au cours de ma vie aux situations les plus invraisemblables, y compris que je tombe par hasard sur un exemplaire du Nouveau Testament - et qui plus est en hébreu - traînant dans la plaine d'Izréel où je gardais un troupeau de moutons. Qu'un passant ait laissé là ce livre est un fait bien réel que je n'ai pas imaginé ... et l'on connaît la suite. J'ai été aussitôt captivé par cet écrit dont j'ignorais jusqu'à l'existence. On ne me l'avait pas enseigné et je n'ai même pas souvenance d'en avoir entendu parler avant de le trouver fortuitement en pleine nature. J'ai pourtant été fasciné par tout ce que j'y trouvais, à commencer par le style hors du commun. En lisant le Nouveau Testament traduit par Zolkinson dans un hébreu incomparable - je percevais l'influence de la langue biblique - sans retrouver pour autant dans ces écrits le caractère lointain qui affecte le Tanakh lui-même. En effet, le Tanakh - en dépit de l'aura dont il est entouré - n'est pas sans donner l'impression d'un monde transcendant, voire étrange. Au contraire. cette lecture nouvelle était pour moi l'occasion de discerner intuitivement une incidence merveilleuse où je voyais l'influence continuelle du sublime sur le concret d'une existence vécue dans la grisaille quotidienne.

En suivant le fil du récit, je découvrais dans le Nouveau Testament un monde des plus attirants, à savoir, des gens épris de sainteté qui, sans souci du qu'en-dira-t-v-en, ne s'intéressaient pas à l'argent, ni aux commérages, ni aux futilités de ce genre car ils ne recherchaient que la sainteté, la vie et la vérité. Je découvrais là une réalité merveilleuse qui me parlait comme si j'étais né pour y répondre.

Mais aujourd'hui, je vois cette affaire du christianisme sous un jour complètement différent, sans pour autant me déjuger, car je crois en une Providence personnelle et reste persuadé que cette découverte surprenante - près de mon kibboutz ­ n'a pu être le fait d'un hasard. A ce qu'il me semble. cet événement devait se produire car il m'était bon de puiser moi-même à cette source particulière. Et pourtant, je veux préciser sans ambages que l'an passé, j'ai éliminé tout cela de ma vie. Mais, quoi qu'il en soit de ce revirement, je voudrais revenir à nouveau sur ce sujet délicat.

Pour moi, le Nouveau Testament était partie intégrante du Judaïsme. Jésus et les apôtres avaient poursuivi leurs activités sur la terre d'Israël, en Galilée et dans la vallée du Jourdain. Ce n'étaient pas des chrétiens de Séville ou de Frankfurt dont je me soucie comme de l'an quarante. J'étais littéralement fasciné par tout ce qu'ils avaient vécu en ce lieu où il m'était donné de vivre moi-même. Je découvrais en effet chez eux une foi à l'état pur, une vie admirablement assumée à la lumière de cette conviction, sans avoir pour autant à s'assujettir à tout un ensemble de commandements et de lois. Tout cela exprimé avec une retenue où l'on parlait spontanément à demi-mot.

La façon discrète de rapporter les épisodes les plus bouleversants ne manquait pas de m'intriguer, aussi ne pouvais-je être étonné qu'ils aient eu une influence aussi déterminante sur l'art pictural de l'Occident qui revient sans cesse sur des scènes telles que le Dernier repas, la Crucifixion. la rencontre avec le Ressuscité sur le chemin d'Emmaüs. Mais j'étais surtout frappé par le fait que ces gens étaient vraiment des juifs qui, de façon personnelle et concrète, s'efforçaient, jour après jour, d'envisager l'esprit du Judaïsme, sa vitalité, et sa destinée singulière, dans l'espoir d'arriver un jour à pénétrer ce mystère. Cette affaire me paraissait strictement juive : c'est tout au moins la façon dont je la concevais à cette époque-là."

Cinquante années après sa parution, La vie en parabole vient d'être rééditée pour répondre à un intérêt qui ne s'est jamais démenti. Comme quoi, certaines idées poursuivent leur course souterraine en bénéficiant d'un intérêt qui résiste à l'épreuve du temps. A cette occasion, le Prof. A vner Holztman du Département de Littérature à l'Université de Tel-Aviv, évoquait le climat de l'époque où cette œuvre avait paru :

“Ce livre fut publié à l'occasion du l0ème anniversaire de l'Etat d'Israël où tout un peuple était à la joie du retour à la terre ancestrale. Et voici qu'au milieu de l'euphorie de l'Indépendance retrouvée, paraissait une nouveauté libérée des contingences immédiates, car en fin de compte, le livre de ce nouvel auteur n'était autre qu'une parabole sur l'existence de Dieu.”

Un journaliste pas banal

Yohanan Elihai

Voici l'histoire de Sayed Kashua, un journaliste Arabe, né en Israël. Arabe israélien ou Palestinien? on en traite dans ce qui suit. Son humour, sa fantaisie, sa liberté valent la peine qu'on lui consacre un article.

Voici donc d'abord sa "carte d'identité", enfin, disons sa présentation, suivie d'un article récent.

Sayed Kashua est né en 1975 dans un village de Galilée. Arabe et citoyen israélien, il fait ses études à l'Université Hébraïque de Jérusalem. Critique de cinéma et éditorialiste dans l'hebdomadaire de Tel-Aviv, Ha'ir (la ville), il écrit actuellement dans le supplément hebdomadaire culturel et politique du quotidien Haaretz. Il vit actuellement dans le quartier palestinien de Beit Safafa, près de Jérusalem. Son premier roman, Les arabes dansent aussi, paru en 2003, est suivi en 2006 de: Et il Y eut un matin. Les deux livres reçoivent un très bon accueil du public. Ces deux récits donnent une voix aux Arabes israéliens ignorés de tous, à l'intérieur comme à l'extérieur.

Dans son dernier roman traduit en français, Et il y eut un matin, Sayed Kashua livre une vision sans complaisance de la société arabe, enfermée dans ses traditions, aujourd'hui dépassées et obsolètes. Il n'épargne pas non plus la société israélienne qui aurait trop tendance à considérer les Arabes sous l'angle de la menace terroriste. La singularité de son point de vue engendre naturellement le débat.

Traduits en français: Les Arabes dansent aussi, roman, trad. par Katherine Werchowski, éd. Belfond, 2003 ; 10/18, 2006 - Et il y eut un matin, roman, trad. par Sylvie Cohen et Edna Degon, éd. L'Olivier. 2006 Points poche, 2008.

Et voici l'article de Ha'aretz, 22 février 2009 :

Une nouvelle espèce de Sayed Kashua – Traduction : Gérard pour La Paix Maintenant - qui a dit de Kashua : "Ce qu'il y a de bien avec lui, c'est qu'il n'est jamais là où on l'attend"

- et que nous remercions de son autorisation donnée à Un Echo pour toutes ses traductions.

Mesdames et messieurs, j'ai le plaisir de vous informer que les 15 minutes de célébrité des citoyens arabes israéliens ont été inaugurées officiellement cette semaine. Je vous le dis, ces derniers jours, les Arabes se vendent comme des petits pains. Ils sont devenus le produit le plus demandé sur le marché international du loisir. Toute cette semaine, j'ai été contacté par des dizaines de journalistes étrangers, tous me suppliant de leur accorder une interview. Radios, télévisions, journaux, sites web, tout. L'occident découvre le phénomène naturel connu sous le nom de citoyens arabes israéliens et, sauf erreur de ma part, le brevet est enregistré sous le nom d'un scientifique russe du nom de Lieberman. Le slogan « Pas de citoyenneté sans loyauté » a, semble-t-il. semé la confusion dans les médias étrangers. "Attendez", se sont demandés les rédacteurs en chef en Europe et aux Etats-Unis, "de quelle citoyenneté parle-t-il ? Depuis quand les Palestiniens ont-ils une citoyenneté ? Des anthropologues et des zoologues ont été appelés à la rescousse pour fournir des explications. Après de longues et délicates expériences en laboratoire, ils sont parvenus à la conclusion qu'il s'agissait d'un phénomène bien connu, auquel un petit groupe d'historiens ont parfois fait référence sous le terme scientifique de « Arabes israéliens ». D'autres chercheurs, qui ont noté le phénomène, les ont appelés « citoyens palestiniens d'Israël ». D'autres encore ont préféré les cataloguer en utilisant des chiffres; ils se nomment alors les « Arabes de 48 ». Certains représentants des médias étrangers ayant accumulé des années d'expérience en Israël étaient déjà au courant de l'existence des citoyens arabes du pays, mais pour des raisons internes, ils ont choisi, jusque récemment, de cacher ce phénomène à leurs lecteurs, pour ne pas semer chez eux la confusion et le désarroi. Toute cette histoire d'Israéliens et de Palestiniens était déjà assez compliquée, et l'introduction d'éléments nouveaux comme des Arabes israéliens ne ferait que compliquer les choses. Le consensus s'est donc fait autour de l'idée qu'il était préférable de s'en tenir aux deux camps, les Palestiniens et les Israéliens. Au début, je n'ai pas compris pourquoi j'étais soudain submergé de demandes d'interview. Et puis j'ai tapé sur Google la requête « Arabes israéliens» et découvert que mon nom apparaissait dans Wikipedia en tant qu'exemple vivant du phénomène. J'étais mentionné en même temps que deux autres écrivains : le grand et regretté Emile Habibi, et Anton Shammas, qui a quitté le pays il y a des années et qui, depuis, gagne (bien) sa vie en donnant des conférences dans de prestigieuses universités américaines pour tenter d'expliciter le concept. Ce qui me donne l'occasion, du moins selon Google, d'être le premier choix si l'on veut préparer un article sur « les Arabes israéliens ». "Vous voyez 'l", me trouvai-je en train de me tordre la mâchoire pour parler anglais avec le journaliste de la BBC envoyé tout spécialement depuis Londres pour s'entretenir avec moi, "Vous comprenez ')" demandais-je régulièrement, ne recevant en retour qu'un regard hébété et perdu du journaliste, "Der ar deefrent kayndes off Erabs." (1) Bien entendu, je faisais de mon mieux pour dire du mal de l'Etat d'Israël. "Ray-cee-zem"(2) était l'un des mots que je m'entendais Insérer toutes les deux phrases. J'essayai de lui décrire le statut du citoyen arabe, la discrimination et l'abandon, et lui offris un long rapport sur toutes les terribles difficultés dont souffraient les localités arabes. "Attendez", demanda un journaliste d'un journal américain très connu, "les Arabes israéliens ne vivent pas dans les villes israéliennes '1" ..., "Non non, vous n' y êtes pas du tout. Les Arabes habitent des villes et des villages arabes, très à l'abandon, vous savez, ray-cee-zern, tout ça. Il y a quelques villes mixtes, mais dans la plupart des endroits, il y a une séparation nette entre les quartiers arabes et juifs.

"Dees-kreem-ee-nay-shun. (3)"

"Alors, ce que vous dites en fait, c'est que la plupart des Arabes en Israël vivent dans des camps de réfugiés", résuma le journaliste.

Ya Allah' comment expliquer ça à cet imbécile? Je repris depuis le début. ..., "Vous savez, der ar deefrent kayndes off Erabs." ..., "Dites-moi, s'il vous plaît", demanda une journaliste venue d'Allemagne, "avec tout ce que vous m'avez dit, je n'arrive pas à comprendre comment vous habitez un quartier juif." ..., "Comment? Euh ... Eh bien ... " Je commençai à bégayer. Après avoir sorti tous ces ray-cee-zem et ces dees-kreern-ee-nay-shun, habiter un quartier juif devait lui paraître suicidaire. ..., "C'est pour une recherche", me retrouvai-je en train de lui expliquer. "Oui, c'est pour un livre que je suis en train d'écrire. Une enquête sur le ray­cee-zem dans la société israélienne, j'ai dû déménager du village très très à l'abandon où j'ai grandi pour m'installer dans un quartier juif." ..., "Alors, comment avez-vous fait pour survivre", me demanda-t-elle avec empathie. "Comment vos voisins ont-ils réagi 'l" ..., "Il est évident que le ray-cee­zem sera la conclusion de mon étude." Je me calai au fond du fauteuil.

"Vous ne pouvez pas vous imaginer ce que nous subissons ici. Un cauchemar. Veuillez m'excuser, je dois aller voir qui est à la porte", dis-je, en faisant un gros effort pour m'ébrouer et me débarrasser de toute cette souffrance. Je me levai d'un air las pour aller voir qui avait sonné. C'était mon voisin, un type vraiment très bien, qui voulait savoir si j'avais envie de me faire une toile avec lui . ..., "OK. Laisse-moi juste le temps de me débarrasser de cette Allemande et j'arrive."

Je retournai au salon et m'assis face à la journaliste, horrifiée,… "Qui était-ce ?" ..., "Le voisin." ..., "Et tout va bien ? Que voulait-il? Pouvez-vous me le dire ?" ..., "Oh, toujours la même chose". Répondis-je avec une expression angoissée. "Tous les jours, c'est la même histoire. Il frappe à la porte et quand j'ouvre, il me crache dessus et s'en va." Je levai la main comme pour m'essuyer le visage, et la journaliste allemande versa une larme ...

(1) "Il y a toutes sortes d'Arabes", en anglais phonétique drolatique dans le texte (ndt)

(2) "Racisme" (idem)

(3) "Discrimination" (idem)

Qui est qui

Meïr Diczcneoff

Eliane Ketterer

Meïr Diezengoff (1861-1936), l'un des fondateurs de la ville de Tel-Aviv, et son premier maire.

Meïr Diezengoff est né en Bessarabie et a fait ses études à Kichinev. En 1882, il fit son service militaire à Jitomir en Ukraine. Il fut membre des cercles révolutionnaires de Russie et en 1885, il fut arrêté comme membre de l'organisme révolutionnaire, "Liberté du peuple". En 1886, il se joignit aux "Amants de Sion" et plus tard vint s'établir en France où il obtint le diplôme d'ingénieur chimiste de l'université de Paris. En 1892, il immigra en Israël.

Dès son arrivée en Israël. Meïr Diezengoff créa, grâce au financement du baron de Rotschild, une industrie de fabrication du verre sur la côte de Tantura (aujourd'hui côte Dor) afin de fournir des bouteilles aux celliers de Hébron. Au bout de deux ans, l'industrie fut fermée. Meïr Diezengoffre partit alors en Russie, s'installa à Odessa où il dirigea une industrie dans le même domaine. En 1904 il fonda une société pour racheter des terrains en Israël, qui portait le nom de Geoula ("Rachat") et qu'il dirigea jusqu'en 1913. En 1905, il revint en Israël et fonda une société commerciale, "M. Diezengoff et ses associés".

Meïr Diezengoff fut parmi les fondateurs de Ahouzat Bayt (nom originel de Tel-Aviv). Les fondateurs désiraient en effet fonder un quartier juif moderne à côté de Jaffa. En 1911, Meïr Diezengoff fut élu président du comité de la localité naissante et bâtit sa maison sur le boulevard Rotshild. Lors de la Première guerre mondiale, il était président du comité d'émigration et "exilarque" ("Rosh haGola") des habitants expulsés de Jaffa et de Tel-Aviv.

En 1921, Tel-Aviv devint une municipalité et Meïr Diezengoff fut placé à sa tête, sauf entre les années 25 et 28. En 1934, Tel Aviv étant devenue une ville, il fut élu pour en être le maire, et le resta jusqu'à son décès. En 1913, il fonda le musée de Tel­ Aviv. A sa mort, sa maison fut. selon son désir, donnée en héritage au musée. En effet il n'avait pas d'enfant. C'est dans cette maison que fut proclamée la création de l'Etat d'Israël en 1948. Il est enterré à Tel Aviv au cimetière Trumpeldor, aujourd'hui situé au centre ville.

Parmi ses livres: "Avec Tel-Aviv en exil" (1931).

L'une des rues principales de la ville de Tel Aviv porte son nom et la place Diezengoff porte le nom de son épouse, Tsina Diezengoff.

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Le chant du mois

Yohanan Elihaï

De nouveau Hava Alberstein, que l'on peut voir encore jeunette dans le YouTube ci-dessous, chante le souvenir du pionnier de la résurrection de la langue hébraïque. E.Ben Yehuda travaillait des heures à créer de nouveaux mots, qu'il ramassa dans son gros Dictionnaire Ben Yehuda. Il allait au marché acheter en hébreu chez des commerçants qui parlaient encore Yiddish ou judéo-espagnol, ce qui les obligeait à se mettre à l'hébreu pour lui répondre. Son fils fut le premier enfant à parler l'hébreu dès sa petite enfance.

Eliézer Ben Yehuda, par Hava Alberstein


Comme les prophètes jaloux de la gloire du Nom

Lui était passionné pour le verbe et le nom

Et à minuit sa lampe brûlait encore,

Il entassait dans son dictionnaire

Des piles et des piles de mots,

Des mots si beaux, qui volent au vent,

Et qui vous roulent sur la langue.

Éliézer, quand vas-tu aller dormir?

Tu tombes de sommeil.

Et l'hébreu qui a attendu deux mille ans

T'attendra bien jusqu'au lever du jour.

Eliezer Ben Yehuda

Juif désopilant,

Des mots, des mots, des mots, des mots,

Il en a inventé de son cerveau fertile 1

Bon, l'hébreu a dormi deux mille ans?

Réveillons-le et inventons "initiative"

"Fer à repasser, ameublement",

"Chou-fleur et glace à la vanille" !

Il écrivit tout ça, il écrivit

Tout le dico de Ben Yehuda

Sa plume ne s'arrêtait pas,

Et la langue croissait, fourmillait,

Et ne se reconnaissait plus elle-même

À l'aube du jour suivant.

Eliezer Ben Yehuda

Juif désopilant,

Des mots, des mots, des mots, des mots,

Il en a inventé de son cerveau fertile!

Puis un enfant lui est né,

Il l'appela Itamar, ce fils aîné.

Et dès son premier jour

Et jusqu'au dernier

Sa langue fut la langue des Hébreux.

Itamar, digne fils de son père,

Un père qui fut un prophète,   shé-aviv haya navi

Un type qui me plait !    gévèr   ki-lvavi

Eliezer Ben Yehuda

Juif désopilant,

Des mots, des mots, des mots, des mots,

Il en a inventé de son cerveau fertile!


Humour : une blague ancienne

Yéké est le surnom des Juifs allemands, intellectuels sérieux et très honnêtes, mais un peu lents à saisir les blagues ou les filouteries.

Il y a bien des années à Nahariyya (alors un centre de Yékés) au marché, un Yéké vient vendre sa vieille jument, qui n’en peut plus.

Il proclame: "Qui veut une vieille jument? Qui veut une vieille jument?" Personne ne semble intéressé, et le soir approche.

Un juif polonais (de Galicie, un débrouillard) lui propose: - Je te la vends et tu me donne 10 %.

- Bon, si tu peux ...

- Mais ne reste pas à côté de moi»

De loin le Yéké voit l'autre qui gesticule avec enthousiasme dans le soir tombant, et quelqu'un impressionné sort son portefeuille, paie et part avec la jument.

Le Galicien revient, donne l'argent (moins les 10%) et le Yéké s'étonne: - Comment as-tu fait?

- Bah, c'est simple: il m'a demandé: "Elle marche bien?" j'ai dit: "Elle court!" "Elle mange beaucoup?" "Presque rien!" "Elle travaille?" "Du matin au soir!"

Alors le Yéké pensif:

- Ah bon? ... C’est dommage que je l'aie vendue !”