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Prière de St Ignace

 « Seigneur Jésus,
apprenez-nous à être généreux,
à vous servir comme vous le méritez,
à donner sans compter,
à combattre sans souci des blessures,
à travailler sans chercher le repos,
à nous dépenser sans attendre d’autre récompense
que celle de savoir que nous faisons votre Sainte volonté. »

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No 17 – Septembre 2004

Sommaire :

  • Editorial
  • Dossier : l’eau, problème majeur du Proche-Orient
  • Histoire : l’après-guerre, octobre 1973 – mai 1977
  • Du grec dans l’hébreu
  • Ici on parle français
  • Témoignage : cadeau pour Roch Ha-Shana
  • Témoignage : des grenades, des pommes et du miel
  • Les touristes reviennent à Bethléem
  • Portrait : un juriste et un juste
  • Petites initiatives
  • Chant du mois et l’humour

 

Editorial

Depuis la naissance de « Un écho », voici la troisième fois que la fête de Souccoth, nommée aussi des « tentes », des « cabanes », ou des « tabernacles » nous plonge dans une des réalités du peuple juif. Je n’ai pas eu l’occasion en France de me trouver proche d’un quartier juif lors d’une fête de Souccoth, mais ici il est impossible d’y être indifférent tant cette fête explose de joie.

A l’origine, elle doit son existence à la vie de la nature, liée aux récoltes et aux vendanges, puis Israël après l’Exil la reliera à son histoire, d’où les « cabanes » avec toit ajouré laissant apercevoir le ciel comme pendant les quarante années passées au désert, et finalement tout en gardant son caractère agraire, ce sera la fête escha­tologique.

Du temps de Jésus, cette fête est la fête de la joie par excellence où l’on célèbre le Seigneur pour ses dons passés et pour ceux qu’Il prodiguera dans le futur. Ainsi avec chants et danses on va puiser l’eau à Siloé dans l’attente de la pluie après un long été. Aujourd’hui, Souccoth n’a pas d’équivalent dans notre liturgie chrétienne, bien que les évangiles s’y réfèrent à différentes reprises comme dans Jean 7,2.37-39 où Jésus proclame le dernier jour de la Fête, le plus solennel :  « si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive celui qui croit en moi ». Dans les récits de la Transfiguration, Pierre propose de dresser trois tentes et les rameaux agités devant Jésus lors de son entrée à Jérusalem rappellent singulièrement le bouquet de Souccoth formé de palmes, de branches de myrte et de saule.

Aujourd’hui à Jérusalem, les terrasses se transforment et les gazons au pieds des immeubles se hérissent de « cabanes » où les hommes dorment et  prient pendant les jours de la fête et où les familles  prennent leurs repas : actualisation du désert où Israël a marché pendant quarante ans au milieu de ses embûches mais où Dieu a manifesté son amour pour son peuple.

C’est une fête « pour Dieu », mais une fête pour tous. Relisons le Deutéronome au chapitre seize, versets 13-15 : « Quant à la fête des tentes, tu la célèbreras pendant sept jours lorsque tu auras rentré tout ce qui vient de ton aire et de ton pressoir. Tu seras dans la joie de ta fête avec ton fils, ta fille, ton serviteur, ta servante, le lévite, l’étranger, l’orphelin et la veuve qui sont dans tes villes. Sept jours durant, tu feras un pèlerinage pour le Seigneur ton Dieu au lieu que le Seigneur aura choisi, car le Seigneur ton Dieu t’aura béni dans tous tes produits de ton sol et de toutes tes actions ; et tu ne seras que joie ».

                                                                                                                         Cécile Pilverdier

 

Dossier : l’eau, problème majeur du Proche-Orient

L’eau est source de vie et l’homme ne peut se passer d’en boire plus de deux ou trois jours consécutifs. L’eau est primordiale pour l’homme, elle est nécessaire à son alimentation, à son hygiène et également à ses loisirs.

Si l’approvisionnement en eau douce stimule l’ingéniosité de l’être humain, il excite également des querelles pour ce précieux liquide. La demande en eau douce des pays en développement augmentera au XXIe siècle, mais les déséquilibres entre les besoins en eau et la disponibilité de la ressource provoqueront certainement des flambées de violence. Si l’or noir (le pétrole) est source de conflits et d’intérêts économiques il semble que l’or bleu (l’eau) suscitera bien des querelles dans les décennies à venir. Des conflits dont l’enjeu est l’approvisionnement en eau ont créés des tensions locales, nationales et même internationales : Inde et Pakistan (de 1947 à 1960), Egypte et le Soudan (1958), Israël, Jordanie et Syrie (dans les années 1960 et 1970), Afrique du Sud (1990), Irak et le Koweït (1991)…

En Israël, comme dans de nombreuses régions du globe, le problème de l’eau est crucial car tout d’abord ce pays est situé aux abords des déserts d’Arabie et du Sinaï. Le pays s’étend sur des régions de climat méditerranéen au nord, désertique au sud (Néguev). Un des problèmes que rencontre notre région est la mauvaise répartition de l’or bleu entre tous les habitants.

Nous désirons faire cette étude sur l’eau en deux parties : tout d’abord nous étudierons les problèmes d’eau que rencontre l’Etat d’Israël et la deuxième partie de l’exposé (dans notre prochain numéro) sera consacrée aux problèmes rencontrés dans les territoires de Judée-Samarie, dans la bande de Gaza et dans les pays voisins d’Israël.

 

Sources d’eau d’Israël

« Car le pays où tu vas entrer pour en prendre possession n’est pas comme le pays d’Egypte, d’où vous êtes sortis, où tu jetais ta semence en l’arrosant à l’aide de ton pied comme un jardin potager. Le pays dans lequel vous passez pour en prendre possession est un pays de montagnes et de vallées et qui boit les eaux de la pluie du ciel ; c’est un pays dont l’Eternel, ton Dieu, prend soin et sur lequel l’Eternel, ton Dieu, a continuellement les yeux, du commencement à la fin de l’année. » (Dt. 11,10-12)

En effet, le pays d’Israël, contrairement à l’Egypte (que le Nil traverse) est arrosé par les eaux de pluie, mais, étant situé à l’orée d’une zone désertique il a toujours souffert d’un manque d’eau. La Bible relate les pérégrinations d’Abraham et de sa descendance qui dût trouver en Egypte le ravitaillement nécessaire à leur survie. Dès la haute antiquité des puits furent creusés (Abraham à Be’er-Shéva ; Jacob à Sichem, des rois de Jérusalem dans les déserts…). En se promenant dans le Néguev l’on peut découvrir les aménagements des Nabatéens pour le stockage et la conservation des eaux (barrages, citernes et réservoirs). Les nombreuses fouilles archéologiques ont révélé une civilisation tant citadine que rurale dans le Néguev.

Le climat du pays varie de tempéré à tropical et se caractérise par un fort ensoleillement. Deux saisons principales prédominent : la période d’hiver, de novembre à mai, relativement pluvieuse au nord et sur les hauteurs de la Galilée, de la Samarie et de Judée ; et un été chaud les six mois suivants. Les précipitations sont décroissantes du nord au centre du pays, pour devenir presque inexistantes dans le sud (Arava et la région d’Eilat).

Les conditions climatiques régionales varient avec des étés chauds et humides et des hivers doux sur le littoral méditerranéen ; tandis que des étés secs et des hivers modérément froids caractérisent les régions montagneuses de Galilée, Samarie et Judée. Dans la dépression du Jourdain (la faille syro-africaine) les étés sont très chauds et secs, en revanche les hivers sont très agréables. Quant au Néguev, il connaît des conditions semi-désertiques tout au long de l’année.

La moyenne annuelle des précipitations est de 500 mm ce qui équivaut à trois fois la « capacité en eau » du pays. L’évaporation de l’eau dans ce pays chaud dépasse 60% des précipitations, 5% s’écoule vers la mer et 35% s’infiltrent dans le sol pour rejoindre la nappe phréatique. Les pluies fortes et concentrées tombent essentiellement dans le nord du pays, alors que les grandes plaines cultivées sont au sud (nord du Néguev).

Nous utilisons en Israël 93% de nos ressources en eau et la consommation annuelle du pays approche les 2 milliards de m3 et est continuellement en augmentation. De plus le déficit en eau potable, accumulé ces dernières années en Israël, correspond à une année de consommation d’eau !

Le manque d’eau provient de la nature (années de sécheresse), de l’homme (demande croissante), ainsi que des contrats signés avec les voisins. Israël, comme d’autres pays au monde, utilise de l’eau plus qu’il n’en possède ! « … La crise de l’eau va en s’accentuant… au point de provoquer une crise de l’eau douce du pays… » (Le Comité d’enquête de la Knesset, juin 2002).

Avant l’indépendance de l’État d’Israël en 1948, 40% de la nourriture était importée. De nos jours, malgré une augmentation croissante considérable de la population (immigration des Juifs du monde entier, de plus de 100 pays et de 3 enfants par famille en moyenne), Israël exporte d’importantes quantités de fruits, de légumes et de fleurs surtout vers la Communauté européenne.

Les terres irriguées passèrent entre 1948 et 1990 de 35 000 ha à 285 000 ha grâce à la Conduite nationale d’eau ; les travailleurs agricoles passèrent pendant la même période de 17,6% à 4,6% grâce à la mécanisation. La production agricole a augmenté depuis 1948 de 16 fois (3 fois plus que l’accroissement de la population). Malgré ces avancées dans le domaine agricole, Israël importe du blé, des graines oléagineuses, du sucre, de la viande et du grain pour la préparation de la nourriture des animaux.

Si la consommation en eau d’Israël a augmenté de 50% depuis 1960, il n’en est pas vrai de ses précipitations et l’on a atteint la surexploitation des réserves d’eau potable. Les membres de la Commission de l’eau (Water Commissioner’s Office, WCO), ainsi que Mekorot et d’autres experts se sont penchés sur la gravité du problème de l’eau. Des mesures furent prises pour réduire la consommation d’eau et pour accélérer la création de nouvelles sources d’eau, comprenant la création de stations de dessalement d’eau de mer, des eaux saumâtres…

 

La répartition de la consommation en eau pour l’année 2002 était la suivante :

      - Secteur urbain : 50%.

      - Agriculture : 43%.

      - Secteur industrie : 7%.

 

La moyenne annuelle des pluies est ainsi répartie :

Villes :        Safed     Haïfa     Tibériade                        Tel-Aviv                        Jérusalem            Béer-Shéva         Eilat

Jours :           58         51         47                     46                     44                     27                     5

Mm :          712       540       407                  524                  553                  207                  32

(Chiffres du Centre d’information d’Israël, année 2003)

 

1  Les eaux captées en Israël proviennent:

- Du Jourdain et du lac de Tibériade: 650 millions de m3.

-Des nappes souterraines : l’aquifère côtier fournit 570 millions de m3

et celui des montagnes de Judée-Samarie 450 millions de m3 :

soit plus d’1 milliard de m3.

- Divers: sources, inondation, barrages, eaux usées recyclées: 200 millions de m3.

- A Eilat : utilisation des eaux de la Arava et dessalement de l’eau de mer.

 

-Total des réserves en eau d’Israël: près de 2 milliards de m3.

 

Le Jourdain

La seule rivière de quelque importance qui parcourt une partie du pays d’Israël est le Jourdain, dont les sources se trouvent au pied du mont Hermon, qui délimite la frontière nord du pays avec le Liban et la Syrie. Un de ses affluents, le Hazbani, provient du Liban.

D’une longueur de 252 km, le Jourdain accuse une déclivité de plus de 700 m entre ses sources au pied de l’Hermon et son arrivée dans la mer Morte. Le Jourdain traverse d’abord la vallée de Houla (le doigt de la Galilée) qui comprenait le lac de Houla, dont le drainage fut achevé en 1957. Bien qu’une réserve naturelle le remplace, ce projet ne fut pas moins qu’une catastrophe écologique à laquelle on essaie de palier. Ensuite, le Jourdain se jette dans le lac de Tibériade où il dépose les limons accumulés dans son cours supérieur et continue sa course en aval dans une déclivité relativement faible vers la mer Morte (-400 m) en faisant d’interminables méandres.

. Si tout autour d’Israël des pays sont traversés par de magnifiques fleuves aux débits impressionnants (le Nil : 61 milliards de m3/an ; le Tigre : 31 milliards ; l’Euphrate : 30 milliards), il n’est pas de même de ce pays dont le seul fleuve, le Jourdain, a un débit qui ne dépasse pas les 550 millions de m3/an.

Ses trois sources principales sont :

Le Banias: 125 millions de m3 d’eau, qui coule du pied du mont Hermon (sous le contrôle syrien avant 1967).

Le Dan: 230-250 millions, au pied de l’Hermon (sous le contrôle d’Israël depuis sa création).

Le Hazbani (Snir) : 150 millions, qui coule du Liban.

A la sortie du lac de Tibériade, le Jourdain est gonflé des eaux du Yarmouk dont les sources sont en Syrie. Des barrages furent réalisés sur son cours syrien et les Jordaniens captent les eaux restantes.

 

Le lac de Tibériade

Une des grandes réserves d’eau du pays d’Israël se trouve dans la cuvette bordée des monts de Galilée et du Golan, à 210 mètres au-dessous du niveau de la mer : le lac de Tibériade. Sa superficie est de 165 km2. Long de 21 km, large de 6 à 15 km, profond de 40 à 53 m, il peut contenir 4 milliards de m3 d’eau.

Exposé au soleil de l’été il subit une évaporation de 250 millions m3/an. Il reçoit 880 millions de m3 d’eau/an: soit 550 millions du Jourdain et le reste de la haute Galilée, du Golan et des eaux de pluie (cet apport d’eau fluctue suivant les années).

Tous les ans, Mekorot, la Compagnie israélienne des eaux, pompe l’équivalent de 420 millions de m3 d’eau. Ce lac est très poissonneux : carpes argentées, sardines, mulets, saint-pierre (tilapie)…

Ces dernières années, les précipitations annuelles n’avaient pas permis de remonter le niveau du lac à sa cote maximale. Un déficit en eau d’une hauteur de 5 m s’était donc accumulé risquant de provoquer une catastrophe écologique. Cependant les précipitations importantes de l’hiver 2003-04 ont permis au lac de remonter son niveau de 4,3 m comblant presque ce déficit de 5 m.

 

Le Golan et le problème de l’eau

Les eaux du Golan, de l’aquifère et des eaux de surface, représentent près du 1/6 de la consommation annuelle israélienne, soit 350 millions de m3. Ces eaux et celles des sources du Jourdain s’écoulent vers le lac de Tibériade en contrebas du plateau. Le Golan de par sa position géographique contrôle 30% des eaux d’Israël. Les eaux du lac de Tibériade sont primordiales pour le développement d’Israël, car elles servent d’alimentation pour la Conduite nationale qui distribue l’eau dans tout le pays jusqu’au sud de Be’er-Shéva, au kibboutz Mashabé-Sadé.

 

Le problème de l’eau entre la Syrie et Israël, pendant les années 1948-67, fut souvent un casus belli entre les deux armées. Damas a essayé de dévier l’eau des affluents du Jourdain, avant qu’ils n’entrent sur le territoire israélien. A cet effet une grande tranchée-canal fut construite en 1964, tout le long du Golan, le traversant du nord au sud.

Le Golan fournit une grande quantité d’eau à Israël et sur cette “fontaine” du Golan les conceptions s’opposent littéralement. Les Israéliens justifient leur accès à cette ressource en avançant le droit d’usage, mais pour les Syriens ce « droit d’usage» fut acquis par Israël, par la force, en 1967. La déclaration du porte-parole de l’ancien Premier ministre E. Barak, M. Gadi Baltiansky, est significative : « Avant la guerre de 1967, nous avions des problèmes car la Syrie détournait les sources d’eau du Golan, et le Premier ministre estime que nous devons nous assurer que cela ne se reproduira plus ».

Dans le cadre d’un accord de paix entre les deux Etats, des solutions pragmatiques peuvent être trouvées. Israël reconnaissant la souveraineté syrienne sur les eaux du Golan recevrait de la part de Damas un quota de ces eaux, ceci à l’instar des accords israélo-jordaniens.

La plaine côtière et son aquifère

Dans la plaine côtière nous rencontrons quelques rivières comme le nahal Keziv (de Galilée occidentale vers Akhziv) ; nahal Na’aman (qui coule vers Akko) ; le nahal Qishon (qui coule au nord de Haïfa, très pollué) ; le nahal Daliyya et le nahal Tanninim (du Carmel à la Méditerranée) ;le nahal Alexander et Poleg (des monts de Samarie) ; le Yarkon (220 millions m3/an) et l’Ayyalon, qui coulent à Tel-Aviv (sources au pied des monts de Samarie) ; nahal Sorek et nahal Lakish (des monts de Judée, des régions de Jérusalem et d’Hébron).

Plus au sud du pays, dans le Néguev, plusieurs oueds forment le nahal Besor qui se jette aussi dans la Méditerranée. Du côté égyptien au sud de la bande de Gaza l’on retrouve le nahal Mitzraïm, l’oued d’El Arish qui transporte les eaux de pluie d’une partie du Néguev et du Sinaï occidental. Ce lit de rivière est connu dans la Bible comme frontière sud d’Israël.

La plupart de ces rivières ou lits de rivières sont pollués mais déjà des travaux de purification et d’aménagement des rives sont entrepris comme par exemple pour les nahals Yarkon, Tanninim, Alexander, Qishon etc. Un programme d’assainissement et de réhabilitation de 12 rivières polluées a été lancé pour les transformer en ressources d’eau douce et pour mettre à profit leur valeur écologique et récréative.

Dans toute cette plaine côtière, on retrouve une nappe phréatique abondante qui provient des eaux de pluie et du ruissellement des eaux des monts de Samarie et de Judée. De nombreux puits furent creusés mais un pompage intensif de cette nappe souterraine a provoqué la pénétration d’eau de mer. Déjà des stations de pompage sont fermées à cause de la contamination des eaux et presque 20% de l’eau pompée dans l’aquifère côtier n’est pas potable. De plus une augmentation substantielle de la population et des besoins accrus en eau potable, auxquels se sont ajoutées des années de sécheresse ont provoqué la baisse du niveau de ces eaux souterraines.

Les eaux usées non captées ou recyclées ainsi que l’excédent des eaux agricoles et des usines auront très bientôt détruit la qualité de cette nappe phréatique ! Il est vrai qu’on lutte contre l’appauvrissement de ces ressources renouvelables si précieuses. La Compagnie des eaux Mekorot, la Société de la Protection de la Nature, le Fonds National Juif (KKL), le Ministère de l’environnement, les autorités locales oeuvrent conjointement pour préserver les ressources en eau potable en évitant leur épuisement et l’augmentation du taux de salinité.

Dans la région côtière qui abrite plus de la moitié de la population d’Israël et la majeure partie de son industrie, une certaine dégradation écologique s’est produite et un programme pour lutter contre la pollution des rivages de la Méditerranée fut adopté présentant plusieurs aspects : inspection, législation, contrôle de l’application de la loi, nettoyage des côtes et coopération internationale, principalement dans le cadre du Plan d’action méditerranéen.

Les engrais chimiques, les pesticides, l’infiltration de l’eau de mer et des eaux usées domestiques et industrielles sont à l’origine de la pollution de cette nappe phréatique qui représente près du 1/4 des ressources en eau potable d’Israël (environ 570 millions de m3).

L’aquifère des régions montagneuses de Judée et de Samarie

Sur les hauteurs de Samarie et de Judée les précipitations varient entre 600 et 800 millimètres par an. Les montagnes qui sont des sédiments marins, retiennent une partie des eaux de pluie et l’on peut distinguer trois parties dans cet aquifère montagneux : l’aquifère Yarkon-Tanninim à l’ouest ; l’aquifère du versant est de la Samarie et du désert de Judée ; et l’aquifère Naplus-Jenine-Gilboa au nord-est des montagnes. Le total des ces eaux captées peut atteindre les 450 millions de m3.

La population, de cette région montagneuse de Judée et de Samarie (Cisjordanie), est en croissance constante. Des chiffres parlent de près de 2 millions d’Arabes palestiniens et de près de 300 000 Juifs. La municipalité de Hébron est vivement critiquée pour ne pas utiliser l’usine de traitement des eaux construite par l’administration civile.

Toute la région devra faire face à un sérieux problème tant sur le plan urbain que rural dans les années 2010. Les besoins de désalinisation sont plus pressants que jamais. Le prix approximatif par personne est de 100$ par an. Si les Israéliens peuvent se le permettre, il n’en est pas de même pour les Palestiniens.

La qualité des eaux traitées par les Palestiniens n’est pas la même que celle des eaux traitées par les Israéliens, de plus de nombreux égouts ont des pertes qui polluent le sol et les nappes souterraines.

Recyclage des eaux usées, stations d’épuration, barrages et réservoirs

Un plan d’action d’amélioration du traitement des eaux usées en vue d’une réutilisation et de la conservation de l’eau vient d’être mis en place. Les eaux épurées servent pour l’agriculture surtout dans les kibboutzim pour les plantations de coton.

Les avantages des eaux recyclées pour l’irrigation sont d’ordre économique et environnemental. Les eaux recyclées permettent qu’une plus grande partie des eaux potables soient utilisées pour les besoins domestiques. Les 35 réservoirs du KKL peuvent stocker 32 millions de m3 d’eau recyclée, ce qui implique que 5 000 ha de terre peuvent être irrigués par des eaux recyclées plutôt que par de l’eau potable. En traitant les eaux usées l’on empêche ces eaux de détruire les habitats naturels des plantes et des oiseaux.

Comme près de 5% des eaux de pluie s’écoulent vers la mer sans être utilisées, une des activités du KKL est de retenir les eaux de ruissellement dans d’immenses réservoirs. Le projet du KKL de construire plus de 80 réservoirs permettra d’augmenter de 10% les réserves en eau douce (soit 200 millions de m3) et aidera à remonter le niveau des nappes souterraines. Certains de ces réservoirs ont une double fonction : capturer et retenir les eaux de crues tout en étant utilisées pour la pisciculture.

Le total des eaux recyclées et de celles captées dans des barrages et réservoirs atteint déjà les 200 millions de m3/an.

Dessalement de l’eau de mer et des eaux saumâtres

Un plan récent de gestion prévoit le dessalement de l’eau de mer et des eaux saumâtres pour augmenter la production d’eau potable. Le cabinet des Affaires économiques et sociales a pris des mesures concernant la réduction de la demande en eau potable et a approuvé la construction d’unités de dessalement d’eau de mer destinées à produire au total 200 millions de m3 d’eau douce par an. Si Israël se lance – avec beaucoup de retard – dans le dessalement de l’eau de mer, déjà des pays désertiques du Proche-Orient, des Caraïbes et du pourtour méditerranéen produisent de l’eau douce potable à partir de l’eau de mer. Israël, à la pointe du progrès dans la recherche sur le dessalement de l’eau de mer a accumulé du retard dans le développement de centrales de dessalement. Le projet de la station d’Ashdod a vu le jour récemment. Les procédés pour extraire l’eau douce des océans sont, soit par évaporation soit par osmose inverse.

A la suite de travaux de recherche intensifs, les vastes nappes d’eau saumâtre souterraines découvertes dans le Néguev sont maintenant exploitées pour les cultures, comme les tomates et les melons de première qualité, destinés aux marchés européens et américains. Il existe également dans le pays des petites unités de purification de ces eaux saumâtres. La ville d’Eilat est depuis plusieurs années partiellement alimentée par son usine de dessalement de l’eau de la mer Rouge.

2  La « Conduite nationale d’eau » et Mekorot

Israël, pour surmonter le déséquilibre régional en sources d’eau, a regroupé les différentes ressources du pays en un réseau, appelé la « Conduite nationale d’eau ». Elle distribue dans presque tout le pays à l’aide d’un ensemble de canalisations géantes, d’aqueducs, de canaux à ciel ouvert, de réservoirs, les eaux du nord et du centre vers le sud semi-aride (Néguev). Ce projet israélien de 1949, débuté en 1953, fut achevé et mis en opération le 10 juin 1964.

Les eaux du lac de Tibériade sont pompées de -200 m (station de Sapir au bord du lac de Tibériade, proche de Tabgha), jusqu’à +170 m au-dessus du niveau des mers, vers une station d’épuration et de purification (le lac artificiel dans la vallée de Beit Netofa en Galilée centrale). De là, elles sont acheminées par la Conduite nationale vers le sud du pays.

Cinq stations de pompages sur toute la longueur (130 km) de la conduite transportent 1 million de m3 par jour et utilisent le 1/4 de l’énergie d’Israël. La Conduite nationale transporte en une journée la même quantité d’eau que celle qui était pompée dans tout le pays en 1948. L’investissement de ce projet atteignit les 650 millions de $ et fut réalisé par la Mekorot, la Compagnie israélienne des eaux.

C’est en 1937, que la Compagnie nationale des eaux vit le jour, dans le but de gérer les ressources d’eau du pays. Elle a déjà creusé 1 300 puits, construit 700 stations de pompage d’eau (3 000 pompes), préparé 600 réservoirs et posé 6 500 km de canalisations (22 fois la longueur du pays)…

D’après Mekorot il faudrait un budget de 170 millions $/an pour augmenter de 500 millions de m3 d’eau par an, sinon l’on risque un rationnement, car il existe déjà un déficit de 2 milliards de m3. Il y a quelques années Amos Epstein de Mekorot avait annoncé : « La situation est terrible, nous avons pompé en dessous des lignes rouges. Nous sommes désespérés. »

3  L’eau et le KKL

Depuis sa création en 1901, le KKL a fait reculer le désert. Ses entreprises de reboisement et d'implantation relèvent d'une condition essentielle : l'EAU. Sans eau, il n'y a pas de vie.

Les objectifs du KKL étaient tout d’abord de planter des arbres pour assainir les marécages (l’eucalyptus) et de conserver le sol, d’abriter les jeunes plantations du vent, et de donner de l’ombre à ce pays exposé au soleil huit mois sur douze. Actuellement le KKL se tourne vers le développement intensif du Néguev. Le développement de nouvelles techniques de collecte d'eau a permis au KKL de repousser le désert dans le nord du Néguev, où les précipitations annuelles sont des plus réduites. La méthode de savanisation se base sur la plantation d’un nombre limité d'arbres, irrigués par l'eau de pluie captée dans des dénivellements spéciaux. Ces nouveaux points d'ombre et de verdure ajoutent à la qualité de vie des habitants du Néguev.

Au cours de la prochaine décennie, le KKL va investir 50 millions de shekels par an dans la construction de réservoirs, doublant ainsi sa contribution à l'approvisionnement en eau du pays. Les barrages et réservoirs ne servent pas seulement à l'irrigation des champs cultivés, à la pisciculture et à l'industrie touristique, mais également au stockage d'eau de pluie, à la prévention de l'érosion du sol et à la ré-alimentation des nappes aquifères (www.kkl.org.il).

4  Problèmes concernant l’eau

Après les trois années consécutives de sécheresses de 1984-5-6, des quotas furent établis pour l’agriculture : Quota de 1986/7 : 1.333 millions de m3 utilisés, après diminution de 10% ; quota de 1987/8 : 1.300 mil. m3 (réduction de 30 millions).

Pour résoudre le problème de l’eau, l’on continue de réduire le quota d’eau utilisé dans l’agriculture. L’utilisation de l’eau jusqu’en 1989 était aux environs de : 80% pour l’agriculture ; 15% pour usages domestiques et urbains ; 5% pour l’industrie. En 1990 : 75% pour l’agriculture ; 25% pour les usages domestiques, urbains et industriels. Au cours de nouvelles années de sécheresse d’autres mesures furent prises et en 1995 les volumes d’eaux utilisées représentaient: 900 millions de m3 d’eau potable et 400 millions de m3 d’eaux usées, soit un total de 1, 3 millions de m3 pour l’agriculture (près de 65% de l’utilisation totale de l’eau) ; 380 millions de m3 pour les besoins domestiques (19%) ; et 320 millions pour l’industrie (15%). Le total des eaux utilisées étant de 2 milliards de m3.

L’eau potable utilisée dans l’agriculture a été réduite substantiellement et est passé de 900 millions de m3 en 1995 à 740 millions de m3 en 2001 (moins de 50%). Le gouvernement israélien continue de prendre des mesures pour la réduction de la consommation de l’eau dans le domaine agricole et domestique. Une de ces mesures consiste en l’augmentation du prix du m3 d’eau : dans le secteur urbain pour l’arrosage des jardins, il est passé de 2.69 à 4.50 NIS et dans les foyers de 5.73 à 7 NIS pour une consommation dépassant les 24 m3 (Chiffres du Jérusalem Post 19. 04. 01). Ma dernière facture (août 04) d’eau de Gihon (Compagnie des eaux de Jérusalem), affichait trois prix : 2. 73, 3.84 et 5.37 NIS /m3 suivant la quantité de m3 utilisés.

 

Un autre élément qui rentre dans la conservation des eaux douces est la réduction des pertes dans l’agriculture. Cette réduction peut s’opérer par une étude du système ressources-production ; par l’accroissement du rendement / au volume d’eau ; par la substitution des produits chers / aux produits bon marché ; par la production de primeurs se vendant hors saison à l’étranger ; par l’amélioration du conditionnement, du transport, des technologies de vente ; et surtout par les procédés d’irrigation.

Le procédé du goutte à goutte, inventé dans les années 60 en Israël et mondialement connu, a pour avantage d’économiser l’eau car elle atteint directement les racines, sans aucune perte. Par ce procédé on peut apporter directement aux racines des plantes, l’eau et les engrais, c’est la « fertigation ». Les résultats sont éloquents : augmentation de 20% du poids du fruit, gain de temps, de travail, d’équipement et économie d’eau. Citons comme exemple la production des tomates qui permet une réduction d’eau passant de 10 000 m3 à 5 000 m3/ha, soit 50% d’économie. Nous avons d’autres exemples d’utilisation de ce procédé en Israël : aubergines, poivrons, agrumes, fraises, bananes, vigne, laitues, melons, pastèques...

Pour palier aux déficiences en eau potable il faudra continuer d’augmenter la récupération des eaux résiduaires par l’épuration. Des efforts considérables ont déjà été effectués dans ce domaine car les eaux d’égouts traitées, passèrent de 250 millions de m3 en 1990 à 270 en 2001 et l’on espère une augmentation de 500 millions de m3 d’ici l’année 2005. En provoquant des précipitations artificielles par insémination des nuages et en augmentant la récupération les eaux de ruissellement, l’on espère réduire le déficit consommation-ressources.

Si la Consommation annuelle d’eau par Israélien est de 250 m3 ; en Europe elle atteint presque les 300 m3, tandis que la moyenne mondiale est de 130 m3. En Jordanie, notre voisin, la consommation est de 105 m3 et celle des palestiniens de 85 m3.

5  Projets

On envisage d’importer de l’eau de Turquie soit par bateaux aménagés (navires-citernes ou péniches) soit en traînant l’eau dans de gigantesques sacs en plastiques ou en tissu derrière des remorqueurs. Israël est depuis quelques années en pourparlers avec ce pays pour le transport d’eau douce, mais la détérioration des relations diplomatiques de ces derniers mois va-t-elle faire capoter ce projet ?

L’idée de transporter des icebergs fut émise par des experts hydrauliques, mais sera-t-elle réalisable ? Il faudra dans un futur proche, que chaque ville et village, soient dotés de stations d’épurations (onéreux mais nécessaire). Comme chaque goutte de ce précieux liquide compte, il faut éduquer toute la population israélienne, tant urbaine que rurale. Nous sommes au bord d’une crise de l’eau très grave et l’effort de chaque citoyen sera nécessaire et apprécié.

Dans la deuxième partie de l’exposé sur l’eau nous parlerons des problèmes d’eau, rencontrés par la population arabe de Judée-Samarie et de la bande de Gaza, et nous examinerons la situation chez nos voisins. Que la prochaine guerre ne soit pas celle de l’eau !

                                                                                                   Loïc Le Méhauté

HISTOIRE :

L’après guerre : octobre 1973-mai 1977.

Ismaïl Fahmi, Golda Méir vont à Washington et de nombreux échanges ont lieu avec l’administration de Nixon, et H. Kissinger à son tour vient au Moyen Orient, rencontrant le roi Hassan II du Maroc, Habib Bourguiba de Tunis, Anouar el Sadate d’Egypte. Finalement un texte est signé le 11 novembre par les généraux Yariv et Gamasi au kilomètre 101 où il y aura dix rencontres. La IIIè armée est réapprovisionnée et il y a échange de prisonniers : 8 000 Egyptiens contre 233 Israéliens.

Le 18 novembre la commission d’enquête Agranat est nommée pour découvrir les responsables de la guerre de Yom Kippour.

Mort de Ben Gourion le 1er décembre à 87 ans.

Le 21 décembre la conférence de Genève se réunit avec le secrétaire général de l’ONU, Kurt Waldheim, les représentants de l’URSS, des USA, de l’Egypte, d’Israël et de la Jordanie ; la Syrie n’y vient pas. Au programme :la paix au Moyen Orient, en fait on ne parlera que de désengagement du Sinaï et du Golan.

Le 31 décembre ce sont les élections de la 8ème Knesset et les Travaillistes perdent 6 députés.

H.Kissinger continue ses allées et venues en Egypte, en Israël et le 16 janvier 1 974 A.el Sadate lui remet un message pour le gouvernement israélien : « Il faut prendre au sérieux ce que je dis ; Quand j’ai ébauché une initiative en 1971, j’étais sincère. Quand je menaçais de faire la guerre, j’étais sincère. Quand je parle de paix maintenant, je suis sincère. Nous n’avons jamais eu de contacts auparavant. Profitons-en. Parlons-nous par l’entremise du Dr Kissinger. »

                                                                         (H.Kissinger, les Années orageuses p.1026.)

Les Palestiniens, le Fatah, le Front démocratique pour la libération de la Palestine et la Saïka dépendant de la Syrie, remettent une déclaration à l’OLP le 8 février 1974.  Nos 3 objectifs, écrivent-ils, sont :

A) Mettre un terme à l’occupation et forcer l’ennemi au retrait inconditionnel de la rive Ouest du Jourdain et de Gaza sans faire en échange aucun compromis politique. Cette demande est seulement une partie du programme minimum des droits légitimes du peuple palestinien à cette étape.

B) Refuser tout retour à l’autorité hachémite sur n’importe quel territoire palestinien dont les occupants se sont retirés.

C) Imposer, sous la direction de l’OLP, les droits légitimes du peuple palestinien à l’autodétermination, à l’indépendance nationale, à la souveraineté complète sur les terres palestiniennes dont la libération a été achevée… »

Le 18 février, fin de l’embargo pétrolier.

En Israël la secousse de la guerre de kippour a affaibli le pouvoir et les militants nationalistes religieux ( goush emounim) se mettent a agir ; ils essaieront d’installer des implantations en Cisjordanie, Gaza, le Golan et le Sinaï pour freiner le gouvernement dans ses concessions aux pays arabes. Le 1er avril la commission Agranat dans son rapport dénonce les militaires mais ne touche pas aux politiques ; la pression du peuple est telle que G.Méïr démissionne ainsi que M.Dayan 10 jours plus tard. Les attentats se multiplient venant de la Syrie : 18 morts à Kiriat Shemona, 21 élèves à Ma’alot.

 Goush Emounim tente de s’implanter à Kuneitra ville du Golan mais un accord est signé avec la Syrie le 29 mai où Kuneitra lui est rendue, des observateurs de L’ONU sont sur la ligne violette et les prisonniers sont échangés : 65 Israéliens contre 408 Syriens.

Le 3 juin I.Rabin nommé premier ministre présente son gouvernement, dans son discours il déclare : « Nous préférons la paix à de nouvelles victoires militaires, une paix stable, une paix honorable, mais pas une paix à tout prix. Il est essentiel que les leaders des pays voisins comprennent qu’Israël a droit à des frontières défendables. Israël ne retournera pas, même dans le contexte d’un traité de paix, sur les frontières du 4 juin 1967. Ces lignes (de cessez-le-feu) ne sont pas des frontières défendables et constituent au contraire une tentation de nous agresser…Aucun traité de paix ne sera conclu avec la Jordanie s’il comprend des concessions territoriales concernant des parties de la Judée et de la Samarie avant que le peuple soit consulté lors de nouvelles élections… »

La position internationale d’Israël est très basse, le prix du pétrole a quadruplé, les Européens ont peur d’en manquer et n’accordent pas beaucoup d’importance au terrorisme.

Le roi Hussein essaie de faire un accord avec Israël mais il est fustigé par le sommet arabe de Rabat en octobre 1974 où l’OLP est reconnue souveraine sur la Cisjordanie et Gaza. Hussein ne pardonnera jamais à A.el Sadate de lui avoir fait perdre la moitié de son royaume. Soutenu par l’URSS, Arafat en novembre devant l’ONU proclame que le sionisme est du racisme ; l’Europe essaie de s’y opposer mais le nombre des pays communistes et du Tiers-monde l’emporte. Ce ne sera abrogé qu’en 1989. Les attentats revendiqués par l’OLP se multiplient, à Beit Shéan et à Tel Aviv.

H.Kissinger continue ses allées et venues pour discuter d’accord de paix entre Israël et l’Egypte. Les moments de tension et de détente se multiplient entre l’Amérique et Israël, le sort de Gaza et de la Cisjordanie oscille entre une solution avec la Jordanie ou les seuls Palestiniens. En août 1975 H.Kissinger est de nouveau à Tel Aviv pour discuter du désengagement dans le Sinaï, et il est accueilli  « froidement » par le Goush Emounim, mais le 4 septembre un accord intérimaire israélo-égyptien est conclu : l’Egypte récupère les champs pétrolifères de Abou-Rodès, une zone tampon est instituée…mais A.el Sadate subit la colère de la droite égyptienne, de la Syrie et de l’OLP.

A sept reprises le Goush Emounim essaie de s’implanter en Samarie, chaque fois délogé par l’armée, mais sous la pression de S.Péres, le gouvernement accepte l’implantation de trente familles dans des caravanes. C’est la victoire du mouvement nationaliste religieux et le début de la friction entre I.Rabin et S.Péres. Le 26 septembre M.Bégin député à la Knesset et chef de l’opposition promet à son parti que s’il était élu Premier ministre, il ne rendrait jamais les territoires.

Au Liban en 1975, c’est la lutte entre les Chrétiens et les Musulmans ; l’OLP se joint aux Musulmans et les Chrétiens font appel à Israël. La Syrie au printemps 1976 en profite pour entrer en masse au Liban et soutient l’OLP. Israël ouvre sa frontière aux Chrétiens.

Le 12 avril le gouvernement israélien organise des élections en Cisjordanie où l’OLP est le grand vainqueur.

Le 4 juillet un avion d’Air France est pris en otage avec 83 passagers israéliens à son bord, c’est l’affaire d’Entebbe en Ouganda. A cette période de nombreuses rencontres ont lieu entre gauchistes israéliens et palestiniens.

Le 10 décembre les premiers chasseurs F15 arrivent et c’est une grande avancée technologique pour Tsahal, mais malheureusement c’est un vendredi soir, shabbat, et cela cause une crise ministérielle ; lors du débat à la Knesset le lendemain, M.Bégin en profite pour développer ses thèses du Grand Israël et critiquer le gouvernement. Plusieurs affaires de corruption sont mises à jour qui font baisser l’image de marque du socialisme. Les élections le 23 février 1977 donnent seulement quelques voix de plus à I.Rabin sur S.Péres, mais le 15 mars on découvre qu’I.Rabin et son épouse ont un compte en banque aux USA. Ils ont enfreint la loi de l’époque et I.Rabin démissionne quelques jours plus tard. Pour payer leur amende de 27 000 dollars, ils empruntent à des amis aux USA.

La guerre de Kippour a provoqué la récession entre 1974 et 1977 à cause du prix du pétrole. Les prix augmentent de 40% en 1974, de 39% en 1975, de 31% en 1976. Ce sont les USA qui couvrent les trois-quart du déficit de la balance des paiements.

Comment Israël ne serait-il pas sensible aux pressions Américaines ?

Cécile Pilverdier

Du grec dans l’hébreu

Les dossiers publiés dans les numéros de ce bulletin suscitent, semble-t-il, beaucoup d’intérêt, et vos lettres nous demandent de satisfaire votre curiosité sur des sujets d’une extrême diversité. Si nous étions en mesure de répondre à la demande, la collection de notre écho se transformerait en encyclopédie !

On nous a demandé, entre autres sujets, une histoire de la langue hébraïque[1]. En attendant le jour, qui ne viendra peut-être jamais, où l’un d’entre nous pourra satisfaire cette requête, il peut être intéressant de signaler un aspect sans doute peu connu de la langue hébraïque : la présence dans son vocabulaire d’un grand nombre de mots grecs, assimilés plus ou moins maladroitement par l’hébreu rabbinique. Une présentation exhaustive de ce phénomène ferait l’objet d’une épaisse étude savante. On peut au moins en donner ici quelques exemples. Beaucoup de ces mots sont employés couramment dans la langue d’aujourd’hui sans que les usagers en soupçonnent toujours l’origine.

À tout seigneur, tout honneur. Le premier de ces termes est probablement celui de sanhédrin, du grec synhedrion, qui a acquis ses lettres de noblesse dans la langue hébraïque en donnant son nom à un traité de la mishna et donc du talmud.

D’autres mots grecs sont entrés dans le vocabulaire juridique, où ils ont fait carrière jusqu’à nos jours. C’est le cas de kategor, accusateur, qui a donné du même coup le verbe kitreg, accuser. Corollairement, le défenseur, ou l’avocat, est un sanegor, ce qui — résultat inattendu — engendre le verbe singer, plaider. Le mot grec epitropos est passé tel quel en hébreu, où il désigne un tuteur légal ; moins utilisé, cependant, que sa déformation apotropos. Le grec nomos, loi, a donné le verbe nimes, éduquer, civiliser, et donc le substantif nimus, qui désigne la politesse et les bonnes manières (un enfant bien élevé est dit menumas). Le paraklètos, avocat, terme familier aux chrétiens pour son usage dans l’évangile de Jean où il désigne le Saint-Esprit, est devenu en hébreu le paraklit, avocat, appellation qui s’applique en particulier à l’Avocat de l’État, fonction qui n’a pas son équivalent dans les institutions françaises.

Le grec polemos, guerre, a donné l’hébreu pulmus, qu’on peut traduire par polémique, et le verbe dérivé hitpalmes, polémiquer. Il est douteux, malgré les apparences, qu’il faille ranger dans la même catégorie le verbe hitpalsef, philosopher. L’origine, certes, est bien grecque (philosophia), mais il s’agit plutôt d’une création moderne, comme le verbe organiser (ou plutôt : to organize) a donné l’hébreu irgen, avec le substantif irgun, organisation, terme dont les harmoniques historiques font oublier la banalité des origines étymologiques.

D’autres termes grecs ne sont pas passés de l’hébreu rabbinique dans la langue moderne. Tel — entre des dizaines d’autres exemples possibles — l’adjectif nikologos, du grec nikao, vaincre, et logos, parole, pour qualifier un avocat éloquent qui gagne tous ses procès ; ou encore hoginis, déformation du grec eugènès (qui a donné dans les langues occidentales le prénom Eugène), pour désigner un personnage de haute naissance…

Dans ce grec maladroitement hébraïsé, une des créations les plus pittoresques est un mot que l’on trouve dans un récit aggadique pour désigner le char divin, dont on sait qu’il est tiré par quatre animaux, ce qui a donné le substantif tetramul — création hybride joignant au préfixe grec tetra, quatre, le latin mulus.

Le contexte de l’usage de ce mot vaut d’ailleurs d’être conté : si les fils d’Israël, dans le désert, fabriquèrent un veau d’or, ils en avaient trouvé l’idée dans le taureau qui était attelé au char dans lequel le Seigneur était descendu sur le Sinaï ; c’était donc le ciel, qui, bien involontairement, avait fourni le modèle. Manière d’atténuer la responsabilité du peuple, qui n’aurait pas non plus trouvé dans le désert l’or nécessaire à la fabrication du veau si le Seigneur lui-même n’avait enjoint aux filles d’Israël d’emporter les bijoux des Égyptiennes en quittant la terre de servitude.

Mais cela est une autre histoire.

Michel Remaud

Ici on parle français

Cet été dans les rues de Tel Aviv, de Jérusalem, d’Eilat ou d’Ashkelon, la langue la plus parlée après l’hébreu était sans doute le français.  Beaucoup d’Israéliens, y compris dans les médias,  ont fait le lien entre cette vague d’estivants venus de l’hexagone et l’invitation d’Ariel Sharon aux Juifs français de monter en Israël pour fuir l’antisémitisme croissant, discours qui avait provoqué un incident diplomatique entre Paris et Jérusalem. Cette analyse est-elle justifiée ?

La France est le premier pays d’Europe d’où proviennent les touristes en Israël et le second pays du monde après les Etats-Unis. De janvier à juillet 2004, le ministère du tourisme a enregistré 132 048 entrées (pour les USA, 267 492) alors qu’à la même époque l’an dernier, 80 553 touristes français avaient séjourné en Israël. Cette augmentation est due d’abord à la reprise du pèlerinage chrétien, puisque le nombre de Juifs français se rendant en Israël est plus ou moins constant depuis plusieurs années. Suivant les estimations du ministère du tourisme (il n’y a pas encore de données définitives), près de 44 000 Juifs français ont passé l’été en Israël cette année, dont la moitié dans la ville balnéaire d’Eilat, alors  que l’an dernier en juillet et août, on avait enregistré 57 100 touristes français dont l’écrasante majorité étaient Juifs. En juillet 2004 ont été recensés 31 816 touristes français contre 22 074 en juillet 2003.

Deux facteurs peuvent expliquer ce phénomène :

  •  La  première destination de la communauté juive de France, qui est la plus grande communauté juive d’Europe, reste Israël. 189 avions ont décollé de Paris, les autres vols venaient de Marseille et de Nice, soit un total de plus de 200 avions. Près de 80% des vols étaient assurés par la compagnie israélienne El Al.
  • Suite à la baisse notable des actes terroristes, le pèlerinage chrétien depuis Noël dernier reprend de la vigueur. En général, les agences arrivent à organiser à nouveau des voyages au moins pour des petits groupes entre 15 et 25 personnes. Les « grands pèlerinages » de 40 ou 50 personnes des années avant la seconde Intifada sont aujourd’hui plutôt rares.

L’immigration des Juifs de France est plus ou moins constante depuis 3 ans (2400 en 2002 contre 1800 en 2003). Malgré les efforts importants déployés par l’Agence juive, on ne peut pas parler d’une vague d’immigration mais plutôt d’un flux constant de Juifs qui viennent s’installer en Israël. Par contre, un phénomène nouveau mérite d’être signalé : l’investissement financier des Juifs de France en Israël, particulièrement dans le domaine des biens fonciers et immobiliers. Selon une étude publiée par la Banque Adanim, 49%  des Juifs français désirent acquérir un appartement ou une maison en Israël. Depuis le début de l’année, 1400 appartements ont été achetés par des Juifs  français. Ils viennent ainsi renforcer le secteur de l’immobilier, en crise depuis le début de l’Intifada. Les sociétés de ventes immobilières investissent dorénavant leurs efforts publicitaires en France et particulièrement à Paris où vit près de la moitié de la communauté juive estimée à 600 000. La majorité achète sur la côte méditerranéenne de Netanya à Ashdod. Peu investissent à Jérusalem ou en Galilée.

La communauté juive de France est plus que jamais impliquée dans la vie économique d’Israël.

Jean-Marie Allafort

Témoignage

Cadeau pour Rosh ha-Shana

Pour Rosh ha-Shana je pense offrir à une amie, une voisine déjà âgée, six soucoupes à thé. Dans la rue Agrippas on trouve tout. Au premier magasin, de ravissantes petites soucoupes me tendent les mains. Je les présente au vendeur qui me dit; « avant de les utiliser ou de les donner tu vas les tremper dans le mikwé (bain rituel) » Un peu étonnée je me le fais répéter et demande : « pourquoi ? » « Parce que toute vaisselle qui vient de l’étranger doit être purifiée dans le mikwé » « Et où y a-t-il un mikwé ? » « Tout près d’ici : tu prends la ruelle à gauche, tu arrives à une petite épicerie, tu la dépasses…là, il y a une grille, tu entres et tu te renseignes ». Avec mes six petites assiettes je trouve la grille, j’entre et demande à un religieux: « Où est le mikwé ? », « Pour la vaisselle ? », « oui ». Une fillette s’offre pour m’y conduire… «  c’est juste là, à gauche ». En effet il y a là deux bassines fermées. Dans mon ignorance, je ne sais comment m’y prendre. Heureusement qu’une jeune femme religieuse arrive avec des tasses. Elle ouvre le couvercle du mikwé et m’explique ;  « Tu trempes chaque assiette trois fois, il n’y a pas de prière spéciale ». Je le fais consciencieusement puis elle fait de même pour ses tasses et referme le couvercle.

Chez mon amie, c’est la joie : les petites assiettes lui plaisent et quand je lui dis ; « elles ont déjà passé dans le mikwé » ses yeux s’illuminent, elle me regarde en souriant, hoche la tête et dit ; « c’est bien ». Nous voilà encore plus proches !

Antoinette Brémond

Témoignage 

Des grenades, des pommes et du miel.

Si vous avez oublié que les « fêtes  d’automne » approchent, un tour au marché Mahané Yehuda vous le rappellera.

Par exemple, aujourd’hui, 13 septembre, 2 jours avant Rosh ha-Shana ( le premier de l’an dans le calendrier juif ) je me risque au marché. A première vue, tout est normal : les roses à l’entrée…mais tout de même beaucoup plus de plantes vertes, plantes d’intérieur que d’habitude ! oui, c’est vrai. Il faudrait que j’en achète une pour ma voisine, pour Rosh ha-Shana. Puis le marchand d’olives et de salades, une échoppe de fruits ; là aussi quelque chose de « plus » : des grenades, des grenades et encore des grenades, vraiment belles, roses, rouges. Bien sûr, car la grenade fait partie de la liturgie familiale du repas, le soir de la fête. Non seulement pour décorer la table, et quinze jours plus tard, à la fête des Tentes, la soucca, mais aussi pour manger les graines abondantes qui sont à l’intérieur du fruit, en récitant la prière : « Qu’il te soit agréable, Seigneur notre Dieu et Dieu de nos pères que nos vertus et nos mérites abondent comme les graines de la grenade ».

A l’échoppe suivante, pas moyen de se tromper ; c’est bien Rosh ha-Shana qui approche, et non pas Pessah, Shavouoth ou Hanouca. Tout d’abord des livrets pour la liturgie familiale du repas du soir, puis des calendriers de l’année 5765 (2004-2005), des shofars qui résonneront dans les synagogues à la fin des services, ce jeudi 16 et vendredi 17 septembre, le premier et le deuxième jour du mois de Tishri, « le premier du mois, vous aurez un jour férié, rappelé par une clameur (son du shofar) c’est une sainte convocation » (Lévitique 23,23.) Les acheteurs passent, essayent parfois de souffler dans cette corne de bélier, la reposent ou l’achètent. A l’intérieur de certains livrets, avec les prières de Rosh ha-Shana, une petite boite contenant du miel : le soir de la fête on trempera des quartiers de pommes dans le miel en disant : « Qu’il te soit agréable, Seigneur notre Dieu et Dieu de nos pères de nous donner une année bonne et douce ».

Les échoppes suivantes sont plus habituelles : fruits et légumes, beaucoup de pommes et de grenades…et le tout plus cher que d’habitude ; cela pour me rappeler, si je l’avais oublié en voulant tout simplement acheter des tomates et des concombres pour le repas de midi, que nous sommes à deux jours de la fête !

Plus loin le marchand de poisson, la foule. Et à côté, des vendeurs de pots de miel de toutes dimensions et présentations. Dans la boutique de confiserie d’en face, des gâteaux à base de miel, bien sûr. Oui, que l’année soit douce comme le miel !

Pourtant, l’année dernière je ne me souviens pas d’une foule pareille : normal, car cette année il y aura trois jours et demi fériés ; trois jours sans marché, sans magasins ouverts, dès le mercredi après-midi, le jeudi 16, premier jour de Rosh ha-Shana, le vendredi 17, deuxième jour de la fête, et samedi 18, Shabbat, comme d’habitude. Les ménagères doivent donc prévoir sept repas festifs avec souvent des invités. Temps fort de visites familiales, de repos, de repas prolongés et, pour les pratiquants, la synagogue deux fois par jour. Temps où les personnes âgées solitaires rejoignent leurs enfants ou au contraire temps où les familles se regroupent chez leurs parents et grands parents. Temps où les plus argentés et les moins pratiquants prennent le large…Cette année nous étions presque les seules à rester dans notre rue pendant ces quatre jours !

Temps pour beaucoup de « faire le bilan » de l’année écoulée, de se laisser remettre en question, « réveiller » par le son du shofar qui nous surprend toujours, sortant d’une synagogue ou d’une maison. Dieu le Créateur tellement présent à sa création en ces jours-là, à l’ouverture de ce Temps nouveau, « Fais nous revenir vers Toi, Eternel, et nous reviendrons. Renouvelle nos jours comme autrefois ». (Lm 5,21).

Puis ce seront les « dix jours redoutables » où la repentance s’intensifiera: chaque matin, dans les synagogues de 4 heure à 6 heure, jusqu’au 10ème jour de Tichri, le jour des Expiations, Yom Kippour le 25 septembre. Jour de jeûne, de silence, où tout s’arrête.Les offices dans les synagogues se suivent. Plus rien d’autre ne se passe, sinon les enfants qui font du vélo ou du skateboard dans les rues désertes. Un peuple qui se repent au nom de tous. Cette année, Yom Kippour est un shabbat. Je demande à un ami : « Comment est-ce possible ? c’est l’inverse du shabbat ». Il me répond : « Au contraire, il n’y a pas plus grande joie, plus grande fête que la repentance, le jeûne, l’humiliation et la foi en Sa miséricorde, en Son pardon. Yom Kippour est une fête ! »

Notre Père, notre Roi, nous avons péché contre Toi

Notre Père, notre Roi, pardonne et oublie toutes nos iniquités,,

Notre Père, notre Roi, nous n’avons d’autre appui que Toi,

Notre Père, notre Roi, agis envers nous pour l’amour de Ton Nom,

Notre Père, notre Roi, que la nouvelle année soit bonne pour nous,

Notre Père, notre Roi, inscris nous dans le livre de vie,

Notre Père, notre Roi ,inscris nous dans le livre de la Rédemption et du Salut ».

                                                                              (Prière de Yom Kippour).

A.B.

Les touristes reviennent à Bethléem

Depuis le début de l'année, on a enregistré une augmentation significative de touristes et de pèlerins qui se rendent à Bethléem et ce, malgré les nombreux incidents qui s'y déroulent. Depuis janvier 2004, suivant les données publiées par l'Autorité palestinienne, 55 000 pèlerins et touristes ont visité la ville de la Nativité contre 17 000 à la même époque l'an dernier, soit une augmentation de 220%. A Bethléem, on attend plusieurs dizaines de milliers de Chrétiens qui viendront pendant la période de Noël. Si les étrangers ne restent que quelques heures et viennent surtout visiter la Basilique de la Nativité, les hôtels restent vides et beaucoup ont fait faillite. L'Autorité Palestinienne contrôle chaque mouvement des pèlerins ou touristes qui entrent dans son territoire.

Tous les groupes qui viennent en bus pour se rendre à la Basilique de la Nativité sont obligés de se garer à 200 mètres de l'église et de payer 260 shéquels. Les personnes âgées ou les handicapés doivent prendre un taxi. Les guides israéliens ne pouvant plus entrer dans les Territoires, ce sont des guides palestiniens qui attendent sur la place de la Mangeoire les groupes ou les individuels. Suivant un accord entre l'Autorité palestinienne et les Eglises, les guides chrétiens porteurs de la carte verte n'ont pas besoin de prendre un guide local. Cependant, un certain nombre de guides chrétiens se plaignent du fait qu'on les oblige lorsqu'ils rentrent dans la basilique à prendre un guide palestinien, bien souvent musulman, qui en profite pour faire de la propagande.

Suivant les accords internationaux, Israël comme l'Autorité palestinienne doivent garantir un libre accès, gratuit, aux lieux saints.

J-M. A.

 

Portrait - un juriste et un juste

Moshé Negbi est un juriste connu, commentateur en matières juridiques. Il a 55 ans et est père de trois enfants.

Une longue carrière juridique lui a permis d’être entre autres le juriste spécialiste des affaires de droit à la radio. Puis trop franc et gênant, il a été remercié par le directeur, ce qui a suscité des protestations, si bien qu’il a été assez vite rappelé à ce poste, une heure par semaine. Entre temps il avait été commentateur dans des grands journaux, chargé de cours à l’Université Hébraïque de Jérusalem. Il a reçu le prix Sokolov (journalisme) et un prix de l’Association pour les Droits de l’Homme. Les titres de ses livres disent bien son souci : “Entraves de la justice”, “Tigre de papier”, “Liberté de la presse en Israël”. Son dernier livre paru récemment a pour titre “Devenus comme Sodome : la pente glissante d’un Etat de légalité à la République de bananes”. C’est dire qu’il ne mâche pas ses mots, et qu’il y a à ses yeux des sujets brûlants dans le pays. Mais au moins, on n’étouffe pas les affaires, et on laisse encore parler des personnes bien gênantes. Et cela a même parfois des résultats.

Interviewé chaque semaine avec d’autres participants, il dit d’une voix tranquille ce qu’il estime devoir rappeler. Sa compétence lui permet de répondre largement, et je ne me rappelle pas qu’on ait jamais pu le prendre en faute. En outre il a le talent d’être clair et intéressant, même pour le grand public qui n’est pas rompu aux nuances de la loi. Je me souviens être tombé par hasard sur ce programme de radio, il y a plus de 20 ans. Vu le sujet, je me disais : “Je vais sûrement ne rien comprendre, et cela va être rasoir, ces affaires de législation !” Et depuis, j’ai souvent fait effort pour attraper son émission… passionnante. Clair, concret, bien dans la vie, et soucieux de justice et d’humanité.

Il n’hésite pas à critiquer parfois même la Haute Cour (rarement, car ils sont plutôt de son côté), s’il y a erreur juridique, petit oubli d’une nuance. Sa connaissance du droit international et de la législation des grands pays du monde, alliée à un souci de l’homme et de la morale juive, font de lui une grande conscience comme il en faut dans notre pauvre monde qui se débat entre bien et mal, permis et défendu.

Yohanan Elihai

Petites initiatives

Il y a les grands mouvements ou les associations comme les Médecins pour les Droits de l’Homme, dont nous traitons de temps en temps, et puis il y a les petits groupes qui essaient quelque chose dans leur coin :

– quelques scouts israéliens vont dans le Néguev aider une localité bédouine. La TV nous montre leur activité sociale ou éducative (aider des élèves en retard… l’école est sans doute loin). Une jeune bédouine qui s’est liée d’amitié avec une jeune scoute, raconte : “Au moment de partir, elle a parlé de sa décision d’aller à l’armée… J’étais contre au début. Puis j’ai pensé : Il faut vraiment qu’il y ait des gens comme elle dans l’armée, avec ce souci de l’autre.” 

– annonce reçue par couriel (courrier électronique) : Tel jour, il y aura entre Beit Sourik  et Mevasseret Tsion  une activité en signe de solidarité : enfants et adultes des deux populations ont préparé des cerfs-volants et les lanceront dans le ciel. Rappelons que c’est le site où la clôture de séparation était prévue passer très près du village arabe, et à la suite de l’action des habitants juifs (voir Flashes d’espoir dans notre numéro 15), le tracé a été modifié et rapproché de la localité juive, pour rendre aux villageois l’accès à leurs champs.

– par un coup de téléphone demandant un renseignement, nous apprenons que des jeunes israéliens et palestiniens lancent une radio : La Voix de la Paix, en hébreu et en arabe. Leur question concernait les livres d’étude de l’arabe parlé palestinien. Pas encore de détails sur leurs projets, mais sûrement affaire à suivre.

– des musiciens juifs et arabes se produisent pour jouer ensemble les musiques des deux peuples.

– un grand groupe mixte se rencontre régulièrement pour méditer ensemble ou marcher en silence. Cette initiative, déjà ancienne, nous a été révélée par une jeune fille israélienne, une des organisatrices, venue me demander des livres d’arabe. Ces livres sont une occasion de rencontres avec ce genre de citoyens, plus nombreux que l’on ne pourrait le penser.

Tout cela montre que bien des gens ne restent pas indifférents devant une situation qui semble actuellement sans issue. Faire quand même quelque chose.  

Y.E.

Aux nouvelles de midi, le 24 août 2004:

1) L’armée israélienne a réussi à arrêter trois terroristes palestiniens, recherchés depuis longtemps, qui se cachaient à la maternité de l’hôpital français de Bethléem. On les a finalement retrouvés dans la buanderie, avec un stock d’armes. Ils étaient responsables de nombreux actes de terrorisme en Israël dans le passé. La radio nous annonce que la direction de l’hôpital a remercié l’armée d’avoir réussi l’opération sans gêner la marche générale de l’hôpital,  exprimant aussi son regret que ces activistes profitent de telle façon de l’immunité dont le lieu est censé bénéficier. Version israélienne. Intéressant de voir s’il y aura une version différente d’une autre source. Mais dans le passé nous avons reçu de tels échos de la part de Chrétiens de Beit-Jala à propos de faits semblables.

2) Le chef de la police de la région nord du pays quitte ses fonctions. Il fait un bilan :

- dès 2001 on a commencé à tirer les leçons de la commission Or sur les opérations de police en 2000 contre des manifestants arabes, et l’effort se poursuit, en lien avec les intéressés. 

– il faut souligner que la quasi-totalité de la population arabe d’Israël veut vivre en paix une vie normale, et les cas de collaboration à des attentats ont été de très rares exceptions. Donc ne pas généraliser hâtivement.

– d’autre part, il reste vrai que la totale égalité des citoyens arabes dans notre société est loin d’être réalisée et qu’il faudrait un effort sérieux pour y arriver.

 

Le chant du mois

Le décès de la musicienne “nationale” Noémie Shémer aurait pu nous donner l’occasion de connaître 100 chants très beaux… mais il faut les entendre, et puis il faudra raconter sa vie. C’est un gros travail et ce sera pour la prochaine fois, sans doute.

Ces jours-ci on a entendu à la radio, entre deux nouvelles, un petit chant sans prétention, mais qui a au moins l’avantage de dire ce que les jeunes qui chantent ont envie de se dire, de nous dire.

 

 

Dieu t’a donné en cadeau

Quelque chose de grand, et de beau

Dieu t’a donné ce cadeau

De vivre ta vie sur cette terre.

Il t’a donné la nuit, et le jour,

Avec l’espoir, et le rêve et l’amour

L’été, le printemps et le froid,

Des yeux pour regarder autour de toi.

Il t’a donné les prés verdoyants,

Les fleurs, les arbres dans le vent frémissants,

Les fleuves, les torrents, les mers,

Les cieux et les étoiles, la lune et les éclairs.

Dieu t’a donné en cadeau

Quelque chose de grand, et de beau

Dieu t’a donné ce cadeau

De vivre ta vie sur cette terre.

Il t’a donné les fêtes et le shabbat,

Et ce pays, terre de nos pères,

Il t’a donné de rêver et de faire,

De mettre au monde des enfants,

Et de chanter avec eux ce chant :

« Que tes œuvres sont grandes, Elohim ! »

Dieu t’a donné en cadeau

Quelque chose de grand, et de beau

Dieu t’a donné ce cadeau

De vivre ta vie sur cette terre.

Oh Elohim, fais-nous encore un cadeau !

Un petit cadeau, un don précieux

Elohim, encore un cadeau, un seul, s’il te plait :

Donne sur cette terre, la paix.

 

 

 

A vrai dire, il me vient d’ajouter une remarque personnelle : J’ai du mal dans ce cas à dire “Donne-nous la paix”, comme un paquet qui vous tombe du ciel, ficelé avec un beau nœud, pour votre anniversaire. Plutôt “Apprends-nous à faire la paix, donne-nous la force d’y travailler, fais-nous la préparer !”. C’est sûrement l’intention du chant, mais il est bon de nous le rappeler de temps en temps. Et dans cet esprit, nous pouvons conclure avec…

…l’humour en finale

 

Notre ami – était-ce Jacob, ou Christian, ou Ahmed, je ne sais plus – bref, notre ami a eu un rêve. Il se promène au paradis et il passe devant un magasin “Fleurs et fruits”. – Oh, j’en profite !  Il entre.

Un ange au comptoir lui dit : “Bonjour Monsieur, vous désirez ?”

– Eh bien, je voudrais un cerisier, un bougainvillier, des abricots, quelques pêches…

– Ah, Monsieur, vous faites erreur. Ici on ne vend que des graines.

Vous la connaissiez ? Tant mieux. Alors, racontez-la aux autres.

                                                                      Y.E.

 

Même si nous avons une ligne commune dictée par notre présence en Israël, il semble bon de rappeler

le principe qui guide bien des publications et qui donne une certaine liberté à chacun :

 

La revue laisse aux auteurs des articles et comptes rendus l’entière responsabilité

des opinions et jugements qu’ils expriment.

 

 

 

[1] Qui existe d’ailleurs  déjà : Mireille Hadas-Lebel, Histoire de la langue hébraïque, Paris, Publications orientalistes de France, 1981 ; L'hébreu : 3000 ans d'histoire, Paris, Albin Michel, coll. «Présences du judaïsme», 1992.