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Prière de St Ignace

 « Seigneur Jésus,
apprenez-nous à être généreux,
à vous servir comme vous le méritez,
à donner sans compter,
à combattre sans souci des blessures,
à travailler sans chercher le repos,
à nous dépenser sans attendre d’autre récompense
que celle de savoir que nous faisons votre Sainte volonté. »

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N° 53 – Septembre/Octobre 2010

Lieu du baptême – au Sud du Lac

Sommaire:

Editorial : D’une expulsion décidée

Histoire: La présence romaine en Judée (- 63 à 135)

Evgeny Kissin au Mont Scopus

Yad Vashem : deux expositions

Vivre à Jérusalem: un défi pour les jeunes familles à Jérusalem

Boycott culturel à Aix en Provence

Là, il y avait un prophète

8700 Falashmura attendent encore pour immigrer en Israël.

Nahum Gutman, le peintre de Tel Aviv

45% des adolescents israéliens font du volontariat.

Une terre sainte à protéger

Livre : une affaire de poison

Flashes d'espoir: Israéliens et Palestiniens collaborent dans un projet d’éoliennes

Une grande amitié

Alya : Tapis rouge des Juifs de France

Hurnour en finale

Editorial: D'une expulsion décidée

L'annonce par le gouvernement Netanyahu d'expulser 400 enfants de travailleurs étrangers est l'un des sujets brûlants de cet été. La société israélienne est confrontée plus que jamais à se poser des questions sur le statut de ces étrangers. Que le gouvernement veuille mettre de l'ordre dans la politique de l'immigration, et plus particulièrement dans l'imbroglio des questions touchant aux travailleurs étrangers légaux ou illégaux, c'est son job et c’est tout à son honneur. Mais on peut s'interroger sur la logique des ministres qui, à la mène séance du gouvernement, décident l'expulsion de 400 enfants avec leurs parents et autorisent J'entrée dans le territoire israélien de 300 nouveaux travailleurs étrangers ...

Le combat pour l'expulsion des enfants des travailleurs étrangers est mené par le ministre de l'Intérieur et secrétaire du parti religieux Shass, Eli lshaï, Selon lui et d'autres ministres du gouvernement, ces enfants nés et élevés en Israël dont la langue est l'hébreu, constituent une menace pour l'Etat juif sur le plan démographique. Ce même ministre n'est pas contre la venue de travailleurs étrangers puisqu'ils assurent des tâches qu'aucun de ses électeurs ne veut remplir. Cette main d'œuvre, bon marché, a le droit de travailler mais ne peut mener une vie ordinaire. Eli Ishaï ne trouve pas normal que ces étrangers soient mariés, désirent avoir des enfants et aspirent à leur donner une éducation. Doit-on s'étonner d'entendre depuis la tribune de la Knesset, dans la bouche du leader de Shass, que ces travailleurs étrangers se sont enrichis en Israël? Que le ministre de l'Intérieur vienne faire un tour dans le quartier de l'ancienne gare centrale de Tel Aviv pour se rendre compte dans quel taudis vivent ces «nouveaux riches».

Les voix pour empêcher l'expulsion de ces innocents sont de plus en plus nombreuses. Depuis la femme du Premier ministre, Sara Netanyahou ou encore Eliza Olrnert (la femme de l'ancien chef du gouvernement), en passant par des intellectuels, des artistes mais aussi l'homme et la femme de la rue qui croisent chaque jour ces candidats potentiels à l'expulsion, jusqu'aux rescapés de la Shoa qui se mobilisent ces dernières semaines, la vox populi n'a pas dit son dernier mot. Le prix Nobel de la Paix, Elie Wiesel, a déclaré, dans une interview au quotidien Haaretz, son indignation suite à la décision d'expulser des enfants non juifs d'Israël. «Où est l'âme juive? » a-t-il demandé.

Que ceux qui pensent que cette expulsion est nécessaire pour préserver l'identité juive de l'Etat d'Israël acceptent de faire le travail des Philippins auprès des vieillards et des grabataires, celui des Roumains sur les chantiers ou encore des Thaïlandais dans les champs. Quant aux travailleurs étrangers illégaux, (chacun sait où ils habitent) ils sont eux aussi une main d'œuvre très bien exploitée. Si ces gens se pressent pour franchir la frontière d'Israël, c'est justement parce que la réputation de l'Etat juif auprès de ces expatriés (ceux du Soudan entre autres) et de ces étrangers est loin d'être mauvaise. De fait, en Israël, il existe de nombreuses structures pour aider les étrangers et protéger leurs droits. Un paradoxe d'une situation dont la complexité doit nous protéger des simplismes.

Enfin, Israël a-t-il besoin actuellement que des images d'enfants expulsés fassent le tour de la planète?

J.M.A.

BONNE ANNEE ET BONNES FETES D'AUTOMNE

Histoire: La présence romaine en Judée (-63 à 135)

Des Asmonéens jusqu'à la venue d’Hérode le Grand (1ère partie)

Loïc Le Méhauté

Au retour de la captivité de Babylone les Juifs sont assujettis aux Perses pendant 207 ans : de Cyrus (-539) à la conquête d'Alexandre le Grand (-332). À sa mort, la Judée reste une théocratie juive sous le contrôle des Ptolémées d'Égypte puis des Séleucides de Syrie (descendants des généraux d’Alexandre). Ils accordent à la Judée une autonomie presque complète et l'autorité morale, religieuse et juridique est exercée par le grand prêtre, le Cohen haGadol, et par la Gerousia, le Conseil des anciens.

Les nombreuses colonies militaires grecques qui sont fondées, ainsi que la réorganisation des anciennes villes suivant le modèle politico-social des cités grecques (polis), introduisent la culture hellénistique. La première couche de la société juive, la haute bourgeoisie, résidant dans ces centres urbains, est influencée par la nouvelle culture.

Révolte des Maccabées

La Judée jouit d'une autonomie religieuse et sociale mais la situation change quand les Romains vainquent le Séleucide Antiochos III à la bataille d’Apamée (Syrie) en -188. Le fardeau financier, imposé sur les Séleucides (15.000 talents d'argent.) force ceux-ci à trouver de nouveaux revenus. Son fils, Séleucos IV (-187 à -175), dit Épiphane, pille le Temple de Jérusalem et s'empare de son trésor. Il profane le lieu le plus saint des Juifs par des sacrifices d'animaux impurs en y instituant le culte de Zeus olympien (Jupiter), considéré comme 'l'abomination de la désolation' : « Le 15ème Jour de Kislev ; il construisit l'Abomination de la dévastation sur l'Autel des sacrifices et ils construisirent des autels dans les villes de Juda alentour […].» (1 Mac 1. 54). Par cet acte et d'autres mesures restrictives concernant la religion juive, il provoque la révolte dirigée par le parti fidèle à la Loi. C'est la révolte des Maccabées qui éclate en -167 sous la conduite du prêtre Mattathias et de ses cinq fils dont Judas appelé « Maccabée (marteau) »,

Judas Maccabée qui désire atteindre l'indépendance politique décide de nouer des liens avec Rome et y envoie une délégation : « Judas choisit Eupolème. fils de Jean d'Accos, et Jason. fils d'Éléazar: il les envoya à Rome pourfaire proposer aux Romains l'amitié et l'alliance, et aussi dans la pensée que ceux-ci ôteraient le joug de dessus eux, parce qu'ils verraient que le royaume des Grecs réduisait Israël en servitude. [...] ils entrèrent au Conseil (Sénat), prirent la parole et dirent: 'Judas Maccabée, ses frères et le peuple des Juifs nous ont envoyés vers vous pour que nous soyons inscrits parmi vos alliés et amis. […] » (I Mac 8. 17-32). L'alliance conclue entre les deux peuples était le début de la reconnaissance de la Judée par la République romaine.

Son frère Jonathan, devenu souverain sacrificateur et gouverneur général de la Judée, utilisant l'arme diplomatique, envoie aussi une délégation à Sparte et à Rome pour resserrer les liens déjà existants: « Le grand prêtre Jonathan et la nation des Juifs nous ont envoyés pour renouveler; conformément à ce qu'elles étaient auparavant, l'amitié et l'alliance établies avec eux. […].Quant à nous, nous avons été entourés de nombreuses tribulations et de nombreuses guerres [   ]. Cependant nous n'avons pas voulu vous importuner, vous et vos autres alliés et amis dans ces guerres-là […] »(I Mac 12.3-18).

Les rois Asmonéens

La dynastie des rois Asmonéens (du nom d'un supposé ancêtre de Mattathias), fondée par Simon fils de Mattathias, règne sur la Judée de -140 à -36. En -140, la Grande Assemblée, Knesset ha Guedola, réunie à Jérusalem, confirme que Simon (-142 à -134), est « pour eux commandant et grand prêtre à perpétuité jusqu'au moment où se lèvera un prophète digne de foi : qu'il est aussi leur général {..} » (l Mac 14. 41-42). Cette décision devient la pierre angulaire du régime asmonéen qui unit les fonctions de grand prêtre, de la loi civile ct du commandement militaire. La Judée, secouant ainsi le joug des hellénistes séleucides, acquiert son indépendance.

Les Asmonéens, famille de prêtres - mais pas de la descendance d'Éléazar fils d'Aaron obtiennent (s'accaparent) les fonctions de grand prêtre ct de roi. À l'époque du Premier Temple la royauté appartenait à la dynastie de David et la souveraine sacrificature à la lignée de Sadok (descendance directe d'Aaron). Prenant le titre de souverain sacrificateur Jonathan mit fin à la longue série des prêtres de la lignée d'Aaron.

Jean Hyrcan I er (-135 à -105), fils et successeur de Simon renouvelle le traité avec Rome. Dans ses guerres d'expansion du territoire de la Judée il soumet la Samarie ainsi que l'Idumée. Il convertit au Judaïsme les Iduméens (descendants des Édomites, voir l'article Les Nabatéens, une civilisation ancienne disparue, 1ère partie, Un écho N°48), en leur imposant la circoncision. Son prosélytisme en Idumée conduit à la conversion, non seulement de quelques individus, mais de tout un peuple. Les Iduméens deviennent inséparables du peuple juif et leur classe dirigeante occupe des positions clé dans le gouvernement des Asmonéens. C'est de ce peuple qu'est né Hérode le Grand, dont le père Antipater, homme riche et influent, assista Hyrcan II. Antipater et sa femme Cypros (princesse nabatéenne) eurent quatre fils, Phazaël, Hérode, Joseph et Phéroras ct une fille Salomé.

Aristobule Ier (-104 à -103), fils de Jean Hyrcan Ier, termine la conquête de la Galilée. Ses conquêtes et celles de son père avant lui, permirent l'agrandissement des frontières de la Judée. Ambitieux et sans scrupule, il change son titre d'ethnarque en roi, Basileus, de façon à augmenter le prestige des dirigeants Asmonéens. Durant son règne, le Conseil des anciens est appelé « Sanhédrin (en grec) ».

Son frère, Alexandre Jannée (-103 à -76), complète la conquête du royaume en s'emparant de Gaza, d'Ashkelon, d'Acre, du Golan, de l'autre rive du Jourdain et du sud de la Jordanie. Il continue aussi la conversion des habitants des villes grecques. Soutenu par les Sadducéens et détesté par les Pharisiens, il affronte une terrible guerre civile de six ans et il exerce une répression sanglante sur ses adversaires.

A sa mort, sa veuve, Salomé Alexandra lui succède jusqu'en - 67. Elle établit leur fils aîné, Hyrcan Il, (-76 à - 67), comme souverain sacrificateur et éloigne du pouvoir leur fils cadet, Aristobule II. Hyrcan était d'une « humeur lente et paresseuse » tandis que son Fère Aristobule était lui « esprit plein de feu et entreprenant » (Guerre I. 4). Salomé, sœur d'un des chefs du parti pharisien (Shimon ben Shatah), associe cc parti au gouvernement. C'est une période de coopération entre le trône ct les Pharisiens qui reçoivent la direction de l'État. Leurs traditions et coutumes, abolies sous Jean Hyrcan, sont rétablies. Alexandra décédée, ses deux fils,

Hyrcan Il et Aristobule Il, se font la guerre pour s'emparer du trône. C'est sur cet arrière de querelle dynastique qu'intervient Rome.

Les Romains en Syrie et en Judée

Aristobule II (-67 à -63), devenu maintenant roi et souverain sacrificateur, rencontre l'opposition des amis d'Hyrcan Il. Soutenu par l'Iduméen Antipater, Hyrcan s'enfuit à Pétra chez Arétas III qui organise une expédition sur Jérusalem contre Aristobule II : « Arétas l’assiégea et l'aurait pris si les Romains ne l'eussent délivré de ce péril! «  (Josèphe, Guerre 1. 5). Les Romains sont déjà présents en Orient.

En effet, le général Pompée (- 1 06 à -48) part en campagne en Orient (-66) pour combattre Mithridate VI, le roi du Pont. Sa victoire éclatante permet à Rome de s’étendre vers la Bithynie, le Pont, la Syrie et la Judée. Ainsi les Romains commencent leur domination en Orient et la Syrie devient province romaine (-63), mettant fin à la dynastie des Séleucides.

Pompée reçoit avec faveur la requête d'Aristobule (-64) et envoie le consul Licinius Scaurus (-163 à ­88) qui force Arétas et Hyrcan II à se retirer. N'abandonnant pas la partie, Antipater et Hyrcan se rendent auprès de Pompée à Damas ct, à force de présents, ils obtiennent les faveurs de Pompée qui marche sur Jérusalem (­63). Les partisans d'Aristobule et les prêtres qui défendent le sanctuaire sont vaincus. Le siège de la ville est suivi d'un horrible carnage (12 000 Juifs d'après F. Josèphe. Guerre L 5). Pompée prit le Temple d'assaut et  « il entra avec les siens, ce qui n'était permis qu’au seul grand prêtre ; et ils y virent le chandelier; les lampes et la table d’or: tous les vases aussi d'or dont on se servait pour faire les encensements[…]» (Ibid.). Il abolit la royauté et confirme à Hyrcan Il (-63 à -40) la fonction de grand prêtre, sans lui accorder le titre de roi. Un tribut est imposé à Jérusalem et à toute la Judée. Aristobule et ses enfants sont conduits par Pompée à Rome. Les villes de la basse Syrie et du littoral, qui avaient été prises par les Asmonéens, sont placées sous la juridiction de Scaurus gouverneur romain de Syrie. La Judée est également placée sous l'autorité de Scaurus et, à compter de cette date (63 av. J.-C.), elle devient un protectorat romain.

Sans la querelle des deux frères asmonéens, qui en appellent aux Romains pour résoudre leur différend, les Romains seraient de toute façon venus en Judée car il leur fallait à l'est ouvrir une route par la terre pour atteindre l'Égypte. En mer ils devaient continuellement faire face aux pirates.

Les gouverneurs romains Gabinius, Crassus et Cassius se succèdent en Syrie. Gabinius (-100 à -47), avec l'aide de Marc Antoine, mâte une révolte d'Alexandre, fils d'Aristobule, qui s'était échappé quand Pompée le conduisait à Rome. De même, Aristobule s'échappe et fait la guerre à Gabinius dans le dessein de reprendre Jérusalem. Vaincu, Aristobule est reconduit à Rome. Pour avoir aidé Gabinius lors d'une expédition en Égypte, Antipater devient administrateur de la Judée. Crassus (-115 à -53), le nouveau gouverneur, s'empare des deux mille talents d'or que comptait le trésor du Temple de Jérusalem, pour subvenir aux frais de la guerre contre les Parthes. C’est dans cette campagne qu'il trouve la mort (-53), Avec Pompée et Jules César il avait formé le premier triumvirat (-60). Cassius arrête les Parthes qui marchent sur la Syrie.

A Rome, Pompée reçoit les pleins pouvoirs (-52) pour lutter contre l'anarchie qui y règne. Il décide ensuite de faire la guerre à Jules César qui faisait campagne en Gaules. César franchit le Rubicon et marche sur Rome (-49). Vaincu à Pharsale (-48), Pompée s'enfuit en Égypte où il est assassiné.

Après la mort de Pompée, Antipater recherche les bonnes grâces de César. En -47, César (-101 à -44) se rend en Syrie et reçoit les deux parties adverses des Juifs qui revendiquent le pouvoir à Jérusalem. Il décide de soutenir Hyrcan car Antipater lui avait apporté son aide militaire en Égypte.

Il révise donc les mesures prises par Pompée et Gabinius faisant d'Hyrcan ethnarque et grand prêtre (-47 à ­41). Ces deux fonctions deviennent héréditaires. Hyrcan reçoit également le titre « d'allié et d'ami du peuple romain ». Pendant les 23 almées de ses fonctions, Hyrcan - tributaire des Romains - est secondé par son ministre Antipater qui détient le pouvoir politique et militaire.

Antipater, par son alliance avec les Romains, obtient la citoyenneté romaine avec exemption d'impôts ainsi que le titre de procurateur de la Judée (-48). Il relève les remparts de Jérusalem détruits par Pompée ct récupère la ville de Joppé (Jaffa) et la vallée de Yizréel. La loi romaine s'étend sur la Judée, qui est rattachée à la grande province romaine de Syrie. Antipater remet le gouvernement de la Judée et de Jérusalem à son fils aîné Phazaël et celui de la Galilée à son fils cadet Hérode, encore très jeune. Sextus César, gouverneur de Syrie, fait d’Hérode le général de Cœlé-Syrie et de Samarie. Pour régler un différend avec Hyrcan, Hérode se dirige contre Jérusalem mais les exhortations de son frère ct de son père l'en dissuadent. Par ses succès militaires et politiques Hérode suscite la jalousie d'Hyrcan et de l'aristocratie de Jérusalem. Antipater empoisonné par Malichos (-43) est vengé par Hérode.

Après l'assassinat de Jules César (dictateur -48 à -44), par la conspiration de Cassius et Brutus (-44), une guerre civile éclate à Rome et c'est le 2ème triumvirat (-43) : Octave (neveu et fils adoptif de J. César), Antoine et Lépide. Marc Antoine (-83 à -30) devient gouverneur de Syrie.

En -40 une vaste offensive des Parthes leur permet de s'emparer de la Syrie, du sud de l'Asie Mineure, et de la Cilicie. L'armée des Parthes dirigée par le général Paehorus appuie Antigone Mattathias, un fils d'Aristobule II, contre Hérode, Phazaël et Hyrcan. Les deux parties s'affrontent dans Jérusalem. Les Parthes placent Antigone sur le trône de Jérusalem. Pour retirer la prêtrise à Hyrcan, Antigone lui fait couper les oreilles (pour le disqualifier de la sacrificature) et devient donc roi et Grand prêtre. Phazaël se tue et Hyrcan est conduit en captivité chez les Parthes. Le but de ces derniers est de placer en Judée un allié capable de défendre la Syrie d'une éventuelle attaque des Romains à partir de l'Egypte.

Hérode quant à lui s'enfuit à Massada et y cache sa mère ct sa future femme Mariamme. De là il continue ses marches vers Pétra, ou il est mal reçu. S'embarquant à Alexandrie il fait voile vers Rome pour demander la protection d'Octave et d'Antoine. Ceux-ci font assembler le Sénat et. dans son allocution, Antoine vante les mérites et les bienfaits d'Hérode et ceux de son père Antipater envers le peuple romain et J. César. De plus, Antoine ajoute: « que dans la guerre que 1'0/1 fait contre les Parthes il serait sans doute fort avantageux d'établir Hérode roi de Judée. Tous embrassèrent cet avis […] » (Guerre I, 11). C'est ainsi qu'Hérode devint roi de Judée en -37. Il débarque à Ptolémaïs (St Jean-d’Acre) : «assembla quantité de troupes tant de sa nation que d'étrangers qu'il prit à sa solde et [ ... ] entra dans la Galilée pour marcher contre Antigone» (Ibid. I. 12).

Evgeny Kissin au Mont Scopus

I.C.

Les propos du pianiste, suivis d'une interprétation mu­sicale lui ont valu une ovation émouvante.

Au mois de juin, l'Univer­sité hébraïque de Jérusalem a décerné le titre de Docteur honoris causa au pianiste juif Evgeny Kissin, au cours d'une cérémonie qui s'est déroulée dans l'amphithéâtre du Mont Scopus. Sans se départir de son accent russe, Kissin prononça en anglais une brève allocution où il exprimait l'amour qu'il ressentait pour l'Etat d'Israël et Jérusalem. Mais le recours à une langue étrangère n' empê­chait pas les auditeurs de pou­voir capter ses paroles comme une composante de leur propre ego.

Au moment de la péroraison. il passa à l'hébreu pour ci­tcr un passage de la Déclaration d'Indépendance de 1948, puis un verset du Psaume 137 : «Si je t'oublie Jérusalem, que ma droite se dessèche. Que ma lan­gue s' attache à mon palais, si je ne me souviens plus, si je ne mets pas Jérusalem au sommet de ma joie. «

En prononçant ces mots avec pathos, il faisait penser aux pion­niers des temps héroïques. On as­sistait là au rappel candide d'un vieil état d'esprit, exprimé par un homme trop jeune pour l'avoir connu, mais qui persistait néan­moins à chercher son inspiration dans la Bible et le passé éprouvant du Sionisme. Il était réconfortant de rencontrer un artiste qui savait également transmettre en mots la teneur d'un métier où l'on apprend l'art d'arri­ver à un accord parfait.

Après avoir ainsi parlé, Kissin se dirigea vers le Steinway où il exécuta, en virtuose, le deuxième Scherzo en si bémol de Frédéric Chopin. Comme la sensibilité de l'exécutant apparaît toujours en surimpression sur celle du compositeur, son interprétation atteignait un niveau où le sous-entendu se modulait, dans un climat de tension, sur une légèreté de touche inaccoutumée.

Il est des moments où l'on est mené par la musique à un chez-soi où l'on n'avait encore jamais été. Comme c'était apparemment le cas, l'auditoire, littéralement transporté, se leva pour faire au visiteur une ovation où il tentait d'ex­primer, lui aussi, l'indicible.

Yad Vashem: deux expositions

Suzanne Millet

A Yad Vashern, dans la salle d'ex­position temporaire, se sont succé­dées deux expositions très différentes. L'une pendant les mois d'hiver: les plans du plus grand camp d'exter­mination, Auschwitz-Birkenau, et l'autre, inaugurée le jour de la Shoa, sur les peintures et sculptures des rescapés.

La première, d'une sobriété et d'un silence impressionnants : des plans, des photos datant de 1940-41 sur la construction et l’agrandissement des bâtiments, des six crématoires, de la rampe du train, une vue panoramique de Birkenau, une photo d'ingénieurs SS dans leur bureau. Ce camp a été construit, comme tout site, avec des plans bien conçus par des architectes professionnels, avec des ingénieurs recherchant un rendement maximum, des trains ordinaires, des physiciens choisissant un désinfectant mortel or­dinaire.

Ces plans et photos sont vides, seulement quelques SS ou quelques prisonniers. Par contre, les chiffres des prisonniers exterminés dans ces camps dépassent la raison : un mil­lion cent mille, la majorité des Juifs: 230000 enfants dont la plupart ont été tués dès leur arrivée au camp, 216 000 enfants juifs parmi eux. Mais aussi 11.000 Tsiganes, et 5.000 Polonais et Russes.

Sur les murs des inscriptions: -Des déclarations d'un physi­cien SS à propos des chambres à gaz: «On entendait les cris des gens qui se débattaient pour vivre, quelques minutes. » « Pour que les enfants ne mettent pas de désordre, on leur per­mettait d'aller à la chambre à gaz avec leurs jouets. »

- Des prières et des chants de Rabbi Moshe Haïm Lau, le père du grand rabbin Lau, dans le train qui l’emmenait lui et sa communauté à Treblinka: « Nous traversons les tour­ments de ce monde avec joie. »

- Une femme raconte : « Les mères ayant un bébé avaient le choix ou de travailler et de se séparer de leurs enfants, ou d'aller à la chambre à gaz avec leurs enfants. La majorité a choisi la chambre à gaz »

- Un poème de Paul Celan, La fugue de la mort écrit à la sortie du camp où toute la famille du poète a été exterminée. P. Celan disait du Nazi : « Ce n'est pas un monstre, mais c’est celui qui a choisi le mal ».

Toute l'exposition est en noir et blanc, le camp n'est pas encore peu­plé, surpeuplé.

La deuxième exposition, par contre, frappe par ses couleurs, une profusion de tableaux aux styles différents re­présentant beaucoup de personnages, des foules ou des portraits. On entend parler : sur un écran, des survivants témoignent de cette nécessité de pein­dre pour faire connaître cc qu'ils ont vécu, ce qui a été, ce qui est encore en eux. J'écoute. Ephraïm Goldschmidt : « Je suis arrivé enfant dans le camp et dès mon arrivée j'ai vu un tas de cadavres et, au sommet, un petit vieux assis. Les gardes SS l'ont battu pour qu'il tombe, ils l'ont tué et envoyé son cadavre au sommet du tas ... il fallait traverser cet enfer ».

Ilana Ben Israël est fière d'avoir pu exprimer sa nostalgie de la Po­logne par sa peinture : des prés, des vallons verdoyants, un fleuve, une ville sur une colline, le tout lumineux, paisible. On ne remarque pas tout de suite une tache brune, ovale, au bas de la peinture, à droite: c'est une fosse avec, sur le bord, une rangée de peti­tes silhouettes, comme des ombres et une petite fille très réelle qui regarde. C'est Ilana elle-même: « Je suis tou­jours là », dit-elle.

Sur les murs, on peut lire cette question: « L'art qui utilise l'imagi­nation, qui représente le beau, peut-il être un moyen d'exprimer l'horreur":

Ces peintures et sculptures sont la réponse. Un sculpteur sur bronze. Y.Bacon, explique : « En sculptant, je peux dire plus ». Il est vrai qu'en regardant ces tableaux et sculptures pendant deux heures et demie, on est imprégné de la Shoa. En sortant de la salle. J'étais tellement plongée dans cet univers dément que j'étais com­plètement désorientée, ne pouvant plus me représenter le musée de Yad Vashern.

Les peintures sont groupées par thèmes.

Le Ghetto: six peintures, six sou­venirs personnels. L'une, le pont en bois reliant les deux parties du ghetto. Une autre, une petite maison en flammes avec des personnes aux fenêtres et les SS devant, le fusil braqué sur elles. Trois peintures plus modernes alliant l'abstrait, des couleurs feux ou noires, avec des photos d'un groupe de jeunes filles ou des enfants du ghetto. Tout exprime la brisure, la cassure, la brèche sans limite.

La Déportation - les Marches. Sur le mur, cette citation: « Un pont de portée limitée pour passer rapidement à une mort prolongée ». - Une foule quittant Salonique, laissant la ville derrière elle. - La dernière marche de Sara Weichmann de 1955 : une foule d'ombres bleues dans un décor apoca­lyptique de feu et de ruines. - Les rails d'un train et en parallèle des jambes, des pieds en marche avec le même balluchon. Des hommes ou des bêtes de trait? - Une peinture de Paul Kor intitulée : Transport numéro 2. Dans un grand champ, un petit enfant de 3 ans au premier plan, de dos, habillé comme un arlequin, regarde innocemment un train de marchandises qui passe de l'autre côté du champ. De la cheminée de la locomotive sort une fumée noire et du feu rouge. Le petit bonhomme a l'allure du petit Shmoulik israélien.

Les Pays.- La verte Pologne, d'Ilana Ben Israël. - Un grand tableau panoramique de Baby Yar : des forêts, des champs, des petits chemins où l'on se promène, des taches de fleurs en haut d'une falaise et au pied d'un poteau avec une pancarte écrite en russe et une étoile de David.

Les Camps. Les Travaux forcés. ­Le bol de soupe, peint en 1969 par D. Wainapel. Un prisonnier tient à deux mains un bol de soupe, six ou sept prisonniers l'entourent, regardant ce bol, seul l'un d'eux détourne la tête pour voir une femme nue à genoux présentant son fils nu à un officier SS qui la vise. Au fond, du feu et la barrière électrique du camp. - Vision de Buchenwald. Une petite maison en bois tout illuminée, remplie de fem­mes nues, debout ; dans la cour, une femme se déshabille, des tas d'habits derrière elle. Dans un coin, derrière une palissade en bois, des Juifs en noir, chapeaux noirs, regardent dans la cour. Une femme console sa fille encore habillée. Superposition des souvenirs du shtetelt de la chambre à gaz.

Le Corps. - Camp de Buchenwald, février 1945, une immense peinture de Boris Talizky. C'est comme une gran­de fresque infernale avec une foule de prisonniers à tous les stades d'épuise­ment, et les cadavres au milieu d'eux. Par côté, deux molosses menaçants. Un officier nazi impassible, la baguette en main, « un dieu », comme le nomme Robert Antelme. Des baraques, des prisonniers allant en tous sens, quelques-uns se soutenant.

Les Nazis. - Sur le mur on peut lire cette exclamation de Dan Pagis : « Non, non, ils étaient des êtres humains : uniformes et bottes. » Avant le procès d’Eichrnan, les nazis étaient représen­tés comme des monstres, des bêtes (il y a deux peintures de ce style). Après le procès où l'on vit un homme, les nazis sont des soldats en uniformes et bottes. Une peinture montre des prisonniers ayant à la place des yeux des trous noirs, comme une tête de mort. Est-ce ainsi que les voient les gardes nazis? Et, sur les charrettes, les ca­davres ont des yeux grands ouverts qui regardent.

Les Familles. - Une grande peinture datant de 1986, faite à New York. Une jeune femme enceinte, avec un enfant dans une poussette et deux autres ac­crochés à ses jeans, nous suit de son beau regard. Elle attend le train numéro 6. Au-dessus d'elle, une pancarte: « Transfer ». A gauche du tableau, dans l'ombre, le train de la mort.

Les Enfants. - Une petite fille seule dans une rue déserte, « c'est en Dordogne » dit l'auteur du tableau, une enfant cachée. - Enfant à Buchenwald. Un enfant, un squelette, seul, sur une borne en béton, regarde au loin. - Ne tuez pas ma mère, portrait d'un enfant qui hurle.

La Prière. - Un tallith (châle de prière) laissé sur le dos d'une chaise empaillée, le priant a disparu. Sur le mur, au-dessus, une citation de Valé­rie Furth, « Je crie le cri du « Shema » comme une déchirure du cœur ».

Dans la première exposition, on pouvait lire cette citation de Primo Levi : « Un officier SS nous avait affirmé avec cynisme : il ne restera aucun souvenir de vous. » En 2010, nous avons sous nos yeux Les fruits de la mémoire: 65 ans de créations des Survivants selon le titre de la deuxiè­me exposition.

De plus, le musée d'Art de Yad Vashem expose en permanence les œuvres d'art exécutées dans les ghet­tos, dans les camps, sur les routes ...

VIVRE À JÉRUSALEM :

UN DÉFI POUR LES JEUNES FAMILLES ISRAÉLIENNES

Myriam Ambroselli

Depuis des années, les jeunes familles constituent la part la plus importante du nombre des résidents de Jérusalem qui quittent la ville laissant derrière eux des quartiers qui commencent à se faire vieux. Un fait qui n'échappe pas à l'attention du Maire de Jérusalem Nir Barkat ainsi qu'à la Municipalité de la ville. En 2009, tous leurs efforts avaient été concentrés sur le cas des étudiants afin de rendre Jérusalem atti­rante et accessible aux jeunes adultes. Aujourd'hui, la Municipalité s'inté­resse aux besoins des jeunes familles pour qui vivre à Jérusalem constitue souvent un vrai défi.

Depuis plus de dix ans, Jérusalem qui est l'une des villes les plus pau­vres d'Israël souffre d'une migration négative: les statistiques de l'Institut de Jérusalem pour la Recherche révè­lent que des 17,598 personnes qui ont quitté la ville en 2007,63% étaient de la catégorie des jeunes familles (adul­tes entre 25 et 44 ans et enfants de 0 à 14 ans). La Municipalité concentre ses efforts sur les jeunes familles de la classe-moyenne laïque et du mi­lieu religieux sioniste. L'enjeu est de taille : nombre de recherches révè­lent le rapport étroit qui existe entre la richesse d'une ville et la prospé­rité des jeunes adultes résidents. Ils constituent la part la plus dynamique de la population active, ils créent une atmosphère positive et contribuent à forger la société.

Les besoins et les préoccupations des jeunes familles sont bien plus complexes que ceux des étudiants. Les familles ont différents besoins de première importance : un logement aux mensualités abordables, un em­ploi et une école ou un jardin d'en­fants pour l'éducation des enfants. Le manque de travail et le prix trop élevé du logement sont les premières causes invoquées par les familles qui quittent la ville. Pour ceux qui restent, ils leur faut faire face au défi de l'éducation de leurs enfants, de parcs moins bien équipés et moins nombreux à Jérusa­lem que dans d'autres villes d'Israël (problème de propreté ou de vanda­lisme, d'absence d'infrastructures pour faire de l'ombre en été, et de jeux en mauvais état par exemple), au problème de l'accessibilité des pous­settes, du transport en général, mais aussi des activités parascolaires trop chères, etc.

Les familles de Jérusalem aspirent à une considération de leurs besoins. Certains parents soulignent combien il serait bon de freiner quelque peu la construction d'appartements de luxe pour les étrangers et de commencer à construire des immeubles avec des appartements abordables aux familles, aussi bien pour la location que pour la vente. Ce sont les thèmes évoqués no­tamment par l'organisation Jerusalem Families et par la Conférence pour les Jeunes Familles. La Municipalité ten­te de répondre attentivement à leurs nécessités et de leur offrir une amé­lioration de la qualité de vie pour les encourager à rester ou à venir vivre à Jérusalem : la rénovation des parcs, des aires de jeux et des bacs à sable à l'ombre, un 11-ème mois (juillet) sera bientôt proposé aux parents pour les jardins d'enfants, des livres gratuits pour les enfants dans les librairies municipales, des frais dentaires couverts pour les enfants de six à quatorze ans.

Le budget destiné aux familles a doublé avec notamment plus d'une douzaine d'événements culturels pour les familles cette almée. La Municipa­lité a aussi annoncé un renforcement des mesures contre le vandalisme des parcs publics et des aires de jeux ainsi que des contraventions systématiques pour les véhicules garés sur les trot­toirs qui empêchent les poussettes de circuler librement. Elle travaille aussi à l'élaboration d'un site internet des­tiné aux jeunes adultes de la ville (pa­rents, étudiants, soldats, etc.) : un site qui concentrera l'information sur les activités et les services qui leur sont destinés.

Un nouveau plan d'urbanisme audacieux se dessine pour la ville sainte. Juin 2010 : un plan municipal vient d'être annoncé par Nir Barkat pour la future construction de plus de 20 immeubles destinés à être vendus à 20% moins cher que les prix du mar­ché, uniquement aux jeunes adultes de 41 ans et moins qui ne possèdent aucune propriété dans la ville. Un plan pensé en collaboration avec les grandes institutions de la ville comme par exemple l'Université Hébraïque dont les diplômés représentent une élite que Barkat espère bien garder à Jérusalem.

Boycott culturel à Aix-en-Provence

Antoinette Bremond

Le département des Lettres Modernes de l'Université de Proven­ce, Aix-Marseille I, avait décidé. en 2008, d'organiser un colloque intitu­lé « Ecrire aujourd'hui en Méditer­ranée » prévu pour avril 2011. Anne Roche, professeur de Lettres Moder­nes à l'Université d'Aix, l'une des organisatrices de ce colloque, prend contact avec Esther Orner, écrivain d’expression française et professeur de Traduction à l'Université Bar Ilan (Israël). Elle lui propose de partici­per à ce colloque. Esther est partie prenante, le sujet correspondant à ses qualifications.

Née en Allemagne, elle passe son en­fance en Belgique comme « enfant caché» pendant la guerre. Elle immi­gre en Israël en 1950, à 13 ans. Elle passe ensuite une vingtaine d'années à Paris. Depuis 1983, elle vit à Tel Aviv où elle enseigne la Traduction à l'Université de Bar I1an et l'hébreu à de nouveaux immigrants. Elle a pu­blié des récits dans « Les cahiers du nouveau commerce » et vient de sortir son premier roman: « Autobiographie de personne », Edition Métropolis.

En juillet 2010 Esther Orner reçoit une lettre de l'un des organisateurs du colloque disant entre autres: « Tout récemment, lors de notre dernière réunion du comité scientifique, il a été dit que certains écrivains arabes, in­vités, ne viendraient pas si un ou une écrivain israélien(e) était présent(e) ». Il avait donc été décidé d'annuler sa participation à ce colloque.

Esther n'a pas été vraiment sur­prise. Ce n'était pas son premier boy­cott !  Elle ne prend pas ce boycot­tage comme une attaque personnelle, cette réaction étant à son avis, contre la culture israélienne, contre le peuple juif. « Si je comprends bien, Israël ne fait pas (plus) partie du pourtour de la Méditerranée ! Je m'inquiète pour la délégitimation d'Israël qui est en marche. Que les Européens puissent participer à cela montre qu'ils n'ont rien appris de l'Histoire. »

Anne Roche s'oppose à cette dé­cision et démissionne du comité. Elle est la seule à le faire, même si d'autres n'avaient pas été d'accord avec cc boycott culturel. « Il faut en parler », dit l'écrivain francophone israélien. « Ce genre de boycott devient monnaie courante, touchant des artistes, des écrivains, des intellectuels, même des films. Il faut faire quelque chose. »

Il faut savoir que cet été, un groupe de Français pro-Palestinien parcourt la France pour « accabler Is­raël de tous les vices ».

Plus encore, dans les universités du pays des intellectuels préconisent ce boycott tout en continuant à profi­ter des apports des universités. Pour Esther Omer, « C'est de la folie ! une manière de se faire bien voir à l'étranger. »

Là, il y avait un prophète

I.C.

Durant la campagne électorale de 1984, Lova Eliav [1921-2010] demanda à son staff de s'arrêter à Raanana près de l'hôpital Beit Levinstein. L'ayant suivi discrète­ment, l'un de ses assistants le vit s'approcher d'un vieillard assis sur une chaise roulante. Puis, à un moment donné, il caressa le visage du malade qui ne s'arrêtait pas de pleurer. Cet homme était Israël Galili, un ancien rival, du temps où il était l'éminence grise du parti au pouvoir.

On se souvient qu'au moment de voter le 'Document Galili' dont la teneur allait influer lourdement sur l'avenir du pays, en encoura­geant les implantations dans les territoires occupés, seule la voix de Lova s'éleva en signe de protesta­tion, deux mois avant la guerre de Yom Kippour, en 1973. Sachant que les Sages du Talmud recourent à dix expressions différentes pour soulever un problème, il était bien convaincu de la valeur créatrice du doute. Mais si la remise en question lui paraissait nécessai­re, il dut aussi apprendre à ses dépens que cette exigence pouvait être éprouvante. Cela aide peut-être à comprendre pourquoi un homme de cette envergure n'arriva jamais à faire partie des autorités constituées.

Conscient de cette apparente anomalie, un jeune collè­gue lui fit remarquer. en guise de consolation, qu'il avait été presque ministre, presque Chef du Gouvernement et presque Président de l'Etat. Avec son réalisme roboratif, l'ancien répondit : “Cela fait beaucoup de presque. Pour s'en tenir à la vérité, il suffit de dire que j'ai procédé à l'aménagement de la région de Lakhish, planifié les débuts de la ville d’Arad et fondé le centre de Nitsana.”

Que voulait-il dire? Il parlait tout d'abord de la création d'une zone de développement à l'emplacement de l'an­cienne Lakhish. Ce point stratégique avait été occupé par l'une des cinq villes qui s'étaient opposées à l'entrée du peuple hébreu en Canaan. Le centre de cette région main­tenant florissante est devenu Kiriat Gat, également men­tionnée dans la Bible comme une position fortifiée des Philistins. Au cours des années 50, la mise en valeur du terrain commença avec l’arrivée de dix-huit familles originaires du Maroc qui, sitôt débarquées à Haïfa, furent acheminées vers cet endroit désert Au cours des ans, elles furent sui­vies par des immigrants venus de plus de quarante pays pour former des villages satellites gravitant autour de Ki­riat Gat dont le moto a été emprunté au prophète Ezéchiel : «Je le rassemblerai des différents pays et Je l'amènerai sur sa terre. »

Arad a repris son nom de l’ancienne ville biblique et devint une agglomération importante, créée de toutes pièces en 1961, dans les solitudes du Néguev. Depuis lors, cette ville modèle s'est dotée d'une université, d'institutions culturelles variées et d'un centre climatique recherché pour la qua­lité de ses services.

Le centre éducatif de Nitsana fut établi en 1987, après les ac­cords de paix avec l'Egypte, sur un emplacement occupé primitivement par les Nabatéens, puis par une garnison byzantine ct des moines grecs qui, bien entendu, ne purent survivre longtemps à l'invasion arabe. Comptant 1.500 habitants au temps de sa grandeur, cette oasis avait dû sa prospérité à l'accueil des caravanes qui remontaient d'Ei­lat vers Gaza, pour assurer la dernière étape de la route de l'encens qui permettait d'acheminer, en quatre-vingt jours, la myrrhe et les aromates du Yémen vers la côte médi­terranéenne. Aujourd'hui, des jeunes, fidèles à cette tradi­tion de passages et d'échanges, animent ce lieu dénommé, de façon appropriée, le Village de la paix. A proximité de la frontière égyptienne, ils s'adonnent, en sus d'activités culturelles, à des projets d'agronomie spécialement adap­tés aux conditions du désert, en s'inspirant de méthodes de travail héritées des Nabatéens.

Tout en restant un homme d'action, Lova fut avant tout un visionnaire. Un sixième sens lui permettait de détecter, sous des apparences parfois trompeuses, les courants sous-jacents affectant l'état d'esprit d'une société. Il lui arriva ainsi d'entrevoir plus d'une fois, chez un peuple contraint de vivre dans un environnement difficile, les mouvements secrets de sa conscience collective.

Déjà au début des années 60, il entreprit de sensibili­ser l'opinion du pays au sort des Juifs d'Union Soviétique dans un ouvrage aux accents prophétiques: Entre le mar­teau et la faucille. A l'époque, nul ne se doutait que cette attention portée au «Judaïsme du silence» allait entraîner, quelques années plus tard, la montée en Israël d'un million d'immigrants dont l'apport à la texture économique et hu­maine du pays serait inestimable.

Mais l'intuition la plus saisissante de l'approche d'un événement fatidique lui vint peu avant la guerre de Yom Kippour. Il publia en effet, au moment où des signes in­quiétants s'accumulaient aux frontières, un manifeste in­titulé : La mouette. Doué d'une prescience étonnante, il décrivait, de façon dramatique, le vol de l'oiseau de mer planant au-dessus d'un navire de croisière.

A fond de cale, des soutiers sont enchaînés à leur poste, tandis que sur le pont, des hommes et des femmes se don­nent du bon temps en compagnie d'officiers imbus de leur supériorité. Les cris de la mouette ne cessent de mettre le commandant du Titanic local en garde contre les courants dangereux qui risquent de drosser son bateau sur des récifs devenus menaçants. Mais, impassible, l'officier de quart poursuit sa course comme prévu, sans tenir compte des avertissements réitérés de l'oiseau solitaire. Et ce dernier, de continuer à déchirer, de ses cris perçants, le silence de la nuit.

Sur le moment, ce texte, lourd de sous-entendus, n'eut pas l'heur de plaire ct fut confié à l'éditeur d'une feuille insignifiante. L'on sait que la vérité n'a jamais aidé personne à se faire aimer. Il fallut attendre le déclenchement simultané des hostilités, au Sinaï et au Golan, pour que de telles prémonitions pussent être dévoilées au grand public. Confrontée au visage terrible de la réalité, l'opinion deve­nait soudain intéressée à découvrir cc qu'elle s'était habi­tuée à ne pas voir. Loin de se rengorger, Lova se contenta alors d'offrir ses services à l'unité chargée de contacter les familles des disparus. Il alla ainsi frapper à bien des portes pour annoncer aux parents des victimes qu'un être attendu ne reviendrait pas. Ce beau geste ne saurait surprendre de la pmi d'un homme qui, au moment où il était député à la Knesset, avait travaillé, à titre volontaire, comme aide-soi­gnant dans un hôpital.

Rencontrant, au deuxième jour de la guerre, un écrivain inquiet des suites de la bourrasque, Lova voulut se montrer rassurant: «Bientôt, dit-il, vont arriver au front, les fac­teurs, les secrétaires, les professeurs, les boutiquiers et les paysans. Ce sont eux qui vont renverser la situation.» Evi­tant de mentionner les unités de réserve, il préférait parler des êtres concrets qui, à l'heure de l'épreuve, ne manque­raient pas de répondre à l'appel.

Se rendant compte qu'il serait toujours marginal, il refu­sa de s'aigrir en intériorisant deux impératifs. Le premier: «Ce qui t’est odieux, ne l’inflige pas à autrui ! »  Le second: «Ne désespère jamais de voir un être humain s’améliorer!» Une telle ligne de conduite allait aider cet être exception­nel à se rejoindre, car autre chose est de ressentir une nos­talgie, autre chose de pouvoir l'apaiser. Lova était fina­lement l'un de ces êtres dont le comportement rappelait un certain air de famille. Il y a en effet une manière juive d'être bon et, lorsqu'un Juif l’est, il le manifeste de façon singulière.»

8700 FALASH MURA ATTENDENT ENCORE D’IMMIGRER EN ISRAËL

Antoinette Brémond

Les gouvernements se succèdent et les décisions provisoires ou défini­tives n'ont pas encore résolu ce pro­blème. Il y a encore en Éthiopie 8700 Falash Mura qui attendent, soit dans des camps provisoires à Adis Abeba. soit dans les montagnes, chez eux. Ils veulent venir en Israël rejoindre leur famille. D'origine juive, convertis au christianisme il y a plus de cent ans, ces Ethiopiens, nommés Falash Mura, désirent rejoindre leurs frères en Israël et retrouver leurs racines juives.

La ministre israélienne de l'Immi­gration et de l'Intégration, Sofa Land­ver, a décidé de prendre les choses en main, et d'aller voir sur place. C'est la première fois qu'un ministre de l'Intégration va en Éthiopie pour éva­luer la situation. « Lorsque j'aurai vu moi-même ce qui se passe en réalité là-bas, je pourrai donner mon opinion au Premier ministre et réfléchir avec lui sur ce qu'il convient de faire. Il a-t-elle déclaré au Jérusalem Post avant son départ, le 10 juillet dernier. « J'ai déjà rencontré beaucoup d'organisations s'intéressant au problème des Falash Mura, les unes étant pour leur immi­gration en Israël les autres contre. J'en ai parlé avec les Kessim (responsables spirituels des Ethiopiens). Maintenant je veux me faire mon opinion person­nelle. La Cour Suprême a aussi son mot à dire dans cette affaire, mais l’in­tégration des nouveaux immigrants dépend d'abord du gouvernement, et en particulier de mon ministère. »

Cc voyage a été organisé en collabo­ration avec l'Agence Juive qui est déjà à l'œuvre à Adis Abeba, groupant les Falash Mura pour les préparer à une immigration éventuelle. Sofa Landver passera 2 jours dans la capitale, puis 2 jours à Gondar dans les montagnes où habite la majorité d'entre eux.

Eli Cohen, directeur général du dé­partement d'immigration ct d'intégra­tion de l'Agence Juive, va tout faire pour que la ministre réalise ce que représente ce « voyage » pour les Ethio­piens, de leur village natal de Gondar aux camps de la capitale, et de là vers la société israélienne. « Nous avons déjà mis sur pied un plan d’intégra­tion pour cette dernière tranche de Fa­lash Mura ayant le droit d'immigrer », insiste Eli Cohen. « Il est important de se rappeler les paroles du Grand Rab­bin Shlomo Amar à ce sujet : « Ils sont juifs! », et par conséquent les faire venir en Israël est une question aussi bien humanitaire que sioniste. »

Nahum Gutman, le peintre de Tel Aviv

Misha Uzan

Nahum Gutman est un peintre, sculpteur et auteur israélien né en 1898 en Bessarabie, dans l'ancien empire russe. Son père Alter Gutman, marié à Rivka Gutman, fut éducateur et auteur en hébreu, connu sous le surnom de S. Ben Zion. En 1903 la famille Gut­man déménage sur Odessa dans l'ac­tuelle Ukraine puis en 1905 immigre en terre d'Israël. Nahum Gutman fut un enfant de Neve Tzedek où il vécut toute son enfance, sa famille comptant parmi les fondateurs d'Ahuzat Baït, la société qui édifia Tel Aviv.

Dès l'âge de 15 ans il intègre l'Académie d'Art 'Betsalel' à Jérusalem sous la direction de Boris Shatz. Na­hum Gutman devient un pion­nier de l'art moderne hébraï­que puis israélien prenant ses distances avec ses enseignants européens. Il a beaucoup peint et sculpté la vie à Jaffa et à Tel Aviv. On lui connaît par exemple la série des « Filles de Jaffa» composée de multi­ples tableaux représentant les types de petites filles de Jaffa, distin­guées notamment selon leur tradition. Il s'est attaché également à peindre à partir de modèles des familles arabes de Jaffa, reconstituant leur mode de vie. Nahum Gutman a surtout marqué la ville de Tel Aviv en matérialisant la construction de la ville par ses peintures, par son art. Au palmarès du pein­tre-sculpteur, on trouve des moments sacrés du développement de la ville. ll a peint par exemple la construction de la tour Shalom, la première tour de Tel Aviv. En outre dans le hall de celle-ci est aujourd'hui exposé l'un de ses plus beaux tableaux, une grande mosaïque de cent mètres carrés peinte aux couleurs historiques de Tel Aviv où figurent Ic Lycée ct le Gymnase Herzliya, centres culturels de l' épo­que, autrefois situés à l' emplacement actuel de la tour Shalom ( 1).

Nahum Gutman se fait aussi peintre de Tel Aviv par ses peintures d'Ahuzat Baït puis de Tel Aviv à l'époque où il n'existait que quelques maisons et deux ou trois rues seule­ment. On y observe le paysage de Tel Aviv à ses débuts, bien moins urbain qu'aujourd'hui, c'est peu dire. L'artiste s'est essayé à de nom­breux supports dans le domaine de la peinture et de la sculpture : la goua­che, la peinture à l'huile, les aquarel­les, la plume ou encore la peinture à l'encre. En sculpture, entre autre, son œuvre est très liée à la musique et à son développement dans la première ville hébraïque moderne; en particu­lier des sculptures comme 'Le violo­niste' ou 'Le flutiste qui symbolisent la place prise par ces instruments et leurs musiciens dans la ville. Gutman a cherché aussi par-là à encourager les artistes du Yishouv (implantation juive en terre d'Israël).

Nombre de ses œuvres sont aujourd'hui exposées dans des bâti­ments ou places publiques à Tel Aviv : dans le hall de la tour Shalom on l'a vu. à l'entrée du bâtiment du Rabbi­nat de Tel Aviv rue du Roi David ou encore sur la place Bialik. Tel Aviv comprend depuis mai 1998 un musée Nahum Gutman, au 21 rue Shimon Rokach, dans les murs de Neve Tze­dek, un petit bijou en deux parties de deux étages. Un court film sur la vie de l'artiste est disponible au deuxième étage du musée (en hébreu unique­ment). Le musée prend place dans une vieille maison, aujourd'hui rénovée, construite en 1897 et dite à l'époque 'Maison des éditeurs' puis 'Maison des écrivains', servant de bureau du périodique 'Hapoel Hatzaïr ' (Le jeu­ne travailleur). Dans cette maison ont vécu et travaillé Joseph Haïrn Bren­ner, Joseph Aharonovitch et Deborah Baron.

Jeune artiste à l'heure où s'étei­gnent le cubisme et le dadaïsme dans les années 20, Nahum Gutman fut un artiste éclectique : son œuvre est diversifiée, portée à la fois vers le figuratif et l'abs­trait. Educateur, il est bien connu pour ses nombreux livres illustrés pour en­fants. En 1978, il reçoit le Prix Israël (le plus grand prix national) pour sa contribution à la littérature hébraïque pour enfants. Ce prix vient consacrer une longue carrière estimée par ses pairs : prix Lamdan en 1946, prix Dizengoff en 1956, prix Fichman en lit­térature et art en 1969. Nahum Gutman est à l'origine du blason de Tel Aviv, lauréat du concours or­ganisé par la ville à l'occasion de son 25e anniversaire en 1934. En 1974 il reçoit le titre de docteur honoris de l'Université de Tel Aviv, en 1976 il est fait citoyen d'honneur de la ville. Nahum Gutman est décédé le 28 novembre 1980 à l'âge de 82 ans. Il repose aujourd'hui au vieux cimetière de la rue Trumpeldor.

(1) Voir sur ce tableau l'arti­cle de Kef Israël : http.z/kefisrael. com/2009/0 1 1l2/une ...

Musée d'art Nahum Gutman :

21 rue Shimon Rokach, Tel Aviv 65148 info@gutmanmuseum.co.il   Site internet: www.gutrnanmuseum.co.il

45% des adolescents israéliens font du volontariat

Jean-Marie Allafort

Les deux mois de grandes vacances scolaires se termineront bientôt en Is­raël pour tous les enfants et adoles­cents. A partir de 14 ans, nombreux sont ceux qui font un job d'été pour se faire de l'argent de poche, ce qui ne les empêche pas de profiter des ac­tivités estivales et particulièrement de la plage. Certains donnent aussi leur temps pour des associations d'en­traide ou des organismes de secours. Selon un sondage publié par le journal Post, édité en Israël, 45% des adoles­cents jusqu'à l'âge de 18 ans font du volontariat.

Les jeunes sont de plus en plus individualistes et n'ont d'intérêt que pour Facebook ou Youtube ! Pas sûr! En 5 ans, on enregistre une hausse de 13% des adolescents qui font du vo­lontariat.

La grande majorité d'entre eux est volontaire dans des organisations de jeunesse ou dans le domaine éducatif. Le volontariat le plus prisé est celui auprès des enfants malades, handica­pés ou maltraités. On enregistre éga­lement une augmentation des jeunes volontaires au Maguen David Adom (la Croix Rouge israélienne) ou en­core dans des organismes d'aide aux personnes en difficulté économique.

UNE TERRE SAINTE À PROTÉGER

Myriam Ambroselli

Lorsqu'en 2003, le Centre Américain d'Analyse de l'émission du Dioxyde de Carbone a classé 210 pays selon le nombre de tonnes métriques de dioxyde de carbone émis par habi­tant, Israël arrivait à la 29ème place. Le Qatar; les Emirats Arabes Unis, le Koweït étaient les trois premiers pays de la liste. considérés donc comme les plus pollués du monde. Les Etats-Unis, quant à eux arrivaient en 9ème place. Israël n'était donc pas si mal classé. Cependant il était encore loin de certains pays européens comme l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Espagne et la France.

En effet. malgré les embouteillages quotidiens en Israël, le pays détient un taux de propriétaires de véhicules re­lativement faible comparé aux autres pays développés. Sur 1000 Israéliens, 302 en moyenne disposent d'une voi­ture privée. Ce chiffre est nettement plus bas qu'aux Etats-Unis: sur 1000 habitants, 787 personnes sont équi­pées d'une voiture.

En voiture ou en bus?

Les Israéliens cependant ont vu le nombre de véhicules augmenter au fil des années: en 1960, on en comptait 70.000 dans tout le pays, dont 24 000 véhicules privés. En 1990, le chiffre est passé à un million dom 800.000 véhicules privés. Aujourd'hui, il y a plus de 2,1 millions de véhicules dont 1,6 million, soit plus de la moitié, sont privés. Heureuse croissance du marché de l'automobile correspondant à l'augmentation de la population et ré­vélant une économie en bonne santé. Cependant, malgré la croissance dé­mographique, le nombre de bus a peu augmenté depuis le début des années 80. Le transport collectif est pourtant l'une des solutions les plus simples à l'amélioration de la qualité de l’air.

Protéger les espaces publics

Protéger les espaces publics consti­tue la préoccupation principale des activistes pour l'environnement. Aujourd'hui, seules les réserves naturelles, les parcs nationaux ct les forêts sont protégés par une législation. Tous les autres espaces ouverts du pays (y compris les zones agricoles et les champs en friche) sont sans protection ou sous une protection minimale, ce qui signifie qu'ils sont soumis à une constante menace de développement. Il y a aussi un problème de dérespon­sabilisation dans les lieux publics: les déchets sont souvent laissés à même le sol, quelquefois à quelques mè­tres des poubelles. Le ministère de la Protection de l'Environnement doit s'atteler à une véritable éducation des mentalités dans cc domaine.

Trier pour recycler, tout simplement

Pour réduire le taux de déchets envoyés dans les décharges, le mi­nistère de la Protection de l'Envi­ronnement se concentre désormais sur des alternatives pour solutionner le problème à sa source, notamment avec la réutilisation, le recyclage, le compostage, la fermentation anaérobique, un programme de tri sélectif et de nouvelles stations d'épuration. A chacun d’y mettre un peu de bonne volonté, à commencer par le tri dans sa propre cuisine ! Le programme de tri sélectif n’est pas suffisamment développé dans toutes les villes d'Israël, Jérusalem par exemple est encore à la vieille école dans ce domaine. Pour­tant les Israéliens ont fait des progrès importants: en 2008, 21'% des déchets étaient recyclés contre seulement 3%  au début des années 90. Quelques efforts sont encore nécessaires pour arriver au taux de recyclage des pays européens.

De l’air pur!

Parmi les trois grandes villes du pays, c'est Tel Aviv qui offre la meilleure qualité d'air, Jérusalem arrivant en dernière place derrière Haïfa ... Les chiffres du Réseau Na­tional de la Surveillance de la Qualité de l'Air (branche du ministère de la Protection de l'Environnement) révè­lent que sur un an, il y aurait eu dans la zone de Tel Aviv l'équivalent de 14 jours de pollution excessive (c'est-à-­dire nocive) d'oxydes d'azote, contre 61 jours il Jérusalem et 46 à Haïfa. Espérons que le futur tramway de la ViJIe Sainte y rendra J'air un peu plus pur ...

Livre: une affaire de poison

Bernard Fauvarque

« La bouche du calomniateur est plus dange­reuse que la gueule du canon » Si le proverbe est arabe, la victime est assurément juive, et cela depuis des siècles.

Pour en faire une ma­gistrale démonstration, Paul Giniewski spé­cialiste s'il en est un du conflit israélo-pa­lestinien, part d'un fait qui en 1983 fit un bruit considérable à travers le monde. Des centaines d'écolières palestinien­nes de Judée-Samarie, alors sous zone d'occupation israélienne, étaient hospitalisées, victimes d'empoisonne­ment. Quels étaient les coupables? Bien entendu les Israé­liens ! Cela ne faisait pas un pli pour les médias et l'opinion publique qui emboîtaient le pas à la propagande palestinienne. Résultat : un peu partout de violentes manifestations anti­-israéliennes.

En dépit des enquêtes menées suc­cessivement par la Croix Rouge puis par l'OMS (Organisation mondiale de la santé) ne constatant aucune trace d'un quelconque empoisonnement, une conclusion s'imposait : le coupable ne pouvait être que l'occupant. Le docteur Georges Dassal constatait dans un opuscule intitulé « OMS : politique ou médecine », « que l'état de santé de la population de Judée­Samarie fût satisfaisant ou non, peu importe: il ne sera normal que si les territoires sont évacués ! » Qu'Israël ait pratiquement éliminé le choléra, la poliomyélite, la malnutrition, la tuberculose et la malaria en Judée-Samarie, alors qu'ils sévissent encore dans les pays voisins? Bagatelle! Israël a in­troduit ou développé les structures nécessaires à une hygiène élémentaire (égouts, eau courante, réfrigération des produits alimentaires, immuni­sation des enfants. Peut-être, mais la santé, c'est avant tout l'autonomie, l'indépendance» (P.78)

A partir de cet épisode type, Paul Giniewski analyse toute une série d'affaires basées sur la mise en scène, l'affabulation, le mensonge et la pro­pension de nombreux médias à pren­dre à la lettre les inventions ourdies à Gaza ou même à Ramallah, à les ré­percuter et les propager. Pour une tel­le démonstration, l'auteur ne se base pas sur des rumeurs ou des supposi­tions mais bien sur des faits dûment constatés. Il cite, par exemple, Fran­çois Siegel, directeur de la rédaction du Monde 2, évoquant les conditions de travail des journalistes dans les zones contrôlées par les Palestiniens : s'ils filment des scènes - tel le lynchage des soldats à Ramal­lah - non conformes à l'imagerie d'Epinal que les Palestiniens accréditent à travers le monde, on leur arrache leurs films, on casse leurs caméras. Certains journalistes ont été physiquement menacés, agressés. Ils ont peur. Ils savent leur vie en danger. » (P.204)

A cette liste consternante de faits accusant systématiquement Israël, on peut aujourd'hui ajouter l'épisode récent de l'assaut donné par le commando marin de Tsahal sur la flottille free de Gaza, épisode malicieusement déformé et exploité par les medias arabes qui l'ont baptisé «carnage sioniste », « crime contre l'humanité», « actes barbares » ... Le résultat ne s'est pas fait attendre: Israël se voit aujourd'hui plus que jamais isolé dans le monde.

« Une affaire de poisons»! Paul Giniewki ne pouvait trouver meilleur titre pour qualifier non seulement la triste affaire de 1983 en Judée-Sama­rie mais encore quantité d'autres évé­nements pernicieusement déformés par une certaine propagande. Faute de pouvoir abattre Israël par les armes, on tente de le faire disparaître par le poison. Les peuples libres resteront ils longtemps encore les bras croisés à attendre que ce poison les ait atteints eux-mêmes '!

Lisez. Faites lire « Une affaire de poisons» avant qu'il ne soit trop tard ...

Flashes d'espoir: Israéliens et Palestiniens collaborent dans un projet d'éoliennes

En dépit des tensions récentes, deux compagnies - une palestinienne et une israélienne - travaillent ensemble à installer des éoliennes en Cisjordanie et ailleurs éventuellement.

par Karin Kloosterman - Israel 21c - voir http.//www.israel21c.org/ (l)

L'équipe mixte de Israel Wind Power et Brothers Engineering (Photo courtesy Israel2lc). Un chemin vers la paix se dessine si le projet qui naît entre deux compa­gnies israélienne et palestinienne réussit. Ces com­pagnies, Israël Wind Power dont le siège est à Ramat Gan, près de Tel Aviv et Brothers En­gineering Group de Bethléem en Cis­jordanie, ont annoncé leur intention de coopérer pour le projet de construire et vendre des éoliennes en Cisjordanie et ailleurs éventuellement.

Ce qui frappe, c'est qu'ils ne se laissent pas décourager par les ten­sions récentes à la suite de l'incident de la flottille turque au large des côtes de Gaza.

Brothers Engineering Group a été fondé par le Dr. Mohammed Salem, un pharmacien, homme d'affaires et entrepreneur en lien avec Engineers without Borders. Salem s'est lancé dans ce genre de travail depuis 2006 et il emploie 15 personnes de Bethléem. Sa compagnie fournit des éoliennes et des panneaux solaires en Cisjordanie. La collaboration dans ce domaine sera profitable à chacun dans la région. Cela servira de pont pour la paix dans le conflit Israelo-paleestinien, déclare Mohammad Salem.

«Nous formerons ensemble une compagnie,» dit Salem au site ISRAEL2Ic, ajoutant que "le plan date d'hier et non de demain." Les deux compagnies ont le projet de collaborer dans la vente, la fabrication et l'installation d'éoliennes capables de produire l'électricité (50 KW) pour l'usage d'usines, de bureaux et de maisons privées. Commencer par les territoires palestiniens, et penser plus loin

En fait il y a un an le Brothers Group a contacté (en anglais, leur langue commune) la société Israël Wind Energy une société fondée un an plus tôt, qui a développé une sorte d'éolienne. Yanir Avital, le fondateur, qui soutient le Dr Salem, a reçu des e-mails et est allé visiter la compagnie à Bethléem. "Nous pourrions utiliser leurs relations et aider leur compagnie à progresser."

Le Brothers Group offre aux étudiants d'université de Cisjordanie des cours pour la construction d'éolien­nes, certaines utilisées pour le traite­ment des eaux polluées. Salem estime qu'une association avec l'Israël Wind Energy sera bénéfique pour les cieux sociétés.

Une heureuse entreprise

Pour Yoram Suissa, le directeur d'Israel Wind Power la collaboration avec les Palestiniens permettra le développement de leur technologie dans le monde: «Nous serons comme un pipeline pour nos amis et collègues Palestiniens pour la diffusion de leur produits en Israël et à l'étranger. »

"Nous voyons dans cette aven­ture, dit Salem, une heureuse initiative qui relie nos deux communautés, en voulant igno­rer le conflit qui nous oppose. C'est un exem­ple de la capaci­té des gens ordi­naires à combler le fossé entre nos peuples, spécialement en cette période orageuse." Les deux compagnies ont l'espoir de développer leur projet dans le cours de l'année prochaine. En espérant, bien sûr, que les vents fantaisistes de de la politique ne feront pas échouer ce beau projet.

(1) Un Website (en anglais) qui se propose de présenter les aspects positifs de la vie israélienne. en dépit de tous les problèmes et les tensions dus au conflit actuel. Un site de "ce qui va bien ", malgré ce qui va mal.

Une grande amitié

I.C.

Un livre rapportant les faits et gestes d'Avshalom Feinberg [1889-1917] a paru l'an passé, en suscitant l'attention de la presse hébraïque. Sans prétendre faire la recension de cet ouvrage intitulé: "Une lettre d’Avshalom", qu'il soit toute­fois permis d'apporter certaines précisions concernant les deux années où Avshalom fit connaissance de Jacques et Raïssa Maritain durant un séjour effectué à Paris de 1904 à 1906.

La figure un peu légendaire d’Avshalom a laissé son em­preinte sur l'imaginaire du mouvement sioniste au mo­ment de sa disparition aux confins du désert en 1917, puis cinquante ans plus tard, lorsque les circonstances de sa mort ont pu être élucidées de façon inattendue. Sa famille appartenait au mouvement Bilou, acronyme hébreu de : "Maison de Jacob, allez et nous irons" [Isaïe 2.5], qui fut le noyau de la première Aliya, autrement dit, de la montée en Israël en 1882.

Dès le début de la lère Guerre mondiale, il fut l'un des inspirateurs du mouvement Nili, acronyme hébreu de: "La Gloire d'Israël ne ment pas" [1 Samuel 15.29]. Cette organisation offrait des services de renseignements à l'armée britannique au moment où elle se préparait à envahir la Palestine qui croupissait sous le joug de l'Empire ottoman. Pour ce faire, des messages étaient transmis par chaloupe à une unité de la Royal Navy, venue au rendez-vous au large d'Atlit. Mais, à un moment donné, les Anglais cessèrent de coopérer.

Bravant le destin, Avshalom se décida à partir avec un compagnon vers les lignes anglaises qui s'étaient stabili­sées aux environs d’El-Arish pour rétablir le contact avec l'armée tant attendue. Malheureusement, arrivés au sud de la bande de Gaza, aux environs de Rafiah, ils furent interceptés par une bande de Bédouins, en janvier 1917. Blessé mortellement, Avshalom demanda à son camarade de retourner vers le nord pour rapporter aux siens la triste nouvelle qui ne fut pas sans causer de consternation dans tout le Yishouv, autrement dit, dans la communauté juive du pays.

Comme il est bon de laisser du temps au temps, les tenants et les aboutissants du drame furent finalement éclairés de façon inattendue en 1967. Au moment où l'armée israélienne installait un poste d'observation à Rafiah, après la Guerre des six jours, l'un des officiers du camp ne manqua pas d'être intrigué par la présence insolite, dans ce secteur, d'un palmier situé à l' écart. Mais l'un des Bédouins d'une tribu avoisinante, témoin des événements de 1917, le rassura en lui disant: "C'est le palmier du Juif". Et d'expli­quer que l'homme, enterré là, avait en poche des dattes d'où avait jailli cet arbre isolé. Des examens appropriés confirmèrent qu'il s'agissait bien du corps d’Avshalom qui, dans la fièvre de la victoire, fut en quelque sorte introduit au panthéon national.

Un maître à penser

L'auteur de cette biographie décrit, avec force détails, la vie dAvshalorn à Paris où il était venu pour des motifs d'étu­de. Sans s'attarder sur les rencontres, pour le moins éton­nantes, avec des célébrités telles que Marcel Proust et An­dré Gide, dans un café où ils avaient leurs habitudes, on se limitera ici à réajuster l'idée un peu romancée que l'auteur semble se faire du couple Maritain. Reconnu en Europe et aux Amériques comme le représentant le plus éminent de la pensée catholique au 20ème siècle, lM. [1882-1973] fut, par ses engagements les plus variés, constamment pré­sent aux grands débats de son temps. Traduit en plusieurs langues, son maître livre Humanisme intégral, a jeté les bases d'une nouvelle chrétienté, non plus <sacrale' comme au Moyen-Age, mais ‘profane’ et ouverte aux valeurs du monde moderne. Le jour de sa mort, son ami, le pape Paul VI, dira de lui: "Il fut un maître dans l'art de penser, de vivre, de prier". A cet égard, une anecdote survenue durant la visite de ce pape en Inde ne manque pas d'être éclai­rante. En effet, au cours d'un entretien particulier avec le Président Shastri, Paul VI fut ému de l'entendre dire en toute simplicité: "Mon maître à penser, c'est Jacques Ma­ritain!", car il aurait pu faire le même aveu.

Emportée, semble-t-il, par l'effluve d'une imagination créatrice, le biographe d' Avshalom s'étend complaisam­ment sur le cadre soi-disant bourgeois de la vie des Mari­tain à cette époque. L'on sait pourtant que le jeune ménage vivait de façon assez austère, si bien que, chez lM., le côté bourgeois appartenait plutôt à son ascendance. Son grand-père maternel était, en effet, Jules Favre dont l'op­position à Napoléon III avait été notoire. Il devint ministre des Affaires étrangères en 1870 dans le gouvernement de la Défense nationale et fut contraint, à la suite des défaites françaises, de consentir à la capitulation de Paris, puis à un armistice humiliant en janvier 1871.

Dans l'exercice de ses fonctions, il reçut le Chancelier Otto Von Bismark dans sa résidence privée à Versailles, pour finaliser les conditions de l'évacuation du territoire fran­çais. Un Rothschild représentait la France dans les négo­ciations de l'indemnité de guerre exigée par la Prusse dont les banquiers étaient Mendelsohn et Bleichröder. Effrayé des cinq milliards de francs or exigés par la Prusse, Jules Favre essaya d'amadouer son hôte en arguant: "Même si quelqu'un voulait compter depuis la naissance du Christ, il n'arriverait pas à une somme si énorme!" Ce à quoi, le ‘Chancelier de fer’ répliqua froidement: "C'est pour cela que nous avons avec nous Bleichröder, il compte depuis la naissance du monde!"

Peu après la Première guerre mondiale, la maison des Ma­ritain, à Meudon, devint un pôle d'attraction où affluaient les personnalités les plus en vue du monde des Lettres et des Arts. Dans un style empreint d'une modestie touchante, Raïssa nous a laissé, dans Les grandes amitiés, un écho des heures stellaires de ce qui fut alors un haut-lieu de l'esprit. On signalera à ce sujet que ces souvenirs ne furent rédigés que pour répondre aux instances réitérées de son entourage et en particulier du philosophe thomiste Etienne Gilson. En dépit de ses sympathies de jeunesse pour l'Action fran­çaise, J.M. se désolidarisa de cette idéologie dont les op­tions devenaient inquiétantes. Prônant un "nationalisme intégral", elle se signalait par des attitudes outrancières comme en témoigne l'un de ses mots d'ordre: "La violence au service de la raison !" Sans omettre de rappeler les ten­dances antisémites de cette formation bourgeoise, le philo­sophe se justifia, après la condamnation du mouvement par Rome, en publiant Primauté du spirituel qui eut un grand retentissement dans la conscience nationale.

Etant donné ses prises de position face au déferlement du Nazisme, outre-Rhin, il n'est pas surprenant que, suite à l'occupation de la zone nord du pays, l'une des premières démarches de la Gestapo fut de contacter l'Institut Catho­lique de Paris pour demander où se trouvait le professeur de philosophie. Comme il était déjà en tournée de confé­rences au Canada, il souhaita revenir en France pour être présent aux souffrances des siens, mais son disciple et ami, l'abbé Charles Journet - devenu par la suite, Cardinal - lui téléphona pour lui déclarer sans ambages: "Je vous donne l'ordre de rester là où vous êtes!"

Il serait superflu de préciser qu'il rompit dès le début avec l'ambiance méphitique du régime de Vichy, dont l'ad­ministration fut un refuge des plus accueillants pour les membres de l'Action française. Dès sa première rencontre avec le Maréchal, Charles Maurras, l'inspirateur de ce par­ti réactionnaire, avait du reste salué sa venue au pouvoir comme "une divine surprise". Cet agnostique en profitait pour souffler à l'oreille du Chef de l'Etat le secret d'une monarchie sans roi et d'une Eglise sans foi.

Durant la guerre, l'appartement des Maritain à New York, devint un havre de paix où aboutissaient bien des victimes de la ‘Nouvelle Idée’, un titre dont le parti nazi aimait à s'affubler. L'historien de l'art, Focillon, le prix Nobel Si­grit Undset, Chagall, Elizabeth de Miribel, secrétaire du chef de la France Libre, et bien d'autres encore vinrent se ressourcer à cet endroit. De là. partirent aussi les nom­breuses demandes de visa que son prestige lui permettait de faire en faveur des intellectuels juifs qui cherchaient désespérément le moyen de quitter un continent devenu inhospitalier.

L'exilé volontaire évoquera plus tard le climat oppressif de cette époque. "Années de New York, où assiégés par le dé­sespoir tandis que la croix gammée triomphait en Europe, il fallait quand même soutenir les cœurs (et c'est alors que Raïssa a connu la blessure la plus cruelle, la brûlure de l'esprit à la vue de l'agonie des opprimés et des persécutés, et de l'horreur d'un monde que Dieu semblait abandon­ner). "

Le manifeste qu'il publia peu après la défaite de 1940 : A travers le désastre avait eu un tel impact sur les premiers volontaires de la Résistance qu'on lui demanda d'institu­tionnaliser son aide aux partisans de la France libre. Ainsi commença la longue série des messages que Radio Lon­dres diffusait chaque semaine dans cadre de l'émission Les Français parlent aux Français où André Gallois et Jean Marin veillaient à entretenir la flamme. C'était l'un des moments forts de ces émissions annoncées par le motif initial- Le destin frappe à la porte - de la cinquième Sym­phonie de Beethoven. Désignant en morse, la lettre V, le signal Pan-pan-pan-pan entendait rappeler à l'adversaire - dans sa langue à lui - qu'il n'était pas le seul à songer à la Victoire.

On ne saurait s'étonner, qu'avec de tels états de service, le pays allait une fois de plus faire appel à lui en lui deman­dant d'assumer, de 1945 à 1948, le poste d'ambassadeur de France près le Saint Siège. "Je suis rentré, disait-il, à New York le 1er janvier 1945, n'ayant pas réussi à faire renon­cer le général de Gaulle et G.B., alors ministre des Affaires Etrangères, à leur projet de me nommer ambassadeur au Vatican. L'acceptation à laquelle j'avais été moralement contraint par leur insistance, et par le sentiment que je ne pouvais me dérober à une tâche demandée au nom du pays encore en guerre m'avait réduit à une sorte de désespoir."

Un témoin fidèle

Aucun chrétien n'a jamais trouvé, comme Jacques Ma­ritain, les mots propres à toucher la sensibilité d'Israël. L'ayant pas mal fréquenté, Karl Stem était bien placé pour en parler. "Aucun membre de l'Eglise, dit-il, ne semblait avoir jamais compris avec autant de pénétration le problème juif. Il s'exprimait avec une imprécision particulière, procédant par touches légères plutôt que par affirmations, et cependant tout ce qu'il disait donnait une impression de substance et de clarté. J'éprouvais dès la première minute le sentiment d'un contact direct ct personnel étrangement agréable et qui était le résultat de beaucoup de charité et d 'humilité."

Une clairvoyance innée l'avait induit à voir dans le na­zisme une hystérie collective aux tendances délétères. Dès le moment où l'ombre du mancenillier à la sève empoi­sonnée commença à s'étendre, il redouta que le peuple élu ne devînt la première victime de sa présence maléfique. Aussi, ne saurait-on mieux faire que de laisser un tel pen­seur parler du drame auquel il ne pouvait songer sans un vertige de douleur.

Extraits d'une conférence donnée à Paris au Théâtre des Ambassadeurs, le 5 février 1938 :

«L'antisémitisme apparaît comme un phénomène patholo­gique qui révèle une altération de la conscience chrétienne quand elle devient incapable de prendre ses propres res­ponsabilités dans l'histoire, et de rester existentiellement fidèle aux hautes exigences de la vérité chrétienne. Alors, au lieu de reconnaître dans les épreuves et les épouvantes de l'histoire la visitation de Dieu, et d'entreprendre les tâ­ches de justice et de charité requises par cela même, elle se rabat sur des fantômes de substitution concernant une race entière, auxquels certains pré­textes particuliers, fondés ou non, lui servent à donner consistance; et en donnant libre cours à des sentiments de haine qu'elle croit justifiés par la religion, elle se cherche à elle-même une espèce d'alibi.»

«Pour attiser le feu mauvais qui consume les peuples, il y a, dans l'Eu­rope d'aujourd'hui, ceux qui veulent l'extermination et la mort et d'abord l'extermination des Juifs - car c'est bien de cela qu'il s'agit, n'est-ce pas, en définitive ? - et qui, sous l'appareil stupide du scientisme raciste ou de documents forgés, dissimulent aux autres hommes, et parfois à eux-mê­mes, l'espoir fou d'un massacre géné­ral de la race de Moïse et de Jésus. Ce massacre reste un songe; les germes de haine dont s'emplit l'atmosphère sont une réalité. Il faudrait beaucoup d'amour, d'esprit de justice et de cha­rité pour assainir cette atmosphère. »

Extraits d'une conférence donnée au Théâtre Marigny, le 8 février 1939. «Commentant les paroles du Canon de la Messe Sacrificium Patriarchae nostri Abrahae, le Sacrifice de notre Père Abraham, le Pape (Pie XI) s'est écrié: "Remarquez qu'Abraham est appelé notre patriarche, notre ancêtre. L'antisémitisme n'est pas compatible avec la pensée et la réalité sublimes qui sont exprimées dans ce texte. C'est un mouvement dans lequel nous chrétiens nous ne pouvons avoir aucune part ... Spirituellement, nous sommes des sémites." Spirituellement nous sommes des sémites: aucune pa­role plus forte n'a été prononcée par un chrétien contre l'antisémitisme, et ce chrétien est le successeur de l'apô­tre Pierre.»

«Notre époque offre aux démons ho­micides des festins inouïs. [ ... ] L'im­mense clameur qui monte des camps de concentration n'est pas perceptible à nos oreilles, mais elle pénètre dans les fibres cachées de la vie du monde et son invisible vibration les déchi­re.»

Si sublime que soit chez J.M. la dé­nonciation des crimes du racisme, l'évocation de sa pensée serait incom­plète si l'on omettait de rappeler ce qu'il écrivait au sujet de l'Etat d'Is­raël, quelques années après sa fonda­tion. A la fin d'lm ouvrage où il réca­pitulait ses vues sur l'antisémitisme, il s'interrogeait sur la possibilité de réconcilier le sens nodal du Judaïsme avec la réalité d'lm Etat cerné d'en­nemis implacables ct cyniques. Dans l'introduction au Mystère d'Israël, il reconnaissait pourtant ses limites face à une telle entreprise:

«A vrai dire, j'espérais qu'avant de réunir ces textes je pourrais parler d'une manière suffisamment appro­fondie d'un sujet - l'Etat d'Israël - sans l'étude duquel on ne saurait désormais traiter valablement de ce qui concerne le peuple juif. J'ai dû me contenter de proposer les réflexions qui me semblent indispensables, en m'excusant d'aborder d'une façon trop sommaire un si grand sujet.»

Un nom ailé

En juin 1947, Raïssa Maritain com­posa la poésie intitulée: Le Nom d'Is­raël

Nom ailé, irisé, sons brisés du tor­rent sur les pierres

Nom de grâce et de ciel

Israël! Israël! Nom sincère

Echo de larmes et de cris

Chant des divines tendresses

Calice des dons de l'Esprit

Etendard de Ses Promesses

"Israël est sauvé d'un salut éternel"

Israël! Israël!

Aliya : Tapis Rouge des Juifs de France

Antoinette Brémond

L'Agence Juive en partenariat avec l'association AMI a accueilli le 28 juillet 537 nouveaux immigrants fran­çais. Depuis plusieurs mois des délé­gués d'Israël en France préparaient cette « montée» en groupe. Leur but: rendre le « saut» aussi facile que pos­sible pour ces Juifs français, de tout âge, désireux de s'installer au pays, « à la maison ».

L'aliya Tapis Rouge, ce nouveau programme de l'Agence Juive, facilite et fluidifie l'intégration. Tout d'abord le fait d'être en groupe est plus exal­tant. Avant de s’envoler lors d'une cérémonie d'adieu à Paris, le groupe reçoit la bénédiction du Grand Rabbin de France et se sent ainsi soutenu par la communauté juive dans son ensem­ble.

Arrivés en Israël le 28 juillet au pe­tit matin, accueillis par l'Agence Juive et des personnalités du gouvernement, ils sont dirigés vers un grand hotel. Après la cérémonie officielle de bien­venue, ils se répartissent dans deux hôtels où ils resteront 48 heures avant d'être acheminés le vendredi 30 juillet dans tous les coins du pays. Dès le 28 au soir ils ont reçu leur carte d'iden­tité israélienne. Puis le lendemain, un mini salon va leur permettre d'ouvrir un compte en banque, de s'inscrire à une caisse maladie de leur choix, de recevoir un téléphone cellulaire ... ces diverses sociétés étant présentes pour leur proposer leurs services. En un jour ils seront équipés, alors qu'avant le Tapis Rouge, passant d'un bureau à l'autre, il leur fallait des mois.

Le cadre d'un hôtel 5 étoiles pour les démarches administratives faci­lite grandement. Toute l'équipe de l'Agence Juive de Jérusalem et les différentes administrations sont pré­sentes sur place pour répondre à toutes les questions des olim (nouveaux immigrants) : les problèmes du tra­vail, de l'apprentissage de l’hébreu, de la santé, de l'immobilier, des uni­versités, des écoles pour les enfants, l'équivalent des diplômes français etc. 14 responsables d'intégration ré­partis clans toutes les régions seront en charge du suivi des familles pendant un an.

Mais qui sont-ils?

La majorité vient de la région pa­risienne. Parmi eux, une proportion importante de jeunes. Ces jeunes sont parfois les enfants de parents français ayant fait leur alya il y a quelques années, et qui sont retournés vivre en France. Et certains de ces enfants, sachant déjà l'hébreu, décident de re­venir au pays en tant que nouvel im­migrant. Leurs parents, en fait, sont Israéliens.

A ce groupe de Parisiens se sont ajou­tés deux groupes formés de familles. L'un venant de Villeurbanne (10 fa­milles), l'autre de Marseille.

La plupart ont décidé, il y a environ un an, de se lancer dans l'aventure. Ils ont donc formé ce groupe, cette cel­lule pour monter non en solitaire mais en « peuple ». Pendant cette année, ils ont rencontré un délégué de l'Agence Juive étant venu encourager et prépa­rer l'alya. Certains rabbins sont aussi des « moteurs » pour aider ces dé­parts. Pendant cette année, la plupart sont venus en Israël pour préparer leur arrivée, choisir en particulier le lieu où ils désirent résider.

Par exemple, les familles de Mar­seille ont en majorité opté pour Ely, une implantation à 40 Km de Jérusa­lem. D'autres, ayant de la famille à Netanya, Ashdod ou Haïfa, ont pré­féré se rapprocher d'eux. Il faut dire que Netanya et Ashdod sont réputées pour être des villes « franco-russes» ! Ceux qui ne parlent pas français par­lent russe ... et sur les écriteaux de la ville, on peut souvent lire en français.

L'accueil

Après ces deux jours à l'hôtel, mu­nis de tous les renseignements néces­saires, ils sont partis vers la destina­tion de leur choix. Ceux d'Ely nous ont parlé de l'accueil: à leur arrivée, des banderoles en français pour leur souhaiter la bienvenue, un buffet, bois­sons, gâteaux, bonbons. Les enfants semblent ravis de cette ambiance de fête et s'adaptent en un tour de main. D' autant plus qu'ils forment déjà un groupe important d’enfants qui se connaissent depuis un an. Avant de « quitter », ils avaient déjà reconstruit un nouveau tissu de relations.

Bien sûr, il y a toujours les excep­tions. Ceux qui arrivent sans avoir rien préparé, poussés par un amour sionis­te ! Alors, ils se présentent souriants devant les responsables de l'Agence Juive: « Nous voilà! » Ceux-là aussi sont accueillis avec le sourire et sui­vis par diverses organisations d'entre-aide.

Par contre, si tu n'es pas juif ou si tu es juif messianique, la situation se compliquera.

Si cette aliya du 28 juillet a ce ca­ractère très particulier dû au nombre, 537, presque chaque fin de mois, des groupes de nouveaux immigrants ar­rivent également de France, de Belgi­que, de Suisse... comptant quelques dizaines ou même 100 à 200 person­nes. Il y a 15 jours, ce sont 250 nou­veaux immigrants qui sont venus des USA, soutenus par l'organisation Ne­fesh beNefesh.

L'Agence Juive

L'Agence Juive est une organisation indépendante, ONG, qui fonctionne majoritairement avec des dons. Après avoir payé le billet simple course des immigrants, elle va leur faciliter la vie les aidant financièrement pendant plusieurs mois. Et cela aussi bien pour l'apprentissage de l'hébreu, que pour l'achat d'une voiture, l'électroména­ger, les frais de logement, les études etc. Le ministère de l'Intégrations aide également dans certains domaines.

Le président de l'Agence Juive, Na­than Charanski, insiste actuellement sur le fait que le but de son organisa­tion n'est pas seulement de faire mon­ter des Juifs en Israël, mais de lutter contre l'assimilation en diaspora, de renforcer l'identité juive particulière­ment auprès de jeunes et d'intensifier les liens entre Israël et les communau­tés juives à l'étranger. : « Une identité juive renforcée poussera encore da­vantage de jeunes à choisir de s’ins­taller en Israël».

Nombre de nouveaux immigrants de France:

- en 2005  2951

- en 2006  2801

- en 2007  2715

- en 2008  1867

- en 2009  1909

Humour en finale

La scène se passe sur le front de mer à Tibériade. Un couple de Viennois, désireux de se rendre à Capharnaüm, s'ap­proche d'une embarcation et s’enquiert du prix de la traversée. «Vingt dollars» répond l'homme de barre. «C'est pas donné!» réplique le Viennois, et d'ajouter  « Chez nous, à Vienne, on demande simplement cinq shillings pour passer le Danube ! »  « Mais, dit le jeune sabré, ici c'est pas Vienne. Ici, c'est le lac de Tibériade, c'est la mer de Galilée, c’est le lac de Génézareth, c'est ici que Jésus a marché sur les eaux!» «Oh ! » répond le Viennois, «A ce prix-là, c'est pas éton­nant! »