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Prière de St Ignace

 « Seigneur Jésus,
apprenez-nous à être généreux,
à vous servir comme vous le méritez,
à donner sans compter,
à combattre sans souci des blessures,
à travailler sans chercher le repos,
à nous dépenser sans attendre d’autre récompense
que celle de savoir que nous faisons votre Sainte volonté. »

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No 14 – Avril 2004

Sommaire :

  • Editorial
  • Le dossier du mois : les réfugiés palestiniens (2ème partie)
  • Histoire : entre deux guerres 1967-1973 (1ère partie)
  • Dangereux ou pas dangereux ?
  • Le non-juif est suspect
  • Autocollants
  • Un point – c’est tout
  • Flashes d’espoir
  • Le chant du mois
  • Humour en finale

Editorial

Depuis que l’équipe de rédaction s’est réunie pour préparer un « Echo d’Israël » n°14, nous avons vécu

– l’attentat d’Ashdod qui visait à faire exploser des produits chimiques, ce qui aurait pu entraîner la mort

 de centaines, peut-être de milliers d’hommes,

– les attentats terroristes de Madrid,

– la liquidation du Cheik Yassin,

– une nouvelle stratégie : utiliser des enfants ou des très jeunes pour perpétrer des attentats suicides.

Dans quelques jours nous allons célébrer la Pâque juive (Pessah) qui nous appelle à « faire mémoire » et à revivre aujourd’hui la libération de l’esclavage

et la Pâque chrétienne où nous célébrons dans l’histoire et aujourd’hui la victoire de la VIE sur la mort.

Il me vient à l’esprit une phrase des Pirkei Avot, 2,5 « et là où il n’y a pas d’homme, fais effort pour être homme », et celle de Pilate : « voici l’Homme ». Un programme pour chacun d’entre nous, suivant ce qu’il est !

« Un Echo » essaye de comprendre l’homme, tout homme, comme cela nous est donné là où chacun de nous se trouve.

Dans ce numéro vous trouverez comme dossier la deuxième partie du texte « sur les réfugiés palestiniens », et pour l’Histoire, la période « entre les deux guerres : 1967-1973 », un texte pris sur le vif sur « les autocollants » et une réflexion d’actualité sur « dangereux ou pas dangereux », « le non juif est suspect », et les autres rubriques habituelles.

Nous avons le souci de rester le plus possible près de l’actualité au jour le jour. Il est bien difficile de le faire dans la presse écrite, mais grâce à un ami, fidèle lecteur de notre bulletin depuis ses origines, qui a repris le Web site, l’a mis à jour et profondément renouvelé, vous pourrez mieux suivre ce qui se passe en Israël et recevoir un complément d’informations sur notre région. Nous lui en sommes très reconnaissants pour vous et pour nous.

« Soyez forts, prenez courage vous tous qui espérez dans le Seigneur », ps.31, 25

Avec cette espérance, très bonne fête de Pessah et de Pâques.

Myriam Selz

Dossier du mois

Les réfugiés palestiniens : problème insoluble? (2ème partie)

Le Dr Becker, Secrétaire général du Congrès juif mondial a rappelé à l’ONU que deux grands mouvements de populations ont accompagné la création de l’Etat d’Israël. Ses travaux du mois d’août 2003, sur les « Juifs d’Irak » et sur « L’UNRWA, le terrorisme et le problème des réfugiés », furent envoyés à la Maison Blanche, au Congrès américain, au Sénat français et au Parlement européen à Strasbourg. Selon lui une solution équitable au problème des réfugiés arabes est la clé de la réussite d’un plan de paix comme celui de la “feuille de route”.

 

Réfugiés juifs venant des pays arabes

Les Juifs de plusieurs pays arabes durent également prendre, de gré ou de force, le chemin de l’exil et furent intégrés à la population du pays d’Israël qui renaissait de ses cendres. Il y eut un échange de populations arabes et juives entre 1948-49 : de 600 à 700.000 de chaque côté. On estime à un million le nombre de Juifs vivant dans les pays arabes avant l’escalade de la violence précédant la création de l’Etat d’Israël. Ce nombre commença à diminuer à cause d’une émigration provoquée par la violence due à la montée du nationalisme arabe à la veille du départ des puissances coloniales. Suite aux persécutions antisémites et au nettoyage ethnique, et craignant des représailles, en quelques années près d’un million d’entre eux quittèrent les pays dans lesquels ils furent les hôtes de très longue date et vinrent s’établir dans le nouvel Etat juif. Sur les 900.000 Juifs du monde arabe, les 2/3 furent, le plus vite possible, réinstallés et absorbés par Israël – malgré les conditions politiques, économiques et militaires – après un passage difficile dans les camps de transit (Ma’abarot). Les autres, près de 300.000, cherchèrent un asile dans des pays d’accueil, principalement en France, en Italie, au Canada, aux Etats-Unis, au Brésil…

Une génération plus tard cette ancienne diaspora juive des pays arabes avait pratiquement disparue. Aujourd’hui, seulement quelque 20.000 Juifs peuvent être dénombrés en Afrique du Nord.

Souvent dans le conflit israélo-palestinien, tout en insistant sur les 700.000 réfugiés arabes qui prirent la route de l’exil pendant la guerre d’Indépendance, l’on oublie de faire mention de ces réfugiés juifs des pays arabes qui perdirent toutes leurs possessions. Ces Juifs sont devenus « les réfugiés oubliés » car ils ne furent pas utilisés à des fins politiques par l’Etat d’Israël, qui les absorba et en fit des citoyens.

En Iraq, le régime d’alors n’était pas plus tolérant que celui de Saddam Hussein. Des Juifs accusés d’activités « sionistes » furent publiquement pendus dans les rues de Bagdad. En 1941, le jour de Shavouot, 180 Juifs furent massacrés et 700 blessés, dans un pogrom à Bagdad. Les dommages causés à la communauté juive s’élèvent à des millions de dollars. A la création de l’Etat d’Israël leur situation s’aggrava : l’émigration des Juifs était interdite et des centaines furent emprisonnés. Ceux qui étaient accusés d’activités « sionistes » subissaient un exil interne ou devaient payer une amende de près de 40.000 dollars par personne. Environ 130.000 réussirent à s’évader du pays. Mais en 1950,le gouvernement irakien légalisa l’émigration et força les Juifs à quitter le pays. Les émigrants n’avaient le droit d’emporter avec eux que 140 $ par adulte. Toutes leurs propriétés et leurs biens furent confisqués. L’opération israélienne de sauvetage « Esdras et Néhémie », vint à leur rescousse. Sur les 190.000 Juifs d’Iraq, il n’en reste qu’une poignée aujourd’hui !

Grâce à l’opération israélienne « Tapis volant » de 1949, 50.000 Juifs yéménites furent rapatriés vers Israël. Les attaques contre les propriétés des Juifs étaient monnaie courante au Yémen et elles s’intensifièrent dès les succès israéliens de 1948. La populace attaquait les communautés juives et ceux qui s’enfuyaient voyaient leurs propriétés confisquées par l’Etat.

La communauté juive de Syrie remonte aux temps bibliques. Des pogroms anti-juifs éclatèrent à Alep en 1947 où toutes les synagogues furent détruites et sur les 10.000 Juifs de la ville, 7.000 s’enfuirent. Le gouvernement d’alors mit en place une législation pour bloquer les comptes bancaires juifs et pour confisquer leurs propriétés. En 1950, il restait à peine 5.000 Juifs dans tout le pays, sur les 30.000. Ils étaient soumis à des décrets opprimants : pas le droit d’émigrer, pas le droit de vendre leurs propriétés ni d’exercer des métiers gouvernementaux, de plus ils portaient des documents d’identification spéciaux.

Les Juifs égyptiens subirent le même sort. Nombre d’entre eux furent expulsés et leurs biens saisis. Des mesures répressives physiques et économiques furent prises à leur encontre surtout lors du Coup des généraux de 1956-57. Sur les 75.000 Juifs il n’en reste plus que 200. L’évaluation de leurs biens, confisqués ou pillés par le gouvernement, est estimée à près de 2.5 milliards de dollars.

Le sort des Juifs d’Afrique du Nord n’était pas plus enviable que celui des Juifs orientaux. En 1940, la communauté juive de Libye comptait 60.000 âmes. Dès 1945, elle fut sujette à des manifestations de violence des masses. Rien qu’à Tripoli 120 Juifs furent massacrés et 500 blessés, tandis que 2.000 se retrouvaient sans foyer. Certaines de leurs synagogues furent incendiées. Au début des années 50, plus de 40.000 Juifs libyens avaient émigré. Quand les Français eurent quitté l’Algérie, des lois anti-juives furent émises par les autorités algériennes. La quasi-totalité des 160.000 Juifs d’Algérie s’enfuirent du pays. Toutes leurs synagogues, sauf une, furent transformées en mosquées. Après les massacres de 1948, plus d’un septième des 350.000 Juifs du Maroc s’enfuirent. Dans les années 50, il y eut des actes de violence contre les communautés de Casablanca, de Rabat et de Oujda. La plus grande partie des Juifs marocains émigrèrent les années suivantes. La Tunisie, quant à elle, possédait une communauté juive très active de 100.000 personnes qui s’est réduite à 2.000 membres, dont la moitié vivent sur l’île de Djerba. Récemment, en 2002, un acte de terrorisme fut perpétré contre la synagogue de Djerba tuant des touristes allemands.

En tout, 867.000 Juifs furent expulsés des pays arabes et leurs biens évalués à des milliards de dollars furent saisis par les différents gouvernements. Le statisticien en chef de l’administration du Mandat britannique, John Ben-Castle, évalua en 1945 le montant des propriétés arabes de Palestine à 100 milliards de $ (valeur de 1945). Cette somme est facilement dépassée par la valeur des biens mobiliers et immobiliers abandonnés par les Juifs ou confisqués par les Etats arabes ! (Voir Jerusalem Post, special supplement, 29 nov. 2002) La plupart des Juifs des Etats arabes furent absorbés par l’Etat d’Israël.

Jimmy Carter, dans une conférence de presse le 27 octobre 1977, avait mentionné qui si les réfugiés palestiniens avaient des droits il en était de même pour les réfugiés juifs. En 2000, le président Clinton avait fait la même remarque et avait parlé de compensations pour les réfugiés de guerre juifs.

Si l’on parle de restitution et de compensation pour les pertes des Palestiniens il est nécessaire de prendre aussi en considération les pertes subies par la communauté juive des pays arabes ou musulmans. Dans cette perspective et pour la défense de leurs intérêts, l’Organisation mondiale des Juifs des pays arabes (WOJAC : World Organization of Jews from Arab Countries), travaille en étroite collaboration avec le gouvernement israélien.

Le problème des réfugiés depuis Oslo

Trois forums de discussions du problème des réfugiés palestiniens furent mis en place au cours des Accords de paix :

– Le cadre défini par la Conférence de Madrid (30 oct.-1er nov. 1991), prévoyait un volet multilatéral de négociations entre les parties de la région. Dans ces négociations entamées à Moscou en janvier 1992, un des cinq groupes de travail concernait les problèmes des réfugiés : regroupement des familles ; formation professionnelle et création d’emplois ; santé publique et protection de l’enfance ; infrastructures économiques et sociales.

– Le 28 septembre 1995, les Accords intérimaires sur la Cisjordanie et la bande de Gaza (Oslo II) permirent le contrôle de l’AP sur la majorité des Arabes palestiniens y compris les réfugiés des territoires et de Jérusalem-Est (soit le tiers des réfugiés enregistrés à l’UNRWA). Le Comité quadripartite (Palestiniens, Israël, Jordanie, Egypte) devait résoudre pendant cette période intérimaire le problème « des personnes déplacées » en 1967.

– La question des réfugiés de 1948 devait être débattue dans le cadre des négociations bilatérales israélo-palestiniennes sur le statut permanent.

En juillet 200, au sommet de Camp David II, les négociations échouèrent essentiellement à cause de cette question. Le plan proposé par l’administration Clinton fut rejeté par Yasser Arafat. Pour des raisons démographiques évidentes, Israël ne pouvait accepter les exigences palestiniennes : le retour des réfugiés au sein de l’Etat d’Israël.

La « feuille de route » aborde du bout des lèvres le problème des réfugiés palestiniens et le place à la fin des négociations en espérant arriver à une solution juste et équitable :

« Deuxième conférence internationale. Convoquée par le Quatuor au début de 2004 après consultation des deux parties, elle vise à avaliser l'accord négocié au sujet d'un État palestinien indépendant aux frontières provisoires, et à entamer officiellement un processus qui, avec le soutien actif, soutenu et opérationnel du Quatuor, débouchera, en 2005, sur une résolution portant sur le statut final, y compris les frontières, Jérusalem, les réfugiés et les colonies. La conférence vise également à déboucher le plus rapidement possible sur un accord général au Proche-Orient entre Israël et le Liban, et entre Israël et la Syrie. » (Phase III : accord sur le statut permanent et fin du conflit israélo-palestinien)

Pourra-t-on y parvenir ? On peut en douter quand on entend le Cheik Ikrima Sabri dans une interview, en 2001, au journal allemand Die Welt, répondre aux questions posées. Question : « Dans une fatwa (jugement selon le droit islamique) de juillet dernier, vous avez déclaré : ‘Nous nous en tenons au droit au retour de tous les réfugiés de 1948 et nous leur interdisons d’accepter un dédommagement pour le pays saint, car il n’y a pas de prix pour cela.’ Quelles sont les frontières du pays saint dont vous parlez ? » Le cheik Sabri : « Il s’étend de la Méditerranée jusqu’au Jourdain, du point de vue de l’islam. C’est toute la Palestine. » Question sur la place des Juifs dans cet Etat ? Le Cheik Sabri : « Il y a naturellement de la place pour les Juifs qui vivaient ici auparavant. En revanche, ceux qui sont en provenance du monde entier doivent retourner dans leurs pays respectifs : par exemple, les Juifs allemands en Allemagne… »

Le cheikh Ibrahim Madhi dans un sermon donné à Gaza, le 18 janvier 2002, ne reconnaît aucune place aux Juifs dans cette partie du monde : « Nous pensons que l’escalade de cette guerre qui nous oppose aux Juifs continuera jusqu’à ce que nous les ayons vaincus et que nous entrions à Jérusalem en conquérants, à Jaffa en conquérants ! Nous ne nous contenterons pas d’un Etat palestinien avec Jérusalem pour capitale. La cité sainte deviendra la capitale du Califat islamique que nous aurons proclamé. » (Sermon diffusé en direct par la télévision palestinienne).

Le Hamas dans sa charte du 18 août 1988 est aussi très clair quant à son approche des négociations :

« Le Mouvement de la Résistance Islamique croit que la Palestine est un Waqf (propriété religieuse) islamique consacré aux générations de musulmans jusqu'au Jugement Dernier. Pas une seule parcelle ne peut en être dilapidée ou abandonnée à d'autres. Aucun pays arabe, président arabe ou roi arabe, ni tous les rois et présidents arabes réunis, ni une organisation même palestinienne n'a le droit de le faire. La Palestine est un Waqf musulman consacré aux générations de musulmans jusqu'au Jour du Jugement Dernier. Qui peut prétendre avoir le droit de représenter les générations de musulmans jusqu'au Jour du Jugement Dernier ? » (article11)

« Il n'existe pas de solution à la question palestinienne, excepté le Jihad. Les initiatives, les propositions et les conférences internationales sont une perte de temps et des tentatives vaines. Le peuple palestinien refuse d'accepter que son avenir, ses droits, et son destin soient l'objet de spéculations. » (article13)

Conclusion

Nous ne pouvons ici aborder la délicate question de l’interprétation des faits historiques par les nouveaux historiens qui ont influencé ces dernières années les milieux intellectuels israéliens ou autres, ainsi que la lecture faite de ces mêmes événements par les Palestiniens.

Quelle solution apporter au processus de paix et aux réfugiés palestiniens ?

Le point d’achoppement des pourparlers de paix réside dans les positions diamétralement opposées de l’AP et du Gouvernement israélien sur le sujet des réfugiés palestiniens. L’Autorité Palestinienne insiste sur le « droit au retour » des réfugiés et demande qu’Israël reconnaisse sa responsabilité envers eux. En revanche, Israël refuse un quelconque « droit au retour » et préconise l’installation des réfugiés dans les pays d’accueil. Toutefois le gouvernement israélien se propose de faire quelques concessions aux réfugiés concernant la réunification de familles.

Jusqu’à présent l’AP et l’Etat d’Israël campent sur leurs positions. Mais des voix s’élèvent pour deux Etats, l’un à côté de l’autre et non l’un remplaçant l’autre. Sur le plan humain, l’avenir est sombre, mais rien n’est impossible à Dieu qui veille sur sa Parole pour l’accomplir.

Ne serait-ce pas  la clé pour résoudre le problème israélo-palestinien et en particulier celui des réfugiés ?

Loïc Le Méhauté

 

HISTOIRE

Entre deux guerres : juin 1967- octobre 1973

Dès le 19 juin, une offre de paix est proposée par Israël et refusée par l’Egypte et la Syrie.

Le 22, Podgorny, chef du Soviet suprême, est au Caire : un envoi massif d’armes et de 1.200 experts russes est signé.

Le 27, Israël annonce l’annexion de Jérusalem Est. A Jérusalem, c’est l’exubérance devant le « mur » retrouvé, et l’on s’interroge : comment les Arabes vont-ils réagir à cette énorme défaite ? que faire des territoires ?

Moshé Dayan instaure la politique souple des « ponts ouverts » et les autorités civiles sont maintenues en place. L’armée d’Israël est très discrète et le commerce et les échanges surtout agricoles se développent très vite. Pendant la guerre, 200.000 réfugiés arabes de la Cisjordanie passent à l’Est en Transjordanie, mais cet exode s’arrête très vite.

Nasser et Hussein, au lieu d’essayer de faire leur auto-critique sur la défaite, inventent l’idée, d’une participation directe des USA et de l’Angleterre.

A Damas Arafat réunit le Fatah et se rendant à Amman, il apprend que les Israéliens sont prêts à rendre les territoires contre un traité de paix avec l’Egypte, la Jordanie, la Syrie et le Liban. C’est pour lui la catastrophe car il craint que la Cisjordanie ne revienne à Hussein. En se déguisant pour pouvoir circuler il commence à noyauter la Cisjordanie et la bande de Gaza.

Le 29 août, sommet arabe de Khartoum à l’exception de la Tunisie et du Maroc. Les trois « non » de Khartoum sont signés : « La conférence affirme la solidarité arabe et l’unification de l’action commune arabe…La conférence affirme la nécessité d’efforts conjoints pour éliminer toute trace d’agression sur la base du principe de la restitution de tous les territoires arabes occupés et de la responsabilité commune de tous les Etats arabes. Les chefs d’Etats arabes ont décidé d’unir leurs efforts pour une action politique et diplomatique commune au niveau international afin d’assurer le retrait des forces israéliennes des territoires occupés. Cela dans le cadre de l’engagement arabe fondamental qui comprend la non-reconnaissance d’Israël, la non-réconciliation avec Israël, la non-négociation avec Israël et le soutien aux droits du peuple palestinien sur sa terre… » (Mahmoud Riad, The Stuggle for peace  in the Middle East,Quartet books,1981, p.54)

Pour Ahmed Shoukeiri: seuls les Palestiniens détermineront leur destin.

Israël alors se prépare à rester longtemps sur place et peu à peu ce sont les Palestiniens qui deviennent les ennemis d’Israël.

Fin septembre des intellectuels israéliens forment un mouvement annexionniste et le rabbin Zvi Néria, proche du rabbin Yéhouda Kook écrira ; « La victoire de Tsahal lors de la guerre de six jours a placé le peuple et l’Etat dans une nouvelle époque, à la croisée de son destin. La grande Terre d’Israël est à présent entre les mains du peuple juif. De même que nous n’avons pas le droit de renoncer à l’Etat d’Israël, nous avons le devoir de réaliser ce que nous en avons reçu. Aucun gouvernement en Israël n’a le droit de renoncer à cette intégrité. »

 (Cité par Moshé Shamir Nathan Alterman, Dvir, Tel Aviv,1988, p.164.)

Et le 24 septembre est approuvé le retour à Gush Etsion des enfants des Juifs tués là en 1948. Ce sera la première « implantation »

Le 17 octobre Abba Eban rend compte au gouvernement d’un débat à l’assemblée générale des Nations Unies et le gouvernement annule sa proposition de paix du 19 juin. C’est la notion de « frontières sûres » qui régira la politique d’Israël.

Le 22 novembre, à New York la résolution 242 est adoptée par le Conseil de Sécurité : « Le Conseil de sécurité exprime son inquiétude face à la situation grave qui règne au Proche-Orient, réaffirme l’inadmissibilité de l’acquisition de territoires par la guerre, et la nécessité d’œuvrer pour une paix juste et durable dans laquelle chaque Etat de la région pourra vivre en sécurité…Le Conseil affirme que l’application des principes de la charte des Nations Unies requiert l’établissement d’une paix juste et durable devant inclure les deux principes suivants : 

– le retrait des forces armées des territoires occupés lors du récent conflit ;

– la solution de toutes les revendications ou de tout état de belligérance,et de reconnaissance de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chaque Etat dans la région et son droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues, libre de toute menace….Le Conseil affirme également la nécessité de garantir la liberté de navigation dans les eaux internationales de la région, de conclure un règlement juste du problème des réfugiés…et demande au secrétaire général des Nations Unies de nommer un représentant spécial qui se rendra au Proche-Orient afin d’établir des contacts avec les pays concernés. »

Ce retrait « de » territoires, sera traduit différemment par « de » ou « des », dans les textes anglais et français, et donc interprété différemment par les Palestiniens et les Israéliens, créant de véritables polémiques non réglées jusqu’à aujourd’hui.

Les pays communistes sauf la Roumanie, ferment leurs ambassades à Tel-Aviv. La France maintient son embargo sur les 50 Mirages commandés, et c’est l’affaire des « vedettes de Cherbourg » en décembre 1969 où la France, fermera les yeux. Pompidou en janvier 1970 livrera les 50 Mirages à la Libye.

Les attentats en Israël commis par les Organisations palestiniennes commencent : dix en octobre, dix-huit en novembre, vingt en décembre1967. Arafat craignant d’être pris, passe en Jordanie.

En avril 1968 les premiers Juifs s’installent à Hébron avec l’encouragement de certains ministres et l’opposition d’autres. Devant la multiplication des attentats partis de Jordanie, Israël riposte contre des bases palestiniennes à Karameh. Arafat devient de plus en plus fort et le 10 juillet il fait voter une nouvelle charte palestinienne plus dure que celle de 1964. En septembre et octobre les Egyptiens tirent sur le canal où 49 soldats israéliens sont tués. Israël riposte et crée la ligne Bar Lev le long du Canal. Le 21 octobre le bateau Eilat est coulé avec plus de 40 morts ; Israël bombarde les raffineries de Suez causant une perte économique énorme. Les Palestiniens attaquent El-Al la compagnie israélienne d’aviation. Le terrorisme palestinien s’installe ainsi que les représailles israéliennes.

Le 17 février 1970, Hussein s’adresse à Israël par l’intermédiaire de l’ambassade américaine à Tel-aviv : il veut s’assurer de la non ingérence d’Israël lorsqu’il combattra les terroristes palestiniens qui font la loi sur son territoire, et de l’aide d’Israël au cas où d’autres pays viendraient au secours des Palestiniens. Israël accepte.

Pendant tout ce temps des essais de rencontre ont lieu entre Egyptiens et Israéliens. La population de gauche en Israël critique G.Méir qui n’accepte pas toujours ces rencontres. Un plan de paix américain est proposé avec W.Rogers. L’Egypte et Israël acceptent, mais les ministres de droite en Israël démissionnent. Un peu plus tard l’Egypte viole le contrat alors Israël refuse le plan.

En septembre, à Zarka en Jordanie les Palestiniens détournent des avions américains et suisses. Hussein ne peut éviter l’affrontement avec eux, et son armée rentre dans les camps palestiniens à Amman et au Nord du pays. Les Syriens viennent en aide aux Palestiniens. Hussein demande l’aide d’Israël qui accepte avec la permission des USA pour le cas où les Russes interviendraient aux côtés des Syriens.. Les Palestiniens qui sont écrasés par les Jordaniens s’enfuient au Liban, Syrie et même Israël, préférant cela aux prisons Jordaniennes. Un cessez le feu est signé. C’est ce qu’on appelle « Septembre noir »

Le 28 septembre, mort de Nasser.

Anouar el Sadate lui succède, personne ne croit en son pouvoir. Quatre mois plus tard, par des intermédiaires il fait parvenir à G.Méir sa proposition de négociation et le 4 février il s’adresse au parlement égyptien : « Qu’Israël se retire en partie du Canal, les Egyptiens réouvriront le Canal. » Israël refuse de se retirer de « tous les territoires » (cf. traduction par « de » ou »des ») et ne croit pas à la proposition de Sadate ni à ce qu’il répète : « L’alternative, c’est la guerre. » G.Jarring, représentant du Conseil de sécurité, remet un rapport à U Thant, secrétaire général de l’ONU, dans lequel il rejette la responsabilité de l’échec de sa mission sur Israël.

Fin 1969, neuf Juifs irakiens sont pendus à Bagdad.

 Début 1971, trois millions de Juifs en URSS se sentent calomniés dans leur pays et de nombreux autres pays s’associent à leur désir d’émancipation. Des comités se constituent, sous l’égide d’Alain Poher président du Sénat. Et en Israël même les critiques ne manquent pas : des élèves écrivent à G.Méir qu’elle refuse de faire la paix. Les « Panthères noires », jeunes Orientaux reprochent au gouvernement la discrimination envers les classes sociales formées par les Orientaux. Et pendant ce temps les attentats continuent ainsi que les représailles et les différentes rencontres; Sadate part pour Moscou, W.Rogers au Caire ; Henri Kissinger conseiller à la sécurité nationale, de son bureau à New York résume ainsi la situation à cette époque : « Les Soviétiques réclament un règlement global immédiat, les Israéliens des négociations directes, les Egyptiens une solution générale par paliers, les Syriens et l’OLP refusent toute négociation, et le département d’Etat américain propose un retrait intérimaire sur le Canal de Suez… »

(Henri Kissinger, les années orageuses, Fayard, Paris, 1982, p.242)

En mai 1972 c’est l’époque des détournements d’avions, de l’attaque des terroristes japonais à l’aéroport de Lod ; le 5 septembre aux jeux olympiques de Munich, onze sportifs israéliens sont assassinés.

Sadate mendie des armes aux Soviétiques, et devant leur refus déclare : « J’ai décidé de me passer des services des 15.000 experts soviétiques qui se trouvent en Egypte. Ils doivent quitter le pays dans une semaine à partir d’aujourd’hui. »Pendant une année les relations seront glaciales et à la fin de l’année la Russie livre les armes. Sadate alors dira : « Tous les robinets coulent en grand. On a l’impression qu’ils veulent me pousser à la bataille. »

(Mohamed Heikal, The road to the Ramadan, Collins, London, 1975, p. 302)

Tous les attentats sont le fait de l’organisation “Septembre noir”. C’est alors la ronde des liquidations tant de chefs palestiniens que de chefs israéliens dans différents pays: Bruxelles, Paris, Rome, Nicosie, Beirouth. Dans ces actions nous trouvons: Ehoud Barak, Yonathan Natanyahou, Amnon Lipkin Shahak. L’action du Mossad (renseignements israéliens) donne à l’armée israélienne un sentiment d’invincibilité qui en même temps aveugle les dirigeants du pays, alors que Sadate fin mars 1973 fait publier dans le journal américain Newsweek : « Si nous ne prenons pas notre cause entre nos propres mains, il n’y aura pas de mouvement. Tout ce que j’ai fait mène à plus de pression sur l’Egypte pour qu’elle fasse d’autres concessions. Chaque porte que j’ai ouverte m’a été refermée à la figure, avec la bénédiction des Américains…Tout dans le pays est actuellement mobilisé pour la reprise de la bataille qui est inévitable. »

(Ch.Enderlin, op. cité,p.321)

Cécile Pilverdier

Dangereux ou pas dangereux ?

Est-il dangereux de vivre en Israël ? À vrai dire, la question nous est posée moins souvent qu’une autre beaucoup plus radicale : « Comment peut-on vivre là-bas, avec tout ce qu’on voit à la télévision ? » On peut répondre par une pirouette : Jérusalem est une ville moins dangereuse que New York ou Madrid. On pourrait même ajouter que la vie quotidienne y est bien plus détendue qu’à Paris, et que les quartiers populaires, avec leur petit commerce, leurs multiples synagogues et la vie de plein air que permet le climat pendant la plus grande partie de l’année, présentent un côté villageois et familier qu’ont perdu beaucoup de villes de France, même petites ou moyennes.

On pourrait aussi, à l’opposé, rappeler le mot historique prononcé par Haïm Weizmann, qui devait devenir le premier président de l’État d’Israël, lorsqu’il vint s’établir dans ce qui était encore la Palestine britannique. À quelqu’un qui lui disait : « Pour aller vivre là-bas, il faut être fou. », Weizmann répondit : « Ce n’est pas indispensable, mais ça aide. »

Pour être franc, il n’est pas facile de répondre à la question avec neutralité. Dire qu’on ne court aucun risque serait contraire à la vérité. Du reste, l’affirmation serait démentie non seulement par les moyens d’information, mais aussi par les études médicales sur la fréquence des dépressions et des insomnies. Dire qu’on prend des risques chaque fois qu’on se hasarde en ville serait tout aussi excessif. En outre, ce serait participer à la ruine du pays en décourageant les visiteurs d’y venir, alors que la fin de la crise de l’économie israélienne — et de l’économie palestinienne — dépend directement d’une reprise du tourisme qui commence timidement à se faire sentir.

Est-il dangereux de vivre en Israël ? Qu’on veuille bien m’excuser de parler d’expérience, mais rien ne vaut un exemple concret. Pour me rendre à la maison où se réunit la communauté catholique de langue hébraïque, ce qui m’arrive plusieurs fois par semaine, je dois marcher pendant un quart d’heure. On pourrait considérer cet itinéraire comme un parcours des attentats : la rue Agrippas, et donc le quartier du marché populaire du Mahané Yéhuda, qui a été frappé un nombre de fois que je n’ai pas cherché à retenir. Après avoir tourné à gauche, je contourne le Binyan Klal, pour déboucher sur la rue de Jaffa à l’endroit précis où une bombe a explosé dans un autobus l’an dernier. Un peu plus bas, je traverse en diagonale le carrefour de la rue de Jaffa et de la rue King George devant le grand café Sbarro, qui a été frappé par deux attentats en quelques mois. À quelques mètres de là, un terroriste (pardon ! un activiste) a un jour ouvert le feu à la Kalachnikov sur les passants. En bas de la rue du Rav Kook, où j’arrive à destination, une bombe à explosé il y a deux ans. En tout, des dizaines de morts et des centaines de blessés sur un kilomètre et demi. Quand je me rends en voiture à la maison des Lazaristes, je marque un stop près du « Momento », qui a été totalement détruit par une bombe, et à cinquante mètres du lieu où un attentat particulièrement meurtrier a eu lieu il y a quelques mois.

Faut-il en conclure qu’on ne peut pas mettre le nez dehors sans risquer sa vie ? À ceux qui craignent pour notre sécurité physique, je dirai qu’en plus de vingt ans de présence à Jérusalem, je n’ai jamais été témoin d’un attentat. Il m’est arrivé deux fois (en 1979 et en 2001) d’entendre le bruit de l’explosion, et une fois (en 2000) de voir au loin la fumée. Sans chercher à minimiser le malheur qui a frappé les familles et le caractère monstrueux des moyens techniques mis en œuvre (je connais personnellement, comme tout le monde, des victimes ou proches de victimes), je sais aussi qu’on risque moins d’être atteint par une bombe, statistiquement, que d’être victime d’un accident de la route. Pour prendre une comparaison que je crois pertinente : j’ai parcouru des dizaines de milliers de kilomètres sur les routes de France et j’ai souvent vu des panneaux du style : « Ici, tant de morts et tant de blessés en telle année », mais je n’ai jamais été témoin d’un accident. Pour être complet, je dois dire cependant que je ne me déplace que très rarement en autobus. Quand cela m’arrive, je l’avoue sans honte, je ne peux pas m’empêcher d’observer les autres passagers, et d’éprouver un certain soulagement quand certains d’entre eux descendent — et, à plus forte raison, quand je descends moi-même.

Quant aux pèlerins qui craindraient de faire le voyage, on peut leur dire sans hésiter qu’ils ne risquent pas plus aujourd’hui qu’il y a cinq ans, comme peuvent en témoigner ceux qui en ont fait l’expérience. Les lieux qu’ils visiteront (la Galilée, la vieille ville de Jérusalem, Bethléem, voire Jéricho) n’ont jamais été la cible d’attentats depuis la deuxième Intifada, et le terrorisme ne s’en prend pas aux touristes étrangers.

Est-il dangereux de vivre en Israël ? Oui, sans doute, mais beaucoup moins qu’on ne le pense communément. Est-il dangereux d’y venir en touriste ? Pas plus qu’ailleurs.

Michel Remaud

 

Le non-juif est suspect

 

Il y a trois semaines, le ministre israélien du tourisme Beni Elon, dans une interview au supplément du quotidien Yediyot Aharonot, exprimait sa colère suite aux humiliations que les services de sécurité font subir à de nombreux touristes ou pèlerins qui visitent Israël : « J’en arrive à me demander, dit le ministre, s’il ne vaut pas mieux que je conseille aux touristes de ne pas venir en Israël. » Beni Elon explique qu’il fait le tour du monde essentiellement pour s’excuser et réparer les dégâts. En moyenne, il doit s’occuper chaque jour de deux plaintes venant d’organisations ou de groupes qui ont été ennuyés plus que d’habitude soit à l’aéroport Ben Gourion soit dans leurs pays de départ par la sécurité israélienne. Le ministre s’élève contre le principe si répandu chez les agents de sécurité et chez les fonctionnaires des bureaux gouvernementaux : le non-juif est suspect. Peu importe que ce soit un juif qui ait assassiné Isthak Rabin, un juif qui a vendu les secrets de la centrale atomique de Dimona ou de jeunes soldats juifs de la localité d’Adora qui ont vendu des armes aux Palestiniens, le non-juif reste le suspect par excellence.

Depuis plus d’un an, la presse étrangère dénonce la politique d’Israël vis-à-vis des chrétiens, particulièrement des religieux et des ecclésiastiques. Obtenir un visa devient un exploit et malgré les rencontres au plus haut niveau, les accords et les promesses, les portes ne s’ouvrent que péniblement. Il y a 15 jours, un prêtre franciscain de Jaffa est arrêté par la police de l’émigration dans un autobus alors qu’il se rendait à l’université Bar Ilan. Il était en situation illégale, son visa était périmé depuis le 31 décembre. Le religieux ne pouvait être en situation régulière : le ministère de l’intérieur ne délivre que cinq visas par semaine aux franciscains qui sont plus de 200 ! L’intervention du nonce apostolique a empêché l’expulsion immédiate du moine. Le journal Haaretz (30-03-04) explique que plus de 130 chrétiens n’arrivent pas à obtenir un visa et que la tension entre le Vatican et l’Etat d’Israël est particulièrement vive.

Dans une lettre envoyée aux adhérents de son parti politique, le Shinouï, le ministre de l’Intérieur Abraham Poraz se félicite d’un succès qu’il qualifie d’important : le transfert d’une partie du ministère des cultes, dont le bureau s’occupant des communautés chrétiennes, au ministère de l’Intérieur. Dans la réalité, aucun changement sensible n’a été ressenti : le ministre n’arrive pas à faire appliquer ses directives et les fonctionnaires en place (nommés par le ministre Shass précédent) continuent à être les seuls à décider du sort des chrétiens. Suite à des plaintes répétées, Ariel Sharon, le 6 janvier dernier, a ordonné la création d’une commission spéciale en vue de trouver des solutions adéquates et de faciliter les procédures pour les chrétiens. La commission, composée de représentants de différents ministères et des services de sécurité, siège en ce moment et doit présenter ses conclusions prochainement. Elle est chargée d’étudier, entre autres, de nouveaux cas de figure comme celui des laïcs chrétiens qui viennent remplir une charge spécifique et qui n’ont pas le statut de clercs. Le problème des religieux d’origine arabe comme les séminaristes de Beit Jala dont la majorité sont Jordaniens doit être étudié. Haaretz (30-03-04) laisse entendre que c’est pour des raisons de sécurité qu’ils ont des difficultés à obtenir un permis de séjour. Crainte justifiée ? Faut-il rappeler ici qu’aucun chrétien ne s’est jamais fait sauter dans un bus, il n’existe pas de groupes chrétiens armés et aucun dirigeant des Eglises n’a jamais appelé au Jihad.

La Knesset elle aussi n’est pas en reste : un groupe parlementaire vient d’être créé en vue de soutenir les organisations de chrétiens qui viennent ou qui habitent en Israël. Dans les ministères israéliens de plus en plus de voix s’élèvent pour critiquer une certaine politique vis-à-vis des non juifs en Israël (et pas seulement des chrétiens).

 Israël est un pays démocratique. C’est sa chance et sa force mais sa démocratie est parfois à deux vitesses. Ce pays est confronté à de très nombreux problèmes qu’il doit résoudre en même temps, problèmes bien souvent étrangers à la plupart de nos pays occidentaux. De plus, toute situation de crise entraîne un risque de repli sur soi et c’est ce qui se passe actuellement. Si on peut le comprendre, on ne peut pour autant s’y résigner : non, tout non-juif n’est pas suspect.

Jean-Marie Allafort

Autocollants

En Israël, les gens expriment volontiers leurs convictions au moyen d’autocollants apposés à l’arrière des voitures. Voici, pêle-mêle et dans leur variété contrastée, quelques spécimens de ce qu’on peut lire dans les embouteillages ou en attendant que le feu passe au vert :

Nous n’avons personne sur qui nous appuyer, sinon sur notre père qui est aux cieux (Mishna Sota 9,15).

Le peuple avec le Golan.

Les criminels d’Oslo en jugement !

Juif, Dieu t’aime. Ne l’abandonne pas.

Seul l’amour entraîne l’amour.

Le Saint, béni soit-il, nous t’aimons.

(Le passage de la troisième à la deuxième personne s’explique par le caractère fixe de la formule “le Saint, béni soit-il !”, employée pratiquement comme un nom propre de Dieu).

Le démantèlement des implantations déchire le peuple.

(Jeu de mots sur ”démantèlement” (`aqirat) et “déchire” (qora`at), qui s’écrivent avec les mêmes lettres).

Ron Arad est né pour la liberté.

Ron Arad est un pilote israélien abattu au Liban en 1986 et dont on ignore s’il est encore en vie. En hébreu, la formule rime : “Ron Arad – la-hofesh nolad.”

Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

(Citation de Lévitique 19,18).

Fais un sourire, tout contribue au bien ! — avec, en caractères plus petits, cette citation de Rabbi Nahman de Bratslav :

 Quand l’homme sait que tout ce qui lui arrive est pour son bien, c’est pour lui comme le monde à venir.

Il est interdit de leur donner un État.

Un temps pour aimer.

Contrairement à ce qu’on attendrait, cette citation n’est pas suivie de la référence à Qohelet 3,8, mais du cachet du ministère de l’éducation.

Israël veut la paix.

La terre du Golan est l’héritage de nos pères.

Le Golan est à nous pour toujours.

Jérusalem, je fais serment.

Tu conduiras pour ton prochain comme pour toi-même.

À Jérusalem, ta ville, reviens, dans ta miséricorde.

(Extrait de la prière des dix-huit bénédictions).

Assez des expériences sur les animaux !

Notre père et notre roi, garde nos soldats.

Cherche la paix et poursuis-la. (Psaume 34,15)

Assez de l’occupation !

C’est un grand commandement que d’être dans la joie (Rabbi Nahman de Bratslav).

Ce véhicule ne roule pas le shabbat.

Ariel Sharon, un dirigeant pour la paix.

C’est la qualité qui décide. Mouvement pour la qualité du gouvernement en Israël.

Père, fais miséricorde.

La vallée du Jourdain est israélienne.

Notre père et notre roi, qui sièges dans les hauteurs, sauve-nous de nos ennemis, dans ta grande miséricorde.

Nous t’aimons, Terre d’Israël.

Avant tout… calme-toi.

Quitter les territoires !

La paix avec le Golan.

J’aime tout Juif.

Unité d’Israël.

La paix commence de l’intérieur.

Qui que tu sois, quel que tu sois, le Saint, béni soit-il, t’aime vraiment.

On peut lire aussi le mot historique prononcé par Bill Clinton après l’assassinat de Y. Rabin:

Shalom, haver ! (“Salut, ami !”),

et surtout les variantes

Haver, atta haser (“Ami, tu manques”) ou Haver, ani zokher (“Ami, je me souviens.”)

Il y a quelques années, on a pu lire aussi le slogan :

Am ehad, giur ehad (“Un peuple, une conversion”),

contestant la validité des conversions faites par les mouvements juifs non orthodoxes.

La réplique est apparue immédiatement, au moyen du remplacement du r par un s :

Am ehad, gius ehad (“Un peuple, une conscription” )

(allusion aux exemptions du service militaire dont bénéficiaient certains étudiants orthodoxes).

En matière de calembour, la palme revient sans doute à un autocollant qu’on a pu voir pendant la guerre du Golfe, au début de 1991 : un dessin représentant un poisson équipé d’un masque à gaz, avec la légende :

‘Al tid’ag. (“N’aie pas peur”).

Précision indispensable : en hébreu, poisson se dit dag.

C’est aussi pendant la guerre du Golfe qu’on pouvait souvent lire l’invitation :

Tehillim neged tilim (“Psaumes contre missiles”).

etc.

M. R.

 

Un point, c’est tout

Dans le bulletin météo d’Euro-News, Israël s’appelle « l’est du bassin méditerranéen ». Quand la caméra, se déplaçant d’ouest en est, montre la carte des pays riverains de la Méditerranée, chacun d’entre eux est appelé par son nom : Italie, Grèce, etc. Quand on arrive au sud de la Turquie, la toponymie se perd dans le brouillard, même par temps clair, pour en ressortir quand la caméra repart vers l’ouest.

Lorsque les bulletins d’information exigent une plus grande précision, on a souvent recours à la formule « l’État hébreu », qui permet de ne pas nommer l’innommable. On a quand même pu entendre récemment l’adjectif « israélien », après l’attentat du 22 février, lorsqu’on nous a informés que la bombe humaine avait fait « huit morts dans le camp israélien. » Le chauffeur qui avait pris son service ce matin-là, les pères et mères de famille qui partaient au travail, les jeunes qui allaient étudier, et qui allaient finir la journée au cimetière ou à l’hôpital, étaient les représentants d’un « camp » opposé à un camp adverse.

Il se trouve que le bus n° 14, dans lequel la bombe a explosé, est le seul qu’il m’arrive parfois d’emprunter, alors que je me déplace en général à pied ou en voiture. Si je m’y étais trouvé à ce moment-là (ce qui était quand même statistiquement improbable), je serais devenu un point, marqué par un camp et perdu par l’autre.

M. R.

Flashes d’espoir

Un juste… C’est un jeune Arabe israélien musulman, employé pour l’entretien d’un grand immeuble, non luxueux. Une amie habitant cet immeuble nous raconte : « Cette semaine le syndic des locataires s’est réuni : aucun accord, au contraire, des disputes, des cris, de la colère. Mais tous étaient d’accord pour dire du jeune Arabe : il est formidable. Il aide tout le monde, les grand’mères à porter leurs provisions et à monter les escaliers, les jeunes mamans avec les enfants, les poussettes. Sa présence de 7h. à 13h. est une présence de paix. Une femme religieuse déclare ; M. ira tout droit au paradis ! » Une autre femme se démène pour qu’il ait un salaire convenable. Notre amie lui conseille de poursuivre ses études de droit, pour agir sur le politique. Un juste, quoi !

Suzanne Millet

 

 Nous sommes dans une guerre quotidienne avec attaques et ripostes, situation où chacun peut dire : “Je ne fais que répondre ou me défendre”. Les journaux d’Europe ont bien du mal à savoir si c’est une attaque ou une riposte (ou bien ayant choisi leur camp, ils “savent” d’avance et affirment).

Mais tout n’est pas permis pour Tsahal, et quand il est clair qu’il y a eu faute, il n’est pas rare qu’on essaie de corriger. Le journal Haaretz du 19 mars annonce :

Un commandant de bataillon sera traduit en justice pour la mort de quatre Palestiniens

Le procureur général de Tsahal a décidé d'inculper un lieutenant-colonel, commandant un bataillon de blindés, responsable de la mort de quatre civils palestiniens à Djénine. Un autre officier supérieur, le colonel Moshé Tamir, ancien chef de la brigade d'élite Golani, sera lui traduit devant un conseil disciplinaire. L’incident s'est produit le 21 juin 2003 : une unité de blindés a pénétré dans Djénine pour tenter de retrouver des armes. Un lieutenant de l'unité de blindés est entré dans un quartier de la ville en pensant qu'il était placé sous couvre-feu. Mais au centre de la ville, il s'est heurté à des centaines de Palestiniens. Se sentant en danger, il a demandé l'autorisation de procéder à des coups de semonces dissuasifs. Ses supérieurs lui ont donné cette autorisation à condition qu'ils ne soient pas dirigés vers les civils. En fait, les soldats du lieutenant ont tiré plusieurs roquettes et des rafales de mitraillette. Certaines ont touché les Palestiniens qui étaient à proximité. Quatre Palestiniens ont été tués et plusieurs autres blessés. Le Parquet militaire a tout de suite entamé des poursuites contre le lieutenant, mais celui-ci a quitté l'armée et se trouve actuellement à l'étranger. Aujourd'hui, c'est son supérieur hiérarchique qui est inculpé pour action ayant causé la mort par négligence.

C’est un cas parmi bien d’autres. Bien sûr, il y a aussi toutes les négligences ou ripostes trop dures, les cas où l’on essaie de cacher, de nier, ou bien l’armée embarrassée promet : “On va ouvrir une enquête”, et la chose est oubliée. Ce serait naïf de penser que l’armée est parfaite, dans une situation si complexe, et avec les instincts connus de l’homme.

Mais comme nous l’avons déjà signalé, nos journalistes ne ratent pas une occasion de mettre leur nez dans les cas douteux, et de réclamer justice. Les uns sûrement par souci moral, mais d’autres peut-être pour faire un scoop !

Quoi qu’il en soit, cela laisse quelque espoir : ce n’est pas la loi de la jungle, et la censure ne nous empêche pas de savoir ce qui se passe. Le problème est plutôt en haut-lieu, comment en sortir sur le plan politique, quelle ligne sage on devrait prendre dans le tourbillon de violence. Car tout ce que l’on fait ou s’abstient de faire peut sembler le lendemain une erreur.

Un médecin jordanien

Un ami retraité qui travaille comme volontaire au grand hôpital d’Afoula, nous parle souvent de ses expériences. Dans cet hôpital de Galilée, les médecins, les infirmières et les malades sont deux tiers juifs et un tiers arabes, et l’ambiance y est excellente. Collaboration entre tous et souci de chacun. Il y a plus d’un an un médecin jordanien est venu faire un stage de formation. Il a fort bien réussi, et ce n’est plus en anglais qu’il échange mais en hébreu. Si bien que l’autre jour notre ami volontaire, cherchant un médecin, entra dans une salle et y trouva le médecin jordanien en train de donner une conférence de formation à des étudiants israéliens.

Yohanan Elihai

Le chant du mois

Le poète israélien Nathan Yonathan est décédé à l’age de 84 ans.
Né en 1923, en Ukraine, il avait émigré avec ses parents dans la Palestine sous mandat britannique à l’âge de deux ans. Il a vécu la plus grande partie de sa vie au kibboutz Sarid, dans le nord d’Israël. Il a publié environ 20 corpus de poèmes. Ses chansons sont étudiées dans les écoles et se lisent dans la plupart des cérémonies officielles. Un de ses chants les plus connus, aussi à cause de la mélodie qui le met en valeur, est "Rivages".

Voici le chant :

 

Les rivages sont parfois

Un appel nostalgique au torrent..

J’ai vu un jour un rivage qu’un torrent avait délaissé,

Le cœur brisé, un cœur de sable et de cailloux.

Et l’homme, oui l’homme lui aussi

Peut parfois se retrouver abandonné,

Seul et sans force,

Tel un rivage.

Les coquillages,

Comme les rivages, comme le vent,

Les coquillages sont parfois la nostalgie

De la maison de nos amours de toujours,

La maison qui était et n’est plus. Seule la mer

Chante là-bas son chant de solitude.

Ainsi, parmi les sables de son cœur,

L’homme et les chants de son enfance

 

... et l’histoire en finale

Face aux événements, au découragement, à la perplexité, encore une histoire juive qui se passait, dit-on, à Prague il y a quelques années.
A Prague Yaacov parcourt les rues, il regarde les gens autour de lui : "Quel dommage, ils ne sont pas heureux. Il faut changer le monde ! Je vais leur raconter des histoires..."
Il va au jardin public, monte sur un banc, et raconte, raconte. Le premier jour, des vieux, des femmes et des enfants s’arrêtent un peu, écoutent, hochent la tête. De jour en jour l’assistance diminue.
Après des semaines, il est encore là, debout sur son banc, les yeux fermés, avec ses histoires.
Un enfant le tire par la manche :

–  "Hé, Monsieur ! tu ne vois pas que tu es seul ?"
–  "Ah ? bah oui..."
–  "Pourquoi tu racontes des histoires ?"
–  "J’ai voulu rendre les hommes heureux, je voulais changer le monde."
–  "Bon, mais maintenant, pourquoi tu continues ?"
–  "Eh bien..., pour que le monde ne me change pas.’’

 

Y.E.

 

Même si nous avons une ligne commune dictée par notre présence en Israël, il semble bon de rappeler

le principe qui guide bien des publications et qui donne une certaine liberté à chacun :

 

la revue laisse aux auteurs des articles et comptes rendus l’entière responsabilité

des opinions et jugements qu’ils expriment.