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 « Seigneur Jésus,
apprenez-nous à être généreux,
à vous servir comme vous le méritez,
à donner sans compter,
à combattre sans souci des blessures,
à travailler sans chercher le repos,
à nous dépenser sans attendre d’autre récompense
que celle de savoir que nous faisons votre Sainte volonté. »

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N° 29 – Mai/Juin 2006

Porte des Lions (regardez-les!) ou de St-Étienne

no 29 Mai-Juin 2006

Editorial : une voix parmi d’autres

Jean-Marie Allafort

Nous recevons de nombreux encouragements à poursuivre l’œuvre que nous avons commencée il y a bientôt quatre ans. Un écho d’Israël enthousiasme certains, en agace d’autres et laisse parfois perplexe. Récemment, quelqu’un m’a fait cette réflexion : « Votre journal n’est pas assez idéologique, nous ne savons pas où vous voulez en venir. » Certains nous reprochent de faire de la propagande pro-israélienne, d’autres considèrent que nous sommes des non-juifs qui nous mêlons de ce qui ne nous concerne pas, et d’autres encore (nous espérons qu’ils ne sont pas nombreux) nous traitent carrément d’antisémites car nous osons porter parfois un regard critique sur la politique et la société israéliennes.

Tous les membres de notre équipe ont choisi de vivre en Israël (certains sont d’ailleurs citoyens israéliens) parce qu’ils aiment ce pays et ont le désir de mieux le faire connaître. Notre regard est d’abord et avant tout celui de la bienveillance et de la sympathie, ce qui n’empêche nullement d’être lucide et critique quand il le faut et de défendre aussi les Palestiniens quand nous voyons des injustices. Nous partageons le même destin que celui de tous les habitants de cette terre. Nous prenons la parole sachant que nous ne sommes qu’une voix parmi d’autres. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi d’appeler notre journal : Un écho d’Israël et non pas « L’écho d’Israël ».

Mais nous sommes aussi une voix que certains voudraient étouffer. C’est ainsi que plusieurs personnes nous ont accusés d’envoyer des virus à nos lecteurs et nous ont causé des difficultés techniques à plusieurs reprises. Ces tracasseries nous encourageraient plutôt à redoubler d’efforts.

Plutôt satisfaits de ne pas nous laisser enfermer par des définitions et des idéologies, nous continuons ce travail parce que nous y croyons. Il est souvent passionnant, parfois difficile et ingrat. C’est un défi que nous relevons chaque jour.
La société israélienne est profondément pluraliste et, à travers ce journal, nous espérons que vous puissiez appréhender cette réalité à laquelle nous tenons tant. Merci à tous ceux qui nous expriment leur amitié et leur soutien, mais aussi à ceux qui nous critiquent car ils nous permettent de nous interroger sans cesse.


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  • > Editorial : une voix parmi d’autres

12 juin 2006, par Nitsah

Merci pour votre pluralité ! Chacun de vous a une vision personnelle de la situation et personne n’utilise la langue de bois, la pensée unique ou les insultes. Même si certains articles peuvent me faire mal parce que moi aussi, j’aime Israël, je préfère qu’Israël soit critiqué par des gens qui aiment ce pays et ce peuple. Et puis, il n’y a pas que des critiques, heureusement !

Personnellement, je m’efforce, tant que le ton est respectueux, d’entendre des avis différents. Il vaut mieux ne pas s’enfermer avec des gens qui nous ressemblent, sinon on n’apprend rien, on n’évolue pas. Merci pour votre amitié, merci de vous mêler avec sollicitude de ce qui vous regarde, à savoir la vie des gens qui vous entourent.

Bonne continuation !

Nitsah

Histoire : le Kibboutz

Cecile Pilverdier

 

Le kibboutz, en hébreu « rassemblement » est une forme de nouveau village, propre à l’implantation sioniste en Israël. Son principe est fondé sur le groupe ; tous les biens sont mis en commun, le travail et l’aide réciproque, les prises de décisions démocratiques, le travail et l’ égalité.

Les principes fondamentaux à l’origine du kibboutz.

Participation, égalité et aide réciproque : le principe de participation est à la base de l’idée du kibboutz et se situe dans tous les domaines formant le cadre « kibboutzique ». Les membres ne possèdent pas de biens personnels et la propriété du matériel de production et les autres biens sont les biens du kibboutz, un bien commun. D même la production du travail fourni par les membres appartient au kibboutz, et n’arrive pas directement dans les poches du particulier.

L’idée de « chacun selon ses possibilités et à chacun selon ses besoins » illustre le principe d’égalité du kibboutz, et s’exprime concrètement dans la vie par la distribution égalitaire, ou selon des critères particuliers, de droits et de devoirs comme par exemple : le salaire personnel, l’éducation, la nourriture et le droit de vote. A côté de la participation et de l’égalité, le kibboutz pratique l’idéologie de l’aide et du soutien auprès de ceux qui sont dans la détresse ou qui ne peuvent plus travailler.

La démocratie : Le kibboutz est un cadre vivant qui pratique la démocratie pour la prise de décisions, par l’entremise des secrétariats élus par le kibboutz. La plupart des décisions sont prises lors de la « réunion générale » dans laquelle chaque membre a droit de vote à égalité. L’autorité de décision est entre les mains du secrétaire du kibboutz et des différents comités (éducation, culture, gestion, etc.) qui sont élus. Le protocole décide des sujets nombreux de la vie du kibboutz.

Le travail autarcique : c’est le principe par lequel on essaie d’arriver à une autonomie économique : dans ce cadre, les professionnels proviennent uniquement du kibboutz lui-même.

La vie du kibboutz est fondée sur la libre participation des membres. On ne peut obliger une personne à se joindre ou à rester membre du kibboutz. Le renvoi est possible, mais se fait selon un processus précis, fixé et, en général, se fait en donnant une sorte de compensation au prorata.

Au cours des années, après des crises idéologiques et économiques qu’ont subies les kibboutzim, ainsi que des influences extérieures, il y a peu de kibboutz qui continuent selon ces principes précis. Ainsi par exemple, il est courant aujourd’hui d’employer des salariés dans plusieurs branches d’activité, y compris pour des postes de direction, le principe de salaire égal n’est plus total, on demande un paiement pour les repas, etc. Et en plus, une partie du genre de vie communautaire propre au kibboutz tente à disparaître, comme le dortoir des enfants et les repas en commun.

La fondation du premier kibboutz.

Le premier groupe a été Degania, fondé en 1909 par des gens venus de Russie, soutenu par le bureau « Eretz israëli » sous la direction du Docteur Arthur Rupin. Le groupe s’est installé sur les terres d’Oum Giuni sur les bords du Jourdain, qui appartenaient à la société de location du village. Dès leur fondation, ils ont joué un très grand rôle avant la naissance de l’Etat. Les fondateurs, douze jeunes (10 garçons et deux filles) de la deuxième immigration, cherchaient comment changer leur travail de salariés et les formes d’implantations anciennes. L’idéologie socialiste des fondateurs, qui reposait sur l’idée révolutionnaire de l’Europe et sur l’idée d’un communisme sociétaire, a amené à former un cadre d’implantation communautaire, égalitaire et sans possession privée.

Les membres du groupe ont vu dans l’agriculture la base économique exclusive et un moyen de réaliser l’idéal travailliste. Les premières années ont été pour le groupe de Degania très difficiles économiquement et avec des discussions entre eux, mais les membres ont mûri, avec le temps, et ont amené le groupe à une certaine réussite.

Ses fondateurs défendaient l’idée du « petit groupe », et quand ceux de la troisième immigration qui demandaient à se joindre ont augmenté, on a fondé en 1920 au sud de Degania, un nouveau groupe. En 1920 dans le pays il y avait plus de 10 groupes.

L’évolution des kibboutzim.

L’idée du kibboutz variait entre ceux qui voulaient un élargissement du cadre du groupe jusqu’à 100 personnes, comme voie intermédiaire entre l’idéologie d’« l’associations de travailleurs » qui engloberaient tous les ouvriers juifs, et le groupe restreint. En plus de cela, on demandait d’élargir le cadre de l’économie vers l’artisanat, l’industrie et les services, en plus de l’agriculture.

Les premiers kibboutzim, Ein Harod et Tel Yosef, ont été créés en 1921 (avec la 3ème immigration) et à leur suite d’autres se sont installés, surtout dans la région de la vallée d’Izréel (Galilée). Le mouvement de fondation des kibboutzim s’est développé avec la fin de la première guerre mondiale et de nombreux kibboutzim ont été fondés par les membres de cette troisième immigration et les membres des mouvements de jeunes ouvriers « ha shomer ha tsaïr ».

Entre le début des années trente et la fondation de l’Etat, la population des kibboutzim a augmenté de façon importante. De nouveaux ont été fondés sur tout le territoire entre le Néguev et la Galilée et ceux qui existaient ont reçu des milliers d’immigrants. Ce sont eux qui ont en quelque sorte tracé les frontières du pays. Entre 1936 et 1939 des dizaines de kibboutzim ont été fondés sur le mode de « enceinte et tour », en vue de se protéger. Certains furent érigés en une nuit. Implantés souvent non loin des villages arabes, ils ont dû s’armer au moment des révoltes de ces derniers en 1929, et de 1936 à 1939 spécialement. Très vite ils deviennent une aile combattante avant même la naissance de Tsahal. Ces deux aspects , agricole et défensif, réalisent un idéal opposé à celui du juif tel qu’il était vu jusqu’alors : toujours bafoué sans défense et sans terre. Une des idéologies de base des pionniers était de créer un nouveau type de juif capable de travailler la terre et de prendre les armes Des kibboutzim sortiront les chefs militaires et politiques du pays : Moshé Dayan, Ygal Allon, Ehud Barak...

Quand l’Etat a vu le jour, les kibboutzim représentaient la moitié des villages et leur population 8% de toute la population juive. Dans les années 50, avec le développement de l’agriculture, il y a eu une amélioration de leur économie qui leur a apporté une augmentation du niveau de vie et l’implantation de nouveaux kibboutzim sur le terrain.

Les années suivantes et jusqu’aux années 70, ils ont joui d’une période aisée. L’agriculture des kibboutzim a développé des principes de mécanisation et d’industrialisation moderne et elle a connu des temps de réussite nationale et mondiale. Parallèlement on a élargi l’activité des villages avec une industrie nouvelle et variée.

Au cours des années 80 les kibboutzim sont passés par une période économique très mauvaise, et beaucoup ont été au bord de la faillite. Parmi les raisons de cette crise : la grande vitesse de l’inflation, la crise de l’agriculture, la crise de la Bourse de 1983, et une mauvaise gestion économique des kibboutzim. Au cœur de cette crise les kibboutzim s’endettaient auprès des banques. En 1989 le gouvernement a décidé d’aider les kibboutzim par un règlement des dettes. Il en est résulté une crise idéologique qui a ébranlé les fondements du mouvement. Le capitalisme et l’ individualisme de la société israélienne sont en contradiction avec les valeurs du kibboutz.

La crise économique a amené à une réorganisation de l’économie des kibboutzim dans les années 90 : baisse du secteur agricole, concentration vers l’industrie existante orientée vers l’exportation et essai de pénétrer le secteur du Hi Tech, le tourisme et la location de matériel portable pour le commerce et l’habitation. En parallèle, des changements internes ont été faits, entre autre, on a nommé dans de nombreuses usines des directeurs non membres des kibboutzim, et dans certains kibboutzim, on a adopté le système des salaires différents selon le travail fourni par les membres.

Les kibboutzim ont mis l’espoir d’un redressement économique aussi dans les accords signés par les autorités d’Israël, qui leur permettaient d’acquérir à des prix modérés des terrains destinés à l’agriculture et devenus terrains constructibles. En 2002 une plainte a été reçue à la Haute cour de justice sur le sujet et à sa suite les avantages octroyés aux kibboutzim ont été supprimés. Le sujet, sous tous ses aspects, n’a pas été traité jusqu’à maintenant.

Dans les années 2000, de nombreux kibboutzim souffrent encore de difficultés économiques et en plus leur population diminue et vieillit : il y a des départs, les naissances baissent et l’âge augmente. Mais en même temps, il y a une augmentation de demandes d’entrées comme membres dans les kibboutzim florissants et de nouveaux sont implantés de temps en temps.

En 2006, il y a en Israël 267 kibboutzim et 116000 membres qui représentent 2% de la population du pays.

Le mouvement kibboutzique

Au milieu des années vingt, avec la multiplication des kibboutzim, sont nés des mouvements kibboutziques comme cadres organisés. Une organisation du nom de « L’Ami des groupes et des kibboutzim »a été édifiée en premier en 1925. En 1927 des membres l’ont quittée pour en fonder une nouvelle : « ha kibboutz ha miouhad » (le kibboutz unifié), avec à sa tête Itzhak Tabenkin, qui était partisan d’un kibboutz grand et ouvert. La même année est né le kibboutz national « ha kibboutz ha artsi » avec à sa direction Jacob Hazan et Meïr Yaari. Il donnait un cadre aux kibboutzim du « Ha shomer ha tsaïr » qui avait comme orientation le socialisme de l’Europe de l’Est.

En 1929 est né un nouveau mouvement « Haver ha kvoutsot » (l’Ami des groupes). La même année a été fondée une ferme près de Petah tikva, par des Juifs religieux venus d’Allemagne qui étaient proches du mouvement « Ha poèl ha mizrahi » mouvement religieux orthodoxe ashkénase. Ce groupe a donné la base de ce qui plus tard deviendra le kibboutz religieux. Ce mouvement du kibboutz religieux s’est lié officiellement en 1935 et a fondé son premier kibboutz, Tirat Tsvi en 1937.

En 1951 est né « l’Union des kibboutzim », fraction venue du mouvement « le Kibboutz unifié » sur fond de questionnement par rapport à la proximité d’idées avec l’URSS. Les kibboutzim soutenant le « Mapaï » (parti travailliste) se sont joints à « l’Union des kibboutzim ». Ces mouvements sont devenus, à partir des années 50, l’élément décisif du système politique israélien. Ils ont servi de base à trois partis : le Mapaï (l’Union des groupes et des kibboutzim), le Mapam (le Kibboutz national) et l’Union du travail- les Travailleurs de Sion (le Kibboutz uni) et certains de leurs membres ont été aux postes clé gouvernementaux.

Avec les années, les différences politiques, idéologiques et sociales entre les mouvements, se sont estompées. Aussi, fin 2000, il a été décidé de fonder « le Mouvement kibboutzique », qui est la réunion des deux mouvements précédents. Lors de cette réunification il y avait 250 kibboutzim.

Le mouvement du kibboutz religieux continue d’agir indépendamment pour 16 kibboutzim, et garde à peu près ses valeurs originelles, qui réunissent les valeurs kibboutziques classiques et le mode de vie religieux.

Connaissance d’Israël : Megiddo (2ème partie)

Loïc Le Méhauté

A la fin du VIe millénaire avant notre ère un village avait été construit sur la colline de Megiddo, mais la première localité urbaine fortifiée date du début du IIIe millénaire. Certains des ses vestiges ont été mis au jour sur le soubassement de la partie orientale du tell. Ses murailles protégeaient un temple rectangulaire allongé, dont le plafond était soutenu par des colonnes de bois posées sur des socles en pierre. L’autel des sacrifices faisait face à l’entrée. Entre des murs de 4 mètres d’épaisseur des restes d’animaux sacrifiés furent exhumés. Au cours des 2000 années suivantes, plusieurs temples cananéens se superposèrent, sur le site de cet ancien lieu de culte.

Il est surprenant qu’une telle cité-forteresse, n’apparaisse pas dans les textes d’exécration qui datent du IIe millénaire de la XIIe dynastie égyptienne. Megiddo, contrairement à d’autres cités cananéennes, est peut-être restée fidèle à l’Égypte. Sur le site fut exhumé un fragment de statuette représentant un certain Djehoutyhotep, égyptien en service à Megiddo, qui était chargé d’envoyer du bétail en Égypte. Sous le règne de Sésostris III (1876-1838,) il y avait des fonctionnaires égyptiens à Megiddo et ceci est confirmé par un scarabée découvert sur le tell portant l’inscription : « le majordome comptable du bétail, Ioufseneb ». Ceci permet peut-être de confirmer, qu’à cette période, cette ville cananéenne était vassale des Égyptiens et avait la double vocation de ville commerçante et de centre militaire (ville de garnison). Au début du IIe millénaire, la ville fut entourée de puissantes fortifications en pierre, renforcées par des remparts de terre avec un glacis. La ville fut planifiée et divisée en plusieurs quartiers bien délimités : les quartiers royaux, qui abritaient les palais, le quartier administratif, et les quartiers résidentiels. Dans la porte, le passage des chariots était flanqué de deux paires de logements. Vers le milieu de ce millénaire, une nouvelle porte en pierre de taille fut percée dans le rempart nord de la ville. Près de cette porte se dressait un splendide palais des rois cananéens. Ensuite, au cours de son existence, Megiddo ne connut guère de modifications importantes.

La cité entre dans l’histoire avec le pharaon Thoutmosis III. La première mention de Megiddo dans les textes anciens date du XVe avant J.-C. C’est sur les textes hiéroglyphiques du temple d’Amon à Karnak (ancienne Thèbes) en Haute-Égypte, qu’apparaît ce nom dans la liste des villes conquises par le pharaon de la XVIIIe dynastie, Thoutmosis III (v. 1484 - 1450). Sa campagne militaire de 1468 lui permit de conquérir le pays de Canaan, la Syrie et d’atteindre l’Euphrate. Le récit égyptien décrit en détail le stratagème mis en place par le pharaon afin de mâter une révolte des princes de Canaan et de Syrie. Une coalition de 330 princes avait amassé ses troupes près de Megiddo. Thoutmosis, arrivant au mont Carmel, avait devant lui le choix entre trois voies d’accès pour atteindre Megiddo. Malgré les conseils de ses généraux il conduisit son armée dans le défilé Aruna (wadi Ara) qui mène directement à Megiddo. La bataille qui se déroula dans la plaine de Megiddo mit en fuite les coalisés qui, abandonnant leurs bagages et leurs biens, se réfugièrent dans la place forte de Megiddo. Au lieu de poursuivre les fuyards, les Égyptiens récupérèrent le riche butin de chars, d’or et d’argent... Quand ils se présentèrent devant les remparts de la ville celle-ci était barricadée et le siège qui s’ensuivit dura sept mois. Finalement, les coalisés se rendirent en apportant un lourd tribut au pharaon. Le texte de Karnak fait état de : « [...] 340 prisonniers vivants et 83 mains ; 2 041 chevaux, 191 juments, 6 étalons et [...] poulains ; 1 char ouvragé en or [...] et 892 chars de cette misérable armée [...]. » La liste du butin mentionne aussi des cottes de mailles en bronze et en cuir, des arcs et d’autres armes de guerre. Le récit de cette bataille permit d’identifier sans ambiguïté le tell el-Mutesellim à Megiddo.

Après cette conquête, la ville retrouvera assez vite une place d’importance dans les cités cananéennes. On la rencontre dans la correspondance diplomatique de Tell el Amarna, capitale d’Aménophis IV, Akhenaton, (1370-1352), fondée au XIVe siècle avant J.-C. Six lettres, ou tablettes, écrites en cunéiforme par le prince de Megiddo, Biridiya, envoyées au pharaon, font mention de ses ennuis. Dans sa correspondance le prince évoque l’attitude hostile de Labayu, prince de Sichem, et des Habirou. Biridiya, vassal du pharaon, implore son aide par l’envoi d’une garnison de 100 soldats : « Au roi, mon seigneur, et mon dieu soleil : Ainsi Biridiya, le fidèle serviteur du roi. Aux deux pieds du roi, mon seigneur, et mon dieu soleil, sept et sept fois je tombe. Que mon roi sache que, depuis que les archers sont rentrés [en Egypte], Labayu a entamé les hostilités contre moi, et nous ne pouvons pas nous leurrer, nous ne pouvons pas franchir la porte en présence de Labayu depuis qu’il a appris que tu ne nous as point accordé d’archers ; et maintenant il prévoit de conquérir Megiddo, mais laissons le roi protéger la ville, de crainte que Labayu ne s’en empare. En vérité, Labayu n’a pas d’autre dessein. Il cherche à détruire Megiddo. » L’histoire ne mentionne pas si ces renforts furent envoyés ou pas.

Séthi Ier (1321-1298) interviendra, comme le fit Thoutmosis III, contre une vaste coalition de princes d’Asie. Après un combat dans la plaine de Megiddo, il soumettra cette cité qui lui versera un lourd tribut. Chez les Égyptiens cette ville est encore mentionnée dans le papyrus Anastasi I, daté du règne de Ramsès II (1298-1232). Sur ce document un maître scribe pose quelques questions à un élève, dont celle-ci : « Fais-moi connaître le chemin pour passer à Megiddo ». Cette question révèle bien l’importance stratégique de la cité cananéenne.

La Bible cite douze fois le nom de Megiddo. Elle nous rapporte pour la première fois que le roi cananéen de Megiddo fut vaincu par Josué : « Voici les rois du pays que Josué et les Israélites frappèrent de ce côté-ci du Jourdain, à l’ouest [...]. Josué donna leur pays en possession aux tribus d’Israël, selon leur répartition. [...]. Le roi de Taanak un ; le roi de Megiddo, un ; le roi de Qédech, un ; le roi de Yogneam, au Carmel, un [...]. » (Jos. 12 : 7-22). Bien que le livre de Josué mentionne la victoire sur le roi de Megiddo, un autre texte biblique nous indique que : « Manassé ne déposséda pas les habitants de Beth-Chean et de ses dépendances, de Taanak et de ses dépendances, [...] de Megiddo et de ses dépendances [...]. Lorsque Israël fut assez fort, il soumit les Cananéens à la corvée mais il ne put les déposséder. » (Jg. 1 : 27). Comment interpréter cette contradiction ? On peut déduire que la victoire de Josué sur les rois cananéens ne s’est pas terminée par l’expulsion de ceux-ci de leurs villes et qu’il a fallu attendre plusieurs générations pour qu’Israël en prenne possession.

Les archéologues et les historiens doivent résoudre l’énigme concernant la prise du pays du Canaan par les Hébreux. Nous savons que les écoles d’historiens oscillent entre deux chronologies : la longue, XVIe-XVe s. ; la courte, XIIIe s. av. J.-C. Près de deux siècles d’intervalle ! Cette différence de chronologie a certainement des incidences sur les recherches archéologiques des tells.

Avec le déclin du contrôle égyptien aux XIIe et XIe s. av. J.-C., des luttes pour le pouvoir firent rage entre Cananéens, Philistins et Israélites. Ceux-ci laissèrent leurs marques sur les vestiges de Megiddo. Cette ville forteresse ne devint peut-être une ville israélite que sous le règne de David ou de Salomon (Xe s. av. J.-C.). D’après le récit biblique Salomon en fait une forteresse militaire pour sa cavalerie et ses chars : « Voici ce qui concerne les hommes de corvée que leva le roi Salomon pour bâtir la maison de l’Éternel et sa propre maison, le Millo et la muraille de Jérusalem, Hatsor, Megiddo et Guézer. [...] Salomon fit bâtir [...] toutes les villes qui servaient d’entrepôts et qui étaient à Salomon, les villes pour les chars, les villes pour la cavalerie [...] ; Salomon rassembla des chars et des cavaliers ; il avait 1 400 chars et 12 000 cavaliers, qu’il dirigea dans les villes de garnison et à Jérusalem près du roi. » (1 R. 9 : 15-19 ; 10 : 26). Le souverain de Jérusalem la rebâtit comme ville royale, administrant le nord du pays, et y plaça un haut fonctionnaire, comme dans les autres districts de son royaume : « Salomon avait douze préfets sur tout Israël. Ils pourvoyaient à l’entretien du roi et de sa maison, chacun y pourvoyait pendant un mois de l’année. Voici leurs noms : [...] Baana, fils d’Ahiloud, avait Taanak et Megiddo, et tout Beth-Chean qui est près de Tsartan au-dessous de Jezréel [...] » (1 R. 4 : 7-12). Les premières évaluations des archéologues attribuèrent ces écuries au roi Salomon, mais des études plus approfondies du site et des artefacts exhumés les situent à l’époque d’Achab, roi d’Israël (874-853).

Un autre texte égyptien fait mention de Megiddo : c’est la liste des villes conquises par le pharaon Chichaq Ier (945-924 av. J.-C.). Il envahit le royaume de Juda en 926 et continua ses conquêtes en Israël contre Jéroboam Ier, dont il fut un temps le protecteur (1 R. 11 : 26-40). C’est à Karnak, sur un grand bas-relief, que se trouve la liste des 150 villes et villages conquis au cours de la campagne de ce pharaon. La ville fut reconstruite durant le règne d’Achab, qui en fit une ville de chars. Les murs de la nouvelle ville, de 3,5 mètres d’épaisseur, étaient construits en saillants et en rentrants et incorporaient la porte de la ville de Salomon. Parmi les édifices datant du règne d’Achab, plusieurs grands bâtiments identiques s’étendant sur d’importantes parties de la ville méritent une mention particulière. Certains archéologues pensent qu’il s’agissait d’entrepôts, de casernes ou de marchés, mais la plupart des chercheurs considèrent qu’ils servaient d’écuries.

Megiddo continua à abriter le siège du gouverneur royal durant le règne de Jéroboam II, roi d’Israël, comme en témoigne le sceau portant le nom de Shema, l’officier du roi. Jéhu, se rebellant contre la dynastie d’Achab, tue Yoram, le roi d’Israël. Voyant cela, Achazia, roi de Juda, s’enfuit à Megiddo et, atteint par les archers de Jéhu, meurt de ses blessures (2 R. 9 : 27).

Megiddo fut apparemment conquise et détruite en 732, pendant la campagne de Téglath-Phalasar III, roi d’Assyrie, contre le royaume d’Israël : « Du temps de Péqah, roi d’Israël, Téglath-Phalasar, roi d’Assyrie, vint et prit Iyon, Abel-Beth-Maaka, Yanoah, Qédech, Hatsor, Galaad et la Galilée, tout le pays de Nephthali, et il en déporta les habitants en Assyrie. » (2 R. 15 : 29). Bien que Megiddo ne soit pas mentionnée dans ce texte, on peut conclure que les traces de destructions sur le tell remontent à l’invasion assyrienne. La cité reconstruite sert, semble t-il, de ville administrative d’une province assyrienne au nord du royaume d’Israël. Un réseau orthogonal de rues divisait la ville en quartiers. Ils firent creuser, au sud de la ville, un silo de 11 mètres de diamètre, tapissé de pierre, qui comportait deux escaliers étroits.

A la fin du VIIe siècle, apparemment pendant le règne de Josias, roi de Juda, une forteresse rectangulaire fut édifiée au sommet du versant est du tell. Le pharaon Néchao II (609-594), de la XXVIe dynastie égyptienne, monta contre Megiddo et tua le roi Josias (638-608) : « De son temps le Pharaon Néko (Néchao), roi d’Égypte, monta vers le roi d’Assyrie, vers le fleuve de l’Euphrate. Le roi Josias marcha à sa rencontre ; et le Pharaon le fit mourir à Megiddo, dès qu’il le vit. Ses serviteurs l’emportèrent mort sur un char ; ils l’amenèrent de Megiddo à Jérusalem et l’ensevelirent dans son tombeau » (2 R. 23 : 29, 30). Le pharaon était certainement en marche vers le nord pour prêter main forte aux Assyriens contre les Babyloniens. En 605, Néchao fut vaincu à Karkemish par Nabuchodonosor et c’est alors que le roi de Juda, Yehoyaqim, devint vassal des Babyloniens.

La strate supérieure du tell constitue la dernière occupation de Megiddo durant les périodes babyloniennes et perses (600-350 av. J.-C.). La fière allure de ville de garnison et de cité commerciale avait définitivement disparu.

Pendant les premiers siècles de l’ère chrétienne, à Megiddo ou dans son voisinage fut érigé un camp romain car des briques marquées du sceau de la VIe légion furent exhumées. Récemment, dans l’enceinte de la prison de Megiddo, au cours des travaux d’agrandissements, une mosaïque fut découverte par deux détenus israéliens. Le pavement de mosaïque, d’une église datée du IIIe siècle de l’ère chrétienne, représente deux poissons, premier symbole des chrétiens, et deux inscriptions dont une mentionnant un don fait par une femme pour la construction de l’église en mémoire « de Dieu Jésus Christ ».

Bien que la cité de Megiddo ait été abandonnée, la vallée à ses pieds resta un champ de bataille. En 1917, après la prise de Jérusalem, le général Edmund Allenby, à la tête d’une division de cavalerie australienne et de la Xe division d’infanterie indienne, lança son attaque contre les Turcs. Sa victoire lui octroya le titre de « Lord of Megiddo ». Pendant la guerre d’Indépendance, la région de Megiddo servit de base aux forces israéliennes contre une coalition d’armées arabes.

Megiddo, lieu symbolique des chrétiens, fut choisi pour la rencontre historique entre le pape Paul VI, le Président de l’État israélien, Zalman Shazar et le Premier ministre Lévi Eshkol. C’était la première visite d’un pape en Terre sainte et sur le territoire israélien.

La vie en Israël : les Philippins, une communauté vivante

Antoinette Brémond

L’autre jour à la poste, devant moi, une jeune femme philippine essayait d’envoyer de l’argent à sa famille. D’après l’employé, cela avait l’air assez compliqué. Je pensais à toutes celles que je rencontre dans le quartier : celles qui se retrouvent à trois ou quatre dans une maison avec de nombreux enfants, celles qui se succèdent chez nos voisins, un couple âgé et malade originaire d’Irak. Toutes des aides à domicile qui permettent aux personnes âgées et aux malades de rester à la maison.

Un article du Jerusalem Post (du 20-03-06) m’a donné envie d’en savoir plus sur cette communauté philippine qui compte actuellement environ 35 000 personnes, et qui semble très vivante et organisée, ayant des supports administratifs leur permettant d’obtenir des visas de cinq ans ou plus.

 

enfants de travailleurs étrangers

Si cette communauté est répartie dans les trois grandes villes d’Israël, Jérusalem, Tel Aviv et Haïfa, c’est à Tel Aviv qu’elle se rassemble chaque samedi soir à la gare centrale des bus. Un lieu qui, ce jour-là, ressemble à un petit Manille avec une échoppe vendant essentiellement des produits orientaux, mais aussi avec deux discothèques d’où s’échappe de la musique asiatique. On y vend le Focal Magazine, journal de la communauté philippine. Comme le dit son éditeur Khristine Gharlee Tolana-Rivera : « Nous travaillons dur pour envoyer de l’argent à nos familles et le samedi soir ce sont les retrouvailles, la détente. C’est aussi l’occasion d’exprimer nos talents de chanteurs ou d’artistes. »

Tolana-Rivera est également l’animatrice du premier spectacle « Miss Asia-Israël 2006 » et d’autres évènements culturels : « Il y a tellement de talents dans notre communauté. Mais c’est rare de pouvoir réaliser ce qu’on aime faire : chanter, danser. Ceux qui parmi nous peuvent faire autre chose que ‘aide à domicile’ ont de la chance. » Tolana-Rivera, comme beaucoup d’autres, élève seule son fils de deux ans et demi. Orpheline à douze ans, elle fut placée chez sa grand-mère. Un oncle l’aida à faire des études en Californie. De là, elle décida de terminer ses études en Israël. Elle y rencontre un Philippin qui travaillait avec un permis provisoire. Ils se marient, et créent ensemble le journal Focal. Leur fils avait un an lorsque le mari fut obligé, par les autorités, de quitter le pays. Depuis ce jour-là Tolana-Rivera, quoique seule, se sent à la maison ici et désire y rester. « C’est là que ma personnalité s’est formée, c’est là que j’ai pris des responsabilités, commencé ma vie de mère et trouvé ce travail que j’aime. » Mais elle sait que l’affection qu’elle a pour ce pays n’est pas toujours réciproque. Sur l’un des derniers numéros de Focal, le mot « expulsion » apparaissait en gros caractères. « On nous dit tout le temps qu’Israël n’est pas notre pays. Souvent des policiers viennent vérifier nos papiers, même la nuit, dans nos appartements. Ils veulent que nous venions ici pour travailler, mais certains nous traitent comme de la boue. »

Alors, pourquoi désirent-ils rester ? Pourquoi le nombre de Philippins employés de maison augmente-t-il chaque année ? Comment ces mères de famille peuvent-elles accepter de venir souvent seules ici, pour 5 ans, en se séparant de leurs familles ? Tolana-Rivera répond partiellement, tout en sachant que les « non-Philippins » dont je suis ne pourront pas vraiment comprendre ! « La séparation des familles est si habituelle aux Philippines. » Dans le dernier numéro de Focal, l’éditorial transmettait à la communauté une réflexion sur ce sujet : « La vie est plus que l’amour. En étant ici, et en envoyant de l’argent à tes bien-aimés pour leur permettre de vivre tu découvres de jour en jour que la vie est plus que l’amour. Mais comment vivre loin de tes bien-aimés ? Souviens-toi d’eux, réalise combien ils te manquent, puis fais confiance à Dieu qui a une raison de vous avoir séparés. »

« Aux Philippines, les travailleurs vivant à l’étranger sont considérés comme les nouveaux héros de notre génération. Nos familles ne pourraient pas survivre sans l’argent que nous leur envoyons. C’est dans la mentalité philippine de sacrifier ses désirs personnels pour aider sa famille. Nous le faisons avec joie. »

Pour Gloria Kang-Rodrigo, surnommée Glo, catholique fervente comme la majorité des Philippins, ce pays est saint. « J’ai de la chance de vivre et de travailler dans ce lieu où Jésus est né. Vivre ici est en soi une bénédiction. Tous ceux qui peuvent y venir et y vivre ont de la chance. » Malgré les difficultés de visa, « l’expulsion », le racisme latent, Kang-Rodrigo espère y revenir aussi souvent que possible. « Aux Philippines tout le monde aime Israël ».

Elle-même, mère de huit enfants, âgée de 41 ans, aide à domicile le jour, a pu réaliser son rêve : chanter la nuit dans les clubs, les mariages, ou tout autre évènement de notre communauté et de la communauté israélienne, avec son associé philippin June.
« Depuis mon enfance, je chante ! Mais je ne pensais pas pouvoir le faire ici. J’ai même chanté à travers tout Israël. Il faut dire que mon employeur me libère le soir par reconnaissance. Quand j’ai commencé à travailler chez sa mère, elle ne parlait pas et ne souriait jamais. J’ai chanté pour elle, et sa santé s’est améliorée. Maintenant elle parle et sourit. »

Le thème de la séparation s’infiltre dans la musique et les chants. Le compositeur Rejun Batucon, surnommé « June », compose des chants tout en travaillant comme aide à domicile. Les épreuves subies ici sont souvent pour lui source d’inspiration. « Se séparer de ses bien-aimés, c’est formateur ».

Citons encore le cas de Benet Espana-Cervants, arrivée en Israël il y a dix ans pour travailler auprès d’une femme malade d’Alzheimer. Elle épouse un Israélien « Mais nos mentalités étaient trop différentes », dit-elle. Après son divorce elle se remarie avec un Philippin. Lorsque le visa de cinq ans de son mari expire ils décident de rentrer ensemble aux Philippines avec leur fils. Mais après deux ans de bataille pour survivre, la situation financière s’aggrave et ils décident qu’elle repartira seule en Israël. C’était le seul moyen de faire vivre la famille. « Je revins seule, sans mon fils et sans mon mari. Il n’y avait pas d’autre choix. C’est terrible d’être ici sans mon fils. »

Les très nombreuses associations philippines religieuses, sportives ou sociales, se sont fédérées en 2002, à l’occasion de la Fête du travail, créant la « Federation of Filipino Communities in Israel » [FFCI]. En contact avec l’ambassade des Philippines en Israël, cette fédération se mobilise pour créer des liens fraternels entre les expatriés philippins, pour organiser avec les associations, des fêtes et des évènements culturels au sein de la société israélienne, et pour assister ses membres les plus démunis.

Les fêtes sont nombreuses. C’est l’occasion de se retrouver, de vivre les coutumes traditionnelles du pays. Le mois de mai est le mois des fleurs aux Philippines. Et pour honorer leur tradition, beaucoup de femmes s’habillent le 1er mai avec leur costume national et défilent avec des fleurs au parc Hayarkon de Tel Aviv. C’est aussi le FFCI qui a organisé cette année, le 2 avril, un grand nettoyage de l’ancienne station de bus à Tel Aviv. Cent trente de ses membres y ont pris part. Justina Sales, la présidente actuelle du FFCI, très dynamique, est également en contact régulier avec l’éditeur du Focal Magazine. Elle participe aux matchs de basket-ball philippins, et vient d’organiser, en mars dernier, une grande soirée au théâtre Diamond à Ramat Gan à l’occasion de l’élection de Miss Asia-Israël. Si, dans les années précédentes, ce sont les Philippines qui ont gagné, cette année, à leur grande déception, c’est Alona Datoukar, originaire des Indes, qui a été élue Miss Asia-Israël 2006.

Pour permettre aux aides à domiciles d’être plus compétentes dans leur travail, l’ambassade des Philippines en Israël organise des cours soit gratuits soit payants. En particulier pour ceux et celles qui devront s’occuper de malades atteints de Parkinson ou de la maladie d’Alzheimer, mais aussi pour ceux qui accompagnent des malades en fin de vie.

Parfois je m’interroge. Ces aides à domicile sont-ils la proie de leurs employeurs ? En principe non. Tout d’abord, ils sont pris en charge par divers départements d’embauche et de travail en relations avec les autorités israéliennes et philippines. Principalement le POLO-TA [Philippino Overseas Labor Office - Tel Aviv] et le POEA [Philippino Overseas Employment Administration]. D’autre part, ils ont les mêmes droits que tous les travailleurs en Israël : un salaire minimum fixé par la loi ; un statut spécial s’ils habitent chez l’employeur ; leurs déplacements sont payés ; des vacances annuelles et congés payés à l’occasion des neuf fêtes religieuses, plus douze jours de congé ; des congés maladie ; des congés de maternité.Mais comme partout, il leur faut parfois lutter pour revendiquer ces droits.

Leur ambassade les protége : dans la dernière lettre mensuelle qu’elle écrit à ses ressortissants, elle les met en garde contre ceux qui voudraient les exploiter, en particulier les agences d’Intérim.

Les Philippins font parties de différentes ethnies et parlent en général le Tagalog. Chrétiens, la majorité est catholique. D’autres, évangéliques, sont connus sous le nom de « Born Again », (nés de nouveau). Les catholiques se rassemblent dans chacune des grandes villes, et forment ainsi des « paroisses philippines » sous l’autorité d’un franciscain philippin. Ils se retrouvent donc, le samedi soir ou le dimanche matin dans une église d’accueil : Saint Antoine à Jaffa, Saint Joseph à Haïfa, Notre Dame et Terra Santa à Jérusalem.

Les mariages assez fréquents entre eux sont également très réglementés. Ils doivent avoir tous leurs papiers officiels de Manille, certificat de naissance et le consentement des parents pour les moins de 25 ans. Dix jours après l’accord de l’ambassade, la date peut être fixée et le mariage a lieu à l’ambassade.

Oui, une communauté philippine très vivante, structurée et protégée, en Israël. Une communauté qui, lorsqu’elle fête, parle un mélange de tagalog, d’anglais et d’hébreu... car de plus en plus de Philippins se sentent intégrés, et, leurs enfants allant dans les écoles israéliennes, parlent l’hébreu.


Pour faire bref

Michel Remaud

 

2 abrévations sur une seule affiche

Tout le monde ou presque sait que l’armée israélienne est désignée communément par l’appellation de « Tsahal ». Beaucoup, sans doute, ignorent que cette appellation n’est pas un nom, mais un sigle, comme en français P.N.B. ou S.N.C.F. Et parmi ceux qui le savent, il n’est pas certain que tous seraient capables d’expliquer le sigle, même parmi les journalistes qui l’emploient régulièrement. Il s’agit des initiales des mots Tseva hagana leIsrael, armée de défense d’Israël - ce qu’un journal comme le Jerusalem Post, qui n’emploie jamais un mot d’hébreu, rend fidèlement par I.D.F., Israel Defence Force. On soupçonnerait même parfois certains journalistes étrangers de puiser leurs informations dans la presse anglo-saxonne, tout en retraduisant I.D.F. par Tsahal pour faire couleur locale... Comme la dernière lettre du sigle - la première du troisième mot - est celle de la préposition le, qui fait corps avec le mot lui-même, et non l’initiale du nom Israël, cette appellation n’a finalement rien de proprement israélien, et pourrait, théoriquement, désigner l’armée de n’importe quel pays.

Cette tendance à transformer les sigles en mots est caractéristique de la langue hébraïque depuis l’antiquité. Certes, on trouve des phénomènes comparables dans d’autres langues : en français, par exemple, il est courant de parler de l’ONU ou des ASSEDIC. En hébreu, le phénomène est pourtant beaucoup plus important, sans doute parce que l’hébreu n’écrit pas les voyelles : une succession de lettres est prononcée spontanément comme un mot, en intercalant au besoin une voyelle (presque toujours le a) entre les consonnes. À quoi s’ajoute le fait qu’il n’y a pas en hébreu de majuscules, et qu’un sigle n’attire pas l’attention comme, en français, une succession de capitales, d’autant que les lettres de ces abréviations ne sont pas séparées par des points. En Israël, la S.N.C.F. s’appellerait la sancaf. Bien qu’il soit marqué par deux apostrophes intercalées entre ses deux dernières lettres (pour reprendre notre exemple du début, une transcription de Tsahal en lettres latines s’écrirait : tsh’’l), le sigle ne saute pas aux yeux et se fond davantage dans le texte.

Le plus célèbre de ces sigles devenus des noms est probablement celui qui désigne la Bible : Tanakh, formés des initiales des mots Tora, Neviim et Ketuvim, Loi, Prophètes et Écrits. C’est dire qu’en hébreu, il n’y a pas de mot, à proprement parler, pour désigner la Bible ! Depuis l’antiquité en passant par le Moyen-Âge, beaucoup de sages ne sont désignés communément que sous des formes abrégées : Rashbi pour Rabbi Shimon bar Yohaï, Rachi pour Rabbi Shlomo Yitzhaqi, Rambam pour Rabbi Moshé ben Maïmon (Maïmonide), etc. On emploie d’ailleurs communément le sigle hazal (hakahmim zikhronam liberakha, les Sages, bénie soit leur mémoire) pour désigner les sages de l’époque talmudique.

Aujourd’hui, cet usage des sigles se constate dans tous les secteurs de la langue et concerne tous les domaines de la vie, de la littérature rabbinique aux partis politiques en passant par les associations sportives. Il ne viendrait à l’idée de personne d’appeler le chef d’état-major général (rosh hammattè hakkelali) autrement que le ramatkal, de même que le shabak désigne le Service de la sécurité générale ; ce que les anglo-saxons traduisent naturellement par G.S.S. (General Security Service), tandis que les français préfèrent continuer à parler de Shin Beth, alors qu’on n’entend plus cette expression depuis de longues années. Une liste d’exemples pourrait s’allonger indéfiniment. Pour désigner les territoires de l’Autorité palestinienne, on parle couramment de « Ayosh » : `Aza, Yehuda ve-Shomron, Gaza, Judée et Samarie. Pour dire : « feu Moshé », on dit : « Moshé zal », abréviation de zikhrono liberakha, que sa mémoire soit en bénédiction. Depuis la construction du nouvel aéroport, lorsque l’autobus qui permet d’y accéder s’arrête à une station où le voyageur qui ne veut pas manquer son avion doit descendre pour emprunter une navette, le chauffeur se contente d’annoncer : « Natbag. » Le voyageur américain se demandera peut-être pourquoi on parle tout à coup de sac de noix... (nut bag) ! En réalité, chacun est censé savoir qu’il s’agit là des premières lettres des mots : « Nemal Te’ufa Ben Gurion », aéroport Ben Gourion. Il est difficile de lire un article de journal sans rencontrer au moins un de ces sigles, souvent plusieurs, et le lecteur qui n’est pas familier du sujet traité a parfois de la peine à en deviner le sens. Il peut y être aidé par le contexte : si le titre parle d’un avion sans pilote (matos lelo tayas), la suite de l’article ne reprendra pas la formule in extenso et ne parlera plus que d’un malat.

Cet usage des abréviations s’adapte naturellement à la nouveauté. Lors de la guerre du Golfe, lorsqu’il a fallu inventer un moyen de protéger d’une éventuelle attaque par les gaz les jeunes enfants qui ne pouvaient pas porter de masques, on a créé un « équipement de protection des bébés » que jamais personne n’a appelé autrement que le « mamat », en vocalisant les premières lettres de chacun des mots. Au pluriel, on parlait naturellement de mamatim. Devenues des mots, ces abréviations acquièrent en effet une vie indépendante. Ils peuvent donner naissance à des dérivés, des adjectifs et des verbes qui se conjuguent comme tous les autres verbes. Un des plus beaux exemples de ce phénomène est le terme qui désigne un rapport, un procès-verbal ou un compte rendu, doh, formé des initiales des mots din ve-heshbon, qui a donné le verbe diveah, rendre compte. Certaines abréviations sont même devenues des noms propres : Katz (cohen tsedeq), Shatz (shaliah tsibur), Shazar, nom du troisième Président de l’État d’Israël (Shnéur Zalman Rubachov)...

Il existe aujourd’hui des dictionnaires des sigles, inévitablement incomplets et toujours dépassés par l’usage, bien que contenant des centaines de pages, dans lesquels on peut trouver jusqu’à trente interprétations, voire davantage, pour une même succession de lettres, depuis les expressions techniques du talmud jusqu’aux institutions israéliennes. Un ami aujourd’hui décédé (zal !) m’en avait offert un avec cette dédicace : « Puisque les plus courtes, dit-on, sont les meilleures... ».

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Vu du pont Allenby

Antoinette Brémond


La frontière entre la Jordanie et Israël peut se traverser à trois endroits. Le pont Allenby à une dizaine de kilomètres de Jéricho est le point de passage frontalier le plus fréquenté par les Palestiniens vivant des deux côtés de la frontière, en Jordanie et dans les Territoires occupés.

Etty, une jeune israélienne de 22 ans qui a travaillé un an à la gare centrale des bus à Jérusalem (cf.un écho d’Israël n°16) est actuellement agent de sécurité à ce poste frontière. Avec quarante autres israéliens, tous jeunes et s’étant engagé pour un minimum de dix mois, elle vérifie les bagages des voyageurs qui, venant de Jordanie, entrent en Israël.

« La situation d’agent de sécurité à un poste frontière est tout autre chose que les contrôles pratiqués à la gare routière de Jérusalem » m’explique t’elle. « L’ambiance y est paisible, les passants et les employés sont calmes. Pas de tension ni d’énervement comme lors des contrôles en Israël où ceux qui sont fouillés sont facilement agressifs ». C’est une frontière entre deux Etats. 90% des gens qui traversent ce poste sont des Palestiniens allant la plupart du temps visiter leur famille d’un côté ou de l’autre, souvent plusieurs fois par mois. Leurs bagages très « moyen orientaux » sont des sacs très lourds, de 80 kilos ou plus, remplis de nourriture, de vêtements, d’objets divers. On peut évaluer entre 800 et 1000 le nombre de personnes qui traversent chaque jour la frontière dans chaque sens. En dehors des Palestiniens, il y a également des groupes de touristes visitant Israël et la Jordanie, venant souvent des Indes, de la Corée ou du Japon. Les Israéliens passent plutôt la frontière au nord, à côté de Beth Shéan.

Les papiers, passeports ou cartes d’identité sont vérifiés par la police, une autre équipe d’employés. A trois kilomètres de là, la douane jordanienne, avec police et agents de sécurité jordaniens. Une navette fait le transport d’un poste à l’autre.

Le poste israélien est ouvert de 8 heures à 20 heures tous les jours, même le shabbat. Il n’est fermé qu’à Kippour. Chaque agent travaille six jours par semaine, Etty a choisi d’avoir son jour de congé le shabbat.

Les Arabes d’Israël et des Territoires désirant se rendre en Jordanie vont tous à Jéricho où ils trouvent une navette pour Allenby. Les agents israéliens ont appris quelques mots d’arabe pour se faire comprendre par ceux qui ne parlent ni l’anglais ni l’hébreu.

Seuls les voyageurs entrant en Israël sont fouillés, le but du contrôle étant bien sûr d’empêcher l’entrée en Israël de terroristes. « Nos responsables nous rappellent souvent qu’il nous faut rester sur nos gardes, et cela en particulier depuis qu’une Palestinienne ait essayé de poignarder une Israélienne...il y a environ six mois. Le matin, comme il y a peu de voyageurs, la frontière est franchie en une demi-heure. Mais l’après midi, les gens doivent souvent attendre deux heures avant de pouvoir passer tant il y a de monde. Pourtant chacun essaye de rester poli et discipliné ».

A l’occasion du pèlerinage à la Mecque, l’affluence augmente. De retour de la Mecque, après deux jours de voyage serrés dans des bus, les pèlerins arrivent souvent en piteux état. Il y a même parfois des morts. Comment les agents de sécurité israéliens sont ils recrutés ? Il faut obligatoirement avoir terminé ses années de service militaire. Puis, après un examen psycho- technique permettant de voir si le candidat est apte à ce travail, il doit suivre une formation d’une semaine en Israël puis de deux au poste frontière même. La plupart des jeunes recrutés choisissent de vivre sur place, au kibboutz Guilgal, près du poste d’Allenby. Chacun y dispose d’une chambre et d’une cuisinette. Les jeunes y créent entre eux une ambiance de camp de vacances. Pour beaucoup, c’est la première fois qu’ils vivent hors du contexte familial, leur but premier : gagner de l’argent pour pouvoir payer leurs études.

Les jeunes agents travaillent entre 9 et 12 heures par jour. Ils sont payés 21 shekels par heure (environ 4 euros) et logés gratuitement au kibboutz. Etty a préféré rentrer chaque soir chez elle, bénéficiant du transport de service. Elle touche un supplément de 500 shekels (environ 90euros) par mois pour son logement. Au poste frontière une cantine permet aux employés de manger pendant la pause.

« Nous nous tenons très au courant de la politique et des événements journaliers en Israël et au Moyen Orient, chaque problème entre Israéliens et Palestiniens pouvant avoir des répercussions sur la sécurité au poste frontalier.

Deux pays en paix l’un avec l’autre dans ce Moyen Orient en ébullition...Un flash d’espoir que nous essayons de vivre au quotidien ».

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Racines juives : la chaire de Moise

Jean-Marie Allafort

 

« Alors Jésus s’adressa aux foules et à ses disciples en disant : « Sur la chaire de Moïse se sont assis les scribes et les pharisiens : faites donc et observez tout ce qu’ils pourront vous dire, mais ne vous réglez pas sur leurs actes : car ils disent et ne font pas. » (Matthieu 23, 2)

Le verset de l’Evangile se référant à la « chaire de Moïse » (en grec cathédras) a longtemps été compris au sens allégorique. Jésus, s’adressant à la foule et à ses disciples, semble dire que les scribes et les pharisiens ont l’autorité de Moïse et qu’à cause de cette légitimité qui leur est conférée, il faut les écouter sans pour autant les prendre pour modèle.

 

Chaire de Moïse à Chorazaïn

Lors des fouilles archéologiques réalisées à Chorazaïn en 1926, un siège taillé dans la pierre avec une dédicace a été découvert. Il s’agissait d’une « chaire de Moïse » sur laquelle, dans l’antiquité, le maître étais assis et enseignait la Tora. Dans un écrit rabbinique de la fin de la période talmudique, nous trouvons dans la bouche de Rav Aha, l’expression de « Cathédra DeMoshe » (chaire de Moïse). Il est significatif que dans ce midrash (Peskita De Rav Kahana), le mot grec a été conservé. Il n’est pas écrit « Kissé Moshe » ou « Kess Moshe » mais comme dans l’Evangile, c’est le mot « cathédra » qui est utilisé.

Le midrash comme le texte évangélique parlent bien d’une cathèdre, sur laquelle s’asseyait le sage et sur laquelle il enseignait la loi qui devait être pratiquée. Il s’agit bien d’une institution juive existante déjà à la fin de la période du second Temple. Le maître assis sur cette cathèdre avait l’autorité de Moïse. D’autres chaires de Moïse ont été découvertes. C’est le cas, par exemple, à Hamat Tibériade, Dilos, Ein Guédi et, bien entendu, à Dura Europos.

Selon le professeur Shemuel Safraï, spécialiste des institutions juives de l’époque talmudique, il est vraisemblable qu’il y avait dans de nombreuses synagogues de tels sièges qui devaient être très souvent en bois. Celle de Chorazaïn étant en pierre s’est conservée jusqu’à ce jour et l’original est exposé aujourd’hui au musée d’Israël à Jérusalem.

Enfin notons que dans le Testament de Moïse, un ouvrage apocryphe du 1er siècle, Moïse confère son autorité à Josué en le faisant monter sur sa cathèdre : « Et Moïse prit par la main Josué et le fit monter dans la chaire devant lui. » (chapitre 12, 2). S’asseoir sur la chaire Moïse est à prendre au sens propre comme au sens figuré.


Jours de mémoire

Yohanan Elihaï

Cette première semaine de mai, nous avons vécu le Jour du Souvenir (des victimes militaires et civiles des guerres successives et des attentats), et le lendemain le Jour de l’Indépendance. Israël a 58 ans. Ces deux jours sont remplis de souvenirs, d’interviews, de témoignages. Je n’ai pas tout entendu, bien sûr, sur les différentes chaînes de radio et TV, mais dans ce flot de tristes souvenirs, on parle en fait des êtres chers désormais absents, et pour toujours, un père, un frère, un fils - et souvent plusieurs dans la même famille depuis 1948. On évoque leur personnalité, leurs qualités (soudain tout le monde est un ange - c’est un peu fatal), le drame de leur disparition, les circonstances, et là une chose frappe : on n’entend quasiment pas le mot “ennemi”, ce n’est pas l’occasion d’attaques violentes ou d’appel à la vengeance contre les adversaires. Un père à qui on parlait de cette idée de vengeance répondit : « Vengeance ?! pour quoi faire ? cela va me rendre mon fils ? » Oui, il y a des réponses militaires après les actions terroristes, mais ce n’est pas par envie de faire mal et assouvir l’instinct de vengeance, mais pour supprimer la source et éviter d’autres attaques (attentats ou envois de centaines de missiles).

Le problème est, hélas, que ces réponses de la part d’Israël sont souvent très meurtrières et que des civils - y compris des enfants - sont parmi les victimes. Certains journalistes ne manquent pas de réagir, et la discussion s’engage : ne rien faire ? et que faire si les bases de missiles sont situées volontairement - à ce qu’on dit - en pleine population civile ? D’autres aussi ajoutent que ce genre d’action est inefficace, et disproportionné, et que là n’est pas la solution. Mais alors que faire ?

Cela ramène à la case de départ : il faut tout faire pour la paix, mais comment, etc...

Revenons à notre sujet : les réactions dans ce climat de guerre. Un autre fait significatif est qu’il n’y a pratiquement pas de chant guerrier dans le riche répertoire des chants israéliens ; on ne parle quasi jamais de l’ennemi, de victoire (de “sang impur”...). Même en ces jours de souvenir, ce qu’on entend, ce sont des chants tristes, sans exaltation, parlant du cher disparu, ou de l’espoir qu’un jour...

Y repensant ces jours-ci, je me rappelais deux chants de guerre que j’avais enregistré il y a 30 ou 40 ans. Et je réalisais qu’on ne les entend plus depuis très longtemps. Ils semblent exclus du répertoire.

L’un est une évocation des guerres dans le livre de Josué, sur un rythme accéléré, avec la liste des rois ennemis vaincus l’un après l’autre. Vraiment peu recommandable à notre époque.

L’autre est le chant “les renards de Samson”. Il fut composé pendant la guerre de 1948 par Ouri Avnéri, devenu depuis le vieux militant le plus connu de la gauche. Il était alors un jeune soldat de cette unité appelée justement “les renards de Samson”, des jeeps chargées d’incursion rapide dans les positions ennemies de cette guerre de 48. Cela fait allusion aux renards que Samson envoyait porter le feu chez les Philistins (Juges 15,4). Nous donnons le texte ci-dessous, comme chant du numéro - non pas chant du mois puisqu’on ne l’entend plus, pour autant que je sache. Il serait intéressant de savoir si c’est l’auteur qui l’ a censurée. Le genre de chants que l’on entend maintenant en de telles circonstances est plutôt celui que vous retrouverez dans nos archives, au No 6 de mars 2003. Il se termine par le rappel d’enfants à leurs parents : Vous avez promis de tout faire pour nous, pour faire de l’ennemi un ami, Vous avez promis une colombe, une branche d’olivier, la paix, Vous avez promis...

Continuons d’espérer.

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Le chant du mois et l’humour en finale

Yohanan Elihaï

 

Le chant du mois : un chant ancien

Suite à l’article Jours de mémoire, voici donc le chant d’Ouri Avnéri, jeune soldat.
Il fut composé pendant la guerre de 1948. Ouri Avnéri est devenu depuis le vieux militant le plus connu de la gauche. Il était alors un jeune soldat de cette unité appelée justement “les renards de Samson”, des jeeps chargées d’incursion rapide dans les positions ennemies de cette guerre de 48. Cela fait allusion aux renards que Samson envoyait porter le feu chez les Philistins (Juges 15,4).


Ils sont quatre, ils sont quatre
Sur la jeep au galop
Et du cœur jaillit un chant.
Ce chemin qui cahote et chantonne
C’est la route qui mène
A l’ennemi.

Les renards de Samson
Sont lancés dans l’espace,
Portant la flamme dans la nuit
De Gaza jusqu’à Gat
C’est le nouveau combat
Pour la libération d’Israël.

Entendez, Egyptiens le chant de Samson,

Il avait annoncé la fin des Philistins,
Entendez bien la mitraillette,
L’éclat de la grenade,
Le chant de mort pour les envahisseurs.

Les renards de Samson...

Ils accourent, les quatre,
Au combat qui fait rage,
La machine trépide et fredonne,
Oui, nouveau est le fusil
Qui crache le feu,
Mais le feu est ancien
Venu des temps antiques.

Les renards de Samson...


Un chant de guerre de 1948 - le genre de chants que l’on n’entend plus.

Et l’humour en finale

Dans un village de Russie, un Juif qui doit s’absenter de chez lui, ayant un beau billet de 100 roubles, se demande où le cacher. Il pense à sa Bible et met le billet à la page où il est écrit : « Tu ne voleras pas ». Un honnête voleur n’osera pas désobéir au précepte !

Quand il revient, il lui semble que sa Bible a un peu bougé. Il l’ouvre vite et est rassuré en retrouvant le billet de... ah non ! c’est un billet de 50 roubles, mais cette fois il est à la page « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »