Textes bibliques du jour

Pour lire les textes de la Parole du jour  selon le rite latin et avoir un petit commentaire cliquez ici

 

Annonces actuelles

Liens externes

Beaucoup de sites bibliques, sur Israël...sont très intéressants. Ici vous trouverez une liste qui s'allongera au fur et à mesure. Voir la liste.

Glânures...

Prière de St Ignace

 « Seigneur Jésus,
apprenez-nous à être généreux,
à vous servir comme vous le méritez,
à donner sans compter,
à combattre sans souci des blessures,
à travailler sans chercher le repos,
à nous dépenser sans attendre d’autre récompense
que celle de savoir que nous faisons votre Sainte volonté. »

Si voulez lire plus cliquez ICI

N° 48 – Septembre/Octobre 2009

Sdé-Boqer – Le désert de Sin

Sommaire:

Editorial : Rapport Goldstone ou Israël au pilori

Histoire: Famille Rothschild et la Terre Sainte (2ème partie)

Connaissance du pays: Les Nabatéens (1 ère partie)

Un tiers des meilleurs lycées sont dans le secteur arabe

Vie quotidienne: Le village de la jeunesse sioniste

Jérusalem. Des familles palestiniennes s'installent dans des implantations

Focus : Médecins pour les droits de l'homme

Actualité: le deuil frappe à nouveau la famille Ramon et tout Israël.

Etude: Ishmaël et sa descendance

Qui est qui : Itzhak Zamir

Chant du mois: Anna Bekoakh

Humour en finale: race humaine 

Editorial: rapport Goldstone ou Israël au pilori

Depuis sa création, il y a trois ans et demi, la commission des Droits de l'homme de l'ONU a diligenté neuf enquêtes: cinq en Israël et quatre dans le reste du monde. Selon les technocrates des Nations Unies, Israël serait donc le pays de la planète où les droits de l'homme sont le plus bafoués. On en viendrait à croire qu'ici la liberté religieuse n'existe pas, que la presse est complètement muselée, que les homosexuels sont pendus sur la place publique, que les enfants (arabes bien sûr !) sont vendus en esclavage ou encore que les femmes sont fouettées dans les rues pour n'avoir pas réalisé les caprices de leurs maris.

Le rapport de la commission d'enquête sur l'opération militaire menée par Tsahal dans la bande de Gaza il y a 9 mois n'est pas seulement partial, il est tout simplement odieux. Lorsque le juge Goldstone, un Juif ori­ginaire d'Afrique du Sud jouissant d'une réputation mondiale, déclare qu'Israël «à certains égards a commis des crimes contre l'humanité», on croit rêver. Pour juger les actes d'Israël dans la Bande de Gaza, explique­ra-t-il à la presse après la publication du rapport, Goldstone avait devant les yeux les actes des Nazis durant la Shoa et les massacres commis au Darfour. Il y a fort à parier que le juge a utilisé une autre grille pour décrypter les événements d'ici: celle de l'Apartheid qu'il a bien connu. Israël synthétiserait donc les actes les plus odieux de l'histoire de l'humanité et, en trois semaines d'opération militaire, aurait réussi ce coup de force: commettre les crimes barbares des Nazis et un génocide comme celui du Soudan. Heureusement que le juge n'a pas habité en Arménie! Le résultat est à peine croyable: Israël est non seulement accusé de crimes de guerre mais encore de crimes contre l'humanité.

En Israël, on n'a pas besoin du rapport Goldstone pour savoir que Tsahal a commis des bavures dans la Bande de Gaza. Pendant l'opération même, la presse israélienne en a dénoncé un certain nombre. Au terme des combats, l'armée a ouvert des enquêtes qui, reconnaissons-le, n'ont pas toujours abouti à des conclu­sions satisfaisantes. Quoiqu'on en dise, Tsahal est sans doute l'une des armées au monde où l'autocritique est la plus courante. En Israël, on n'attend pas trente ans pour faire la lumière sur les bavures de l'année. Cette «tradition» d'enquêter sur les actes de l'armée existe depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948, bien avant la mise en place de la commission des Droits de l'homme de l'ONU

Le conflit israélo-palestinien est en soi un drame qui engendre des malheurs, des crimes et des violences de toutes sortes. Que des hommes de bonne volonté veuillent collaborer pour y mettre un terme est sans doute honorable. Mais mettre une fois de plus Israël au pilori en l'accusant de crimes les plus odieux, non seulement ne fait pas honneur à la vérité, mais provoque l'inverse de l’effet recherché: l'éloignement de la paix.

Jean-Marie Allafort

Histoire:

Famille Rothschild et la Terre Sainte (2ème partie)

Cécile Pi/verdier

Un jeune baron grandit à Paris

Le 19 août 1845, Batia la femme de James de Rothschild met au monde leur troisième fils : Benjamin Ed­mond. Juive très pratiquante, elle édu­que ses enfants qui grandissent dans un château rempli d'œuvres d'art. Il est le lieu de rencontre pour les ar­tistes et les gens de lettres, ainsi que les membres de l'académie d'Art de Paris. De son maître Albert Cohen, il apprend le judaïsme et hérite de son amour pour 1 'histoire et la tradition d'Israël. Il épouse Adélaïde sa cousi­ne, fille de Karl Wilhem de Francfort. Très proche du grand rabbin de Paris, Tsadok Hacohen, qui aura sur lui une grande influence pour ses actions en­vers le peuple et la Terre d'Israël.

Le jeune baron face aux problèmes juifs

En Russie, qui à cette époque com­prend la Pologne, la Lituanie et d'autres régions d'Europe de l'Est, avec à sa tête le Tsar tout puissant, vivent la majorité des Juifs. Dans le monde d'alors, on en compte environ 7 millions et demi, dont 4 millions et demi sont des sujets du Tsar qui les déteste. Parqués dans certaines ré­gions, pauvres, leur seule richesse est leur propre culture. Le peuple russe souffre aussi de l'autorité du souve­rain. voit naître des mouvements ré­volutionnaires en son sein. Aspirant à la liberté existant en Occident, il voit naître des mouvements révolution­naires en son sein. Parmi ceux-ci, de jeunes Juifs créent le mouvement des «Amants de Sion »,

En 1881 le Tsar Alexandre II est as­sassiné. Suite à cet attentat, les Juifs deviennent le bouc émissaire des foules encouragées par le souverain lui-même pour détourner la colère du peuple, écrasé par son gouvernement. Il ajoute d'autres limitations à la vie des Juifs. Un grand nombre de réfu­giés juifs, dépouillés de tout, cher­chent à émigrer vers l'Ouest.

Très rapidement les chefs des com­munautés juives de l'Europe occiden­tale s'organisent pour faire émigrer leurs frères en Amérique. Le comité français d'aide aux Juifs divulgue un écrit contre l'antisémitisme du Tsar et de son gouvernement, signé par le ba­ron Benjamin Edmond de Rothschild. Il voyage à Bakou, ville pétrolière au sud de la Russie dont les installations appartiennent à sa famille. De bouche à oreille la nouvelle se répand dans les villages et une foule se rassemble le long de la voie de chemin de fer pour voir le baron « au bon cœur» qui s'émeut de voir tous ses frères miséra­bles qui ont besoin d'aide.

En 1882, des pionniers parmi les «Amants de Sion» disent qu'il faut trouver une solution définitive en Ter­re d'Israël. Certains y émigrent et fon­dent ou renforcent des villages comme Petah Tikva et Rosh Pina, nés 5 ans plus tôt avec des Juifs de Jérusalem et de Safed, qui n'avaient pas réussi à l'époque. Sont également créés Ris­hon LeTsion et Zamarim, appelés plus tard Zikhron Yaacov, du nom du père du baron Benjamin Edmond. Ces jeu­nes se considèrent comme des pion­niers, mais ils sont sans expérience en agriculture et sans connaissance du pays. Les maladies, les attaques des Arabes et la malveillance de l'autorité turque font que les villages péricli­tent. Les puits manquent et l'aide des «Amants de Sion» de Russie se tarie. Le secours viendra du baron Benja­min Edmond de Rothschild.

Le rabbin Samuel Mohaliver des «Amants de Sion» fait un tour d'Eu­rope pour ramasser des fonds, mais il quitte l'Allemagne déçu et arrive à Paris où il s'adresse au grand rab­bin Tsadok Hacohen qui lui organise une entrevue avec le baron. Mohali­ver ne vient pas en mendiant comme de nombreux autres Juifs, mais il veut toucher le cœur du baron pour cette idée cruciale de la Terre d'Is­raël. Après un long entretien, le baron décide de pourvoir à l'immigration

et à l'implantation de dix familles de cultivateurs russes à condition qu'ils se forment un certain temps à l'école d'agriculture de Mikwe Israël. Il leur procure la terre suffisante pour les faire vivre, l'aide pour la construction de leurs maisons et l'achat du matériel agricole. Si le projet réussit, on conti­nuera son développement.

Le Bienfaiteur connu

C'était le début de «Mazkeret Batia» du nom de la mère du baron. Quinze jours plus tard, Joseph Finberg vient comme envoyé de Rishon Le Tsion pour demander de l'aide, avec une let­tre de recommandation de Karl Net­ter, fondateur et directeur de Mikwe Israël. Après s'être informé auprès de Finberg des possibilités pour faire de l'agriculture, il promet son aide en y mettant des conditions:

-que les membres du village soient d'accord pour accueillir 10 à 15 familles supplémentaires.

-que le directeur de Mikwe Israël gère l'argent.

-qu'ils ne demandent pas d'aide à d'autres personnes.

-qu'on ne dévoile pas trop son nom. Cette dernière condition lui valut le surnom de «Bienfaiteur connu».

Un an après, Zalman David Levantin, un des fondateurs de Rishon Le Tsion, visite le baron et celui-ci lui explique ce qui le motive: «Je ne suis pas philanthrope, il y a beaucoup de Juifs misérables en Russie et en Roumanie et nous ne pouvons pas ne pas les aider. Je suis entré dans cette affaire pour voir si l'on peut implanter des Juifs en Terre d'Israël».

Le baron tient sa promesse et envoie une délégation d'experts agricoles à Rishon LeTsion avec à sa tête un agronome français pour étudier les problèmes. Les résultats sont positifs. Ils racontent au baron qu'une belle vi­gne se promène entre les bâtiments, et qu'elle pousse naturellement, bon pré­sage pour planter des vignobles aussi bons qu'en France. On peut former des vignerons. Le baron enthousias­mé s'écrie: «Amen», voyant la réali­sation du prophète: «Et on construira des maisons et on plantera des vignes, dans la terre promise».

Le baron décide d'adopter Rishon LeTsion et de pourvoir à tous ses besoins. Il nomme Samuel Hirsh et l'agronome français comme directeurs du village. Tout d'abord: on plante des vignes (sur le compte du baron), on paie les ouvriers (sur le compte du ba­ron), on creuse des puits, on construit les premières maisons (sur le compte du baron). S'ajoutent aux membres des villages des gens du mouvement «Bilou», organisation de jeunes Juifs fondée en Russie à la suite de pogro­mes, qui appelait à un réveil national du peuple juif en terre d'Israël.

Pour la joie du baron et des habitants, les vignes donnent leurs fruits. Le ba­ron achète d'autres terres à l'ouest de Rishon où il installe de nouvelles fa­milles et fait planter de nouvelles vi­gnes. En 1883 il fait venir des familles juives de Lituanie pour fonder le vil­lage d'Ekron qui deviendra Mazkeret Batia, du nom de sa mère. En même temps, il soutient deux villages créés peu auparavant mais en mauvais état:

Rosh Pina et Zikhron Yaacov du nom de son père. Puis il aide Petah Tikva et Guedéra fondés par les Amants de Sion aux moyens faibles. Partout il fait planter des vignes. Il crée la socié­té «Carmel» qui deviendra «Carmel Mizrahi» et il fait construire une usine de fabrication de bouteilles à Tantura sur la côte. Il veut que les cultivateurs puissent vivre de leurs produits. Pour cela, il fait venir de France des vo­lailles et des œufs fécondés, ainsi que de bonnes chèvres laitières. Le baron visite dans le monde entier les expo­sitions agricoles pour commencer des recherches sur l'agriculture. A Rosh Pina il lance un essai de tissage de la soie et une distillerie pour les par­fums. Les échecs ne le ralentissent pas dans son élan de construction du pays. Il achète de nombreuses terres pour créer de nouveaux villages et agrandir ceux qui existent.

Le baron se soucie de la santé des agri­culteurs. Les régions marécageuses et le manque d'hygiène favorisent le dé­veloppement de la malaria. Il crée des dispensaires et des pharmacies pour les fermiers et leurs familles. Les mé­decins vont à cheval de village en vil­lage, malgré les dangers.

Le baron, désirant que l'enseignement soit en hébreu crée également des éco­les, il fait construire des synagogues, des bains rituels, et veille à ce qu'il y ait un rabbin et un boucher rituel pour l'abattage des bêtes selon les règles de la loi juive.

Pour surveiller la bonne marche de tout cela, il institue des nouveaux «gardiens» car les précédents voyaient en ces fermiers de pauvres bougres et les menaient d'une main dure. Mais plus tard, les fermiers soutenus par le baron, perdent de leur indépendance, et certains se révoltent.

Les 18 premières années, de 1882 à 1900, sont les années de fondation, d"implantation de Juifs en Terre d'Is­raël, pendant lesquelles le baron verse plus de 40 millions de francs, alors que les «Amants de Sion n'en versent que 2 millions

Le Baron passe la main

A cette même époque, un autre baron juif de Paris se manifeste, Maurice Hirsh, connu comme l'une des per­sonnes les plus riches d'Europe. Il aide à l'immigration des Juifs russes en Amérique et surtout en Argentine. En 1896 il meurt et lègue sa fortune à la société Ika. Le baron de Roths­child désire qu'elle serve au dévelop­pement de la Terre d'Israël. Au début de 1900 il fait un accord avec cette compagnie et lui remet la direction du développement en Palestine. Dans le cadre de celle-ci, le début du conseil palestinien a été créé, et 15 millions de francs d'or lui ont été remis pour que la Société continue son œuvre. La secrétairerie du baron se termine, Ika prend la relève. Les fermiers ne «dé­pendent plus du donateur» et doivent se prendre en main.

Ika développe les installations alors que le baron tient encore les rennes, et ceci jusqu'en 1923, où il fonde la société Pika pour remplacer Ika qui continuera son action à travers le monde. A la tête de cette compagnie il nomme son fils James.

L'action du baron Hirsh en Amérique et en Argentine échoue alors qu'en Terre d'Israël elle réussit. David Ben Gourion, le premier chef du gouver­nement d'Israël, déclarera plus tard: «L'action du baron Hirsh ne venait pas du cœur ni de la volonté histori­que du peuple juif, alors que celle du baron de Rothschild buvait à la source du dessein messianique du peuple hé­breu, du salut par l'antique nation».

Connaissance du pays:

Les Nabatéens, une civilisation ancienne disparue (VIe s. av. J. -. -IIe s. apr. J. -C.)1ère partie

Loïc Le Méhauté

En traversant le Néguev votre surpri­se sera grande quand, au détour d'une route ou d'une piste poussiéreuse, vous découvrirez des ruines en plein désert. Certains de ces vestiges sont les restes des Nabatéens.

Les sites d'Avdat, de Shivta et de Mamshit, mis aujour depuis fort long­temps, appartiennent à l'association israélienne des « Réserves naturelles et des Parcs nationaux » et, depuis 2005, certains de ces sites nabatéens font partie du Patrimoine mondial de l'humanité. On est émerveillé en vi­sitant ces anciennes cités sorties du désert il y a plus de 2000 ans ! Ce qui fascine le plus c'est l'ingéniosité de ses habitants concernant la préserva­tion de l'eau - denrée si rare dans le Néguev - dont les précipitations an­nuelles ne dépassent pas les 200 mm, (soit quelques jours de pluie dans les bonnes années).

Qui est à l'origine de ces cités en plein cœur du Néguev? Les fouilles archéo­logiques ont révélé plusieurs périodes d 'habitation, allant du IIe siècle av. J.-c. jusqu'à la venue des Arabes au VIIe siècle.

Origines

Le territoire d'Édom

Édom (Séïr), contrée occupée par les descendants d'Ésaü (Gn 32.3 ; Nb 24.18), s'étendait du sud de Moab (Jordanie), du torrent de Zéred au golfe d'Akaba. « Ésaü c'est Édom» (Gn 36. 19). Cette région comprenait les monts de Séïr (s'élevant jusqu'à 1100 m) et la vallée de l' Arava. Les montagnes sont composées de calcai­re, de granit rose et de grès rouge de Nubie. Ce pays, bien que désertique, comprenait des champs, des vignes et des puits ainsi qu'une ancienne route qui le traversait du sud au nord, la fa­meuse ancienne voie Royale (Nb 20. 17-19).

La capitale d'Édom, à l'époque des royaumes de Juda et d'Israël, était Séla (Rocher), située à environ 90 km au sud de la mer Morte. Ses habitants se retranchaient dans le creux des ro­chers. De nombreux conflits opposè­rent les Édomites aux royaumes de Juda et d'Israël. Amatsia, roi de Juda, battit les Édomites dans la vallée de Sel et occupa Séla (2 R 14.7)

A la prise du royaume de Juda par Na­buchodonosor (586 av. J.-C.) et suite à la déportation de la plus grande partie du peuple vers Babylone, les Édomi­tes immigrèrent et s'emparèrent de la Judée où ils s'établirent jusqu'à Hé­bron. Ce peuple appelé Iduméen par les Grecs et les Romains, fut combattu par Judas Maccabée et complètement vaincu par l'Asmonéen Jean Hyrcan (vers 126 av. J.-C.). Il leur imposa même la circoncision et l’observan­ce du judaïsme. C'est de ce peuple qu'est né Antipater, riche propriétaire terrien, nommé par César procurateur de Judée (47 av. J.-C.) et de qui est issu Hérode le Grand (73-4 av. J.-C.). La mère de ce dernier, Cypros, était une princesse arabe, apparemment na­batéenne, de la famille de Malichos I, roi des Nabatéens.

L'origine de ce peuple est relative­ment obscure. Le territoire d'Édom, suite au déplacement des Édomites vers le nord du Néguev et le sud de la Judée, sera peu à peu habité par un peuple, ou différentes tribus arabes, qui vont former un royaume dont les limites, à son apogée (ler siècle av. J.-C.), vont s'étendre de la Méditerranée à l'ouest, aux déserts d'Arabie à l'est, à Damas au nord et jusqu'à la pénin­sule du Sinaï et la mer Rouge au sud. D'origine nomade, pratiquant l' éleva­ge de chèvres et de moutons, ils vont lentement contrôler les voies de com­munications d'Arabie et du Néguev et se sédentariser, passant maîtres dans l'agriculture en zone aride par l'éla­boration de systèmes d'irrigation et de rétention des eaux de pluie. Par une sorte d'infiltration pacifique ils possé­deront Édom dès le IIIe s. av. J.-c. Grâce à quelques sources historiques bibliques, assyriennes, grec­ques et romaines, ainsi qu'aux ins­criptions nabatéennes (en nabatéen, grec ou arabe) et aux fouilles archéo­logiques commencées il y a plus d'un siècle, une grande partie de 1 'histoire de ce peuple a pu être reconstituée. N'ayant laissé aucun texte ou littéra­ture sur leur histoire et vu que les sites excavés n'ont révélé (jusqu'à présent) aucune archive royale, c'est à l'aide des sources historiques, des inscrip­tions (Sinaï, Néguev, Pétra ...) et des pièces de monnaie que les historiens et les archéologues purent tracer une histoire assez cohérente des Naba­téens.

La Bible mentionne plusieurs fois les Arabes ou peuples d'Arabie. Les richesses du roi Salomon s'accrurent grâce aux marchands et caravanes qui venaient d'Arabie : « ... Outre ce qui provenait des prospecteurs et des marchands qui en apportaient, ainsi que de tous les rois d'Arabie et des gouverneurs du pays, qui apportaient de l'or et de l'argent à Salomon» (2 Ch 9. 14). Quand la reine de Saba (du Yémen ou d'Arabie) monta à Jérusa­lem pour rencontrer Salomon, sa suite comprenait des chameaux portant des aromates, des pierres précieuses et de l'or. Ces peuples arabes mentionnés plusieurs fois dans les livres bibliques (Rois, Chroniques et Prophètes) sont-ils les ancêtres des Nabatéens?

Leur ancêtre éponyme serait-il Ne­bayoth, fils premier-né d'Ismaël? (Gn 25. 13 ; 1 Ch 1. 29) Le prophète Isaïe mentionne la multitude des troupeaux de Nebayoth et de Qédar, deux fils d Ismaël (ls 60. 7).

Le nom Nabatu se réfère aux Ara­méens qui paient un tribut à Téglath­Phalasar III (745-727 av. notre ère). Sargon II (705-722) s'empare d'un butin des rois d'Arabie. L'Assyrien Assourbanipal (668-633) lutte contre les « Nabaiateans (nbyt) » d'Arabie qui lui versent un tribut. La racine sémitique « nbt » (surgir, apparaître) aurait donné le mot « nbtw » (nabatu). Ce nom Nabatu, désignant d'abord les Araméens, fut utilisé ensuite pour les tribus arabes nomades.

Hérodote, historien grec (Ve s. av. J.­c.) raconte que les Perses, avec l'aide d'un roi des Arabes, ont conquis l'Égypte (Hérodote, Histoires, 3. 9, 88). Ce roi était-il un Nabatéen ? Quand Néhémie, nommé gouverneur de Judée par le roi perse Artaxerxés, entreprend la reconstruction des mu­railles de Jérusalem, il doit faire face à l'opposition et au mépris de Sanballat, de Tobiya et de Guéchem l'Arabe (Ne 2. 19; 6. 1). Ce Guéchem avait-il des liens avec les tribus arabes qui s'im­plantèrent dans le territoire d'Édom ? Toutes ces questions sont débattues par les historiens!

Histoire d'un peuple du désert

Le Macédonien Alexandre le Grand (336-323 av. J.-C), par ses conquêtes fulgurantes en Orient, se rend maitre du Proche-Orient, de la Perse et de l'Égypte. A sa mort son empire est divisé entre ses généraux. Anti­gone le Borgne (général d'Alexan­dre) envoie Athenaeus attaquer Pétra en 312. Il s'ensuivit le massacre des femmes, des enfants et des vieillards pendant que les hommes étaient au marché. Les Nabatéens se vengèrent en massacrant à leur tour les soldats d'Antigone. Une paix fut négociée en échange d'un fort tribut payé par les Nabatéens. L'historien grec, Diodore de Sicile (ler s. av. J.-c.) mentionne qu'à Pétra il y a « une roche extra­ordinairement forte, ayant une seule montée (colline d'Umm al-Biyârah) ». Là vit, au IVe s. av. J.-c., un peuple encore nomade qui abhorre l'agricul­ture, n'a pas d'habitations fixes et ne boit pas de vin. Peuple qui sait trouver de l'eau dans le désert et, grâce à des techniques élaborées, la stockent dans des citernes bien cachées. Ils vivent du commerce de l'asphalte de la mer Morte et du contrôle des caravanes. (Diodore, Bibliothèque Historique) Après Alexandre, le Proche-Orient est divisé entre les Ptolémées d'Égypte et les Séleucides de Syrie. Des rivalités territoriales entre les Ptolémée s, les Séleucides, les Judéens et les Naba­téens vont secouer tout le pays. Ce­pendant toute la région s'hellénise et, dans les nouvelles villes (polis), l'art, la culture et la religion grecs s'épa­nouissent. La Judée n'est pas exempte de cette influence païenne.

Peu à peu le royaume des Nabatéens (la Nabatène) se consolide (IIIe-IIe s. av. J.-C.) s'étendant vers la Syrie au nord, jusqu'à Bosra. La première mention des Nabatéens dans les écrits juifs (Apocryphes) concerne Arétas 1 (170-168 av. J.-c.), roi des Arabes. Il serait le premier souverain nabatéen connu. Son nom, de forme grecque mais d'origine nabatéenne, est écrit sur une inscription nabatéenne dé­couverte à Halutza. C'est chez ce roi, qu'en 169, Jason, grand prêtre de Jé­rusalem, s'enfuit en vain: « ... mais il ne s'empara pas du gouvernement (de Jérusalem), et, finalement, n'ayant re­tiré que de la honte de son entreprise, il s'en retourna comme fugitif en Am­manitide.

En définitive, il trouva une fin miséra­ble : accusé par Arétas, roi des Ara­bes ... » (2 M 5.7,8). L'Ammanitide, territoire des Ammonites, avait pour capitale Rabbat-Ammon (aujourd'hui Amman). De ce texte on peut déduire que cette région était déjà aux mains des Nabatéens.

Une deuxième mention des Nabatéens vient encore des livres des Macca­bées: « Judas Maccabées et son Fère Jonathan franchirent le Jourdain et firent un chemin de trois jours dans le désert. Ils rencontrèrent les Na­batéens ... ceux-ci vinrent à leur ren­contre pacifiquement ... » (1 M 5. 24, 25 .. vers 168 av. J-C}. Judas eut des démêlés avec des Arabes nomades, et finalement ils firent la paix (2 M 12. 10-12). Jonathan et Simon son frère entretinrent de bonnes relations avec les Nabatéens (1 M 9. 35). Les rois nabatéens furent, semble-t-il, alliés des Maccabées contre les Séleucides de Syrie. Puis ils devinrent rivaux des rois juifs asmonéens pour la posses­sion des territoires à l'est du Jour­dain.

Les historiens sont presque unanimes concernant les successeurs d'Arétas I : Malichos I et Rabbel I dont on n'a pas d'informations suffisantes pour établir correctement l’histoire.

Le règne d' Arétas II (120-96) est marqué par des conflits avec les As­monéens. Alexandre Jannée (grand prêtre et roi de Judée, 103-76) fait le siège de Gaza (en 97) qu'il prend au bout d'un an et massacre la po­pulation. Dans ce port les Nabatéens avaient des comptoirs ! Ensuite il en­treprend la conquête de Moab et du Galaad mais un conflit l'oppose (en 93) à Arétas II.

Son fils Obodas 1 (96-85) vaincra l'armée de Jannée sur le Golan, près de Gadara, à l'est du lac de Galilée (en 90). Quelques années plus tard la Na­batène est envahie par le roi séleucide Antiochos XII. Celui-ci est repoussé et la Nabatène est sauve. Perdant la vie dans les combats, Obodas est en­terré dans le Néguev, dans une ville qui portera son nom (aujourd'hui elle s'appelle Avdat). Le roi est déifié. Sur une colline de Pétra, un monument sacré est érigé: le Deir (Monastère), taillé dans le grès rose, accueillera les cérémonies et les banquets célébrés en l'honneur d'Obodas.

(La deuxième partie de l'article trai­tera des relations entre les Nabatéens et les Romains jusqu'à l'annexion de leur territoire - la Nabatène - par l'empereur Trajan en 106 apr. J.-C.-

Un tiers des meilleurs lycées d'Israël est dans le secteur arabe

Rédaction

Un tiers des meilleurs lycées d'Israël est dans le secteur arabe

A quelques jours de la rentrée des classes, le ministère israélien de l'Education publie la liste des 15 meilleurs établissements scolaires du pays dans lesquels les lycéens ont ob­tenu la mention «excellent» lors du baccalauréat 2009. La majorité de ces lycées est privée ou semi-privée. La ville qui décroche la palme de la réus­site avec 3 établissements scolaires dans le classement est la ville arabe de Nazareth. Ces lycées dépendent d'ins­titutions chrétiennes.

Selon les données du ministère, l'école en tête du classement est le lycée des Sciences et des Arts à Jérusalem dont près de 52% des élèves ont reçu la mention «excellent» au bac. En seconde position se trouve le collège musulman Albyan à Dir-El-Assad en Galilée. C'est l'école religieuse pour filles juives orthodoxes «Horev» à Jérusalem qui arrive en troisième position suivie de près par le lycée baptiste de Nazareth. Les deux autres établissements scolaires chrétiens de Nazareth inclus dans la liste sont catholiques (les sœurs de St Joseph en 12ème position et le lycée St Joseph dirigé par le père Emile Shoufani en 13ème position).

D'autre part 40% de ces lycées de l'excellence sont religieux sionistes et seulement 26% ne dépendent pas d'une confession religieuse. «Dans ces établissements scolaires, les élèves qui entrent en classe supérieure sont triés sur le volet et les parents payent très cher. Il n'y a rien de surprenant qu'ils obtiennent de tels résultats» explique le professeur Haïm Adler de l'Université Hébraïque de Jérusalem, spécialiste de l'éducation.

Vie quotidienne:

Le Village de la Jeunesse Sioniste du Docteur Israël Goldstein

Suzanne Millet

Le Village de la Jeunesse Sioniste a fêté ses 60 ans en mai 2009. Autrefois, situé dans la banlieue de Jérusalem, il se trouve actuellement, vu l'extension de la ville, dans Jérusalem même. Lors de la guerre d'Indépendance en 1948, de durs combats eurent lieu autour du monastère Saint Simon (monastère grec orthodoxe). Quelques membres de la Hagana, encerclés par la Légion jordanienne, ont conquis la colline du quartier Saint Simon. C'est un officier de la Hagana, combattant sur cette colline, Ziv Schikler, qui a eu la vision de créer en ce lieu un centre d'intégra­tion pour les enfants juifs rescapés de la Shoa. Au lendemain de la guerre d'Indépendance, en 1949, la premiè­re pierre fut posée et déjà 40 jeunes Juifs européens, des adolescents, arri­vaient.  Ziv Schikler fut le visionnaire, l'instigateur et le créateur du centre dont il assura la fonction de directeur jusqu'à sa mort en 1977. Le Village a pris le nom du Docteur Israël Golds­tein en 1 'honneur de ce rabbin améri­cain, leader sioniste, membre exécutif de l'Agence Juive, monté en Israël en 1948, qui a soutenu ce projet et permis sa réalisation.

Quelques éducateurs dévoués et les jeunes eux-mêmes ont réparé les mai­sons détruites et construit les premiers ateliers. Ainsi, dès leur arrivée à « la maison », ils ont participé activement à la création de leur village qui est de­venu une oasis de verdure et de paix à Jérusalem.

Cette oasis est peu connue et pourtant elle existe bien et, si le gardien vous permet d'entrer, vous pourrez admirer un très grand parc aux arbres magni­fiques, aux pelouses très bien entre­tenues avec des petits ruisseaux qui serpentent. Des bâtiments sont dissé­minés dans le parc, d'anciennes mai­sons en pierre et des bâtiments neufs, le tout très harmonieux. Des jeunes assis en cercle sur la pelouse, d'autres sur des bancs, dialoguant. .. une at­mosphère de campus universitaire.

Ce Village, qui a permis il y a 60 ans à de jeunes Juifs d'Europe de trouver une maison, une patrie et leur identité juive, a toujours comme but d'intégrer la jeunesse juive d'Israël et surtout de la diaspora, d'absorber une partie de l'aliya des jeunes et d'insuffler les valeurs juives et humaines à ses étu­diants. La mission éducative demeure : développer et achever leurs études secondaires (le bac), leur donner une éducation culturelle et sociale à la fois. Les élèves sont responsables de leurs études. Une ancienne élève du lycée français du Village me disait qu'il n'y a pas de surveillance: « Si tu veux tra­vailler, tu en as les moyens et même tu peux demander une aide aux profes­seurs. » L'accent est en effet mis sur la responsabilité, l'indépendance, la créativité, et cela prend du temps. Depuis sa création, le Village a été une maison chaleureuse pour des milliers de jeunes arrivant d'une tren­taine de pays, de l'Est et de l'Ouest. Aujourd'hui les résidents (élèves pen­sionnaires) sont plus de 400 venant de France, du Maroc, de Belgique, d'Ethiopie, d'Amérique du Sud, et de l'Ex-URSS (très nombreux depuis 1993). S'ajoutent aux pensionnai­res 200 jeunes Israéliens, nés dans le pays, le plus souvent externes, issus parfois de couches sociales défavori­sées; ils viennent de Jérusalem et des environs, comme Maalé Adoumim, Bet Shemesh. Enfin, une centaine de jeunes des Etats-Unis et d’Australie font des stages de courtes durées au Village.

Le personnel enseignant, éducatif et administratif est nombreux et très dé­voué. Certains vivent dans le village, ce qui permet une plus grande dispo­nibilité auprès des élèves résidents. L’éducation est basée sur trois prin­cipes élémentaires : les études, la vie communautaire et le travail.

Les études. Le cursus scolaire com­mence en 5ème et se termine avec le bac. A l’école, on prête une attention particulière aux élèves seuls, sans fa­mille ou en difficulté. Ils sont intro­duits dans un groupe d’étude. L’at­mosphère est bonne, sans violence, les élèves sont mis en valeur. Ceux qui excellent dans les études reçoivent des prix, ainsi que ceux qui se distin­guent dans l’entraide, la coopération, la créativité.

La vie communautaire. Elle est très ri­che, surtout à l’internat où un système démocratique permet aux étudiants de gérer eux-mêmes leur vie avec des conseils élus. Ils organisent les fêtes, les vacances, les shabbats, sont res­ponsables de la salle à manger et des dortoirs.

Le travail. Si le travail manuel a eu une très grande place dans les pre­mières années pour construire, pour défricher et entretenir un grand terrain agricole, il reste qu’actuellement les élèves, à partir de la 3ème, doivent travailler 2hl/2 par semaine soit pour l’entretien du parc, soit dans les pé­pinières et les serres. Une équipe de professeurs et d’éducateurs dirigent les travaux agricoles et les recherches dans les serres équipées d’installa­tions électroniques. Un ancien élève, venu de l’Ex-URSS en 1991, s’est spécialisé dans les études agricoles et a fait un doctorat à l’Institut Weis­mann et un post-doctorat en Améri­que. Il avait pris goût à ces recherches agricoles dans les serres du Village, et avait beaucoup travaillé dans le jardin potager.

Le lycée français

Depuis des dizaines d’années un ly­cée français a été créé au village pour permettre à de jeunes Juifs venant de France, la plupart du temps sans leur famille, de terminer leurs études se­condaires, passer le bac français en ac­cord avec le ministère de l’Education israélien et l’Etat français. Ils appren­nent 1’hébreu (en seconde, l’oulpan d’hébreu obligatoire est de 18 heures par semaine), l’histoire d’Israël et la pensée juive. Quelques-uns retournent dans leur patrie après le bac. Cepen­dant la plupart veulent la nationalité israélienne pour servir dans l’armée, poursuivre leurs études et s’installer en Israël. Comme à l’internat et dans le Village en général, les étudiants français, religieux et laïcs vivent en bonne harmonie.

Naalé (Montons)

C’est un programme d’immigration pour les jeunes Juifs qui viennent sans leur famille. Ce programme a amené auVillage beaucoup de jeunes Russes à partir de 1993. Ils reçoivent une éducation de qualité, passent le bac israélien, étudient leur héritage juif et font connaissance avec la vie israélienne. 95% des jeunes de cette aliya russe s’engagent à l’armée dans des unités de combat. Cet apport im­portant de jeunes Russes a beaucoup contribué au développement de la vie culturelle et communautaire du Villa­ge. Ils sont doués en musique, dans le sport et sont très coopératifs et pleins d’initiatives. Ils ont façonné le visage actuel du Village.

La musique

Dès la création du village la musique a eu une place importante dans l’éduca­tion grâce à la présence de Zvi Leder, un accordéoniste : « J’ai fait l’aliya des jeunes en 1948. Je suis allé dans une école agricole en Galilée, puis j’ai étudié la musique à l’Académie de musique à Jérusalem. Etant encore étudiant, j’ai été accepté comme édu­cateur au Village, puis, à la fin de mes études, comme professeur de musi­que. Là j’ai pu réaliser mon rêve: une éducation par la musique. Le centre musical était modeste, dans l’abri anti­-aérien du Village. » Depuis, un centre musical fut construit et s’est beaucoup développé. Zvi Leder, l’ancien, en est toujours le directeur, entouré d’une équipe de professeurs et d’éducateurs. Environ 80 résidents étudient dans ce centre, et les plus doués ont des cours privés de l’instrument de leur choix: piano, flûte, trompette, violon, violon­celle, harpe, guitare, mandoline, etc. Des musicologues enseignent 1’his­toire de l’art de la musique. Les élèves du centre musical se présentent au bac avec l’option musique. L’orchestre très fourni anime les fêtes religieuses, nationales et les fêtes du Village.

A l’occasion du 60ème anniversaire du Village, l’orchestre a joué le ma­tin et le soir dans l’auditorium de 400 places. Comme le disait une in­vitée : « Il est difficile de penser que le Village n’est pas un conservatoire de musique et de danse de niveau universitaire, mais un simple lycée où les élèves apprennent la musique, le chant et la danse l’après-midi ou le soir, en plus de leur programme sco­laire ». Trois troupes de danse et une chorale se produisent en Israël et par­fois à l’étranger.

Le sport

Le Village, avec ses terrains de foot et de basket, son gymnase, sa salle de musculation et sa piscine de compéti­tion, a donné une grande importance au sport. Les élèves s’entraînent 4 à 5 fois par semaine, 2 heures le matin dans un cadre très précis et le soir s’il le faut. Il y a déjà plusieurs années, le village a instauré un nouveau pro­gramme permettant aux élèves très doués de poursuivre une carrière sportive tout en vivant dans le Village et en suivant leurs études. Ce pro­gramme s’est avéré très efficace. En 2004, deux jeunes filles ont participé avec succès aux Jeux Olympiques à Athènes, en natation. Plusieurs autres avaient obtenu des médailles. En août 2005, une élève de 3ème a reçu 3 mé­dailles d’or et une d’argent dans le concours de natation en Israël.

En 2005, 10 jeunes gens, sponsorisés par l’équipe de foot Betah Jérusalem, ont été reçus au village où ils peuvent combiner un entraînement de foot sé­rieux avec leurs études. C’est ainsi qu’un jeune Juif éthiopien de 15 ans, vivant avec sa famille à Bet Shemesh, a été accepté au Village où il peut, sur place, poursuivre son entraînement et ses études. Autrefois il allait deux fois par semaine à Jérusalem pour le foot et les études en pâtissaient.

Si les élèves reçoivent beaucoup, s’ils ont de multiples possibilités de se for­mer et de recevoir une éducation hu­maniste, scientifique, artistique vaste, il leur est demandé aussi de donner, de se donner; déjà dans l’accueil des nouveaux venus, des jeunes d’autres ethnies et d’autres cultures. Ce lieu international permet un enrichisse­ment interculturel mais aussi oblige à accueillir l’autre, différent. Et cela est particulièrement vrai pour l’ accompa­gnement des autistes. En effet, depuis plusieurs années, le Village a intégré une dizaine de jeunes autistes dans les classes. La collaboration des parents, des professeurs, des éducateurs et des élèves, formant une équipe active et soudée, a permis cet accueil très par­ticulier. Une des responsable écrit: « -Nous avons développé un modèle uni­que pour ce travail des élèves avec les autistes qui apprennent et vivent dans un environnement normal », Au cours des années de réflexion, d’étude et de partage, cet accompagnement s’est ré­vélé très réussi et des professionnels viennent voir sur place cette intégra­tion d’autistes au Village.

On propose aussi différents volonta­riats pour les jeunes. Certains suivent des cours de volontaires au Maguen David Adom (Croix Rouge israé­lienne), d’autres visitent des person­nes âgées du quartier, d’autres encore participent au nettoyage des parcs de Jérusalem, etc. Le but de toutes ces activités est de faire de ces jeunes des citoyens actifs et responsables.

En mai 2009, le Village a ouvert ses portes à 10 jeunes Soudanais qui vi­vaient dans un camp de détention en Israël depuis plusieurs mois, dans « une prison », disaient-il en hébreu, le premier mot qu’ils avaient appris. Accepter ces jeunes ayant un petit ba­gage scolaire, ne pouvant pas commu­niquer à cause de la langue et ayant un passé très traumatisant, était un défi. « Mais c’est un geste humanitaire que le Village se devait de faire ». Il y a 8 garçons et 2 filles, de 14 à 16 ans à peu près (ils ne savent pas leur âge exact). Ils ont fui leur village d’Erithrée, de Somalie et du Soudan, pour échapper aux horreurs de la guerre et à l’enrô­lement forcé dans l’armée. Pourront-­ils rester en Israël ? Retourneront-ils dans leur village?

Lors de la fête des 60 ans du Village de la Jeunesse Sioniste, son histoire a été retracée dans une production théâtrale d’un groupe d’élèves composé d’un Israélien, d’un Russe, d’un Ethiopien, d’un Américain et d’un Français. A la fin de la soirée, l’Ethiopien parlait russe, le Russe parlait français, le Français parlait amharique, l’Israélien parlait anglais, et l’Américain parlait hébreu ; le tout couronné par un peu de yiddish si savoureux. Que ce Vil­lage de la Jeunesse Sioniste vive!

Jérusalem:

Des familles palestiniennes s’installent dans des implantations

Antoinette Brémond

Dans la Jérusalem « unifiée » sous souveraineté israélienne, rien ne dif­férencie, au regard du droit, les quar­tiers arabes des quartiers juifs. On a beaucoup parlé des Juifs qui s’instal­laient dans les quartiers arabes. Mais ce qui semble relativement moins connu c’est le nombre de familles palestiniennes qui, tout à fait légale­ment, choisissent de s’installer dans les nouveaux quartiers juifs et, aussi surprenant que ce soit, dans les im­plantations autour de Jérusalem. Prenons le cas de Neve Yaakov, une implantation qui s’est étendue sur les terres arabes autour de Beit Hanina annexées par Israël après la guerre de 1967. Cette banlieue abrite désormais plusieurs dizaines de milliers d’Israé­liens et quelques dizaines de familles palestiniennes ayant librement choisi d’y vivre. Les raisons de leur installa­tion dans cette implantation sont diver­ses: d’abord pour une question finan­cière - les logements dans les quartiers arabes étant hors de prix - mais aussi parce que les appartements y sont plus spacieux, le quartier est propre et bien équipé (jardin d’enfants, piscine etc.). Parmi ces Palestiniens de Jérusalem qui habitent non seulement dans des quartiers juifs mais aussi dans des implantations on compte aussi bien des musulmans que des chrétiens.

Un chauffeur de bus palestinien chré­tien rencontré à Nazareth, après avoir hésité tout de même à dire qu’il ha­bite lui et sa famille à Neve Yaakov, explique qu’il préfère habiter dans ce quartier juif parce qu’il s’y sent plus à l’aise. «Là-bas, je me sens libre d’in­viter qui je veux chez moi. Personne ne me dira rien parce que j’ai des amis Juifs ou étrangers. De plus, je suis très content du jardin d’enfants à côté de la maison. Les enfants ont tout ce qu’il leur faut».

Précisons que, si les Palestiniens forment 35% de la population de Jérusa­lem, la municipalité n’alloue que 10% de son budget aux quartiers arabes. Il est donc normal que les quartiers juifs soient plus agréables à habiter : des trottoirs, des arrêts de bus ...

Neve Yaakov, construit pour attirer des jeunes couples israéliens, est donc en train d’accueillir de plus en plus de jeunes couples palestiniens. La plu­part des Arabes de Jérusalem ignorent leur droit de vivre dans ces nouveaux quartiers juifs, alors qu’aucune loi ne l’empêche. Bien sûr, il faut être prêt à voir flotter chez les voisins un dra­peau israélien et savoir qu’il faudra surmonter la barrière sociale.

Pisgat Zeev, un autre quartier à côté de Neve Yaakov, lui aussi considéré par le droit international comme une im­plantation, attire aussi de plus en plus de Palestiniens, des Arabes israéliens du nord et des chrétiens de Jérusalem. Pisgat Zeev est un quartier agréable à vivre avec des facilités d’accès (auto­bus), des banques et des services. Ils se sentent plus à l’aise dans cette ban­lieue occidentalisée que dans l’ atmos­phère conservatrice de certains quartiers ou villages arabes.

Si ce phénomène ne concerne pour le moment que quelques centaines de familles palestiniennes, la tendance s’amplifie, bien que les Israéliens ne sont pas toujours prêts à louer ou à vendre leurs maisons à des Palestiniens.

Histoire de Neve Yaacov

C’est en 1924 qu’American Mizrahi Mouvement acheta une parcelle de terre aux Arabes de Beit Hanina. Un village y fut construit à une heure de marche au nord de la Vieille Ville de Jérusalem, du nom de Hakfar Haivri Neve Yaakov (le village hébreu de Neve Yaakov) du nom du leader de ce mouvement, rabbi Itzhak Yaakov Reins. De 1924 à 1942 Neve Yaakov et Atarot furent les seules localités au nord de la Vieille Ville. En 1935 l’eau y fut installée, et l’électricité en 1939.

Les premières années furent paisi­bles : les Juifs achetaient leurs légu­mes, fruits et œufs aux villages arabes voisins. Mais dès 1929, et surtout de 1936 à 1939, Neve Yaakov fut la cible de ses voisins. Ce village fut alors défendu tant bien que mal par le gouver­nement britannique et la Hagana.

De 1940 à 1947, une période de paix permit à cette localité de construire une école ouverte à des élèves de tout le pays. Grâce à sa situation, l’air frais de la campagne, des camps d’été et des lieux de convalescence y furent organisés.

En 1948, pendant la guerre de l’In­dépendance, Neve Yaakov et Atarot, attaqués par la Légion arabe jorda­nienne, furent abandonnés. La région fut occupée par la Jordanie jusqu’en 1967.

Après la guerre de 67, un nouveau quartier juif fut créé sur l’emplace­ment de cet ancien village, avec 4 900 appartements. Vu sa situation géogra­phique en dehors des frontières recon­nues, ce nouveau Neve Yaakov fut considéré comme une implantation, une « colonie ». La nouvelle popu­lation est formée de Juifs venant de Bukhara, Géorgie, Amérique latine, Afrique du nord, France et Iran. En 1990, beaucoup de Russes et d’Ethio­piens vinrent s’y installer.

Focus:

« Médecins pour les droits de l’homme - Israël. »(PHR-Israël}

Agnès Staes

Fondée en 1988, lors de la premier Intifada, « Médecins pour les droits de 1 ‘homme - Israël» est une or­ganisation controversée en Israël à cause de ses positions politiques très marquées «à gauche». Si elle est surtout connue pour sa défense des droits des Palestiniens, elle œuvre aussi beaucoup en Israël même. Elle a pour but de lutter partout où les droits de 1’homme sont bafoués aussi bien en Israël que dans les territoires. Cette association vient de publier son vingtième rapport annuel en 2008 et montre combien son action est encore essentielle aujourd’hui dans la société israélienne.

PHR- Israël estime que la société is­raélienne encourage la solution militaire belligérante dans le conflit israé­lo-palestinien, en entretenant la peur et la haine.

Le but central de l’association est d’agir dans le domaine de la dignité humaine, du bien-être de l’esprit et du corps et surtout pour le droit à la santé pour tout homme. Elle agit aussi bien sur le plan individuel que collectif. Elle ne veut pas succomber aux inti­midations et veut rendre sa voix audi­ble dans toutes les situations, même les plus difficiles.

Ses deux grands axes d’action sont premièrement faire pression pour changer l’attitude des politiques nuisi­bles au droit aux soins pour chacun et deuxièmement fournir les soins à tous ceux qui, en situation difficile, ont des difficultés à les recevoir.

Une des premières activités de l’ asso­ciation lors de sa création fut d’aller visiter les hôpitaux dans la bande de Gaza et de protester contre l’usage, selon elle, des soins médicaux comme moyen de contrôle sur la population locale. PHR - Israël a aussi lutté contre la participation de médecins dans la torture des détenus palestiniens. Les actions de l’association sont basées sur les principes de l’éthique médicale et sur les Conventions internationales du personnel médical.

Les activités de PHR - Israël se sont beaucoup développées depuis. Elle agit sur la santé dans le sens le plus large et appelle à la solidarité socia­le au sein et en dehors des frontières d’Israël.

Ses champs d’action sont nombreux aujourd’hui: les travailleurs émigrés, les sans-papiers, les prisonniers et dé­tenus, ceux qui n’ont pas de statut so­cial et ne peuvent donc pas bénéficier d’un système d’assurance de santé, les femmes victimes de violence domes­tique, les Bédouins des villages non reconnus dans le Néguev ... PHR - Is­raël a lancé une clinique mobile qui se déplace dans les territoires palesti­niens ainsi qu’une clinique ouverte à Tel Aviv qui fournit des soins à tous ceux qui n’ont pas de statut juridique. Elle essaye d’être présente et d’agir dans chaque situation où l’éthique médicale et les droits de 1 ‘homme sont contestés. Elle s’associe souvent à d’autres organisations israéliennes, palestiniennes ou étrangères qui tra­vaillent dans le même sens. Elle est membre de la Fédération Internatio­nale de la santé et des organisations des droits humains.

PRH- Israël se rend compte qu’elle a une lourde tâche à assumer. Elle sou­haite influencer la société israélienne qu’ «elle considère comme sioniste», changer sa vision qui, d’après elle, est encore hostile et raciste et éduquer la société dans le respect des droits hu­mains. L’association composée majo­ritairement d’israéliens, n’accepte pas qu’on identifie israélien à juif. Ils di­sent: «La reconnaissance de cette im­mense responsabilité en relation avec notre puissance d’action si limitée est effrayante et souvent nous cause des moments de désespoir à deux niveaux, personnel et communautaire».

Par essence même et en tant qu’Orga­nisation des droits de l’homme, l’as­sociation est aussi politique car elle veut amener un changement social qui se fera à travers la création d’alterna­tives. Elle souhaite ouvrir les yeux à ceux qui refusent de voir, et révèle au public ce qu’il ne veut pas voir.

En 2008, l’association a ouvert de nouveaux locaux à Jaffa où elle s’oc­cupe des réfugiés, des demandeurs d’asile venant d’Afrique, des mi­grants, de ceux qui sont dans la rue, des femmes battues ... A cet endroit, idéalement placée, elle est proche de toutes les populations : arabes, juifs, riches et pauvres ...

D’abord quelques chiffres.

En 2005, l’association comptait 1.150 membres dont plus de la moitié était des prestataires de santé. En 2008, 156 nouveaux volontaires ont rejoint PHR - Israël. (82 dans le personnel médical et 61 comme membres). Les volontaires ont travaillé 7480 heu­res offrant une assistance médicale (diagnostics et consultations). Les volontaires administratifs ont donné 527 heures de travail pour assister le personnel et l’aider à aller de l’avant. 13 505 patients ont été soignés dans la clinique ouverte.

La couverture médiatique se dévelop­pe. C’est ainsi qu’en 2007, il y eut 746 couvertures par des médias, en 2008 il y en a eu 906.

L’association reconnaît: « Ce n’est pas parce qu’il y a un intérêt média­tique qu’il y a un succès immédiat ». Par exemple les Services de Sécu­rité Générale continuent à contraindre parfois les Palestiniens à collaborer en échange de soins médicaux. De temps en temps, le succès est partiel. En 2008, l’association a fermé tempo­rairement les services de la clinique ouverte à Jaffa. C’est alors que pour la première fois, le ministre de la Santé a publiquement affirmé sa responsabi­lité pour la santé des réfugiés et des demandeurs d’asile. Parfois le succès est évident. Pour la première fois aus­si cette année, le service des prisons d’Israël a annoncé une nouvelle pro­cédure pour enlever les chaînes des prisonniers hospitalisés.

Quelques exemples:

La clinique mobile dans les territoires

Chaque semaine, une équipe de mé­decins israéliens partent en Cisjorda­nie pour une journée de consultations, soins ... La mission s’effectue toujours en lien avec une ONG palestinienne qui organise sur place le lieu d’accueil, l’attente des patients ... Les médecins sont souvent accueillis chaleureuse­ment par les notables du village. Ils se mettent rapidement au travail car, en général, ce sont environ 300 patients qui les attendent. Le rythme est sou­tenu mais tout se passe sereinement.

La consultation se fait toujours à deux afin qu’il y ait une traduction en arabe. Pour les cas simples qui peuvent être traités de suite, une pharmacie tenue par les deux associations est sur place. Parfois, il faut des examens complé­mentaires et la partie arabe explique où se rendre pour poursuivre les soins. Souvent cela sera trop onéreux pour les Palestiniens. Quand la situation est grave et complexe, le médecin is­raélien prend toutes les coordonnées de la personne et s’arrange, de retour en Israël, de prendre les rendez-vous nécessaires et d’obtenir des autorités israéliennes le droit pour les patients de se rendre en Israël pour la consul­tation. Actuellement le Hamas refuse que les Palestiniens viennent se faire soigner en Israël et le gouvernement de Ramalla a adopté la même position d’où l’interruption de chimiothérapie pour des enfants atteints de leucémie traités en Israël. Une personne qui a accompagné pour une journée cette équipe médicale racontait: « J’ai vrai­ment senti qu’il n’y avait pas des Juifs et des Arabes, mais des médecins et infirmiers soucieux de soigner des pa­tients trop écartés des lieux de soins ».

L’aide de l’association en Israël

Des centaines de personnes vivent en Israël sans statut civil et donc sans droits sociaux. Les travailleurs émi­grés, les réfugiés demandeurs d’asile, les victimes du trafic humain et les en­fants et femmes de résidents israéliens dont le mariage n’est pas reconnu en Israël ne peuvent obtenir les soins de santé et ne peuvent bénéficier de la couverture du système public. PHR aide également en fournissant une aide juridique si nécessaire.

Pour les travailleurs émigrés qui ont des systèmes d’assurance privée, PHR multiplie ses efforts pour qu’ils puissent passer du système privé au système public.

A ce sujet, à la Knesset en Janvier 2008, une discussion a eu lieu pour la première fois afin d’examiner le pro­blème de l’assurance privée de santé pour les travailleurs émigrés. Aupa­ravant, PHR avait remis un papier à chacun des membres de la Knesset explicitant les principales failles de la loi et ses conséquences sur les assurés privés.

Des rencontres ont lieu avec le minis­tre de la Santé et les Caisses de mala­die pour opérer le transfert de l'assu­rance des travailleurs émigrés.

Un autre sujet préoccupant est le nom­bre d'enfants qui n'ont pas de statut juridique étant nés d'un père israélien mais d'une mère sans statut. PHR a adressé une pétition à la Cour Suprême en collaboration avec le Centre de la défense de l'individu et l'Association du droit civil en Israël. Aujourd'hui, un grand nombre d'enfants a pu rece­voir des fonds pour leur santé. L'association travaille maintenant au niveau d'une procédure légale.

Une autre action de PHR : 18 jeunes de 13 à 15 ans, vivant en Israël sans leurs parents ont été pris en charge dans un kibboutz de la vallée du Jourdain. Les garçons ont été intégrés dans un pro­gramme d'éducation. Mais ils ne sont pas enregistrés dans le système de santé. Pour être enregistré, il faut que l'enfant soit inscrit par l'un des deux parents. En plus la police d'assurance coûte 185 shekels par mois. Ces jeu­nes sont arrivés seuls, sans tuteurs lé­gaux qui peuvent signer pour eux. A la demande de PHR, le ministre de la Santé a assuré les jeunes à la Caisse de maladie Me'uhedet et l'État a payé le prix de l'assurance.

En août dernier, PHR a accueilli pour 3 jours 15 médecins palestiniens pour une formation en urgence médicale. Ils ont été accueillis dans le départe­ment de simulation où l'on peut ap­prendre sur des mannequins sophisti­qués les gestes d'urgence et même les conduites de traitement d'urgence. PHR - Israël est un bon exemple d'une association israélienne très marquée sur le plan idéologique par rapport à laquelle on peut se distancier, mais dont l'action concrète sur le terrain est réelle et efficace.

Actualité:

Le deuil frappe à nouveau la famille Ramon et tout Israël

Jean-Marie Allafort

Israël est sous le choc après l'annonce le 13 septembre 2009, en fin d'après midi de la mort de Assaf Ramon lors d'un crash du F-16 qu'il pilotait. Le fils ainé du premier astronaute israé­lien Ilan Ramon, qui avait trouvé la mort il y a 6 ans et demi lors de l'ex­plosion de la navette spatiale Colum­bia, avait décidé de suivre les traces de son père et d'effectuer son service militaire dans l'aviation israélienne. Comme son père, il vient de trouver la mort entre ciel et terre à l'âge de 21 ans.

A l'annonce du drame, les chaînes israéliennes de télévision ont interrom­pu leurs programmes pour diffuser des informations sur l'accident sur­venu au sud d'Hébron lors d'un vol d'entraînement. L'armée a annoncé la création d'une commission d'enquête en vue d'éclaircir les raisons du crash. Il semblerait que l'aviateur ait perdu connaissance quelques secondes en­traînant la perte de contrôle de son appareil. Le pilote avait déjà effectué une cinquantaine de vols d'entraîne­ment.

Le jeune Assaf Ramon avait été reçu premier de sa promotion et avait été félicité personnellement par le pré­sident de l'Etat Shimon Pérès. Elève particulièrement brillant lors de ses études secondaires, Assaf était décidé à poursuivre une carrière d'aviateur et à rejoindre la Nasa pour devenir à son tour astronaute.

L'émotion est très vive en Israël et de nombreuses personnalités dont le chef d'état-major de Tsahal Gabi Ashkéna­zi et le ministre de la Défense Ehud Barak se sont rendues, dès l'annonce du drame, au domicile de la famille à Ramat Gan près de Tel Aviv. Le Pre­mier ministre Binyamin Netanyahu a téléphoné à Rona Ramon, la mère de Assaf, et a annoncé qu'il participerait aux obsèques de l'aviateur qui auront lieu ce lundi à 16h au cimetière de Na­halaI. Shimon Pérès sera également présent à la cérémonie de sépulture. Assaf Ramon sera enterré aux côtés de son père Ilan, véritable héros natio­nal. Fils d'une rescapée de la Shoah, le colonel Ramon avait participé au raid aérien de Tsahal contre la centrale nucléaire d'Osriak en Irak en 1981. Il fut le premier astronaute israélien à participer à une expédition dans l'es­pace qui se termina par une tragédie: l'explosion de la navette spatiale Co­lumbia le 1 er février 2003.

Etude:

Ishmaël et sa descendance

I.C.

Les récits bibliques sont devenus paradigmatiques par le truchement d'une tradition où ne cessait de se préciser une orientation bien définie. Ils ont survécu grâce à une com­munauté qui, induite par les prophètes à se souvenir de ce qui venait, suivait la courbe d'une histoire où elle pût se reconnaître. En interprétant ces textes fondateurs, le peu­ple dont ils étaient issus cherchait en effet à se compren­dre lui-même avec un sentiment de connaturalité affective. Née en même temps que l'Ecriture, la lecture qu'il en fait aujourd'hui jouit encore d'un privilège unique de co-nais­sance qui le met en syntonie avec le texte sacré.

Après avoir entendu Dieu lui dire: "Pars de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père ... ", Abraham reçut aussi l'ordre de renoncer à ses deux fils. Si le renvoi d'Ishmaëllaissait entrevoir une mort éventuelle, l'issue de la ligature d'Itshak ne faisait aucun doute. Mais le Dieu qui avait demandé à Abraham de sa­crifier ses enfants, envoya aussi son ange pour assurer leur avenir en les sauvant in extremis. Le lien entre ces deux occurrences est souligné dans le texte de la Genèse par des correspondances de forme et de fond.

Ensuite d'une intervention céleste, le champ de vision des deux parents s'élargit en les rendant capables de décou­vrir ce qu'ils ne pouvaient voir auparavant. Dans le cas d'Hagar, "Elohim lui ouvrit les yeux et elle vit un puits avec de l'eau. Elle alla remplir l'outre et elle fit boire le garçon ". De façon analogue, "Abraham leva les veux et vit qu'un bélier était pris par les cornes dans unfourré. Il alla le prendre. "En regardant soudain une réalité qu'ils n'avaient pas vue, ils nous rappelaient que le durable en nous est souvent le don d'un instant.

Si les bénédictions promises aux enfants semblaient com­promises par le danger menaçant leur vie, le risque d'une disparition n'annulait pas les espoirs d'une grandeur na­tionale. Au moment où l'eau de l'outre fut épuisée, Hagar reçut une promesse concernant Ishmaël : "De lui je ferai une grande nation. " Mais la voix parlant à Abraham en­visageait une tout autre perspective: "Parce que tu as fait cela et n'as pas épargné ton fils unique, Je m'engage à te bénir et à faire proliférer ta descendance ... c'est en elle que se béniront toutes les familles de la terre. "

Les assurances concernant les deux fils, tout comme leurs futurs liens de parenté, avaient des connotations différen­tes. Ishmaël reçut certes une bénédiction céleste: "Elohim fut avec le garçon qui grandit et habita au désert. C'était un tireur d'arc ", un mode de vie qui n'impliquait pas la possession d'une terre. Son appartenance nationale fut ensuite confirmée au moment de son mariage lorsque "sa mère luifit épouser unefemme du pays d'Égypte" Abraham, de son côté, entendit d'en haut: "C'est à ta descendance que je donnerai ce pays. " Le moment venu, il envoya le plus ancien serviteur de sa maison en Aram pour y trou­ver une femme convenant à Itshak car il ne voulait pas lui donner "une fille de Cananéens", ni le laisser aller au pays d'où il était sorti lui-même.

Le renvoi d'Ishmaël était, au niveau des faits et de la sensi­bilité, l'équivalent de la ligature d'Itshak dont l'épreuve fit en quelque sorte pendant à celle de son frère aîné. La pen­sée de perdre ses deux enfants fut, pour Abraham, cause d'une souffrance d'autant plus ressentie qu'il s'agissait là d'actes moralement répréhensibles. Dans la ligature d'Is­thak, il était confronté à l'interdiction d'ôter la vie à un être humain, selon la mise en demeure faite à Noé et à ses fils: "Qui versera le sang de 1 'homme, par l 'homme verra son sang versé." Dans le cas d'Ishmaël, il se sentait tenu d'obtempérer bon gré mal gré à la volonté de Sara qui lui demandait de chasser l'enfant et sa mère dans un désert où la survie était improbable.

Etonné par le fait qu'Abraham eût chassé Ishmaël et sa mère, sans les munir de provisions, Rabbi Abraham Ibn Ezra [1092-1167] ne manquait pas de reconnaître qu'il avait agi là en toute justice, car s'il avait donné un viati­que à Hagar contre l'avis de Sara, c'eût été contraire à la volonté divine. La Tora rappelle toutefois qu'après la mort de Sara, il fit des donations, aux fils de ses concubines. On peut penser qu'à l'instar de l'épreuve d'Itshak dont le dé­nouement fut heureux, le renvoi d'Ishmaël s'inscrivait lui aussi dans le cadre plus général de l'avenir destiné à deux peuples différents. "C'est par ltshak qu'une descendance portera ton nom. Mais du fils de la servante, je ferai aussi une nation. "

L'intérêt porté par la Tora au sort réservé à chacun des en­fants se retrouve dans leurs noms. Le fils de Sara fut nom­mé Itshak [Héb. Il rira] car son père avait ri à l'annonce de sa naissance. Sara avait fait de même lors de l'apparition aux chênes de Mambré, mais après l'accomplissement de la promesse, elle ajouta: "Elohim m'a donné un sujet de rire. Quiconque l'apprendra rira [Héb. Itshak] à mon su­jet. "Ce futur a longtemps marqué la tradition d'un peuple en le sensibilisant au pouvoir prospectif de telles paroles. Puis, le moment vint où un sentiment d'imminence finit par s'emparer de sa conscience collective, lorsque - sous la pression prophétique - chaque instant devint la petite porte où pourrait paraître le Messie.

Le nom d'Ishmaël était lui aussi prégnant de signification. Lorsque Hagar, maltraitée par Sara, dut prendre la fuite, l'ange de YHWH la trouva près d'une source dans le dé­sert et lui dit: "Voici que tu es enceinte et tu enfanteras un fils, tu lui donneras le nom d'Ishmaël car YHWH a entendu [Héb. Shama] ta détresse. Véritable sauvage, cet homme. Sa main contre tous, la main de tous contre lui. A la face de tous ses frères, il demeure. "

Le premier des frères à en éprouver les effets allait être Its­hak, déjà en projet dans l'Esprit de Dieu. Mais Ishmaël ne se situait lui-même que par référence à son frère car Itshak était le dépositaire exclusif des privilèges du choix divin. Plus tard, Hagar dut fuir à nouveau pour éviter la colère de Sara qui s'abstint toujours de nommer Ishmaël car il demeura à tout jamais pour elle, le fils de "sa servante Égyptienne". L'ayant trouvée à bout de forces au désert de Beer-Shéva, l'ange d'Elohim conféra au nom de son enfant une signification supplémentaire en lui disant: "Ne crains pas car Elohim a entendu [Héb. Shama] la voix du garçon là où il est. "

L'éloignement du frère aîné au profit du cadet aurait pu de­venir un motif d'aigreur pour son père et de ressentiment à l'égard de son frère. Il n'en fut rien, car Itshak et Ishmaël se retrouvèrent pour ensevelir leur père à Hébron dans la grotte de Makpéla qui avait été cédée à Abraham par Eph­ron le Hittite. Cette réunion inattendue montrait que leur comportement était dépourvu de tout relent d'amertume ou de suffisance. Ils étaient sans doute conscients que le sou­venir amer de leur séparation pourrait finalement contri­buer à les rapprocher. Le sacrifice exigé, en son temps, de leur père allait devenir une bénédiction en permettant à chacun d'eux de survivre en s'insérant dans une histoire vécue.

Dans son commentaire sur les paroles d'Hagar, "Je fuis de­vant Sarai, ma maîtresse", le Baal haTourim [1270-1340] notait que ce verbe ne reparaît qu'une autre fois dans la Bible, dans un contexte d'épreuve nationale: "Au bruit de la cavalerie et des archers, toute ville prend la fuite" [Jé­rémie 4.29]. Comme le mot archer avait qualifié Ishmaël, ce codificateur discernait en filigrane une analogie entre les tribulations d'un peuple et celles d'une personne. Cette attention portée aux significations en latence était d'autant plus justifiée qu'un mot biblique doit manifester toutes ses virtualités avant de livrer son sens ultime.

Le midrash ne manque pas de faire l'éloge d'Hagar dans l'espoir de compenser l'impression d'injustice qui pouvait résulter de son éloignement de la maison familiale. Le be­soin de faire réparation pour ce rejet affleure, entre autres, dans la description de l'arrivée de Rivka à Beer-Shéva. Pressentant peut-être un recoupement de l'histoire, "Itshak vint au puits de Lahaï Roi' " [Le Vivant me voit], à l'endroit même où Hagar s'était enfuie après avoir quitté Abraham pour la première fois.

Comme cela se passait après la mort de Sara, le midrash supplée complaisamment à la réserve du récit biblique en précisant qu'Itshak se rendit au puits de Lahaï Roï en vue de faire revenir Hagar au sein de la famille. Ce faisant, il voulait réparer le tort qu'il avait ~involontairement - causé à Hagar et à son frère Ishmaël. "Itshak [. . .] était resté méditer dans la campagne à l'approche du soir. "

A ce moment, une caravane arriva du pays des deux fleu­ves. "Il leva les yeux et vit les chameaux qui arrivaient. Rivka leva les yeux, vit Itshak, sauta de chameau ... " et sans attendre, "Itshak la fit entrer dans sa tente. " Un be­soin de réconciliation familiale avait induit un homme à partir à la recherche d'une femme et, sur ces entrefaites, il trouva sa femme.

De même qu'une autre interprétation du nom d'Ishmaël, "il entendra Dieu", implique une révélation différée, de même, le nom d'Itshak, "il rira", implique une joie dif­férée. On peut y voir le rappel d'une différence de destin, en dépit des privilèges communs. Le Talmud de Jérusalem (Berakhot 5.6) rappelait en effet que, dans la Bible, trois personnages, Itshak, Salomon et Josias, avaient porté, avant même de naître, leur nom devant Dieu, non sans ajouter: "également Ishmaël parmi les nations. " Cette particularité semblait attribuable au fait qu'ils avaient été appelés à re­lancer l'histoire du salut au moment d'un blocage. Mais la mention insolite d'Ishmaël s'accompagnait tout de même d'une réserve non dépourvue d'insinuation.

Cette différence de statut se manifeste, entre autres, dans la description de leurs descendances respectives. Pour évoquer celle des petits-fils d'Itshak, la Tora mentionne les douze tribus d'Israël mais se contente dans le cas d'Is­hmaël, de signaler douze princes. Là, un peuple, ici des individus. Une telle disparité n'enlève rien à la dignité d'Ishmaël car le souvenir du jour où Ishmaël fut réuni à ses pères, a incité l'auteur sacré à user du verbe Gava [il rendit l'âme], comme pour la mort d'un tsadik, autrement dit, d'un juste. Selon une tradition rapportée par Rachi, ce privilège lui fut accordé pour s'être repenti à la fin de ses jours en participant à la célébration des funérailles d'Abra­ham.

Le renvoi d'Hagar et de son fils avait été occasionné par une contrariété de sa maîtresse, le jour où Itshak fut sevré. Sara vit s'amuser [Héb. Metsahek] le fils d'Hagar l'Égyp­tienne et dit à Abraham: "Chasse la servante et son fils. " Signifiant à la fois 's'amuser' et 'rire', la forme verbale utilisée ici était lourde de sous-entendus. Ishmaël rit non seulement au présent - c'était un rire prématuré - mais au Piel qui est la forme intensive du verbe en question. Les réactions à l'immédiat étant chez lui sans inhibition, le temps où il vivait était tout simplement court-circuité. L'ambiance du festin où fut confirmée l'autonomie d'Its­hak porta l'aîné à rire incontinent. Comme il ne pouvait se faire à un caractère différent, la présence de son frère puîné lui devenait pesante. Son ricanement était l'opposé du rire où le héros de la fête manifestait une joie dont les implica­tions seraient manifestées plus tard. Mais, pressentant un défaut de nature, l'ange rencontré près de la source avait déjà qualifié Ishmaël de "véritable sauvage ", une désigna­tion recouvrant l'idée de jouissance instantanée, qui serait, en son temps, impliquée dans le présent Metsahek. Serait-ce l'effet d'un hasard que la communauté culturelle issue d'Ishmaël, n'ait guère assimilé la notion du temps? L'Islam n'a, par exemple, jamais pu intérioriser l'idée du repos hebdomadaire, le vendredi étant simplement un jour où la prière en commun est recommandée. De plus, les calendriers musulmans sont exclusivement lunaires et ne connaissent pas l'ancrage du rythme cosmique des sai­sons. Le signe lunaire, croissant et décroissant est perçu dans l'immédiateté de ses clartés sommaires qui ne peu­vent donner accès aux structures mêmes du temps. Cette courte vue semble avoir encouragé l'Islam à voir dans la vie d'ici-bas une simple occasion d'envisager l'au-delà. Autant dire que les penseurs musulmans avaient de bonnes raisons de se montrer réservés sur le sens de 1 'histoire. Intrigué par ce peu d'intérêt pour la valeur du temps, Franz Rosenzweig [1886-1929] s'interrogeait dans L'Etoile de la Rédemption sur la nature même de la révélation corani­que:

«Dans l'Islam, dit-il, la révélation n'est pas un événement survenant entre Dieu et 1 'homme, une rencontre où Dieu se manifeste dans une complète self-négation ou dans son di­vin self'<sacrifice. C'est plutôt un don offert librement que Dieu dépose dans les mains de 1 'homme. Le premier mot de la révélation à Mohammed est: "Lis! ", au moment où la page d'un livre lui apparaît. Cet écrit venu du Ciel lui est offert par l'archange au cours d'une révélation nocturne. «Pour le Judaïsme, la Loi orale est plus ancienne et plus sainte que la Loi écrite et Jésus n'a confié aucun écrit à ses disciples. L'Islam au contraire, est depuis ses débuts la religion d'un Livre qui vient du Ciel. Pourrait-on imaginer un renoncement plus explicite à l'idée que Dieu puisse des­cendre ici-bas pour se donner Lui-même à l'être humain? Dans cette perspective, Il siège au plus haut des Cieux et se contente de présenter à la créature - un Livre.»

Confiant toutefois dans l'avenir d'Ishmaël et de sa des­cendance, le Talmud ne craint pas d'affirmer: "Quicon­que aperçoit lshmaël en songe est assuré de voir son rêve exaucé" (Berakhot 56b). Quoi qu'il en soit, on serait bien inspiré de ne pas oublier que la parenté des descendances d'Itshak et d'Ishmaël rappelle, toutes proportions gardées, l'analogie de la foi où Emmanuel Kant voyait non pas "une similarité imparfaite de deux réalités, mais une parfaite si­milarité de rapports entre deux réalités bien différentes." Comme aucun contact ne peut s'établir entre des éléments identiques, la similitude est toujours cause de séparation. Dans cette logique, Abraham dit à son neveu Lot qui pour­tant, selon le midrash, lui ressemblait: "Sépare-toi de moi! " après lui avoir déclaré: "Nous sommes frères ", au mo­ment de la querelle de ses bergers avec ceux de Lot. Inver­sement, la définition d'une réalité est facilitée en partant de son contraire. Ainsi Abraham, pour naître à lui-même dut-il quitter Haran après être sorti d'Our en Chaldée à la suite de son père. De même, le peuple d'Israël reçut l'ordre de se séparer des Égyptiens pour atteindre la stature néces­saire à la poursuite de son idéal. Avec le temps, la lecture à l'envers des pratiques égyptiennes le préserva d'y retour­ner en esprit en renforçant le sentiment d'une dissonance avec cette culture.

Une telle rupture alla jusqu'au refus de prononcer le nom même de ce pays qui ne figure jamais dans le Tanakh. En effet, le grec Aigyptos - d'où vient le mot copte - est la dé­formation du nom égyptien de Memphis, Het-Ka-Ptah, qui fut la capitale de l'Ancien Empire. Mais le pays de Ramsès est toujours désigné dans la Bible sous le nom de Mitsraïm qui étymologiquement signifie: limite,frontière, une déno­mination dont le flou est des plus significatifs. Paradoxalement, il ne peut y avoir d'association vraie qu'avec des contraires dont la séparation n'est jamais absolue, aussi, les accolades de 1 'histoire biblique ne sauraient-elles surprendre. La Tora signale, à ce propos, qu'Esaü "alla trouver lshmaël et, en plus de ses femmes, il épousa Mahalat, fille d'lshmaël". Ce resserrement des liens familiaux paraissait d'autant plus notable que, pour la première fois, une femme de la maison d'Ishmaël était mentionnée nommément dans le texte biblique.

Bien plus tard, les frères de Joseph "le vendirent pour vingt shèqels d'argent aux lshmaélites qui le menèrent en Égypte. " Dans cet enchevêtrement de destins où les moti­vations des intéressés opéraient souvent à retardement, la descendance d'Hagar donnait à celle de Sara de continuer à vivre, en sauvant celui qui - du fond de son exil - allait assurer la permanence d'Israël. A considérer ces chassés­croisés de situations, où la signification de la trame d'une histoire procédait de la fin, il semblerait qu'il n'y ait rien de tel pour réconcilier des traditions concurrentes que d'évoquer, le cas échéant les liens généalogiques de leurs représentants.

Les sages en avaient suffisamment vu pour comprendre que la contrariété peut devenir source de communication. Aus­si, les descendants d'Itshak et d'Ishmaël, en se nourrissant typologiquement de la substance de leurs contradictions, pourraient-ils envisager, au sein de leurs dissemblances, l'éventualité d'une rencontre qui ne saurait être l'effet du hasard, à moins que ce dernier ne soit considéré comme l'écriture mystérieuse de Dieu. Un échange culturel et re­ligieux où l'on s'efforce de faire remonter à la surface des harmonies latentes suppose en effet la présence d'une al­térité ouverte aux inspirations d'en haut car 1 'humain ne saurait y suffire.

Mûri par les épreuves, Itshak avait sûrement compris que, pour chercher une source, on doit accepter d'être seul et que le secours dont il ressentait le besoin lui viendrait d'un Dieu qui, sans lui ressembler, serait toujours près de lui, "là où il est". Rassuré par cette lueur d'espoir, cet homme qui n'était plus dans sa prime jeunesse était peut-être venu, comme dans un songe éveillé, chercher la réalisation d'un rêve près du puits de Lahaï Roi; à la tombée de la nuit. C'était la source où Hagar avait reçu de l'ange la promesse d'un enfant. Aussi, la perspective d'une seconde naissance - la vraie - ne pouvait-elle s'offrir à Itshak de façon plus claire. "Il avait eu Sara pour mère. Il prit Rivka et elle devint sa femme. " Que de sous-entendus dans ce modèle de concision! Comme sous l'effet d'une urgence qui eût cheminé lentement, il devenait le sourcier d'une lumière perdue et découvrait, à cet endroit fatidique, que pour lui, le chemin déclinant du soir pouvait devenir celui d'un nou­veau matin.

Qui est qui

Itzhak Zamir

Eliane Ketterer

Itzhak Zamir (né en 1931), juge à la Cour suprême. Spécialiste de droit administratif. Professeur de droit à l'Université Hébraïque de Jérusalem. Conseiller juridique du gouverne­ment d'Israël (1978-1986).

Itzhak Zamir est né à Varsovie. En 1934, sa famille immigra en Israël. Il fit ses études secondaires au Lycée Herzliya de Tel-Aviv. Il fit son service militaire comme officier des Rensei­gnements dans l'armée de l'air. Il est titulaire d'un diplôme de premier cy­cle en sciences politiques et en rela­tions internationales et d'un diplôme de second cycle en droit de l'Univer­sité Hébraïque de Jérusalem. Il fit sa période de spécialisation dans le cabi­net du juge de la Cour suprême Yoel Zusman (alors président de la Cour suprême). De 1957 à 1958, il partit pour Londres afin d'y préparer son doctorat en droit.

En 1959, Itzhak Zamir commença à intervenir comme maître de conféren­ces à la Faculté de droit de l'Univer­sité Hébraïque. De 1970 à 1971, il fut directeur de l'Institut de recherches de droit comparé. Les années suivantes, il fut conférencier invité à l'Universi­té de Harward et à celle de New-York. Les années suivantes, il fut doyen de la Faculté de droit de l'Université Hé­braïque.

En 1978, Itzhak Zamir fut nommé conseiller juridique du gouvernement (du temps du gouvernement de Mena­hem Begin). L'événement prédomi­nant de son mandat fut l'affaire de la « Ligne 300 » : A la suite de la décou­verte de l'élimination de terroristes par des gens du Service de la sécurité générale, puis de la couverture des té­moignages, Itzhak Zamir insista sur la nécessité d'ouvrir une enquête pénale contre le chef du Service de la sécu­rité générale et contre plusieurs autres membres de l'organisme. Sa position était en opposition à celle du gouver­nement et de l'establishment chargé de la sécurité. Ces derniers firent une forte pression sur lui afin qu'il chan­geât de position et fit cesser l'affaire. Son refus de capituler face à la pres­sion politique l'amena finalement à démissionner en juin 1986.

Dans les années suivantes Itzhak Zamir fut président du conseil du jour­nalisme et fonda la Faculté de droit de l'Université de Haïfa. En 1994, il fut nommé juge à la Cour suprême. En 1977, il obtint le prix d'Israël dans le domaine du droit. Comme juge à la Cour suprême, il prit part à plusieurs décisions éminentes prises par la Cour pendant cette période: l'interdiction des tortures dans les enquêtes du Ser­vice de sécurité générale, l'annulation, dans le droit militaire, de la clause permettant la mise en arrêt d'un sol­dat 96 heures sans le conduire devant le juge, l'annulation de la sentence du tribunal rabbinique interdisant à une femme lesbienne de faire se rencon­trer ses enfants avec sa partenaire. Plusieurs de ses décisions servirent de base à la formulation de la loi sur le harcèlement sexuel.

En avril 2001, il partit en retraite. Re­traité, il présida le comité chargé des nominations les plus importantes au service de l'Etat. Il présida aussi la commission qui rédigea le rapport gé­néral d'éthique de la Knesset.

Chant du mois : Anna Bekoakh

Anna Bekoakh est une prière de la tradition juive chantée dans certaines communautés à l'entrée du shabbat. Ce poème liturgique, reprenant toutes les lettres de l'alphabet hébreu dans l'ordre, est composé de 7 versets (les 7 jours de la se­maine). Ce texte est aussi chanté ou récité lors de la prière du matin. Il est attribué à un maître de l'époque talmudique du nom de rabbi Nehounia Ben Hakana. En 2006, le chanteur Ovadia Hamama a mis en musique cette prière qui, depuis, connaît un grand succès en Israël.

De grâce, par la force de ton grand bras, délivre la prisonnière

Accueille le chant de ton peuple, élève-nous, purifie-nous, Toi le redoutable

ô puissant, ceux qui recherchent ton unité, protège-les comme la prunelle

Bénis-les, purifie-les, ceux que ta charité prend en pitié, récompense-les toujours

Refuge sacré, par ta grande bonté, dirige ton assemblée

Unique et Superbe! Tourne-toi vers ton peuple, vers ceux qui proclame ta sainteté

Reçois notre plainte, entends notre cri, toi qui connais les secrets.

Béni soit le nom de son règne glorieux à  jamais.

Yohanan Elihaï et Jean-Marie Allafort

Humour en finale :

Une petite fille demande un jour à sa mère: Maman, comment la race humaine est-elle apparue?

La maman répond: Dieu fit Adam et Eve et ils eurent des enfants. C'est ainsi que la race humaine est apparue. Deux jours plus tard, la petite fille pose à son père la même question.

Le papa répond: II y a très longtemps existaient les singes. Au fil des années ils se transformèrent et devinrent des hom­mes. C'est ainsi qu'est apparue la race humaine.

Confuse, la petite fille retourne voir sa mère et lui demande: Maman comment se fait-il que tu m'aies dit que la race humaine a été créée par Dieu et que papa m'affirme qu'elle vient du singe?

Chérie, répond la maman, c'est que moi je t'ai parlé de l'origine de ma famille et ton père de la sienne!