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 « Seigneur Jésus,
apprenez-nous à être généreux,
à vous servir comme vous le méritez,
à donner sans compter,
à combattre sans souci des blessures,
à travailler sans chercher le repos,
à nous dépenser sans attendre d’autre récompense
que celle de savoir que nous faisons votre Sainte volonté. »

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N° 32 – Novembre/Décembre 2006

Je ferai jaillir l'eau dans le désert

Sommaire :

-   Editorial : Visages contrastés du judaïsme

-   Histoire : Tsahal, (2ème partie)

-   Connaissance d’Israël : Samarie (1ème partie)

-   La vie en Israël : Yad Sarah

-                                 Haïfa après la guerre

-   Culture : Galei Tsahal

-   Racines juives : Le parfum de l’encens

                     -   Flashes d’espoir : Palestine/ Israël : Heureusement,

                                                         rien n’est simple !

-   Au fil des mois 

-   Chant du mois et humour en finale

Editorial :Visages contrastés du judaïsme

En voyant flamber les poubelles de Mea Shearim lors des manifestations d’opposition à la « Gay pride », plus d’un téléspectateur aura spontanément établi l’équation entre « ultra-orthodoxes » — pour employer une expression idiote malheureusement trop incrustée dans le vocabulaire pour qu’on puisse l’éviter — et intolérance fanatique. La question a été assez débattue dans le courrier des lecteurs pour qu’il soit inutile d’y revenir.

Le présent numéro fera découvrir un autre aspect de l’engagement de ces religieux qu’on appelle ici les « Haredim » : Yad Sarah, un organisme où le bénévolat est mis au service de l’imagination pour venir en aide aux infirmes et aux malades, spécialement les plus pauvres, et dont le fondateur — ironie du sort — n’est autre que Uri Lupoliansky, aujourd’hui très religieux maire de Jérusalem, qui a été molesté récemment par les manifestants, haredim comme lui, hostiles au défilé des homosexuels.

Les Haredim, ce sont aussi les volontaires de Zaka, premiers présents sur les lieux des attentats pour secourir les blessés et rendre aux morts les honneurs d’un traitement décent, unanimement respectés par les Israéliens de tous bords. Et quiconque a fréquenté les hôpitaux religieux, comme par exemple Sha`arei Tsedeq à Jérusalem, sait avec quelle humanité les malades y sont accueillis et entourés de soins. Il y aurait d’ailleurs beaucoup à dire sur l’hôpital israélien en général comme lieu de rencontre entre Juifs et Arabes, israéliens et palestiniens.

La réalité, ici comme dans d’autres domaines, est complexe et contrastée. Tant pis pour ceux qui estiment que les idées simples sont une boussole infaillible. Tant pis aussi pour ceux qui pensent que plus on est religieux, plus on est fanatique. Tant mieux qui pour ceux qui continuent de croire qu’on peut encore espérer en l’humanité.

                                                                      Michel Remaud

Histoire : Tsahal (2ème partie) 

      Yeshivot hesder

La « yeshiva hesder » est une école talmudique qui combine les études religieuses et un service militaire raccourci dans un cadre religieux. Ces yeshivot appartiennent au mouvement religieux national, qui allie les obligations religieuses, l’étude de la Tora, le développement spirituel, et la compréhension de l’obligation de servir à Tsahal et de participer à la société israélienne. Les élèves viennent pour la plupart du mouvement sioniste religieux, après leurs études secondaires dans une école religieuse.

La base légale de cet arrangement

Le fondement légal de ces yeshivot a été établi durant des années par le ministre de la Défense. L'origine de ces yeshivot hesder est l’idée de la fondation d’un « Nahal » (unité combattante religieuse). Cependant à la suite d’une décision de la Cour Suprême en 1999, il avait été décidé de repousser le service militaire pour les très religieux, et on a aussi décidé d'un service militaire raccourci pour les autres.

Quand ils terminent leurs études secondaires, on demande à ceux qui vont faire ce service dans Tsahal, de présenter un certificat de l’école où ils ont étudié et passé le baccalauréat avec spécialité Talmud. Dans certains collèges religieux on leur donne des jours de congé, après avoir reçu l’acceptation d’entrer à Tsahal, pour qu’ils puissent étudier quelques jours dans les différentes yeshivot hesder. Cette semaine s’appelle la « semaine de la yeshiva » et qu’ils puissent ainsi choisir parmi elles.

L'admission à la yeshiva comme « hesder » se fait sur la recommandation de l'Association des yeshivot hesder. Cette organisation représente aussi les responsables de ces yeshivot dans les contacts, les discussions et les demandes adressées à Tsahal en ce qui concerne le service militaire et les droits des soldats qui y servent.

Les yeshivot hesder

La première école talmudique où a été institué cet arrangement pour la première fois, est l’école talmudique supérieure de la « vigne de Yavné », fondée au début des années cinquante, et qui représente son fondateur, le rabbin Haïm Goldwitch, lors de la cérémonie de remise du Prix d’Israël en 1991, décerné aux yeshivot hesder.

Le nombre des soldats aujourd’hui est de plus de 1 300 par an, ce qui représente plus d’un cinquième de ceux qui terminent leurs études dans les écoles religieuses sionistes. La majorité des autres vont dans les grandes yeshivot, les universités ou font le service militaire normal.

L’organisation et les études

L’organisation ressemble à celle des autres yeshivot, qui suivent le modèle lituanien : la plus grande partie du temps est employé à l’étude approfondie du Talmud, appelé « étude de réflexion » ; dans certaines on étudie aussi la Bible et la pensée juive. Dans les yeshivot hesder, on partage généralement la journée en trois parties, appelées « ordres » : l’ordre du matin, du midi et du soir. A partir du soir, et jusque dans la nuit en général, il y a un cadre d’étude personnel ou en groupe.

Le cycle d’étude met l’accent sur le service envers la société israélienne. De nombreux élèves sont volontaires pour le service de sécurité civile, le Magen David (l’équivalent de la Croix Rouge), les services sociaux dépendants des mairies ou autres. Ce n’est pas par hasard si de nombreuses yeshivot hesder sont situées dans les villes de développement ou des régions frontalières. Leur emplacement est important sur le plan idéologique. D’autres sont dans des villes importantes, pour renforcer le côté spirituel du lieu. Ainsi de nombreuses yeshivot sont en Judée-Samarie, comme renforcement de la présence juive du lieu.

Les différentes sortes de yeshivot hesder

Au début de 2006, il y avait 40 yeshivot hesder et leur nombre augmente sans arrêt. Il est difficile de caractériser chacune d’elles, mais on peut en donner une description générale.

On peut distinguer quatre groupes principaux :

  • - Le centre du Rav, au mont Mor et celles qui en dépendent.
  • - la yeshiva du mont Etsion et celles qui en dépendent.
  • - les yeshivot du « nouveau hassidisme ».
  • - Celles qui ne sont pas définies.

Ces différents groupes ont des liens entre eux et leur responsable a lui même été formé dans une yeshiva hesder. Cela ne veut pas dire qu’elles auront toutes les mêmes idées.

Le « Centre du Rav », qui n’est pas d'abord une yeshiva hesder, a été créé par le rabbin Avraham Itzhak Ha-Cohen Kook en 1924. Durant la vie de ce dernier elle a bénéficié d’un moment de célébrité, étant la première qui participait au mouvement religieux sioniste. Par la suite, chaque rabbin imprime sa marque, plus ou moins ouverte à la société laïque, plus ou moins prête à des actions extrêmes pour le « grand Israël », sacralisant parfois l’État d’Israël.

La yeshiva du mont Etsion et ses filiales

La yeshiva du mont Etsion appelé « Ha Goush » (le bloc) à cause de sa situation dans le bloc Etsion des implantations près d’Hébron, a été érigée par le rabbin Yehuda Amital. Elle est ouverte aux études de la pensée religieuse du rav Kook ainsi qu’à d’autres, mais l’influence du rabbin Soloveitshik est la plus marquée, en raison de sa façon lituanienne d’étudier.

A cause de sa tendance politique modérée, cette yeshiva s’oppose aux yeshivot « ha kav » (de la ligne verte), comme symbole sioniste et religieux de gauche. Cette yeshiva n’impose pas de s’identifier complètement avec sa propre ligne, et ainsi ses « filles » sont en bons rapports avec elle et ne sont pas sa simple « reproduction ».

Les yeshivot les plus proches de son esprit sont celles de Petach Tikva, Otniel, Yeruham, tout en n’adoptant pas toujours ses idées.

Comment sont dirigées les yeshivot hesder

Parallèlement à ce qu’apportent les yeshivot hesder, il y a ce qu’elles apportent au « commandement ». De nombreux élèves ont été nommés à la direction de ces écoles et beaucoup d’entre eux sont devenus officiers pendant leur service militaire. Pendant leurs périodes de réserve ils ont été nommés à différents niveaux de direction et parfois à de très hauts niveaux. Les yeshivot hesder ont formé de nouveaux rabbins qui dans l’armée sont chefs et officiers. Parmi eux nommons le rabbin Eliézer Shenwold, le rabbin Yuval Sherlo, le rabbin Yehoshua Ben Meir et d’autres.

Les yeshivot hesder communautaires

Ces dernières années il faut souligner l’influence des religieux sur la population générale des grandes villes. On peut nommer les yeshivot hesder de Petach Tikva, de Ramat Gan, de Rishon le Tsion, Holon, Raanana, Modiin.

Le parcours

Il dure cinq ans et chaque année est appelée par les élèves « unité » comme dans les écoles

  • -L'unité A- L’année après le collège, les élèves repoussent le service militaire d’un an et se consacrent à l’étude.
  • -L'unité B- La plupart en début d’année s’engagent partiellement, mais continuent à étudier jusqu’en mars ou août (selon la décision de l’école). Dans ce cas, ce temps est compté comme service militaire sans solde. Après cela, les élèves se joignent au cadre militaire normal.
  • - L'unité C- Cette année là est consacrée au service militaire ordinaire.
  • - L'unité D- Cette première année après le service militaire ils étudient et elle leur est comptée comme service militaire sans solde.
  • - L'unité E- Les études continuent, et le service sans solde se termine en milieu d’année. Les soldats mariés ont le droit, en général, de raccourcir ce trajet et de rester une année en moins en yeshiva. Beaucoup d’élèves restent de nombreuses années en plus pour étudier afin de devenir rabbins.

Le caractère du service militaire concret dans les yeshivot hesder

Le soldat qui s’engage dans les yeshivot hesder doit faire un service d’un an et quatre mois et parfois davantage (ceux qui participent à des cours d'infirmiers, officiers ou autre) ; la longueur du service n’est pas fixe et dépend des besoins de l’armée, et de ce que peut faire le soldat. Les soldats qui sont dans le service civil ont un temps plus court, et les officiers un temps plus long. Pendant leur service, les soldats des yeshivot hesder servent dans des unités qui leur sont propres et qui, à la fin, sont dispersées parmi les combattants. Les non-combattants, une minorité, font seulement la période d’entraînement avec les autres.

Le rapport Ben Bassat

A la mi-février 2006, le comité dirigé par le professeur Ben Bassat a présenté un rapport, disant qu’il fallait diminuer le service militaire obligatoire à Tsahal. L’un des points disait de supprimer les parcours particuliers, et parmi eux les yeshivot hesder. C’est le gouvernement qui devra trancher. Au début de la réunion du gouvernement du 26 février 2006, le chef du gouvernement provisoire, Ehud Olmert, a annoncé qu’on prendrait la décision en fonction des avantages qu’apportent les soldats de ces yeshivot et, qu’en conséquence, on ne supprimerait pas cette institution.

Le projet de faire passer ces étudiants dans les cadres ordinaires

En janvier 2005, le général Eléazar Stern, responsable des ressources humaines à Tsahal, a annoncé que les sections combattantes spéciales des soldats des yeshivot seraient supprimées, et qu'ils seraient réunis aux unités ordinaires pendant leurs mois de service. Cette décision a été acceptée avec colère par les chefs des yeshivot, bien qu'une minorité l'ait acceptée. Stern voulait renforcer le caractère de Tsahal comme « armée du peuple », permettant aux soldats des différentes classes de se rencontrer. Certains journalistes prétendaient que ce plan visait à diminuer l'influence des chefs des yeshivot incitant au « refus de servir », surtout depuis le désengagement de la bande de Gaza. Le général Stern a récusé cette accusation.

Dernièrement les yeshivot hesder sont arrivées à un consensus, le général ayant promis de répartir les élèves en groupes d'au moins dix dans chaque section, ce qui leur permettait d'être un nombre suffisant pour la prière communautaire. .

Service sans solde

Cette phase représente la plus grande partie du service des élèves des yeshivot hesder. Dans la plupart, les élèves repoussent le service militaire d'une année, et ainsi leur première année d'étude talmudique est un volontariat. C'est seulement à la fin de cette année ou au milieu de la seconde, (selon les yeshivot) qu ils sont incorporés à l'armée. A la différence du service normal, les étudiants des yeshivot ne portent pas l'uniforme et servent sans solde. Cela dure, avant et après, deux ans et demi. Le temps de service normal pour eux est d'un an et demi. Pendant cette période les soldats doivent, comme tous les autres soldats, porter l'uniforme y compris dans leurs déplacements.

L'intégration

Deux yeshivot participent au programme de « l'intégration », dans lequel les étudiants font leur période militaire sans réduction du temps de service, mais ils la font en deux périodes séparées par un temps d'étude. Ces deux yeshivot sont celles de Maale Gilboa et Ein Tsurim, proches du caractère des kibboutzim religieux, qui sont très libéraux et se rapprochent de la yeshiva du mont Etsion.

Ce que pense le public de ces yeshivot

Bien que parfois s'élèvent des griefs d'une partie du public (qui ne comprend pas l'importance de l'étude de la Tora), en général les yeshivot hesder sont très appréciées par Tsahal et le peuple, surtout à cause du refus des orthodoxes d'envoyer leurs fils à l'armée, et de la grande motivation des soldats des yeshivot hesder et de leur valeur humaine. Cette approche a changé après l'assassinat d'Itzhak Rabin par Ygal Amir, qui est sorti d'une yeshiva hesder créant la déchirure entre la gauche et la droite à cette époque. Il y a eu des voix pour demander le démantèlement des cadres militaires avec les yeshivot, qu'on a soupçonnées d'encourager le « refus d'obéissance » et d'être liées à la droite fondamentaliste. C'est le sujet du film « Ha Hesder » (Israël 2002), qui dépeint les étudiants se préparant à faire sauter les mosquées de l'esplanade du Temple.

Ha Hesder et le « Refus d'obéissance »

Avec le début de la préparation du plan de désengagement, en juillet 2005, plusieurs cas de désobéissance ont été signalés parmi les soldats des yeshivot hesder. L'armée a prévenu que le refus d'un de ces soldats causerait le renvoi de sa section et de sa yeshiva, prolongeant son service d'une année et demie. Dans un cas précis, on a dispersé la section de ces étudiants après que neuf de ses soldats aient refusé d'obéir.

Après le désengagement, le général Stern a réclamé la démission de deux chefs de yeshivot qui avaient encouragé publiquement le « refus » mais cette menace n'a pas été mise à exécution.

 

      Tsahal : le corps d'armée, éducation et jeunesse 

Ce corps d'armée fait partie des ressources humaines de Tsahal.

   Sa fonction :

- 1- Renforcer le sens de l'appartenance et de la responsabilité des officiers et des soldats envers l'État d'Israël, le pays, le peuple et son héritage.

- 2- Faire que les rencontres à l'armée, entre les diverses cultures des soldats soient un moyen de connaissance et de sensibilisation à la complexité de la société israélienne, et servent à en renforcer l'unité.

- 3- Aider à l'écoute, au dialogue et au respect de la dignité de la personne à l'intérieur du groupe.

- 4- Aider à la formation de l'esprit de Tsahal, entre les officiers et les soldats, à l'armée et comme citoyens de l'État d'Israël.

- 5- Armée du peuple d'un pays démocratique, elle doit renforcer la conscience de la valeur et de l'importance de Tsahal, parmi les officiers, les soldats, la jeunesse et la société.

- 6- Favoriser et réaliser l'intégration des immigrants dans Tsahal.

- 7- Développer le désir chez les jeunes, à servir de façon générale et en particulier au combat.

- 8- Centraliser et effectuer des actions nationales avec la priorité dans l'éducation, le social et particulièrement auprès des populations défavorisées.

Cécile Pilverdier

 

Connaissance d'Israël : La Samarie (1ère partie)

Géographie de la Samarie

La Samarie est située dans le massif montagneux du centre du pays d’Israël. Cette région aux collines calcaires s’étend des monts de Béthel (Baal-Hatsor, 1016 m) au sud, à la vallée de Jénine et au mont Guilboa au nord. Elle est délimitée à l’ouest par la Shephelah (bas pays) et à l’est par la vallée du Jourdain (faille syro-africaine). Les montagnes de Samarie (montagnes d’Éphraïm) se divisent en deux parties : un anticlinal à l’est, formé de roches du crétacé (secondaire) et un synclinal à l’ouest comprenant des roches de l’éocène (tertiaire). Cette deuxième section, la plus élevée, contient les monts Ebal (940 m) et Garizim (881 m). Au nord, à l’approche des vallées de Jezréel et de Beit-Shéan, il y a une nette baisse d’altitude (environ 400 m). Cette région montagneuse est traversée par des vallées tectoniques formant comme des bassins. La vallée de Sichem (Naplouse) sépare les monts Ebal et Garizim et continue à l’est en direction de la vallée du Jourdain par le wadi Fari’a. La large vallée de Dotân (vente de Joseph par ses frères, Ge. 37, 17-29) s’avance vers le mont Carmel et plus à l’intérieur du pays ce sont les vallées remplies d’alluvions: Shilo, Lubban (Ebona) et Mikhmetat. Le sol, de couleur rose (terra rosa) est très fertile et nourrit une forte population rurale, adonnée à l’agriculture (céréales, oliviers, vigne…) et à l’élevage de chèvres et de moutons comme aux temps bibliques.

Le climat est surtout méditerranéen à l’ouest et au centre. En revanche, les pentes orientales, tournées vers la vallée du Jourdain, ont un climat semi-aride. Les précipitations annuelles varient entre 700 et 800 mm d’eau. L’aquifère des monts de Judée-Samarie représente 660 millions de m3 par an, soit 35% des eaux d’Israël. Les montagnes formées de sédiments marins, retiennent une partie des eaux de pluie, créant trois parties dans cet aquifère montagneux : l’aquifère Yarkon-Tanninim à l’ouest ; l’aquifère du versant oriental de la Samarie et du désert de Judée ; et l’aquifère Naplouse-Jénine-Guilboa au nord-est des montagnes. A cette région s’applique bien le verset biblique : « Le pays que vous allez posséder est un pays de montagnes et de vallées, et qui boit les eaux de la pluie du ciel […]. » (Dt. 11, 11).

Brefs aperçus historiques de la région

De l’antiquité jusqu'au XIXe siècle

Avant la conquête du pays de Canaan par les Hébreux sous le commandement de Josué, cette région possédait quelques cités-États dont Sichem (épaule) qui vit le jour dès la période chalcolithique (IVe millénaire av. notre ère). Le nom de la ville apparaît sur les écrits de malédictions (exécrations) égyptiens du XVIIIe s. av. notre ère. Les Hyksos qui occupèrent la ville du XVIIIe au XVe siècle, la fortifièrent en renforçant les remparts par un glacis de terre. Au XVe siècle le roi Lab’aya, vassal des Égyptiens, demanda des troupes pour éloigner les envahisseurs « Habirou » (tablettes de Tell el-Amarna, XIVe s. av. notre ère).

C’est aux abords de Sichem, aux chênes de Moré, que Dieu apparut à Abram (Abraham) disant : « Je donnerai ce pays à ta descendance […]. » (Ge. 12, 7). Jacob, de retour de chez Laban, acheta aux fils de Hamor une parcelle de terrain dans le voisinage de Sichem (Ge. 33, 19), et, d’après le récit biblique, c’est là que les ossements de Joseph furent enterrés (Jos. 24, 32). Les fils de Jacob, pour venger l’outrage fait à leur sœur Dina, usèrent d’un stratagème afin de piller la ville (Ge. 34). C’est sur le mont Garizim et le mont Ebal, de part et d’autre de la vallée (défilé) de Sichem, que les malédictions et bénédictions furent récitées devant tout le peuple d’Israël selon les prescriptions de Moïse (Jos. 8, 30-35 ; Dt. 27). Á la conquête du pays de Canaan par Josué et les tribus d’Israël, la ville, devenue lieu de refuge, fut la possession des Lévites (Jos. 20, 7 ; 21, 21).

Abimélec, fils de Gédéon et de sa concubine originaire de Sichem, régna trois ans sur Israël avec l’aide des habitants de la ville. Ceux-ci, s’étant retournés contre lui, il rasa leur ville et y répandit du sel (Jg. 9). Au Xe siècle, Jéroboam, fils de Nebath, rebâtit la ville après y avoir été proclamé roi d’Israël par les dix tribus du nord qui rejetèrent Roboam, fils de Salomon (1 R. 12, 1-26). Jéroboam établit sa résidence à Tirtsa qui devint pendant un demi-siècle (935-880) la capitale du royaume d’Israël, jusqu’à ce que le roi Omri choisît Samarie (1 R. 16, 23).

Détruite lors de la conquête de l’Assyrien Sargon II en 721 av. notre ère, la ville fut repeuplée par des Babyloniens et d’autres étrangers (2 R. 17, 24-41) tandis que l’élite d’Israël était conduite en captivité. Les nouveaux venus prirent le nom de Samaritains. Les ruines de l’ancienne cité peuvent être visitées à Tell Balatah. Les fouilles archéologiques du début du XXe siècle ont permis d’exhumer d’imposantes fortifications de l’âge du Bronze, dont un tronçon de muraille en appareil cyclopéen à casemate datée du XVIIe s. av. notre ère, attribuée aux Hyksos. Les fondations d’une citadelle, peut-être celle incendiée par Abimélec, et les ruines d’un grand temple identifié à celui dédié à Baal-Berith (Jg. 9, 46-49), furent également mises au jour. Très proche du tell un petit édifice coiffé d’un dôme abriterait le tombeau de Joseph. Au village arabe d’Askar, Sychar du Nouveau Testament, dans l’enceinte d’une église grecque orthodoxe, le puits de Jacob, profond de 40 mètres, est encore un lieu de pèlerinage (Ge. 33, 19 ; Jn. 4, 5-42).

Toute la région de la Samarie devint la propriété des fils de Joseph : Éphraïm et Manassé (Jos. 16-17). La Bible la désigne sous le nom de montagne d’Éphraïm (Jos. 17, 15).

Pendant la période des Juges c’est à Silo (Khirbet Sailun) que le peuple d’Israël se rassemblait pour célébrer le Seigneur car Josué y avait dressé la tente d’assignation qui abritait l’Arche d’Alliance. Á l’occasion d’une fête annuelle, les Benjaminites s’emparèrent des jeunes filles de Silo (Jg. 21, 19-21). Samuel servit le Seigneur à Silo jusqu’à la prise de l’Arche par les Philistins en 1050 (1 S. 4). Une mission archéologique danoise a exploré le tell en quatre campagnes de fouilles. Leurs résultats sont relativement décevants : quelques vestiges d’occupation cananéenne, murailles, sépultures… Les trois campagnes depuis 1981, sous la direction du Dr I. Finkelstein, ont dégagé une muraille du Bronze Moyen et des structures de la Période du Fer contenant des objets cultuels, preuves de l’existence d’un haut-lieu.

C’est de la ville de Samarie que les rois d’Israël régnèrent jusqu’à la destruction du royaume du Nord. Le roi Omri, fondateur d’une nouvelle dynastie, y fit construire sa capitale en 876 : « Il acheta de Chémér la montagne de Samarie pour deux talents d’argent ; il bâtit sur la montagne et donna à la ville qu’il bâtit le nom de Samarie (Shomron), d’après le nom de Chémér, propriétaire de la montagne. » (1R. 16, 24). Son fils Achab épousa Jézabel, une princesse phénicienne, et « il éleva un autel à Baal qu’il bâtit à Samarie et il fit une idole d’Astarté » (1 R. 16, 29-32). La ville subit l’influence phénicienne dans son architecture, sa religion et son commerce. Le prophète Élie combattit l’idolâtrie et l’immoralité de cette ville. Les châtiments du Dieu d’Israël furent prononcés par de nombreux prophètes (Ésaie, Jérémie, Ézéchiel…). Le roi de Syrie, Ben-Hadad II, contemporain d’Achab, assiégea en vain Samarie (1 R. 20, 1-21). Son père avant lui avait obtenu l’ouverture de commerces syriens dans les rues de la ville. Elle restera la capitale du royaume d’Israël jusqu'à sa destruction par Sargon II en 721 av. notre ère, après avoir été soumise à Salmanasar V qui l’assiégea en 724. La ville détruite, la population du royaume d’Israël fut emmenée en captivité : « La neuvième année d’Osée, le roi d’Assyrie prit Samarie et déporta Israël en Assyrie. Il les fit habiter à Halah et sur le Habor, fleuve de Gozan, ainsi que dans les villes des Mèdes » (2 R. 17, 6). L’importance de cette ville était telle que toute la région d’Éphraïm portait le nom de Samarie.

Les maîtres babyloniens, perses et grecs régnèrent sur la Samarie dont la population était métissée. Sous la domination des Perses le pays fit partie de la satrapie « Abarnaharah » (au-delà de la rivière, i.e. l’Euphrate). En 331, Alexandre le Grand s’empare de la ville et l’hellénise en y implantant une colonie syro-macédonienne. Elle est ensuite reconquise en 108 av. notre ère par le roi Asmonéen Jean Hyrcan qui la détruit après une année de siège (Ant.13, 18). Pompée en 63 av. notre ère la rend à ses anciens propriétaires. Cédée par Auguste à Hérode le Grand elle est magnifiquement rebâtie et, pour la gloire de son patron, portera le nom de Sebastos : « Il fit bâtir aussi dans le territoire de la Samarie une ville parfaitement belle, qui avait vingt stades de circuit et qu’il nomma Sébaste, c’est-à-dire Auguste. Entre autres édifices dont il l’embellit, il y bâtit un très grand temple, devant lequel il y avait une place de trois stades et demi, et le consacra à Auguste. Quand à la ville il la peupla de six mille habitants, leur donna d’excellentes terres à cultiver, et les rendit heureux par les privilèges qu’il leur accorda. » (Guerre 1, 16). Sous Septime Sévère (vers 200), en devenant une colonie romaine, elle prend le nom de Colonia Lucia Septima Sebaste. Á l’époque byzantine elle n’est plus « qu’une petite ville » (Eusèbe de Césarée). Elle est cependant le siège d’un évêché et Macrinus participa au concile de Nicée en 325. Ensuite elle subit l’invasion des Perses (614) et des Arabes (636). Sous les Croisés un comte dirigeait cette ville épiscopale jusqu'à la conquête de Saladin (1187). L’église byzantine de Saint Jean-Baptiste fut relevée à cette époque.

Entre Sichem et Jénine (route N° 60), sur une colline de 90 mètres de haut se dressent, dans le petit village arabe de Sebastiya, les vestiges de cette antique cité israélite, gloire d’Éphraïm. Á ses pieds s’étend la merveilleuse vallée de Samarie : « Malheur à la couronne superbe des ivrognes d’Éphraïm, à la fleur fanée, qui fait l’éclat de sa parure, sur la cime de la fertile vallée de ceux qui s’enivrent ! » (És. 28, 1, 4). Les premières fouilles effectuées dès le début du XXe siècle, par des professeurs de l’université américaine de Harvard (1908-1910), mirent au jour des ruines du palais d’Omri et d’Achab. Plusieurs campagnes de fouilles permirent d’exhumer le passé de Samarie. Des milliers de morceaux d’ivoire, dont certains gravés, représentaient des lions, des sphinx, les dieux Isis et Horus, montrent l’influence égyptienne sur le royaume d’Israël. Certaines de ces pièces étaient incrustées de lapis-lazuli, tandis que d’autres étaient recouvertes d’or. Ces découvertes ont confirmé le récit biblique qui mentionne la maison d’ivoire du roi Achab (1 R. 22. 39), décriée par le prophète Amos : « Malheur à ceux qui vivent tranquilles dans Sion et en sécurité sur la montagne de Samarie […]. Ils reposent sur des lits d’ivoire, ils sont voluptueusement étendus sur leurs tapis » (Am. 6, 1-4). Une piscine cimentée au nord du palais d’Achab est peut-être l’étang où les chiens léchèrent le sang d’Achab. Dans un des magasins du palais, des ostraca (75) portaient des inscriptions en paléo-hébreu. Ce sont des notes relatives au paiement d’impôts, sous forme d’huile et de vin perçus par les intendants et acheminés vers les entrepôts royaux. Les noms sur ces documents sont révélateurs de l’influence syro-phénicienne (Abiba’al, Ba’almazar, etc.) malgré la persistance des noms théophores en Yahvé (Joaidel, Jo’ash, etc.). Le site présente encore les ruines du forum romain, la basilique civile, les restes de l’hippodrome, la rue romaine à portiques, l’acropole et le temple d’Auguste construit par Hérode le Grand…

La ville de Sichem connût le même sort que Samarie en 721 av. notre ère. Sous Alexandre le Grand des Samaritains s’installèrent sur les ruines de l’antique Sichem à cause de la proximité de leur montagne sacrée. Flavius Josèphe mentionne que Sichem était leur capitale à l’époque hellénistique (Ant. 11, 8), se développant sous les Ptolémées et les Séleucides. Détruite de fond en comble par Jean Hyrcan en 128 av. notre ère (Ant. 13, 17) elle revoit le jour sous le nouveau nom de Flavia Neapolis (Naplouse, en arabe Nablus). C’est en l’honneur de son père, l’empereur Vespasien, que Titus reconstruit une polis (cité) en l’an 72 à proximité des ruines de l’antique cité (Tell Balatah).

En montant au Garizim on peut rendre visite à la communauté samaritaine, de quelques centaines d’âmes seulement. Les ruines de leur ancien lieu de culte, des temples païens d’Antiochos IV, d’Hadrien et d’une église byzantine jonchent encore le sommet de la montagne sacrée. Cette communauté y place le lieu du sacrifice d’Abraham et sa rencontre avec Melchisédech. L’origine du culte remonte seulement aux V-IVe s. av. notre ère quand un temple fut érigé provoquant un schisme entre cette communauté et les Juifs. Á Pâque, les Samaritains sacrifient comme leurs ancêtres un agneau par famille, respectant scrupuleusement les ordonnances du livre de l’Exode.

Il est certainement dangereux de se rendre aujourd’hui au cœur de la Samarie, mais ce n’est pas nouveau, car au temps de Jésus les Juifs et les Samaritains étaient des frères ennemis. Les Samaritains, considérés comme des hérétiques par les Juifs, firent de Sichem leur principale cité et du mont Garizim leur montagne sainte. Les Juifs, au retour de leur captivité de Babylone, firent face à l’opposition des Samaritains. Quand Sanballat le Horonite (Beit-Horon, à la frontière de Benjamin et d’Éphraïm) apprit que les Juifs, sous le commandement de Néhémie, reconstruisaient les murailles de Jérusalem, il les couvrit de mépris : « […] il fut en colère et très mécontent. Il se moqua des Juifs. Il dit devant ses frères et devant les soldats de Samarie : Que font ces Juifs impuissants ? Les laissera-t-on faire ? Sacrifieront-ils ? Vont-ils achever ? Redonneront-ils vie à des pierres ensevelies sous des monceaux de poussière et incendiées ? » (Né. 3, 33-34). Hostiles aux Juifs ils se rangèrent aux côtés de Rome pendant la première révolte juive (66-73). Cependant Jésus osa s’y aventurer avec ses disciples et, au puits de Jacob, s’adressant à la Samaritaine, prononça cette phrase célèbre : « Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. » (Jn. 4, 21). Á l’époque byzantine la ville fut le siège d’un évêché bien que les chrétiens eurent des démêlés avec les Samaritains. Dès 636 des mosquées furent élevées à l’emplacement des églises byzantines. La reine croisée Mélisende - quand son fils Baudouin III réclama le trône en 1152 - se retira dans la seigneurie de Naplouse jusqu’à sa mort en 1161.

Après les croisades, les Mamelouks d’Égypte (1250-1517) divisèrent le pays (la Grande Syrie) en sept régions « Mamlakas ». Celle de Damas contrôlait la Judée, la Samarie et le nord de la Transjordanie. Sous les Turcs (1517-1917), le gouverneur de la province « vilayet » de Damas dirigeait la plus grande partie du pays d’Israël divisé en districts « Sandjaks » dont celui de Naplouse qui fut rattaché en 1887 au vilayet de Beyrouth. Au début de l’occupation ottomane, sous le règne de Soliman le Magnifique (1520-1566), tout le pays connut une certaine prospérité mais la corruption de la Sublime-Porte conduisit peu à peu le peuple et la région dans la pauvreté. Vers le milieu du XIXe siècle un changement s’opère dans tout le pays, principalement dans les domaines politiques, économiques et démographiques, provoqué par l’intérêt des nations européennes et l’arrivée des pionniers juifs…

 

De la période biblique, d’Abraham aux rois d’Israël, que de noms et d’évènements résonnent dans nos oreilles, que d’images nous nous sommes inventées en écoutant les récits richement ornés de symboles et de poésie ! Nous imaginons les patriarches avec leurs troupeaux se déplaçant sur la route des crêtes des monts de Samarie et de Judée, entre Sichem et Beer-shev’a, passant par Silo, Béthel, Aï, Jébuse, Bethlehem et Hébron. Nous imaginons aussi Jésus et la Samaritaine au puits de Jacob, les disciples Philippe, Pierre et Jean prêchant la Bonne Nouvelle du Royaume sur les collines de Samarie (Ac. 8, 5-25).

En admirant cette région montagneuse on ne peut s’empêcher de penser aux textes prophétiques annonçant un renouveau : « De loin l’Éternel se montre à moi : Je t’aime d’un amour éternel ; c’est pourquoi je te conserve ma bienveillance. Je te rebâtirai, et tu seras rebâtie, vierge d’Israël ! Tu auras encore tes tambourins pour parure et tu sortiras au milieu des danses de ceux qui s’égaient. Tu planteras encore des vignes sur les montagnes de Samarie ; les planteurs planteront et récolteront. Car il est un jour où les gardes crient sur les monts d’Ephraïm : Levez-vous, montons à Sion vers l’Éternel notre Dieu ! » (Jé. 31, 3-6).

(Lecture proposée : Flavius Josèphe, Histoire ancienne des Juifs et la guerre des Juifs contre les Romains, éd. Lidis, Paris, 1982 ; George A. Smith, The historical geography of the Holy Land, pp. 216-246, Ariel publishing house, Jerusalem, 13e éd., 1966 ; La Terre Sainte, du Jourdain à la Samarie, sous la direction de Jacques Briend, vol. 1, Bayard Compact, Paris, 2003).

                                                                      Loïc Le Méhauté

Vie quotidienne :Yad Sarah

« Le peuple aide le peuple » peut être la devise de Yad Sarah, la plus grande organisation de volontaires en Israël avec 6 000 bénévoles. Une famille sur deux a bénéficié des services de Yad Sarah. Mais quel est ce service si largement répandu ? Lorsqu'on connaît la préhistoire de cette organisation, on peut constater comment l'initiative d'un homme qui a eu besoin d'un appareil médical et, surtout, qui a vu les besoins des autres, a fait boule de neige.

En 1970, un jeune professeur d'école religieuse, marié, père de deux enfants, a emprunté à un voisin un inhalateur pour l'un de ses enfants malade. D'autres voisins viennent lui emprunter cet inhalateur. Voyant le besoin, il achète d'autres appareils pour les prêter. D’autres encore lui donnent alors des appareils qu'ils avaient chez eux et qu'ils n'utilisaient plus. Ce jeune professeur est Uri Lupolianski, actuellement maire de Jérusalem, père de douze enfants et grand-père de nombreux petits-enfants. Le petit appartement se remplit de toutes sortes d'appareils dont les gens ont besoin : inhalateurs, béquilles, ambulatoires et même des chaises roulantes.

En 1976, son père Yaakov Lupolianski prend sa retraite, vend son petit commerce de chaussures et donne les 30 000 lires à son fils pour aider les familles nécessiteuses qu'il voyait défiler dans la maison d'Uri. Cet argent permit l'achat de nouveaux appareils médicaux. C'est alors que l'association à but non lucratif, Yad Sarah, est créée en souvenir de la grand-mère paternelle de Uri Lupolianski, Sarah, qui a péri dans la Shoah. (le mot yad veut dire mémorial). Un lieu a été offert par la ville près de l'hôpital Bikour Holim rue des Prophètes. On peut voir, encore aujourd'hui, les deux bus désaffectés où l'on pénétrait pour louer des appareils médicaux, une vraie caverne d'Ali Baba pleine de trésors utiles. L'idée se répand rapidement et plus de cent succursales fonctionnent dans tout le pays.

Cette année Yad Sarah a fêté ses trente ans. Une amie bénévole me disait : « C'était beau et sobre. » Simplicité et efficacité étaient ses mots pour décrire le travail de ce centre, « où, ajoutait-elle, on retrouve les anciennes valeurs d'Israël », sous entendu les valeurs du Kibboutz : travail, créativité, gratuité.

Il est bien vrai que le grand et splendide bâtiment nouvellement construit sur le boulevard Herzl me paraissait un peu trop luxueux par rapport à la simplicité des deux bus de la rue des Prophètes ; mais quelle ne fut pas ma surprise en pénétrant pour la première fois dans ce grand bâtiment, il y a quelques semaines, de constater qu'à l'intérieur il n'y a aucun luxe. L'entrée est vaste, on sait tout de suite où se diriger pour demander conseil, pour emprunter ou rendre les appareils médicaux. La cafétéria est simple et bon marché. Lorsqu'on monte visiter les étages, on a vraiment l'impression d'une usine de bénévoles, une ruche où chacun a une activité bien précise. Dans les salles au rez-de-chaussée où une partie des appareils à prêter est entreposée, nous nous étonnions : « Ces chaises roulantes sont neuves ! Vous les avez achetées ? » Il n'y a pas eu de réponses, mais, en visitant les ateliers de réparation, nous avons compris pourquoi ces chaises paraissaient flambant neuves. Elles sont nettoyées, réparées, remises à neuf; il en est de même pour tous les appareils, pèse-bébés, moteurs pour les matelas médicaux, etc. Et tous ces ouvriers sont des retraités bénévoles, le plus jeune a soixante-dix ans. L'un d'eux nous dit qu'il a quatre-vingt quatre ans et qu'il travaille dans cet atelier de huit à douze heures, cinq jours par semaine, cela depuis vingt ans. Un autre venu d'Amérique était plombier…

Yad Sarah a voulu transformer la notion de retraité en proposant à des Israéliens de tout âge une activité normale en tant que volontaires. C'est ainsi que beaucoup de retraités de Yad Sarah, après leur carrière, se donnent à fond dans un volontariat en lien avec leur spécialité. Mais il y a tous les âges parmi les bénévoles. Des jeunes filles font leur service national à Yad Sarah. Dans les transports d’handicapés par minibus, il y a beaucoup de jeunes hommes religieux. Ce sont souvent les bénévoles eux-mêmes qui voient les besoins et inventent un service, comme celui du bracelet d'alarme qui permet à une personne seule chez elle d'avertir en cas de chute ou de malaise. Au début, ce furent surtout des juifs orthodoxes qui donnaient de leur temps ; aujourd'hui beaucoup de retraités juifs, arabes musulmans ou chrétiens et druzes, donnent de leur énergie et de leur compétence pour élargir le champ d'action.

« Cette organisation de volontaires qui apporte de l'aide à domicile et des services parfaitement adaptés à tous ceux qui en ont besoin est l'antithèse de la bureaucratie israélienne » écrit Judy Siegel-Itzkovich dans Jerusalem Post, le 7 juillet 2006. « Il existe actuellement 103 branches dans le pays pour apporter de l'aide et de l'amour de façon efficace et humaine que les nécessiteux ne trouvent pas toujours. » Mais ce ne sont pas que les nécessiteux qui ont recours à Yad Sarah. Juifs, Musulmans ou Chrétiens de toute classe reçoivent de l'aide, depuis la femme du président Herzog ou de l’épouse de Menahem Begin, jusqu'au touriste de passage. Un accident est toujours soudain et inattendu, et, même si l'on a de l'argent pour acheter le matériel, on ne sait où se tourner pour l’acheter.

Voici ce que dit Uri Lupolianski, interviewé par Jerusalem Post : « Si j'avais su que ce projet allait prendre une telle dimension, j'aurais eu peur ! Mais Yad Sarah a forgé un vrai changement en Israël, une révolution sociale et médicale. En 1976, il n'était pas évident que les malades seraient mieux à la maison qu’à l’hôpital. Maintenant tout le monde comprend qu'il y a des microbes à l’hôpital. De plus vous n'y êtes qu'un malade passif, on s'occupe de vous. A la maison, vous êtes responsable de votre santé. » Á l'époque, Lupolianski avait consulté le chef de service de cardiologie à Hadassa Ein Karem qui avait dit : « Le plus grand problème est celui des malades du coeur qui ont besoin d'oxygène à la maison. » Et le directeur du centre médical du même hôpital fut enthousiasmé par ce projet de prêt. C'est ainsi que Yad Sarah permet aujourd'hui à l'État d'économiser 320 millions de dollars par an par rapport aux frais d’hospitalisation et de soins à long terme.

Le budget annuel de Yad Sarah s'élève à 70 millions de shekels, sans aucune aide de l’État. 80 % des dons viennent de bienfaiteurs israéliens qui ont bénéficié de l’aide. Yad Sarah est apolitique. Les gens voyant l'impact de cette organisation désirent aider.

En 1985, Yad Sarah a acheté ses premiers minibus pour transporter les handicapés en chaises roulantes à un rendez-vous médical ou même à une réunion familiale. Pour certains, c'est la seule possibilité qu'ils ont de sortir de chez eux.

En 1988, une salle d'exposition a été créée pour permettre à l'handicapé de choisir le matériel lui donnant la possibilité de rester indépendant. « Nous sommes de plus en plus professionnels. Un comité se renseigne sur l’équipement moderne le plus utile et efficace. Avant de l’acheter, nous testons l’appareil chez des patients. Nous voulons être à la pointe des techniques médicales spécialisées. »

La palette des services est très étendue. Déjà le service de prêt est varié, depuis la simple bouillotte jusqu'au moniteur cardiaque, le service de repas à domicile, l’installation d’ordinateurs dont les bénévoles viennent enseigner l’usage. Par la suite, si on le désire, on peut acheter l'ordinateur. Des dentistes donnent une matinée par semaine pour soigner gratuitement les personnes âgées.

Il y a des centres de réhabilitation pour des jeunes ou moins jeunes ayant souffert de traumatismes. Pour des bébés et de jeunes enfants ayant des problèmes moteurs ou psychologiques, des salles de jeux sont aménagées. La maman peut venir avec son bébé le matin, les grands frères ou soeurs viennent l'après midi jouer avec le petit frère. Ces familles sont envoyées par un centre médical avec tous les dossiers de l'enfant.

Des volontaires visitent à domicile les personnes seules qui ne peuvent pas sortir et leur apprennent divers travaux manuels. On vient aussi enseigner la Tora à des personnes seules. Il existe également un programme qui s'appelle : « l'histoire d'une vie ». Les volontaires visitent la personne âgée plusieurs fois et l'interviewent en hébreu, en anglais, en français en allemand ou en yiddish. L’histoire est ensuite transcrite, un livre est édité avec photos et couverture en couleur. S’il s’agit d’un rescapé de la Shoah, un exemplaire est envoyé à Yad Vashem. Toujours pour les personnes âgées, il y a des cours de français, d’anglais et d’hébreu.

Des salles avec des machines à coudre s'ouvrent à une vingtaine de femmes deux fois par semaine. On peut acheter leurs ouvrages dans le magasin de cadeaux à l'entrée : habits d'enfants tricotés mains, couvertures de bébés, coussins, etc.

Yad Sarah est aussi influente à l’étranger. Meir Handelsman qui a travaillé pendant trente-deux ans au ministère de la Santé, est actuellement à Yad Sarah responsable des relations professionnelles avec des organisations étrangères. Il raconte qu'en 1988, après l'effondrement de l'Union Soviétique, l’organisation a voulu aider les Juifs de la diaspora. Cela a commencé à Saint-Pétersbourg où la communauté juive était très âgée. Yad Sarah a créé un centre de prêt avec l'argent de l’Appel juif unifié, ainsi qu'un atelier de réparation dans cette ville. Par la suite, il y eut une dizaine de centres semblables dans l'Ex-URSS. Le ministre de la Santé d’Ouzbékistan visita l’exposition d’équipements à Yad Sarah et demanda qu’on installe de pareils centres dans son pays. Yad Sarah est active actuellement au Cameroun, en Angola, en Corée du sud, au Salvador, en Jordanie et en Turquie. Pour ces deux derniers pays, c'est la première fois qu'il y a une collaboration entre une organisation juive et une organisation musulmane. En Angola, après quarante et un ans de guerre d’indépendance suivie de guerre civile, il restait des quantités de mines personnelles dans les champs, et des milliers de personnes furent handicapées. Il y avait bien des chaises roulantes, mais lorsqu'elles étaient cassées, personne ne savait les réparer. Le ministre des Affaires étrangères d’Israël donna de l’argent pour y installer des ateliers de réparation, et Yad Sarah forma une vingtaine de techniciens. Pour cette aide à l’étranger, les frais sont pris en charge par le ministère des Affaires étrangères et par des organisations du pays lui-même, alors que les dons faits à Yad Sarah sont réservés à Israël.

Les États-Unis, en revanche, n'ont pas accepté ce projet de prêt. Les organisations qui offrent de l'aide médicale font des affaires. Des Juifs ont essayé de créer un système de prêt comme en Israël, mais cela a échoué. Là-bas, le client doit acheter son équipement et non l’emprunter, si bien qu’il y a des centaines de milliers de chaises roulantes dans les garages. On les garde comme souvenir !... Handelsman fait cette réflexion : « Ce serait bien que la Croix Rouge américaine collecte ces chaises et les donne en Afrique ! »

Meir Handelsman est fier d'être aussi à l'origine de l'ouverture de douze sections d'équipement dans les hôpitaux en Israël. La famille peut maintenant se procurer le matériel nécessaire à l'hôpital même selon la taille du malade, sans avoir à courir au centre. « Aucun pays dans le monde n’a les services qu’offre Yad Sarah aux Israéliens. »

Judith Intract, autrefois secrétaire de Uri Lupolianski, est actuellement directrice générale. On peut la voir venir à pied de bonne heure au centre et en repartir tard le soir. Lupolianski reste président honoraire et espère bien revenir à « son enfant » après son mandat de maire à Jérusalem.

Personnellement j'avais remarqué la disponibilité des hommes religieux qui transportaient une amie handicapée de sa maison à l’hôpital, ou de ceux qui lui apportaient une bonbonne d'oxygène. Toujours ils plaisantaient et apportaient une parole d'espérance. Dans le Jerusalem Post déjà cité, on peut lire le témoignage d'une femme dont le mari était paralysé suite à une attaque. D'après les médecins, il ne marcherait plus jamais. Une volontaire la visitant la consola et lui dit : « Il n'y a pas que les médecins. Il peut se produire des miracles. » Une année après, cette femme téléphonait pour dire que son mari marchait et qu'il avait même dansé au mariage de son fils.

Elaine Pomerantz, une handicapée, a fait son aliya de New York il y a huit ans. Depuis sept ans elle se consacre à Yad Sarah. Nous l’avons vue rayonnante sur sa chaise roulante électrique qu’elle manoeuvre de sa main gauche. « Yad Sarah, dit-elle, a réparé ma chaise qui s’était abîmée dans l'avion à mon arrivée en Israël. Maintenant je donne des conseils aux handicapés, Israéliens et touristes, désirant visiter Israël en fauteuil roulant. »

Avec l'équipement, c'est aussi l'espoir qui est offert.

                                                                      Suzanne Millet

Haïfa après la guerre : Un centre de soins pour enfants en difficulté s'ouvre aux traumatisés

La guerre du Nord n'a duré qu'un mois mais les conséquences pourront s'étendre sur des années. En particulier les répercussions au niveau de la population de Haïfa et de tout le nord du pays, population de Juifs, d'Arabes musulmans et chrétiens et de Druzes.

Un voyage de solidarité organisé par la Wizo (Women International Zionist Organisation) section francophone de Jérusalem, le 4 octobre, permit aux participants de mieux réaliser ce que fut le vécu de ce mois d'août à Haïfa : 12 morts, 273 blessés, 483 maisons endommagées, 10 047 personnes réfugiées dans les abris ; 2 600 bénévoles, 360 familles secourues. Nous avons pu également mesurer le rôle joué par la mairie, les institutions et associations humanitaires, ainsi que le consul de France de cette ville.

Beaucoup de familles s'étaient réfugiées dans le centre ou le sud du pays, accueillies par des familles ou des instituts. Des milliers d'enfants ont pu également profiter de camps organisés pour eux. Cette immense tente dressée par un millionnaire philanthrope Arkady Gaydamak à Nitzanim, sur la côte entre Tel Aviv et Ashdod, en est un exemple.

Mais les dégâts d'une guerre ne se terminent pas avec le cessez-le-feu. Toute une population en reste marquée profondément, ceux qui ont perdu un proche, bien sûr, mais aussi tous ceux ayant vécu quatre semaines dans la peur, l'angoisse, le bouleversement intérieur ou extérieur, reclus dans les abris ou dans les maisons. Les enfants en particulier, souvent les plus vulnérables, mais aussi les personnes âgées, les solitaires, les nouveaux immigrants, les pauvres, les malades.

Dès la rentrée scolaire en septembre, les services sociaux et éducatifs de la ville se sont mobilisés pour parer au plus urgent, envoyer des assistants sociaux et des psychologues dans les écoles et dans les familles pour…. faire parler. Mais il y a toujours ceux qui ne parlent pas, s'enlisent dans leur silence, et passent entre les mailles de l'aide sociale de la municipalité, ceux pour qui « nous ne pouvons rien ».

Le « Centre de Haïfa d'aide aux enfants souffrant de problèmes scolaires », appelé l'Institut Ha-La-Cha, était là, prêt pour répondre à ces urgences, aux cris silencieux de ceux-là.

A) L'Institut Ha-La-Cha. Il a été fondé il y a onze ans par le médecin pédiatre Jérémie Lubash, lui-même religieux et père d'une famille nombreuse. Beaucoup voient en lui un véritable « tsadik », un juste. Il gagne sa vie le matin comme pédiatre et consacre le reste de son temps à cette oeuvre, en tant que volontaire : « La joie que me donne ce travail auprès des enfants en difficulté, c'est plus qu'un salaire ! » L'ancien maire de la ville, Amram Mitzna, conscient de l'importance de ce centre, lui offrit pour son oeuvre une ancienne maison en belles pierres, au centre ville.

Entrer dans ce centre, rencontrer Jérémie Lubash, l'entendre nous parler de son désir de guérir, d'ouvrir un avenir aux plus défavorisés, voir sur son visage la joie refléter l'amour, c'est réaliser que les enfants « en panne » peuvent trouver un lieu pour se mettre en marche, les assoiffés d'amour et d'écoute, une fontaine.

« Ce centre me permet d'être moi-même » dit Shiva, une fillette « à problèmes » de sept ans. « Vous m'avez donné un nouvel enfant » dit en souriant la mère d'un fils de trois ans.

Le programme du centre

200 enfants et leurs familles sont inscrits dans ce centre et bénéficient de traitements appropriés à leur âge et à leur handicap.

1 : Le centre thérapeutique, pour enfants scolarisés normalement dans les écoles de la ville, mais ayant des difficultés à apprendre, dyslexie... Une centaine d'enfants de quatre à dix-huit ans sont pris en charge, deux ou trois fois par semaine, par des thérapeutes spécialisés dans différentes méthodes de soin : théâtre, musique, arts, dessin, danse, contacts avec des animaux domestiques, etc. Découvrir le véritable besoin et l'handicap de l'enfant et le traiter, c'est lui permettre de reprendre confiance en lui et lui redonner le goût et la possibilité d’apprendre, de vivre.

2 : Le « Maon » : une crèche pour les enfants de six mois à trois ans qui, à cause de troubles de développement, ne peuvent trouver leur place dans les crèches de la ville. Elle est ouverte de 7 à 16 heures. Là aussi est dispensée une gamme variée de thérapies. Cette crèche est également ouverte aux enfants sans problème, afin de favoriser le processus de guérison des autres.

3 : Un jardin d’enfant : une école maternelle pour enfants de trois à six ans dans laquelle sont utilisées les mêmes thérapies.

4 : Le « Moadonit » : un club ouvert l'après midi. Trente enfants y sont accueillis actuellement venant de familles défavorisées. Leurs parents travaillant tard le soir, les enfants se retrouvent seuls à la maison au retour de l'école. Ce sont surtout des enfants de nouveaux immigrants de Russie (très nombreux dans le quartier de Hadar où se trouve le centre), des Arabes et des familles monoparentales. Son but est d'aider les enfants de sept à douze ans sur le plan scolaire, en particulier pour l'hébreu, et aussi de mettre à leur disposition des activités de détente et… un repas chaud.

Sans être absolument gratuit, ce centre ne demande qu'une participation très modique aux familles qui y sont reçues.

5 : Un centre de thérapie familiale, où une psychologue et une assistante sociale traitent les relations entre parents et enfants.

B) Soins des troubles psychiques et somatiques dus aux événements de ces dernières années.

Á la suite des attentats terroristes survenus à Haïfa en 2002, ce centre, en accord avec la municipalité, a ouvert un département spécial pour le traitement des enfants et adultes victimes ou traumatisés par ce qu'ils ont vu, vécu ou entendu.

Puis il y eut, en août, la guerre du Liban et les roquettes qui s'abattaient sur le nord du pays. « Nous mesurons actuellement les effets de la guerre sur la population. Ceux qui, pendant des semaines, avaient peur de ne pouvoir arriver à temps dans un abri, les personnes âgées, les mères de familles nombreuses, les enfants vivant dans l'angoisse, même réfugiés au sud du pays, la vie dans les abris, le bouleversement de ces quatre semaines, » disait Sharona Stanhill, l'une des responsables.

D'où l'apparition au sein de cette population de troubles psychiques et somatiques : angoisses, perte de tonus, de mémoire, de sommeil, incapacité de travailler ou d'étudier, dépression.

L'Institut Ha-La-Cha proposa de nouveau ses services à la municipalité ainsi que l'utilisation de nouvelles thérapies particulièrement adaptées à ce genre de traumatisme.

La chambre de thérapie Snoezelen

Un lieu, une chambre fermée, où plus rien n'agresse. On y entre après avoir retiré ses chaussures. Le sol est recouvert de matelas en plastique gonflés d'eau… sur lesquels il est doux de marcher. Là, tous les sens sont agréablement stimulés : des sons, des lumières, des odeurs, des sensations apaisantes. L'enfant ou l'adulte s'y sent comme tout à nouveau dans le ventre de sa mère. Ceux dont les troubles proviennent de la violence, du terrorisme, de la haine, de la guerre et de tous ses méfaits, reprennent souffle peu à peu. La méfiance s'estompe, la confiance renaît et permet de nouveau l'ouverture et la communication.

La technique de la chambre Snoezelen est venue de Hollande. En 1999 Haïfa a été la première ville à l'incorporer dans ses méthodes de thérapies.

Toutes les autres thérapies du centre sont également mises à la dispositions de la population traumatisée par la guerre, depuis la chambre Snoezelen jusqu'au contact avec les animaux domestiques, en passant par la psychothérapie et la thérapie créative.

L'Institut Ha-La-Cha, un centre qui non seulement a son programme, son personnel et ses bénéficiaires, mais qui est prêt à s'ouvrir aux nouvelles réalités et aux besoins imprévus dus aux événements.

Et comme le disait une responsable d'une association humanitaire : « Ce que nous avons compris pendant cette guerre, c'est qu'il nous faut nous préparer plus sérieusement pour ce qui peut encore nous arriver ! »... Israël n'est pas une « chambre Snoezelen » !

                                                            Antoinette Brémond

Culture : Galei Tsahal

 

Galei Tsahal (les ondes de Tsahal), est la station radio nationale de l'armée, dépendant du budget de la Défense.

Les émissions comportent des nouvelles journalières, des programmes d'actualités, de culture, des concerts, des magazines sur des sujets de l'armée, de la sécurité et autre. Parmi les émissions les plus écoutées de la chaîne, citons : « Bonjour Israël », « Les dernières 24 heures », « Oiseaux de nuit », « L'université à la radio », « L'heure d'histoire », « La voix de maman »...

Une des caractéristiques de Galei Tsahal, est le mélange des soldats mobilisés comme journalistes, reporters, rédacteurs, producteurs, présentateurs des nouvelles, et des magazines et techniciens, etc. A côté d'eux dans la station, travaillent des journalistes et des civils employés par Tsahal. Ce mélange a fait que Tsahal est une pépinière qui forme des journalistes et des gens de la communication, qui plus tard seront employés dans le journalisme et les différents médias.

Parmi les noms de ceux qui ont été formés par Galei Tsahal nommons : Rafi Reshef, Erez Tal, Evry Gilad, Illana Dayan, Yakov Eylon, Geula Even, Oded Ben Ami, etc.

Les bureaux de Galei Tsahal sont situés à Jaffa, rue Yehuda Ha Yamit. La station a aussi une antenne à Jérusalem.

L’histoire de Galei Tsahal.

Galei Tsahal a commencé ses émissions le 24 septembre 1950, à 18 heures 30. Après un son de trompette et le chant de la « Tikva », c'est le chef du gouvernement et ministre de la défense d'alors, David Ben Gourion, qui a ouvert les émissions. Galei Tsahal a été créé comme prolongation de la station d'émission de la Hagana (cf. un écho n°31) qui émettait de Jérusalem et de Tel Aviv.

Galei Tsahal a été reconnu légalement en 1956, dans le paragraphe 48 de la loi sur la radio, lui donnant son appartenance gouvernementale.

Pendant de longues années la station a émis, surtout pour les soldats, des émissions musicales dédicacées et divers programmes sur Tsahal. En 1973, après la guerre de Kippour, la station a émis 24 heures sur 24, et a élargi son audience à tous les citoyens, ajoutant des programmes de nouvelles et d'actualité.

En 1983, le chef d'État-major, Moshé Lévy a demandé d'arrêter les nouveaux programmes, de réduire le budget et de diminuer le nombre des employés. A cause des manifestations du public, de la Knesset et du comité de rédaction de la radio, la menace a été retirée. En 1992, le nouveau chef d'État-major, Ehud Barak, a conseillé de fermer la station ou de la faire passer de Tsahal au ministère de l'Éducation. Grâce à la pression publique, cette demande ne fut pas exécutée. En 1993, Galei Tsahal a commencé à émettre une station supplémentaire du nom de « Galgalei Tsahal » (L'onde de Galei Tsahal, jeu de mot sur les ondes et les roues), qui émet de la musique et donne des informations sur la circulation routière, en lien avec la prévention routière.

De nombreux speakers ayant commencé leur carrière à Galei Tsahal sont passés ensuite à « Kol Israël » (La voix d'Israël) et à la télévision.

Ces dernières années, une nouvelle formule d'informations très écoutées par la population, à été lancée, ses principaux speakers étant : Razy Barkaï, Rafi Reshef, Miha Friedman, etc.

Les sections et les départements à Galei Tsahal

Galei Tsahal composée de différentes sections, est une station indépendante. Elle comprend :

 - Les Nouvelles : « Bonjour Israël », « Soir 5 », « Les 24 dernières heures », et des flashes d'actualité.

 - Les émissions consacrées aux soldats touchant à la sécurité personnelle, la ligne de sécurité, les terrains de tir. Chaque vendredi, dans l'émission « La voix de maman », des parents de soldats adressent des chants dédicacés à leurs enfants militaires.

 - Le chef de la section des émissions spéciales est Ruthy Rubinstein. Cette section s'occupe aussi de l'émission la plus importante de l'année : « Ha shiroutrom » (genre de téléton pour recueillir des fonds pour les soldats).

 - La section des animateurs : ils sont les seuls qui peuvent émettre à Galgalei Tsahal (en dehors des civils) et ils ont des programmes personnels.

 - Les émissions humoristiques et de distraction avec Ehud Graaf.

 - La section d'économie.

 - La section technique, qui comprend les ingénieurs et les techniciens responsables de tous les appareils de la station.

 - La section de la culture, de la musique et de la communication. Muly Shapira en est le responsable avec Yoram Rotem.

 - La section des responsables des émissions et de la promotion, chargé du planning des émissions.

 - La section d'Internet avec Gidi Orshar. (Vous pouvez écouter Galei Tsahal sur le site :            ).

 - Et enfin, la section responsable du secrétariat, du personnel, etc.

Qui est employé à Galei Tsahal ?

Il y a presque 2000 jeunes appelés qui demandent à servir dans Galei Tsahal chaque année. Il n'y en a que 40 qui sont reçus à la station, à la fin d'un examen portant sur les connaissances générales, sur le pays, sur la qualité vocale et l'aptitude à animer une émission.

On exige une intelligence et une connaissance générale très larges, une compréhension de la musique, une facilité d'expression, un très bon hébreu, et la possibilité d'improvisation. L'étape la plus décisive est celle de l'interview personnelle, où le candidat doit prouver ses qualités face à plusieurs examinateurs. 40 jeunes commencent le cours, et deux mois plus tard après une sélection, ceux qui sont acceptés sont dirigés vers les différentes sections : speakers, rédacteurs, composition de musique, internétistes ou producteur. La distribution se fait selon trois critères : le désir du soldat, ses dons reconnus pendant le cours et les besoins de la station qui finalement sont déterminants. L'idée est répandue que l'acceptation à la station dépend du « piston », et que la possibilité d'être accepté sans une « aide » est nulle. Mais ces dernières années, le personnel de la station a prouvé le contraire.

Quand la presse étrangère désigne « Galei Tsahal » par des formules comme la « radio militaire », on est très loin de la réalité : loin d'être une radio « aux ordres », Galei Tsahal dispose au contraire d'une grande liberté d'expression et fonctionne dans une totale indépendance par rapport à l'armée et au gouvernement. Ce n'est pas la radio de l'armée, mais une radio pour les soldats.

                                                                                                                     Cécile Pilverdier

Racines juives : le parfum de l’encens

Au chapitre 30 du livre de l’Exode, il est dit à Moïse : « Tu feras un autel pour faire fumer l’encens… » (Ex 30,1). Cette prescription est l’occasion pour le midrash de donner un long développement sur la valeur de l’encens. Chaque lettre du terme qui le désigne (qetoret) est l’initiale d’un autre mot : sainteté (qedusha), pureté (tahora), miséricorde (rahamim), espérance (tiqva). La valeur de l’encens, nous dit le commentaire, l’emporte largement sur celle des sacrifices. D’ailleurs, l’autel des sacrifices se trouvait à l’extérieur du Temple alors que l’autel des parfums se trouvait à l’intérieur.

Le jour de Kippour, lorsque la fumée de l’encens s’élevait et recouvrait le propitiatoire, on savait que les péchés étaient pardonnés. Dans le cas contraire, c’était la mort pour le grand-prêtre, puisque le Saint pouvait lui apparaître, la fumée de l’encens ne faisant plus écran, et qu’on ne peut le voir sans mourir : « La fumée de l’encens couvrira le propitiatoire qui est sur le témoignage et [le grand-prêtre] ne mourra pas. » (Lv 16,13). C’est pourquoi, nous dit le midrash, « le grand-prêtre et tout le peuple tremblaient lorsque le grand-prêtre pénétrait à l’intérieur et jusqu’à ce qu’il fût sorti. Quand il était sorti, c’était une grande joie en Israël de ce qu’il avait été agréé, comme il est dit : ‘L’huile et l’encens réjouissent le cœur’ (Pr 27,9). L’huile, c’est le grand-prêtre, qui a reçu l’onction d’huile ; l’encens, c’est Israël, qui voyait la nuée d’encens s’élever, et qui était dans la joie. »

Les sacrifices, nous dit le texte, ont un rapport avec le péché, qu’ils avaient pour fonction d’expier. L’encens n’a d’autre but que de donner la joie. C’est pourquoi il a tant de prix aux yeux du Saint, béni soit-il. C’est aussi par l’encens que fut arrêtée la diffusion de la peste lorsqu’Aaron, avec son encensoir, se tint entre les morts et les vivants (Nb 17,13). Lorsque la tente fut édifiée au désert et après qu’eussent été offerts les sacrifices, la Présence divine ne descendit qu’avec l’offrande de l’encens. Le midrash en veut pour preuve ce verset du Cantique : « Lève-toi, aquilon ; viens, autan ; souffle sur mon jardin, que ses parfums s’exhalent [et que mon bien-aimé entre dans son jardin] » (Ct 4,16). C’est pourquoi, conclut le commentaire, l’usage de l’encens n’est pas réservé au monde présent, mais il continuera dans le monde à venir.

À première lecture, un rapprochement s’impose de lui-même avec le Nouveau Testament : l’entrée de Zacharie dans le Temple pour y offrir le sacrifice de l’encens (Lc 1,8). Certes, il n’y avait plus d’arche ni de propitiatoire depuis la destruction du premier Temple. Zacharie n’était pas grand-prêtre, et il n’a pu pénétrer dans le sanctuaire que lorsqu’est venu pour lui le temps d’officier « selon le tour de sa classe », et après avoir été tiré au sort. Cela dit, les ressemblances sont évidentes, et l’on comprend que si le peuple s’étonne de ne pas le voir ressortir (Lc, 1,21), ce n’est pas seulement parce qu’il trouve le temps long !

Ce rapprochement est-il permis ? Les commentaires qu’on vient de lire sont tirés d’un midrash dont la mise en forme définitive n’est sans doute pas antérieure au IXe siècle. Mais un contemporain du Nouveau Testament, Philon d’Alexandrie, ne nous laisse aucun doute sur l’importance de l’encens dans la tradition juive la plus ancienne : « Le plus petit grain d’encens offert par un homme religieux a plus de valeur aux yeux de Dieu que des milliers d’animaux sacrifiés par un homme de peu de valeur. C’est pourquoi l’autel des parfums reçoit des honneurs particuliers […] parce qu’il occupe tous les jours la première place dans la prière d’action de grâces que les hommes rendent à Dieu. »

                                                                                                               Michel Remaud

Flashes d’espoir : Palestine/ Israël : Heureusement, rien n’est simple !

 

Nasser Laham est une star dans les territoires palestiniens. Ce n’est ni un acteur de cinéma ou de série télévisée, ni un chanteur en vogue mais un journaliste qui, avec une équipe importante de collaborateurs, a pris une initiative peu commune : faire connaître aux Palestiniens ce que les Israéliens pensent et disent sur le conflit, comment ceux qui sont de l’autre côté de la barrière de sécurité vivent et quelles sont leurs préoccupations. Chaque jour entre 20 et 21 heures, la télévision privée de Bethléem « Maan » diffuse de larges extraits de journaux télévisés des trois grandes chaînes israéliennes. Nasser traduit fidèlement de l’hébreu en arabe sans ajouter un seul commentaire personnel. Son portrait apparaît parfois en bas de l’écran mais son nom est connu par tous. Par soucis d’équilibre, « Maan » diffuse 20 minutes du journal de la deuxième chaîne, puis 20 minutes du journal de la dixième et enfin 20 minutes de la première chaîne israélienne, la télévision d’Etat. Certaines émissions d’actualités ou d’enquêtes sont également diffusées et traduites.

L’émission de Nasser est particulièrement populaire chez les Palestiniens. « En temps de paix, ils veulent savoir ce que les partenaires pensent de la situation. En temps de guerre, ils veulent connaître ce que pense l’ennemi » explique Nasser. « Beaucoup de journalistes palestiniens regardent notre programme, prennent des notes et ensuite font des papiers pour la presse palestinienne et arabe. Même le président Arafat regardait l’émission. Il n’aimait pas la manquer » ajoute-t-il. Pour Nasser et son équipe, une information objective sur l’autre est nécessaire pour faire évoluer les mentalités. Il ne s’agit pas de défendre la position israélienne mais de la présenter aux Palestiniens avec le plus de recul possible et sans pathos. Il espère qu’une meilleure compréhension des opinions des uns et des autres pourra faire avancer la paix dans la région.

Nasser n’est pas utopiste. Son métier de journaliste le confronte chaque jour à la dure réalité du conflit israélo-palestinien. S’il critique la politique d’occupation et d’oppression des Israéliens, il est aussi lucide sur les dirigeants palestiniens et sur les problèmes de la société palestinienne. Ses papiers ne font pas toujours plaisir. Deux jours avant notre rencontre, sa tête était mise à prix sur le site du Hamas. Il est parfois traité de collaborateur avec Israël. Le Hamas, à le demande du Premier ministre Haniyeh, enlèvera sa photo de sur son site.

Maan n’est pas seulement une chaîne de télévision mais également une agence de presse indépendante où travaillent des dizaines de journalistes palestiniens et étrangers. En plus d’un journal imprimé, Maan est un des sites Internet d’actualités les plus visités dans les territoires palestiniens (http://www.maannews.net). Les bureaux principaux se trouvent à Bethléem, à quelques centaines de mètres de la Tombe de Rachel, mais ils ont des bureaux et des correspondants dans tous les territoires, en Israël et dans le monde arabe. Leur succès s’explique sans doute parce qu’ils sont indépendants et refusent de prendre parti pour un camp contre un autre. Le financement de ce petit empire médiatique est assuré par l’Union Européenne et plus particulièrement par la Hollande et le Danemark.

Le site Internet de Maan publie en trois langues : arabe, hébreu et anglais. Dans ce désir de connaissance mutuelle, les fondateurs de Maan ont voulu aussi que la presse arabe soit traduite en hébreu et soit accessible au public israélien.

Nasser, qui se définit comme musulman laïc, a appris l’hébreu dans les prisons israéliennes. Lors de la première Intifada, il était membre du FPLP (Front populaire de Libération pour la Palestine). C’est en prison qu’il a découvert la complexité du monde israélien et que son regard sur l’ennemi a évolué. Il croit que le dialogue est possible et nécessaire. Dans les bureaux de Bethléem travaillent ensemble d’anciens prisonniers palestiniens, qui comme lui, ont appris l’hébreu dans les geôles israéliennes, ainsi que des jeunes ayant étudié à l’Université Hébraïque de Jérusalem. Le téléphone portable de Nasser ne cesse pas un instant. Il jongle entre l’arabe et l’hébreu en passant par l’anglais. Beaucoup de journalistes israéliens lui téléphonent pour confirmer ou infirmer telle ou telle nouvelle. « La coopération entre journalistes est très bonne » explique Nasser. Dans son bureau, un homme d’une soixantaine d’années, Ibrahim, me montre le dernier article qu’il a traduit hier du quotidien Yediot Aharonot. Cet ancien prisonnier au regard vif et rieur s’occupe de la rubrique « insolite ». « Les Palestiniens sont très friands des petites histoires qui font sourire, cela change de la guerre » me dit-il. Sur le site Internet Maan, de nombreux articles de la presse israélienne sont traduits en arabe par une équipe de cinq traducteurs permanents. Ils suivent de près les publications en hébreu sur Internet et pas seulement ce qui touche au conflit israélo-palestinien mais aussi aux questions religieuses, économiques, sociales et culturelles.

Chaque matin de bonne heure, Nasser envoie quelqu’un à Jérusalem pour acheter les quotidiens israéliens. Il n’a pas de permis pour se rendre en Israël et ne peut circuler que dans certaines régions des territoires palestiniens. La communication est loin d’être facile. En venant le visiter, deux journalistes israéliens et moi-même, en avons fait l’expérience. Arrivés au nouveau « terminal Rachel » à l’entrée de Bethléem, l’officier responsable des lieux a refusé de nous laisser passer sans la moindre explication. Les Palestiniens entraient et sortaient sans problèmes, les touristes également. Mais pour les journalistes, la règle était différente. Mes deux amis journalistes, une du quotidien Haaretz et l’autre de Yediot Aharonot, n’ont pas plié. Nous avons repris notre voiture et nous nous sommes rendus à l’entrée de Beit Jalla de l’autre côté de la colline. Là, pas l’ombre d’un soldat ou d’un policier aussi bien à l’aller qu’au retour. 10 minutes plus tard nous étions en plein centre de Bethléem.

Les journalistes et les traducteurs de l’agence Maan sont des Palestiniens musulmans dont la première aspiration est la liberté pour leur peuple. La fin de l’occupation israélienne est un rêve qu’ils appellent de leurs vœux. Mais leur désir de dialogue et de comprendre l’autre, même et surtout dans les situations les plus difficiles, est inconditionnel. Ils sont un espoir et la preuve qu’au Proche-Orient on peut encore s’écouter avec respect.

                                                               Jean Marie Allafort

Au fil des mois…

 

Pauvreté : un tiers des Israéliens sont dans le besoin (18 septembre 06)

 

Selon un sondage réalisé auprès de 91 organisations d’entraide dans tous le pays, un tiers des Israéliens ont des difficultés à se procurer ce dont ils ont besoin pour célébrer Roch HaShana (le nouvel an juif). Face à cette montée galopante de la pauvreté, ces associations demandent une commission d’enquête nationale.

Les associations enregistrent 27% de demandes d’aide de plus que l’an dernier à la même époque. 24% des organisations rapportent qu’il y a une forte augmentation des personnes en difficulté parmi les habitants du nord d’Israël qui ont souffert de la guerre cet été. Toujours selon cette étude, 34% des personnes dans le besoin ne peuvent se permettre d’acheter de la viande et du poisson pour la fête sans l’aide d’une association.

Le dernier rapport de l’Assurance Nationale publié fin août annonçait qu’en Israël 1,6 millions d’habitants vivaient sous le seuil de pauvreté dont 769 000 enfants. 411 000 familles vivaient en 2005 en dessous du seuil de pauvreté, ce qui représente 26,2% de l’ensemble des familles israéliennes. Toute personne ayant des revenus inférieurs à la moitié du salaire moyen est considérée comme vivant en dessous du seuil de pauvreté, soit pour une personne seule, un salaire ou des allocations inférieurs à 1.866 shekels (338 euros) et à 2.866 shekels (520 euros) pour un couple.

Face à ses données catastrophiques, la plus grande organisation d’entraide du pays Latet vient de commencer une grande opération depuis le 14 septembre qui durera jusqu’à la veille de Roch HaShana. Plus de 10 000 bénévoles se tiennent à l’entrée des supermarchés et invitent les gens qui font leurs courses à partager avec les plus pauvres en achetant de la nourriture pour la fête. Latet espère pouvoir redistribuer ces produits à plus de 400 000 familles en difficultés financières.

                                                                   La rédaction

 

Tsahal se retire du Sud Liban, espoir limité dans la Finul (30 septembre 06)

 

L’armée israélienne s’est retirée avant le début de la fête de Kippour des quelques positions qu’elle occupait encore au Sud Liban. Par ce retrait, Israël met un terme à la seconde guerre du Liban. Le retour des soldats à la maison quelques heures avant le jour le plus solennel du calendrier juif est plus que bienvenu d’autant que la majorité des Israéliens n’a pas compris pourquoi Tsahal était encore au Sud Liban.

Pour les militaires de la Finul, comme pour les Libanais du sud une nouvelle période débute. Combien de temps le cessez-le-feu tiendra-t-il ? L’armée libanaise aidée par la Finul parviendra-t-elle à empêcher une nouvelle course à l’armement du Hezbollah ? Dans le cas contraire, quels seront les moyens effectifs pour appliquer les résolutions de l’Onu ? Le moins que l’on puisse dire est que le mandat des soldats de « la nouvelle Finul » est mal défini. Les casques bleus sont envoyés dans un nœud de vipère et le Hezbollah n’a pas fini de les mener en bateau. Les moyens non conventionnels employés par la milice chiite risquent fort de les déconcerter. Les soldats de la force internationale savent très bien où ils mettent les pieds. L’Onu aussi.

La Finul fut créée en 1978 après l’incursion israélienne au Sud Liban connue sous le nom de « Opération Litani ». La création de cette force internationale avait comme objectif d’empêcher les attaques palestiniennes vers le territoire israélien et de permettre le respect du cessez-le-feu. Quatre ans plus tard, la guerre du Liban éclatait. Les troupes israéliennes se retrouvèrent à Beyrouth et les combats furent terribles. Les blessures de cette guerre sont encore béantes.

La Finul ne parvint jamais à faire respecter le moindre arrêt des combats, ni même à limiter le transfert d’armes en provenance de la Syrie et de l’Iran. Ni les Israéliens, ni les Libanais ne croient que la force internationale pourra empêcher un nouvel affrontement. Des deux côtés, on estime qu’une nouvelle reprise des violences est une question de temps.

                                                               Jean Marie Allafort

 

Nouveauté dans les lycées israéliens : étude du christianisme au bac (10 octobre 06)

 

Depuis la dernière rentrée, il est possible de passer son baccalauréat avec option « christianisme », matière avec coefficient 5. Pour l’heure, cette possibilité n’est ouverte qu’aux lycéens arabes israéliens et particulièrement aux chrétiens, mais la ministre de l’Education, Yuli Tamir, envisage d’ouvrir cette option à tous les lycéens israéliens (Juifs, chrétiens, musulmans et druzes) qui le désirent.

Pour obtenir le baccalauréat en Israël, il faut passer au minimum 21 unités. Une matière importante comme les mathématiques peut être de 5 unités au maximum ce qui correspondrait, dans le système français, à une matière avec coefficient 5.

En Israël, il y a aujourd’hui près de 30 000 élèves chrétiens, majoritairement des arabes. Pour l’heure, les lycéens juifs n’ont pas la possibilité de prendre cette option, alors que les musulmans le peuvent déjà. Cette nouvelle matière fait partie de l’ensemble des matières religieuses obligatoires en Israël, comme c’était déjà le cas pour l’étude de la Bible.

Le programme de cette discipline, qui s’étale sur 3 ans (de la seconde à la terminale), a été préparé par une commission spéciale composée de représentants de l’Église orthodoxe, des Églises catholiques orientales, de l’Église latine et des Églises de la Réforme. La commission a travaillé pendant deux ans pour que le programme soit acceptable par tous les courants des Églises présentes en Israël.

Depuis la rentrée, la commission travaille pour préparer les programmes scolaires portant sur le christianisme des classes de collège. Le père Elias Abbed Yasser, membre de la commission, déclare : « Il était nécessaire de faire un programme d’étude, car jusqu’à maintenant c’était le tohu-bohu et chacun enseignait ce que bon lui semblait. Jusqu’à cette année, le christianisme n’avait jamais été enseigné de façon officielle. En Israël nous formons une minorité face à la religion juive. Le programme comprend les domaines suivants : données de base, questions de foi, valeurs chrétiennes, tolérance et pluralisme dans le contexte de la Terre Sainte. »

Le programme certes présente les points communs qui existent entre le christianisme, le judaïsme et l’islam, mais il insiste surtout sur les particularisme de la vie chrétienne, comme les sacrements, la vie de prière, la famille chrétienne.            .(Source : Ynet, 7 octobre 06; la rédaction).     

Les parents du soldat tué au meurtrier de leur enfant : « Tu es notre 7ème fils » (12 octobre 06)

Histoire incroyable d’une famille qui décide d’adopter comme leur enfant le soldat qui, par erreur, a tué leur propre fils. Les parents, pendant la période des 7 jours de deuil, ont demandé à rencontrer le garçon qui avait tué leur fils lors d’une opération qui fut menée dans la Bande de Gaza suite à l’enlèvement de Guilad Shalit. Depuis, ce soldat est devenu un membre de leur famille. Quand l’amour est plus que la mort...

Cinq jours après la mort du caporal Yehouda (Oudi) Bassel, ses parents, Zacharie et Shoshana, ont rencontré le soldat qui a tué leur fils, le fils né dans leur vieillesse. Oudi a été tué « par nos propres Forces » - selon l’expression requise dans ce cas-là - leur avaient dit les officiers de Tsahal. Oudi était l’un des combattants de la compagnie 113 du corps des Golani. Son compagnon d’armes lui a tiré dessus par erreur lors d’une des opérations menées dans la Bande de Gaza après l’enlèvement au mois de juillet dernier du caporal Guilad Shalit. Oudi a été atteint à la tête et tué sur le coup.

La décision de rencontrer le garçon qui avait tué leur fils, fut prise pendant la période des 7 jours de deuil qui suit l’enterrement par Shoshana, la mère de Oudi. Le deuil de son fils mort était mêlé d’une sourde inquiétude pour le « garçon ». C’est ainsi qu’elle appelle celui qui a tué son enfant, le « garçon », et non pas « le meurtrier ». « J’ai mal au ventre » avait-elle dit en secret au colonel Tami Yadaï, commandant de la brigade, venu lui présenter ses condoléances. « J’ai entendu que le garçon ne mangeait plus depuis l’événement. Je dois le rencontrer. »

Oudi a été tué un jeudi. Dans la nuit du mardi au mercredi suivant, la famille se trouva en présence du garçon qui l’avait tué. La rencontre avait été préparée dans le secret, de la même manière qu’une opération militaire. Le soldat qui avait tiré était encore à Gaza ; il était sous le choc, brisé. Quand il apprit que la famille Bassel voulait le rencontrer, il hésita. Il avait peur de leur réaction. « Peut-être, est-ce trop tôt » pensa t-il. En fin de compte, quand il comprit que la famille n’était pas en colère contre lui, il répondit à l’invitation. Une voiture vint le chercher depuis la base du commandement de son régiment.

A une heure du matin, Shoshana procéda à l’extinction des feux. La maison familiale se trouve dans la localité de Inon, et elle était encore pleine de personnes venues présenter leurs condoléances et soutenir la famille dans ce moment d’épreuve. Dans la cour, une grande tente avait été dressée pour recevoir les visiteurs. Shoshana informa ses hôtes : « nous voulons aller dormir. » Les invités se dispersèrent et elle, Zacharie et leurs cinq enfants (trois garçons et deux filles) rentrèrent à la maison. Shoshana raconte : « J’ai dit à mon mari : ‘lève toi’ - en effet son mari était déjà couché - ‘nous allons rencontrer le garçon’. C’est moi qui ai pris la décision, mais Zacharie, mon mari, le voulait aussi. Après quoi, nous en avons informé nos enfants qui nous ont reproché de ne pas le leur avoir annoncé auparavant. Je leur ai dit : ‘Ecoutez, maintenant c’est comme ça. Venez allons’. »

Shoshana craignait que le garçon ne soit trop affecté par les signes extérieurs de deuil dans la maison familiale. Elle préféra donc que la rencontre eût lieu dans une maison de proches de la famille qui habitent la même localité.

« Nous sommes entrés dans cette maison » raconte-t-elle ; « nous avons éteint les lumières extérieures, baissé les rideaux. Mon mari et moi nous nous sommes assis sur un canapé dans le salon. Nous nous étions mis d’accord avec les enfants pour qu’ils ne rentrent qu’après. Cinq minutes plus tard, le garçon est arrivé. Je l’ai embrassé et je lui ai dit : ‘Ecoute bien, tu dois être fort, tu dois aller voir le psychologue de l’armée, veiller sur toi-même et redevenir ce que tu as été auparavant. Avec Oudi, nous avons six enfants. A partir d’aujourd’hui, tu es notre 7ème fils. Ne fais rien contre toi-même.’ Après quoi, je lui ai dit que cela aurait pu être le contraire. Notre fils aurait pu être celui qui aurait tiré. Nous avons plaisanté et parlé de différentes choses. Je ne lui ai pas demandé ce qui s’était passé et ce, jusqu’à aujourd’hui. Il est suffisamment meurtri et blessé. Cela, je l’ai compris de suite par la bouche de ses supérieurs. ‘tué par nos propres Forces’, que faut-il de plus ? Alors les enfants sont venus et l’ont embrassé chacun à son tour, du plus grand au plus petit. A la fin, il était un peu plus paisible. Il a même accepté de manger. »

Zacharie raconte : « J’étais curieux de voir de quoi il avait l’air. Je me suis dit : ‘Sûrement ce garçon est brisé, détruit.’ Et c’était bien ça. Il était courbé. Quand je dis courbé, je veux dire comme un arc. Je me suis assis auprès de lui et lui ai cité la parole du livre du Deutéronome : ‘Tu choisiras la vie’. Puis je lui ai dit : ‘Nous ne pourrons pas t’aider à te reconstruire si tu ne t’aides pas toi-même. Relève-toi’ » (...)

Shoshana poursuit le récit : « Nous l’avons embrassé, pris par les épaules pour lui donner de la force. Après quoi, nous sommes revenus à la maison et nous sommes allés dormir. Nous nous sommes dit : ‘Comme il est malheureux !’ Nous n’avons pas pensé à Oudi. Nous avons vu combien il était malheureux, et ce qui nous a traversé l’esprit fut : ‘Comment va-t-il réussir à s’en sortir ?’ Et nous nous sommes interrogés pour savoir si nous l’avions un peu aidé. » Zacharie ajoute : « Au fond de moi, j’ai pensé : ‘Si nous réussissons dans cette mission, nous sommes gagnants. Nous avons fait en sorte qu’il n’y ait pas un autre drame dans une famille. Nous avons tenté de sauver quelqu’un. Vraiment’. »

A la question « Est-ce que vous l’aimez ? » Shoshana répond : « Oui, il est entré dans notre cœur, même si c’est lui qui a tiré sur notre fils. » Zacharie d’ajouter : « Il a tiré, mais je suis sûr qu’il ne l’a pas fait exprès, et cela pardonne tout. » Shoshana : « Oudi n’aurait pas voulu que nous pensions autrement. Il nous aurait dit : ‘Maman qu’est-ce qui vous prend ? Vous ne comprenez pas, il a tiré, mais il ne l’a pas fait exprès'. » (...)

« Est-ce que cela aurait-il été plus facile si votre fils avait été tué dans d’autres circonstances ? »…

Shoshana : « Quoi par exemple ? » Zacharie : « Elle pose la question parce que c’est une balle ‘bleue et blanche’ ? »
       Shoshana : « Je vous dirai ce que l’armée nous a dit : ‘La situation dans laquelle se trouvaient les forces était difficile et cela peut arriver’. »

Une semaine après, éclata la guerre du Liban. Le soldat qui avait tiré est parti combattre là-bas comme officier. Il n’a pas été jugé pour ce qui s’était passé. Shoshana avait demandé qu’il ne soit pas présenté devant un tribunal. « Nous n’avons pas jugé bon de le traîner devant un tribunal » confirme son officier supérieur. « Toute chose ne doit pas être mesurée suivant le résultat. Il faut tenir compte des circonstances. Le poids qu’il devra porter toute sa vie est bien suffisant. »

Le moral du soldat qui a tiré est changeant. « Il est triste » disent ses amis. « Depuis l’accident, nous ne l’avons jamais vu rire. » Depuis la première rencontre avec la famille Bassel, le garçon garde le contact. Il leur téléphone chaque jour et vient chez eux pendant ses congés. Des liens se sont tissés également entre les parents des deux soldats. « Cela est dur pour nous » dit le père du soldat qui a tiré. « On ne peut pas expliquer par des mots ce que nous ressentons envers cette famille, surtout après qu’elle nous ait accueillis d’une façon que l’on peut qualifier de ‘non naturelle’, sans colère et sans revendication. Je ne sais pas ce que nous aurions fait si cela avait été l’inverse. J’espère beaucoup que nous aurions agi de la même manière. »

Shoshana : « Nous voyons aujourd’hui comment le garçon réussit un tout petit peu à surmonter l’épreuve. Je ne dirai pas qu’il entre à la maison en riant, mais son visage est différent. Lors des premières rencontres, cela lui fut difficile. La dernière fois, il a ouvert le frigidaire et a préparé lui-même un café : ‘Ne te lève pas, je fais le café’. » (...)

Oudi aurait dû finir son cours d’officier. Quelques jours avant sa mort, il avait demandé à son père de lui construire un logement dans la cour. Il rêvait d’acheter une voiture. Aujourd’hui, il ne reste plus que la douleur de ce qui ne sera jamais plus.

Cette semaine, le jour de Kippour, Zacharie dédia à sa femme le cantique « chant immortel pour un fils » chanté à la synagogue. Comme réponse à ceux qui l’interrogent sur comment il soutient celui qui a tué son fils, Zacharie répond : « On raconte que lorsque le fils du roi David était en train de mourir, le roi ne mangea pas, ne but pas et prit le deuil. Mais lorsque son fils fut mort, David se lava, s’habilla, mangea et but. ‘Jusqu’à maintenant, j’ai essayé de prier’ a-t-il dit, ‘quand j’ai vu la décision du Créateur du monde, j’ai compris que c’était fini. Il ne me reste plus qu’à m’inquiéter de moi-même, de ma vie. Mon fils, je ne peux le faire revenir à la vie’. » Et Zacharie d’ajouter : « Mon fils n’est plus. C’est un fait. Mais si ce garçon se rétablit, cela me procurera de la joie au cœur. »

(Maariv, Moussaf LaHag, 6 octobre 06 ; traduction : Jean Marie Allafort, Un écho d’Israël)

Rentrée universitaire 2006-2007 : Etudier en Israël mais travailler à l’étranger (19 octobre 06)

A la veille de la rentrée universitaire, un sondage réalisé par l’institut « Reiting » montre que 59% des étudiants israéliens veulent avoir la double nationalité avec un pays occidental (de préférence la nationalité américaine pour 56%). Seulement 3% sont intéressés par la nationalité française. 40% des étudiants disent comprendre ceux qui quittent Israël pour s’établir à l’étranger et 53% sont intéressés par l’idée de pouvoir travailler à l’étranger. Seulement 12% des étudiants veulent prendre part à la vie politique du pays. 65% préfèrent étudier en Israël contre 28% qui veulent étudier à l’étranger (surtout aux Etats-Unis).

Toujours selon cette étude, 51% des étudiants qui travaillent ne perçoivent même pas le salaire minimum (3400 shekels, soit 635 euros). 67% des étudiants travaillent pour subvenir à leurs besoins. La moitié ne peuvent que travailler à mi-temps. 35% des étudiants paient leurs études eux-mêmes alors que 49% sont aidés par leur famille.

Malgré ces données, la majorité des étudiants restent optimistes : 53% pensent qu’au terme de leurs études, ils trouveront du travail dans leur domaine contre 39% qui craignent de ne pas en trouver. 48% des étudiants logent chez leurs parents, 41% louent un appartement, 3% habitent dans les logements universitaires et 8% habitent dans l’appartement dont ils sont propriétaires.

Enfin pour cette rentrée universitaire, on enregistre une baisse de 1,3% du nombre des étudiants inscrits dans les universités contre une augmentation de 5,3% du nombre des étudiants inscrits dans les collèges universitaires, considérés comme plus proches des besoins des étudiants et plus adaptés aux métiers du futur.

                                                                   La rédaction

Le jardin de Nasrallah ou comment le Hezbollah éduque ses enfants (27 octobre 06)

 

Des terroristes suicidaires, des prisonniers politiques et le « méchant roi Sharon » sont les nouveaux héros des livres d’enfants au Liban dans les milieux du Hezbollah. Pendant la dernière guerre au sud Liban, des soldats de Tsahal ont trouvé des dizaines de brochures élégantes en couleur qui apprennent aux gamins du Hezbollah la grandeur de Nasrallah et les crimes des Juifs contre l’humanité. Il existe des camps d’été où l’on apprend le maniement des armes, l’art du combat avec une prise d’armes en final.

Voici une belle histoire avant de s’endormir : « Il était une fois un petit royaume qui s’appelait ‘le jardin d’Eden’. Là-bas, les habitants vivaient dans le bonheur, la joie et la richesse jusqu’ au jour où un roi méchant et cruel, le roi Sharon, arriva au pouvoir. Le roi dominait sur son royaume en maltraitant les pauvres citoyens et en les faisant beaucoup souffrir. Il ne voulait pas entendre d’autres sons que le cri des blessés, il n’aimait que la couleur rouge sang et il obligeait toutes les femmes enceintes à boire une potion qui les faisait accoucher d’enfants de petite taille. Mais sois sans crainte ! Quelques enfants ont décidé de se venger du criminel et avec l’aide du bon roi d’un royaume voisin, ils ont fait tomber Sharon de son trône, et lui et sa femme, ils les ont lapidés. Le vilain roi et sa suite furent emprisonnés à perpétuité et les habitants du royaume du jardin d’Eden sont retournés à leur vie de bonheur et de richesse jusqu’à ce jour. »

Cette histoire est racontée dans un livre trouvé par les soldats de Tsahal dans le village de Yaron situé dans le secteur central du sud Liban. Il suffit de jeter un coup d’œil sur la belle reliure du petit livre et de feuilleter rapidement ses pages splendides pour s’assurer qu’il n’y a pas d’erreur possible : le méchant n’est autre que l’ancien Premier ministre Ariel Sharon et l’allégorie sur le conflit israélo-palestinien évidente. Les dessins sont vraiment horribles et démoniaques. A la fin du livre, paru en 2002 aux éditions du Mouvement de jeunesse du Hezbollah, on lit : « Consacré à nos martyrs, à nos prisonniers, à nos blessés, à nos enfants. Sachez que l’ennemi vous encercle, il vole la pureté de votre enfance. Le nom de l’ennemi est Israël. »

« Sharon, le méchant » est l’une des dizaines d’histoires de propagande pour les enfants que les soldats de Tsahal ont trouvées dans les caves du Hezbollah, des maisons privées, des écoles et des jardins d’enfants au Liban. Dans ces histoires, le héros n’est pas Harry Potter mais Hassan Nasrallah. Dans les livres de coloriage, au lieu de colorier Mickey Mouse ou les héros de Pokémon, on demande aux enfants de ne pas sortir des lignes quand ils dessinent une couronne sur les bases d’envoi des roquettes ou des fusées.

Nasrallah et son équipe consacrent beaucoup de ressources pour éduquer la future génération du Hezbollah. L’éducation de la haine commence dès le jardin d’enfants. A ce niveau, l’arme la plus efficace, ce sont les feutres et les crayons de couleurs. C’est ainsi que même avant de savoir lire et écrire, les enfants savent déjà qu’Israël est un royaume criminel, que le Djihad est la voie juste et que les martyrs sont les vrais héros. Ces brochures et ces livrets témoignent de l’effort pour introduire les valeurs du Hezbollah et de la révolution iranienne auprès des enfants et de la jeunesse. Les messages mettent en relief le Hezbollah comme gardien de la patrie libanaise, la légitimation de la poursuite de la lutte armée contre Israël et l’importance du terrorisme et des attentats suicides. Ils développent une identification avec le peuple palestinien mais surtout une haine vis-à-vis d’Israël et du peuple juif.

Sur beaucoup de ces livres d’enfants rapportés du Liban on peut lire « Éclaireurs de Aman Almari », Mouvement de jeunesse du Hezbollah qui compte des milliers d’enfants et de jeunes âgés de 8 à 16 ans. Dans le cadre des activités du mouvement on constate un processus planifié pour assimiler les valeurs de l’islam chiite selon la version iranienne, culte de la personnalité du chef spirituel iranien.

Dans les camps d’été, de jeunes pupilles apprennent à connaître différentes armes et font de l'exercice physique. Cet entraînement se poursuit du jardin d’enfants à l’université. Quelques mois avant que la guerre éclate, le bureau d’information du Hezbollah a diffusé un livret pour les enfants sous le titre : « Jérusalem, capitale de la terre et du ciel ». On peut y lire : « Jérusalem est arabe au moins depuis 4000 ans avant l’ère chrétienne. Les Juifs l’ont transformée en une ville idolâtre au temps du prophète Salomon et Allah leur envoya comme punition l’assyrien Sennachérib et comme la corruption et les complots ne cessaient pas, ce fut le roi Nabuchodonosor, roi de Babylone, qui attaqua. Il resta dans le pays quelque 40 000 Juifs qui fomentèrent un complot contre Jésus. La paix s’enfuit et ce fut une guerre fratricide jusqu’à ce que l’empereur romain chasse les Juifs de Palestine. » Dans ce livre, les enfants apprennent que, par la suite, les Juifs recevront une punition du Ciel et les musulmans reçurent ce qui leur est dû « Allah a promis Jérusalem aux musulmans. Allah conduira les musulmans dans la victoire. Ils arracheront la Palestine de la main des Juifs. Ils se vengeront sur les sionistes et grâce à Allah, ils obtiendront la victoire. »

Une autre brochure en couleur qui vient également du département de l’information du « Centre des martyrs » a comme titre : « Avec mon arme, je protégerai ma patrie ». Sur la couverture, à côté du portrait fascinant de Nasrallah apparaît un combattant regardant dans des jumelles. Sur son casque il est écrit : « Tous ensemble pour la patrie ». Au centre de la couverture, une ménorah (chandelier à sept branches) dont les bougies allumées brûlent un drapeau d’Israël. Dans ce livre, les enfants découvriront les dessins des ravisseurs des soldats israéliens, des combattants du Hezbollah surveillant des roquettes tournées vers Israël et même un dessin représentant l’attaque du Hezbollah contre les soldats israéliens à Har Dov.

Une autre brochure, d’un autre style : « 21 années de lutte pour l’indépendance et le Djihad » glorifie et honore les martyrs qui ont commis des attentats suicides. Dans ce livret de onze pages, chaque page est consacrée à un terroriste qui s’est suicidé et donne des détails sur les attentats perpétrés contre Israël, le tout sur fond de la mosquée du dôme du Rocher à Jérusalem.

Sur la dernière page de « Sharon le criminel », il y a une explication pour les enfants qui n’auraient pas compris d’eux-mêmes, sur le sens véritable de l’histoire : « Ces événements concernent un criminel. Son nom est Sharon, il est le symbole des souverains d’Israël. Israël est un État qui s’est formé en chassant le peuple palestinien de sa terre. Un peuple qui a sa civilisation propre, ses valeurs propres, une culture humaine. En Palestine se sont installés des immigrés juifs venant des États du monde entier, le lien entre eux est la soif du sang, les actes terroristes, le meurtre, la destruction, la ruine, la diffusion de la corruption dans tous les coins du monde. Les héros de l’histoire sont les enfants palestiniens à qui le sionisme a volé leurs rêves de sécurité et de stabilité. »

(Source : Roni Shaked, Yediot Aharonot, 3 octobre 06 ; traduction : Suzanne Millet, Un écho d’Israël)

Archéologie : mise au jour du sanhédrin à Tibériade (30 octobre 06)

Pour la sixième année consécutive, la saison des fouilles archéologiques s’est ouverte à Tibériade, dirigée par le professeur Izhar Hirshfeld de l’Université Hébraïque de Jérusalem et réalisée par le département des antiquités.

Pendant cette campagne de fouilles, les archéologues vont surtout se focaliser sur le bâtiment appelé « la basilique de Tibériade », où ont siégé le sanhédrin et son président. Pour les archéologues, il ne fait maintenant plus aucun doute que ce bâtiment du IVe siècle n’était rien d’autre que le célèbre tribunal à l’époque talmudique.

Des marches permettaient d’accéder à la basilique. Comme à Corazïn, les portes du bâtiment sont tournées vers Jérusalem. A l’extérieur, on peut voir une immense et splendide esplanade.

Durant l’été, le département des antiquités a travaillé à la conservation des mosaïques et du pavement de marbre, qui remontent au premier siècle de l’ère chrétienne, à l’époque de Hérode Antipas.

Parmi les autres découvertes importantes, il faut mentionner un théâtre au pied du mont Bérénice non loin de la Tibériade moderne. Ses ruines furent découvertes en 1990. La campagne de fouilles sur ce lieu se poursuivra également. Dans aucun texte connu, il n’est mentionné de théâtre à Tibériade et sa découverte fut une surprise pour les archéologues. Ce théâtre est daté des IIe et IIIe siècles. Les prochaines fouilles devraient permettent de mieux connaître l’une des villes juives les plus importantes de l’époque talmudique.

Le Premier ministre Ehud Olmert s’est engagé à ce que le gouvernement accorde 22 millions de shekels pour permettre de mener à bien le projet.

(Source : Haaretz, 25 octobre 06; la rédaction)

Le sanhédrin à Tibériade (10 octobre 06)

Pendant le siège de Jérusalem par Titus en l'an 70, Rabbi Yohanan ben Zaccaï était parvenu à quitter la ville, dans des conditions dont le récit est fortement marqué de légende, pour gagner Yavné, dans la plaine côtière. Avec les sages qui l’y rejoignirent ensuite, il y fonda un sanhédrin dont la tâche la plus urgente fut de jeter les bases d’un judaïsme sans temple.

Yavné ne devait pas rester longtemps le centre de la vie juive. La révolte de 135, et la répression qui s’ensuivit, conduisirent le sanhédrin à se déplacer vers le nord pour gagner la Galilée, qui avait été relativement épargnée par les événements, et qui devint, pour plusieurs siècles, le principal foyer de la vie religieuse et intellectuelle du peuple juif en terre d’Israël. Après environ un siècle de pérégrinations (Usha, Shefaram, Beth-Shéarim, Séphoris), le sanhédrin établit son siège à Tibériade vers le milieu du troisième siècle.

Tibériade avait été fondée par Hérode Antipas, qui l’avait ainsi nommée en l’honneur de Tibère César. Les travaux furent entrepris en l’an 14 de notre ère. Inaugurée en l’an 18, la ville devint la capitale administrative de la Galilée. À la mort d’Hérode Agrippa en 44, Tibériade passa sous administration romaine. Vers la fin de la première moitié du troisième siècle, le patriarche (le nassi) et le sanhédrin en firent leur lieu de résidence. Tibériade devait rester la véritable capitale du judaïsme jusqu’à la conquête arabe. Le Talmud dit « de Jérusalem », appelé aussi parfois Talmud palestinien, y fut composé pour l’essentiel.

Le patriarcat fut aboli par l’empire romain en 425, quelques années après la mort du patriarche Gamaliel VI, mais la vie intellectuelle à Tibériade ne cessa pas pour autant. En 520, Mar Zutra, fils de l’exilarque babylonien, vient s’y établir et devint le chef de l’académie locale. C’est encore à Tibériade que fut mis au point par les massorètes, dans le haut Moyen-Áge, le système de vocalisation du texte biblique, dit massorétique. Toujours considérée dans le judaïsme comme une « ville sainte » (avec Jérusalem, Hébron et Safed), Tibériade est le lieu de sépulture de plusieurs personnages importants de l’histoire juive, en particulier Maïmonide, Rabbi Aqiba, Rabbi Hiya, Rabbi Méir baal-ha-nes (Rabbi Méir le thaumaturge) et quelques autres, dont les tombeaux sont des lieux de pèlerinages très fréquentés.

                                                                   Michel Remaud

 

11ème anniversaire de la mort de Rabin : la foule revient sur la place (5 novembre 06)

Comme chaque année depuis 11 ans la foule est venue encore une fois se souvenir d’Itzhak Rabin sur la place où il a prononcé son dernier discours et où il fut assassiné. Comme il y a 11 ans, nous étions là le 4 novembre, un samedi soir à la même heure. Près de 100 000 personnes sont venues rendre hommage au Premier ministre défunt. Comme chaque année, on comptait beaucoup de jeunes des mouvements de gauche. Dans un rituel désormais fixe, les discours alternaient avec des chansons et, sur des écrans géants, des images de Rabin à toutes les époques de sa vie.

Contrairement aux années précédentes, les organisateurs n’avaient pas voulu inviter d’hommes politiques à prendre la parole. Même Shimon Pérès, qui fut le bras droit de Rabin dans le processus de paix et qui chaque année prononçait un discours, ne fut pas convié. Les hommes politiques, selon les organisateurs, exploitaient à des fins personnelles le devant de la scène.

Depuis 11 ans, jamais un rassemblement ne fut aussi politique. L’héritage de Rabin a-t-il été récupéré par Méretz et le mouvement de « La paix maintenant » ? Ce rassemblement fut une occasion de manifester que cette gauche existe encore en Israël même si, dans les colloques et les médias, ont en parle déjà au passé.

Le discours principal fut prononcé par l’écrivain David Grossman qui a perdu son fils lors de la dernière guerre du Liban. Il a critiqué sévèrement les dirigeants israéliens y compris ceux du parti travailliste qui ont accepté l’entrée de Liberman au gouvernement. La foule a écouté avec attention, applaudissant régulièrement. Sa critique du leadership fut sans appel : « Nous avons le sentiment qu’il n’y a plus de roi en Israël. Le leadership est inexistant. Aussi bien le leadership politique que militaire. Les personnes qui dirigent l’État aujourd’hui ne sont pas capables de relier les Israéliens à leur identité. » Grossman a également parlé de la dernière guerre avec le Liban : « La mort de jeunes est un gaspillage terrible et douloureux, mais ce qui n’est pas moins terrible c’est le sentiment que, pendant de nombreuses années, l’État d’Israël a gaspillé non seulement les vies de ses fils, mais également ce miracle, cette occasion de créer ici une nation éclairée et démocratique. » Il a critiqué alors la non égalité entre les Juifs et les non Juifs dans l’État d’Israël.

L’écrivain a invité Ehud Olmert à entreprendre un nouveau dialogue avec les Palestiniens en rappelant qu’à l’époque de Rabin, la majorité pensait qu’il n’y avait pas de partenaire avec qui parler. Pourtant Rabin a ouvert le dialogue. « Olmert, tourne-toi vers les Palestiniens » a lancé Grossman, « tourne-toi vers les plus modérés d’entre eux. Ceux qui comme toi et comme moi, s’opposent au Hamas et à ses voies. Tourne-toi vers le peuple palestinien. » Puis il a ajouté : « faire cela ne diminuerait nullement le statut d’Israël ni celui d’Olmert dans de futures négociations ».

La fille de Rabin, Dalia Rabin-Philosophe, a pris également la parole et critiqué, en des termes plus voilés, le leadership d’Israël. Elle a terminé ses propos en déclarant : « Ce rassemblement est une manifestation politique. » A bon entendeur salut ! La famille de Rabin œuvre pour que soit perpétuée dans la société israélienne la mémoire et l’héritage du Premier ministre assassiné et que ne soit pas gommé avec le temps son message politique, comme le souhaiterait un grand nombre.

La mémoire de Rabin peut unir la majorité des Israéliens si le message reste celui des valeurs de la démocratie, de la tolérance et l’acceptation de l’autre dans sa différence. Le slogan « non à la violence », qui fut celui de ce 5 novembre 1995, peut rassembler. Mais pour la gauche, l’héritage de Rabin est aussi celui du dialogue entamé avec l’ennemi de toujours et de la recherche de la paix avec les Palestiniens et le monde arabe.

11 ans après sa mort, Itzhak Rabin soulève encore des passions et des débats. « L’esprit de Rabin vit au milieu de nous » a déclaré sa fille. La manifestation d’hier soir en était la meilleure preuve.

                                                            Jean-Marie Allafort

Le chant du mois

Encore une fois nous retrouvons Hava Alberstein.  Un chant déjà ancien, si humain, donc toujours actuel.

 


Emporte-moi avec toi, crie l'enfant au train,

Emporte-moi avec toi, ici j'étouffe...

Prends-moi avec toi,

Crie l'enfant du fond de la ténèbre.

Porte-moi au bateau qui vogue vers le bonheur !

La boule du soleil, là-bas, m'attend.

Emporte-moi, ici j'étouffe...

Dans tout départ, il y a de la mort,

Murmure la mère,

Dans tout départ, il y a une naissance,

Crie l'enfant dans son rêve.

L'enfant, lui, regarde en avant !

L'enfant a peur de devenir statue de sel,

Comme Papa et Maman...

Emportez-moi avec vous,

Crie l'enfant aux oiseaux,

Je suis lourd comme une pierre, ici j'étouffe...

Emmène-moi avec toi, dit la mère à l'enfant,

La fin du monde est à la porte,

Tu viens d'arriver ! Tu t'en vas déjà ?

 

Dans tout départ, il y a de la mort...

Dans tout départ, il y a une naissance.


et l’humour en finale…

 

Le rabbin Goldman entre dans une banque à New York et demande à rencontrer un agent de prêt.

Il explique qu’il doit se rendre en Israël deux semaines pour affaires et a besoin d’emprunter 5000 dollars.

L’agent dit que la banque aurait besoin d’une garantie pour le prêt, alors le rabbin lui tend les clefs d’une Jaguar neuve.

La voiture est garée devant la banque, le rabbin a les papiers, les titres et tout est en règle.

La banque accepte de prendre la voiture en gage pour le prêt. Le directeur de la banque et ses agents se payent une bonne rigolade au sujet du rabbin qui leur a laissé une Jaguar de 80.000 dollars en gage pour 5000 dollars de prêt.

Un employé de la banque se charge alors d’aller garer la voiture dans le garage souterrain de la banque.

Deux semaines plus tard, le rabbin revient, rend les 5000 dollars et les intérêts, qui se montent à 17 dollars et 41 cents.

L’agent de prêt dit : « Monsieur le rabbin, nous sommes très heureux d’avoir fait affaire avec vous, et cette transaction s’est fort bien passée, mais nous sommes un peu perplexes. Pendant votre absence, nous avons procédé à des vérifications à votre sujet et nous avons découvert que vous étiez multimillionnaire. Ce qui nous intrigue, c’est pourquoi vous vous êtes dérangé pour emprunter 5000 dollars ? » Le rabbin répond : « A quel autre endroit à New York puis-je garer ma voiture deux semaines pour 17 dollars et 41 cents et m’attendre à la retrouver là à mon retour ? »

 

Remarque

L’histoire n’est pas de moi… je ne sais plus quelle est la source. Si l’inventeur se présente et demande des droits d’auteur, nous nous ferons un plaisir de payer, puisque chacun sait que Un Echo a trop d’argent – (ou bien… on en demandera au rabbin ci-dessus).

                                                                   Yohanan Elihai

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