Textes bibliques du jour

Pour lire les textes de la Parole du jour  selon le rite latin et avoir un petit commentaire cliquez ici

 

Annonces actuelles

Liens externes

Beaucoup de sites bibliques, sur Israël...sont très intéressants. Ici vous trouverez une liste qui s'allongera au fur et à mesure. Voir la liste.

Glânures...

Prière de St Ignace

 « Seigneur Jésus,
apprenez-nous à être généreux,
à vous servir comme vous le méritez,
à donner sans compter,
à combattre sans souci des blessures,
à travailler sans chercher le repos,
à nous dépenser sans attendre d’autre récompense
que celle de savoir que nous faisons votre Sainte volonté. »

Si voulez lire plus cliquez ICI

N° 22 – Avril 2005

Prière au Mur

Sommaire ;

-    Editorial

-    Dossier : Jean-Paul II et les Juifs : avancées théologiques

-    « J'avais de l'affection pour ce grand-père »

-    Histoire : la période d'Oslo

-    Des retraités devenus artistes

-    Qui se souvient des Arméniens ?

-    Nouvelles au fil du mois...

-    Chant du mois : hommage à Ehud Manor

-    Humour en finale

Editorial

Le 2l mars, en ce début de Semaine Sainte, j'ai eu l'occasion de visiter le nouveau « Yad va Shem » (le musée qui fait mémoire des Juifs assassinés pendant la shoah). Je connaissais bien l'ancien monument mais je sors de cette visite comme écrasée, je revois devant les yeux des photos de groupes entiers de Juifs, hommes, femmes, enfants de nombreux pays d'Europe qui sont emmenés vers la solution finale ! Comment ? Pourquoi ? « Ce mystère d'iniquité » se déchaîne « sur cette terre fertilisée par la foi chrétienne » selon la formule du Père Dabosville. Le peuple juif sort profondément secoué de cette tourmente.

Aujourd'hui il semble qu'historiquement une page se tourne. J'ai le privilège, la grâce, de vivre ici, en Israël, le décès du Pape Jean Paul II. Une mémoire séculaire blessée semble en train de guérir, le peuple juif, revenu sur sa terre, rend un hommage sans précédent à celui qui pendant plus de 25 ans a été à la tête de l'Eglise catholique, « le véritable héros qui a réconcilié les chrétiens et les juifs, » comme l'écrit le rabbin David Rosen. Ce numéro d'un « Echo d'Israël » fait largement référence à tout ce qui a été vécu dans ce pays mais il m'est impossible en tant que juive et catholique de ne pas mentionner la joie et l'espérance qui m'habitent en ces jours de réconciliation après 2000 ans de mésentente et de suspicion.

Les chrétiens viennent de célébrer la fête de Pâques, la fête du triomphe de la vie sur la mort, de la joie, de l'espérance par excellence.

Le peuple juif se prépare à célébrer Pessah, la fête de la délivrance d'Egypte, de la liberté après l'esclavage, « c'est chacun de nous qui sort d'Egypte », qui célèbre une vie nouvelle.

A chacun de nos lecteurs, la rédaction de « Un Echo d'Israël » offre ses vœux de paix, d'espérance, de bonheur, dans un monde qui rêve encore de vraie liberté et de sécurité !

Myriam Selz

Dossier du mois

Jean-Paul II et les Juifs : avancées théologiques

On a beaucoup écrit et parlé, depuis un peu plus d'une semaine, sur la contribution personnelle de Jean-Paul II au rapprochement entre juifs et chrétiens. Peut-être a-t-on moins souligné la portée théologique de ses gestes, paroles et écrits dans ce domaine. En revenant sur cette question plus que tous ses prédécesseurs réunis, le pape qui vient de s'éteindre a pourtant jeté les bases d'une réflexion dont on est encore loin d'avoir mesuré jusqu'où elle peut conduire.

Il faut le souligner : les déclarations de Jean-Paul II sur la vocation permanente du peuple juif et la relation de l'Église au peuple d'Israël ont toujours pris appui sur le document conciliaire consacré aux relations avec le judaïsme. Ce texte, qui constitue le numéro 4 de la déclaration Nostra Aetate sur les religions non chrétiennes, commence par ces mots : « Scrutant le mystère de l'Église, le Concile rappelle le lien qui unit spirituellement le peuple du Nouveau Testament à la lignée d'Abraham. » Comme l'a écrit l'historien et théologien protestant F. Lovsky, l'essentiel de ce que le Concile a écrit sur la question tient dans cette phrase. C'est en considérant son être même que l'Église rencontre le peuple d'Israël, et non en portant son regard sur le monde extérieur, comme elle le fait en parlant des autres religions. La permanence d'Israël n'est donc pas, pour reprendre une formule du même auteur, « un problème relevant des relations extérieures de l'Église, à modifier, à définir ou à examiner par elle, mais une question intérieure qui appartient à son être propre. » En second lieu, introduire une déclaration sur le judaïsme contemporain en rappelant le lien infrangible qui unit l'Église à la lignée d'Abraham, c'est affirmer du même coup la continuité entre l'Israël biblique et l'Israël d'aujourd'hui.

En reprenant ces thèmes sous des formes variées chaque fois que l'occasion lui en était donnée, Jean-Paul II a donc innové sans innover. Il serait plus juste de dire qu'il s'est employé à rappeler et à faire passer dans les faits un enseignement auquel le peuple chrétien dans son ensemble n'avait probablement pas prêté une attention suffisante. Il l'a fait à sa manière, avec constance et audace, et son engagement dans ce domaine témoigne de la profondeur de sa conviction. « Personnellement, dit-il, j'ai toujours souhaité faire partie de ceux qui œuvrent, de chaque côté, pour venir à bout des vieux préjugés et obtenir une reconnaissance toujours plus vaste et plus complète du patrimoine spirituel commun aux juifs et aux chrétiens. » Sans risque d'erreur, on peut affirmer qu'il s'agit là d'un des apports les plus importants de son pontificat — plus, sans aucun doute, que des déclarations réelles ou imaginaires sur d'autres thèmes qui ont davantage retenu l'attention des journalistes et donc de l'opinion.

Ce qu'on appelle désormais « la formule de Mayence » a fait choc : devant la communauté juive d'Allemagne réunie à Mayence, le 17 novembre 1980, Jean-Paul II a parlé du « peuple de Dieu de l'ancienne Alliance, qui n'a jamais été révoquée ». Détail significatif et qui montre combien cette formule a pu surprendre : la Documentation Catholique, après avoir donné une traduction erronée de cette phrase, a dû ensuite publier un erratum pour en donner une version rectifiée. Vingt ans plus tard évoquant la figure de Moïse lors de son passage à Amman, au début de son voyage en Terre Sainte, il a prononcé cette phrase : « L'Alliance et la Loi qu'il a reçues de Dieu survivent à jamais. »

Dans la logique du document conciliaire , il a rappelé inlassablement le lien « fondé sur le dessein du Dieu de l'Alliance » qui unit l'Église à Israël. Dès 1986, lors de sa visite à la synagogue de Rome, il rappelait avec force « La religion juive ne nous est pas extrinsèque, mais en un certain sens elle est intrinsèque à notre religion. » (une traduction moins servile de l'italien aurait peut-être employé les mots extérieure et intérieure..^). Le message est clair : la relation à Israël appartient à l'identité chrétienne elle-même, et le pape en tire immédiatement la conséquence : « Nous avons donc à son égard [à l'égard du judaïsme] des rapports que nous n'avons avec aucune autre religion. » II est remarquable que, dans le document adressé en 1985 aux prédicateurs et aux catéchistes par la commission romaine pour les relations avec le judaïsme, les formules les plus audacieuses sont écrites entre guillemets et empruntées à Jean-Paul II, derrière l'autorité duquel la commission ne cesse de se retrancher. On peut y lire en particulier que christianisme et judaïsme sont liés « au niveau même de leur identité ». La commission en tire la conclusion que l'information sur les juifs et le judaïsme ne doit pas occuper dans la catéchèse une place occasionnelle et marginale, mais qu'elle doit y être intégrée de façon organique.

« Quiconque rencontre Jésus-Christ rencontre le judaïsme », disait Jean-Paul II dans son discours de Mayence, reprenant à son compte une formule des évêques allemands. « Les Écritures sont inséparables du peuple et de son histoire. » Ce refus de dissocier Jésus de son peuple l'a conduit à désavouer fermement toutes les tentatives d'inculturation de la foi chrétienne qui feraient fi de la judéïté de Jésus. Dans son discours aux participants au colloque sur « Les racines de l’antijudaïsme en milieu chrétien », le 31 octobre 1997, il affirme : « À l'origine de ce petit peuple [Israël] il y a le fait de l'élection divine [...].Son existence n'est donc pas un pur fait de nature ni de culture au sens où par la culture l'homme déploie les ressources de sa propre nature. Elle est un fait surnaturel. Ce peuple persévère envers et contre tout du fait qu'il est le peuple de l'Alliance et que, malgré les infidélités des hommes, le Seigneur est fidèle à son Alliance. Ignorer cette donnée première, c'est s'engager sur la voie d'un marcionisme contre lequel l'Église avait réagi [...], dans la conscience de son lien vital avec l'Ancien Testament, sans lequel le Nouveau Testament lui-même est vidé de son sens. [...J.Ceux qui considèrent le fait que Jésus fut juif et que son milieu était le monde juif comme de simples faits culturels contingents auxquels il serait possible de substituer une autre tradition religieuse dont la personne du Seigneur pourrait être détachée sans qu'elle perde son identité, non seulement méconnaissent le sens de l'Histoire du Salut, mais plus radicalement s'en prennent à la vérité de l'Incarnation même, rendent impossible une conception authentique de l'inculturation. »

On a beaucoup parlé des gestes qu'il a posés. Ces gestes eux-mêmes n'étaient pas dépourvus de densité théologique. Aller prier le « Dieu de nos pères » devant le mur occidental du temple, puis déposer le texte de sa prière entre les pierres du mur était bien loin d'un rite folklorique. C'était la reconnaissance de ce que ce lieu représente. Une tradition juive, reprenant un verset du Cantique des Cantiques, ne dit-elle pas que le Bien-aimé est derrière le mur ? (Ct 2,9).

Il n'est pas certain que cet enseignement ait été perçu et reçu dans l'Église comme il l'aurait mérité. Il est même permis d'en douter, à la lecture de certaines déclarations ecclésiatiques où se manifeste un souci évident de maintenir un équilibre et une symétrie, plus sociologiques que théologiques, entre le judaïsme et l'islam ; sans parler de lapsus homilétiques sur « nos frères musulmans et nos amis juifs ». Du moins, ceux qui se sont donné pour tâche d'œuvrer à la reconnaissance mutuelle entre juifs et chrétiens peuvent-ils s'appuyer désormais sur un enseignement ferme, exprimé dans un corpus de textes sans précédent dans l'histoire de l'Église, et dont la théologie n'a pas fini d'évaluer la portée ni de mesurer les conséquences.

Michel Remaud

 

« J'avais de l'affection pour ce grand-père. »

Comme chrétiens vivants en Israël nous avons été touchés par la bienveillance voire la sympathie des médias israéliens relatant les événements liés à la mort du pape Jean-Paul II. Ce n'est pas seulement le chef de l'Eglise catholique, un homme de paix, influent sur les événements du monde et dont la personnalité morale ne peut être remise en cause qui a été salué par les dirigeants israéliens, les rabbins, les hommes de lettres, les analystes, le peuple mais bien « un ami du peuple juif » comme l'a souligné l'ancien Grand Rabbin d'Israël, le rav Lau. Les témoignages et les marques d'affection pour l'homme et ce qu'il représente ont été tellement nombreux que le nonce apostolique en Israël, Mgr Pietro Sambi, a exprimé sa surprise devant tant de réactions.

Ce ne sont pas seulement les politiques et les intellectuels israéliens qui ont exprimé leur sympathie pour le pape défunt. Je me permets ici un témoignage personnel : le lendemain de l'enterrement du pape, j'ai parlé avec un jeune soldat israélien de 20 ans (qui ne savait pas que j'étais chrétien) et qui m'a expliqué qu'il avait tenu à suivre entièrement la messe des funérailles du pape à la télé car me dit-il : « J'avais de l'affection pour ce grand-père. »

On aurait pu croire que la visite du pape en mars 2000, il y a déjà cinq ans, avait été oubliée des Israéliens. Il n'en est rien. Elle reste profondément ancrée dans les mémoires et dans les cœurs. Dans la mémoire du peuple juif qui se souvient que ce pape polonais leur a rendu quelque chose de leur dignité, en les respectant pour ce qu'ils sont et en les considérant de la même famille en leur disant : « Vous êtes les frères aînés ». Cette petite phrase simple prononcée par un pape change radicalement le rapport du juif avec le chrétien.

En Israël, la couverture médiatique a été impressionnante. En France, on aurait dit sans doute qu'elle était exagérée et des voix se seraient élevées pour protester. Pour les Israéliens, cela paraissait naturel. Les deux plus grandes chaînes de télévision israélienne ont interrompu leurs programmes à l'annonce de la mort du Pape Jean-Paul II pour faire place à près de deux heures de magazines et d'actualités dont des directs depuis la place Saint-Pierre. Les stations de radio ont également changé leurs grilles de programmes. Le lendemain et durant toute la semaine jusqu'aux funérailles, la presse écrite, mais aussi les grands sites Internet ont consacré de très nombreux articles, témoignages et analyses. J'ai cherché la protestation contre l'ampleur donnée à l'information ou du moins des expressions de ras-le-bol, mais en vain.

Le ton était presque toujours bienveillant et plein de respect pour le pape bien sûr, mais aussi, et cela mérite d'être relevé, pour l'Eglise. Cette bienveillance, que l'on n'a pas toujours trouvée dans la presse catholique française, était l'expression d'une reconnaissance du peuple d'Israël pour Jean-Paul II.

La presse israélienne ne s'est pas contentée de parler du pape et de son rapport aux Juifs mais a évoqué tous les aspects de son pontificat. Les articles étaient parfois très fouillés et pointus. Ainsi par exemple, Méron Rappoport, l'envoyé spécial du quotidien Haaretz, a remarquablement bien expliqué ce qu'est un cardinal in pectore.

Les obsèques étaient retransmises en direct sur les deux plus grandes chaînes de télévision israéliennes. Sur la première chaîne, le Custode de Terre Sainte en personne, le père Pierbattista Pizzaballa, qui parle couramment hébreu, était invité pour aider les journalistes à faire suivre au public israélien cet événement. La qualité des commentaires et le respect des journalistes méritent d'être soulignés d'autant que sur la deuxième chaîne, il n'en fut pas ainsi. Le Dr Minerbi, 'spécialiste' israélien des questions catholiques, invité par la rédaction de la deuxième chaîne n'a pas pu s'empêcher, à son habitude, de se déchaîner contre le pape et le Vatican. La critique n'est légitime que si elle est juste. Ses interventions tranchaient sur l'ensemble des commentaires.

La mort du pape a été un révélateur du changement de regard de la société israélienne sur les chrétiens en général et sur l'Eglise catholique en particulier. Le pape Jean-Paul II, jusque dans son testament a tenu à exprimer son affection pour le peuple juif en mentionnant l'ancien Grand Rabbin de Rome, Elio Toaff. Quelque chose a profondément changé.

Pour conclure voici ce qu'une lectrice d'Un écho nous écrit : « Je suis aussi très touchée et très triste du décès du Pape Jean-Paul II. C'était un Saint, II avait une très grande humanité en lui. J'espère de tout coeur que le prochain Pape sera comme lui, et qu'il y aura toujours ce lien entre juifs et chrétiens que finalement le Pape Jean-Paul II est parvenu à ce résultat. Mon mari est un rescapé d'Auschwitz : ses parents ont été gazés, ses deux soeurs et son frère sont morts dans le même camp sans compter ses grands-parents, des cousins, des oncles, des tantes, des amis. Il a été déporté d'Italie en juillet 1944. Plus jamais cela : et j'espère que le prochain Pape sera comme Jean-Paul II qui est le seul Pape à avoir demandé pardon pour toutes les souffrances que les juifs ont subies depuis des décennies. »

Jean-Marie Allafort

HISTOIRE

Du 13 septembre 1993 jusqu'à l'élection d'A. Sharon

Après la signature du 13 septembre 1993 à Washington, I. Rabin et S. Pérès sont reçus par le roi du Maroc et ces accords sont mieux accueillis qu'on ne le pensait. Les partisans israéliens du « Transfert » font une campagne intensive en s'appuyant sur les attentats passés et actuels des kamikazes, attentats au couteau, enlèvements. I. Rabin est pour eux un « traître » ; une guerre civile semble s'annoncer.

Y.Arafat lui aussi a ses partisans et ses opposants. Le « Front du refus » est décidé à « tuer le plus possible de Juifs ».

Entre le 13 septembre et le 15 février 1994, il y aura plus de vingt civils Israéliens tués. Le but est d'empêcher la paix de se concrétiser; la droite israélienne profite de cette politique du Hamas, ayant elle aussi pour objectif de faire tomber le gouvernement et d'annuler l'accord d'Oslo.

Le 25 février, Baroukh Goldstein, kahaniste, assassine 29 Musulmans en prière dans le tombeau des Patriarches à Hébron. Des observateurs internationaux y sont envoyés. La position des rabbins nationalistes se radicalise (interdiction de démanteler une agglomération juive).

L'extrême droite israélienne se renforce, les attentats se multiplient. Malgré cela, les négociations israélo-palestiniennes continuent, difficilement, au Caire sous l'égide du président égyptien H.Moubarak.

La Bande de Gaza est évacuée, l'Autorité palestinienne se met en place petit à petit. Il y a coopération entre militaires palestiniens et israéliens.

Le premier juillet 1994 Y.Arafat entre à Gaza.

Aux Etats-Unis et en France, des Juifs s'indignent de ce que la terre des ancêtres est livrée à l'ennemi, et ils apportent leur aide à l'extrême droite israélienne. Les attentats sont de plus en plus meurtriers.

I. Rabin, S. Pérès et Y. Arafat reçoivent le prix Nobel de la paix.

Le 25 juillet 1994 un document énonce les principes d'un traité de paix qui sera signé le 26 octobre, entre I. Rabin et le roi Hussein de Jordanie dans la Arava. Des accords économiques sont également mis en place avec d'autres pays arabes. Les opposants à la paix, les plus durs comme les fondamentalistes islamistes d'Iran et de Libye, menacent l'Egypte, la Jordanie et les pays d'Afrique du Nord.

La Syrie tente de parler de paix avec son parlement, mais la question du Golan va enlever à I. Rabin le soutien d'un nombre non négligeable de son propre parti et les négociations israélo-syriennes ne donneront aucun résultat, tandis que les négociations israélo-palestiniennes en juillet-août 1995 progresseront malgré les crises répétées.

L'extrême droite renforce ses manifestations, bloquant les routes, se heurtant aux policiers et aux militaires, utilisant pour la première fois les symboles de la Shoah contre les membres du gouvernement d'Israël (ils sont comparés aux Nazis, à la Gestapo...), spécialement I. Rabin qui a signé « Oslo B » à Washington le 28 septembre. Dans ce traité, la Cisjordanie est partagée en trois zones, A: six villes palestiniennes remises à l'Autorité palestinienne ; B: 450 localités avec les 2/3 de la population de Cisjordanie où la souveraineté politique et civile sera exercée par les Palestiniens et la sécurité par les Israéliens ; C : administration israélienne. Il y aura aussi la libération de nombreux détenus palestiniens.

La droite à Jérusalem manifeste le 5 octobre, scandant des cris de mort et en réponse, le 4 novembre, une foule nombreuse se rassemble à Tel-Aviv en faveur des accords de paix et applaudit I. Rabin et S.Pérès.

Au terme de la manifestation, Rabin est assassiné par un fanatique du nom d'Yigal Amir.

Cet assassinat montre la fragilité du système démocratique dont Israël se faisait l'exemple, alors qu'une partie de la population, par fanatisme idéologique, a adopté des modes de pensée semblables à ceux du fanatisme islamique. Dès le mois de novembre des soutiens à Y.Amir apparaissent, la répression contre les Kahanistes est de courte durée et est vite présentée comme « un quasi pogrom ».

S. Pérès remplace I. Rabin à la tête du gouvernement et le retrait israélien est effectué dès la mi-novembre.

Début janvier 1996 « l'ingénieur », responsable de nombreux attentats, a été tué par le Shin Beit et le Hamas se promet de le venger et de faire échouer les négociations en intensifiant les attentats.

Le 20 janvier 1996 ce sont les élections palestiniennes et le 30 mars à Charm el Sheikh, trente chefs d'Etats s'unissent lors d'un sommet très médiatique pour la lutte contre le terrorisme.

En avril 1996 le Hezbollah multiplie ses attaques sur le nord d'Israël qui réplique violemment.

Le 29 mai 1996, B. Netanyahu est élu avec 30000 voix de plus que S. Pérès. Les crises vont se succéder, le chômage augmente ; B.Netanyahu va respecter les engagements internationaux pris par ses prédécesseurs mais il s'oppose à la création d'un Etat palestinien en favorisant les implantations juives en Cisjordanie. Le 23 septembre l'ouverture du tunnel qui longe le Mur occidental va augmenter les tensions à Jérusalem, ralentissant ainsi le processus de paix : 15 Israéliens et 60 Palestiniens sont tués dans les trois jours qui suivent. Le 15 janvier 1997, l'Autorité palestinienne reçoit la ville d'Hébron, moins le quartier juif. Le retrait se poursuit entraînant la colère de la droite, pour qui c'est une trahison.

Les crises se succèdent tant en politique intérieure qu'extérieure ; chaque fois qu'un pas est fait envers les Palestiniens, la droite menace le gouvernement. S Pérès cède la place à Ehud Barak comme leader du parti Travailliste. Le vote du budget de 1998 entraîne la démission de David Lévi, ministre des Affaires étrangères. Les Etats-Unis insistent pour que B. Netanyahu avec son nouveau ministre des Affaires étrangères, Ariel Sharon, viennent discuter des pourparlers israélo-palestiniens qui n'en finissent pas. Le 23 octobre 1998, à Wye-Plantation des accords sont signés : la zone A comprendra 17% de la Cisjordanie, la zone B 23%, des prisonniers seront libérés, un aéroport international sera construit à Gaza ; les Palestiniens s'engagent à lutter davantage contre le terrorisme.

Sur fond de scandales et suite à une crise politique interne, Netanyahu démissionne. Les prochaines élections ont lieu le 17 mai 1999 et Ehud Barak remporte 56 % des voix. Voulant être le Premier ministre « de tous », il compose un gouvernement avec une majorité fractionnée qui est de fait « ingouvernable ».

En politique extérieure, c'est la convention de Sharm El Sheih le 4 septembre où E.Barak veut lancer les négociations sur le règlement final du conflit : Jérusalem, les frontières, les réfugiés, l'Etat palestinien, les implantations. E. Barak et Y. Arafat veulent arriver rapidement à une solution ; E. Barak s'engage aussi à évacuer le Sud liban, ce qu'il fera en une nuit, le 24 mai, et qui sera considéré comme une victoire pour les Palestiniens.

B. Clinton invite en juillet Y. Arafat et E. Barak à Camp David pour des négociations alors que le gouvernement Barak continue à se décomposer : quinze jours de discussions suffisent à constater l'échec. B. Clinton accuse Y. Arafat d'en être le responsable, mais celui-ci est accueilli en vainqueur lorsqu'il rentre à Gaza.

Le 26 septembre, Ariel Sharon annonce son intention de monter sur l'esplanade du Temple ; les émeutes éclatent, 20 policiers israéliens et 10 palestiniens sont blessés. Le 29, les Territoires sont en feu, l'Intifada El-Aqsa a commencé avec son cortège de combats, de morts, de lynchages ; les Arabes israéliens manifestent violemment, les foules se rassemblent au Caire, à Amman et à Damas, appelant à la guerre sainte contre Israël.

Le 16 octobre 2000, rencontre à Sharm El Sheikh entre B. Clinton, Y. Arafat, E. Barak et H. Moubarak pour essayer de juguler l'Intifada, mais en vain.

Le 28 novembre E. Barak démissionne. A. Sharon est candidat au poste de Premier ministre. Il remportera les élections du 6 février 2001. Son programme : la création d'un État palestinien dans les Territoires qui sont déjà aux mains des Palestiniens, pas de nouvelles implantations mais pas de suppressions d'implantations existantes. Le territoire de Gaza peut être élargi.

Cécile Pilverdier

Des retraités devenus artistes

Au 14 de la Rue Shivtei Israël, entre la mairie de Jérusalem et l'hôtel Notre-Dame, rien ne distingue à première vue le magasin Yad la kashish (la main [tendue] au vieillard) de n'importe quel autre magasin de souvenirs et d'objets d'art, sinon peut-être la variété des articles qui s'y trouvent mis en vente. Il s'agit pourtant d'un établissement original, puisque tous les objets que l'on peut y trouver sont fabriqués par des artistes amateurs de soixante à quatre-vingt dix ans.

Yad la kashish est né en 1962, lorsqu'une femme du quartier, Myriam Mendilow, fatiguée d'entendre des enfants se moquer des vieux, décide de prendre les moyens de montrer aux jeunes ce que les vieux peuvent faire, pour encourager les premiers à respecter les seconds, et permettre à ces derniers de conserver leur dignité. Avec quelques retraités, elle monte un atelier de reliure. Les livres scolaires des enfants sont souvent en mauvais état. Les écoliers vont donc pouvoir faire relier leurs livres par les anciens. Chacun des livres restaurés portera un tampon disant : « Si ton livre est en bon état, c'est grâce aux vieux de Jérusalem. »

Rapidement, l'entreprise va se développer et entraîner l'ouverture de nouveaux ateliers ainsi que d'un magasin de vente. Aujourd'hui, ce sont 250 personnes âgées qui travaillent dans différentes salles à la reliure, la ciselure, la broderie, la peinture etc. On entend parler russe dans certains ateliers, éthiopien dans d'autres. Il existe même un atelier pour vieillards handicapés. Simple salle de travail à l'origine, Yad la kashish est devenu aujourd'hui presque un quartier, un de ces enchevêtrements de bâtiments disparates, de ruelles et d'escaliers qui font le charme du vieux Jérusalem.

L'entreprise n'emploie qu'un minimum de personnel salarié : la directrice, une assistante sociale, quelques artistes professionnels pour la formation technique et pour la direction des ateliers. La vente des produits finance près de la moitié des frais. Le reste est couvert par des dons. Ceux et celles qui travaillent dans les ateliers reçoivent pour chaque matinée de travail un peu d'argent ainsi qu'un repas gratuit servi sur place. Il reçoivent aussi une aide pour les soins dentaires et les achats de lunettes. Le magasin est tenu par des bénévoles. Il faut le souligner : ceux qui travaillent dans ces ateliers ne sont pas des artistes retraités, mais des retraités devenus artistes, qui peuvent exercer aujourd'hui des talents qu'ils n'avaient jamais mis en œuvre auparavant. Certains d'entre eux, montés en Israël à l'âge de la retraite, ont trouvé ici de quoi occuper leur temps et leurs mains. À la visite des ateliers, on peut être surpris de la minutie avec laquelle des anciens exécutent des travaux de précision.

Les objets mis en vente sont d'une variété extrême, depuis la peinture sur soie jusqu'au papier mâché, en passant par le cuivre ciselé, les bijoux en argent, le tricot, la broderie, la céramique, la baudruche, les jouets en bois... On en trouve pour tous les goûts, même les plus exigeants, et ce qui peut apparaître aux plus difficiles comme d'une qualité artistique discutable peut être considéré comme ravissant par des touristes venus d'autres pays. Signe de la réussite de l'entreprise : en ce matin du 24 mars, les trois salles du magasin étaient remplies déjeunes.

Indications pratiques :

YadLeKashish ; 14, Rue Shivtei Israël ; P.O.Box 28, Jérusalem 91000 ; Tél. 972 2 628 78 29. Quatre

emplacements de stationnement d'autocars sont réservés devant le magasin (demander un ticket à l'intérieur).

Michel Remaud

Qui se souvient des Arméniens ?

Cette phrase attribuée à Hitler juste avant sa décision de détruire les Juifs d'Europe peut résumer une réalité plus générale. Se souvient-on des Arméniens ? Se souvient-on de leur génocide ?

Le 24 avril de cette année, les Arméniens du monde entier vont en effet commémorer le 90ème anniversaire de leur génocide, de ce qu'ils nomment leur « holocauste oublié », le premier génocide du 20ème siècle.

C'est sous l'Empire Ottoman que le gouvernement des « Jeunes Turcs » fit périr entre 1915 et 1916 un million et demi d'Arméniens sur une population arménienne de deux millions dans l'Empire... Simplement parce qu'ils étaient arméniens.

Ce fut en effet le 24 avril 1915 que 600 personnalités arméniennes : des écrivains, des penseurs, des responsables de communautés furent saisis à Constantinople (Istambul), déportés et tués, et que 5 000, parmi les plus pauvres, furent abattus dans les rues et dans leurs maisons. Dans l'Anatolie orientale tous les hommes arméniens, de 15 à 62 ans, furent convoqués, désarmés et exécutés. Les femmes, enfants et vieillards furent déportés en Syrie. Des milliers furent brutalement assassinés en route par des soldats turcs ou des nomades kurdes. « Nous nous devons de faire connaître ces faits », insiste l'historien arménien, Georges Hintlian, de 58 ans, résident de la Vieille Ville de Jérusalem.

Coincé entre le quartier juif et le quartier musulman, le quartier arménien veut rester lui-même. « II y a Jérusalem, et il y a le quartier arménien qui est un monde en lui-même » dit Hintlian. « C'est notre chez nous, mais parfois nous nous sentons étrangers ». Pour Tchekemian qui vit ici depuis 80 ans, sa vraie patrie, c'est l'Arménie. « Spirituellement nous vivons partiellement en Arménie ».

La communauté arménienne reste habituellement en dehors des médias et peu y prêtent attention. Malgré l'affinité qu'ils ressentent avec le peuple juif, grâce à une tragédie commune, en cette fin mars deux prêtres arméniens ont été assaillis près du St Sépulcre par des juifs extrémistes. Depuis les années 80, de semblables agressions s'étaient déjà produites, des maisons et des magasins arméniens furent brûlés. En octobre 2004 l'évêque Manongian fut attaqué par un étudiant de Yeshiva. Trois mois plus tard, quatre étudiants de Yeshiva furent arrêtés après avoir agressé le Père Ipradjian. Le maire de Jérusalem, Uri Lupolianski, condamna sévèrement cet acte qui « mettait en danger les relations délicates qui existent à Jérusalem ». Le Grand Rabbin Yona Metzger rencontra pour la première fois, fin janvier 2005, le Patriarche arménien, Torkom Manongian pour s'excuser et appeler la société juive à respecter les autres religions.

Devant cette situation, les Arméniens, fidèles à la Parole « tendre l'autre joue », se tiennent autant que possible en dehors du conflit. Hintlian ne prend pas trop au sérieux ces difficultés, les considérant comme l'affaire d'une minorité extrémiste. « Nous avons plus de tensions avec d'autres communautés chrétiennes qu'avec les Juifs et les Musulmans », précise-t-il.

Par contre, Hintlian est amer lorsqu'il parle du refus d'Israël de reconnaître le génocide des Arméniens. « Dix sept pays ont reconnu officiellement l'holocauste arménien, ainsi que la Sous-Commission de l'ONU des Droits de l'Homme et le Parlement Européen. Mais pour ne pas déplaire à la Turquie, Israël ne l'a pas fait ».

Au niveau politique, la communauté arménienne évite de prendre position et reste silencieuse. « Nous voulons rester en dehors du conflit israélo-palestinien. Les Israéliens, comme les Palestiniens, nous respectent dans notre réalité. D'ailleurs, nous sommes si peu nombreux ».

La plupart des Arméniens vivent dans la Vieille Ville et, comme les Arabes, leurs voisins, ont une carte d'identité israélienne et un passeport jordanien. Ils ne servent pas dans l'armée. Pour des visiteurs désirant passer plus de trois mois avec leurs frères arméniens, il est souvent difficile d'obtenir des visas, difficulté partagée avec tous les autres étrangers. C'est regrettable, car de nombreux Arméniens, pour des raisons religieuses, voudraient habiter Jérusalem.

Les Arméniens insistent sur le parallélisme qui existe entre leur histoire et celle du peuple juif. Comme eux, ils ont survécu à travers des siècles à l'assimilation, gardant leur culture, leurs traditions, leur être profond. Leur emblème, le Mont Ararat, lieu traditionnel de l'Arche de Noé, symbolise l'éternité de leur peuple, même si la communauté de Jérusalem se rétrécit. « A ma naissance, ils étaient 15 000 dit Hintlian, aujourd'hui nous ne sommes plus que 1 700 à vivre dans le quartier arménien, et 2 500 à Jaffa, Haïfa et Bethléem. Vingt pour cent des Arméniens se marient avec d'autre chrétiens de Jérusalem ». « Plusieurs jeunes partent pour l'Arménie ou pour l'Amérique. Dans 10 ans, il n'y aura plus grand monde » dit Karekin Tchekemian, âgé de 89 ans, qui vint à Jérusalem en 1916, « trois de mes enfants vivent en Floride ».

Avant l'existence des grandes surfaces, les Arméniens étaient traditionnellement artisans, cordonniers, tailleurs. Le premier magasin de photos et la première imprimerie à Jérusalem étaient arméniens. Aujourd'hui, les magasins arméniens sont réputés pour leur céramique très appréciée par le monde juif et par les touristes. La société arménienne se caractérise par un très haut niveau d'éducation. L'école arménienne, Tarkmanchatz, créée en 1929 continue à fonctionner : sur 425 élèves arméniens, 125 font leurs études dans cette école, en arménien, en anglais et en hébreu. Les autres enfants fréquentent les écoles arabes chrétiennes.

Margaret Kevorkian, 55 ans, de la seconde génération après le génocide arménien est revenue à Jérusalem après la guerre des Six Jours « Nous étions des pionniers, désirant que nos enfants reçoivent une formation intellectuelle de haut niveau et renoncent à la filière commerciale de la génération précédente. » « Mes trois filles parlent 5 langues : l'arménien, l'arabe, l'anglais, le français et l'hébreu. La plus jeune va poursuivre ses études à l'Université Hébraïque de Jérusalem, » raconte Sandrouni.

La plupart des Arméniens de la Vieille Ville sont des locataires du patriarcat arménien. La population arménienne est aujourd'hui de 3 millions en Arménie et de cinq millions en Diaspora : 2 millions en Russie, 400 000 en Géorgie, 450 000 au Moyen Orient, 250 000 en France et un million aux USA. Les Arméniens de la diaspora aident dans la mesure de leur possible l'Arménie qui est un pays pauvre.

La présence arménienne en Terre Sainte remonte à l'Antiquité, avec des hauts et des bas. Le monachisme commença dès le 4eme siècle. Depuis 1 500 ans, les Arméniens y assurent une présence continue. Le quartier arménien date du temps des Croisades.

Malgré la réduction du nombre d'Arméniens en Vieille Ville, la communauté ne disparaîtra jamais. Et cela grâce à la présence du patriarche arménien qui, avec le patriarche grec orthodoxe et le custode de Terre Sainte sont les gardiens des lieux saints. Hintlian est optimiste : « Je crois à la paix. Comme tous les conflits précédents, celui-là finira également. Et la paix apportera beaucoup à notre communauté. »

Antoinette Brémond

(D'après un article de Daniel Ben-Tal, Jérusalem post du 1er avril 05)

 

Nouvelles au fil du mois...

Désinformation : Chrétiens de Palestine (30 mars 05)

Quelqu'un a dit un jour que la force d'une erreur, c'est la part de vérité qu'elle contient. Marwan Bishara en fait une fois de plus la démonstration, dans un article publié dans Le Figaro (http://www.leFigaro.com/debats/20050329.FlGO 165.html) et repris par Le Monde

 (http://forums.lemonde.fr/perl/showthreaded.pl ?Cat=&Board=ftm&Number= 1500067).

Selon une méthode de propagande bien rodée, il nous offre un amalgame de vérités et de mensonges éhontés, le

tout appuyé sur des chiffres apparemment précis et souvent totalement fantaisistes.

Les entraves à la circulation à l'intérieur des territoires ont été dénoncées depuis longtemps même par des officiers israéliens qui contestent leur utilité et leur efficacité. Mais on aimerait savoir comment l'auteur a pu compter 10 barrages militaires autour de Bethléem. On aimerait aussi connaître le nom et voir la photo de cette église qui aurait été « bombardée », ou savoir comment la sœur de l'auteur aurait pu poursuivre imperturbablement sa route dans une voiture « criblée de balles ». « Les neuf hôpitaux, vingt-deux églises et onze mosquées de Bethléem sont aujourd'hui hors d'accès pour les Palestiniens du voisinage et pour le reste du monde. » Faux : que l'auteur se rende sur le « barrage 300 », en cette semaine pascale, et il verra passer sans difficultés des autocars de pèlerins. D'après l'A.F.P., 8200 Palestiniens chrétiens de Judée Samarie et 250 de Gaza ont obtenu l'autorisation de se rendre à Jérusalem et à Nazareth à l'occasion des fêtes pascales. Les chrétiens seraient minoritaires à Bethléem depuis l'an 2000 : faux, il l'étaient déjà depuis les années 80. « Les mesures restrictives contre les chrétiens et les musulmans ont commencé, curieusement, en 1993, avec le processus de paix. » : Faux.

Inutile d'allonger la liste des mensonges que l'auteur a réussi à fourrer en un peu plus d'une page. Mais il faut quand même relever un signe évident de mauvaise foi : rien n'est dit des brimades subies par les chrétiens de la part des musulmans alors qu'il s'agit de la cause principale de leur exode. Et si l'auteur est aussi bien informé qu'il le prétend, il doit savoir qu'aujourd'hui encore, des Palestiniens chrétiens demandent et obtiennent la carte d'identité israélienne.

Que la propagande palestinienne fasse un grand usage de l'amalgame entre vérité et mensonge n'est pas une nouveauté. Que deux grands quotidiens réputés sérieux lui ouvrent complaisamment leurs colonnes est navrant et, plus encore, de nature à susciter les plus grandes inquiétudes.

M.R.

 

 

Mgr Gourion : "les relations avec les Juifs étaient au coeur de la pensée du pape" (3 avril 05)

Propos de Mgr Jean-Baptiste Gourion, évêque auxiliaire de Jérusalem chargé des communautés catholiques hébraïques, à Jean-Marie Allafort à l'occasion de la mort de Jean-Paul II :

Le pontificat de Jean-Paul II a été en crescendo. Le Pape a continuellement réfléchi et évolué. Il a pénétré les réalités avec de plus en plus de profondeur à travers les obstacles qu'il a pu rencontrer. Pour nous qui sommes ici et qui vivons au milieu du peuple juif, il a été une voix. Au début, on a voulu lui faire un procès parce qu'il était Polonais et donc soi-disant antisémite.

Jean-Paul II s'est fixé l'an 2000 comme date essentielle où il allait pouvoir dire et faire ce qu'il désirait avant son départ. On savait qu'il y avait longtemps qu'il voulait venir en Terre Sainte et il a réalisé son souhait. Malheureusement, il n'a pas pu en réaliser un autre qui lui tenait à cœur : se rendre en Russie. L'œcuménisme étant aussi un grand souci de son pontificat.

Il a donné un visage humain, vivant et touchant de l'Eglise en demandant pardon pour les fautes du passé. C'était important que les chrétiens reconnaissent qu'ils avaient péché.

Les relations avec les Juifs étaient au cœur de sa pensée. En posant les gestes qu'il a posés : au Yad Vachem il a affronté de plein pied la fournaise de l'Holocauste, dans ce lieu symbolique, au milieu de l'Israël vivant ; au Mur occidental, le Pape a fait quelque chose d'inouï : il s'est comporté comme un juif pieux. C'est la même prière qu'il aura dite à Rome et déposée à Jérusalem.

Jean-Paul II était un homme de contact, ce n'était pas un homme de dossiers. Il a changé le cours des relations judéo-chrétiennes. Ses condamnations de l'antisémitisme sont radicales et sans ambiguïté et s'il y avait des retours en arrière, ce serait insoutenable. Il a réappris aux chrétiens le respect qu'ils doivent aux Juifs et leur place incontournable dans l'histoire du Salut.

Ma nomination comme évêque responsable de la communauté catholique hébraïque en Israël était un acte de confiance et de respect et je sais qu'elle fut directement voulue par lui.

Si nous mettons en pratique ce qu'il nous a demandé au niveau du pardon et du respect des autres, nous avons les moyens de redonner à l'Eglise le visage qu'elle aurait toujours dû avoir vis-à-vis des Juifs.

Le jour d'après (9 avril 05)

Plus d'une centaine de rabbins et d'éducateurs se sont rencontrés fin mars à Jérusalem pour une réflexion théologique sur la situation du pays après le retrait de la Bande de Gaza et du nord de la Samarie.

Que se passera-t-il 'après' ? Quel sera notre message, notre position, le jour d'après ?

« Plusieurs rabbins m'ont demandé d'annuler cette conférence qui risquait d'affaiblir le combat contre le plan deséparation » disait le rabbin Rafi Feuerstein, l'un des organisateurs de cette rencontre. « Mais je crois qu'il nousfaut faire face au défi émotionnel et spirituel et nous préparer au lendemain »L'un des buts de cette conférence était de préparer les sionistes religieux à coopérer avec les sionistes laïques, touten conservant leur foi et leur manière de vivre selon la Tora, même après la séparation. Continuer à prier le Hallel(psaumes de louange) le jour de la fête de l'Indépendance et de prier pour l'Etat d'Israël même lorsque denombreux juifs religieux auront dû quitter leurs maisons.

Il faut savoir que nombreux sont les rabbins qui pensent que s'il faut choisir entre l'unité du peuple juif d'une partet la fidélité à la loi juive et le combat pour le Grand Israël selon les frontières bibliques d'autre part, ce sera ledernier point qui l'emportera. Ce qui explique leur refus de se joindre à cette conférence, ne voulant même pasenvisager un 'après'.

D'autres rabbins, comme Shlomo Aviner connu pourtant pour son opposition au plan d'évacuation, étaient présents. Le rabbin Aharon Lichtenstein allait même jusqu'à soutenir que ce désengagement pourrait être une bonne chose. En bref, les participants ont souligné la nécessité première de maintenir des relations et une coopération entre les éléments religieux et laïques de la société israélienne pour éviter une fissure irréparable. A quoi ressemblera l'Etat d'Israël après la séparation ? Quelle sera notre position, notre théologie ? Comment éviter une terrible crise d'identité sur la vision même de l'Etat d'Israël ?

« Rien de ce qui est important ne vient facilement » disait Aviner, « ce que nous allons vivre prochainement semble un échec à notre conception théologique sioniste. Nous ne pouvons pas comprendre Son plan mais nous ne devons pas perdre la foi lorsque les éléments semblent contraires à notre attente. »

A la fin de la conférence, les participants ont fait une déclaration en quatre points, constituants la base du sionisme religieux :

1- Nous redisons notre fidélité à l'Etat d'Israël, fidélité basée sur la Torah sachant que l'existence de cet Etat est le commencement de notre rédemption et l'accomplissement national du Peuple Juif.

2- Nous devons faire tout notre possible pour encourager l'unité du peuple d'Israël dans ses heures critiques et parallèlement, fortifier le lien spirituel et concret existant entre la Nation et la Terre.

3- Nous nous efforcerons de maintenir tout le pays sous la juridiction de l'Etat d'Israël tout en adhérant pleinement aux lois de la démocratie.

4- Nous estimons tout particulièrement important de travailler à unifier les divers courants du sionisme religieux.

(D'après un article de Jérusalem Post du 1er avril 05, par Mati Wagner)

A.B.

 

Le chant du mois : hommage à Ehud Manor.

L'une des plus grandes figures de la chanson israélienne, le chansonnier, compositeur mais aussi auteur, EhudManor, est décédé mardi 12 avril d'un arrêt cardiaque, à l'âge de 64 ans. Il était l'auteur de plus d'un millier dechansons dont certaines sont devenues des classiques dans le pays. Sa contribution à la culture israélienne esttellement immense que son ami, le chanteur Shlomo Artzi, l'a comparé à Bialik.

La mort d'Ehud Manor a bouleversé tous les Israéliens parce qu'il savait toucher le cœur de chacun par ses mots,apparemment si simples.Dans son éloge funèbre, le vice-Premier ministre Shimon Pérès a souligné combien Ehud Manor avait su, à traversses chansons, conter Pamour d'Israël. « II savait chanter comme Israël voulait qu'on lui chante. Il a chanté la véritéisraélienne dans toute sa plénitude. »La ministre de la culture, Limor Livnat, a dit, très émue : « Israël se sent orphelin. Israël a perdu un père que tout lemonde aimait. »Ehud Manor n'était pas seulement un grand compositeur, il écrivait aussi des livres pour les enfants. Il était de fait resté un enfant ou plus exactement redevenu un enfant. Il avait écrit d'ailleurs une célèbre chanson sur ce thème : « c'est ma deuxième enfance. »

Pour rendre hommage à ce grand artiste de notre époque, nous vous proposons comme chant du mois, une chanson - on devrait dire un hymne - qu'il avait composée pour son jeune frère Yehouda, tué pendant la guerre d'usure.

Mon jeune frère Yehouda

 


Mon jeune frère Yehouda

Est-ce que tu m'entends ?

Est-ce que tu sais ?

Le soleil apparaît chaque matin

Avec sa lumière blanche

Et chaque soir le vent disperse

Les feuilles du jardin.

La première pluie est tombée

II y a deux jours

Un soir du troisième jour

Et à nouveau l'on peut voit les

deux

Se refléter sur les flaques de la

grand ' route.

Mon jeune frère Yehouda

Est-ce que tu m'entends ?

Est-ce que tu sais ?

Dans ton jardin d'enfants

On apprend déjà un nouveau

chant

Et au lycée, les jeunes

Font de nouveau du sport sur le

terrain

Les vents du soir

Gémissent sur le balcon

tous les chants de l'automne,

et maman attend dans le secret

qu 'une lettre peut-être arrivera.

Mon jeune frère Yehouda

Est-ce que tu m'entends ?

Est-ce que tu sais ?

Tous tes bons amis

Portent ton image avec eux

Et dans chaque tank sur la ligne

de démarcation

Tu te trouves avec eux

Mon frère bon

Je me souviens de tes deux yeux

Ils résolvent l'énigme

Mon petit garçon est beau

comme toi

Et je l'ai appelé - Yehouda


 

J.M.A.

et l'humour en finale...

Le petit Moshé est en train de se baigner dans la mer. Tout à coup, il semble en difficulté et doit lutter contre les vagues. Sa mère, qui le surveille de la plage, se met aussitôt en prière et promet au Ciel tout ce qu'on peut promettre en pareil cas : Je ferai le shabbat, je mangerai casher, j'irai à la synagogue pour toutes les fêtes Pendant ce temps, Moshé arrive à se tirer d'affaire et peut regagner la plage. La mère le serre dans ses bras : « Mon petit Moshé, j'ai bien cru que j'allais te perdre, mais le Ciel t'a protégé, etc. » Tout à coup, elle s'arrête net, regarde la tête de Moshé, lève les yeux vers le ciel et demande : « Et sa casquette, où est-elle passée ? »