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 « Seigneur Jésus,
apprenez-nous à être généreux,
à vous servir comme vous le méritez,
à donner sans compter,
à combattre sans souci des blessures,
à travailler sans chercher le repos,
à nous dépenser sans attendre d’autre récompense
que celle de savoir que nous faisons votre Sainte volonté. »

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N° 47 – Juin/Juillet 2009

Makhtesh Ramon – “Tuyaux d'orgue”

Table des matières

Editorial: Vers une nouvelle vision du Proche-Orient ?  

Histoire de Tel Aviv de 1917 à 1925

Maguen David Adom (la croix rouge israélienne) 

La population arabe de Jérusalem en forte augmentation 

Kibboutz de ville 

Les Circ~ssions (Tcherkesses) 

La famille Rothschild et la Terre Sainte (1ère partie)

Eglise syriaque orthodoxe, monastère Saint Marc 

La paix pour Jérusalem.

Chant du mois - Poème de Bialik: "Sous tes ailes" 

Humour

Infos pratiques

Editorial: Vers une nouvelle vision du Proche-Orient?

Depuis plusieurs jours, la presse israélienne consacre de nombreux articles à la venue du président américain au Proche-Orient et particulièrement en Egypte. Barack Obama est venu rencontrer le monde arabe et, dans une certaine mesure, ouvrir une nouvelle page dans les relations arabe-américaines. Le président des Etats-Unis, lors de cette première visite dans la région, ne s'est pas rendu chez "l'allié privilégié" qu'est Israël.

Le discours prononcé par Obama au Caire est dans la droite ligne de la rencontre, quelque peu tendue, il y a 15 jours avec le Premier ministre israélien Binyamin Netanyahu. La presse israélienne comme la presse étrangère, parle de crise entre les deux administrations, de tensions et de bras de fer. A y regarder de près, la demande expresse, par exemple, de geler la construction dans les implantations n'est pas nouvelle. Elle revient régulièrement à l'ordre du jour. Mais contrairement à Georges Bush, le nouvel hôte de la Maison Blanche semble vouloir réellement s'impliquer dans le conflit israélo-palestinien. Les Israéliens sont peu enthousiastes, le mot est faible, devant ce regain d'intérêt des Américains pour le pays.

Dans l'histoire récente d'Israël, il y a eu déjà de nombreuses crises avec les Etats-Unis. Il suffit de se souvenir des échanges musclés entre Menahem Begin et Ronald Reagan. Dans tous les cas de figures, les Israéliens ont plié face à la demande américaine. Enfin, dans une certaine mesure ...

Obama a rappelé aux oreilles arabes que les Etats-Unis avaient des liens particuliers avec Israël qui perdureront, que le négationnisme était absolument inacceptable et que la violence et le terrorisme étaient un signe de faiblesse. Il a condamné tous ceux qui appelaient à la destruction d'Israël. Aux oreilles israéliennes, le président américain a insisté sur la "situation insupportable" des Palestiniens et a répété le principe de deux Etats pour deux peuples. Il n'a pas omis la question épineuse des implantations. Les Arabes ont entendu, les Israéliens ont écouté. Les deux attendent une concrétisation sur le terrain car si ce discours est une déclaration d'intention, il n'est pas un plan de paix du conflit israélo-palestinien.

Le président américain est-il revenu à la position des années 70-80 où la résolution du conflit israélo­-palestinien était la clef pour résoudre les autres questions du Proche-Orient? Obama reprend-il l'idée de Shimon Pérès d'un "nouveau Proche-Orient" quelque peu utopique? Une chose est sûre, en voulant faire œuvre de conciliation entre le monde arabe et Israël, les Etats-Unis reviennent en force dans la région.

Histoire

Histoire de Tel Aviv de 1917 à 1925

Cécile Pilverdier

Tel Aviv se développe très rapidement les premières années après sa fondation, mais avec l'éclatement de la Première Guerre mondiale, elle va subir un premier coup: le pays est sous occupation ottomane et le Turc Djemal Pasha voit d'un très mauvais œil le développement de ce quartier juif. Pasha s'allie aux musulmans de Jaffa et tente de mettre fin au nouveau quartier, interdisant la construction de la grande synagogue et les projets pour des salles culturelles, craignant que cette concentration de Juifs ne devienne un centre d'espionnage contre l'autorité ottomane en place. Le gouverneur turc de la région de Jaffa va donner l'ordre de retirer les panneaux indicateurs écrits en hébreu ou en yiddish et d'instaurer un couvre-feu sur le nouveau quartier juif. Lors de l'avancée des Britanniques en mars 1917, il décrète l'expulsion de tous les habitants non musulmans de Jaffa et du nouveau quartier juif, et c'est le maire Meïr Dizengoff, le futur premier maire de Tel Aviv, qui se retrouve président du “comité d'expulsion”.

Dans la réalité, il ne s'agissait pas vraiment d'un bannissement mais d'une évacuation, pour les besoins du moment, d'une population civile soupçonnée d'hostilité, d'autant que l'ordre d'expulsion devait théoriquement concerner aussi la population arabe de Jaffa.

Neuf à dix milles Juifs furent obligés de quitter leurs maisons de Jaffa et de Tel Aviv. Les pauvres et ceux dont les moyens étaient limités (plus de la moitié de la population juive) partirent à pied. L'évacuation des lieux dura trois jours puis Tel Aviv devint une ville fantôme. Dans l'ensemble les maisons ne furent pas pillées par les soldats turcs ou par les Arabes voisins. Le gouverneur turc de Jaffa autorisa douze gardiens juifs à demeurer sur place pour surveiller les biens et entretenir les lieux. Il accepta même de repousser l'expulsion des Juifs après la fête de Pessah.

Huit mois après l'expulsion, le 19 novembre 1917, alors que l'armée britannique a envahi toute la Palestine et suite à la « Déclaration Balfour» qui garantit «un foyer national au peuple juif sur la terre de ses ancêtres », les habitants reviennent à Tel Aviv et la restaurent. C'était la fête de Hanoukka!

En 1921, après de graves incidents, les Britanniques autorisent l'indépendance de Tel Aviv par rapport à Jaffa. Les maires de la ville, dont Meïr Dizengoff et David Bloch, ont beaucoup lutté pour obtenir cette indépendance. Ils font édifier des bâtiments municipaux et des tribunaux. Avec l'autorisation des autorités britanniques ils créent une police municipale composée de 25 militaires retraités de la Première Guerre mondiale.

Les archives de cette police civile nous révèlent sa grande efficacité. Par exemple, lors des premiers jours de son existence, le maire lui-même reçut deux contraventions. Pour raccourcir le chemin de chez lui à la mairie, il passait avec son cheval sur un jardin de la ville et les gardes s'empressèrent de lui écrire ces contraventions. Le chef de la police, Haïm Halpin, ne sachant que faire les envoya au maire en y joignant ce mot: «Je me permets d'envoyer à votre «honneur» ces deux contraventions contre vous. Je pense que celui qui dicte les lois doit lui aussi les appliquer ». Au début des années 20 un casino fut construit au bord de la mer. C'était en fait un café-restaurant, pour permettre le développement de l'animation nocturne. Fin 1921, les Arabes de Jaffa prirent peur de cette construction étrange au bord de la mer. Ce bâtiment, construit par l'architecte Yehuda Megidovitch venu d'Odessa, devint très vite le lieu de rendez vous « à la mode ». Mais en 1938, ce casino fut détruit, car il cachait la vue sur la mer.

En 1923 Tel Aviv fut électrifiée. Il n'avait pas été facile de convaincre les 4 000 habitants d'échanger leurs lampes à pétrole et leurs bruyants générateurs pour une électrification générale. Peu s'inscrivirent et payèrent à l'avance le président de la compagnie, Pinhas Rottenberg, constructeur de la première centrale. On lui octroya une colline de 2 hectares appelée Ramat Hasharon. Rottenberg embaucha des ouvriers de la 3ème immigration ainsi que l'architecte Berlin, et, en 1922, à la fête de Sirnhat Tora, les travaux commencèrent. Un an plus tard, le contrat fut signé. Rottenberg promettait d'assurer l'énergie électrique à toute la ville.

Tous les styles de construction

Tel Aviv est une des villes au monde où l'on trouve le plus de styles architecturaux. Les années 20 et les premières années 30 ont vu s'élever des bâtiments dans tous les styles: «Les maisons des rêves ». Telles furent nommées les premières habitations de ce quartier, chaque immigrant y construisant la sienne dans le style de la ville d'où il venait. A cette époque, de nombreux architectes nouvellement arrivés, y réalisèrent ce qu'ils avaient appris à l'étranger. C'est ainsi que Tel Aviv s'orna de maisons historiques de styles les plus divers. (cf. article de J.-M. Allafort, Centenaire de Tel Aviv : les plus célèbres bâtiments).

Un développement démographique rapide

En 1925 la population de Tel A viv s'élevait à 34 000 habitants. En 1933, avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir en Allemagne, de nombreux Juifs immigrèrent à Tel A viv. Une nouvelle fois, le visage de la ville va être transformé. C'est le début de «l'immigration allemande », la 5ème immigration. Très cultivée et financièrement aisee, la population atteint rapidement 120 000 habitants et Tel Aviv devient une - vraie ville ». Elle se sépare de Jaffa, se développe dans tous les domaines, économique, social, culturel et architectural. Elle devient le centre de la vie du pays au milieu des années 30. De jeunes architectes arrivés d'Allemagne, tels qu' Arié Sharon et Yaakov Rechter, introduisent les nouveautés européennes, par exemple dans le domaine architectural, l'école « Bauhaus». Le théâtre « Habima » date également de cette période.

Dossier

Maguen David Adom (la Croix Rouge israélienne)

Antoinette Brémond

«Qui sauve une vie sauve le monde»

Il s'agit bien de cela. Non pas simplement un service médical, mais ce devoir premier pour tout homme, tout Juif en particulier, de sauver une vie, de lutter contre la mort.

Histoire

C'est en octobre 1918, lors d'une rencontre tenue à Philadelphie à laquelle participaient David Ben Gourion, Golda Meir et Henrietta Szold, que fut lancé Maguen David Adam (MDA, Bouclier Rouge ou Etoile Rouge de David): une aide médicale d'urgence dans les combats de la Légion juive pour libérer la Palestine de la puissance turque. Ce premier MDA fut dissout à la fin de la guerre. En 1929, lors des émeutes arabes contre la population juive de Palestine ­forte de 170 000 personnes -, le besoin d'un service d'urgence médicale devint impérieux. Le 7 juin 1930, sept docteurs juifs ouvrent dans une cabane délabrée

au centre de Tel Aviv (carrefour Rothschild et Nahalat Benyamin) le premier centre médical d'urgence, Maguen David Adom. En 1931 est créé le centre MDA à Haïfa et en 1934, à Jérusalem. En 1935 l'Organisation nationale de service médical d'urgence pour la population civile et la Hagana (groupe militaire juif) voit le jour. A cette époque, MDA était composé de quelques douzaines de volontaires et ne possédait qu'un camion aménagé en ambulance. De nouvelles attaques arabes contre la population juive, dans les années 1936-39, obligèrent ce service d'urgence médicale à donner également des cours de premiers soins aux membres de la Hagana et de la police.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, MDA devint une branche de l'Organisation de défense civile et de la Légion juive des Forces britanniques. Les secouristes sont en uniforme, Maguen David Adom étant une branche de la Hagana. Ses membres et ses volontaires seront, au moment de la création de l'Etat d'Israël, les piliers du corps médical de Tsahal. 5 ans plus tard, MDA couvre la totalité du pays.

Le 12 juillet 1950, la Knesset vote la « loi de Maguen David Adom », lui donnant un statut officiel de service national d'urgence en Israël. Cette loi statue que MDA fonctionnera comme une société nationale de la Croix Rouge, se conformant aux Conventions de Genève:

1) Soins d'urgence en temps de guerre

2) Soins médicaux dans toutes les situations d'urgence: accidents, maladies, attentats

3) Assurer des abris lors de catastrophes naturelles 4) Disposer d'un service de stockage de sang, de plasma et de ses dérivés

Actuellement

Aujourd'hui MDA comprend 2000 employés et 12 500 volontaires: ambulanciers, médecins, infirmiers, paramédicaux, techniciens du sang, etc. Les volontaires suivent un programme de formation de 60 heures. Ils consacrent ensuite au minimum 8 heures de leur temps libre par mois à ce service, certains beaucoup plus. Ils s'engagent pour deux ans. Des séminaires sont organisés régulièrement pour parfaire leurs connaissances. Cette formation insiste, en dehors des connaissances et pratiques médicales, sur le côté humain du travail, la manière de se comporter envers les malades, les accidentés ou les victimes du terrorisme. Une forte proportion de ces volontaires ont entre 15 et 18 ans. Beaucoup se réengagent après leur service militaire. MDA peut compter sur l'aide de ces jeunes volontaires toujours prêts à venir sauver des vies.

En Israël, il existe actuellement 110 postes MDA, 800 ambulances et des motos médicalisées. En temps de paix comme en temps de guerre ou d'attaques terroristes, MDA joue un rôle prééminent en Israël. Voici l'exemple d'une journée normale: Le 13 mai 09, MDA a reçu 1529 appels, dont 219 accidents de voiture, 1052 malades et 10 femmes en début d'accouchement.

Ayant parfois dû faire appel à leur service, j'ai pu apprécier cette gentillesse, cette douceur, mais aussi le professionnalisme de ces ambulanciers... souvent très jeunes.

Comme dans tous les hôpitaux et dispensaires en Israël, toute la population du pays, juive et arabe, mais aussi les étrangers, bénéficient sans distinction des services de MDA. Parmi son personnel soignant, on trouve également des non juifs.

Banque du sang

Dans la Loi du Maguen David Adam votée à la Knesset, il est précisé que MDA Israël doit « disposer d'un service de stockage de sang, de plasma et de ses dérivés pour le bénéfice de ses habitants ». La Banque centrale du sang est située dans l'enceinte de l'hôpital Tel Hashomer à Tel Aviv. Plus de 220 médecins, chercheurs et techniciens y travaillent à temps plein. 289 585 unités de sang ont été recueillies dans le pays en 2007, grâce aux 24 « blood-mobiles », ambulances spécialisées pour collecter le sang; celui-ci est traité et réparti selon les besoins dans tous les hôpitaux et dans l'armée.

Les médecins du service d'hématologie du MDA participent à l'enseignement de cette spécialité dans les facultés israéliennes. Le budget de ce service se monte à 20 millions d'euros chaque année. Cette année, la Banque centrale du sang a deux projets majeurs: augmenter le nombre des donneurs de sang et construire une nouvelle banque de sang adaptée aux besoins grandissants de ses services.

En 2009, MDA-France s'est fixé comme objectif de participer financièrement au don du sang en Israël, «véritable don de la vie» comme l'écrit le Dr Lazare Kaplan, son président.

Financement

Même si celui qui fait appel à une ambulance verse 100 euros partiellement remboursés par la Caisse maladie), MDA doit trouver d'autres sources pour son énorme budget (environ 100 millions d'euros). Ne recevant que très peu l'aide de l'Etat, il va dépendre [onc en grande partie des dons les particuliers, legs et testaments, nais surtout des communautés juives de l'étranger. Les «Amis de MDA» existent dans une vingtaine de pays, en Europe, en Australie, en USA, en Amérique du Sud. Vida-France est très active: elle a entre autres, fait don d'une ambulance à la ville de Sderot en janvier 09 et prévoit pour octobre 09, l'inauguration d'un nouveau poste de secours à Ofakim, dans le Neguev.

Relations avec le Mouvement international de la Croix Rouge et du Croissant Rouge

MDA a été longtemps refusé comme membre du Mouvement international de la Croix Rouge parce qu'il n'acceptait pas de remplacer l'Etoile de David par l'un des emblèmes autorisés dans les Conventions de Genève.

Malgré ce manque de reconnaissance officielle, la coopération s'est accrue depuis les années 90. Un accord de 2 ans a été signé en 2004 garantissant notamment un soutien accru aux activités de sa banque du sang.

Le 8 décembre 2005, la Conférence internationale des signataires des Conventions de Genève ayant adopté le Cristal Rouge comme nouvel emblème pour la Croix Rouge, la voie était ouverte à l'adhésion de MDA. Le 22 juin 2006 le Maguen David Adom et le Croissant Rouge palestinien sont officiellement admis par la Fédération internationale de la Croix Rouge en tant que membres à plein droit.

Le nouvel emblème de MDA est l'Etoile de David inscrite dans le Cristal Rouge. Il est utilisé dans les opérations de secours à l'étranger. Cependant, en Israël, l'emblème demeure l'Etoile de David.

Projet Yochaï Porat

Depuis 8 ans, MDA embauche des volontaires de l'étranger: 700 par année. Ce projet porte le nom de y ochaï Porat, tué en mars 2002 à Ofrat avec 9 autres soldats et civils lors d'une attaque terroriste. y ochaï s'était engagé comme volontaire dès l'âge de 15 ans. Après l'armée, il continua à servir dans les ambulances. En 2001 il commença à organiser un volontariat pour les Juifs de l'étranger.

Les volontaires du projet Porat suivent 10 jours de formation de secourisme en anglais et en hébreu simple. Ils travaillent dans des postes de MDA à travers le pays et dans les ambulances, encadrés par le staff et les volontaires israéliens. Ils s'engagent pour deux mois. Ce projet est réalisé en collaboration avec l'Agence Juive qui leur ouvre ses centres d'intégration pour leur logement. Mais les volontaires doivent se prendre en charge pour la nourriture.

Ces jeunes, entre 18 et 25 ans, ont payé leur voyage et environ 800 dollars pour l'ensemble du projet. Ils doivent être en bonne santé et si possible avoir quelques notions d'hébreu. Pour ces jeunes Juifs de la diaspora, c'est le meilleur lieu pour se familiariser avec la réalité de la société israélienne.

Former les jeunes

MDA a le souci de former les jeunes, non seulement en leur donnant des cours de premiers soins, de secourisme, mais en leur transmettant ce « feu» : tout faire pour sauver des vies. A voir en soi ce profond désir d'être prêt à pouvoir dans toutes circonstances et à tout moment se mobiliser pour lutter contre la mort.

Pour la deuxième année, MDA organise avec la collaboration de MDA-France un plan systématique de formation de jeunes Juifs français. En juillet 2009 une équipe de responsables israéliens va partir d'Israël en bateau avec une ambulance hors service, arriver à Marseille et, de là, organiser un parcours à travers la France pour visiter une vingtaine de colonies de vacances de la communauté juive. De Marseille à Bordeaux en passant par Nice, Lyon, Strasbourg et Paris, ils vont préparer ces jeunes à pouvoir, grâce à une formation de secourisme, sauver des vies. Leur but: transmettre à ces jeunes Français cette mentalité israélienne et leur permettre de venir un jour s'embaucher en Israël comme volontaires.

SiteMDA-Israël : www.mdais.com

Pour contacter MDA-France : 40, rue de Liège. 75008 Paris. Tel:0143874902  Site MDA-France : www.mda-france.org

Nouvelles

La population arabe de Jérusalem en forte augmentation

Rédaction

A l'occasion du Jour de Jérusalem, l'Institut de Jérusalem d'études israéliennes a publié une enquête montrant que le nombre de Palestiniens de Jérusalem avait augmenté en 2008, atteignant 35 % de la population globale de la ville. Le nombre de résidents arabes a augmenté de 3 % , celui de Juifs de 1 % seulement.

La population actuelle de Jérusalem s'élève à 760 800 personnes, dont 492 400 Juifs (65 %) et 268 400 Arabes (35 %), presque tous résidents de Jérusalem-Est. Cette augmentation s'explique par deux facteurs: d'abord par un taux de natalité plus élevé chez les Palestiniens de Jérusalem (27,7 pour 1 000 habitants en 2007 pour les Arabes, contre 20,9 au sein de la population juive) et par le fait que le nombre d'Israéliens ayant quitté Jérusalem en 2008 était supérieur à celui de ceux venus s'y installer.

Selon les prévisions de l'Institut de Jérusalem on comptera 51 % de Juifs en 2020 contre 49% d'Arabes et en 2035, il y aura autant d'Arabes que de Juifs dans la ville Sainte.

Nouvelles

Kibboutz de ville

Suzanne Millet

Kibboutz de ville? Cette expression, qui est aussi une réalité, n'est pas connue; et le kibboutz de ville Beit Israël à Jérusalem est encore moins connu. Par Internet, il est possible de savoir qu'il y a Beit Israël à Guilo-A, très grand quartier au sud de la ville. Si on demande aux gens de Guilo où est ce kibboutz de ville, ils ne savent pas, et ce mot «kibboutz» les étonne. Je voulais voir concrètement ce que j'avais lu dans la revue française « Le meilleur des mondes» sur les kibboutz de ville. Le jour de Pourim, je décide d'aller dans ce quartier; ma voisine de bus à qui je demande où est Beit Israël me dit habiter à côté et m'indique où descendre. En demandant encore, je découvre une place où plusieurs jeunes animent des jeux pour les enfants du quartier. L'un de ces jeunes me dit être né ici au kibboutz, en me montrant des bâtiments grisâtres. Voici ce kibboutz, sans vergers, sans champs, sans grandes étendues, sans clôtures ni panneau indiquant l'entrée.

Un quartier pauvre, caractéristique, avec ses petites maisons blanches, genre préfabriqué, étagées sur une colline, avec des escaliers extérieurs en fer, grimpant dans ces maisons. Celles-ci ne sont pas recouvertes de pierres comme il se doit à Jérusalem. Tout cela n'est pas riche. Autrefois les nouveaux immigrants y habitaient, c'était un centre d'Intégration. Puis ils ont quitté ce quartier qui fut squatté par une population déshéritée et par des sans-logis, concentrant du coup les problèmes sociaux des banlieues.

Là, il y a 17 ans, en 1993, s'est installé un groupe de 5 familles, venant de plusieurs kibboutz de tendances différentes. Tous avaient le même désir: sortir des frontières du kibboutz « protégé et riche» pour vivre en ville avec les plus démunis et promouvoir une action éducative. «Au début, les gens ne comprenaient pas pourquoi nous n'allions pas plutôt à Rehavia, quartier bourgeois de Jérusalem. Que faisions-nous ici? », raconte Amy (une des pionnières du kibboutz).

« Maintenant, ils nous font confiance, nous ne sommes pas seulement de passage, nous restons, et c'est essentiel si nous voulons que les choses changent de l'intérieur », dit Orly Friedman (également pionnière). Actuellement, le kibboutz est parfaitement intégré à la population. «Notre souhait était de garder les principes du kibboutz communautaire, tout en vivant à l'intérieur de la société. » C'est ainsi qu'aujourd'hui 30 familles et 25 célibataires vivent ici. Certaines familles ont traversé la route qui les sépare des maisons en pierre pour y habiter, mais l'esprit est le même. On fête l'entrée du shabbat ensemble dans une grande salle servant d'abri. Six familles donnent l'intégralité de leur salaire, d'autres une partie seulement. Tout cela est décidé en réunion, et les tensions, quand il y en a, sont gérées aussi en assemblée générale.

L'originalité de ce kibboutz est la mekhina (classe préparatoire). Dans ce cadre, il accueille de jeunes bacheliers, filles et garçons, volontaires, pour passer un an à la mekhina, avant de faire leur service militaire. Amy m'explique que c'est le principe des volontaires au kibboutz, mais ici les jeunes ont un mi-temps de travail auprès des enfants du quartier: rattrapage scolaire, clubs, sport, etc., et un mi-temps d'étude: histoire du peuple d'Israël, le judaïsme religieux, le judaïsme laïque, le civisme, la culture juive. Ce n'est pas une école religieuse (yeshiva). Certains jeunes sont religieux, d'autres laïques, et tous vi vent ensemble à l'exemple des membres du kibboutz. En fait, cette première mekhina a été inaugurée sous l'instigation du rabbin Michaël Melchior après l'assassinat de Itzhak Rabin en 1995, pour lutter contre les tensions entre religieux et laïques. Déjà plus de 250 cadres formés à Beit Israël ont essaimé dans le

Voici comment se définit Beit Israël: « Nous travaillons à promouvoir des styles de vie différents, nous venons de diverses origines, mais nous avons une vision commune. Nous nous consacrons à réduire l'écart entre riches et pauvres, laïques et religieux, droite et gauche, séfarades et ashkénazes. »

C'est dans ce même esprit que le kibboutz de ville Migvan avait été créé à Sderot en 1986 (voir Un écho d'Israël n044), ainsi que celui de Beit Shernesh, du nom de Tamouz , en 1987. Ce dernier a fondé une association, Kehilla (communauté), qui emploie une trentaine de personnes avec de nombreux volontaires du kibboutz. Son but: soutien social auprès des couches défavorisées, enrichissement culturel, recherche d'une identité juive non orthodoxe tirée de la tradition juive, tant religieuse que profane.

Ces trois kibboutz de ville, Migvan à Sderot, Tamouz à Beit Shemesh, Beit Israël à Jérusalem, sont les plus importants. Mais il existe aussi un kibboutz de ville d' «Hébreux noirs» à Dimona, Shomerei hashalom, ainsi que d'autres communautés plus ou moins informelles, créées par le mouvement de jeunesse NOAL (jeunesse qui étudie et travaille) issu des kibboutz. Par exemple, à Haïfa, dans un quartier pauvre, ce mouvement oeuvre pour les enfants à risques. A Guedera, s'est également créé le premier kibboutz éthiopien.

Il faut aussi mentionner le tout premier kibboutz de ville, Rechit, fondé en 1970 à Jérusalem, avec un style de vie religieux orthodoxe. Au cours des années il a créé des écoles et des centres communautaires à Ir Ganim, transformant ainsi l'atmosphère de ce quartier pauvre.

Toutes ces structures communautaires ont leur origine dans les kibboutz traditionnels. On sait que le mouvement de kibboutz a aidé à la structure de l'Etat d'Israël, à son économie et à sa défense, mais, à mesure que le pays grandissait, il devenait évident qu'une société fondée sur l'agriculture a de la peine à survivre dans une économie très industrielle et dans un pays qui a peu de terres et peu de ressources d'eau. « Dans la société israélienne moderne, le défi des pionniers n'était plus de drainer des marais, de dépierrer, d'apporter des produits au marché et de construire des routes. Les marais à drainer sont les marais de la pauvreté urbaine, les produits à générer sont dans la haute technologie et le marché extérieur, les rues à paver sont les chemins de compréhension entre les différentes communautés.» (Les kibboutz urbains: les pionniers socialistes sionistes dans les villes en Israël, juin 2005). Pour Orly, la nouvelle frontière d'Israël est sociale, elle passe à l'intérieur des cités et des villes de développement. Ainsi l'esprit communautaire du mouvement de kibboutz a rebondi dans de nouvelles réponses. La crise de 1980-90, la privatisation des cadres (Un écho d'Israël N°44) ont fait que les jeunes ont cherché à s'investir dans des expériences plus communautaires, et le mouvement NOAL est sorti du kibboutz pour prendre son indépendance et ses responsabilités. Ce qui au début paraissait une trahison est devenu source créatrice de groupes, de kibboutz, de communes, à travers tout le pays.

Religions

Les Circassiens (Tcherkesses)

Loïc Le Méhauté

Petite communauté israélienne méconnue

Le pays d'Israël comporte une mosaïque de populations et d'ethnies très diverses. Nous avons déjà, dans nos articles d'Un écho d'Israël, présenté quelques groupes ethniques et religieux comme les Samaritains, les Bédouins, les Druzes, les Arméniens... Ici je propose de jeter un regard sur la communauté tcherkesse israélienne répartie dans deux villages au nord du pays, à Rihaniya et à Kfar Kama.

Dans la Basse Galilée orientale sur la route N° 65, reliant Afula au carrefour Golani, il faut tourner à droite au village Kefar Tavor pour atteindre la petite localité de Kfar Kama, habitée uniquement par des Circassiens. Ce village, reconstruit en 1878 par des Circassiens exilés du Caucase, comporte une population de près de 2 900 habitants (l srael Central Bureau of Statistics, 2009 : www.cbs.gov.il/population).La plus importante des cinq tribus qui composent cette population est celle des Shapsoug.

Au cœur de la localité, les vestiges d'une église byzantine du VIe siècle témoignent de la présence d'un ancien village. D'après certaines sources, des familles arabes auraient été expulsées pour leur laisser la place.

Rihaniya (Rekhaniya), l'autre village israélien habité par la communauté circassienne, se situe entre Safed et Ramot Naftali dans la Haute Galilée orientale (Merom Hagalil). Il fut également créé en 1878 sur l'initiative des Turcs. Parmi les 1 000 habitants de cette localité, 850 sont d'origine tcherkesse (tribu des Abzakh) et les autres habitants sont des Arabes musulmans. À leur arrivée ils rencontrèrent l'opposition des Bédouins. Par leur bravoure et leur ténacité les Circassiens obtinrent la réputation de vaillants combattants. Les principaux symboles de ces cavaliers et guerriers sont les armes et les chevaux. Les Circassiens sont reconnus pour leurs notions de respect, d'honneur, de vérité et de courage. Tout en revendiquant leur identité, ils s'adaptent à la société dans laquelle ils vivent.

Le troisième village où ils furent contraints de s'établir, Kinneret-Cerkesz, a disparu de la carte. Construit en zone marécageuse, il subit de nombreuses pertes humaines à cause des épidémies. Les survivants rejoignirent les deux autres localités (Kfar Kama et Rihaniya).

Aujourd'hui de nombreuses familles de Circassiens, afin d'être proche de leurs lieux de travail, vivent dispersées dans des villes israéliennes (Tel Aviv ... ). Tout en parlant l'hébreu ou l'arabe ils ont conservé leur langue d'origine, le circassien (tcherkesse). Cependant cette langue a tendance à se perdre au fil des générations dans certains pays de leur diaspora et a été classée par l'Unesco comme « langue en danger ».

Dans les jardins d'enfants et à l'école primaire de ces deux villages les élèves apprennent soit l'hébreu (Kfar Kama) soit l'arabe (Rihaniya) selon leur proximité des villages juifs ou arabes. Ils peuvent ensuite poursuivre leurs études dans les écoles secondaires de leur région. Dans les grandes classes de Rihaniya, des matières sont enseignées en hébreu.

En 1958, les Circassiens israéliens découvrent que leur langue est non seulement parlée mais aussi écrite et ils en apprennent l'alphabet et la grammaire. C'est en 1971 que le ministère de l'Éducation accepta l'introduction de l'étude du circassien dans les deux villages. Quatre langues y sont donc enseignées aujourd'hui: l'hébreu, l'arabe, le circassien et l'anglais ! Circassian israelis : multilingualism as a way of life ; études de l'Université de Haïfa et de l'Université hébraïque de Jérusalem)

Ce qui motive des familles circassiennes dispersées en Israël à revenir habiter dans ces deux villages, c'est la crainte que leurs enfants oublient la langue d'origine. Les autres familles gardent des liens très étroits avec les deux villages circassiens.

Les Circassiens, citoyens israéliens, tout en étant musulmans (sunnites hanafi) n'appartiennent pas au monde arabe. Ils cherchent à préserver et à faire connaître leur spécificité culturelle et religieuse et, si nous les appelons Circassiens ou Tcherkesses, eux préfèrent s'appeler Adyguéens (nom du pays d'origine). Dans leurs villages, à côté du drapeau israélien et de celui de la municipalité, ils arborent le drapeau circassien. Ces deux villages, dans le but de préserver leur culture et leur origine, ont créé des musées qui, à certaines occasions, présentent le folklore circassien comprenant de la musique et des danses traditionnelles. Un festival annuel de folklore, invitant des danseurs circassiens du monde entier, a lieu traditionnellement au mois d'août au village de Rihaniya. Bonne façon de faire connaître la culture circassienne !

Le mariage est généralement célébré suivant les coutumes et traditions circassiennes. Il est rare d'épouser un(e) conjoint(e) n'appartenant pas à la communauté. Le statut de la femme est égal à celui de l'homme et c'est un code d'honneur de respecter sa conjointe. Peu de divorces sont enregistrés chez les Circassiens.

Malgré leur attachement à leurs traditions, garderont-ils dans ce pays leur culture et leur langue et des liens profonds avec leur pays d'origine?

Origines

La Circassie désignait encore au XIXe siècle la région montagneuse qui s'étendait au nord du Caucase. Les Circassiens vivent aujourd'hui dans les républiques de Karatchaïévo-Tcherkassy, de Kabardino-Balkarie et d'Adyguée de la Fédération de Russie. Les Circassiens ne représentent qu'une faible partie de la population de ces régions. Bien que minoritaires, ils ont cependant conservé leur propre langue et s'attachent à leur culture et traditions. C'est au XVIe siècle que ce peuple, christianisé à l'époque byzantine, va se convertir à l'islam au contact des Turcs et des Tatars sur la Voie de la soie qui traversait leur région.

Leur histoire, entre 1783 à 1864, est une suite de vicissitudes et de résistances contre la Russie tsariste. Le tsar Alexandre II (1818-1881), après sa victoire militaire sur les Caucasiens (qui mit fin à la Grande révolte de 1825-1864), s'adressa à la délégation des tribus circassiennes, alors sujets de l'Empire turc ottoman, en ces termes: «Vous vous installerez à l'endroit qui vous sera indiqué ou bien vous émigrerez en Turquie. » Un petit groupe de Circassiens s'installa suivant l'ordre russe dans les plaines de la rivière Kouban tandis que la majorité se regroupa par centaines de milliers sur les rives de la mer Noire pour un exil dans d'autres régions de l'Empire ottoman. Ils s'installèrent dans les pays nommés aujourd'hui: Turquie, Syrie, Liban, Jordanie et Israël. Quelques milliers, après les années passées dans les Balkans, arrivèrent peu avant 1880 en Palestine où ils furent contraints par le sultan ottoman de s'installer à Rihaniya et Kfar Kama.

La diaspora circassienne (hors du Caucase), répartie dans plus de 40 pays, représente les 4/5ème des 5 millions de cette ethnie. Deux millions vivent en Russie dont 630 000 dans le Caucase et 1 306 000 dans le territoire de la Fédération de Russie. En Turquie vivent plus de 1 million des Circassiens; en Syrie quelques 30 000 ; en Jordanie ( Amman et Jerash) de 40 à 70 000. Des Circassiens ont aussi trouvé refuge aux États-Unis, en Bulgarie, en Allemagne, en France ... (Voir Laios : Laboratoire d'anthropologie des institutions et des organisations sociales).

La guerre du Caucase s'est terminée le 21 mai 1864 quand la Russie s'empara de ce territoire et contraint à l'exil près de 1,5 million de Circassiens (soit 90% de la population). Beaucoup périrent de faim, de maladies et d'épuisement. Certains firent plus de 3 000 km à pied avant de trouver une terre d'asile! (21 mai 1864: le destin d'un peuple; Alexandre Grigoriantz). Le 21 mai dernier, comme tous les ans, la communauté circassienne d'Israël s'est jointe à tous les Circassiens pour commémorer leur exil et le 145ème anniversaire de leur « génocide» perpétré par la Russie tsariste.

À Istanbul fut inauguré, le 1er juin 2003, le « Caucasus Foundation », ONG dont le but est d'entretenir et de préserver les relations socioculturelles des Circassiens du Caucase et de la diaspora. Ce but sera atteint grâce à la publication de livres jetant un peu de lumière sur l'histoire du Caucase et grâce à des articles traitant des activités socioculturelles des différentes communautés circassiennes. Dans la bibliothèque, des archives (provenant du Caucase et des archives ottomanes) sont traduites et mises à la disposition du public pour la recherche académique. De plus, le «Caucasus Foundation» prévoit une aide humanitaire pour les Circassiens dans le besoin.

Les Circassiens et l'État d'Israël

Vu les bonnes relations qu'ils entretenaient avec leurs voisins juifs, contrairement à celles qu'ils avaient avec leurs voisins arabes, les Circassiens de la Palestine mandataire (Cisjordanie) rejoignirent les forces juives à la guerre d'Indépendance en 1948.

Aujourd' hui les Circassiens, tout comme les Druzes, servent dans l'armée israélienne (les hommes uniquement), dans la police, les prisons et comme gardes frontières. Malgré cela ils s'intègrent difficilement à la population israélienne juive. Ceux qui ne sont pas employés dans les institutions gouvernementales peuvent trouver du travail dans les zones industrielles ou dans les différents kibboutz de leur région.

En tant que musulmans ils sont parfois perçus comme traîtres par la communauté musulmane, et du côté israélien, comme citoyens de deuxième catégorie. Il est évident qu'une telle ethnie a du mal à trouver sa place au sein de la société israélienne. Tout en essayant de s'intégrer et de participer à la vie active du pays.

Préservera-t-elle son identité?

Un autre problème crucial parmi les jeunes est le chômage. Ce problème, accentué par la nouvelle crise économique, incite déjà quelques-uns d'entre eux à désirer quitter le pays d'Israël pour retourner au Caucase. Depuis la chute de l'URSS, des jeunes Circassiens recherchent leurs origines et tournent leurs regards vers leur patrie ancestrale. Assistera-t-on à un retour massif des Circassiens (Adyguéens) de la diaspora sur la terre de leurs ancêtres, comme celui des Juifs sur la terre de leurs pères ?

Musée de Kfar Kama: «The Circassian Heritage Center» est situé au cœur de l'ancien village, dans une maison circassienne traditionnelle, vieille de 130 ans. Ce centre culturel académique est conçu afin de sauvegarder le patrimoine et de préserver le particularisme et les caractéristiques de ce petit peuple unique: sa langue, ses coutumes et ses traditions. Il est équipé d'une cuisine circassienne d'origine, comprenant le foyer et tous ses ustensiles. Les pièces d'habitation ont également été préservées ainsi que la cour et les réservoirs d'eau. Les différents outils de travail des premiers habitants tels que le matériel agricole, les métiers à tisser, ainsi que des instruments de musique sont présentés dans le musée.

Pour une visite guidée du village et de son musée veuillez téléphoner au: 0505857640 ou au 077 .Vous pouvez également consulter leur site Internet: www.circassianmuseum.com 7800204

Le village Kfar Kama est aussi doté d'un groupe folklorique « Tipsa » composé de 14 danseurs et danseuses et de 4 instrumentistes tous natifs du village. Des représentations sont données dans tout le pays.

Musée de Rihaniya: il célèbre et commémore la culture circassienne : l'art, le folklore, les arts martiaux, la cuisine traditionnelle. Votre visite comprendra, outre le musée, une promenade dans le village, un repas de spécialités circassiennes dont le délicieux fromage de chèvre. Sur place vous trouverez un logement chez l'habitant. Pour toute réservation téléphonez à Shuki Khun : 0505203146.

Tout en préservant ses traditions, ce peuple est fier des contributions qu'il apporte à l'État d'Israël.

Histoire

La famille Rothschild et la Terre Sainte (1 ère partie)

Cécile Pilverdier

Isaac Elchanan est l'ancêtre qui a donné son nom à la famille Rothschild. La petite maison étroite dans la « Rue des juifs» à Francfort-sur-le-Main en Allemagne, où il habitait, avait au­dessus du portail une plaque où l'on pouvait lire: Zum Rotem Schild (À l'écusson rouge). Isaac Elchanan prit ainsi cette enseigne comme nouveau patronyme: « Rothschild ». Isaac a un modeste commerce de prêt sur gages et c'est son fils Mayer Amschel Rothschild (1744- 1812) qui va transformer ce commerce en une banque reconnue. Amschel Mayer a 7 enfants dont 5 fils. Il devient même le gérant de la fortune de Guillaume I", électeur de Hesse­Cassel. Tous deux sont amateurs de pièces de monnaies anciennes, d'objets anciens en argent et en or. Mayer Amschel saura faire fructifier les deux fortunes. En 1806, Napoléon approche de Francfort et le prince met sa fortune en sécurité chez Mayer Amschel qui, au moment critique, livre aux Français sa propre fortune, mettant ainsi à l'abri celle du prince. Avant de reconstruire la sienne il dit à ses fils déjà adultes: « Nous travaillerons ensemble selon notre devise "concordia, integritas, industria", mais on rendra au pnnce ou à ses successeurs jusqu'au dernier centime ». Il enverra chacun de ses fils créer une filiale de la banque familiale à Londres, Paris, Vienne, Naples et Francfort, ce qui donnera les cinq branches de la famille.

En 1812, Amschel Mayer meurt, et, en 1813, Napoléon perd la guerre. Le prince Guillaume revient de l'exil et retrouve tous ses biens qui, gardés par la famille ont fructifié. Le prince donne à la banque familiale toute sa confiance et celle-ci grandit jusqu'à devenir légendaire. L'héritage moral du père de famille: « Honnêteté, travail, union », devient le symbole familial d'Amschel Mayer. Leur blason porte les 5 flèches qui symbolisent les 5 branches de la famille. Le 29 septembre 1822, l'empereur d'Autriche François I" élève au rang de baron les 5 fils. La fille ainée d'Amschel Mayer se marie avec Benedikt Moses Worms de la dynastie banquière de Worms. Et des mariages entre branches permettent à la famille de garder le contrôle de ses activités, leur donnant même la capacité d'investir.

Par leurs actions philanthropiques, le renom de la famille Rothschild parvient très rapidement aux communautés juives.

Leurs banques de Francfort, Londres et Paris sont souvent sollicitées tant par les particuliers que par les organismes, et la famille est vite devenue « maison royale» pour de nombreux Juifs qui la visitent. Aussi lorsque le rabbin Tsvi Hirsh Kalisher a l'idée de «sau ver Israël par son retour au pays », il pense très vite aux familles Rothschild. En 1836, il écrit son idée à Asher Amschel, le fils aîné vivant à Francfort.

En 1840, les Juifs de Damas en Syrie sont accusés d'avoir assassiné un moine chrétien pour se servir de son sang à la Pâque juive. Les chefs de la communauté sont arrêtés et torturés. Certains en meurent. Soixante trois enfants juifs sont pris en otage pour faire avouer les parents. Les communautés juives du monde entier sont au courant des menaces qui pèsent sur celle de Damas et une délégation parvient auprès de Méhémet Ali à Alexandrie en Egypte, qui, à cette époque, a autorité sur cette province. Parmi cette délégation il y a Moshé Montefiori de Londres et Adolf Crémieux de France. La famille Rothschild signe la lettre. James Rothschild, alors consul honoraire d'Autriche à Paris, reçoit du consul d'Égypte un compte-rendu de ce qui se passe à Damas; il le publie dans les journaux pour que les Français et le monde entier soient au courant. Il prévient rapidement son frère Salomon à Vienne qui avertit Metternich, chancelier autrichien très influent, afin qu'il incite Méhémet Ali à supprimer cette légende infâmante de Damas. Tout ceci aboutit à libérer les Juifs de Damas et à sauver la communauté de cette ville.

Cette affaire impressionne fortement le rabbin Yehuda Haï Alkalaï, sioniste religieux avant l'heure: si des Juifs importants ont réussi à sauver la communauté de Damas, ils peuvent aussi et doivent sauver tout Israël en les faisant venir dans leur pays.

La famille Rothschild, avec James (Yaakov) de Paris en tête, voit comme une obligation et un honneur d'agir pour les Juifs de Palestine et spécialement ceux de Jérusalem qui vivotent grâce à l'argent de la diaspora. En 1853, la guerre éclate entre la Turquie, qui règne sur la Palestine, et la Russie qui veut être le tuteur des chrétiens orthodoxes de tout l'empire ottoman, et qui exige des droits spéciaux pour l'église orthodoxe en Terre d'Israël. La France et l'Angleterre s'unissent à la Turquie, et c'est la « Guerre de Crimée» qui dure trois ans. Ceci réduit fortement les dons d'argent pour la communauté locale, et met fin à l'aide venant de Russie. Les Juifs de Jérusalem en souffrent beaucoup, les chefs des communautés implorent l'aide de leurs frères de la diaspora. Le baron James Rothschild vient à leur aide et envoie le précepteur de ses propres enfants, également conseiller financier, le docteur Albert Cohen, professeur à l'école rabbinique « Bar Orion », écrivain et l'un des dirigeants du mouvement de Hibat Tsion (Les Amants de Sion). À son arrivée à Jérusalem en 1854, il découvre que de nombreux Juifs souffrent de diverses maladies et qu'ils doivent se faire soigner dans les hôpitaux fondés par les missionnaires chrétiens. Albert Cohen n'hésite pas; avec l'argent de son maître à Paris et avec l'aide des familles Rothschild d'Autriche et d'Italie, il fait construire un hôpital dans la vieille ville, avec un matériel moderne et fait venir de l'étranger un médecin juif. L'hôpital s'appelle « Meïr Rothschild». Pendant des dizaines d'années, la maison Rothschild subvient aux besoins de l'hôpital, pour la communauté juive de Jérusalem. Cet hôpital préparera le terrain pour le centre hospitalier Hadassa. En plus de cela, Albert Cohen fonde, avec l'argent des Rothschild, plusieurs institutions sociales dans la ville: une pour les enterrements, une pour la distribution de 600 pains pour les plus pauvres, les sabbats et les veilles de fête, une caisse d'aide pour les femmes enceintes dans le besoin, et pose les bases d'une école professionnelle pour les enfants et les femmes. Avec l'argent de la famille Rothschild d'Angleterre, il crée l'école pour filles «Evelyne de Rothschild ». Durant des années, Albert Cohen s'occupe fidèlement de ces fondations. Quatre fois, il fut envoyé par la maison Rothschild à Jérusalem, pour veiller à leur développement. Pendant sa visite de 1956, il publie le premier feuillet en hébreu, avec pour titre « Nouveau guide ».

L'intervention de la maison de Rothschild, et spécialement de James de Paris, pour la construction et le développement de Jérusalem est de plus en plus importante.

Suite à l'augmentation de la population juive à Jérusalem, va naître le besoin d'une nouvelle synagogue. Il fut décidé de reconstruire celle de rabbi Yehuda ha Hassid, qui était en ruines. En 1855, Moshé Montefiori reçoit le permis des autorités, et c'est le baron James qui finance. La pierre de fondation est posée en présence de son fils ainé Alfonse. Fin 1864, lors de la dédicace en présence du baron James (Yaakov) de Rothschild, la synagogue reçoit en son honneur le nom de «Maison de Yaakov ».

Ces mêmes années, on construit le quartier d'habitations « Batei Mahassei » à Jérusalem, comprenant deux très grands bâtiments, don du baron Karl Wilhem Wolf Rothschild de Francfort. Ces bâtiments servent de logement aux meilleurs élèves. Ils existent encore aujourd'hui et sur l'un d'eux les armoiries de la famille Rothschild sont gravées dans la pierre.

Le blason de la famille Rothschild

L'écusson est tenu d'un côté par une licorne, de l'autre par un lion. Dans le blason divisé en quatre parties, des symboles de force: en haut à gauche, un aigle, symbole de la principauté autrichienne qui a ennobli la famille Rothschild. En bas à droite, de nouveau le lion. En bas à gauche, le bras qui porte les 5 flèches, des 5 branches de la famille, en haut à droite, la main qui resserre l'unité. Au centre, un chapeau que les Juifs de Francfort devaient porter dans le ghetto. En dessous la devise de la famille inscrite en latin: « Concordia-Integritas-Industria ».

Lieu

Eglise syriaque orthodoxe, monastère Saint Marc

Agnès Staes

Quand on s'enfonce un peu dans la vieille ville de Jérusalem entre le quartier arabe chrétien et le quartier arménien à travers un dédale de ruelles et d'escaliers on arri ve à l'église syrienne orthodoxe (syriaque), le monastère St Marc. Elle est localisée sur la pente nord du Mont Sion. La tradition la situe sur la maison de St Marc l'évangéliste (Ac 12,12) selon l'inscription datant du vr siècle qui a été découverte en 1940.

Voici ce que dit cette inscription: «Ceci est la maison de Marie, mère de Jean, appelé Marc. Proclamée église par les saints apôtres sous le nom de la vIerge Marie, mère de Dieu, après l'ascension au ciel de notre Seigneur J ésus-Christ. Rebâtie après la destruction de Jérusalem par Titus en l'an 73 ».

L'histoire nous livre des témoignages très anciens de pèlerins aussi bien de l'est que de l'ouest qui ont visité ce lieu dès les premiers siècles : un pèlerin de Bordeaux en 333, St Cyrille de Jérusalem en 348, Silvia une religieuse espagnole en 385 et beaucoup d'autres.

L'histoire ancienne de ce lieu n'est pas bien connue puisque c'est un petit monastère au milieu de beaucoup plus grands. Quand l'Église syriaque orthodoxe perd ses propriétés dans la ville sainte, ce lieu devient alors le siège de l'archevêché de Jérusalem. C'est Ignace III en 1471 qui en est le premier évêque connu. Cette bâtisse a été reconstruite plusieurs fois. Et en 1719 Abdel Ahad ben Fenah de Mardin a pris soin de restaurer des manuscrits réputés qui sont dans la bibliothèque. La dernière restauration du bâtiment date de 1858 et depuis il est resté tel quel!

Une tradition locale dit que le portrait de la vierge Marie qui se trouve dans le monastère a été peint par l'évangéliste Luc lui-même.

L'Église d'Antioche est une des premières églises chrétiennes, fondée en 38 par Pierre et Paul. Selon la tradition, Pierre en est le premier évêque. Evodius et Ignace, tous deux morts martyrs sous la persécution romaine, furent ses successeurs. Un des évêques les plus célèbres de cette Église est Ignace d'Antioche. C'est dans cette ville que pour la première fois les disciples du Christ reçoivent le nom de chrétiens (Ac 11,26)

Antioche à l'époque romaine est la 3ème ville de l'empire. C'est là que siège le gouverneur de la Province de Syrie. Jusqu'au VIe siècle, elle sera un des principaux centres du christianisme.

L'Église orthodoxe syriaque a ses racines dans les disputes christologiques que l'on trouve dans le 4ème concile œcuménique à Chalcédoine en 451. À ce concile les pères de l'Église déclarent le Christ à la fois pleinement Dieu et pleinement homme. Or le monophysisme voyait dans le Christ une seule nature: la nature divine était tellement supérieure qu'elle a absorbé la nature humaine. Cette déclaration suscite beaucoup d'opposition surtout en Orient. Au Vl" siècle l'impératrice Théodora soutient les syriaques, et elle fera nommer deux évêques qui eux­mêmes ordonneront des prêtres, des diacres et des évêques. C'est ainsi qu'est née l'Église syriaque orthodoxe, dite aussi Église Jacobite qui ne reconnaît pas le 4ème concile. Elle fait partie des Églises appelées « des trois conciles ». En 543, c'est la consécration du premier évêque Jacques Baradée. Cette Église se développera davantage dans les campagnes, les villes étant plus fidèles à la théologie de l'empire byzantin. C'est au VII" siècle que cette Église va se répandre avec l'invasion arabe.

Le siège de cette Église est à Damas en Syrie. Son patriarche est Moran Mor Ignatius Zalla I Iwas. Elle a dans le monde 26 archidiocèses et Il vicariats patriarcaux dont celui de Jérusalem qui couvre Israël, les territoires palestiniens et la Jordanie. On estime dans le monde aujourd'hui à 2500000 chrétiens syriaques orthodoxes (dont 1 200000 en Inde). En lien avec l'Église de Jérusalem, on estime que les chrétiens Syriaques orthodoxes sont entre 1000 et 1500.

Le rite utilisé est syriaque occidental appelé aussi rite antiochien.

La messe appelée aussi divine liturgie (saint Qurbono) était autrefois célébrée le dimanche, le mercredi et le vendredi. Durant ces Eucharisties les prêtres et les diacres sont revêtus de vêtements ornés et spéciaux que l'on ne trouve que dans cette Église. Les prières sont toutes chantées et les mélodies, au nombre d'une centaine, sont conservées dans un livre appelé Beth Gazo. A Jérusalem, le dimanche la célébration se fait au Saint-Sépulcre dans leur petite chapelle derrière le tombeau du Christ et le vendredi à l'église Saint Marc.

La langue est également le syriaque qui est un dialecte d'araméen oriental parlé à Édesse. Il s'est surtout répandu après l'apparition du christianisme. Il a donc pour origine l'araméen parlé en Mésopotamie.

Ils utilisent le calendrier julien.

Histoire

La paix pour Jérusalem

I.C.

Contrairement à l'origine des grands mythes qui baigne toujours dans une certaine brume, le début du Livre de la Genèse rappelle que Dieu a lié la création du monde à celle de la lumière en disant: "Que la lumière soit !".

Non pas le rayonnement cosmologique qui nous vient des "luminaires au firmament du ciel" mais le resplendissement de la Parole éternelle où toute lueur spirituelle prend sa source. Si une telle lumière peut passer pour l'ombre de Dieu, notre clarté est l'ombre de cette splendeur qui rend le monde intelligible. Elle seule peut en effet lui permettre de diffuser une image de lui-même qui le rende accessible à l'esprit.

Isaac Horowitz, disciple du Maharal de Prague [1520­1609], fait remarquer à cet égard que le mot 'terre' (Héb. : arets) figurant au premier verset de la Bible, est bâti sur la même racine que ratzon qui signifie non pas la volonté de puissance mais "le bon vouloir". Ce rapprochement n'est pas étranger au fait que, dans ce récit, la création du monde se place non sous le signe de la violence démiurgique des mythes orientaux mais sous celui de l'amour et du consentement, comme le confirme le souhait exprimé au moment de la création de l'homme. Encore faut-il signaler que l'expression hébraïque Be tsalmenou, habituellement traduite par "à notre image" gagnerait à être rendue par "en relation avec nous".

Comme la parenté des termes arets et ratzon évoque le rappel simultané d'une origine et d'une intentionnalité, on ne peut s'étonner de les trouver dans le chant angélique de Bethléem:

"Paix sur terre aux hommes du bon vouloir." [Héb. anché ratzon] où cette expression ­fréquente dans les textes de Qoumran - désigne "ceux qui sont l'objet de la faveur divine". Persuadée, pour sa part, que la méconnaissance de la genèse des choses mène à la confusion, l'âme collective d'Israël a toujours gardé le souvenir des commencements.

Aussi, en s'associant à la supplique du Psalmiste: "Demandez la paix pour Jérusalem !”, ne peut-elle oublier que si le vœu formulé en son temps conditionne sa propre existence, il s'inscrit aussi dans le contexte global de la survie du monde.

Le mot Shalom, [Paix] dérive d'une racine qui recouvre la notion de plénitude elle-même inséparable dans la tradition juive de celle de Shlémout [Perfection]. Dans le Tanakh, le mot Shalom désigne un état de tranquillité et d'harmonie. Dans la tradition rabbinique, il prend la valeur éthique d'une discorde surmontée, au point d'être érigé en valeur suprême. Au moyen-âge, les développements de la philosophie et de la mystique en arrivent à faire de la paix un principe ontologique en l'élevant au niveau du cosmique et du divin, comme le rappelle le Maharal: "Dieu est la forme ultime de l'univers, et partant, Il comprend tout en Lui. En unifiant ainsi le monde entier, Il manifeste la véritable essence de la paix."

La Kabbale adopte cette signification cosmique en montrant comment les actions humaines peuvent déterminer l'harmonie qui règne dans le monde des sefirot, autrement dit, les émanations à travers lesquelles se manifeste la Divinité. Ce faisant, l'être vertueux devient participant de la paix surnaturelle qui existe entre Dieu et sa Shekhina qui, dans le Talmud, désigne la manifestation de la Présence de Dieu en un certain lieu. Finalement, les perspectives de paix s'éclairent à la pensée que, partie en exil avec son peuple, la Shekhina reviendra en Israël à la fin des temps (Ber. 6a).

Devenue le principe qui réconcilie les divers éléments du cosmos en un tout, la paix devient la manifestation de la transcendance divine dans le monde. Ce ne peut donc être l'effet du hasard SI, dans la traduction grecque des Septante, les termes les plus fréquents après le mot Kyries [Seigneur], se trouvent être Pantès [tous] et Ta panta [tout] qui reviennent plus de 6.000 fois. Conscients de l'effet cumulatif d'une telle insistance les traducteurs alexandrins ne pouvaient mieux exprimer l'universalité du propos divin.

Les prophètes pensaient qu'un nouvel ordre mondial ne pourrait se concrétiser que lorsque les nations renonceraient à leur attitude de haine mutuelle en faveur d'un regard nouveau. Ils étaient persuadés que, sous la mouvance divine, les inclinations de la personne la rendaient capable d'atteindre un tel idéal car Dieu n'aurait pu dire en vain:

"Faisons l'homme ... selon notre ressemblance!" Mais ce dont ils parlaient n'était que l'avènement d'un événement, une attente menant à une réalisation dont on ignorait pratiquement tout sinon qu'on en prenait le chemin. Entre tant, ils rappelaient l'impératif du Sinaï où Dieu demandait à l'être humain de cesser d'être ce qu'il était pour devenir ce qu'il pourrait être.

Cette transformation souvent douloureuse a toujours impliqué le paradoxe d'une rupture qui dure et d'une durée qui sans cesse s'interrompt. Mais, convaincus que rien n'est plus entier qu'une fêlure où se trouve la promesse d'une plénitude, les voyants d'Israël ne craignaient pas de proclamer la vérité même quand elle avait tout contre elle. C'est ainsi que le prophète Sophonie [vers - 630] évoquait la possibilité d'une transfiguration générale du genre humain en termes d'autant plus déconcertants qu'il parlait au moment où son propre pays, le royaume de Juda, venait d'être dépossédé d'une partie de son territoire par l'envahisseur assyrien: "Oui, je donnerai alors aux peuples des lèvres pures pour qu'ils puissent tous invoquer le Nom de YHWH et le servir sous un même joug (Sa. 3.9).

Cette promesse d'universalisme eut un profond retentissement sur la conscience hébraïque mais, pour les cultures environnantes, demeura une voix dans le désert. En effet, la perspective d'une paix générale resta toujours étrangère à l'état d'esprit des Grecs qui voyaient dans l'épée l'arbitre des conflits et dans la guerre le sort inéluctable d'une humanité divisée entre leur nation et les autres. Au Sème siècle avant notre ère, à l'époque où les hébreux, appelés désormais les juifs, revenaient de l'exil de Babylone, les guerres médiques exacerbèrent la perception des différences entre l'Orient et l'Occident, si bien que cette impression de singularité encouragea l'illusion d'une supériorité occidentale. Malgré leur tendance au particularisme, les nécessités de la guerre menèrent les Grecs à minimiser leurs propres divergences tout en feignant d'ignorer la richesse diversifiée des autres peuples.

Irrités de les trouver inintelligibles, ils tendaient désormais à les juger inférieurs. Il arn va pourtant que, suite aux conquêtes d'Alexandre, la reconnaissance de l'égalité relative de tous les humains, et partant, l'idée œcuménique d'un monde destiné à former éventuellement une société unifiée, devint le plus bel achèvement de la civilisation hellénistique. Un phénomène inattendu d'osmose entre les capacités de la philosophie grecque et les aspirations de la sagesse orientale ne tarda pas à se produire dans le sillage des conquérants. Les populations locales éprouvèrent en effet pour les idées des nouveaux venus une attirance qui était loin de laisser ces derniers indifférents.

Les Romains, quant à eux, ne renoncèrent jamais à la mentalité qui avait auparavant prévalu en Grèce. Les classes cultivées n'hésitaient pas à dénigrer les étrangers comme le fit Tite-Live dans les termes les plus méprisants: "Les macédoniens qui se trouvent à Alexandrie en Egypte, ceux qui résident à Séleucie et à Babylone ont dégénéré en syriens, en parthes et en égyptiens." A l'instar des anciens Grecs, ils se croyaient eux-mêmes appelés à la prééminence et voyaient dans leurs propres coutumes la norme tout indiquée pour juger les peuples soi-disant mineurs. Il est à regretter, qu'en sus d'une aptitude particulière à exploiter l'univers, un tel racisme eût fait partie de l'héritage légué par les Romains au monde occidental. Plus à l'aise dans le domaine de l'agir que dans celui de la pensée, Rome devint finalement incapable de remédier à la disparité croissante entre sa culture et sa prospérité au point que le Bas-Empire en vint à symboliser la sclérose du monde païen.

On constate pourtant que l'idée de justice informait, au moins théoriquement, la conception gréco-romaine d'une société organisée. Depuis Platon [429-­347], les Grecs considéraient la justice, la sagesse, le courage et le self-control, comme les fondements de la perfection humaine. Aristote [384-322] voyait dans l'établissement de la justice un élément indispensable à la garantie du bien commun. Ce facteur lui semblait indispensable pour permettre à l'individu de mener une vie normale au sein d'une communauté. Il considérait en effet l'isolement individuel comme un leurre au point d'assimiler à un animal ou à un dieu tout être humain dépourvu de cadre social.

Les Romains voyaient également dans la justice le fondement de la société civile. Cicéron [106-43] liait la pratique de cette justice à deux principes intangibles. Tout d'abord, l'interdiction de causer du tort à qui que ce soit sinon en cas de légitime défense, puis, le respect du postulat selon lequel les biens publics devaient servir à la collectivité et les biens privés à l'individu. Conjointement à cette vue, une société bien établie était tenue de respecter le caractère sacré des contrats et des engagements en veillant à ce que chacun reçût ce qui lui était dû. Comme l'injustice naît de l'égoïsme ou de la cupidité, il convenait d'imposer par surcroît, des limites à la richesse et aux droits de la personne. Mais, si noble que fût cet idéal, il ne pouvait rien contre la faiblesse rédhibitoire d'une société qui trouvait normal d'exclure les étrangers, les esclaves, voire les femmes.

A l'encontre de cette erreur tragique l'éthique juive en vint à préconiser plus tard dans le Midrash Sifra Kedoshim un regard de portée universelle. Il s'agissait là d'un commentaire d'Ecriture où les rabbins précisaient que le principe scripturaire régissant les rapports entre peuples se trouvait résumé dans un verset de la Tora:

"Voici le livre de la descendance d'Adam" (Gen. 5.1). Pour ces sages, le rappel de l'origine commune de la race humaine témoignait de son unité. Il n'est donc pas étonnant de trouver, dans un document médiéval de la même tradition, un corollaire soulignant l'égalité absolue de toutes les personnes : "Je prends le ciel et la terre à témoin que l'Esprit Saint demeure sur un être humain en raison de son comportement, qu'il soit gentil ou israélite, homme ou femme, esclave ou servante. " (Tanna de-Be Eliyahou).

Cette interprétation révolutionnaire venait couronner l'effort des prophètes qui, insatisfaits de la société du moment, entrevoyaient ce qu'elle pourrait devenir un jour. Doués d'un sens aigu de la Présence de Dieu dans l'univers, ces mystiques persistaient à envisager la possibilité d'un monde renouvelé qui fût digne de son Créateur. A cette fin, ils rappelaient à leurs compatriotes que l'amour de leur peuple était non seulement compatible avec celui de l'humanité mais pouvait y trouver son achèvement. Ce faisant, ils entendaient promouvoir un loyalisme national qui tournerait en définitive au bénéfice de toute la famille humaine. Dans le droit fil de cette aspiration, le fils d'Amoç n'hésitait pas à prophétiser: "Ce jour-là Israël, le troisième avec l'Egypte et l'Assyrie, sera béni au milieu de la terre" (ls. 19.24-25).

L'auteur de cet oracle souhaitait à toutes les nations d'être comblées des mêmes bénédictions et leur appliquait pareillement les mêmes critères de moralité. Isaïe savait bien que tout en étant une grâce, le don de la paix ne dispensait personne de prendre les moyens d'y parvenir. A vant d'influer sur une vue du monde qui cherche encore à s'imposer, sa conviction informa profondément la pensée du Talmud. Ce recueil de lois civiles et religieuses, considéré par les rabbins comme le complément indispensable de l'Ecriture, porta sans équivoque un jugement normatif, selon lequel "le monde repose sur trois valeurs connexes, à savoir, vérité, justice et paix. En effet, la paix est le fruit d'une justice issue elle-même de la vérité" (J. Taanit 4.5).

Comme il arrive souvent, l'originalité de la tradition juive ne manque pas d'apparaître aussi en ce domaine car si les termes dont elle fait usage rappellent ceux des cultures ambiantes, leurs rapports de signification restent analogiques. En effet, au lieu d'être limitée à un rôle instrumental, la justice revêt pour les sages d'Israël une valeur d'immanence car ils y retrouvent le caractère même d'un Dieu créateur et sauveur. Fidèle à Lui­même et au peuple qu'Il s'est choisi, le Tout-Puissant reste soucieux de voir l'homme devenir ce qu'Il avait entrevu au sixième jour de la Création. L'injonction: "Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis YHWH 1" (Lév. 19.18) incitait Martin"" Buber [1878-1965] à préciser:« "Je suis YHWH" doit être compris comme le font les rabbins: "Je suis Celui qui est là, présent 1", c'est-à-dire près de l'autre. C'est là que se trouve le Saint, en sorte que nous devons nous aussi demeurer auprès de notre prochain. »

Il en ressort que la paix ne peut s'instaurer dans la société si elle ne réside pas au préalable dans le cœur humain à qui il est toujours donné de pouvoir espérer contre toute espérance. Conscients de cette exigence morale, les sages ne se sont pas fait faute de rappeler aux leurs que la sémantique concourait à cette vue. Ils notaient en effet - pour aider les leurs à ne pas désespérer d'une paix future entre Israël et les nations - que, selon la guématrie, la même valeur de 376 affectait le mot Shalom et le nom d'Esaü qui a toujours symbolisé les forces hostiles aux descendants de Jacob. Voulant, dans le même esprit, encourager l'espoir d'une réconciliation éventuelle entre ces deux entités, des rabbins allaient jusqu'à voir le point culminant de la Tora dans le chapitre où les premiers mots introduisent à la généalogie de la famille d'Esaü: "Voici la descendance d'Esaü qui est en Edom" (Gen. 36).

S'il est vrai qu'une recherche de paix ne vise pas à concilier des positions antagonistes mais des arrière-pensées, il est bon de se rappeler que, dans un conflit entre peuples, l'on est souvent condamné à se comprendre d'autant moins que l'on s'explique davantage. Les efforts peuvent certes se poursuivre au cours des jours, mais les jours des nations sont longs. Et pourtant, il reste toujours la possibilité d'arrêter le regard vers la Source de la lumière, tant il est vrai que la prière est aussi - au dire d'un mystique - une réflexion qui s'immobilise. Dans ce cas, l'intercession est toujours possible, qui consiste étymologiquement à "faire un pas au milieu" de manière à se situer au cœur du drame dont on espère le dénouement. Loin de s'arroger le rôle d'arbitre et de se perdre en propos futiles, l'intercesseur choisit tout simplement d'être là en silence pour faire face à une situation qui le dépasse. Refusant d'emboîter le pas à ceux qui se targuent d'avoir une longueur d'avance sur l'inconnu, il se garde d'imiter les phraseurs qui, au Livre de Job, finissaient par importuner un ami dont le seul besoin était une présence.

Une mystérieuse vision du monde d'en haut donnait aux prophètes une lucidité étonnante sur celui d'ici-bas. Dans le clair-obscur de leur foi, ils pressentaient l'Invisible au cœur du réel mais ne cherchaient pas à le représenter comme le voulait la coutume.

Contrairement aux idées reçues, ces voyants en témoignaient dans la trame de leur vie et, sans mettre Dieu au service d'un projet, ils tendaient à modeler une société selon son désir. Tout en inculquant à leur peuple le sens d'une destinée singulière, un génie propre leur permettait de rejoindre en même temps le fond commun de l'humanité en y laissant pour tous un message qui résisterait à l'épreuve du temps.

Chant du mois - Poème de Bialik : "Sous tes ailes"

Pour ce numéro nous vous proposons un poème de Naham Bialik, un des personnages les plus influents de la petite ville de Tel Aviv à ses débuts. Venu d'Odessa en mars 1924, le poète national allait très vite rassembler autour de lui de nombreux écrivains et artistes. Parmi les textes écrits par Bialik, il y a de nombreuses pièces religieuses dont certaines sont même adoptées dans les livres de prières des communautés juives réformées et conservatives. Voici le poème" Sous tes ailes", une prière intime adressée au Créateur

Prends-moi sous tes ailes

Sois mère et sœur pour moi

Que tes genoux soient refuge pour ma tête Asile pour mes sombres prières

À l'aube, temps de compassion

Penche-toi en avant et je te révélerai le secret de ma peine: " Ils disent que la jeunesse est dans le monde ...

Où est ma jeunesse?"

Je vais te confesser un autre mystère:

Mon âme est roussie par les flammes

" Ils disent qu'il y a de l'amour dans le monde ... Où est l'amour?"

Les étoiles m'ont menti

Il y avait un rêve-mais cela aussi est du passé; Je n'ai maintenant rien au monde-

Rien du tout

Prends-moi sous tes ailes Sois mère et sœur pour moi

Que tes genoux soient refuge pour ma tête Asile pour mes tristes prières

Humour

Deux amis juifs lisent le journal assis l'un à côté de l'autre dans un jardin de Vienne. L'un lit un journal yiddish, l'autre un journal antisémite. Le premier s'étonne:

– Comment peux-tu lire un journal antisémite? Tu n'es pas écœuré?

– Ecoute-moi, répond son ami, tu te trompes complètement. Quand je lis les journaux juifs, je suis très malheureux et je souffre: pogromes en Tchécoslovaquie, persécutions en Hongrie, haine des Juifs en Pologne, catastrophes en Roumanie, malheurs en Bulgarie, attaques d'Arabes contre les Juifs en Israël. Je n'en peux plus, je pleure sans arrêt! Alors que, quand je lis ce journal antisémite, j'ai du plaisir. On me dit que les Juifs gouvernent le monde, qu'ils dirigent les grandes entreprises, qu'ils influencent tous les décisionnaires de tous les pays, que ce sont des génies de la finance et que leurs opinions sont prises en compte partout. Tout cela me comble d'une joie infinie.

(La bible de l'humour juif de Marc-Alain Ouaknin et Dory Rotnemer)