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 « Seigneur Jésus,
apprenez-nous à être généreux,
à vous servir comme vous le méritez,
à donner sans compter,
à combattre sans souci des blessures,
à travailler sans chercher le repos,
à nous dépenser sans attendre d’autre récompense
que celle de savoir que nous faisons votre Sainte volonté. »

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n° 1 - Août 2002

                   No 1 – Août 2002

 

                            Sommaire :

-         Editorial

-         Deux exemples de désinformation

-         Dossier du mois : les attentats dans les Territoires

-         Témoignages : vivre à Jérusalem en ces jours

-         Nouvelles brèves

-         Infos pratiques

         EDITORIAL

            Pourquoi encore une source d’information?

Devant le drame qui secoue la région Israël - Palestine, beaucoup se posent des questions, veulent mieux comprendre et savoir ce qui se passe vraiment. C’est sans doute sur place que l’on appréhende mieux la situation en la vivant jour après jour.

Le monde juif français a ses sources d’information, généralement pro-israélienne, et le monde chrétien a lui aussi ses sources, principalement chrétienne palestinienne. Il en ressort deux images opposées, au point que l’on croirait entendre parler de deux planètes différentes.

Le danger est de n’avoir qu’une vue tronquée de la situation, souvent accompagnée d’un commentaire simpliste. Comment en sortir?

            Les chrétiens du groupe « Écho »

            Nous sommes un petit groupe d’amis, chrétiens vivant en Israël depuis 10, 20 ou même 40 ou 50 ans. Nous essayons de comprendre, de suivre les événements, et d’en saisir le sens.

Par ailleurs nombre de nos amis de France ou d’autres pays nous demandent constamment de les aider à voir clair. Chacun de nous essaie de répondre semaine par semaine. De là l’idée d’organiser ensemble cet effort de réponse, et de le mettre à la disposition d’un cercle plus large d’amis.

            Notre position

            Le fait de vivre avec la population israélienne fait que nous l’aimons et la connaissons de l’intérieur, avec tout son positif, et aussi avec ses limites et ses erreurs.

            Nous sommes conscients de la souffrance du peuple palestinien, de ses aspirations à la paix et à la justice. Nous avons des amis palestiniens et certains d’entre nous travaillent avec eux.

            Les deux peuples souffrent d’un désespoir, après un moment d’espérance lié au processus de paix et aux accords d’Oslo, mais tromper les nations et taire la vérité sur les événements qui se déroulent ici ne mènera jamais à la paix entre les deux peuples.

            La connaissance des langues du pays et de son passé permet aussi de mieux situer ce qui s’y passe, en suivant au jour le jour les nouvelles, les commentaires, les débats animés à l’intérieur même du peuple israélien. Et de fait, nous avons bien des amis israéliens qui font un effort constant de ne pas s’enfermer dans une vue nationaliste, et qui essaient d’agir positivement.

            Notre but

            Notre désir est donc de nous rapprocher de la vérité, la vérité des situations, la vérité d’une attitude vraiment chrétienne, ou simplement humaine, respectueuse de chaque personne, dans sa souffrance et ses efforts pour survivre comme homme au milieu d’une situation si complexe.

            Concrètement

Dans le proche avenir nous enverrons – une fois par mois - un complément d’information, des réflexions sur l’actualité. Nous préparons aussi quelques dossiers pour aider à comprendre le contexte général (rappel du passé) et l’actualité avec plus de profondeur, et pas seulement de façon superficielle en se laissant impressionner par les images violentes qui se succèdent sur les écrans.

            Notre espoir

Nous ne voulons pas imposer notre façon de voir. Du reste il peut y avoir même entre nous, dans l’équipe qui démarre ce projet, des nuances et des choix différents. Il s’agit de proposer un supplément d’informations, d’où le nom « Un écho d’Israël ». Vos réactions, vos questions, vos objections nous aideront à continuer de chercher, dans un désir de vérité, quoi qu’il en coûte, et dans un espoir que ce travail nous rapprochera tous de la paix dans la justice.

En blaguant, l’un de nous a dit : « Si après nos explications, le lecteur ne sait plus quoi penser… c’est qu’il se sera rapproché d’une vue plus exacte de la réalité si complexe de ce pays… ».

                                                                                                                                  Yohanan Elihaï

                        Exemples de désinformation :

                                   Ce prêtre est-il mort ou vivant ?

            Les nouvelles circulent nombreuses, étonnantes, souvent sans lien avec la réalité des faits. Le 4 avril 2002, à 13h30, nous apprenons de ‘source sûre’ qu’un prêtre salésien a été tué à Bethlehem par l’armée israélienne alors qu’il célébrait la messe pour une communauté de religieuses, non loin du sanctuaire de la Basilique de la Nativité, et que plusieurs d’entre elles sont blessées. Un char israélien a tiré un coup de canon vers l’église en question… A 16h, par un coup de téléphone de France, j’apprends que sur les ondes on parle de la mort d’un jésuite. A 17h, appel téléphonique d’un membre de notre groupe qui venait d’être en lien avec un haut fonctionnaire israélien qui lui demande : « Vous êtes chrétien ? » -  « Oui » - « Vous croyez en la résurrection ? Eh bien je vous annonce que votre salésien est ressuscité, car il n’a jamais été mort, et qu’il n’y a pas de religieuses blessées. »

            J’essaye d’annoncer cette bonne nouvelle dans la maison, mais sans résultats. A la radio et sur Internet on continuait à annoncer sa mort. Le site internet Yahoo donnait le nom du prêtre, parlait de sa formation, de ses compétences et des circonstances de sa mort, avec une autre version que celle donnée quelques heures plus tôt : l’ecclésiastique, après avoir célébré la messe, en sortant de l’église s’est interposé aux soldats qui voulaient attaquer les religieuses. Il a été tué et les religieuses ont été blessées.

            A 19h, bref démenti sur Yahoo ! Mais le soir dans les chaumières en France, on parle de l’assassinat de ce prêtre et c’est l’horreur. Voltaire avait raison de dire : « Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose ! »

                                                                                                                                 Myriam Selz

                                   Les arabes israéliens sont l’objet de discriminations accrues

Ces jours-ci le journal le Monde du 8 août publie un article sous le titre : « Les Arabes israéliens sont l’objet de discriminations accrues ». L’article lui-même est bien différent, nuancé et précis : deux Arabes israéliens ayant aidé des palestiniens dans des actions terroristes, un ministre propose de leur retirer la nationalité. Cela provoque de vives discussions dans les journaux et même dans le gouvernement. Dans l’ensemble beaucoup critiquent l’idée, et certains ajoutent : Si on arrivait à une telle décision extrême, elle devrait s’appliquer rarement et indistinctement à tout fauteur, donc à des juifs également (comme l’assassin de Rabin). Finalement rien n’est décidé. Le titre du journal “Les Arabes sont l’objet” donne l’impression que tous sont concernés et que la chose est déjà en cours d’exécution. Heureusement qu’on en est loin.

C’est l’occasion de signaler une règle générale : l’auteur d’un article n’est pas responsable du titre que la rédaction jugera bon de mettre comme chapeau. Il faut bien allécher les lecteurs fatigués.

 

                                                                                                          Yohanan Elihaï

Dossier du mois :

LES ATTENTATS DANS LES TERRITOIRES

Alors que la plupart des médias européens, voire des politiques, ont tendance à considérer les attentats contre les colons comme plus au moins légitimes, un rapport de d’Amnesty International daté du 11 juillet 2002 vient de condamner avec la plus grande fermeté tout acte de terrorisme quel qu’il soit contre des cibles civiles, y compris contre les habitants des Territoires. Cette mise au point était plus que nécessaire tant au niveau moral qu’au niveau du droit international. Si la question des implantations reste un problème de fond qui devra être nécessairement résolu à un moment ou à un autre, il n’en reste pas moins qu’établir une distinction entre un terrorisme acceptable (dans les Territoires contre des colons) et un terrorisme inacceptable (en Israël) relève d’une complaisance coupable avec le mal. La thèse très souvent avancée que l’Intifada d’El Aqsa est la réponse palestinienne à l’occupation israélienne des Territoires est difficilement acceptable et c’est ce que nous allons essayer de démontrer. Le problème, nous le verrons, est bien plus radical.

           

            Données générales sur les implantations.

 

On parle d’implantations pour des villes ou des villages israéliens qui se situent dans les Territoires palestiniens (occupés ou autonomes) à l’extérieur de la ligne verte, conformément à la résolution 242 du conseil de sécurité des Nation Unies votée le 22 novembre 1967. Ainsi toute localité ou maison isolée construite après 1967 dans ces dits territoires est de par le droit international illégale et constitue une violation des droits du peuple palestinien.

D’après les dernières estimations, il y aurait 230 000 colons dans les Territoires dont près de 137 000 enfants. La croissance naturelle de la population et le taux de natalité sont particulièrement élevés : il naît environ 7000 enfants par an et 43% de la population a moins de 14 ans.

            On distingue 3 régions déterminées d’implantations : Juda et la Samarie (appelé habituellement Cisjordanie ou West Bank) et la bande de Gaza. Chacune d’elle a une histoire particulière, a connu une évolution différente et est constituée d’une population qui lui est propre. Elles n’ont pas toutes les mêmes profils ni les mêmes difficultés.

Pour une meilleure compréhension des données, il faut distinguer entre deux sortes d’implantations :

- les implantations dites idéologiques (40% environ de la population des colonies)

- les implantations non-idéologiques (60%)

Pour exemple, les implantations se trouvant dans le Goush Katif (au sud de la bande de Gaza) sont dites idéologiques alors que colonies autour de Jérusalem comme Maalé Adumim ou Pisgat Zeev sont dites non-idéologiques.

On appelle colonies non-idéologiques, les implantations peuplées majoritairement par des colons dits ‘non-idéologues’ et qui se trouvent dans les Territoires pour des raisons ne touchant pas à des convictions religieuses ou politiques particulières. C’est le plus souvent pour des raisons économiques (la vie meilleur marché) que cette population se retrouve dans les Territoires. Il n’est pas rare, également, que l’Etat d’Israël, ne sachant pas où placer les nouveaux immigrants les installe ‘provisoirement’ dans les Territoires où, après plusieurs années, ils finissent par rester. Enfin, on trouve un autre cas de figure, certes moins répandu, d’Israéliens qui pour des raisons écologiques, ne voulant plus habiter les grandes villes décident de s’installer à la ‘campagne’. L’implantation de Kadim Veganim, non loin de Jénine est un excellent exemple. Ce phénomène est caractéristique des années 80. Il ne faut donc jamais faire l’amalgame simpliste, trop souvent courrant : un colon est un extrémiste juif.

Les colons ‘idéologues’ par contre sont venus s’installer dans les Territoires pour des raisons touchant à leurs conceptions religieuses ou/et politiques. On distingue habituellement entre colons idéologues ‘durs’ (10% de l’ensemble des colons) et les colons idéologues plus modérés (30% environ). Les colons idéologues ‘durs’ refusent tout compromis territoriaux et sont prêts à des actes violents pour défendre leur idéologie. Certains d’entre eux n’ont pas hésité à commettre des attentats, parfois extrêmement violents, contre des Palestiniens.

Une autre population qui habite les Territoires est qui est estimée à près de 30 000 personnes est la communauté religieuse ultra-orthodoxe. Venus non d’abord pour des raisons idéologiques mais essentiellement économiques, leur présence n’a jamais fait la une des journaux. Si, de leur point de vue, il est peut être légitime pour des raisons religieuses de vivre dans les Territoires (uniquement en Cisjordanie et non dans la bande de Gaza qui n’est pas un territoire biblique), il n’en reste pas moins qu’ils ne participent à aucune activité politique déclarée et se consacrent essentiellement à l’étude de la Torah. Cette population n’est pas à priori hostile à la restitution des Territoires aux Palestiniens et ne constitue pas un ‘danger’ politique. Il est sans doute utile de préciser ici qu’il n’existe d’ailleurs que 4 implantations ultra-orthodoxe en Cisjordanie (2 en Samarie et 2 en Judée).

 

Les attentats dans les Territoires.

            C’est pourtant l’une de ces implantations qui va connaître les actes terroristes les plus sanglants depuis le début de la seconde Intifada. Le 12 décembre 2001, des terroristes ouvrent le feu et lancent des grenades sur un bus dans la localité d’Emmanuel. Il y a 11 morts et 35 blessés. Sept mois plus tard, trois terroristes dans un scénario quasi similaire, lancent contre un bus au même endroit, une charge explosive ainsi que des grenades puis ouvrent le feu sur les passagers. Il y a 9 morts et 19 blessés. Les victimes sont pour la plupart des habitants de l’implantation d’Emmanuel. L’attentat, très bien préparé du point de vue logistique, est revendiqué par le Hamas.  

Si les médias européens couvrent assez peu ces actes terroristes, c’est qu’à leurs yeux ces actions sont légitimes, après tout, il ne s’agit que de colons venus voler la terre des Palestiniens et qui, par leur présence, sont une provocation.

Les attentats à Emmanuel sont riches d’enseignements : cette localité, inconnue par la majorité des Israéliens avant les événements, ne s’était jamais distinguée par aucun acte contre des Palestiniens et ni aucune déclaration politique quelle qu’elle soit. Les habitants vivaient en bon terme avec les Palestiniens des environs. Cette implantation a été fondée en 1983, sous le gouvernement Shamir, non pour des raisons idéologiques mais pour des raisons économiques et écologiques. Ce sont des familles venues de Bnei Braq (ville près de Tel Aviv, peuplée essentiellement d’Ultra-orthodoxes), avec peu de moyens ou ne supportant plus la ville, parfois pour des raisons de santé. Aujourd’hui, elle compte 2750 habitants.

On peut s’interroger sur la motivation du Hamas de faire un attentat justement dans cette localité. A quelques centaines de mètre de là, il y a une position de Tsahal. Pourquoi les militants du Hamas n’ont pas choisi pour cible les ‘occupants militaires’ plutôt que les ‘occupants civils’ ?  Pourquoi de façon paradoxale, il n’y a eu que 9 attentats contre des militaires depuis le début de cette seconde Intifada contre 125 actes terroristes enregistrés dans les Territoires jusqu’au 5 août de cette année ? Si l’occupation est ce qui justifie la lutte armée, on s’étonne que les efforts déployés contre les militaires soient si minimes d’autant que les quelques attentats commis contre Tsahal ont été particulièrement ‘réussis’.

En fait, il est clair que pour les organisations extrémistes, l’essentiel est de faire le maximum de victimes israéliennes n’importe où et que la distinction entre attentats dans les Territoires et attentats en Israël est à leurs yeux du domaine de la propagande mais non du domaine de l’action. Le Hamas et le Jihad islamique n’ont jamais caché que la fin de l’occupation signifie la disparition pure et simple de l’Etat d’Israël. Pour le chef spirituel du Hamas, le Cheikh Yassine, Tel Aviv n’est pas autre chose qu’une colonie ! Cette vision est de plus en partagée par les ‘modérés’ : par exemple, les Brigades des Martyrs d’El Aqsa, rattachées au Fatah de Yasser Arafat, partagent cette vision. Il n’est pas étonnant alors que cette organisation ait commis plus d’attentats suicides que le Jihad islamique (13 contre 12 !)

Depuis le début de l’Intifada d’El Aqsa (29 septembre 2000) et jusqu’au 5 août 2002, il y a eu dans les Territoires 125 actes terroristes, dont 7 attentats suicides : 105 en Cisjordanie et 20 dans la bande de Gaza. Le nombre de victimes civils est de 173 morts (146 en Cisjordanie et 27 dans la bande de Gaza) et de 205 blessés (142 en Cisjordanie et 63 dans la bande de Gaza). En comparaison, en Israël, il y a eu 102 attentats, dont 48 attentats suicides, faisant 311 morts et près de 3500 blessés. Ces chiffres, bien entendu, ne comprennent pas les soldats israéliens morts pendant des opérations militaires.

On constate donc que le nombre des attentats dans les Territoires est légèrement plus élevé que les attentats perpétrés en Israël mais que les victimes sont beaucoup plus nombreuses en Israël et que les efforts déployés par les organisations activistes palestiniennes sont plus intenses quand il s’agit de perpétrer un attentat en territoire israélien. La logistique étant de fait plus complexe. De plus, depuis l’opération ‘Rempart’ effectuée par Tsahal au printemps dernier, le nombre d’attentats en Israël est de 3 fois supérieur au nombre d’attentats dans les Territoires et le nombre de victimes est 5 fois plus important. La méthode utilisée étant une fois sur deux l’attentat suicide.

La plupart des attentats effectués dans les Territoires (83%) sont des tirs isolés sur des véhicules ou sur des colons à l’intérieur des implantations. Ces attentats, de par leur caractère, sont souvent occultés par les médias, il n’y a souvent ‘qu’un mort’ ou que ‘quelques blessés’. Si ces attentats étaient quasi quotidiens lors des premiers mois de l’Intifada, ils sont aujourd’hui plus sporadiques.

 

            Ce sont les activistes liés à Yasser Arafat, qui ont perpétré le plus d’attentats dans les Territoires. Le Fatah (le parti politique d’Arafat) et la Force 17, la garde personnelle du président de l’Autorité palestinienne ont revendiqué 16 attentats dans les Territoires contre 8 en Israël. Les membres du Tanzim (branche armée du Fatah) quant à eux, ont revendiqué 34 actions dans les Territoires contre 9 en Israël. Enfin, les Brigades des Martyrs d’El Aqsa, dernière née des organisations terroristes dont Arafat est le commandant en chef (du moins en théorie) ont revendiqué 21 attentats dans les Territoires contre 26 en Israël. Comme nous l’avons dit, ces derniers sont responsables de 13 attentats suicides. On constate donc une évolution dans la stratégie déployée par les milices du Fatah. Si au début de l’Intifada, les attentats étaient essentiellement perpétrés dans les Territoires avec une pseudo légitimité, deux ans après, c’est le contraire : près de 85% des actes terroristes sont commis en Israël. On assiste à un durcissement remarquable des organisations dites modérées, proches du leader palestinien. C’est paradoxalement l’arrivée de Sharon au pouvoir qui va provoquer cette évolution. Un chiffre est plus parlant que tout commentaire : sous le gouvernement Barak, au début de l’Intifada, il n’y a eu que 2 attentats suicides (qui n’ont fait d’ailleurs que des blessés) alors que sous le gouvernement Sharon, on en compte à ce jour 53 ! Pour nombre d’Israéliens, encore aujourd’hui, Sharon est perçu comme quelqu’un qui fait peur aux arabes et qui, par voie de conséquence est l’homme idéal pour faire face à la situation. On peut s’interroger sur l’efficacité d’un tel mythe : l’Etat d’Israël, n’a jamais connu depuis sa création une telle vague de terrorisme…

Les organisations qui ne sont pas directement sont la tutelle d’Arafat mais qui participent à la direction de l’Autorité palestinienne, ont été peu actives jusqu’à maintenant. Le FPLP (le Front populaire de Libération de la Palestine, parti dissident du Fatah), a revendiqué 8 attentats, tous dans les Territoires alors que le FDLP (Front populaire de Libération de la Palestine, marxiste-léniniste), n’est responsable que d’un seul attentat en Cisjordanie. Il est évident que ces partis qui ont connu leurs heures de gloire dans les années 70 ont perdu de leur influence sur le plan politique tout comme sur le pan militaire. Israël, paradoxalement en assassinant Abou Ali Mustapha, le chef du FPLP, a redonné de la vigueur au parti essoufflé.

            Enfin, les organisations palestiniennes en lutte avec Yasser Arafat et son administration, sont particulièrement actives. Le Hamas a revendiqué 37 attentats, 14 dans les Territoires et 23 en Israël (dont 21 attentats suicides). Le Jihad islamique, de son côté, a revendiqué 32 actes terroristes, 10 dans les Territoires et 22 en Israël (dont 12 attentats suicides). Pour le Hamas et le Jihad c’est l’existence même de l’Etat d’Israël qui est illégitime. Contrairement à d’autres organisations terroristes palestiniennes, ils ont la franchise de dire tout haut ce que d’autres pensent tout bas. Pour eux, l’occupation d’une terre islamique par les juifs est un sacrilège et le combat à mener n’est pas tant nationaliste que religieux. La presse a une fâcheuse tendance à minimiser cet aspect du conflit. Il n’est pas ‘politiquement correct’, et ce malgré les attentats du 11 septembre, de parler de l’islam extrémiste comme de l’une des données fondamentales pour décrypter la nature du conflit israélo-arabe. Etre naïf ou de mauvaise foi, sur cette question ne contribue ni à la paix ni à la justice, bien au contraire…Il ne faut pas se cacher la réalité : pour beaucoup de Palestiniens malheureusement, le retrait d’Israël des Territoires, perçu comme combat légitime par la communauté internationale, n’est qu’une étape avant l’annihilation totale de l’Etat juif. Au meilleur de ma connaissance, les cartes géographiques des livres scolaires de l’Autorité palestinienne ne connaissent que la Palestine, Israël n’y figure pas, pas plus que des villes comme Tel Aviv !

 

C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles en Israël, la majeure partie de la population est désabusée et ne croit pas à la reprise des négociations avec les Palestiniens. Confusément, l’israélien de la rue pressent que cet Intifada n’est peut être que le prélude à un conflit dont personne ne peut prédire l’issu. Il n’en reste pas moins, que le droit légitime d’un Etat palestinien est inaliénable et qu’Israël se doit, du point de vue moral, de permettre sa création tout en s’assurant qu’il pourra lui-même, en tant qu’Etat, continuer d’exister. Dire qu’il suffit de mettre un terme à l’occupation comme condition au règlement définitif du conflit israélo-arabe est non seulement simpliste mais dangereux. Si cette étape est plus que nécessaire, elle est loin d’être suffisante.

                                                                                              Jean-Marie Allafort

            Témoignages :

DEUX ÉVÉNEMENTS DONT ON A PEU PARLÉ

            Tout le monde sait que les attentats se succèdent en Israël et à Jérusalem en particulier, semant mort, souffrances, panique. Tout le monde sait que les rues, les marchés, les autobus, les cafétérias ne sont plus des lieux sûrs. Tout le monde, avant d’entrer dans un restaurant, un cinéma ou un quelconque lieu public s’assure qu’il est gardé et ouvre son sac pour le contrôle. Là où il y a beaucoup de monde…danger !

            Et pourtant, c’est justement dans ces conditions de panique souterraine qu’ont eu lieu deux événements rassemblant des milliers d’habitants de Jérusalem et environ. Justement maintenant.

                        Prière au Mur Occidental

            Quelques milliers de juifs religieux, hommes et femmes, souvent très jeunes, se retrouvent au Kotel (mur occidental) le 24 juin à 17h 15. Une affiche placardée dans plusieurs quartiers convoquait à la prière : « …Que le sang répandu dans nos rues nous pousse à crier vers Dieu pour qu’Il nous prenne en pitié. »

            Un petit groupe de croyants en Jésus, juifs, arabes et chrétiens des nations, est venu nous joindre à cette ‘sainte convocation’. Contrôle strict à l’entrée, place bien gardée.

            Quelques rabbins se succèdent au micro lisant des versets des Psaumes, repris par la foule, les hommes à gauche, les femmes à droite. Chacun pouvait suivre la prière grâce à une feuille ‘liturgique’ reçue sur place. Tout d’abord des versets du Psaume 119 : « Je veux observer tes commandements, ne m’abandonne pas entièrement… » Puis les Psaumes des Montées : « D’où me viendra le secours…ceux qui sèment dans les larmes…Des profondeurs je t’invoque… » Situation désespérée, sans issue, prise de conscience des hommes et des femmes présents (1000 ? 2000 ?) que c’est le temps de se retourner vers Dieu…l’urgence, lui faire confiance, lui obéir.   

            Puis les prières se succèdent, prière de repentance du Yom Kippour, supplications : « A cause des mérites d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, peut être auras-tu pitié. » Prières de proclamation de la sainteté et la miséricorde de Dieu : « Ecoute notre voix Seigneur… » La voix du rabbin au micro se fait de plus en plus suppliante, reprise par la foule.

            Etre là, au milieu de Son peuple en prière, greffés sur lui, le peuple de sacrificateurs, intercédant au nom de tous, tourné vers celui qui Seul sauve.

            Dans la presse du lendemain, une seule photo sans commentaires.

                       Concert à Mahané Yehuda

         8 jours après, 2 juillet 2002, l’orchestre philharmonique de Jérusalem au Shouk ! Un concert de plus…rien d’extraordinaire ! Il a fallu pourtant Ouri Amadi, responsable de l’organisation ‘Lev Ha’ir’ (le cœur de la ville) pour que l’imprévisible arrive.

            Le grand marché de Jérusalem, le Shouk Mahané Yehuda est morose. Après les derniers attentats dans ce lieu, les acheteurs ne viennent plus, les vendeurs ne vendent plus, la peur s’installe. Ce lieu où depuis 1998, la ‘Fondation de Jérusalem’ travaille pour la tolérance entre juifs et arabes, pour une amélioration des conditions de travail, la prise en charge des enfants arabes travaillent au Shouk, ce lieu bigarré, coloré, que ‘l’association-légumes’ essaye de rendre festif… ce lieu pleure.

            Et c’est là justement et à cause de cette situation que l’équipe responsable du ‘cœur de la ville’ décide d’offrir un concert aux marchands et habitués du Shouk. Le ‘loto’ est d’accord pour financer.

            J’y étais venus un peu craintive, n’ayant pas osé y inviter des amis, au cas où. 3000 chaises et des centaines de gens debout…10 shekels le billet.

            L’orchestre philharmonique en grande tenue avec David Deor, ténor réputé. Décors de légumes et de fruits, ambiance ‘marché Mahané Yehuda’, vendeurs, acheteurs, curieux, dont beaucoup avaient participé à la réalisation de cette soirée. On est là…un peu étonné d’être là, assis dans le parking du Shouk devant l’orchestre philharmonique.

            Après l’ouverture de Carmen (Bizet), David Deor parle : « Vous tous qui pleurez encore, nous ne sommes pas venus vous distraire mais être avec vous, le monde de la musique, de l’art, vous rejoint ce soir. » L’orchestre entonne alors ‘Yerushalaïm Shel Zahav’ (‘Jérusalem d’or’, chant célèbre en l’honneur de la Ville Sainte) repris par la foule. Puis c’est le maire de Jérusalem, Ehud Olmert : « Là où beaucoup n’osent plus venir à cause des attentats, en plein marché, nous sommes venus vous rejoindre afin que, après ce concert, la musique du Shouk reprenne et continue à chanter. » L’orchestre s’ébranle, les chants se succèdent souvent repris pas la foule, certains vont manger du maïs ou autre plat préparé, gratuitement.

            On est là, ensemble, tranquilles, une sorte de résistance passive… rendue possible, bien sûr, grâce à la police et à l’armée entourant ce lieu.

            Avec un chant final moderne ‘Ecoute Israël’, cette soirée, je la vivais comme un écho de celle au Kotel, le ‘répondant laïque’, l’autre face d’une même réalité.

            Dans la presse du lendemain, une seule photo sans commentaire. Mais la soirée avait été retransmise à la télévision.

                                                                                               Antoinette Brémond

            Nouvelles brèves :

Un policier se recycle – juillet 2002

Un vieil officier de police à la retraite est devenu chef cuisinier au poste central de la police de Jérusalem. Il se trouve avoir des terroristes parmi ses clients, entre autre Marouan Bargouti, le chef du Tanzim arrêté il y a un mois pour avoir organisé un certain nombre d’attentats meurtriers. Or le fils de ce policier a été tué dans un attentat grave (autobus explosé en 1996) par un des hommes de Bargouti. Un journaliste interroge l’officier devenu cuistot, et il déclare : «Peu m’importe, je fais mon travail qui est de nourrir convenablement tous les détenus. On lui demande “Tu n’as pas des envies de vengeance ?” Il s’étonne : “De la vengeance ? Non ! à quoi cela mène ?…”

Au musée de Tel-Aviv – avril 2002

Un israélien (avec un groupe de ses amis) a eu l’initiative d’exposer côte à côte, sur la place du Musée de Tel-Aviv, des centaines de cercueils marqués d’un signe distinctif israélien ou palestinien, en souvenir de tous les morts des deux populations depuis un an. Dans le nombre il compte aussi ceux qui se sont fait exploser… eux aussi victimes de cette guerre folle. Il a reçu l’autorisation de faire flotter, sur la place, un drapeau palestinien à côté du drapeau israélien. On peut comprendre que ce ne fut pas du goût de tout le monde, mais cela a eu lieu, et la télévision en a montré des photos.

Chant et contestation

La grande chanteuse israélienne Yafa Yarkoni, 75 ans, qui a accompagné l’armée dans toutes ses guerres depuis 1948, a eu le courage de critiquer l’attitude de certains soldats dans les dernières répressions. Elle est violemment critiquée et menacée par la droite, mais elle paraît à la manifestation de La Paix Maintenant (60.000 ou plus) le 11 mai 2002 et est longuement ovationnée. Dans les jours qui suivent des chanteurs et artistes israéliens connus font une soirée en son honneur.

Flashes d’espoir

Dans l’ambiance de violence généralisée, il y a jour après jour des sursauts de conscience. Pour cet premier numéro, contentons-nous de rapporter quelques cas en bref.

Récemment un soldat brutalise gravement un jeune arabe, l’un des autres soldats s’interpose violemment. Il dénonce le fautif, qui passe en jugement. Cela n’est pas un cas isolé. D’autres cas nous ont été racontés par des palestiniens.

Les points de passage (check-points) sont le lieu de bien des scènes pénibles, à cause de la vérification minutieuse destinée à éviter l’entrée d’explosifs en Israël. Certains soldats se défoulent parfois, mais il y a de temps en temps des femmes israéliennes qui viennent par petits groupes surveiller les lieux… Leur présence peut limiter les excès. Mais leur action est forcément limitée.

On peut signaler les cas où des groupes d’Israéliens essaient de faire parvenir de la nourriture et des médicaments à la population palestinienne sous couvre-feu. Les journaux ne le raconteront pas. De fait, c’est peu de chose, mais cela ne sera pas oublié le jour où les deux populations pourront recommencer à vivre en paix côte à côte.

                                                                                              Yohanan Elihaï

Infos pratiques :

                        Livres conseillés :

-          Eli Barnavi, Une histoire moderne d’Israël, Flammarion

-          Frédérique Encel, Géopolitique de Jérusalem, Champs-Flammarion

Sites internet conseillés :

-          http://www.proche-orient.info

-          http://www.desinfos.com

L’équipe de la rédaction de “Un écho d’Israël” :

-          Myriam Selz

-          Antoinette Brémond

-          Suzanne Millet

-          Cécile Pilverdier

-          Martine Debost

-          Yohanan Elihaï

-          Jean-Marie Allafort

Jérusalem, août 2002