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 « Seigneur Jésus,
apprenez-nous à être généreux,
à vous servir comme vous le méritez,
à donner sans compter,
à combattre sans souci des blessures,
à travailler sans chercher le repos,
à nous dépenser sans attendre d’autre récompense
que celle de savoir que nous faisons votre Sainte volonté. »

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N° 5 Janvier 2003

   No 5 – Janvier 2003

Sommaire :

      Editorial

      Dossier du mois : système électoral 

      Théâtre pour deux peuples

      Page d’histoire 

      Un autre visage du judaïsme

      Témoignage : Prière

      Chant, humour et Infos pratiques

Editorial

Léquipe de rédaction de « lEcho dIsraël » est heureuse de souhaiter à ses lecteurs une année de paix et despérance pour le monde et spécialement pour cette région du Proche Orient. Les abonnés continuent daugmenter, ce qui est pour nous un grand encouragement, même si nous nous sommes trouvés obligés de réduire le nombre de parutions à 9 au lieu de 12 par an, à cause de linvestissement en temps que cela nous demande.

Avec nos vœux, nous voulons partager avec vous les conseils de Socrate qui nous semblent particulièrement appropriés pour notre travail. Nous essayerons de les mettre en application ! !

« Est-ce vrai, bon et utile ? »

Un jour, quelquun vint voir Socrate et lui dit

– Ecoute, Socrate, il faut que je raconte comment ton ami sest conduit.

– Arrête ! interrompit lhomme sage. As-tu passé ce que tu as à me dire à travers les trois tamis ?

– Trois tamis, dit lautre, rempli détonnement.

– Oui, mon bon ami: trois tamis.

Le premier est celui de la vérité. As-tu contrôlé si tout ce que tu as à me raconter est vrai ?

– Non, je lai entendu raconter et ...

– Bien, bien. Mais assurément, tu las fait passer à travers le deuxième tamis. Cest celui de la bonté. Ce que tu veux me raconter, si ce nest pas tout à fait vrai, est-ce au moins quelque chose de bon ?

Hésitant, lautre répondit

– Non, ce nest pas quelque chose de bon, au contraire....

– Hum ! dit le sage, essayons de nous servir du troisième tamis, et voyons sil est utile de me raconter ce que tu as envie de me dire...

– Utile ? pas précisément...

– Eh bien ! dit Socrate en souriant, si ce que tu as à me dire nest ni bon, ni vrai, ni utile, je préfère ne pas le savoir, et quant à toi, je te conseille de loublier.

En cette période électorale il nous a semblé UTILE de vous fournir quelques informations sur le système électoral et les institutions en Israël, doù le dossier réalisé par Jean-Marie Allafort.

Des essais de rapprochement judéo-arabe existent et continuent, il nous a paru BON de vous en décrire un touchant des jeunes, le facteur temps et le sérieux du travail sont de première importance, nous sommes reconnaissants à Ouriel et Martine Zohar de nous avoir autorisés à publier leur expérience.

Antoinette Brémond nous livre un témoignage sur la prière dont il est BON de se rappeler limportance en ces temps difficiles.

La page dhistoire que nous publions dans chaque parution voudrait être un essai dinformer sur les événements du passé avec un réel souci de VÉRITÉ.

                        Myriam Selz

Dossier du mois :

Elections 2003 – comment fonctionnent

les institutions de l’Etat d’Israël ?

Le 28 janvier, les Israéliens se rendront aux urnes pour élire la 16ème Knesset et décider ainsi de leur avenir politique. Israël est le seul état démocratique de tout le Proche-Orient et ce, depuis le premier jour de sa naissance. Lorsque David Ben Gourion lut la déclaration d’Indépendance le 14 mai 1948, il précisa qu’une Assemblée constituante serait élue au plus tard le 1er octobre 1948 mais la guerre bouleversa le calendrier prévu. C’est seulement le 25 janvier 1949 que les premières élections eurent lieu et que l’Assemblée législative prendra le nom de Knesset (assemblée).

Un pays sans Constitution.

L’Etat d’Israël est un régime parlementaire sans constitution. Malgré la volonté déclarée des fondateurs qui désiraient doter le nouvel Etat d’une constitution selon le modèle des grandes démocraties européennes (excepté la Grande Bretagne), aucune Knesset n’a réussi à ce jour cette mission. Ce phénomène s’explique par l’impossibilité de parvenir à un consensus sur la question même de l’identité et de la nature de l’Etat d’Israël. Les partis religieux se sont toujours opposés à toute constitution écrite parce qu’ils voient dans la Tora la véritable constitution du peuple juif qui constitue la majeure partie de la population du pays.

Dès la première Knesset, la polémique fut violente et David Ben Gourion qui avait besoin de l’appui des religieux proposa un compromis en juillet 1950 : la constitution serait préparée sous forme de chapitres indépendants appelés lois fondamentales qui organisent les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Chaque Knesset peut faire évoluer, supprimer ou ajouter des lois fondamentales. Si elles font bien office de constitution, il n’en reste pas moins qu’une non-définition précise de ce qu’est l’Etat d’Israël est significative de la précarité institutionnelle. De même qu’Israël n’a pas de frontières définies, il n’a pas non plus de constitution qui le définit. Son caractère indéfini explique bien souvent de nombreux comportements de la société israélienne.

Le pouvoir exécutif

Le président de l’Etat est élu pour une période de 7 ans non renouvelable par la Knesset à la majorité absolue (61 voix). Son élection qui se déroule à scrutin secret donne lieu parfois à des surprises. En général, il y a deux candidats qui sont présentés par les deux grands partis politiques. Le rôle du chef de l’Etat se cantonne essentiellement à un rôle de représentation et ce dernier n’a pas d’influence sur la politique des gouvernements. Cependant, sa position lui confère un poids moral qui peut parfois contraindre le chef du gouvernement à suivre son conseil surtout en période de crise. Il nomme le Premier ministre après avoir entendu l’avis de tous les leaders des partis politiques et accepte la démission de ce dernier. Si le Premier ministre décide d’avancer les Elections comme ce fut le cas, il y a deux mois avec Sharon, il doit obtenir au préalable l’accord du Président. Enfin, le chef de l’Etat jouit du droit de grâce qu’il exerce après avoir consulté le ministre de la Justice. Jusqu’à présent, il y a eu 8 présidents depuis 1949 et l’actuel chef de l’Etat est Moshé Katsav.

Le véritable chef de l’exécutif est le Premier Ministre à qui il appartient de former un gouvernement. C’est généralement le dirigeant du parti qui a obtenu le plus de sièges lors des élections qui est choisi. Depuis 1996, le chef du gouvernement était élu au suffrage universel. Netanyahou, Barak et Sharon ont profité de ce changement de la loi fondamental sur le Premier ministre voté par la Knesset à l’initiative du gouvernement Rabin. Le but initial était de renforcer la position du Premier ministre face à la Knesset et rendre plus stable le gouvernement. C’est l’inverse qui se produisit par la multiplication des partis politiques. Former une coalition gouvernementale et arriver à la conserver devenait une épreuve olympique. Dès son arrivé au pouvoir, Sharon fit voter le retour à l’ancien système électoral. Pour ces élections de 2003, le Premier ministre ne sera donc plus élu au suffrage universel. Depuis 1948, le pays a connu 13 Premiers ministres sous 15 législatures. Depuis le début du processus de paix il y a 10 ans, Israël a connu 5 chefs de gouvernement différents, soit une moyenne d’un nouveau gouvernement tous les deux ans.

Le pouvoir législatif.

Le pouvoir législatif appartient à la Knesset qui est composée de 120 députés élus tous les quatre ans à la proportionnelle intégrale (pour être représenté il suffit d’obtenir 1, 5% des suffrages exprimés). Pour voter, il faut avoir atteint l’âge de 18 ans et être citoyen de l’Etat d’Israël. Avoir la carte d’identité israélienne ne suffit pas pour élire les députés: de fait, les Arabes de Jérusalem-Est n’ont pas le droite de vote alors qu’ils ont cette carte qui dans leurs cas est une carte de résidents permanents. Ils ne peuvent aller aux urnes uniquement lors des élections municipales et une forte majorité les boycotte régulièrement. Par contre, tous les citoyens israéliens et parmi eux les Arabes de Galilée qui représentent un cinquième de l’électorat participent à tous les scrutins.

Le système des élections à la Knesset est régulièrement remis en cause sans jamais entraîner de la part des députés élus une réforme adéquate. Deux défauts majeurs conduisent bien souvent à la formation de gouvernements peu stables, proche de ce que la France a connu lors de la IV république :

-          la multiplication des partis politiques du fait qu’il suffit d’obtenir seulement 1, 5 % des voix pour rentrer au parlement (le système fait d’ailleurs entrer automatiquement deux députés pour un parti qui a atteint le pourcentage requis). Le morcellement des forces politiques rend impossible la formation de gouvernements homogènes et confère un poids disproportionné aux petits partis qui ont moins de cinq sièges. Pour ces élections, 29 partis ont présenté une liste de candidats. Il sera difficile pour le prochain Premier ministre, si l’on en croit les sondages, de former un gouvernement avec une plate-forme commune. Le fait que Sharon ne cesse de répéter depuis le début de la campagne son désir de former, s’il est élu, un gouvernement d’union nationale, s’explique en partie par le fait qu’il est plus facile de former un gouvernement avec les deux grands partis politiques que de former un gouvernement restreint de droite où chaque petit parti pourra exercer une pression permanente voire un chantage et menacer en permanence la survie du gouvernement.

-          Les élections primaires au sein des grands partis politiques qui conduisent à l’érection d’une liste de candidats : l’électeur ne vote pas directement pour un homme politique précis mais pour un parti politique. Ce mode de scrutin favorise sans aucun doute les hommes d’appareil et ne favorise pas toujours l’émergence de nouveaux députés. De plus, chaque parti politique est libre de dresser sa liste de candidats suivant ses règles internes et aucune loi précise ne légifère ‘les primaires’ qui, comme nous l’avons vu lors de ces élections donnent parfois lieu à des corruptions. Un parti religieux comme le Shass ne connaît pas de ‘primaires’ démocratiques. La liste des candidats est fixée par le Rav Ovadia Yossef, leur chef spirituel et son conseil des sages de la Torah.

Malgré les nombreuses propositions de réforme du système électoral comme par exemple l’élection des députés dans le cadre de circonscription, aucune modification n’a été votée par la Knesset et le problème n’a même pas été soulevé pendant cette campagne.

Le Parlement israélien a pour mission, d’une part, de légiférer et d’autre part, de contrôler l’action du gouvernement comme dans tous les régimes démocratiques.

Le travail parlementaire se fait en assemblée plénière mais également au sein de dix commissions parlementaires dans lesquelles tous les députés sont répartis. Dans chacune des commissions, il y a des représentants des grands partis politiques. En général, la Knesset ne se réunit jamais le dimanche qui est le jour de la réunion du gouvernement. Deux sessions parlementaires rythment la vie des députés : la session d’hiver et la session d’été. Le cumul des mandats est interdit : un maire ne peut pas être député. Il faut noter enfin le rôle particulier du Président de la Knesset qui est le troisième homme de l’Etat et qui devient de facto Président d’Israël en cas de vacance du siège. Son autonomie par rapport au gouvernement est totale et le Premier ministre ne peut pas limiter la marge de manœuvre.

Israël : une démocratie véritable.

Le mode d’action de tous les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire est démocratique et contrairement à ce que soutient une certaine presse, Israël n’est absolument pas une théocratie. Le système judiciaire extrêmement complexe a un pouvoir de contrôle sur toutes institutions gouvernementales et parlementaires au-delà de ce que les démocraties européennes connaissent. La Haute Cour de Justice n’hésite pas à annuler des lois votées à la Knesset lorsque ces dernières lui semblent en contradiction avec l’esprit même de la démocratie ou qu’un tiers est lésé d’une façon ou d’une autre. Son pouvoir est d’ailleurs bien souvent critiqué par les hommes politiques eux-mêmes et donne lieu à des débats passionnés. Lors de cette campagne électorale, le juge de la Haute Cour de justice Michel Héchin chargé de veiller à la bonne marche de ces élections a donné l’ordre à tous les médias électroniques de cesser la diffusion de la conférence de presse d’Ariel Sharon qui voulait s’expliquer sur des affaires de corruption dont il est accusé d’être mêlé.  Selon le juge Héchin, le Premier ministre détournait cette conférence de presse au profit de la campagne électorale, ce qui est absolument interdit par la loi. Il n’a donc pas hésité à faire taire les télévisions et les radios qui retransmettaient en direct la conférence de presse.

Enfin, il faut à nouveau rappeler ici que la presse est un véritable contre-pouvoir et les politiques en font souvent l’expérience parfois amère. La liberté avec laquelle la presse israélienne interpelle ou critique les Autorités civiles ou militaires pourrait donner à réfléchir à bien des démocraties européennes.

 

Jean-Marie Allafort                      

Le théâtre comme moyen pédagogique

Malgré la situation violente qui règne dans notre région, les initiatives pour que les deux peuples se rencontrent et apprennent à se connaître ne manquent pas. Elles sont peu connues par les médias, ce qui est sans doute une cause de leur réussite ! Myriam  Selz, de l’équipe de « l’écho d’Israël » est une amie d’Ouriel et Martine Zohar qui ont accepté de partager avec nous une expérience qui nous semble révélatrice de ce que l’on peut faire. Nous avons résumé pour vous un rapport publié par eux.

« Le théâtre comme moyen pédagogique pour améliorer les relations judéo-arabes »  est un projet qui a débuté en fin d’année 1987 au début de la première intifada. A l’époque, il y a une diminution considérable des échanges et des relations entre juifs et arabes en Israël. L’inspiration et la stimulation de cette action artistique viennent aussi d’une idée d’Augusto Boal, metteur en scène brésilien, réfugié politique à Paris qui écrit dans « Jeux pour acteurs et non-acteurs », « pratique du théâtre de l’opprimé » p.13, Ed. François Maspéro. « Le spectateur, capable d’un acte libérateur pendant une séance de « théâtre-forum », est en réalité incité à le faire dans la vie courante (même s’il n’a été capable de le faire que dans la « fiction » du théâtre).  S’il a pu le faire au cours d’une « séance » il sera prêt plus tard à le faire dans la vie réelle ».

Le lieu d’action choisi sera le Collège universitaire de Beit Berl,  à cause de sa situation géographique, au carrefour de villes israéliennes comme Kfar Saba, et arabes, comme Tira, à 1 km de la ligne verte, ce village est à 5 minutes de voyage du Collège.

A.    Théâtre des enfants et des adolescents ( âge : à partir de 14 ans)

Le projet sera proposé à 38 enfants juifs de l’école Ben Tsvi de Kfar Saba et 38 enfants arabes de l’école Ibn Sina de Taibé. La pédagogie non directive des directeurs s’avérera juste et efficace. Le libre choix de participation sera laissé aux enfants, ce qui éveillera la jalousie de ceux qui ne s’étaient pas encore engagés. Ce principe sera maintenu tout au long de l’expérience. Début 1988, en plein Intifada, il fallait vaincre la peur des parents juifs, la réticence de certains enseignants arabes, et le manque de liberté des femmes arabes, qui bien qu’enseignantes, n’étaient pas libres pour des sorties extérieures.

Le projet débute avec notre partenaire, Madame Yael Harel et un groupe d’étudiants juifs et arabes du Collège universitaire de Beit Berl, âgés de 19 à 25 ans, futurs enseignants d’Anglais. On leur donne des cours sur le jeu théâtral comme un moyen d’enseigner le travail en groupe. Le processus pédagogique abordait le domaine analytique, la compréhension, l’acquisition des connaissances grâce à l’apprentissage des principes de conceptualisation intellectuelle. C’est après avoir traversé le processus dans son intégralité et avec une participation active, un sens de l’organisation et une expérimentation personnelle lors d’ateliers avec les enfants, que les étudiants ont reconnu l’intégration intellectuelle et pratique de ce travail qu’ils ne sont pas prêts d’oublier.

On a découvert que c’est dans l’action artistique que les hommes oublient leurs préjugés. Les étudiants juifs ont été invités à connaître la littérature et la musique arabes et réciproquement.

Une des premières conclusions a été qu’il faut éviter toutes discussions politiques.

Notons que pendant la guerre du Golfe, si les rencontres entre enfants cessent, celles entre étudiants continuent. Mais ce sont ensuite les enfants qui ont absolument voulu poursuivre, et les écoles qui l’ont permis en ouvrant leurs portes.

B.    Premières étapes : séparer l’action artistique de l’action politique et créer des liens vrais et forts avant de pouvoir supporter   la revendication « de l’autre ».

Pour cela

1) formation d’étudiants juifs et arabes, futurs professeurs d’anglais avec la possibilité de s’inscrire à des ateliers pédagogiques d’art dramatique judéo-arabe.

2) faire participer des professionnels du théâtre juifs et arabes, les enfants travaillent avec une enseignante du théâtre, juive israélienne mariée à un sociologue arabe, musulman qui ont choisi de vivre dans un village arabe. En 1989, les enfants jouent leur texte simultanément en arabe et en hébreu.

3) d’autres formations artistiques sont proposées aux enfants : ateliers de céramique, de musique, de danses folkloriques, de contes et d’histoires, composition de chansons et de poèmes, de masques et de décors.

Après 5 ans d’expérimentation, le directeur de l’école de Kfar Saba reçoit, en 1993,  le Prix de l’Education. Cette même année, ces trois premières étapes ont permis de mettre en place une structure autorisant les deux directeurs arabe et juif à agir de manière indépendante. Aujourd’hui ces rencontres fonctionnent par elles-mêmes, ce qui démontre leur plein succès pédagogique

C.    Le processus pédagogique : Utiliser l’expression théâtrale et son enseignement comme moyen de rapprochement entre les peuples et les cultures. Ce théâtre évidemment accessible à tous doit fonctionner avec une équipe de professionnels du spectacle, des professeurs, des étudiants juifs et arabes et des parents d’élèves, afin de permettre aux deux communautés de se rencontrer dans un contexte qui ne soit pas uniquement scolaire et académique.

Nous avons souligné l’importance des liens intimes et personnels plutôt  que les grandes rencontres publiques. Pendant 5 ans les enfants se sont visités grâce à leur motivation. Avec le théâtre, constate Augusto Boal, l’homme qui monte sur scène pour se libérer, joue en même temps le rôle du psychologue pour lui-même et le rôle du malade réussissant à se guérir de sa propre maladie.

Peter Brook a aussi été notre inspirateur avec sa conception du monde concentrée sur l’idée de la rencontre internationale des peuples, des nations, des religions, des langues et des différents niveaux du jeu de l’acteur. Alors, l’acte théâtral avec la variation de ses systèmes de travail, devient un microcosme.

D.    Permettre à l’opprimé de devenir artiste : On ouvre aux enseignants judéo-arabes de Tira et de Kfar Saba un cours pour l’entraînement à l’écriture dramatique. Chacun pourra raconter des histoires personnelles, des anecdotes tirées de la vie intime et quotidienne révélant préjugés et souffrances. Des petites scènes sont montées et ceci nous amène à analyser comment l’opprimé d’un temps risque de devenir à son tour oppresseur, tant du côté arabe que du côté juif. Nous avons travaillé selon les méthodes d’Augusto Boal avec le « théâtre forum et le psychodrame ».Ce travail a demandé force et énergie de notre part, juifs et arabes ne comprenant pas notre neutralité ni le rôle de cosmopolitisme que nous voulions jouer.

5) En 1992-1993 un cours pris en charge par le British Council, réservé à une trentaine d’enseignants d’anglais arabes israéliens a été créé : « le théâtre comme un moyen pour pratiquer le travail en groupe ». Ceci a permis de travailler des notions comme démocratie dans la famille arabe, démocratie au sein de l’école.

La femme d’Ouriel Zohar a pu y participer, ce qui a mis en valeur notre réel désir de faire connaissance et de nous comprendre, favorisant le processus d’intimité. Les femmes se sont transformées à la fin de l’année.

6) Théorie et pratique sont indissociables. A cette époque, manquaient des écrivains, des journalistes et des esthéticiens du théâtre capables de réfléchir et d’écrire le processus. Non seulement il n’était pas à la mode mais très contesté et condamné par le gouvernement de droite en place. Néanmoins quelques séminaires furent organisés permettant la rencontre de psychologues et de sociologues, plus ou moins convaincus de la nécessité de favoriser ces rencontres inter-culturelles, inter-raciales et internationales. Nous avons aussi invité Ezer Weizman, pour donner l’exemple d’un homme de droite ayant changé radicalement ses vues politiques en dépassant ses propres limites.

7) Pendant quatre années, notre co-animatrice et directrice du département d’enseignement de l’anglais, a participé à tous nos cours pratiques et théoriques de théâtre. Sur le plan psychologique, elle s’est identifiée avec l’idéal collectif du théâtre. Lors de ces rencontres elle a appris à développer les nombreuses branches de l’art théâtral et a acquis des outils de travail. A la suite de ces rencontres 30 druzes descendent de la montagne pour puiser des informations à  l’Institut Universitaire Beit Berl, des Bédouins et des enseignants de Gaza se joignent à eux. Le ministère de l’Education Nationale octroie un bureau centralisant tous les livres, documents pédagogiques nécessaires aux professeurs. Ensuite, il semble qu’une politique commune de développement culturel se soit dessinée entre le Consulat de France et le British Council.

8) Après 4 années d’expérimentation, Madame Harel, directrice et enseignante, utilise ces méthodes dans son enseignement de l’anglais et partage ses connaissances avec Monsieur Salah, inspecteur d’anglais du secteur arabe israélien pour les professeurs arabes. Nommé plus tard Inspecteur général de l’anglais pour tout les pays, y compris Jérusalem Est, il confie à sa collègue israélienne, son poste de Directeur d’enseignement de l’anglais à l’Ecole arabe pour enseignants à Beit Berl, ce qui est tout à fait exceptionnel puisqu’elle est juive et israélienne. Elle-même ira enseigner dans des villages arabes pendant la guerre des pierres et elle apprendra l’arabe ainsi que  3 de ses étudiants.

9) L’apogée du processus se concrétise en mai 1993 par une conférence d’éducation pour la paix, avec pièces de théâtre, danses, folklore arabe, musique orientale et occidentale, littérature judéo-arabe. L’acteur palestinien, Mohamed Backri jouera une œuvre tirée du répertoire arabe.

10) Un projet d’écrire en commun un livre d’étude d’anglais du niveau baccalauréat réservé au côté arabe se dessine alors. Des étudiants juifs, arabes chrétiens et musulmans regroupent des textes littéraires de toutes les communautés existant en Israël : druzes, chrétiens, bédouins, musulmans et juifs. Ce travail doit être distribué à Jérusalem-Est, dans les territoires occupés, à Gaza et dans d’autres pays arabes environnants.

11) En pleine guerre du Golfe, nous montons avec nos étudiants arabes du Technion de Haïfa, une pièce écrite collectivement intitulée « L’échelle vers la paix ».

12) Pour marquer la signature de l’accord du 13/9/93 à Washington,  nous adaptons pour le théâtre, le roman de l’écrivain soudanais Taheb Saleh : "Saison de la migration vers le Nord", la pièce est montée en hébreu avec le célèbre acteur palestinien, Mohamed Backri pour le festival de St Jean d’Acre. Elle remporte le prix de la meilleure interprétation en 1993. Un extrait sera joué au festival de Lille en octobre 1994 dans le cadre des "Monologues Backri".

13) En 1994, le Théâtre Han de Jérusalem est invité à jouer au festival de Lille dans le cadre du thème : « Le nouveau Moyen Orient », « Roméo et Juliette », interprété en arabe et hébreu avec des metteurs en scène et des acteurs juifs et palestiniens. Simultanément nous montons "les Monologues Backri", un spectacle composé de 3 extraits de 3 auteurs arabes: Emile Habibi, Taheb Saleh et Hanna Mina, interprétés par Mohamed Backri en hébreu et en arabe en duo avec Ouriel Zohar pour l’interprétation et la traduction en français.

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En résumé, voici les quelques grands principes pédagogiques que nous retiendrons :

1°/ Ne pas forcer les participants dans une action politique et culturelle.

2°/ Travailler sur l’analyse et l’évacuation des stéréotypes familiaux des étudiants afin des les conscientiser et non de les rendre victimes.

3°/ Poursuivre les rencontres et le travail malgré les attentats terroristes et la violence.

4°/ Avoir un but clair : la formation des étudiants. Ils pourront ainsi acquérir des notions de collaboration judéo-arabe par les moyens de la création artistique.

5°/ Grâce aux ateliers de théâtre et une année de travail avec les professeurs des écoles arabes et juives, les préjugés ont pu s’exprimer et ressortir permettant de créer un nouveau terrain d’amitié et de fraternité.

6°/ Le théâtre en ouvrant les esprits permet aux individus d’être les créateurs de leur propre histoire. Comme avec les méthodes du théâtre de l’oppression d’Augusto Boal, l’acteur en montant sur la scène parvient à se libérer de son angoisse et surtout de ses préjugés à l’égard de l’autre.

7°/ Utopie et imagination sont nécessaires pour créer le changement. Celui-ci doit se produire d’abord dans le domaine intérieur pour quitter les conventionnalismes personnels.

8°/ A commencement, il est préférable d’éviter les questions d’ordre politique pour mieux les traiter ensuite. Deux ou trois ans sont parfois nécessaires. Lorsque chacun devient plus proche de l’autre, il est alors possible de briser les préjugés. C’est alors que le théâtre politique devient un terrain de négociation.

9°/ Connaître l’autre grâce et par les conflits de la scène théâtrale ce qui est préférable à la scène de réalité d’une guerre.

10°/ Devenir l’ami de son ennemi.

11°/ Travailler sur une image positive, celle d’un accord, en l’occurrence « le mariage mixte ». A l’époque et encore aujourd’hui de telles conceptions sont tout à fait révolutionnaires.

12°/ Apprendre à reconnaître dans l’autre ce qu’il a de plus intime, doit l’aider à se libérer de son sentiment d’oppression quotidienne.

13°/ Découvrir, reconnaître et connaître l’autre dans sa différence au travers de sa situation familiale devrait faire évoluer la cellule familiale vers de nouvelles dimensions. Les « retentissements » se feront sentir dans les prises de décision dans une famille plus démocratique, mais surtout en transformant l’individu lui-même qui apprend à mieux se connaître en reconnaissant l’autre.

Et aujourd’hui, en janvier 2003, ce projet de coexistence judéo-arabe, fondé par Ouriel et Martine Zohar  continue, il n’a pas cessé depuis 1987, c’est maintenant Madame Yael Harel qui en assure la responsabilité avec un important soutien de lUnesco. En juin 2000, une grande rencontre a eu lieu, et le rêve élaboré il y a 13 ans s’est enfin réalisé : les enfants juifs et arabes prièrent les adultes qui étaient avec eux de s’éloigner pour pouvoir danser ensemble au rythme de la musique moderne et contemporaine de leur temps, ils éteignirent les lampes et s’enlacèrent. En 2002, comme chaque année depuis le début du projet, les jeunes ensemble ont planté plus de 1000 arbres à l’occasion de la fête juive de Tou-bichvatte (le nouvel an des arbres).

                                                                                                                                       Texte de Ouriel et Martine Zohar résumé par

Myriam Selz et Cécile Pilverdier            

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Page d’histoire

Résolution de l’Assemblée de l’ONU – 29 novembre 1947.

Pendant les 400 années de domination turque jusqu’en 1917, la Palestine n’était qu’une petite province de l’empire ottoman, pauvre et peu peuplée : En 1840 il y avait 70.000 arabes et 10.00 juifs. Au lendemain de la première guerre mondiale, en 1918, les Anglais promettent à l’émir Hussein de Hedjaz et à son fils Fayçal de créer un vaste royaume arabe, avec à sa tête un souverain hachémite, royaume dont la Palestine ne ferait pas partie. L’émir Fayçal, lors de plusieurs rencontres avec Haim Weizman, envisage sereinement la venue des Juifs en Palestine et la fondation d’un Foyer National Juif.

Le 3 janvier 1919, un accord de 9 points est signé par Fayçal au nom du royaume arabe de Hedjaz et par Weizman au nom de l’organisation sioniste mondiale.

Article 3 : toutes les mesures nécessaires seront prises en vue de garantir pleinement l’exécution pratique de la déclaration du gouvernement anglais du 2 novembre 1917.

Article 4 : toute les mesures nécessaires seront prises pour encourager et stimuler l’immigration des Juifs en Palestine sur une vaste échelle et pour établir dans le plus bref délai les immigrants juifs sur le territoire, grâce à une meilleure mise en valeur du sol, et à une culture intensive. Il est convenu que dans l’exécution de ces mesures, la protection des droits des paysans et des fermiers arabes sera assurée et que ces derniers seront aidés à l’avenir en ce qui concerne le développement économique.

Fayçal, méfiant, ajoute cependant à ce texte en anglais un codicille en arabe dans lequel il envisage le cas où la promesse faite de la constitution d’un grand état arabe ne serait pas tenue.

Si la promesse faite par l’Angleterre de la constitution d’un grand état arabe n'est pas tenue, ce présent accord ne sera plus valable. (texte cité par Mme Renée Néher-Bernheim dans son livre La déclaration Balfour)

Et c’est ce qui est arrivé : en 1920, la France et l’Angleterre résolvent leurs problèmes de partage du Moyen Orient en découpant autrement la région… oubliant les promesses. Les accords Weizman-Fayçal tombent à l’eau.

En 1922 la Palestine sera donc sous mandat britannique. Il faudra attendre 1947 pour que l’ONU envisage une Palestine indépendante, formée de deux nouveaux états, l’un arabe, l’autre juif.

1922-1939 (voir carte n° 1 à la fin)

Tenant compte des appréhensions arabes, Churchill, ministre des Colonies, en 1922, publie un premier Livre Blanc devant préciser les droits des juifs à immigrer. Ce livre confirme la limitation du Foyer National Juif à la partie occidentale de la Palestine et limite l’immigration aux capacités d’absorption économique du Yishouv. La Transjordanie restera uniquement dans les mains des Arabes, et deviendra plus tard la Jordanie.   (voir carte ci-contre)

Les deux premiers Hauts Commissaires de Palestine, Herbert Samuel et son successeur Lord Plumer (1923-1928) mettent à exécution la Déclaration Balfour : l’immigration juive, l’achat de terres, et la création du Yishouv (Foyer National Juif). Ils œuvrent pour une amélioration des conditions de vie, pour un développement économique et une stabilisation politique entre les Arabes et le Yishouv dont l’existence est reconnue dès lors dans les droits internationaux. Mais le Haut Commissaire suivant, Sir John Chancellor (1928-1931) et ses successeurs n’arrivent plus à faire face à la situation explosive entre les deux peuples. Ils adopteront souvent la politique du « diviser pour régner »

En 1929, soulèvement sanglant à Jérusalem, à Hébron, dans tout le pays. Les Arabes avec à leur tête le Mufti de Jérusalem, soutenus par les pays voisins,
engagent une guérilla contre les juifs et les Anglais. Des centaines de morts des deux côtés.

Le Haut Commissaire nomme alors deux commissions d’enquête envoyées de Grande Bretagne, qui donnent naissance en 1930 au deuxième Livre Blanc [de Passfield]. Il stipule une importante réduction de l’immigration juive et l’interdiction de la vente de terres.

Le Livre Blanc de 1930 arrive au moment où le « mécanisme migratoire » pour les juifs devant fuir d’un pays à un autre n’est plus possible : l’Angleterre, l’Afrique du Sud, le Canada, l’Australie ferment leurs portes. La France, les USA et d’autres limitent leurs quotas. L’antisémitisme se généralise en Europe. En Allemagne les Nazis permettent aux Juifs de partir, même avec leurs biens… mais aucun pays n’est prêt à les recevoir.

Ce Livre Blanc de 1930, violation flagrante de la Déclaration Balfour, est très contesté. Le Premier Ministre britannique, Ramsay Mac Donald, pour ne pas ternir l’image du Royaume Uni, l’annule. « L’engagement britannique d’encourager le Foyer National Juif est un engagement international irréfutable. »

Arthur Wauchope est alors nommé Haut Commissaire en Palestine. Durant son mandat de 1931 à 1937 le Yishouv se développe et accueille la cinquième Aliya : 40.000 immigrants allemands en 1934 et 62.000 en 1935, ainsi que l’Aliya des jeunes, 8.000 de 13 à 17 ans venus d’Allemagne sans leur parents et installés en Palestine dans des villages pour enfants. Henrietta Szold sera une véritable mère pour tous ces jeunes.

Développement de la Palestine

Petit à petit la situation économique et sanitaire s’améliore. Les immigrants pionniers achètent des terres, assèchent les marais, créent de kibboutzim, développent l’agriculture. Une infra-structure se met en place avec entre autres des dispensaires, des hôpitaux, mais aussi des écoles, l’Université hébraïque à Jérusalem et le Technion à Haïfa. Lors de la cinquième Aliya, les Juifs d’Allemagne s’installent surtout dans les villes, y développant commerce et industrie. La culture hébraïque « fleurit » : théâtre, musique, litté­rature, arts, presse.

La situation s’améliorant, la mortalité infantile diminue. C’est l’une des raisons de la croissance démographique des Arabes, une autre raison étant une immigration arabe importante des pays voisins : Irak, Transjordanie.

1936 – la révolte arabe

Des groupes extrémistes arabes de Palestine, aidés par l’Irak, se soulèvent contre le Yishouv, les Britanniques et les Arabes modérés. Ils lancent une grève générale qui dure 175 jours, bloquant tout. Le Yishouv est obligé, pour survivre, de se réorganiser politiquement, écono­miquement et militairement. Un port est créé à Tel Aviv. La représaille anglaise cause des milliers de morts tant arabes que juifs, l’insécurité s’installe. Une organisation d’auto-défense juive, la Haganna, se met en place, qui deviendra très vite une résistance armée, luttant contre les agressions arabes et l’oppression britannique. De son côté l’Irgoun, organisation militaire dissidente, s’engage dans des


opérations terroristes contre les civils arabes. Ce qui entraîne de leur part des représailles du même type. L’Angleterre, inquiétée par cette situation explosive, envoie plusieurs commissions d’enquête. Au lende­main de la révolte, en 1937, la commission Peel propose un partage de la Palestine en trois entités : Arabe, juive, pays mandataire. Les Juifs et les Arabes refusent. Plus tard d’autres commissions se verront essuyer le même refus.

Une conférence judéo-arabe est alors convoquée à Londres, en février 1939, les Juifs et les Arabes siégeant séparément. Les solutions proposées par les Anglais sont rejetées par les deux parties.

1939 Devant l’impasse, le gouvernement anglais, sous l’influence arabe, retire son soutien au sionisme et publie le 17 mai 1939 un troisième Livre Blanc annulant définitivement la Déclaration Balfour. L’immigration est limitée à 15.000 par an pendant 5 ans, puis sera totalement arrêtée. L’achat des terres est réduit et même interdit selon les zones. En réponse, l’Agence juive et le Yishouv vont dès lors organiser une immigration clandestine (d’autant plus urgente vu la montée du Nazisme) et poursuivre l’installation de nouveaux kibboutzim mieux gardés (opération Tour et Palissade). Beaucoup de bateaux transportant des Juifs d’Europe en Palestine seront pourchassés et leurs passagers engloutis en Méditerranée.

1939-1944Pendant la deuxième guerre mondiale, des Juifs de Palestine s’enrôlent dans des unités anglaises pour lutter contre l’Allemagne. Avec cette célèbre phrase de Ben Gourion : « Il faut faire la guerre avec les Anglais comme s’il n’y avait pas de Livre Blanc, et lutter contre le Livre Blanc comme s’il n’y avait pas la guerre. »

1945-1947 Les Alliés, aidés d’organisations humanitaires comme l’UNRA et l’IRO, rapatrient les survivants des camps nazis dans leurs pays d’origine. Pour les survivants juifs, il n’y a plus de pays d’origine, plus de communautés. Ils n’ont plus que la Palestine. Mais les portes de la Palestine restent fermées. Sur les 850.000 réfugiés [D.P. = desplaced persons] des camps d’Allemagne et d’Autriche en 1947, 250.000 sont Juifs.

La commission d’enquête anglo-américaine, convoquée en novembre 1945 par le Président Truman et le Premier Ministre britannique Attlee, recommande, le 1er mai 1946, l’accueil en Palestine de 100.000 réfugiés. La puissance mandataire refuse, s’en tenant à 1.500 par mois. Après le pogrome polonais du 4 juillet 1946 le nombre des réfugiés augmente encore. C’est alors que l’Aliya B (clandestine) s’intensifie. L’Agence juive œuvre pour faire sortir des Juifs des camps de D.P. et pour affréter des bateaux à destination de la Palestine. Les navires britanniques patrouillant la Méditerranée les refoulent. Et ceux qui pourtant accostent à Haïfa sont envoyés dans des camps à Latroun, et dès 1946 à Chypre.

En juillet 1946, recrudescence des actes des violence : les extrémistes juifs de l’Irgoun, après avoir prévenu les Anglais font sauter une aile de l’hôtel King David à Jérusalem, où se trouvent les bureaux du Gouvernement de la Palestine. Comme on n’a pas pris au sérieux leur menace, 91 personnes, Anglais, Arabes et Juifs, sont victimes de l’explosion.

1947 Le 2 avril 1947, (voir carte n° 2 à la fin ) Londres, forcée d’admettre que la situation en Palestine lui échappe, demande l’inscription de la « question palestinienne » à l’agenda des Nations unies. La présence de l’Agence juive sera acceptée pour cette délibération. Elle y représentera le Yishouv, les États arabes membres y représentant les Arabes de Palestine.

Recommandations de l’UNSCOP

Le 28 avril 1947, l’assemblée générale de l’ONU réunie en session extraordinaire accepte la création d’un comité spécial des Nations unies sur la Palestine, l’UNSCOP (United Nations Special Commitee on Palestine) formé des représentants de onze états, dont ne font pas partie les cinq Grands (USA, URSS, Grande Bretagne, France et Chine). Elle devra, après avoir visité les camps européens de D.P. et la Palestine, soumettre son rapport à l’ONU. Lors de son périple, cette commission se trouvera justement à Haïfa lors de l’épisode de l’Exodus : bateau de 4.500 immigrants qui fut arraisonné par des destroyers de la Marine britannique et dont les passagers furent renvoyés vers des camps de D.P. en Europe.

En août 1947, mission terminée, l’UNSCOP remet son rapport et ses recommandations à l’ONU :

1) la fin du mandat britannique

2) le partage de la Palestine en deux états indépendants, arabe et juif.

3) Jérusalem étant dotée d’un statut international. (voir carte ci-jointe).

Les Arabes de Palestine et les gouvernements de tous les États arabes font savoir qu’ils s’opposeront par la force à l’application de ces recommandations.

29 novembre 1947

Rien n’est donc joué en septembre 1947 lorsque ces recommandations sont présentées aux Nations Unies pour un vote. Les 10 Etats arabes membres de l’ONU d’une part, les délégués du Yishouv de l’autre exercent des pressions sur les délégués. Finalement le 29 novembre 1947 l’ONU adopte le plan de partage par 33 voix pour (dont les Etats-Unis, l’URSS et la France), 13 contre (dont les pays arabes voisins, l’Iran, la Turquie) et 10 abstentions (dont l’Angleterre). La majorité (plus des deux tiers) opte pour la création d’un Etat juif à côté d’un État arabe avec une union économique et un statut international pour Jérusalem.

La décision de l’ONU déchaîne un enthousiasme délirant dans les communautés juives à travers le monde. C’est le feu vert donné par l’institution internationale suprême à la création d’un État juif – le rêve de Herzl – c’est la liesse à Tel Aviv et à Jérusalem. Pourtant Ben Gourion note dans son journal : « Seul un enthousiasme superficiel peut faire croire que le vote de l’ONU a résolu le problème et que l’État juif est né. »

Le lendemain du vote, le Haut Comité Arabe de Palestine proclame la grève générale, et un autobus juif est attaqué sur la route de Jérusalem. La guerre de l’indépendance est commencée.

Antoinette Brémond         

 

Résolution de l'Assemblée générale de l'ONU (29 novembre 1947)

L'Assemblée générale,

S'étant réunie en session spéciale à la demande de la Puis­sance mandataire pour constituer un comité spécial et le char­ger de préparer les considérants de la question du futur gouvernement de la Palestine pour la seconde session nor­male [...],

Ayant reçu et examiné le rapport du comité spécial com­portant un certain nombre de recommandations unanimes et un plan de partage avec une union économique, approuvé par la majorité du comité spécial [...],

Prend note de la déclaration faite par la Puissance manda­taire qu'elle envisage d'achever l'évacuation de la Palestine le 1-er août 1948,

Recommande au Royaume-Uni en tant que Puissance man­dataire pour la Palestine et aux autres membres de l'ONU d'adopter et d'exécuter, en ce qui concerne le futur gouver­nement de la Palestine, le plan de partage avec l'union écono­mique, comme prévu ci-dessous [...].

1) Le mandat sur la Palestine prendra fin aussitôt que pos­sible, mais en aucun cas au-delà du Ieraoût 1948.

2) Les forces armées de la Puissance mandataire seront peu à peu retirées de Palestine, l'évacuation devant se terminer aussitôt que possible, mais en aucun cas au-delà du Ieraoût 1948 [...].

La Puissance mandataire fera de son mieux pour permettre qu'une région située sur le territoire de l'État juif, compre­nant un port de mer et un arrière-pays 58 susceptibles de faci­liter une immigration substantielle, soit évacuée le plus rapi­dement possible, et en aucun cas au-delà du Ierfévrier 1948.

3) L'État arabe et l'État juif indépendants, et le régime spé­cial international pour la ville de Jérusalem, prévus dans la partie III de ce plan commenceront à prendre effet en Pales­tine deux mois après que les forces armées de la Puissance mandataire auront été évacuées, mais en aucun cas au-delà du le, octobre 1948. Les frontières de l'État arabe, de l'État juif et de la ville de Jérusalem seront conformes à ce qui est prévu dans les parties I et III.

4) La période qui s'écoulera entre l'adoption par l'Assem­blée générale de ces recommandations sur la question de la Palestine et l'établissement de l'indépendance de l'État arabe et de l'État juif sera une période transitoire.

                                   Jacob Colman Hurewitz, Diplomacy in the Near and Middle East A Documentary Record, 1914-1956,

                                  op.          cit.,t. II, p. 283 (trad. inédite de l'auteur Renée Néher-Bernheim)

Ouvrages consultés

Encyclopédie de l’Histoire juive, Editions Liana Levi, Editions du Scribe

Néher-Bernheim, Renée Histoire juive de la Révolution à l’Etat d'Israël, Editions du Seuil

Abba Eban, Mon peuple, Editions Bûchet/Chastel.

 

Population de la Palestine

 

 

1922

1931

1946

Arabes musulmans

600.000

760.000

1.150.000

Juifs

100.000

180.000

    557.000

Chrétiens

  80.000

  90.000

    145.000

Druzes

    7.500

  10.000

     12.000

 

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Un autre visage du judaïsme

Combien de commandements?

Rabbi Samlaï enseigna : « Six cent treize préceptes ont été donnés à Moïse, trois cent soixante-cinq négatifs, comme les jours du cycle solaire, et deux cent quarante-huit positifs, comme les membres du corps humain. Rav Hamnuna demanda : « Quel en est le fondement biblique ? » Moïse nous a donné la Tora, héritage… (Dt 33,4). Et la valeur numérique [du mot] Tora est six cent onze (T= 400 ; O = 6 ; R = 200 ; H = 5). [Et les deux commandements] : Je suis [le Seigneur ton Dieu](Dt 5,6) et Tu n’auras pas [d’autres dieux] (Dt 5,7), nous les avons entendus de la bouche de la Puissance.

[…]

Vint David qui les réduisit à onze, comme il est écrit : Psaume de David, qui habitera sous ta tente, qui résidera sur ta montagne sainte ? Celui qui va dans l’innocence et agit avec justice, qui dit la vérité dans son cœur, qui ne va pas avec la calomnie sur la langue, qui n’a pas fait de mal à son prochain, et ne cause pas d’outrage à autrui ; celui aux yeux de qui le réprouvé est méprisable, et qui honore ceux qui craignent le Seigneur ; qui ne se dédit pas s’il a juré à ses dépens, qui ne prête pas son argent à usure, qui n’accepte pas de présent corrupteur contre l’innocent. Qui fait ces choses ne chancellera jamais. (Ps 15). […]

Lorsque Rabban Gamaliel arrivait à ce passage, il pleurait et disait : « C’est celui qui aura pratiqué toutes ces choses qui ne chancellera jamais, mais celui qui n’aura pratiqué que l’une d’entre elles chancellera ! On lui répondit : « Qu’est-il écrit ? Celui qui fait toutes ces choses ? Il est écrit : celui qui fait ces choses, même si ce n’est que l’une d’entre elles. Un autre verset ne dit-il pas : Ne vous souillez pas avec toutes ces choses (Lv 18,24) ? Dans ce dernier cas, [ne devrais-tu pas dire] : « Celui qui a un contact avec toutes ces [sources d’impureté] est impur, mais celui qui n’a de contact qu’avec l’une [d’entre elles] ne l’est pas. » ? Non, bien sûr. De même que [dans un cas, il faut comprendre] : « une de toutes ces choses », dans [l’autre cas, il faut comprendre] : « une de toutes ces choses ».

Vint Isaïe qui les réduisit à six, comme il est dit : Celui qui marche dans la justice et qui parle avec droiture, qui méprise le profit de la violence, qui secoue ses mains pour ne pas saisir un présent corrupteur, se ferme l’oreille pour ne pas entendre de propos sanguinaires et ferme les yeux pour ne pas voir le mal. (Is 33,15). […]

Vint Michée qui les réduisit à trois, comme il est écrit : On t’a dit, homme, ce qui est bien et ce que le Seigneur te demande : pratiquer la justice, aimer la miséricorde et marcher humblement avec ton Dieu. (Mi 6,8). […]

Vint de nouveau Isaïe, qui les réduisit à deux, comme il est dit : Ainsi parle le Seigneur : observez le droit et agissez avec justice (Is 56,1).

Vint Amos qui les réduisit à un, comme il est dit : Ainsi parle le Seigneur à la maison d’Israël : Cherchez-moi et vivez (Am 5,4). Rav Nahman bar Yitshaq objecta : « On peut comprendre : Cherchez-moi dans toute la Tora. » Mais vint Habacuc qui les réduisit à un, comme il est dit : Le juste vivra par sa foi (Ha 2,4).

Talmud Makkot, 23b-24a    traduction  M.R.                             

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Témoignage

PRIÈRE

C’est bien là l’une des questions : Comment prier? Car il faut prier, c’est peut-être l’essentiel… et nous joindre aux milliers de chrétiens de par le monde qui entourent Israël, Jérusalem, ce pays et ses habitants d’une incessante intercession. Mais prier dans quel sens?

En lisant la ‘paracha’ [section hebdomadaire du Pentateuque] de ce samedi 21 décembre, et la suivante, celle du samedi 28 décembre – les deux samedis encadrant Noël – un mot m’a frappée, se trouvant dans ces deux lectures :

1) Genèse 50,24 « Joseph dit à ses frères : Je vais mourir. Mais Dieu interviendra en votre faveur et vous fera remonter de ce pays-ci dans le pays qu’Il a promis par serment à Abraham, à Isaac et à Jacob. »

Au verset suivant le mot est répété : « Dieu interviendra en votre faveur. » En hébreu paqod-yifqod, mot qui désigne une intervention de Dieu, une visitation, soit pour bénir, soit pour punir, de toute façon pour sauver.

2) Exode 3,16. Dans la paracha du 28 décembre, lorsque l’Eternel envoie Moïse auprès de Pharaon, il emploie le même verbe : « Va, rassemble les anciens d'Israël et dis-leur : l’Eternel, Dieu de vos pères, Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, m'est apparu en disant : ‘J’ai décidé d’intervenir en votre faveur, à cause de ce qu’on vous a fait en Egypte’ – paqod paqadti.

Entre ces deux parachot parlant des interventions de l’Eternel, tombe Noël cette année. Et là dans Luc 1,68, Zacharie reprend ce même terme et prophétise : « Béni soit le Seigneur le Dieu d'Israël parce qu’il a visité son peuple, accompli sa libération. » En note la TOB signale comme référence les deux textes ci-dessus, Genèse 50, 24-25 et Exode 3,16 : intervenir, visiter.

Alors la prière… se souvenant de toutes les interventions de l’Eternel et de toutes Ses promesses d’intervention, ne serait-elle que cela : « Merci, Seigneur, de tes interventions passées. Interviens encore aujourd’hui. Dieu d'Israël, visite ton peuple, visite ton pays, manifeste-toi… encore une fois, de nos jours. »

* * * *

Est-ce à cause de cette chaîne de visitations, d’interventions, qu’à Noël, fillettes, nous allions, mes sœurs et moi avec Maman, visiter les dames âgées ou malades du village, leur apportant des oranges, en chantant ‘Sa venue’? Est-ce à cause de ces promesses d’interventions que l’ « événement » de Noël me portait, plus tard, au Togo, à passer la nuit du 24 au 25 décembre à l’hôpital de Kpalime, en attendant avec les malades et les femmes en couche… LA visite?

Et qu’aujourd’hui, à Jérusalem, mon espérance est voilée par cette supplication de l’ordre de la désespérance :

Viens ! interviens !

Visite ton peuple, Seigneur, nous n’en pouvons plus.

Rappelle-toi… souviens-toi…

Interviens, sauve !

Prière de foi, réponse à Sa Parole :

« Viens, Seigneur Jésus, Messie d'Israël, viens bientôt. »

« Oui, je viens bientôt. »

Antoinette Brémond         

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Le chant du mois

Un chant déjà ancien, toujours valable, de Shmulik Kraus, un vieux chanteur de 70 ans, (« énigmatique, tendre et rugueux » dit de lui le journal d’aujourd’hui), qui chantait entre autre « Du haut du Mont Nébo / On voit si loin / On voit si beau… ». Dans ce chant aussi la Bible l’a inspiré :


Abraham était notre père

Tu n’étais pas son fils unique,

C’est toujours en famille, entre frères,

Celui qui un jour s’est battu peut le dire :

La guerre n’a pas d’avenir.

Ah, si seulement

Si seulement tu comprenais

Oui, si tu le croyais,

Ce n’est pas très haut, dans les cieux (1)

C’est ici-même, tends les mains,

Voici que s’ouvre le chemin,


Allons, venez, tous ensemble

Ce n’est pas dans les cieux,

Tendez, tendez les mains

Si seulement…

Si…

 

Alors le loup habitera avec l’agneau

Le tigre se couche près du chevreau,

Abd-Allah s’assoit près de Cohen

Et chacun, au bout de sa peine,

Oui, chacun fait un petit effort,

On ne connaîtra plus la mort.


Ah, si seulement

Si seulement vous compreniez

Oui, si vous le croyiez,

Ce n’est pas très haut, dans les cieux,

C’est ici-même, ouvrez les yeux,

Si…

–   et Schmulik Kraus ajoute, en parlant :

Voilà, je voulais tout simplement te raconter,

Et puis, j’ai pensé que vous tous,

Vous voudriez savoir,

Entendre l’histoire,

Alors, voilà, j’ai chanté…


(1)   Une allusion au texte du Deutéronome (30,12) : « Oui ce commandement que Je te donne, il n’est pas hors d’atteinte, il n’est pas dans les cieux. » Les chants israéliens sont souvent riches en allusions bibliques.

 

Flashes d’espoir

Après le grand flash du Théâtre ci-dessus, inutile d’ajouter, cette fois-ci, d’autres petits flashes ; ils flasheront de nouveau dans les prochains numéros. Il semble que bien des lecteurs en ont besoin – comme nous ! – pour garder l’espoir. De même, disent-ils, que d’un peu d’humour, le sursaut dans les moments difficiles.

 

…alors, l’humour en finale :

      [extrait d’un livre d’humour juif ]

Pourquoi Dieu a-t-il fait passer son peuple à travers le désert ?

Parce qu’il aurait eu honte de les faire passer par les villes.

Et pourquoi a-t-Il dit : « Shma, Israel / Ecoute, Israël !! »

Parce que, comme d’habitude, tout le monde parlait à la fois…

Yohanan Elihai                           

 

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Même si nous avons une ligne commune dictée par notre présence en Israël, il semble bon de rappeler le principe qui guide bien des publications et qui donne une certaine liberté à chacun : la revue laisse aux auteurs des articles et comptes rendus l’entière responsabilité des opinions et jugements qu’ils expriment.

 

carte n° 1
carte n° 2