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 « Seigneur Jésus,
apprenez-nous à être généreux,
à vous servir comme vous le méritez,
à donner sans compter,
à combattre sans souci des blessures,
à travailler sans chercher le repos,
à nous dépenser sans attendre d’autre récompense
que celle de savoir que nous faisons votre Sainte volonté. »

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N° 8 Mai 2003

No 8 – Mai 2003

 

Sommaire :

-         Editorial

-         Dossier du mois : les protocoles des Sages de Sion

-         Page d’Histoire : Les Accords de Rhodes

-         Droit au retour ?

-         Choix des mots

-         Ombres et lumières

-         Flashes d’espoir

-         Témoignage : le mois de Nissan- sortir

-         Un nouveau centre d’études juives à Jérusalem

-         Le chant du mois et l’humour en finale

Éditorial

D’une quinzaine à l’autre

            Le 6 mai, jour du souvenir des soldats israéliens tombés au combat. Le lendemain, jour d’anniversaire de l’Etat d’Israël (55 ans). Mort et naissance dans un même souvenir : -larmes de deuil et danses de vie. Le journaux ont titré : « jour d’anniversaire » au lieu de « jour d’indépendance » tant il est vrai qu’ici l’indépendance des uns et des autres est problématique. L’espérance est à dure épreuve et même si le Président de l’Etat Moshé Katsav interviewé par Yediot Aharonot dit : « je suis optimiste », il reconnaît que la situation économique est désastreuse.

            Alors, comment fêter ce jour d’anniversaire ? le signe le plus expressif et très discret fut la nuit du 6 au 7 mai avant les danses programmées sur la place de la mairie de Jérusalem, une femme vêtue en blanc, le drapeau d’Israël en main, dansant seule dans la rue King Georges pendant plus d’une heure. Comme le chantait Jacques Brel : « Une fille s’est mise à danser, elle tourne pareille aux danseuses d’antiquité. Ainsi certain jour paraît à nos yeux une flamme. » Oui, ce fut une flamme d’espoir, une prière. Mais les gens n’ont pas « fermé leurs carreaux ». Au contraire, fascinés, nous avons été emportés plus loin.

                                                                                                                                      Suzanne Millet

 

            Dix jours plus tard, le 17 mai, au moment où l’on partait beaucoup de rencontres Bush – Sharon, Sharon- Abou Mazen, de la feuille de route et du futur Etat palestinien, 5 attentats suicide à Hébron, Jérusalem, Afula et la bande de Gaza le 17, 18 et 19 mai. 12 morts et de nombreux blessés. S’agirait-il encore et toujours du désir de tuer les Juifs, du refus d’un Etat juif au Moyen-Orient ? Ce qui se passe ici est-il étranger à ce qui se passe en France, ce regain d’antisémitisme ?

            A la deuxième rencontre européenne entre Juifs et Catholiques à Paris le 11 Mars 2003, le Père Bernard Dupuy faisait remarquer que « tout dans le monde actuel dissimule le désastre de la Shoah. » Puis s’adressant aux chrétiens présents il s’est écrié : « Malheur à ceux qui vivent tranquilles ! Cette tranquillité est signe de mort. » Cet avertissement rejoignait ce qu’avait dit le Rabbin Philippe Haddad de Nîmes à la communauté protestante de Charmes : « dans votre charte, vous vous situez comme des résistants à l’esprit du Mal. Vous êtes donc avec nous dans une même résistance. »

            Dans ce numéro 8, le dossier sur les Protocoles des Sages de Sion nous aidera à mieux discerner ‘les ruses du Menteur’ pour y résister. Un ami allemand visitant Amman il y a 2 mois a trouvé dans les kiosques ‘Mein Kampf’ et les Protocoles traduits en arabe.

            Citons encore Imre Kertesz, prix Nobel, écrivain juif hongrois déporté à Auschwitz à l’âge de 15 ans : « l’antisémite avant Auschwitz était un assassin latent, après Auschwitz, il est un assassin manifeste. »

                                                                                                                        Antoinette Brémond

            2 juin : Au moment où nous terminons ce numéro, le processus de paix semble repartir. Après les récentes déclarations d’Ariel Sharon sur l’occupation des Territoires par Israël, dans leurs suppléments du vendredi 30 mai, les quotidiens israéliens tentent de percer le « mystère Sharon ». Yédiot Aharonot évoquant une lutte interne entre « Arik le père de la colonisation juive, et « Ariel, le Premier ministre souhaitant faire l’Histoire ». Lequel des deux, en fin de parcours l’emportera sur l’autre ? Depuis plusieurs jour, Sharon répète comme un leitmotiv qu’Israël ne peut dominer sur un peuple de 3 millions et demi de personnes : « ce n’est pas bon pour nous et ce n’est pas bon pour les Palestiniens » affirmait-il il y a quelques jours à Haïfa.

Un sondage d’opinion réalisé par l’institut New Wave pour le compte du quotidien Maariv fait apparaître qu’une nette majorité d’Israéliens se disent favorables à la fin de l’occupation des territoires par Israël. 62% des personnes interrogées y sont favorables, contre 32% de l’avis contraire et 6% d’indécis.

L’enquête révèle en outre que 59% des Israéliens préconisent le gel des implantations – y compris leur croissance naturelle - contre 37% de l’avis contraire.

La majorité des Israéliens (57%) se prononcent pour la création d’un Etat palestinien comme le prévoit la « feuille de route » ; 32 % sont contre.

En revanche, les Israéliens ne sont que 36% à penser que la « feuille de route » débouchera sur un règlement avec les Palestiniens, alors que 52% pensent le contraire.

Enfin, la côte de popularité du Premier ministre israélien est en baisse, puisque 48% des Israéliens s’estiment insatisfaits de ses prestations, ce sont les mauvais résultats économiques et les problèmes sociaux que connaît le pays qui explique en grande partie cette donnée.

Dans les Territoires, le nouveau Premier ministre Abou Mazen semble agir pour arriver à un accord avec le Hamas et le Jihad en vue d’un cessez-le-feu. Si cette solution est loin d’être idéale, elle est pour l’heure la plus réaliste. Le point commun des deux hommes est justement leur pragmatisme, c’est sans doute ce dont la région a le plus besoin….Tout effort pour la paix est louable et même si rien n’est gagné, il faut le saluer.

                                                                                                                            Jean-Marie Allafort

Dossier du mois 

Les Protocoles des Sages de Sion

            De tous les pays du Moyen-Orient, le Liban est sans aucun doute l’un des pays où le passé culturel et religieux est le plus riche, il est aussi le pays le plus ouvert à la civilisation occidentale et c’est ce qui lui confère ce charme si particulier que je n’ai trouvé nulle part ailleurs. C’est à l’occasion de plusieurs voyages au pays des Cèdres que ma réflexion sur le rapport Juifs, Etat d’Israël et monde arabe a singulièrement évolué.

            J’étais à Beyrouth le 13 novembre 1993 lorsque Rabin et Arafat signèrent les premiers accords d’Oslo à la Maison Blanche et qu’ils se donnèrent cette fameuse poignée de main historique. La région, du moins me semblait-il, entrait dans une nouvelle ère. Toutes mes autres visites au Liban s’effectuèrent alors que le processus de Paix battait son plein : la conjoncture était donc particulièrement favorable. C’est dans ce contexte que j’allais faire là-bas l’expérience de l’antisémitisme arabe. Comme non-juif, il m’était relativement facile d’entrer au Liban à l’époque où Tsahal contrôlait le Sud du pays en passant par Métulla. Il fallait bien sûr prendre de nombreuses précautions et faire attention de ne porter avec soi quelque objet qui pourrait nous trahir. Ainsi, avant chaque voyage je coupais les étiquettes de mes tee-shirts qui étaient écrits en hébreu et je passais en revue ma trousse de toilette pour vérifier si rien ne pouvait désigner ma provenance. Les check points syriens depuis la bande de sécurité du Sud jusqu’à Beyrouth était fréquents et même si les soldats savaient parfaitement que nous venions d’Israël, la règle du jeu était qu’il ne fallait pas se faire prendre...

Un taxi collectif venait nous prendre à la frontière. Le voyage était pénible tant les routes étaient mauvaises. En général, c’étaient des religieux et des religieuses qui venaient visiter leur communauté qui se rendaient à Beyrouth. Il était de bon ton de parler de la situation politique et de critiquer l’Etat d’Israël et les Juifs avec plus au moins de finesse et d’élégance. Je me taisais donc, ainsi d’ailleurs que mes amis qui m’accompagnaient. Pour être dans le vent, il fallait mal parler des Juifs. Proposer une nuance ou faire une remarque était absolument impossible.

C’est dans une chambre d’hôtel à Beyrouth que j’ai découvert les Protocoles des Sages de Sion en français déposé là sur la table de nuit à côté du Nouveau Testament. Je n’ai pas eu le réflexe d’enquêter pour savoir si ce livre était dans cette chambre par hasard ou s’il était offert comme cadeau de bienvenue aux hôtes de l’établissement tant ma curiosité était grande de lire cet ouvrage dont j’avais tellement entendu parlé. Le livre était édité à Beyrouth et la photo de couverture était un immense serpent à la tête monstrueuse.

Les Protocoles des Sages de Sion est un texte écrit par des agents de l'Okhrana, la police secrète tsariste de Nicolas II quand au début du 20ème siècle, celle-ci s'était lancée dans une politique antisémite visant à faire passer les Juifs pour la source de tous les maux de la Russie. Il s'agissait de désamorcer la contestation sociale qui avait culminé avec la révolte du cuirassier Potemkine et la révolution manquée de 1905. Les Protocoles se présentaient comme l'émanation d'une sorte de maçonnerie juive, visant à prendre le pouvoir dans le monde entier et basée sur des rituels comme les meurtres d’enfants. D’après un article remarquable de Renée Neher-Bernnheim intitulé ‘le Best-seller actuel de la littérature antisémite : les Protocoles des Sages de Sion’, ce pamphlet a fait son apparition dans le domaine imprimé en août 1903. Il trouve son inspiration dans plusieurs ouvrages d’un antisémitisme consommé de la fin du 19ème siècle. Selon l’une des versions les plus célèbres, les Protocoles seraient un compte-rendu de réunions secrètes des Sages de Sion qui complotaient en vue de dominer le monde. Certains soutiennent qu’il s’agit de notes volées à Herzl lors d’un premier congrès sioniste de Bâle en 1897. Selon un certain Lesley Fry qui avait écrit une présentation du livre en 1931, les Protocoles seraient de Asher Ginzberg plus connu sous le nom de Ahad Haam, une des grandes figures du sionisme. Cette version sera reprise sans cesse et en particulier dans les éditions imprimées dans le monde arabe. Le livre est divisé en 24 protocoles : les neuf premiers présentent une déstabilisation des régimes en place, les dix autres suivants parlent d’un nouvel Etat où les Juifs seront les maîtres. Les quatre autres traitent d’un programme économique et le dernier soutient que le roi sera de la lignée de David.

            Je commis l’erreur en entreprenant la lecture de l’ouvrage de sauter la présentation et de commencer à m’attaquer aux Protocoles eux-mêmes. La lecture était absolument indigeste, il n’y avait aucun lien logique entre les parties et parfois même entre les phrases. Les répétitions étaient légion. J’abandonnai au bout de quelques chapitres et je repris ma lecture quelques jours plus tard. Plus je progressais et plus les absurdités se multipliaient. Aucun programme politique de ce genre et encore moins économique ne pouvait tenir. Comment un si mauvais texte qui n’argumentait jamais pouvait avoir un tel succès ? Pourquoi ces Protocoles étaient tellement diffusés dans le monde arabe ? Un ami chrétien libanais qui luttait avec courage contre l’antisémitisme et qui ne cachait d’ailleurs pas son admiration envers l’Etat d’Israël m’expliqua que personne ne lisait les Protocoles mais que l’intérêt du livre était dans son introduction qui développe avec milles détails succulents la théorie du complot juif pour dominer le monde. ‘C’est justement parce que c’est absurde que ça marche’ affirma-t-il. Selon lui, beaucoup dans le monde arabe sont persuadés que les Juifs (et non les Israéliens) veulent avoir la main mise sur tout, que leur soif de domination et de sang est insatiable et qu’ils sont déjà les véritables maîtres du Proche-Orient. Les slogans antisémites qui en Europe sont bannis parce que tombant sous le coup de la loi sont repris ici sans que cela pose le moindre problème y compris aux dirigeants chrétiens. De fait, plusieurs fois j’ai entendu que si la situation économique était si mauvaise au Liban c’était la faute des Juifs…

            Cette haine du Juif était-elle le résultat de la politique d’Israël envers les Palestiniens ? Une visite dans la vallée de la Bekaa, le fief du Hezbollah allait m’éclairer. Sur la route qui conduit à Baalbeck, des banderoles écrites en arabe accueillaient les visiteurs. Mon ami libanais me les traduisait au fur et à mesure. Toutes concernaient Israël mais aucune ne mentionnait les Palestiniens. Plus nous avancions plus j’était mal à l’aise et je commençais à me sentir mal. Cette haine gratuite du juif me révoltait, me blessait profondément et m’interrogeait tout à la fois. Le Hezbollah pas plus que les Libanais que je questionnais par la suite ne s’intéressaient à la cause palestinienne. Les palestiniens sont enfermés dans des camps et leur présence sur le sol libanais est seulement tolérée. Pour beaucoup, ils sont considérés comme les responsables de la guerre de 1982 et accusés d’avoir déstabilisé la région. Certes, il serait erroné de soutenir que seule la haine antisémite explique l’attitude du monde arabe envers Israël, il y a bien un problème politique grave mais une fois réglé, rien ne permet d’indiquer que cette judéophobie tellement répandue dans le monde arabe disparaîtra. Il m’était clair que l’occupation des Territoires par Israël ne pouvait rendre compte rationnellement de la haine contre les Juifs, elle la cristallisait tout au plus.

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            Lors du dernier Ramadan en novembre 2002, une dizaine de chaînes arabes y compris câblées (donc visibles en France) ont diffusé un feuilleton en 41 épisodes intitulé ‘Chevalier sans monture’ qui se fonde sur les Protocoles des Sages de Sion. Le héros est un résistant à l’occupation coloniale britannique qui tout au long du feuilleton s’emploie à démontrer la véracité des Protocoles et à lutter contre un ‘complot juif contre la Palestine’. La série, produite par Mohamed Sari qui en est aussi l’acteur principal a déclenché un chaud débat dans la presse arabe et particulièrement égyptienne. Si la plupart des écrivains ont soutenu la diffusion de la série, certains ont toutefois critiqué l’intérêt obsessionnel porté par les Egyptiens (pourtant en paix avec Israël) aux récits antisémites. Voici des extraits de ce que Memri a publié au moment de la diffusion de la série :

« La presse égyptienne dans son ensemble s'est montrée largement favorable à la diffusion de la série. Un éditorial intitulé " Non au terrorisme idéologique ", publié dans le quotidien officiel Al-Akhbar, explique : " Ceux qui mettent en doute l'authenticité du Protocole des sages de Sionprétendent que [la police secrète du] tzar Nicolas II en est l'auteur, qu'elle voulait ainsi faire porter aux Juifs la responsabilité des problèmes de la Russie d'alors. Selon eux, les Protocoles ont été utilisés par Hitler pour justifier les chambres à gaz! ... La question de fond est la suivante : dans les faits, le sionisme ne cherche-t-il pas à conquérir le monde par l'argent, le meurtre, le sexe et d'autres moyens tout aussi méprisables, particulièrement à l'heure actuelle ? "

Dans le même numéro d'Al-Akhbar figure un article de Fatma Abdallah Mahmoud, qui, en avril 2002, reprochait à Hitler de n'avoir pas terminé le travail d'extermination des Juifs. Mahmoud écrit : " Ces meurtriers [les Juifs], ces assassins, ces criminels de guerre, ces êtres sanguinaires, ces ennemis de l'humanité tout entière... n'ont eu de cesse que de reprendre leur refrain éculé, la même accusation boiteuse et le même air discordant sans aucun fondement - qui dit que nous sommes antisémites!! Cette accusation ne fait plus que l'effet d'une mauvaise plaisanterie - une plaisanterie qui suscite mépris et dégoût, et révèle leur ignorance totale des éléments les plus fondamentaux de leur religion. Comment pourrions-nous être antisémites, étant nous-mêmes sémites, plus sémites encore qu'eux ? Nos parents et grands-parents étaient sémites. Pouvons-nous nous haïr nous-mêmes ? Nous ne sommes pas des malades mentaux, nous ne sommes pas schizophrènes... Si seulement ces meurtriers qui assassinent les enfants réfugiés dans les bras de leurs pères, qui éventrent les femmes pour en extirper fœtus et intestins et les jeter au hasard, ces criminels de guerre dont les mains dégoulinent des pieds à la tête du sang de Palestiniens innocents - si seulement ils ouvraient un livre d'histoire, ils y liraient cette phrase qui reflète fidèlement la vérité et la réalité: 'Les musulmans sont d'origine sémite'... La vérité indéniable est que ce sont les 'Fils de Sion' les antisémites et les ennemis du genre humain... L'ouvrage qui atteste le mieux de leur culpabilité et révèle en outre leur antisémitisme et leur hostilité à l'égard de l'humanité est l'ouvrage... démoniaque par essence et répugnant de bassesse intitulé Le Protocole des Sages de Sion! ... Le Protocole répand son venin et sa haine à l'encontre de tout non-juif vivant sur la surface de la terre! ... " Mahmoud cite ensuite des extraits des Protocoles. »

            C’est également au Liban que j’ai rencontré des personnes d’une rare lucidité sur leur société et qui portent un regard vrai et sans compromis sur la région et sur Israël. Dans le monde arabe en général, des intellectuels de plus en plus nombreux se lèvent pour dénoncer l’antisémitisme des leurs. Le voyage organisé par le Père Emile Shoufani à Auschwitz est un signe qui ne trompe pas. Seule l’éducation des nouvelles générations pourra venir à bout de ce phénomène.

            Si le monde arabe a le triste privilège de porter le plus haut l’étendard de l’antisémitisme, ce phénomène est loin d’avoir disparu en Europe. En conclusion, voici l’extrait d’un article paru le 22 mai sur le site Internet de la Vie catholique par le père Michel Bureau, jésuite, ‘délégué à la vie spirituelle’ dans le diocèse d’Evry :

« Pourquoi a-t-il fallu que tous les médias, toutes tendances confondues, même catholiques, annoncent en boucle plusieurs jours de suite que 800 personnes ont manifesté à Créteil contre l'antisémitisme, alors que tant de palestiniens, tout aussi sémites , sont assassinés tous les jours et tant de chrétiens martyrisés incognito ? Manifestation lancée à l'appel d'organisations juives, encadrée par elles, pour "mettre en garde les autorités sur le péril que constitue la montée de l'antisémitisme contre les valeurs de la république" ! Pourquoi cette insistance sur un paisible défilé de 800 personnes, ce qui n'indique pas une mobilisation énorme et tire son impact de la seule surenchère médiatique, alors que la veille Israël détruisait des maisons habitées mettant ainsi plus de 500 palestiniens à la rue. On a envie de dire : un peu de pudeur…

Evidemment, nul ne peut se réjouir qu'une école juive soit incendiée ou de graffitis anti-juifs dans une banlieue à forte densité de population maghrébine. Nul ne peut se réjouir d'agressions sur de jeunes juifs et encore moins les encourager. Mais il faudrait, d'abord, se demander quelle est la juste riposte à la destruction de maisons habitées si l'on invite à une manifestation pour des graffitis sur un mur. Se souvenir, ensuite, que si Ariel Sharon est soutenu par plus de 70 % des Israéliens et Bush par plus de 80 % des américains, la paix s'éloigne. Comprendre, enfin, qu'il n'y a pas d'effet sans cause

Il n'y a pas de solution politique évidente ou simple, mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir que les attentats de Ben Laden sont un langage, violent ou même criminel, de révoltés et d'opprimés. De même, il est trop clair que les manifestations contre des membres ou des locaux de la communauté juive, en France ou ailleurs, sont alimentés par la maltraitance des Palestiniens par Israël. Sans légitimer ces actions, un arabe, chrétien ou musulman, ne peut qu'être révolté. Il faudra bien qu'Israël et ceux qui soutiennent ce pays le comprennent un jour. "Qui sème le vent récolte la tempête" enseigne la sagesse des nations. »

            Est-ce vraiment la défense de la cause palestinienne, bonne en soi, qui inspire de telles paroles ?

 

                                                                                                                      Jean-Marie Allafort

Histoire

Les Accords de Rhodes – 24. 2. 1949

Dix mois de guerre séparent la naissance d’Israël et les accords d’Armistice avec les 5 pays Arabes qui l’ont envahi.

Le 13 janvier 1949, l’île de Rhodes accueille les participants sous la présidence de l’Américain Ralf Bunch, envoyé des Nations Unis.

            Un premier accord est signé entre l’Egypte et Israël le 24 février 1949. Israël relâche l’armée égyptienne encerclée dans la poche de Falouja. L’Egypte garde la bande de Gaza, Israël le Néguev avec Beershéva.

            Le 23 mars 1949, un accord est signé avec le Liban (voir le texte ci-dessous). Israël évacue les quelques villages qu’il a occupés et la frontière internationale demeure inchangée.

            Le 4 avril, c’est avec la Jordanie que l’accord est signé. La ligne de cessez-le-feu est acceptée comme frontière avec quelques petits changements. Jérusalem Est avec la veille ville ainsi que la Cisjordanie passent sous contrôle de la Jordanie qui les annexera en 1950. Il doit y avoir libre accès aux Lieux Saints à tous les fidèles du monde entier : musulmans, Juifs et Chrétiens.

            Il n’y aura pas d’accord signé avec l’Irak qui n’a pas de frontière avec Israël et qui retirera ses troupes de la ville de Jénine en Cisjordanie qu’elle occupait.

            Avec la Syrie, l’accord est signé le 20 juillet 1949 dans la zone neutre du pont des filles de Jacob. Ce sera le retour aux frontières internationales, mais les zones évacuées doivent rester démilitarisées et les résidants arabes qui ont fui pourront revenir.

C’est la fin de la guerre d’Indépendance.

            Voici des extraits de l’Armistice signé entre Israël et le Liban :

Article 1 : En vue de favoriser le retour à une paix définitive en Palestine, et en raison de l’importance à cet égard d’assurances mutuelles concernant les opérations militaires futures des Parties, les principes suivants, qui seront pleinement observés par les deux Parties durant l’armistice, sont affirmés ci-après :

-          L’injonction faite par le Conseil de sécurité de ne pas recourir à la force militaire dans le règlement de la question palestinienne sera dorénavant scrupuleusement respectée par les deux Parties.

-          Les forces armées de terre ou de l’air de l’une des quelconques Parties n’entreprendront ni ne projetteront aucune agression contre la population ou les forces armées de l’autre Partie, ni ne les menaceront d’une telles action…

Article 5 :

-          La ligne de démarcation d’armistice suivra la frontière internationale entre le Liban et la Palestine.

-          Dans la zone de la ligne de démarcation d’armistice, des effectifs militaires des Parties ne comprendront que des éléments défensifs, ainsi qu’il est prévu à l’Annexe à la présente Convention….

Article 6 : Tous les prisonniers de guerre détenus par l’une ou l’autre des Parties à la présente Convention et appartenant aux forces armées régulières ou irrégulières de l’autre Partie seront échangés comme suit :

-          L’échange des prisonniers de guerre sera entièrement effectué sous le contrôle et la surveillance des Nations Unies. Cet échange aura lieu à Ras El Nakoura dans les 24h qui suivront la signature de la présente Convention.

-          Les prisonniers de guerre contre lesquels une action judiciaire serait en cours, de même que ceux qui sont condamnés pour crime ou délit, seront inclus dans cet échange.

-          Tous les objets d’usage personnel, valeurs, lettres, documents, pièce d’identité et autres effets personnels de quelque nature que ce soit, appartenant aux prisonniers de guerre échangés, leur seront rendus, ou, en cas de décès ou d’évasion, seront rendus à la Partie aux forces armées de laquelle les prisonniers appartenaient…

 

Pour et au nom du Gouvernement du Liban, lieutenant-colonel Toufik Salem

Pour et au nom du gouvernement d’Israël, lieutenant-colonel Mordechai Maklef.

 

Ces accords conclus directement entre les deux parties ne pouvaient être modifiés unilatéralement. Bien que provisoires, ils conféraient aux frontières un caractère presque permanent qui durera pendant 18 ans. L’agression arabe dégageait Israël de toute obligation morale à l’égard des frontières précédant l’agression.

 

                                                                                                                            Cécile Pilverdier.

Droit au retour ?

C’est l’expression que l’on entend beaucoup ces temps-ci à propos d’un retour éventuel des réfugiés palestiniens. Cette fois encore, il a semblé bon de réfléchir au sens des mots, aux confusions et malentendus sans issue.

Les Palestiniens exigent ce droit comme préalable à toute discussion, les Israéliens le repoussent d’emblée, mais parle-t-on de la même chose, et que met-on derrière les mots?

Disons dès maintenant qu’il faut distinguer entre le droit moral de principe et sa réalisation pratique. Il est fréquent qu’une personne sache qu’elle a un droit, mais qu’il lui sera impossible de le concrétiser, et elle y renonce parfois d’elle-même.

Dans le cas des Palestiniens qui ont fui leurs terres, laissé la maison de leurs ancêtres, parfois chassés, ou en tout cas empêchés de revenir dans les jours et les mois qui ont suivi la guerre de 1948, il est difficile de déclarer froidement : il n’ont aucun droit. Il y a un droit moral, un lien qui reste, un désire légitime de revenir en arrière.

Assurément on peut rétorquer deux choses :

— ce sont les armées arabes qui en 1948 ont attaqué la population juive. Leur intention était de liquider le petit Etat qui venait de naître suite à la proposition de partage de l’ONU. La responsabilité des conséquences est bien d’abord la leur.

— dans l’histoire des peuples, il y a eu des populations déplacées, Inde-Pakistan, Allemagne-Tchécoslovaquie et tellement d’autres par millions et on a rarement envisagé un retour à la situation précédente. Il y a eu des arrangements, des dédommagements, et aussi bien des personnes traumatisées par des solutions imparfaites.

Mais sur le plan humain, pourquoi ne pas reconnaître la blessure encore ouverte et le droit moral, le lien sentimental. Le rejeter sans admettre même d’en parler ne peut que blesser l’interlocuteur, le fermer à tout échange ultérieur. Donc ne pas dire “Non !” et tourner le dos, dire plutôt “Oui, je comprends, mais…”. Cela change tout.

Maintenant, ajoutons vite que le refus des Israéliens est en fait la peur d’un retour massif à l’intérieur des frontières d’Israël de 3 à 4 millions de Palestiniens dispersés dans le monde. Cela est largement compris en dehors d’Israël, sauf par quelques extrémistes, et même beaucoup de Palestiniens l’admettent. Certains de leurs dirigeants interrogés à ce sujet déclarent : “C’est évident que la majorité des Palestiniens installés dans d’autres pays n’ont aucune intention de revenir, et la plupart de ceux qui pensent à un retour seraient intégrés dans la Palestine de demain. On pourra quand même discuter de la possibilité pour certains de retrouver leurs familles en Israël.”

Dire que tout le monde pense ainsi, ce serait naïf, mais au moins laissons la porte ouverte à un premier échange. Certains ont montré que la chose est possible.

Choix des mots

Le vocabulaire trahit souvent le fond de la pensée… et changer notre vocabulaire peut aider à corriger notre regard, nos réactions.

Dans la recherche de solutions dans notre région, il n’est pas rare d’entendre les expressions comme “il faudra bien leur donner un Etat” ou encore “nous sommes prêts à leur accorder des droits”. On ne donne pas à quelqu’un des droits qu’il a de fait comme tout homme ou tout peuple. Il ne s’agit pas d’une faveur que l’on fait, d’une chose qui est à nous et que nous distribuons gentiment à autrui. Une meilleure formule serait “reconnaître leurs droits”, “accepter l’existence de l’Etat voisin”. Ce qui du reste est réciproque : nous aussi demandons à nos voisins de reconnaître notre droit à notre Etat, accepter qu’il a sa place ici, pour toujours. Quant à nous, nous “acceptons le principe d’un Etat palestinien” à côté de nous, nous reconnaissons leur droit à vivre libres dans leur Etat. C’est du reste la formule reçue, courante, Dieu merci. Nous avons seulement voulu mettre en garde contre d’autres formulations discutables.

Ombres et lumières

Dans cette guerre, qui dure depuis 55 ans [ dont 21.540 soldats israéliens morts ], il y a encore et toujours ces situations de violence de part et d’autre. Dans les actions de l’armée qui normalement visent à neutraliser des terroristes notoires qui préparent de nouveaux attentats, et à supprimer des centres de fabrication de bombes, en fait nous avons déjà noté que les dégâts dépassent souvent le simple objectif “militaire”, et les débats ne manquent pas dans le public, la radio, la TV avec la question “Était-ce inévitable?”. Certains officiers disent froidement “La guerre, c’est la guerre!” D’autres embarrassés disent que franchement, ils n’avaient pas le choix, ou ne savaient pas qu’il y avait aussi des civils etc. Il y a des cas où on reste perplexe, d’autres où on sent la sincérité de l’officier. On peut souvent penser qu’il faudrait poser la question à des responsables plus haut placés, et parler de la situation d’ensemble. Mais ceci est un autre problème.

Cette fois nous voulons rapporter le cas de ces garde-frontières et de leur petit pogrome. Chargés d’assurer la sécurité de la route vers la Grotte des Patriarches à Hébron (route bien problématique elle aussi), les garde-frontières ont été attaqués par des tireurs palestiniens et certains de ces gardes ont été tués. Les survivants, furieux, ont décidé de venger la mort de leurs camarades. Une descente dans un quartier palestinien, on casse, on pille. On attrape un jeune de 17 ans, on le charge sur la jeep. Coups violents, et finalement on le jette de la jeep en pleine course. Il tombe et en meurt.

Dans Yedioth, le journal à grand tirage, deux pages traitent longuement de cette terrible journée, des différents jeunes palestiniens maltraités, et surtout de cette mort. Le journal donne une grande photo de la mère en deuil tenant le portrait de la victime, son fils. L’article raconte que l’organisation israélienne Be-Tsélèm (= “A l’image”, raccourci de la formule “l’homme créé à l’image de Dieu”) intervient et obtient l’autopsie. Par ailleurs l’un des coupables était allé raconter lui-même le fait à la police. Les responsables arrêtés passent en jugement en ce moment. La TV a rapporté les faits en détail. Affaire à suivre. Cela ne rendra pas le jeune à sa mère. Mais cela fait réfléchir tout le monde.

Ombres et lumières… Le mal, et le sursaut des valeurs qu’on essaie de ne pas oublier. Bien des choses passent inaperçues, dans cette guerre quotidienne, mais il y a souvent un journaliste, une organisation, qui rattrapent les coupables au tournant.

“L’occupation abîme aussi l’occupant” comme dit la formule des pacifistes depuis 1967. Oui, il y a une usure, une dégradation, que beaucoup de citoyens sentent et regrettent. Et par ailleurs, combien de pays au monde feraient mieux après 55 ans de guerres? A chacun de répondre, dans le secret de sa conscience.

Flashes d’espoir

C’est l’initiative d’un orchestre israélien (le philharmonique? je ne sais plus) de faire se rencontrer des enfants israéliens, arabes de Galilée et palestiniens pour des séances de chants ensemble, chants classiques, arabes ou israéliens. Les voir sur le petit écran rire ensemble et chanter de tout cœur et à pleine voix, cela faisait du bien.

Ou encore, ce programme de TV sur ce groupe de jeunes juifs religieux orthodoxes ouverts, (18-25 ans), fatigués de l’extrémisme et des exactions de certains de leurs confrères des implantations approuvés par certains rabbins parfois très en vue. Ces jeunes, sûrement encore très minoritaires (il faut du courage!) commencent un mouvement de remise en question. C’était beau de les voir discuter, d’entendre l’objection qu’on leur faisait: “Mais tel grand rabbin les soutient!” et leur réponse “Et après?! Le vrai judaïsme, c’est la vie, pas les pierres, c’est le respect de l’autre…” etc.

Et puis – dans le cadre du procès actuel de Barghouti – on rappelle le passé : un attentat terroriste avorté à Jérusalem. Dina Dagan qui tenait un pub au centre de la ville, voit un Palestinien entrer et poser un sac, elle se précipite et a le temps de jeter l’objet ensuite neutralisé par la police. Elle se rappelle “C’est absurde, cette situation : un Palestinien a posé la bombe, et c’est un autre Palestinien qui m’a aidé à la sortir…” Depuis elle a ouvert une autre affaire au bord de la Mer Morte, (c’est moins dangereux que Jérusalem) et elle y emploie des Palestiniens “Eux aussi ont besoin de gagner leur vie.”

[ce dernier cas rapporté par un article paru en avril dernier dans le Monde ].

                                                                                                                                      Yohanan Elihaï

Témoignage

Le mois de Nissan- sortir

Du 3 avril au 2 mai 2003 :

-le premier mois de l’année selon les Ecritures (Exode)

- le mois de la sortie d’Egypte.

            Voici quelques événements vécus ici durant ce mois. Le passé, le présent et l’avenir s’entremêlent, se combinent ou s’opposent….une désinstallation dans l’imprévu.

1 Nissan- 3 avril : - Dès le 1er Nissan et même avant, la préparation de Pessah (Pâque juive) se met en route ; nettoyage des maisons, peintures intérieures et extérieurs, renouvellement du mobilier, des rideaux s’il le faut. Dans 2 semaines ce sera Pessah. Tout autre activité cède la place à la préparation de la fête. Un vrai ‘branle-bas de combat’. Oui, ‘à la hâte’ comme la première fois avant la sortie d’Egypte.

7 Nissan- 9 avril : - A 17h50, un grand bruit secoue le Moyen Orient et se propage dans le monde entier : la statue en bronze de Saddam Hussein qui dominait la place El Shahid de Bagdad s’effondre et avec elle le régime du tyran. Dans la presse d’ici, un grand titre : « Libération. »

Les enfants iront encore en classe avec leurs masques à gaz, mais plus pour longtemps. L’atmosphère devient plus légère. Après 3 semaines lourdes, on tourne la page.

8 Nissan- 10 avril : - Pessah se rapproche. C’est le temps d’acheter le poisson et la langue de bœuf pour le Seder (repas pascal) ou tout au moins de le commander. Quelle sera la vaisselle pour la fête ? Quels cadeaux faire cette année aux amis et aux voisins ? Le marché bat son plein - hommes et femmes rentrent à la maison chargés de sacs en plastique débordants, sans compter les éventuels tringles de rideaux et balais brosse.

14 Nissan – 16 avril : - Le mercredi soir attendu arrive. Comme chaque année depuis si longtemps tout est prêt pour le repas du Seder. Avraham, notre voisin, chez qui se réunissent enfants et petits enfants est mort il y a 3 semaines. Mais la fête a le dessus. Après la synagogue, les familles seront là et nous avec eux comme avant. Un Seder habituel solennel et festif où tous ‘nous nous considérons comme sortant d’Egypte.’ – Libération- hier, aujourd’hui, demain.

15-21 Nissan – 17-23 avril : - Toute une semaine de vacances pour les enfants, de semi-vacances pour les adultes : beaucoup de magasins et de bureaux sont fermés l’après-midi. – sortir, partir – les hôtels de Galilée et d’Eilat affichent complets. Il faut dire que s’il fait froid à Jérusalem, le temps est délicieux dans les lieux chauds que sont habituellement le lac de Tibériade et la Mer Rouge. Mais c’est aussi pour les juifs pratiquants une semaine de pèlerinage. Des cars viennent de tout le pays ; les pèlerins montent à Jérusalem pour prier au Mur occidental en particulier. Jusque tard le soir, 21h, 22h, et malgré le vent froid, des familles de Mea Shéarim et leurs parentés descendent au Mur avec les bébés en poussette et les plus petits, courant derrière les grandes enjambées du père…Une semaine de déplacement, de désinstallation générale. Une grâce de prière flotte sur Jérusalem en ce mois, une tradition vivante, un vécu actualisant toute l’histoire et portant toute l’attente de la libération finale, la Géoula (Rédemption).

11-18 Nissan – 13-20 avril : - Le monde chrétien était lui aussi ‘en tenue de fête.’ Les dates de la semaine sainte chevauchaient celles ce Pessah : 13-20 avril pour les chrétiens d’Occident, 20-27 avril pour les chrétiens orientaux (Eglises orthodoxes). Les Eglises locales et les pèlerins venus d’ailleurs commémoraient durant cette semaine ce qui se passa dans cette ville sainte il y a environ 2000 ans : et en particulier, selon notre foi, la Libération d’entre les morts du ‘Fils de l’homme’ à Pâques.

17 Nissan – 19 avril : - Lorsque partageant la vie des deux communautés (juive et chrétienne) on entend à la synagogue ce shabbat, la veille de la Pâques chrétienne, la lecture de la haftara (2ème lecture synagogale) dans Ezéchiel 37 : l’invocation de l’Esprit sur les ossements desséchés, la résurrection de la maison d’Israël, la sortie des sépulcres et le retour au pays, on ne peut qu’attendre ensemble et se réjouir déjà et…d’avance.

27 Nissan – 29 avril : - Jour de la Shoah. Journée du souvenir des victimes de la Shoah. Hurler et se taire. La ville devient grave. A 10h du matin, pendant les deux minutes de silence tout s’arrête, tous s’arrêtent… Pendant toute la journée à la télé les survivants racontent. Leurs voix résonnent dans les rues à travers les fenêtres des maisons ; eux sont vivants et les autres ? Les 6 millions ?... Il y a 60 ans éclatait la révolte du Ghetto de Varsovie. A cette occasion, une cérémonie spéciale se déroula au Kibboutz Lohamei Haghetaot en Galilée, kibboutz fondé par les rescapés du ghetto. ‘Comme pour la nuit de Pessah, considérons-nous tous aujourd’hui comme sortant du ghetto.’

Et pour nous les non juifs, silence. Ecouter et se souvenir de ce nous ne pourrons jamais comprendre…

27 Nissan – 29 avril : - A la même date, Abou Mazen, le Premier ministre palestinien forme son gouvernement à Ramallah. Est-ce un nouveau départ ?

28 Nissan – 30 avril : - Un attentat suicide à Tel-Aviv à 1h du matin dans le café Mike’s Place fait 3 morts et 40 blessés.

28 Nissan – 30 avril : - Par suite de l’annonce de coupes budgétaires draconiennes, les syndicats déclarent une grève générale : pas d’école, pas de poste, pas de banques, pas d’avions…etc.. Plus de 100 Israéliens iront prendre l’avion à Amman.

29 Nissan - 1 mai : - Les Etats-Unis présente le nouveau plan de paix : ‘la feuille de route’. Sa première phase du 1er au 31 mai prévoit entre autres l’arrêt des actes terroristes et le retrait de Tsahal des Territoires. Est-ce une route de sortie ?

30 Nissan – 2 mai : Arrêt partiel et momentané de la grève.

Le mois de Nissan, mois de la sortie d’Egypte. Encore combien de temps nous faudra-t-il pour ‘sortir’ et pour arriver à ce jour annoncé : ‘en ce jour-là…’ tout ira bien.

                                                                                                                     Antoinette Brémond

 

Un nouveau centre d’études juives à Jérusalem

Depuis la fermeture du Centre Chrétien d’Études Juives en juin 2001, il n’existe plus, à Jérusalem, d’institution permettant aux chrétiens d’étudier le judaïsme à partir de ses sources.

Moins de quarante ans après Vatican II et sa déclaration Nostra ætate, il n’est pas pensable qu’on ne trouve plus de lieu permettant aux chrétiens d’apprendre à connaître la tradition d’Israël au contact du peuple juif vivant.

C’est pourquoi des Juifs israéliens et d’anciens enseignants chrétiens du Centre Chrétien d’Études Juives ont décidé de relever le défi en créant, à Jérusalem, l’Association Albert Decourtray. Le but principal de cette association est de donner vie à

l’Institut Albert-Decourtray d’études juives à Jérusalem,

qui ouvrira ses portes septembre 2003.

Si vous êtes convaincus de la nécessité d’un tel centre d’études, nous vous demandons de nous aider en faisant connaître l’existence du Centre, et en nous apportant votre aide matérielle.

Nous avons besoin de vous !

Les dons peuvent être envoyés par chèques libellés à l’ordre de “Association Albert-Decourtray” à

Marie-Joseph Pierre

Chemin Rié, Saint-Martin-des-Champs, 61200 Argentan

ou à

Association Albert-Decourtray

P.O.B. 61229 Jérusalem 91060, Israël

Cotisant : 20 euros ou l’équivalent

Cotisant d’honneur : 50 euros ou l’équivalent

Cotisant fondateur : 200 euros ou l’équivalent

Vous trouverez tous les renseignements sur l’Association et sur l’Institut, ses buts et ses programmes sur le site

http://www.afiq.net/institut/index.htm

Si vous ne parvenez pas à ouvrir en cliquant sur cette adresse, transcrivez-la dans la barre de titres et enregistrez-la dans vos favoris.

D’avance, merci de votre aide.

Chant du mois

Le chant qui suit a été composé en fait lors de la guerre du Liban, comme une protestation. C’est l’époque de la grande manifestation des 400.000 à Tel-Aviv, qui fut suivie de la décision de Menahem Bégin de retirer les troupes et de cesser la guerre.

Cette année, parmi les programmes de radio à l’occasion du Jour de l’Indépendance, les auditeurs ont fait un choix des 100 meilleurs chants de Ehoud Manor. C’est ce chant qui a eu le premier prix parmi les 100 chants choisis. 8.400 auditeurs l’ont préféré, sans doute parce que diverses phrases expriment encore ce que beaucoup ressentent ces derniers mois, aspiration à autre chose, en même temps que l’attachement à cette terre, unique pour eux.


Je n’ai pas d’autre pays

Même si ma terre brûle [sous mes pieds]

Seul le mot hébreu pénètre vraiment

Dans mes artères, dans mon âme

Dans un corps endolori

Dans un cœur affamé

C’est ici ma maison.

Je ne me tairai pas

Car mon pays a changé de visage

Je ne cesserai pas de lui rappeler

Et de chanter encore à ses oreilles

Jusqu’à ce qu’il ouvre les yeux.

Je n’ai pas d’autre pays

Je ne me tairai pas,

Je ne renoncerai pas

Jusqu’à ce que ses jours se renouvellent

Et que ses yeux s’ouvrent enfin.

 

Je n’ai pas d’autre pays

Même si ma terre brûle [sous mes pieds]

Dans un corps endolori

Dans un cœur affamé,

C’est ici ma maison.

                                               Kan hou beiti


 

Et tout de même, l’humour en finale…

De nouveau notre ami Joha, le simplet (souvent si sage) des histoires arabes.

C’est la saison des fruits, il veut faire de la confiture, et va trouver son voisin :

— Peux-tu me prêter une bassine.   — Mais bien sûr, voici.

Une semaine passe et Joha vient rendre la bassine. Le voisin s’étonne : dans la grande bassine il y a une jolie petite bassine.

— Qu’est-ce que c’est?

— Bah, tu vois, ta bassine, elle a enfanté, alors comme elle est ta propriété, le bébé aussi.

— Très bien, très bien… Tu as raison !

Le voisin, tout content, rit en douce des bizarreries de ce brave simplet. Et Joha rentre chez lui.

Un mois après, nouvelle vague de fruits à confiture. Joha réapparaît :

— Tu me prêtes ta grande bassine.     — Bien sûr, et le bébé avec !

Un mois passe. Pas de Joha. Le voisin va le trouver :

— Alors Joha, et ma bassine ?

— Ah mon pauvre, ta bassine, elle est morte !

— Qu’est-ce que tu racontes, les bassines, ça ne meurt pas !

— Bah si, mon pauvre. Comme elles enfantent, elles meurent.

Y.E.

Infos pratiques

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Même si nous avons une ligne commune dictée par notre présence en Israël, il semble bon de rappeler le principe qui guide bien des publications et qui donne une certaine liberté à chacun : la revue laisse aux auteurs des articles et comptes rendus l’entière responsabilité des opinions et jugements qu’ils expriment.