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 « Seigneur Jésus,
apprenez-nous à être généreux,
à vous servir comme vous le méritez,
à donner sans compter,
à combattre sans souci des blessures,
à travailler sans chercher le repos,
à nous dépenser sans attendre d’autre récompense
que celle de savoir que nous faisons votre Sainte volonté. »

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N° 37 – Septembre/Octobre 2007

Olivier

 

Sommaire :

 

-   Éditorial 

-              Histoire : interview avec Georges Weisz, Theodor Herzl,

              une nouvelle lecture

-   Connaissance du pays : les Samaritains aujourd’hui

-   Vie quotidienne : les Bédouins du Néguev  

-   Flashes d’espoir :  - les Combattants pour la paix

          - interview avec Bassam Aramin

-   Le calendrier juif

-   Au fil des mois 

-   Chant du mois et humour en finale

 

Éditorial

 

Le mois de Tishri, mois riche en fêtes, ouvre la nouvelle année qui vient de démarrer avec la nouvelle lune. Rosh ha-Shana (tête de l’année) se termine à l’heure où j’écris ces lignes. Pour la nouvelle année, « l’homme juif » prend conscience qu’il est un homme perdu. La mitzva de ce jour c’est l’écoute attentive du son du shofar, qui, levé vers le ciel, appelle à la conversion. Ecouter, avec l’intention du cœur, le regard levé vers le « Père qui est aux cieux », en acceptant sa royauté, comme nous dit la Michna. Suivent 10 jours de « Teshouva »,  10 jours d’appel à se tourner vers le Seigneur. Le 10 Tishri, Yom Kippour, jour de jeûne et de prière, le Juif se rappelle qu’il est solidaire de son peuple et demande pardon, non seulement pour son propre péché, mais aussi pour celui de son peuple. Pour entrer dans ce pardon offert, le Juif est invité non seulement à se réconcilier avec Dieu mais aussi avec les autres et avec soi-même. Les fêtes de ce mois s’achèveront par la fête de Souccot, 8 jours de célébration à caractère messianique, puisqu’« en ce jour-là » toutes les nations monteront à Jérusalem pour célébrer cette fête. « L’homme juif » habite pendant 8 jours dans une cabane fragile, alors qu’il vient d’engranger toutes les récoltes et tous les fruits. Par là, il se rappelle que sa sécurité est en Dieu seul. L’allégresse de cette fête explosera encore davantage le huitième jour, « Simhat Tora » : le peuple d’Israël dansera avec les rouleaux de la Tora dans les bras, parole de Dieu, parole d’Alliance.

Les vœux pour la nouvelle année : « Que ton nom soit inscrit dans le livre de Vie. » C’est ce que nous souhaitons à chacun de nos lecteurs.

 

Comme d’habitude, vous trouverez dans ce numéro des articles qui veulent refléter la vie en Israël aujourd’hui : depuis la situation des Samaritains, en passant par les Bédouins du Néguev jusqu’aux Combattants pour la paix.

 

Agnès Staes
 
 
Histoire : interview avec Georges Weisz, Theodor Herzl, une nouvelle lecture

 

Le livre du docteur Georges Weisz brise les clichés reçus et souvent bien tenaces sur Theodor Herzl. Au fil des pages, l’auteur nous fait découvrir un personnage plein d’humanité, prophète et profondément marqué par son identité juive.  Passionné et en même temps pragmatique, Herzl n’a jamais envisagé une autre destination que la terre d’Israël pour le peuple juif.

Ce livre est une révélation, une surprise. (Georges Weisz ; Theodor Herzl, une nouvelle lecture ; éd. L’Harmattan, collection judaïsme, 2006)

 

A l’occasion du 60ème anniversaire de la création de l’État d’Israël en mai prochain, nous vous proposons une série d’interview touchant à l’histoire du sionisme.

Nous commençons avec celui de Georges Weisz sur le fondateur du sionisme politique, Theodor Herzl.   

 

J.-M. A.  Il y a un point que vous abordez dès le début de votre livre et qui est devenu un lieu commun : Herzl est un juif assimilé qui est loin de ses racines juives. Vous réfutez avec vigueur cette thèse.

 

G. W.  Herzl lui-même le dit dans un des premiers textes qu’il a publié avant L’État Juif, à peu près à la même époque où il dit finalement : « Nous sommes sortis de cette espèce de forteresse de la judéité et nous avons perdu complètement nos racines sans lesquelles nous ne pouvons pas comprendre notre passé et à plus forte raison envisager notre avenir. Il est urgent de réintégrer cette forteresse afin de comprendre véritablement qui nous sommes. » Ça fait partie d’un des clichés que j’essaie de dénoncer dans le livre : en fait chez Herzl, la prise de conscience de sa judéité n’est pas la conséquence de l’affaire Dreyfus, comme en général on le présente, mais l’aboutissement d’un processus souterrain qui a commencé à peu près 13 ans avant l’affaire Dreyfus.  Il se cristallise non pas au moment de l’affaire Dreyfus parce que, au début de son journal qui date de cette époque, en 1895, Herzl ne fait même pas mention de l’affaire Dreyfus ni dans sa correspondance dans laquelle il essaye de faire un peu allusion aux forces souterraines qui se sont exprimées à ce moment-là. Ce n’est que trois ans plus tard, après la révision du procès à Rennes, que Herzl fait allusion à l’affaire Dreyfus et on voit bien qu’il s’agit de quelque chose d’autre.

 

Pour Herzl qu’est-ce que ça voulait dire « être juif » ? Comment percevait-il sa judéité ?

 

Si j’ose dire, avec beaucoup de précautions, on peut être Juif, participer de cette identité, même sans contenu. Herzl était extrêmement conscient de cela, d’une manière moins schématique que ça pourrait l’être. A côté d’une pensée universaliste, il y avait chez lui une revendication qui était tout à fait spécifique et ce qui est très original chez Herzl, il le redit dans différents textes, c’est qu’il s’agit d’une notion qui n’est pas définissable et qui permet justement à tous les Juifs de se reconnaître. C’est quelque chose qui est cohérent au thème de la sortie d’Egypte c’est-à-dire au déterminisme. Finalement les définitions étant des formes de déterminisme, le fait d’en sortir, c’est à priori une réalité dont on peu parler uniquement par négation c’est-à-dire : ce n’est pas une religion, ce n’est pas une race, ce n’est pas un nationalisme etc.

 

Dans votre  livre justement vous établissez un parallèle très intéressant entre Theodor Herzl et Moïse. Herzl voulait comme Moïse faire passer le peuple juif d’une réalité à une autre.

 

Mais oui, Moise lui-même, dans le texte, était apparemment un juif assimilé, il vivait en dehors du ghetto. Lorsqu’il essaye d’initier ce mouvement de révolution en tuant l’Égyptien qui a attaqué l’un de ses frères, les intéressés eux-mêmes se démarquent de son engagement et lui demandent en quelque sorte : « De quoi tu te mêles ? On t’a demandé quelque chose ? Tu nous mets en danger ».  Finalement il prend la fuite. Au moment de la révélation du buisson ardent, le Seigneur lui dit : « Tu peux retourner sans crainte en Égypte parce que les gens qui en voulaient à ta vie sont morts. » Le Talmud explique qu’ils ne sont pas morts physiquement mais ils sont hors d’état de nuire. Il s’agissait bien évidemment des Juifs. Herzl aussi quand il a publié L’État Juif, a reçu des menaces de mort. Ses collègues lui ont dit « Tu nous mets en danger. » J’espère que ce parallélisme que je fais  entre Moïse et Herzl ne va pas me provoquer des menaces de mort de certains milieux. Mais en réalité lorsqu’on le regarde à la lumière du midrash, c’est très parlant.

 

Vous abordez bien cette question : finalement Herzl fut rejeté par une très grande partie du peuple juif et en particulier par les responsables des communautés juives.

 

Il a été complètement honni. Ce n’est pas une moindre question que de se demander comment se fait-il que, un an après la publication de L’État Juif qui a provoqué une véritable levée de boucliers, le Premier congrès sioniste ait été possible ? C’est quelque chose de complètement irrationnel. Alors que dans presque toutes les couches de la société, que ce soient les partisans de l’assimilation, les Juifs religieux et ceux qui auraient dû être à priori ses alliés « naturels », comme les Amants de Sion, tous lui sont tombés sur le dos et ont mis en évidence que son propos était non seulement utopique mais également dangereux. C’est exactement comme avec Moïse, quand il arrive, il provoque une aggravation de l’esclavage. Á ce moment-là, Moïse s’adresse au Seigneur et lui dit : « Pourquoi m’as-tu envoyé ? Cela n’a servi strictement à rien. » Il y a cette sorte de cri de souffrance et de révolte étonnant de la part de Moïse.

 

Il y a eu quand même une petite partie de Juifs religieux qui ont suivi Herzl comme par exemple le rav Reiness.

 

Le rabbin Reiness ne pouvait pas se défaire d’une espèce de sentiment presque d’adoration de la personnalité de Herzl, ce qui est remarquable. C’était une petite minorité comme le rav Moholiver qui avait suffisamment d’intuition pour comprendre ce qu’il y avait en profondeur dans cette idée de résurrection. Lorsqu’on regarde les sources de Herzl, chose sur laquelle j’ai beaucoup insisté, c’est une filiation intellectuelle entre Herzl et un personnage tout à fait original qui s’appelait le rabbin Yehouda Alkalaï. Les gens ignorent que le grand-père de Herzl était un des habitués du rabbin Alkalaï et c’est lui qui a fait le trait d’union entre les écrits du rabbin Alkalaï et Herzl lui-même puisque les écrits de ce rabbin mettent en évidence, en fait, tous les concepts herzliens. Comme par exemple, il faut démystifier cette idée que le retour en terre d’Israël se fera de manière surnaturelle. Il dit qu’à priori c’est un processus politique qui exige une infrastructure. Le fait de recommencer à parler hébreu, de mettre sur pied une structure politique c’est la figure messianique de Joseph. Tous ces concepts se retrouvent chez Herzl et cela a dû se faire par son grand-père.

 

On voit très bien dans votre livre que Theodor Herzl est un homme pragmatique. Il y a une question à laquelle vous consacrez de nombreuses pages, la fameuse affaire de l’Ouganda. Est-ce que vraiment Herzl était prêt à brader la terre d’Israël au profit de l’Ouganda. Est-ce que c’était évident dès le départ, pour Herzl, que le seul endroit possible pour les Juifs était la terre d’Israël ?

 

L’histoire de l’Ouganda, c’est exactement comme celle de l’affaire Dreyfus. C’est un autre cliché qui a la vie encore plus dure parce que ça permet à une certaine vision politique en Israël de considérer que finalement l’État lui-même n’a pas vraiment d’importance, que tout cela aurait pu se passer ailleurs. Or l’étude des textes de Herzl et particulièrement ceux du Sixième congrès sioniste où a éclaté le scandale de l’Ouganda, est extrêmement claire. L’histoire de l’Ouganda est un stratagème. Une partie du peuple juif est en danger de mort, il souffre et il faut lui donner un antalgique. L’Ouganda était l’antalgique que Herzl avait imaginé pour ce cas-là, cas d’extrême urgence. Mais au même moment où il envisage cela, un autre document paraît, la déclaration du ministre de l’Intérieur russe qui reconnaissait de façon explicite l’existence d’un État juif souverain.  Les gens se sont jetés sur Herzl pour des raisons facilement analysables sur cette affaire de l’Ouganda comme première étape d’une falsification de ses idées. Et malheureusement, ils ont bien réussi.

 

Selon vous, comment les Israéliens doivent retrouver Herzl ?

 

Depuis quelques temps, on retrouve chez Herzl, comme un fil d’Ariane, cette idée d’une identité juive, a priori même indéfinissable et qui ne dépend absolument pas du degré de pratique des commandements, ce qui est d’ailleurs un enseignement du Talmud : un Juif qui a transgressé c’est quand même un Juif. Ça n’entache en aucune manière sa judéité. Il y a chez Herzl cette double revendication : d’une part, s’il n’y a pas cette conscience de cette judéité tout est remis en question, mais parallèlement à cela, il y a l’universalisme. Cette double revendication évidemment était irrecevable pour la plupart des Juifs religieux qui ne pouvaient pas se mesurer avec cette idée de l’universalisme et de l’autre côté ceux qui ne voulaient, en aucun cas, essayer de se pencher sur la signification de leur judéité. Ce qui fait que Herzl est tombé entre deux chaises. C’est pourquoi il a été falsifié de façon à être homogène à certains systèmes politiques ou religieux. Á cause de cela, Herzl est profondément actuel. Au Premier congrès sioniste, il commence son discours en disant que le retour à la judéité est la condition sine qua none au retour en terre d’Israël. Je vois souvent la stupéfaction chez mes interlocuteurs lorsque je cite cette déclaration. N’importe qui peut lire ces écrits mais tout cela a été complètement oublié. Evidemment, lorsque Herzl parle de retour à la judéité, il ne veut pas dire que demain les Juifs devaient commencer à mettre les tefilin ou à manger cachère. Il fait allusion à quelque chose de beaucoup plus profond : élucider cette identité juive sans laquelle il n’y a aucune garantie pour l’existence d’un État juif. La judéité est la question sur laquelle les Juifs en Israël doivent se pencher.

Jean-Marie Allafort

 

Connaissance du pays : les Samaritains aujourd’hui

 

Le samaritanisme

 

La religion que pratiquent les Samaritains se veut strictement mosaïque et peut se résumer en cinq principes de foi : 1) Croyance en l’unicité de Dieu, le Dieu d’Israël. 2) Moïse, fils d’Amram, est leur seul prophète. 3) Ils attendent l’avènement du Taheb, fils de Joseph, le messie semblable à Moïse (Dt. 18. 15) : « La femme lui dit : Je sais que le Messie doit venir (celui qu’on appelle Christ) ; quand il sera venu, il nous annoncera toutes choses. » (Jn. 4. 25). Il apparaîtra au « Jour de vengeance et de rétribution » à la fin des temps, et le royaume qu’il établira durera des siècles, ce sera le retour de la faveur divine - la Rahouta. 4) Ils ne possèdent qu’un lieu saint, le mont Garizim, choisi par Dieu. 5) Un seul livre saint, le Pentateuque (Tora) reçu de Moïse. La résurrection des morts fait également partie de leurs croyances.

Du Tanah des Juifs (A. T.) ils ne retiennent que la première partie, le Pentateuque qu’ils considèrent comme d’autorité divine, ainsi que le livre de Josué. Ils rejettent tous les autres livres de la Bible : les livres historiques et les prophètes.  Ils ne reconnaissent pas la Loi orale compilée dans la Mishna et la Gemara à l’instar des Karaïtes et des Falashas. Leurs écrits anciens comprennent sept livres de Chroniques (sefer ha-Yamim), recueil historique avec un contenu religieux, et un livre de Règles liturgiques, le Defter, composé de prières et de chants. Un autre livre, le Meimar (enseignement), écrit au IVe siècle par Marqah, philosophe samaritain, reçoit beaucoup de considération de la part des Samaritains. Il comprend des chants, des prières et une exégèse biblique influencée par la philosophie grecque. Ils ont aussi des traditions orales touchant diverses pratiques bibliques. 

Ils possèderaient un ou deux exemplaires très anciens du Pentateuque, écrits en paléo-hébreu, issu de l’écriture phénicienne, écriture abandonnée par les Judéens au retour de l’exil pour une écriture carrée « araméenne ». La plupart de leurs rouleaux n’est pas antérieure au Xe siècle de notre ère.

Le Pentateuque samaritain diffère souvent du texte des Massorètes. Un exemple flagrant se trouve dans le récit où Moïse ordonne de dresser douze pierres sur le mont Ébal, de les recouvrir de chaux, d’y inscrire les paroles de la Loi et de construire un autel pour les sacrifices (Dt. 27. 1-14). Pour justifier leur lieu de culte sur le mont Garizim, les Samaritains ont substitué Ébal à Garizim ! Leur Décalogue mentionne en dixième commandement le mont Garizim comme lieu de culte (Ex. 20. 1-17 ; Dt. 5. 6-21).

Les nombreuses variantes sont peu signifiantes, elles proviennent, soit d’altérations délibérées, soit de la hâte des scribes. Près de 2000 passages du texte samaritain correspondent avec la version des Septante (LXX) et non avec les textes hébreux (Massorètes), ce qui pourrait signifier que les LXX seraient traduits d’un ancien texte hébreu très analogue à celui des Samaritains. Les manuscrits de la Mer Morte jettent un peu plus de lumière sur l’écriture, la traduction et la compilation des différents textes bibliques, hébreux, samaritains, LXX...

Quelle est l’origine de leur Pentateuque ? Est-il antérieur au schisme de Jéroboam ou fut-il donné par le prêtre chargé d’enseigner les colons après la déportation des tribus du Nord, ou tout simplement fut-il apporté de Jérusalem au mont Garizim par le premier prêtre qui officia dans le temple schismatique au temps de Néhémie ? Autant de questions que les spécialistes se posent encore. Les Samaritains prétendent posséder la plus ancienne Tora du monde. Plus de 3 600 ans !

Il existe une version du Pentateuque en dialecte samaritain du début de notre ère ainsi qu’une version arabe du XI-XIIe siècle. Le rouleau est préservé dans un boîtier en cuivre plaqué d’or et d’argent, à trois volets.

La communauté samaritaine est dirigée par un Grand Prêtre descendant, jusqu’au XVIIe siècle, de la famille sacerdotale de la lignée tsadokite des fils d’Eléazar, fils d’Aaron. Les prêtres actuels sont descendants d’une branche des Lévites de la lignée d’Ithamar, fils d’Aaron et c’est au mont Garizim que réside leur leader spirituel. Depuis le 9 février 2004, Eléazar Ben Tsedaka (né en 1927) fait office de Grand Prêtre. Chef religieux et séculier, il fixe les dates des fêtes et des pèlerinages au moyen d’un calendrier luni-solaire proche de celui des Juifs. Des membres de la famille sacerdotale, sous l’autorité du Grand Prêtre, ont pour fonction de diriger les prières et d’enseigner la langue samaritaine antique. Contrairement aux Juifs, les Samaritains n’ont pas de rabbins. L’observance des lois bibliques est très stricte. Ils adhèrent à la « lettre de la Loi » surtout concernant le shabbat et les fêtes. Une halakha (lois et préceptes) vit le jour, différente de celle du judaïsme. 

Leurs fêtes suivent le cycle annuel prescrit dans le Pentateuque (Lv. 23 ; Nb. 28, 29). C’est au mont Garizim, la « montagne élue » (Dt. 12. 5), que les fêtes de pèlerinage sont célébrées. Pour cette communauté, le Garizim est également le lieu de la « ligature d’Isaac », et de la création d’Adam, c’est à dire le pendant de Jérusalem. S’ils célèbrent les fêtes mosaïques (fêtes de l’Éternel) ils s’abstiennent des fêtes rabbiniques résultant de l’histoire du peuple juif (Pourim, Hanouka, jeûne du Ticha Be-Av…).

Si le calendrier juif commence à la création du monde, celui des Samaritains remonte à la prise du pays de Canaan (Terre Sainte) par les Hébreux sous le commandement de Josué, fils de Nun. L’année civile 2007-2008, correspondant chez les Juifs à l’année 5768, sera pour les Samaritains l’année 3645. Les Samaritains suivent un calendrier solaire-lunaire car leurs fêtes de pèlerinage sont des fêtes de saison tandis que les mois sont lunaires (comme les Juifs). L’année se compose de 12 ou 13 mois, de 29-30 jours. Le 13ème mois étant intercalé (année embolismique) afin que les fêtes se célèbrent en leur saison comme dans le calendrier juif, mais les fêtes des deux communautés religieuses peuvent être décalées de quelques jours ou d’un mois. Les dates des fêtes de 2008 correspondront exactement aux fêtes juives, ce qui se produit rarement. Ne portant pas de nom, les mois sont numérotés : premier, deuxième, troisième… mois. 

Leurs Solennités  sont au nombre de sept : trois Haggim (fêtes de pèlerinage) et quatre Mo’adim (rencontres). 

a) Les trois fêtes de pèlerinage : la fête des Pains sans levain, le 21ème jour du 1er mois ; fête des Premiers fruits ; et le Premier jour de la fête des Cabanes, le 15ème jour du 7ème mois. Ces fêtes, ainsi que la Pâque, sont célébrées au mont Garizim, par toute la communauté samaritaine. 

b) Les autres fêtes, Mo’adim : la Pâque, le 15ème jour du 1er mois, (ils ont gardé l’injonction biblique de sacrifier l’agneau pascal) ; le jour des Trompettes, le 1er jour du 7ème mois, (le Roch Hashana des Juifs) ; le Jour du Pardon, le 10ème jour du 7ème mois ; le Huitième jour de la fête des Cabanes, la fête de la Tora, le 22ème jour du 7ème mois. Le Nouvel an est célébré le premier du mois d’Aviv (le 1er mois de l’année), quatorze jours avant la Pâque.

L’agneau pascal est sacrifié le quatorzième jour du premier mois (mars/avril) à 800 mètres du sommet du mont Garizim. Au cours du sacrifice, les Samaritains appliquent du sang de l’agneau sur leur front, peut-être en signe de transfert des péchés. Le repas pascal est pris vers minuit, accompagné des herbes amères et des pains azymes, suivi pendant sept jours de la fête des pains sans levain.

Le compte de l’Omer (période de cinquante jours) se fait à partir du premier shabbat après la fête des pains sans levain (calcul différent de celui des Juifs). La fête des Prémices, des premiers fruits (Shavouot), tombant toujours le premier jour de la huitième semaine (dimanche), se célèbre au mont Garizim, elle est consacrée à la moisson et au Don de la Loi. Contrairement aux Juifs, chez les Samaritains la fête des Premiers fruits dure sept jours : du lundi de la semaine précédente jusqu’au jour de la fête elle-même. Le mardi, le peuple se sanctifie pour commémorer la réception de la Tora au mont Sinaï. Des extraits du Pentateuque et des hymnes sont récités et chantés. Le dernier jour a lieu le second pèlerinage au mont Garizim.

Le premier jour du septième mois est célébré au son des trompettes, c’est le commencement des dix jours de repentance. Le dixième jour de ce mois, c’est la fête de l’Expiation, le Pardon. Le jeûne dure 25-26 heures et, dès l’âge de deux ans, toute personne est tenue de s’abstenir de nourriture. Le quatorzième jour de ce mois, c’est la fête des Cabanes, la dernière des trois fêtes de pèlerinage célébrée également au mont Garizim. Á cause de l’opposition musulmane des siècles passés, les Samaritains ont développé la tradition de construire la hutte à l’intérieur des maisons et un concours des plus belles huttes y est organisé.  Pour Simhat Tora, un prêtre fait le tour de la synagogue transportant la Tora dans ses bras pendant que les fidèles battent des mains.

Pendant les trois fêtes de pèlerinage, les prières commencent vers 2 heures du matin et, à 4 heures, les pèlerins quittent la synagogue de Kyriat Luza pour se rendre au sommet de la « Colline éternelle » afin de visiter les lieux sacrés : le lieu des 12 pierres de l’autel de Josué ; l’emplacement de l’autel d’Adam ; l’endroit où Abraham vit le bélier ; l’autel d’Isaac ; l’autel de Noé… Les visiteurs étrangers à la communauté sont invités à participer aux festivités samaritaines.

 

C’est dans leur lieu de culte (Beit Mikdach), orienté vers le mont Garizim, que les Samaritains célèbrent le shabbat. Ils observent scrupuleusement cette journée en s’abstenant de tout travail selon la Parole du Seigneur. Il peut être enfreint uniquement pour la circoncision qui, d’après Lévitique 12, doit être pratiquée le huitième jour. Toute œuvre servile est prohibée, comme d’allumer la lumière ou de faire du feu. Ce jour est entièrement consacré à la prière (quatre prières régulent la journée) et tout rapport sexuel est strictement interdit en cette journée sainte. Dans leurs deux lieux de culte (Holon et Mt Garizim) il est de coutume de se déchausser et de prier tourné vers l’est. Tout Samaritain, coiffé d’un turban blanc, s’enveloppe d’une djellaba blanche. En semaine, les prêtres portent un turban rouge. Bien que les Samaritains de Kyriat Luza parlent l’arabe et ceux de Holon l’hébreu, pour la liturgie religieuse c’est l’hébreu samaritain qui est utilisé.  Les Samaritains ont également une tradition musicale qui a été préservée au travers des prières, des poésies, et des chants pendant les services religieux. Un chœur a cappella donne des représentations du chant samaritain dans les principales capitales du monde.  

 En semaine, deux prières journalières sont de rigueur. La journée des Samaritains, contrairement aux Juifs, s’étale du  matin au soir, du lever du soleil à son couchant.

 Les lois sur la pureté rituelle concernant la nourriture, la vie conjugale et la souillure avec les morts sont strictement observées. Un mort sera enterré le jour même et, afin de ne pas être impurs pendant quatorze jours, les Samaritains auront recours à une aide extérieure pour l’enterrement du défunt. C’est au mont Garizim ou dans la section samaritaine du cimetière de Kyriat Shaul, à Tel Aviv, qu’aura lieu l’inhumation, suivie d’une période de deuil de sept jours.

Après une période de fiançailles, plus ou moins longue, le mariage est célébré le quatrième jour de la semaine quand les luminaires (soleil, lune), symbolisant l’époux et l’épouse, furent créés. Mais auparavant, le troisième jour de la semaine, journée doublement bénie par le Seigneur (Gn. 1. 9-13), les femmes préparent une fête pour la fiancée. Sept jours de festivités suivent la nuit nuptiale. Le respect des lois de pureté de la femme est très stricte. Lors de ses règles et après une naissance, la femme est isolée du reste de la communauté et non seulement de son mari (Lv. 12. 1-8).

L’enseignement des garçons se fait en vue de la cérémonie de « Passage ». Dès l’âge de 4-5 ans l’enfant, aidé d’un enseignant (Kakham) ou d’un prêtre, commence son éducation religieuse.  Quand il maîtrise les traditions, les principes de la foi, la lecture du Pentateuque en hébreu samaritain, et les bénédictions de Moïse (Dt. 33, 34), l’enfant âgé de près 10 ans, fait partie du quorum nécessaire aux prières communautaires par la cérémonie de « Passage ».

Sur le fronton des portes de leurs demeures sont gravés les dix commandements en guise de Mezouza. Ils n’utilisent pas les phylactères (tephillin) selon la coutume des Pharisiens et du judaïsme rabbinique. Si le chandelier à sept branches (Menorah) est considéré comme leur symbole national, en revanche, ils ne portent pas l’Étoile de David (Magen David).  

 

Les Samaritains aujourd’hui : survie malgré la consanguinité !?

 

Á l’époque romaine-byzantine (IVe-VIe s.) leur nombre atteignait les 1,5 millions de croyants. Suite aux persécutions au fil des siècles, aux conversions au christianisme puis à l’islam, la communauté ne comptait que 122 membres vers le milieu du XIXe siècle ! La lente assimilation, la chute de la démographie ainsi que les mariages consanguins provoquèrent la quasi-disparition de cette très ancienne communauté religieuse. S’ils connurent un répit relatif sous les Mamelouks d’Égypte, les communautés établies au Caire, à Damas, à Gaza, etc. furent presque réduites à néant sous les Ottomans (144 personnes en 1917). Sans l’intervention du Grand Rabbin Abraham Haïm en 1842, qui les reconnut comme une branche du peuple juif qui confesse la vérité de la Tora, les Samaritains de Sichem auraient été exterminés par la population arabe locale qui les considérait comme des athées.

L’interdiction des mariages en dehors de la « famille », la non pratique de la conversion (prosélytisme), et la consanguinité affaiblirent la communauté provoquant une dégénérescence de la population, qui comporte une forte proportion d’handicapés physiques et mentaux. Pour les mariages intra-communautaires il faut une autorisation d’un généticien de l’hôpital Tel Hashomer. L’appartenance à la communauté se transmet par l’homme, contrairement au judaïsme. Les Samaritains ne pratiquent aucun prosélytisme et il n’existe pas de mode ou de rite de conversion mais, une entorse a été faite à l’interdiction d’épouser des non-Samaritains à condition que les nouvelles épouses – juives en général – acceptent et respectent les pratiques religieuses samaritaines minutieusement apprises. Cette intégration de femmes étrangères à la communauté l’a peut-être sauvée de l’extinction.

Dès 1905, quelques familles s’établirent à Jaffa sous la direction de l’entrepreneur Abraham Ben Marhib Tsedaka. Grâce à l’influence et à l’intervention de Itzhak Ben-Zvi qui se dévoua pour la cause des Samaritains, ceux-ci furent reconnus comme citoyens israéliens par la Loi du retour et, en 1951, d’autres Samaritains les rejoignirent dans le cadre d’unification des familles validé par Israël et la Jordanie.      

Á la création de l’État d’Israël leur population atteignait 250 personnes : 192 à Naplouse et 58 à Tel Aviv-Yafo. En 1954-55, pour regrouper les Samaritains dispersés en Israël, le quartier Neveh Marka fut créé à Holon, proche de Tel Aviv. Itzhak Ben-Zvi, devenu président israélien, inaugura en 1963, le premier lieu de culte samaritain en Israël.

C’est le roi Hussein de Jordanie qui, après avoir acheté des terres sur le mont Garizim, permit la construction d’un nouveau quartier d’habitation pour les Samaritains, Kyriat Luza. Ce village est devenu le centre spirituel des Samaritains. La plus grande partie des Samaritains de Naplouse habite ce village qui leur assure une certaine tranquillité. De 1951 à 1967, les Samaritains d’Israël purent célébrer la Pâque au mont Garizim, grâce à l’autorisation accordée par le souverain Hachémite de franchir la frontière séparant les deux communautés. Cependant les faveurs accordées aux Samaritains par le gouvernement hachémite provoquèrent la haine des Musulmans à leur encontre.

En 1969, après la réunification des deux communautés, leur nombre était passé à 414 personnes. Aujourd’hui, forte de 704 âmes, elle est composée de deux groupes vivant sur leur montagne sainte, le Garizim, dans les Territoires et à Holon, en Israël. L’ancien recensement du 1er janvier 2003 nous donne les chiffres suivants : 656 personnes réparties entre Holon (345) et Naplouse (311). Le taux de croissance démographique est de 2,3 enfants par famille. Longévité des hommes : 71,4 ans ; des femmes : 70 ans. Au nouveau recensement du 1er  janvier 2007, la communauté est ainsi répartie : Holon, 375 personnes. : 187 hommes, 184 femmes ; Kyriat Luzza : 329 personnes : 181 hommes ; 152 femmes.

Très ancienne communauté monothéiste, elle est cependant l’une des plus petites au monde et des plus jeunes, considérant l’âge moyen de ses membres. La communauté est divisée en huit « Maisons » patriarcales dont quatre sont issues d’une maison parente les Danafis, les autres étant Lévi (la plus grande famille), Tsedaka (de Manassé), et Marhib (d’Éphraïm). L’État d’Israël les reconnaît comme Juifs bien qu’ils ne se considèrent pas comme tels, mais se nomment Samaritains israélites. Est membre de leur communauté celui qui respecte leurs quatre symboles d’identification : vivre pour toujours en Terre Sainte ; participer au sacrifice de la Pâque au mont Garizim ; célébrer le shabbat comme le prescrit la Tora ; adhérer aux lois de pureté et d’impureté. Quant aux Juifs orthodoxes il n’est pas question qu’ils les reconnaissent comme Juifs car pour eux la religion samaritaine est une version illégitime du judaïsme.  

 

L’administration militaire israélienne, dans les territoires après la guerre des Six jours, avait une politique favorable envers cette communauté. Malgré les deux Intifada, les Samaritains ont gardé une certaine neutralité mais subissent les couvre-feux et les mesures de sécurité de Tsahal. Depuis le processus de paix et la création de l’Autonomie palestinienne les deux communautés sont soumises aux différents gouvernements. Á Holon, c’est un comité élu pour une période déterminée qui gère les affaires publiques de la communauté tandis qu’à Kyriat Luza les décisions sont prises par le Grand Prêtre mais cette communauté est sous le contrôle de l’administration civile israélienne et de l’Autorité palestinienne depuis le 13 novembre 1995. Connaissant une croissance substantielle, des projets d’extension sont mis en place pour répondre aux besoins de la nouvelle génération.  Des activités culturelles et éducatives enrichissent la jeunesse samaritaine par le biais de camps d’été, d’expositions, de cours sur la tradition samaritaine… Les deux communautés sont dotées de clubs de basket-ball et d’autres activités sportives.

Les études samaritaines se continuent non seulement par des universitaires de divers pays, comme à la Société d’Études Samaritaines de Paris (1985), mais par des membres de la communauté elle-même tels que Benyamim Tsedaka et son frère Japhet qui fondèrent en 1969 A. B. Samaritans News (revue bi-mensuelle en quatre langues) et en 1981 l’Institut A. B. d’Études samaritaines. Pour sa part, Benyamim Tsedaka, a publié plus de 80 ouvrages et revues sur l’histoire et la religion de son peuple.

Mes remerciements à B. Tsedaka qui a répondu favorablement et promptement à quelques-unes de mes  questions.

 

Bibliographie (Quelques ouvrages à compulser) 

Ben Hayyim Ze’ev ; A Grammar of Samaritan Hebrew; Magnes Press; 2000.

Crown Alan D. ; The Samaritans; Tübingen; 1989.

Crown A. D., Plummer R., Tal A.; A Compagnion to samaritan Studies; Tübingen 1993.

Crown A. D., Faü J.-F.; Les Samaritains rescapés de 2700 ans d’Histoire ; Maisonneuve & Larose,

Paris ; 2001.

Dictionnaire de la Bible ; article « Samaritains », sup. Vol. 11, col. 740-1047 ; Maurice Bailet et Jean Margain, André Lemaire.

Montgomery James A.; The Samaritans; New-York; 1968.

Société d’Études Samaritaines, créée à Paris en 1985: Recherches dans les domaines historiques, archéologiques, linguistiques, juridiques, théologique des Samaritains.

Tsedaka Benyamin ; The History of the Samaritans According to Their Own Sources; The A.B. Institute of Samaritan Studies Press; Holon; 2002.

Tsedaka Benyamin; Summary of the History of the Israelite Samaritans; the A.B. Institute of Samaritan Studies Press; Holon; 2001.

Travaux des samaritanologues du XVIe au XXe siècles : J. J. Scaliger, G. Postel, P. Morin, Paul Kahle, Federico Perez-Castro, Ze’ev Ben Hayyim, rudolf Macuch…

Ursula Schattner-Rieser, Des Samaritains au bon Samaritain ou le plus petit groupe ethnico-religieux ;

Clio ; 2006.

Site Internet : mystae.com/samaritans.html

                                                                                                Loïc Le Méhauté

 

Vie quotidienne : les Bédouins du Néguev

 

 

Fin juillet 2007, des Bédouins du Néguev avaient monté des tentes de protestation au parc des Roses, face à la Knesset, là même où les réfugiés soudanais avaient manifesté quelques jours auparavant.

Les Bédouins distribuaient des brochures et une carte du Néguev avec sa population. Les brochures en anglais et en hébreu, très bien documentées, étaient éditées par « le Conseil régional des villages non reconnus ».

 

- Voici la traduction de l'une d'elles intitulée : « Ne dites pas : Nous ne savions pas ! ».

 

90 000 Bédouins arabes vivent dans 36 villages non reconnus et 9 villages reconnus officiellement. Les habitants de ces localités sont des citoyens israéliens, ils représentent la population autochtone du Néguev. [Ces villages sont constitués d'un mélange de quelques maisons en dur, de baraques en tôle et de nombreux enclos à moutons à côté des maisons. (Cf. Un Écho N°27)].

L'État israélien refuse de reconnaître le système des lois coutumières pastorales qui avait été reconnu dans le Néguev par le Mandat britannique jusqu'en 1948. Pourquoi ces villages ne sont-ils « pas reconnus ?» : La loi  de Planification et de Construction de 1965 a ignoré leur existence alors que beaucoup existaient avant l'État d'Israël et que les autres ont été construits lorsque le gouvernement a obligé les Bédouins, venant d'autres régions du Néguev, à habiter dans une zone plus réduite, dans les années 1950 (un triangle autour de Beérshèva).

Les gens de ces villages n'ont pas de permis de construire, car il n'y a aucune autorité pour délivrer de tel permis. Mordehaï Nahmani, ex-commandant de la police du Néguev, diagnostiquait ainsi cette paralysie : « Ce n'est pas logique qu'il y ait une autorité pour démolir alors qu'il n'y en a pas pour délivrer des permis de construire ».

Ainsi, régulièrement, leurs maisons sont démolies « légalement » parce qu'elles sont toutes « illégales ».

Le gouvernement d'Israël démolit leurs maisons sans leur offrir une alternative viable. L'État veut les regrouper dans les 7 villes bédouines créées entre 1960 et 1970, municipalités les plus pauvres dans cette région, avec un taux élevé de chômage et un faible niveau d'éducation. Les habitants de ces villages (non reconnus) ne désirent pas abandonner leurs maisons ancestrales et leurs villages, même pauvres, pour grossir la population misérable des faubourgs de ces villes.

Depuis 2001, 338 maisons ont été démolies, 110 dans les six premiers mois de 2007. Selon l'ancien ministre de l'Intérieur Bar-On, le gouvernement a l'intention de démolir la totalité des 42 000 constructions « illégales » dans ces villages.

Le gouvernement a préparé différents plans ces dernières années, tous dans le but de déplacer la population de ces villages, sans consulter les habitants de ces communautés.

Le gouvernement prétend que les Bédouins prennent le contrôle du Néguev, réserve nationale. Mais la réalité est différente : les Bédouins représentent 28 % de la population de cette région et vivent sur 2,5 % de ces terres. Ils ne possèdent que 7 villes et 9 villages récemment reconnus. D'autre part les Juifs représentent presque 75 % de la population et vivent dans 130 villes, kibboutzim et villages agricoles. De plus, il existe 60 exploitations familiales, ce qui veut dire que les citoyens juifs peuvent choisir la forme d'implantation qu'ils désirent, mais les citoyens bédouins n’ont pas le choix.

« L'État a décidé que les Bédouins ne seraient plus ni éleveurs, ni agriculteurs » dit Yossi Guimat, qui fut conseiller du gouvernement pour les Affaires arabes (Cf. Un Écho N°28).

Les Bédouins forment une communauté agricole, mais le gouvernement leur refuse le droit de vivre dans des villages « agricoles ».

Les conséquences de cette discrimination sont dramatiques sur le plan économique et social de cette communauté.

 

 

- Texte tiré d’une autre brochure : « Villages non reconnus du Néguev »

 

Misère sociale et économique

Environ 80 000 Bédouins, citoyens israéliens, vivent dans des villages non reconnus sans aucune infrastructure comme l'électricité, l'eau et les égouts. Ces villages n'ont aucun plan de développement ou de services sociaux.

Le taux de chômage atteint 25 %, c'est le plus élevé en Israël.

Selon le Bureau Central des Statistiques, les villes et villages reconnus sont les plus pauvres du pays. La situation est pire dans les villages non reconnus qui ne sont même pas inclus dans les statistiques officielles.

Le coût de fonctionnement d'un générateur électrique est trop élevé pour les habitants pauvres de ces villages alors que, en été, la température peut atteindre 50° dans leur cabane en tôle.

Depuis l'adoption de cet «infâme programme gouvernemental qui s'occupe du secteur bédouin » plus de 100 maisons ont été détruites et 22 000 dunans (hectares) rendus impropres à la culture (par pulvérisation), ce qui veut dire que plus de 100 familles ont perdu leur maison et que beaucoup d'autres ont perdu leur principale source de revenus.

 

L'éducation.

Pour se rendre à l'école, beaucoup d'élèves doivent se déplacer de 40-60 km. En hiver, les routes non empierrées qui desservent ces villages sont inutilisables, à cause de la boue. En l'absence de tout moyen de transport, les élèves doivent marcher à pied quelques kilomètres pour rejoindre la route principale.

Environ 6 500 enfants devraient pouvoir bénéficier de jardin d'enfants, obligatoire dès l’âge de quatre ans, mais il y en a à peine quelques centaines qui y vont car il n'en existe que 30. La plupart des enfants restent donc à la maison.

Il n'y a pas d'école secondaire dans ces villages. En conséquence, 40 % des élèves abandonnent avant la fin du secondaire. Ceux qui persévèrent pour continuer leurs études doivent faire 40 à 60 km pour atteindre l'école.

Seulement 27 % des élèves bédouins achevant le secondaire réussissent au baccalauréat, contre 43% dans le secteur juif de la région.

 

La santé

Il n'y a que 9 dispensaires (sans électricité et sans eau) pour 76 000 habitants dans ces 36 villages non reconnus. Ces dispensaires donnent les soins médicaux de base, mais, pour les soins plus approfondi,s les habitants doivent se rendre dans des cliniques régionales à des dizaines de kilomètres de chez eux. De plus, sans électricité, ces dispensaires ne peuvent conserver les médicaments au froid, en particulier les médicaments pour les maladies chroniques.

Il faut en moyenne 45 minutes aux ambulances pour relier Beérshèva à ces villages. C'est seulement pour des cas exceptionnels que les ambulances du Maguen David arrivent au village. La plupart du temps les patients doivent rejoindre la route principale par leurs propres moyens.

 

Les enfants

Entre 40 et 50 000 enfants vivent dans ces villages. 60 % d'entre eux sont pauvres. La mortalité infantile chez les Bédouins est en moyenne quatre fois plus élevée que chez les Juifs. À cause de l'absence d'égouts et de ramassage des poubelles, les détritus s'amoncellent près des maisons et les enfants jouent dans cet environnement malsain.

En été, environ 16 000 enfants de ces villages sont hospitalisés à cause de la diarrhée contre 5000 enfants juifs. Le pourcentage d'hospitalisation des enfants bédouins est en général 10 fois plus élevé que celui des enfants juifs.

(Documents traduits par Suzanne Millet)

 

Dernière minute

 

Début juillet 2007, lorsque les manifestants bédouins montaient leurs tentes de protestation, le gouvernement a annoncé la création d'une autorité pour résoudre le problème des Bédouins dans le Néguev. Cette autorité serait liée au ministère de l'Habitat, tous les ministères y seraient concernés et surtout, il y aurait des représentants de la population bédouine du Néguev.

Mais en fait, rien n'a encore été signé, aucune décision n'a été prise, et surtout en ce qui concerne les démolitions.

 

Suzanne Millet

 

Flashes d’espoir : les Combattants pour la paix

 

Pour envisager la paix, ils ont choisi de parler de la guerre. Des Israéliens et des Palestiniens, ayant du sang sur les mains, qu'ils aient été soldats dans l'armée israélienne ou combattants pour la libération de la Palestine, ont décidé de déposer les armes, de s'unir, de combattre pour la paix.

 

Un peu d'histoire

 

En 2003, la route de Bassam Aramin, combattant du Fatah, croise celle de Yonatan Shapira, un des 27 pilotes de l’armée l'air de Tsahal qui, pendant la seconde Intifada, écrivit à Ariel Sharon :" Nous qui avons été élevés pour aimer l'Etat d'Israël ....refusons de prendre part à des attaques aériennes contre des populations civiles." Dix jours plus tard, une première rencontre a lieu en secret à Beit Jala : sept réservistes israéliens et quatre combattants palestiniens. Toutes les rencontres suivantes, secrètes et en petit nombre, permettent à un ou deux combattants de raconter ce qu'ils ont fait pour tuer l'autre. Les échanges du début sont prudents les esprits suspects. « Ce n'était pas facile de se faire confiance, face à face autour d'une même table alors qu'on avait essayé de se tuer. Etait-ce un piège de la part des terroristes ou du Shabak (service secret israélien) » dit l’un des participants. 

Les rendez-vous se sont pourtant multipliés et un an et demi plus tard, les médias ont été convoqués et le mouvement est né.

 

Première rencontre officielle

 

Le 10 avril 2005, à l'école d'Anata au nord de Jérusalem, 22 parlementaires européens, 150 réservistes de Tsahal et environ 300 combattants palestiniens créent officiellement le mouvement « Les combattants pour la paix ».

La déclaration de principe du mouvement est claire :

- Nous ne croyons plus qu'il est possible de résoudre le conflit par la violence. Nous désirons la création d'un Etat palestinien à la frontière de l'État d'Israël.

-  Le cycle de violence israélo-palestinien ne se terminera que si, ensemble, nous travaillons pour mettre fin à l'occupation et pour arrêter toute forme de violence.

-  Notre action sera non-violente et entraînera nos deux peuples à la non violence.

Une citation de Nelson Mandela sur leur dépliant : « Si tu désires faire la paix avec ton ennemi, travaille avec ton ennemi. Alors il deviendra ton partenaire! »

 

En 2007

 

Le 17 août, les combattants pour la paix se sont rassemblés à Shofa, près de Tulkarem. Ce lieu est en effet accessible aux Palestiniens, étant derrière la ligne verte mais en zone C. Les combattants pour la paix avaient également invité des prisonniers du Fatah libérés le 20 juillet de la prison de Ketsiot. Seuls 7 d'entre eux ont répondu à l'invitation.

Suliman al-Khatif, coordinateur palestinien des Combattants pour la paix accueille plus d'une centaine de personnes dans la cour d'une maison de Shofa. Ils ont entre 30 et 40 ans et pensent pouvoir ensemble et sans armes, agir pour la paix.

Zohar Shapira, 38ans, raconte : fils de pilote, éduqué dans l'esprit sioniste, sachant qu'il doit protéger Israël, il fut pendant 15 ans le numéro un d'une unité de commando. Devant l'assemblée, il se souvient du moment où tout a basculé. Lors de la seconde Intifada, au milieu de la nuit, ses soldats entrent dans un village palestinien à la recherche d'un suspect, lorsqu'une petite fille de 7 ans se met à courir. « Elle avançait. Je me disais, c'est une enfant, mais on a pu lui donner des explosifs qui allaient tuer mes soldats. J'ai tiré en l'air, elle s'est arrêtée. Je ne l'ai pas blessée mais je savais que ce tir avait tué son âme. Elle et moi nous nous sommes regardés dans les yeux, moi avec mon fusil, elle les mains levées. C'est comme si j'avais reçu un coup de massue. Je savais que si je ne m'arrêtais pas maintenant, rien ne toucherait plus mon coeur. »

Avec 13 soldats de son unité, Zohar a décidé d'arrêter. Quelques mois auparavant, alors qu'il se promenait à Jérusalem, il avait secouru des enfants israéliens victimes d'un attentat suicide palestinien. L'absurdité de ces violences lui a sauté aux yeux.

Suliman a rejoint le Fatah à 12 ans pour résister à la présence israélienne, convaincu que la violence est la seule réponse possible. Adolescent, il lance des pierres et prépare des cocktails Molotov. « Il est possible qu'il y ait parmi vous des gens que j'ai blessés. » A 14 ans, il poignarde un soldat israélien et, il est condamné à 15 ans d'incarcération. Á la prison de Janad, près de Naplouse, il travaille à la bibliothèque. « J'ai lu l'histoire des Juifs. Je me suis fait mon éducation en prison et ma vision du monde. » Libéré en 1997, il pense que les combattants qui ont personnellement payé le prix de la guerre sont ceux qui peuvent changer la situation. Il rencontre des Israéliens qui, comme lui, ont du sang sur les mains et ont compris que la violence ne résout  rien. Aujourd'hui, ils sont plus de 100 des deux côtés.

 Leur fondateur, Bassam Aramin (voir l'interview ci-après), reste un exemple pour tous. Il réussit à transformer sa douleur en une force constructive. « Ce serait si facile de sombrer dans la haine, de se venger. Pendant les 7 années de prison, j'ai appris l'histoire des Juifs, de la Shoa. J'ai compris : Des deux côtés nous avons été des instruments de guerre. »

 

Les projets

 

- Organiser des rencontres entre Israéliens et Palestiniens, pour que chacun puisse parler des actes de violence auxquels il a pris part.

- Aller visiter les écoles et les universités, des groupes de jeunes pour montrer les limites de la violence. Les conférenciers sont Palestiniens et Israéliens.

- Enseigner la non-violence.

- Créer des médias binationaux pour influencer l'opinion publique en Israël, en Palestine et dans le monde.

 

Idan, un réserviste, a l'intention de recueillir ces témoignages de vie pour le Théâtre de Jérusalem, ressentant le besoin de porter cette parole encore plus loin.

 

Antoinette Brémond

 

Interview avec Bassam Aramin

 

Remarque préliminaire:  Galei Tsahal (la radio de l’Armée), donne bien d’autres choses que des nouvelles générales ou des programmes militaires. Il y a des programmes de culture générale, et la critique de ce qui se passe dans le pays n’est pas absente. Il y a entre autre chaque samedi depuis plus de 30 ans une interview de près d’une heure avec des personnalités de toutes sortes. L’envie est grande de vous communiquer dans chaque numéro un de ces programmes souvent remarquables, que nous enregistrons. Mais il faut choisir… et puis il faut avoir le temps de recopier ! Mais cette fois-ci, c’est fait.

Yaakov Agmon interviewe Bassam Aramin, fondateur du groupe “Combattants pour la paix”

(18 août 2007, 9 h.00)

– Bassam Aramin, où habites-tu?                  – J’habite Anata.

– Quelle carte d’identité as-tu?                     – Celle des territoires.

– Tu viens parfois à Jérusalem?                    – Oui avec un permis.

– En passant par tous ces barrages?                 – Bien sûr comme tout le monde.

– Tu es né…?

– Je suis né en 1968 dans un petit village, d’une famille pas très grande, qui est à l’origine du village, les premiers qui ont habité le village. Une grande partie est allé vivre en Jordanie et d’autres pays arabes.

– Où as- tu appris l’hébreu?                        – Dans les prisons israéliennes.

– Oui, c’est l’Université de la vie. Combien de temps es-tu resté?

– Sept ans, de 1985 à 1992.

– Comme es-tu arrivé en prison?

– En 1981 avec 5 copains on a formé un groupe paramilitaire, on a jeté des pierres, brandi un drapeau palestinien. On a trouvé de vieilles armes qu’on a utilisé contre les soldats qui venaient: “Qu’est-ce qu’ils veulent, qui sont-ils? Ils ne parlent même pas notre langue!” et on sent, comme enfants, qu’on n’a pas d’autre choix que de s’opposer, défendre sa liberté en tant qu’enfant, pas du point de vue national. La seule incitation venait de la présence des soldats. On n’avait aucune formation ni enseignement, on ne savait pas ce qu’est l’occupation. Ni ce que c’est juif ou israélien.

– Tes parents ne t’ont rien expliqué?

– Non! une fois j’ai interrogé mon père, il m’a dit: Les Juifs viennent occuper les [terres des] arabes. J’ai demandé: Pourquoi?! il m’a dit: J’sais pas…

– Et à l’école, on ne vous a rien expliqué?                  – Non, à l’école c’est défendu de parler de rien d’autre que les livres d’école.

– Et dans ces livres tu n’as rien appris sur les Juifs?   – Rien du tout…

– Et à quel âge as-tu été mis en prison?

– A 17 ans. Je suis passé des jeux d’enfants – la nuit lancer des pierres, agiter le drapeau – au statut de héros, sans que je l’ai choisi.

– Et pour ces jets de pierres, tu as eu 7 ans de prison?

– Non… bien sûr, pas pour “jets de pierres”. Quand on lit l’acte d’accusation: on y voit qu’il s’agit d’un “terroriste, violent, membre d’une organisation illégale” etc.

– Et tu t’es retrouvé “héros”?

– C’est ce que j’ai découvert, et j’ai voulu savoir qui je suis. Pourquoi j’ai jeté des pierres, qui ils sont, quelle est leur histoire… et mon histoire à moi. J’ai commencé à étudier pour savoir pourquoi je suis là.

– Vous ne vous êtes pas organisés, un groupe d’arabes, pour étudier, entreprendre des actions?

– Il y a des sessions, trois fois par jour, et chaque groupe, chaque parti forme ses membres suivant sa ligne. On examine pourquoi on lutte. Chacun se pose la question: pourquoi lutter contre les Juifs, il faut les tuer.. On se pose la question, on doit s’expliquer pourquoi! Par exemple Jibril Rajoub était dans ces groupes dans le passé, il disait :  «  Si tu te contentes de dire tout le temps “je dois les tuer”, “faut en finir avec l’occupation”, sans comprendre rien en politique, tu deviens un assassin, un terroriste… »

– Tu dois apprendre…

– Oui, apprendre pourquoi tu luttes. Être convaincu, croyant, et la lutte ce n’est pas seulement tirer; parler aussi, c’est combattre.

– Quand as-tu senti que tu commençais à comprendre les Juifs?

– A dire vrai, je ne peux pas dire que j’ai commencé à comprendre les Juifs, en prison. Seulement après être sorti. En prison, les gardiens sont tes ennemis, les colons, les soldats, c’est ça le peuple israélien. Toujours agressif, voulant tuer en toi ton humanité, si bien que tu ne penses qu’à te venger. Et là tu deviens une bête. On a essayé d’être plus forts, pour prouver qu’on est aussi des êtres humains.

[puis il raconte comment des soldats un jour sont entrés, les ont mis à nus dans 8 cellules et les ont battus, sans raison. Il a demandé au gardien: Pourquoi? Il a répondu: “Non, non, c’est pas nous, c’est des soldats qui sont venus faire un ‘exercice’ ”… Et ce n’est pas un cas isolé.]

– Vous n’avez pas porté plainte?   – On ne peut rien faire, c’est organisé comme ça.

– J’ai donné comme titre à cette interview: “Combattant pour la paix”. Explique-moi comment après avoir vécu tout cela en prison, soudain tu te mets en tête qu’on peut faire autrement, par des voies pacifiques… On ne te croira pas!

– Oui, il faut être vraiment fort. […] On entend tout le monde, politiciens, officiers, dire "Il n’y a pas de solution militaire". J’ai commencé à réfléchir: Depuis 60 ans, on a tout essayé. Israël avec toute sa puissance, n’est pas en sécurité. Même avec le mur, on entend dire qu’il y a des alertes à la bombe, et la Palestine n’est pas libérée. Il faut changer notre comportement, lutter autrement. Je me suis convaincu que celui qui doit combattre avec le peuple palestinien, c’est le peuple israélien!  Il doit cesser son occupation.

– Tu sais, on a souvent dit: “En Israël il y a des mouvements pour la paix, qui manifestent contre l’occupation etc. et rien chez les Palestiniens.”

– La majorité [chez nous] veut la paix, mais hélas les médias israéliens ne le montrent pas. L’Israélien qui vient à Jéricho, Ramallah, découvre que tout ce qu’il a appris, c’est faux. Il découvre des tas de groupements organisés qui parlent avec des Israéliens.

– Les reporters ne le racontent pas?

– Non, je le leur reproche. Ceux qui parlent arabe, et savent la vérité, ne le disent pas. Or ils peuvent former l’opinion publique. Les Israéliens qui entrent dans les territoires et sont pris, doivent payer de grosses amendes. On ne veut pas qu’ils sachent.

– Mais, il y a eu des gens [Israéliens] qui sont allés dans les territoires sans autorisation et… ne sont pas revenus [= ont été tués], il faut bien être prudent.

– Pour un cas qui est arrivé, il ne faut pas généraliser.

– En prison, ou bien après, as-tu pensé: Ces Israéliens, pourquoi agissent-ils comme ça, quelle est la raison?

– Bien sûr. C’est arrivé après que j’ai vu un film sur la Shoa, “La liste de Schindler”. c’est la chose la plus dure que j’ai vue dans l’histoire humaine, 6 millions tués, brûlés, tous tout nus, chacun attend son tour, sans résister, sans aucune accusation. Je me suis vu en train de pleurer, sur leur Shoa, je m’identifiais à eux. J’oubliais que c’étaient des Juifs, et que j’étais dans leur prison. Et j’étais furieux: Pourquoi ça?  alors qu’ils n’ont rien fait! Et maintenant pourquoi les Israéliens sont si agressifs. Quand on jette une pierre sur une jeep, arrivent d’autres jeeps, et ils imposent un couvre-feu.  Et j’ai pensé: C’est à cause de la Shoa. Ils ont peur que, encore une fois… Mais je me dis: Ce n’est pas moi qui leur ai fait cela! En Tunisie, en Espagne on les a protégés, donné des papiers comme quoi ils sont musulmans… et maintenant leurs gosses crient: Mort aux Arabes! Comment on en est arrivé là?

– Dis-moi,… tu as parlé avec tes gardiens de prison?

– Il y avait des échanges, mais entre prisonniers et gardiens, c’est la haine. Une fois un gars de Qiriat Arba [quartier juif d’Hébron], me dit: ‘Tu as l’air d’un type tranquille, ça ne te va pas d’être terroriste.’ Je lui dis: “Je ne suis pas terroriste, je suis combattant de la liberté, chacun dois se défendre; nous combattons seulement les colons, les soldats.” Alors il dit: “Tu oublies que c’est vous, les colons. Les Juifs sont revenus vivre dans leur pays, et, bien qu’on vous permette de travailler et de gagner votre vie, vous faites du terrorisme.” Quand j’ai vu qu’il était convaincu, je me suis dit: On pourrait parler, peut-être vais-je le convaincre. On s’est mis d’accord. Qui sait, c’est peut-être moi le colon? ou bien moi je le convaincrai. Je préparais ma leçon, quoi dire… Et cela a duré des mois, et il s’est formé comme une amitié. Et il est arrivé à la conclusion que nous devons vivre ensemble. Et cela m’a renforcé. En parlant, j’ai réussi à changer le type le plus extrémiste, au lieu de lui tirer dessus;  si j’avais continué à m’opposer par la force, il ne m’aurait pas regardé, il y aurait eu vengeance, et c’est le cercle qui se poursuit depuis 60 ans.

– Quand as-tu pensé à créer ce mouvement?   – D’abord je me suis marié, j’ai fondé une famille…

– Combien d’enfants as-tu?   – J’en avais six, maintenant cinq… Faut les éduquer, qu’ils ne passent pas par où on a passé soi-même.

– Quels âges?   – Le plus grand 13 ans, la petite 4 ans. Je veux leur donner une autre éducation, une autre vue des choses, je ne veux pas qu’ils souffrent. C’est mon message. Alors nous avons commencé à organiser…

– Qui ça, nous?       – Un groupe d’ex-prisonniers, après la période d’Oslo…

– Une belle période…

– Oui, très belle. J’étais pour, beaucoup étaient pour: à Jénine les gens ont porté des fleurs aux garde-frontières en jeep, “Sortez d’ici, c’est tout…”.  Après des années de tuerie et mauvais traitements, on a compris qu’il fallait changer de comportement.

– Vous avez consulté vos leaders?

– D’abord je devais me prouver que j’ai changé, et pourquoi. Puis on a rencontré notre président, Abou Mazen. Il nous soutenait et disait: ‘Je compte sur vous, sur votre génération;  vous qui êtes en Israël, c’est vous qui ferez la paix. Et dites à vos amis israéliens qu"ils peuvent, eux, décider de quelle façon les Palestiniens leur résisteront.’ Du point de vue politique il nous soutient et c’est un homme de paix. C’était en 2005 que nous avons fondé les Combattants pour la paix.

– Combattants?    – Oui, nous avions combattu, et les uns contre les autres, même contre nos frères. Nous avons mis nos armes de côté, et nous avons commencé à parler. Au début, 4 Palestiniens et 7 Israéliens. La première fois c’était le plus dur: tu es en face du soldat qui t’a brutalisé, qui se prend pour Dieu au barrage, et qu,i du doigt, fait avancer ou paralyse la file [des Palestiniens], qui t’arrête ou démolit ta maison. Tu vois toute l’histoire de l’occupation sur la figure de ce gars, et tu dois siéger en face de lui et arriver à un échange par curiosité de savoir, savoir qui ils sont. Nous pensions: Qui sait? ce sont des gens de la sécurité qui viennent nous arrêter!  Et eux pensaient: Ce sont peut-être des gars qui vont nous kidnapper. Je voulais savoir: Pourquoi ont-ils cessé de servir dans les territoires? peut-être ont-ils eu peur de nous, ou bien au contraire… Puis nous avons découvert que nous cherchons la même chose, nous voulons la paix simplement, vivre, élever nos enfants, sans problèmes.

– Dis-moi, de quoi avez-vous parlé dans ces rencontres?

– Au début, chacun voulait prouver qu’il avait raison. Un soldat nous a dit qu’il avait servi partout, arrêté des centaines de gens, qu’il a brutalisé des tas de gens, à Kalandia par exemple, ce barrage de mort, [etc.], et il me dit: “Qu’as-tu à me regarder comme ça, dis quelque chose!” Et je le regardais avec haine et me disais: Quelle honte, comment est-ce qu'il parle?! Alors je lui dis: “Tu sais que tout ce que tu as fait ce sont des crimes?” Il répond: “C’est clair”. Je continue: “Et que c’est du terrorisme, tu es un terroriste?”  Et lui: “Absolument. Et pourquoi est-ce que je suis ici? parce que j’ai découvert que je terrorise, je suis un occupant, je crée des ennemis, des victimes, alors j’ai cessé.” Il ne m’a pas laissé la possibilité de me disputer avec lui. Et moi, je ne voulais pas dire que je n’ai rien fait d’autre que de jeter des pierres, je voulais me faire valoir, dire que j’ai jeté des grenades, que j’avais porté des armes. C’est seulement bien après que je lui ai dit que tout ça, c’était des histoires. Dans nos conférences, on explique tout ça.

– Combien de rencontres?   – Dès la troisième on a commencé à organiser le mouvement de paix.

– Quel était votre but?  Bon, vous avez échangé, créé un climat de confiance, mais quel était votre projet d’action?

– Notre message était:  nous sommes des deux côtés des instruments de guerre, nous avons combattu, chacun de son point de vue, pour notre peuple. Nous devons parler avec eux, et ils doivent nous écouter. Continuer de combattre l’occupation, c’est clair. Nous sommes arrivés ensemble à la conclusion que l’occupation est notre ennemi commun. Nous sommes tombés d’accord que nous devons veiller à la non-violence en toute occasion. C’est ce qui donnera au peuple israélien la confiance, lutter ensemble pour mettre fin à l’occupation. Et on a décidé de continuer à parler même s’il y a un attentat ici ou là. On a été d’accord que le but accepté par tous c’est deux états pour deux peuples, et Jérusalem partagée.

– Vos familles, vos voisins n’ont pas vu en vous des collabos?

– Au contraire. Il y a des gens qui sont d’accord, d’autres nous voient comme des collabos. Nous avons notre honneur, dans la société nous sommes connus, nous avons payé le prix, […] je n’ai jamais été en danger du fait que je parle avec des Israéliens. Les gens nous soutiennent. Ceux que nous voulons recruter pour notre action, ce sont seulement des combattants dans le passé, d’anciens prisonniers, la majorité sont d’accord et veulent nous rejoindre.

– Est-ce demeuré local, dans le village, ou plus étendu?

– C’est devenu international: nous avons des amis en Europe, en Amérique, en Israël, en Palestine; nous avons commencé à quatre, et nous sommes plus de 300 des deux côtés. La semaine dernière la rencontre était avec des prisonniers palestiniens  qui venaient d’être libérés, qui n’étaient pas prêts à parler, eh bien ils ont reçu les Israéliens avec respect, les ont écoutés, ils veulent  nous rejoindre.

– Tu crois qu’il en sortira quelque chose?    – Absolument, sinon je ne perdrais pas mon temps.

– C’est que, tu sais, ça fait 60 ans qu’on essaie, ça ne marche pas… Ici aussi il y a eu des échanges, des groupes mixtes, et ils ont échoué.

– Nous n’échouerons pas, car nous sommes des combattants. Il faut continuer jusqu’à ce qu’on arrive à la paix. On doit persuader les politiciens, on les obligera à liquider ce problème.

– Comment peux-tu obliger les gens du Hamas qui ne veulent pas reconnaître l’existence du peuple juif [je corrige: l’existence de l’État juif], de vous rejoindre?

– Bon, le Hamas c’est une organisation, ce n’est pas le gouvernement. Comme il y a en Israël des partis qui ne voient même pas le peuple palestinien, et veulent les envoyer en Jordanie etc…, il y a aussi le Hamas. Et je crois que le Hamas est prêt à un État palestinien dans les frontières de 1967. Je ne peux pas croire que le peuple israélien sait ce qui se passe dans les territoires et est complice, ce n’est pas possible! Que les soldats, sans que l’on soit coupable, cassent la main, la tête. Ils te font choisir: ta punition c’est la main droite ou la main gauche, choisis! C’est connu.

– Bassam, je me demande où tu trouves la force de continuer, alors qu’il t’est arrivé une chose terrible, qu’un soldat israélien a tué ta fille. (il murmure:) Oui…

– Raconte, que s’est-il passé exactement?

– Ma fille Abir avait 10 ans. Le 16 janvier cette année [2007] vers 8 heures, sa mère me dit: "Elle raconte qu’après l’examen elle va jouer avec ses copines" Je lui dis: “Pas question, tu reviens à la maison et je t’aide pour tes devoirs, et tu joueras dans la maison.” En allant au travail (je travaille à Ramallah aux archives nationales) coup de téléphone de l’école: Envoie-nous sa mère, elle est tombée. Je téléphone à la maison, sa sœur aînée criait: Abir, Abir, Papa… Une amie prit le téléphone et dit: Ta fille, les soldats lui ont tiré une balle dans la tête, elle est blessée. Depuis deux ans une ou deux jeeps se tiennent devant l’école juste quand les enfants sortent. Si un enfant jette une pierre, il faut lâcher du gaz lacrymogène! J’arrive à l’hôpital, elle était dans un état grave. Je disais: Sûrement des enfants ont jeté des pierre et les soldats ont tiré… Eh bien, non, il n’y avait rien eu. Ma fille était sortie avec ses copines et allait vers Anata, une jeep les dépasse, et d’après la reconstitution de la police, un coup de feu, et ma fille tombe à plat. Il n’y avait ni tension, ni manifestation ce jour-là. Elle est tombée, comme ça, bêtement.

– Quelle fut ta première réaction?   – Ma première réaction a été: Je continue ma route, j’y crois. Cela faisait juste deux ans que nous avons commencé ensemble, nous devons continuer. Nous devons protéger nos enfants, des deux côtés, qu’ils soient hors de cette sale guerre.  La police a fait une enquête, et a fermé le dossier en disant: Il n’y a aucune preuve que cela vienne des soldats. Mais moi, j’ai un témoin, qui a dit: ‘Oh, moi j’ai tout vu, j’ai vu que les soldats ont tiré et qu’elle est tombée.’ Or lui, c’est un Palestinien qui était policier dans la police israélienne. Je veux faire appel, et arriver à la Haute Cour.

– Comment réagit-on dans ta famille?   – Ma femme, Dieu merci, me soutient; le plus dur ce sont nos enfants. En fait ma femme à l’hôpital m’avait dit: “Fini, plus question de paix!”  Je lui ai répondu: “Bon… Et alors, que vais-je dire à mes 30 amis israéliens?”

– Ils t’ont soutenu?   – Ils étaient avec moi, pendant trois jours, à l’hôpital! Et tu me demandes: “D’où reçois-tu cette force?” Eh bien, de mes amis! Cette fille était comme leur fille. Aujourd’hui je le dis, et sans hésitation: Maintenant nous sommes une famille, des frères, nous avons vécu cela ensemble.

– Vous continuez à vous rencontrer?  Et toi tu continues à être le président de ce groupe?

– Non, je suis seulement un membre du  groupe.   – Aucun regret? Comment tu expliques tout cela à tes enfants?

– Je n’ai pas hésité une minute. Mais mes enfants demandent: “Ils l’ont tuée, alors pourquoi ne pas se venger? Quand je vois des soldats près de l’école, je veux au moins leur jeter des pierres.” Et moi je ne veux pas perdre mon fils pour une question de pierres. Je lui ai parlé des heures, toute une nuit: “Je veux que tu réussisses à l’école, et puis que tu ailles les rencontrer, les persuader. C’est notre message, c’est comme cela que tu combattras, cela vaut plus que des pierres. Jette des pierres, risque ta vie, qu’est-ce qu’il en sortira? Rien!” Il a compris et m’a promis d’aller dans ce sens.

– L’enterrement était au village?   – Non, j’avais promis à Abir que j’irai prier à la mosquée Al-Aqsa, et l’enterrerai à Jérusalem. Elle voulait toujours que je l’accompagne à Al-Aqsa. C’était vendredi, on ne voulait pas libérer le corps [de l’hôpital] de peur que je n’organise une grande manifestation. J’ai dit: Ce n’est pas une combattante, c’est une enfant, mais je veux que beaucoup l’accompagnent, c’est un honneur pour nous Musulmans. Et le sang de ma fille est devenu un pont entre Israéliens et Palestiniens; même à l’hôpital des palestiniens venaient nous rendre visite, et, voyant nos amis Israéliens,  ils demandaient: ‘Qui c’est, ces gens-là?’ J’ai dit: ‘Ce sont mes amis, hommes, femmes, enfants qui sont venus me soutenir.’ Au début ils [les Palestiniens] ne voulaient pas leur parler. Mais deux semaines après l’enterrement, on a invité tous les Israéliens, on a fait un barbecue, avec honneur, parce qu’ils m’avaient soutenu, alors qu’ils [les Palestiniens] n’avaient pas voulu leur parler. Autrement dit, on avait gagné de nouveaux partisans de la paix.

– Tu ne rêves pas?  – Non! cela peut se faire, et cela se fait;   il faut faire la paix avec soi-même d’abord. Au début j’avais dit à Noam [le premier soldat rencontré]: “J’ai tiré, etc.” ce qui n’était qu’un mensonge.  J’ai donc fait la paix avec moi-même, avec la vérité: Oui, je n’étais qu’un enfant, je n’ai pas tiré. Je vois bien la réaction des gens: non, je ne rêve pas. Il n’y aura finalement: plus d’occupation!   Nous parlerons et nous vivrons ensemble. Pas d’autre solution…

[recopié avec quelques coupures d’après un enregistrement de 50 minutes]    

 

                                                                                                         Yohanan Elihai

Le calendrier juif

 

 

Avec le premier jour du mois de tishri (cette année le 13 septembre) commence une nouvelle année. C’est l’occasion de donner une information sommaire sur la question complexe du calendrier juif.

 

Le calendrier qui règle aujourd’hui la vie juive est d’origine babylonienne et son usage remonte au retour de l’exil. Il est d’ailleurs probable qu’il ait coexisté avec d’autres systèmes d’organisation du temps pendant la période du second temple.

Ce calendrier est à la fois lunaire et solaire. Il est composé de mois lunaires de 29 ou 30 jours. Pour éviter  qu’il ne soit complètement indépendant du rythme des saisons (ce qui est le cas dans l’islam), on ajoute périodiquement un mois supplémentaire, de sorte que la fête de la pâque (Pessah) est toujours célébrée au printemps. Ce mois intercalaire est un redoublement du mois de adar, qui précède immédiatement celui de nisan, au cours duquel sera célébrée la pâque. Il est désigné communément par la formule « adar beth » (adar b). Il est probable qu’à l’origine, la décision d’insérer un mois supplémentaire se faisait de façon empirique, en fonction de l’état de maturité des céréales et de la taille des agneaux : on laissait passer une lunaison lorsque l’on constatait qu’il aurait été prématuré de célébrer la pâque. C’est ce qui explique pourquoi le mois qui est redoublé est celui qui précède celui de nisan. Aujourd’hui, la périodicité de cette insertion d’un mois supplémentaire est fixée une fois pour toutes : on intercale un deuxième mois de adar 7 fois dans un cycle de 19 ans (les troisième, sixième, huitième, onzième, quatorzième, dix-septième et dix-neuvième années). Les années de treize mois sont dites « embolismiques ».

Les noms des mois sont également d’origine babylonienne : tishri, heshvan, kislev, tevet, shevat, adar, nisan, iyyar, sivan, tamuz, av, elul. Nous ignorons les noms que portaient les mois aux temps bibliques, à supposer qu’ils en aient tous porté. L’Écriture ne parle que des mois d’aviv, ou de l’aviv (Ex 13,4 ; 23,15 ; 34,18 ; Dt 16,1), ziv (1R 6,1.37), bul (1R 6,38) et etanim (1R 8,2). Il n’est pas certain que le mois d’aviv, dont le nom n’apparaît que dans le Pentateuque, appartienne au même système que les trois autres, dont il n’est fait mention que dans les livres des Rois. Dans la Bible, les mois sont désignés généralement par leur numéro d’ordre : le « premier mois » (correspondant aujourd’hui à nisan), etc. On trouve dans certains livres postérieurs à l’exil plusieurs des noms de mois babyloniens, qui coexistent avec la désignation des mois par leur numéro d’ordre.

Quand commence l’année ? Le traité du Talmud intitulé Rosh ha-shana (début de l’année) commence par expliquer qu’il y a quatre débuts d’année : le 1er nisan, le 1er elul, le 1er tishri, le 15 de shevat, chacun  de ces « nouvel an » étant un point de repère dans son ordre propre, le 15 de shevat marquant par exemple le début de l’année pour tout ce qui concerne les lois relatives aux arbres fruitiers, etc. Un peu, pour prendre une comparaison très approximative, mais qui peut aider à comprendre, comme on distingue le début de l’année civile, celui de l’année liturgique, celui de l’année scolaire…

Lorsqu’elle est employée sans autre précision, l’appelation de Rosh ha-shana, début de l’année, s’applique au premier jour du mois de tishri, qui marque aussi le début du cycle des fêtes d’automne, la période liturgique la plus riche de l’année juive.

Depuis le Moyen-Âge, les années sont comptées à partir de la création du monde selon le comput biblique. Le 1er tishri prochain marquera le début de l’an 5768. On calcule la date à partir du calendrier grégorien en ajoutant 4000 et en retranchant 240… ou, si l’on préfère, en ajoutant 3760.

 

Les mois et les fêtes

 

Tishri(septembre-octobre)

1 et 2       Rosh ha-shana

3             Jeûne de Gedaliah, commémorant le meurtre du gouverneur Gedaliah (2R 25,22-26 ; Jr 41,2)

10           Yom kippour

La période qui s’étend du 1er au 10 de tishri est désignée par l’expression de « jours redoutables ».

15-21       Succot

22           Shemini atseret (et Simhat Tora, en Israël)

23           Simhat Tora (en diaspora)

Heshvan (ou Marheshvan)

Kislev

25-30           Hanucca

Tevet

1-2          Derniers jours de Hanucca

10            Jeûne de Tevet, commémorant le commencement du siège de Jérusalem par Nabuchodonosor (2R 25,1)

Shevat

15           (Tu bi-shevat) « Nouvel an des arbres »

Adar

13            Jeûne d’Esther, commémorant le jeûne fait par la reine Esther et tous les Juifs de Suse avant son intervention auprès du roi Assuérus (Est 4,16).

14           Purim

15            Purim de Suse, commémorant le deuxième jour des événements racontés par le livre d’Esther (9,13-18)

(Adar B) Lorsque le mois d’adar est redoublé, le jeûne d’Esther et la fête de Purim sont célébrés en adar B.

Nisan

15-21       Pessah (pâque)

Iyyar

 5                * Jour du souvenir des victimes militaires et civiles des guerres et du terrorisme.

 6                       *Jour de l’indépendance d’Israël.

18           Lag ba-omer (33ème jour de l’omer).

28           *Jour de commémoration de la Shoa.

Sivan

 6                       Fête des Semaines (Pentecôte)

28           * Jour de Jérusalem (réunification de Jérusalem en 1967)

Tamuz

 9            Jeûne de Tamuz, commémorant la première brèche dans le rempart avant la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor (2R 25,3-4 ; Jr 52,6-7)

 Av

 9                       Jeûne du 9 av (tisha be-av), commémorant la destruction du premier et du second temple.

 

Elul

 

* Les fêtes nationales israéliennes sont célébrées selon le calendrier juif et non selon le calendrier grégorien. C’est ce qui explique par exemple que le Jour de l’Indépendance, célébré chaque année le 6 du mois de Iyyar (jour où l’État d’Israël a commencé à exister en 1948), ait pu tomber le 24 avril en 2007 et qu’il coïncide en 2008 avec le 11 mai, alors que la proclamation de l’indépendance a eu lieu le 14 mai 1948 (5 Iyyar 5708) pour prendre effet à 0 heure la nuit suivante.

                                                                                                Michel Remaud

 

Au fil des mois…

Le cardinal Lustiger nous a quittés (6 août 07)

 

A l’heure où l’Église célèbre déjà la fête de la Transfiguration, l’ancien archevêque de Paris, le cardinal Jean-Marie Lustiger, nous a quittés. Il était âgé de 80 ans. Ce n’est pas seulement un homme d’Église d’envergure qui s’en va, mais, pour la plupart des membres de l’équipe d’Un écho d’Israël, un ami personnel.

Le cardinal aimait son peuple et Israël. Il était bien souvent inquiet de la situation au Proche-Orient. Inquiet et en même temps confiant. Il aimait venir sur cette terre de Dieu, comme il disait. Il s’intéressait au moindre événement qui se déroulait ici, jusque dans les petits détails. Avec un profond sens de la justice pour les Palestiniens, il s’efforçait de comprendre sans juger, s’abstenant de condamner.

J’ai rencontré la dernière fois Mgr Lustiger il y a un an et demi à Jérusalem à l’occasion des fêtes de Pâques. En me quittant, il m’a pris la main et, avec un regard pénétrant, il m’a fixé dans les yeux : « Ce que tu fais avec Un écho est important, très important. Il faut continuer. » Nous prenons ces paroles non seulement comme un encouragement, mais comme un testament. Nous perdons un proche, un parent, un membre de la famille en la personne de Mgr Lustiger. Les mots manquent. Sans doute, en pareille circonstance, il se tiendrait silencieux, recueilli, communiant à la souffrance de ceux qui souffrent.

Que son souvenir soit en bénédiction.

Jean-Marie Allafort

Rentrée scolaire 2007 : 67% des nouvelles classes sont pour les Arabes et les Juifs orthodoxes (27 août 07)

Selon le ministère de l’Éducation, lors de la prochaine rentrée scolaire qui aura lieu de 2 septembre prochain, 53449 classes s’ouvriront dans un peu plus de 3000 établissements. Par contre, des dizaines de classes seront fermées par manque d’effectifs dans des petites localités ou des Kibboutz comme Ein Geddi.

Dans les milieux juifs ultra-orthodoxes comme dans le secteur arabe, la principale difficulté sera le nombre d’élèves par classe. Sur les 1300 nouvelles classes qui seront ouvertes cette année, 800 sont destinées aux enfants arabes israéliens et aux enfants juifs orthodoxes. Face au nombre croissant d’enfants par famille dans ces secteurs de la population israélienne, le ministère de l’Education et les municipalités doivent faire face à la demande. Dans le secteur juif orthodoxe les villes qui arrivent en tête du palmarès sont Modiin Ilit, Beit Shemesh, Gan Yavné et Beitar Illit.

Pour le secteur arabe c’est la ville bédouine de Rahat qui connaît le taux de croissance naturelle le plus important. « Après une semaine de naissance dans la ville, il faut déjà construire une nouvelle classe » explique un responsable bédouin de l’éducation. Dans un certain nombre de cas, ce sont des caravanes qui provisoirement serviront de salles de cours.

Pour faire face à la demande, le gouvernement d’Israël a décidé la création de près de 8000 nouvelles classes d’ici 5 ans ce qui semble, pour l’heure peu réaliste.

Franck Olivier

 

Où en sont les réfugiés soudanais ? (6 septembre 07)

 

Le réseau d’entraide

 

« Quelle que soit la décision politique et la situation officielle de ces centaines de réfugiés soudanais en Israël, leur « aujourd’hui » est sous notre responsabilité » ainsi s’expriment Elishéva de Béershéva, Tal de Jérusalem, et tous ceux qui, étudiants, familles israéliennes, chrétiens, forment ce réseau de survie. Des mails sont lancés chaque jour à tous les volontaires, de plus en plus nombreux, pour trouver le « pain quotidien » : accompagner un enfant à l’hôpital, transporter de la nourriture au camp construit pour eux aux abords de la prison de Netziot, trouver de l’argent, permettre aux pères travaillant à Eilat de rejoindre leur famille, trouver de nouvelles familles d’accueil etc. Et le zèle du début s’intensifie.

Les étudiants savent aussi que donner du pain, un logement provisoire, cela ne suffit pas pour assurer l’avenir de ces réfugiés. Il faut frapper plus haut.

 

Le vote à la Knesset

 

Début août, les associations pour les réfugiés du Soudan, avec leur porte-parole Eitan Schwartz ont présenté aux membres de la Knesset une pétition : « Ces réfugiés ont besoin d’un refuge, et l’histoire du peuple juif ainsi que ses valeurs démocratiques et humanitaires nous obligent moralement à leur procurer le droit d’asile qu’ils demandent ».

63 députés sur 120 ont signé cette pétition, la majorité de la chambre. Ils proposent que ces réfugiés restent en Israël jusqu’à ce qu’on leur ait trouvé un autre asile en Afrique ou ailleurs. Ces parlementaires demandaient également au gouvernement d’ériger une barrière de sécurité entre Israël et l’Égypte.

Des réfugiés tués à la frontière

Le 2 août, deux réfugiés soudanais tentant de s’infiltrer en Israël sont tués par les forces égyptiennes du Sinaï. Un autre fut blessé. Le quatrième qui escaladait la barrière avec l’aide des soldats israéliens fut arraché de leurs mains par les Égyptiens et lynché. Message clair sur l’avenir des Soudanais qui seraient renvoyés en Égypte.

 

La manifestation

 

Le mercredi 22 août, sous le slogan : « chasser les réfugiés c’est les tuer » des dizaines de militants pour l’accueil des Soudanais ont manifesté devant la maison du Premier ministre, place de Paris, à Jérusalem. En effet, quelques jours avant, 50 réfugiés africains du Libéria, du Nigeria, de la Côte d’Ivoire et du Soudan ayant pénétré en Israël à la frontière du Sinaï furent renvoyés en Égypte en quelques heures sans même avoir été interrogés.

Plusieurs étaient du Darfour. Des jeunes en chemise bleue du mouvement « la jeunesse qui travaille et qui étudie » portaient divers panneaux et scandaient des slogans : « nous sommes tous des réfugiés, nous sommes tous des êtres humains (bene’ Adam) ». On pouvait aussi lire « Souviens-toi que tu étais étranger en Égypte ».

« Chasser les réfugiés qui ont fui le génocide, la mort et le racisme, au Soudan et en Égypte, sans les avoir reçus et écoutés c’est violer la loi internationale. En effet toute personne franchissant la frontière et demandant le droit d’asile doit être, selon la loi, écoutée avant qu’une décision ne soit prise » insista Eitan Schwartz. En renvoyant ces 50 Africains le Premier ministre n’a non seulement pas tenu compte du droit international concernant l’accueil des réfugiés, mais n’a pas non plus pris en considération l’avis du parlement israélien dont la majorité s’était prononcée pour l’accueil des Soudanais.

Ismaël, réfugié du Soudan, remercie tous les manifestants venus les soutenir et tous ceux qui travaillent depuis plusieurs mois pour les aider à s’intégrer en Israël, leur enseignant l’hébreu et s’occupant de leurs enfants. Leonito, du Sud Soudan, habitant en Israël depuis deux ans, rejette l’opinion habituelle, celle du Premier ministre, qui fait une distinction entre les réfugiés du Darfour et ceux du Sud Soudan. « Nous aussi avons besoin d’être protégés, la situation au sud est aussi dangereuse qu’au Darfour ».

Tal Harnatal, l’une des responsables, elle-même petite-fille d’un rescapé de la Shoa de l’ancienne Tchécoslovaquie, compara la situation des réfugiés du Darfour avec celle de ses grands-parents : « si Israël ne leur avait pas ouvert la porte, je ne serais pas ici aujourd’hui ».

Là trouvaient également Avigaïl, sa fille et son frère Avishaï, venus de Kadesh Barnèa : « Nous en recevons 50 dont 30 enfants. Beaucoup nous aident financièrement ». Déterminés, engagés, ceux qui manifestaient cet après-midi à Jérusalem pour les réfugiés du Soudan, étaient ceux qui allaient continuer à les aider.

 

La rentrée scolaire

 

Le 26 août, la ministre de l’Éducation Yuli Tamir décida d’intégrer 76 enfants soudanais dans les établissements scolaires du pays, et cela malgré la situation illégale de leurs parents. Les élèves seront enseignés dans leur langue maternelle, l’arabe, des classes spéciales étant créées pour eux. Ils y apprennent également l’hébreu. En effet, selon la loi de la protection de l’enfance, tout enfant habitant depuis trois mois dans le pays doit être pris en charge par le ministère de l’Education, quelle que soit la situation officielle des parents.

35 de ces enfants habitent Eilat, 23 dans les localités voisines, 16 à Arad et dans la région du Jourdain.
Amira Hayim, responsable de l’enseignement dans la région sud, précise : « Nous avons ouvert six unités de jardins d’enfants et de classes spéciales pour les enfants soudanais. Une partie des enfants sont chrétiens, d’autres musulmans. Nous avons déjà trouvé les cadres appropriés. Parallèlement à l’enseignement, nous sommes attentifs aux traumatismes subis par ces enfants, à leur dépaysement, et des éducateurs spécialisés sont sur place pour répondre à leurs besoins ».

 

La déclaration du ministre de l’Intérieur

 

Ce mardi 4 septembre, le ministre de l’Intérieur Meïr Shitrit a déclaré qu’Israël avait l’intention d’accorder la nationalité israélienne à plusieurs centaines de réfugiés du Darfour. Cette décision a été prise avec le Premier ministre Ehud Olmert et en coordination avec l’ONU. Shitrit a précisé que le ministère de l’Intérieur avait commencé à établir des dossiers en vue de la réalisation de cette décision. Selon la loi, le ministre de l’Intérieur jouit du droit d’accorder la nationalité israélienne à des personnes qui ne répondent pas aux critères habituels.

Antoinette Brémond

 Un autre visage de Jérusalem (8 septembre 07)

Le parc Sakher, en contre-bas de la Cour suprême et de la Knesset, est un des points de rassemblement les plus animés de Jérusalem. Sa vingtaine d’hectares de pelouses, d’ombrages et de terrains de jeux accueille tous les jours promeneurs et adeptes du jogging, des patins à roulettes, du vélo, de la trottinette de la planche à roulettes. La fréquentation augmente très sensiblement le samedi après-midi et les chiens s’y ébattent en liberté dans l’enclos qui leur est réservé. Les jours de fêtes civiles, quand flotte sur toute la ville une odeur de brochettes, il est parfois difficile d’y trouver quelques mètres carrés pour rassembler une famille autour d’un barbecue - les brochettes étant un des rares symboles d’unanimité nationale, tous partis et tendances religieuses confondus, boudées seulement par les « haredim » de Mea Shearim. On y tient aussi des rassemblements politiques, et les habitants du voisinage doivent parfois s’endormir au son de la sono ou des harangues des orateurs.

Peu de Juifs de Jérusalem, sans doute, savent que le Gan Sakher offre un tout autre visage le vendredi soir, lorsqu’eux-mêmes sont rassemblés en famille pour le traditionnel repas d’entrée en shabbat. Le Gan Sakher est alors fréquenté essentiellement par la population arabe. Les jeunes investissent les terrains de sport, les enfants font la queue aux toboggans, et ce qui est le plus inattendu de tout, on peut voir de jeunes femmes voilées faire de la balançoire.

Vendredi soir, un enfant de moins de dix ans s’est approché de moi et, me prenant évidemment pour un Juif, m’a donné un coup en me regardant d’un air insolent. À cet endroit-là et à cette heure-là, c’est moi qui étais chez lui.

Michel Remaud

 

Une école juive et arabe à Jérusalem : un projet de coexistence

 

 « C’est une fleur au milieu d’une ville qui saigne et combat », déclare Alla Hattib, co-directeur de l’école bilingue Max Rayne en montrant le nouveau campus, à la jonction du quartier juif Pat à Jérusalem et de Beit Safafa arabe.

« C’est le plus grand projet de coexistence où 400 élèves juifs et arabes peuvent grandir et vivre ensemble », dit Hattib.

Fondée par « La Main dans la Main », une organisation non lucrative qui promeut la coexistence, l’école Max Rayne est la plus grande des trois écoles bilingues en Israël. Populairement nommée "l’Ecole Bilingue", elle est administrée par deux directeurs, l’un Arabe et l’autre Juif, et les cours sont donnés par une double équipe de professeurs arabes et juifs.

« A la fin du deuxième cycle, les étudiants parlent couramment hébreu et arabe et connaissent les deux alphabets ».

L’école a été ouverte en 1998 avec 25 bambins au jardin d’enfants. Deux ans plus tard, le ministère de l’Education a reconnu officiellement l’établissement, qui recevra cette année 410 élèves allant du jardin d’enfants jusqu’à la troisième (collège). Les élèves sont des filles et garçons, arabes et juifs. On compte entre 20 et 30% de chrétiens au sein des élèves arabes. Jusqu’au CE2, Juifs et Arabes suivent ensemble les cours sur les religions. Puis, ils sont séparés selon leur propre religion. Lors d’une rencontre mensuelle, ils échangent entre eux sur ce sujet.

Le nouveau bâtiment comprend un gymnase, un jardin d’enfants, des classes et auditoriums. Il est conçu comme une ville en miniature avec de nombreux sentiers et une cour au centre.

L’école porte le nom du célèbre mécène Max Rayne décédé en octobre 2003 et qui a participé au financement de ce campus dont le coût s’élève à 11 millions de dollars.

« L’école jusqu’à maintenant avait lieu dans les bâtiments de l’école Danemark, elle entrera dans son nouveau bâtiment dans le quartier Pat en octobre, après les fêtes d’automne », a indiqué le porte-parole de la mairie.

Les voisins ne sont pas spécialement ravis que l’organisation « Main dans la Main » ouvre cette l’école. « L’entrée de l’établissement est à trois mètres de chez moi », dit Yehoshua Chacham. « Je n’ai pas besoin de vous expliquer ce que c’est que d’avoir chaque matin 400 gamins proches de vous. Les jours de scolarité ils vont « investir » votre appartement, votre parking, qui comporte 40 places pour 32 familles,. Bon, et que feront ces enfants qui seront inoccupés pendant les réunions parents - professeurs ? »

Chacham ajoute : « Les routes sont déjà envahies par les chauffeurs venant de l’Est et de l’Ouest de Jérusalem qui passent à travers Pat, et maintenant il y aura des dizaines de voitures en plus qui passeront ici chaque jour ».

Chacham n’est pas le seul de cet avis.

Avec le conseil du quartier, il a envoyé quatre lettres au maire Uri Lopolianski, suggérant une autre entrée pour l’école sur la grande route de Gilo, avec un parking, ce qui éliminerait bruit et bouchons.

Le président du conseil de quartier, Haim Gershon, a parlé à la Fondation de Jérusalem, responsable de la construction du bâtiment : « Nous n’avons pas entendu parler d’un plan de construction d’un parking, ni d’accès à la route », dit-il.

Mais il y a d’autres problèmes : le rabbin Shalom Dov Lifshitz, à la tête du mouvement anti-missionaire de Yad leAhim, dit que Pat est un quartier religieux et s’oppose à une école pluraliste.

« Bâtissez à Rehavia, ou dans un quartier arabe » dit-il, « Les Arabes ne le permettront pas ».
D’après le rabbin Lifshitz, l’école va encourager les mariages mixtes, et les élèves juifs sont trop jeunes pour étudier avec des arabes. Le rabbin ne voit pas d’un bon œil la présence de chrétiens dans le coin.

Une telle opposition, cependant, ne freine pas Hattib. « Je comprends qu’il y ait une opposition au commencement, elle vient surtout d’un groupe religieux, mais si je comprends bien, pas du quartier lui-même».
Gershon ajoute : « Le bâtiment est aujourd’hui construit, que pouvons nous faire ? »

 

Cecile Pilverdier, Source : Jerusalem Post

 

Le chant du mois:“Po etslènou (C’est là, chez nous)”

Hier à la radio on interviewait Arik Einstein sur son disque récent. Un vétéran, genre Georges Brassens, qui vit retiré avec sa femme et ses enfants. Dans un de ses nouveaux chants, il redit ce qui le préoccupe, ce qui le fait vivre, dans son parler populaire, simple et plein d’humour. Voici ce chant qui lui est sorti du cœur. 

 


Ce soir, je suis chez moi,

Assis dans mon fauteuil,

Sur l’écran de la télé il y a

Une femme qui pleure, qui pleure,

Elle n’a pas de maison,

Pas d’argent, pas de travail…

Je zappe à une autre station:

Encore une nouvelle bande, on a volé des vieux,

On s’en prend aux plus faibles,

Et quoi encore? quand va-t-on se réveiller?

Ça arrive ici, tous les deux trois jours,

C’est là près de chez nous

Les mendiants sur la grand’place,

J’veux pas réveiller les angoisses,

Je ne veux pas pleurnicher,(1)

Je veux pleurer, c’est tout.

Les guerres continuent

Entre les bons et les méchants

L’argent coule à flots

Et y en a d’autres qui ont faim,

Qui peut m’expliquer ça?

Pour un mariage réussi

Y en a dix qui se trahissent.

Ça arrive ici, tous les deux trois jours,

C’est là près de chez nous

J’veux pas réveiller les angoisses,

Je ne veux pas pleurnicher,

Je veux pleurer, c’est tout.

Je me souviens des beaux jours

Sur le rivage qui s’est évanoui,

Je disais à un copain:

“On va changer le monde” (2)

Il a rencontré Dieu

Et moi, je suis encore là.

Ça arrive ici…. […]

C’est là, près de chez nous […]

Je veux pleurer, c’est tout.


(1) Arik commente : « Tu comprends, on s’esclaffe, on pleurniche, et puis on oublie. Moi, mon cœur se brise, si par ce chant j’ai versé ma petite goutte, à force de gouttes ça fera un océan. »

(2)    Allusion à un des ses chants déjà ancien : « Toi et moi, on va changer le monde. »

 

et l’humour en finale

Restons avec Arik. Un éditeur éventuel s’émerveille et lui dit: Ça, c’est un beau chant !

Arik explique, très sérieux: Bah oui, tu vois, cette fois on a décidé de faire un disque avec rien que des beaux chants!

Et l’autre: Ah bon?

Arik n’a pas insisté.

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Et pour la rentrée des classes:

Le maître d’école :

– Qui peut me dire si le monde est rond ou plat ? 

Le petit Dany :

– Ni l’un ni l’autre !  Papa dit qu’il est tordu.

                                                                                                                        Yohanan Elihai

 

 

Même si nous avons une ligne commune dictée par notre présence en Israël, il semble bon de rappeler le principe qui guide bien des publications et qui donne une certaine liberté à chacun :

 

La revue laisse aux auteurs des articles et comptes rendus l’entière responsabilité des opinions et jugements qu’ils expriment.