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 « Seigneur Jésus,
apprenez-nous à être généreux,
à vous servir comme vous le méritez,
à donner sans compter,
à combattre sans souci des blessures,
à travailler sans chercher le repos,
à nous dépenser sans attendre d’autre récompense
que celle de savoir que nous faisons votre Sainte volonté. »

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N° 25 – Septembre/Octobre 2005

L'Église du Mont Thabor

-    Editorial

-    Histoire : nation, nationalité, nationalisme

-    La vie quotidienne : oulpan d'été 2005 à Jérusalem

-    Connaissance d'Israël : Césarée maritime (lere partie)

-    Culture : le centre Herzl

-    Connaissance du judaïsme : Sonnez du cor

-    Flashes d'espoir

-    Au fil des mois

-    Chant du mois et l'humour en final

Editorial

Depuis la parution du dernier « Un Echo d'Israël », les événements se sont précipités sur notre planète. Bien sûr, Israël n'a pas été épargné.

Le 23 juin dernier s'éteignait Mgr Jean-Baptiste Gourion, après une longue maladie. Auxiliaire du Patriarche latin de Jérusalem, S.B. Michel Sabbah, pour la communauté catholique hébréophone, il était le premier Evêque juif à Jérusalem depuis des siècles ! Nomination symbolique s'il en fut, voulue par S.S. Jean Paul II lui-même, Mgr Gourion n'a pu exercer son ministère que pendant un peu plus d'un an et comme le disait un membre de notre communauté au moment de son enterrement : « D'aucuns peuvent dire qu'il n'a pas fait grand-chose, mais il a donné sa vie (ce dont il avait pleinement conscience), que peut-on faire de plus ? » Que sa mémoire soit bénie !

Vivre en Israël, c'est être affronté à la vie quotidienne de ce pays, à ses aléas politiques, à ses relations avec le peuple palestinien, c'est aller de surprise en surprise, d'imprévu en imprévu, d'étonnement en étonnement, d'inquiétude en espoir, avec la certitude de ne jamais s'ennuyer.

Oui, l'inattendu est devenu réalité avec le désengagement de la bande de Gaza, et ceci voulu et réalisé par Ariel Sharon lui-même ! Imagine-t-on ce que cela peut signifier pour les habitants de ce pays, il ne s'agit pas dejuger du fait des implantations, mais de comprendre ce que peut vivre une population à qui une expulsion est demandée avec tout ce que cela a pu représenter au niveau religieux, humain etc. Et ceci s'est passé plus rapidement et infiniment mieux que prévu ! On a admiré les soldats, les policiers et on a pu voir des scènes touchantes ! Ce pays ne finira jamais de nous surprendre.

Israël va-t-il « redevenir une nation » comme l'écrivait le rabbin Shlomo Riskin d'Efrat ? (cf. cet article remarquable dans la rubrique au fil des mois). Il faut tirer des leçons de cet événement qu'a été le désengagement ! " Donc que faire ? Nous avons tous à nous remettre en question. Pour nous, la principale leçon du désengagement doit être notre retour à un messianisme selon la norme et la nécessité absolue de trouver un

langage commun entre les pratiquants et les non observants, langage basé sur la tradition juive. ».....« Je suis

persuadé qu'en faisant ainsi nous finirons par apprendre à nous respecter mutuellement et même à créer ensemble une culture et des valeurs qui transformeront notre Etat en 'lumière des nations'. Devenir ainsi un modèle de paix et de respect dans une société occidentale décadente. »

Nous avons encore un long chemin à parcourir, il semble néanmoins qu'une espérance de paix est permise sur cette terre et qu'un jour « justice et paix s'y embrasseront » (ps.85)

Pour ce premier numéro de la rentrée, vous trouverez quelques changements. Nous essayons de vous présenter la pluralité de la société israélienne et pour ce faire, nous traduisons de plus en plus d'articles de la presse du pays. En plus des rubrique habituelles vous trouverez à chaque fois un article « connaissance du pays » qui présentera un lieu saint, archéologique ou historique.

Rappelons encore une fois qu'un « Echo d'Israël » ne se veut pas un journal d'information sur le Proche Orient en général et sur les Palestiniens en particulier. Les membres de notre équipe, rappelons-le, n'habitent ni à Ramallah, ni à Gaza et nous n'avons pas la prétention de parler d'une réalité que nous ne connaissons pas directement.

Myriam Selz

Histoire : Nation, nationalité, nationalisme

(suite de l'histoire du sionisme)

Le sionisme participe bien de la revendication nationale, même s'il ne saurait s'y réduire. Le sionisme est en effet inséparable de l'épanouissement de l'idée nationale en Europe, processus lui-même consécutif à la « recherche nationalitaire». Il faut s'interroger sur les points communs et les différences. Car la particularité du mouvement national juif est qu'il n'a pas de base territoriale, ni d'existence étatique depuis plusieurs siècles. Mais en même temps, le sionisme n'est pas différent de tout autre mouvement national contemporain. L'idée est que, puisqu'il y a un peuple juif, distinct des autres peuples, eh bien il faut qu'on lui rende le sol où il vivait jadis et constituait un Etat national.

Le sionisme a, dans une certaine mesure, été dicté aux Juifs par la modernité politique européenne.

1-La nation comme source de légitimité politique

La nation constitue le concept politique par excellence, depuis les Révolutions américaine et française. La nation devient le cadre unique dans lequel les hommes se groupent et se reconnaissent, le ciment de la société, le cadre de référence. De façon concomitante, la nationalité est devenue la norme de la légitimité des unités politiques dans le monde moderne.

On attachera donc beaucoup d'importance au concept de « normalisation » ou de normativité ( ce que doit être une nation ). Il est à l'origine de la volonté des Sionistes de faire en sorte que le peuple juif dispose d'une construction politique qui puisse faire de lui une nation similaire aux autres ( même si le peuple juif ne peut être étudié de la même façon qu'une autre communauté nationale ). Et cette normalisation ne peut se faire que dans le cadre d'un Etat-nation souverain. Dans la mesure où la nation devient la norme, le sionisme, en tant que mouvement national, se plie également à cette norme.

2-Nationalisme

Dans toute l'Europe, là tendance est alors au nationalisme. L'affermissement du sentiment national s'opère dans les différents pays européens au cours du XIXe siècle. Tel est le climat général de l'histoire européenne, depuis la Révolution française. Ce mouvement des nationalités est lié aux idées révolutionnaires, au courant romantique et à la redécouverte du passé national. Il sert de toile de fond à l'essor des nationalismes. C'est un phénomène qui touche surtout l'Europe centrale et l'Europe orientale, ainsi que l'Italie ( déclin de l'Empire austro-hongrois, contexte de décomposition de l'Empire ottoman). Ce contexte général de mobilisation nationale, d' «accès à l'Etat» ( Gérard Noiriel ) ne peut pas ne pas toucher les Juifs en tant que peuple.

Le nationalisme semble pouvoir être défini comme la volonté d'une collectivité ayant, par suite des circonstances diverses, pris conscience de son individualité historique (redécouverte du passé glorieux, de la pérennité de la culture nationale), de créer et de développer son propre État souverain. La nationalité subsiste même lorsque la nation a perdu son autonomie. Ainsi, Ernst Gellner fait entrer le peuple juif dans sa catégorie de « nationalisme de diaspora ». Le sionisme a abouti à ce que l'entité politique juive soit recréée. On relève en lui une dimension émancipatrice, libératrice, qui est inhérente à l'idée de nation.

3-Judaïsme et nationalité

Dans une certaine mesure, le sionisme a aussi été un aboutissement de la politique de renaissance nationale juive au XIXe siècle. Une majorité de Juifs se sont considérés comme membres d'un même peuple, en dépit de la dispersion, en se reconnaissant une ascendance, une foi, une langue et une histoire communes - en un mot,une culture commune -. Tous ces points communs, cette origine commune, sont constitutifs d'une mémoire commune, d'un passé partagé.

On peut, à ce sujet, citer RENAN et sa conférence Qu 'est-ce qu 'une nation?, 1882:

« Or l'essence d'une nation est que tous les individus aient beaucoup de choses en commun ».

«Une nation est une âme, un principe spirituel [...], c'est l'aboutissement d'un long passé d'efforts, de sacrifices et de dévouements; avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent, avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple».

C'est au XIXe siècle, et surtout dans sa dernière partie, que la notion abstraite de « nationalité » devient une réalité concrète. On assiste à la formation du sentiment d'appartenance à une nation.

4-Herzl et la naissance du sionisme politique

S'il appartiendra à Theodor HERZL ( 1860 - 1904 ) de fonder l'organisation qui permettra la mise en pratique du sionisme, ses idées s'inscrivent bel et bien dans une continuité avec d'autres penseurs dont les essais, arrivant peut-être trop tôt, n'eurent que peu d'échos. Ce sont les hommes qu'on a pris coutume d'appeler les «précurseurs du sionisme»: Moïse HESS, Léo PINSKER.

Theodor HERZL ( 1860 - 1904 ) était un Juif hongrois de langue allemande. Essayiste connu, écrivain, auteur dramatique, il devint le héros du mouvement sioniste. Visionnaire, il est entré dans l'histoire en tant que véritable chef du mouvement sioniste, qui en était jusqu'alors dépourvu.

L'ouvrage Der Judenstaat ( L'Etat des Juifs ) de HERZL paraît en 1896. Cette parution marque le début du sionisme politique moderne, lequel n'a été au départ que l'une des formes du nationalisme juif moderne. Mais il est le seul à avoir réussi. Dès la préface de son livre, HERZL définit le problème juif comme une question nationale. H fait également le constat de l'échec de l'assimilation. Pour lui, la constitution d'un Etat juif procède d'un besoin mondial. HERZL était un homme qui avait compris l'anomalie de l'existence des Juifs en Europe et les dangers qu'ils couraient.

HERZL s'est entièrement consacré à son mouvement, notamment du point de vue diplomatique. On relève en effet un souci constant, chez HERZL , d'obtenir pour le nouvel Etat une base juridique reconnue internationalement. En effet, le processus de construction nationale ne débuterait même pas sans le phénomène de reconnaissance extérieure. La nation, et à plus forte raison l'État qui la soutient, ne se développeraient pas sans l'accord des autres. La recherche de la reconnaissance a toujours constitué le principal souci des leaders « nationalitaires ». Ceci est un point commun important entre le sionisme et les autres mouvements nationaux.

Les idées de HERZL n'étaient pas nouvelles, mais il est le seul à avoir mis en place un mouvement politique d'importance mondiale. HERZL lui a donné une audience internationale. En cela, son oeuvre est immense: le sionisme en tant que mouvement politique véritable, et en tant que force internationale, est sa réalisation.

CONCLUSION

La situation des Juifs d'Europe évolue donc au XIXe siècle, mais de façon inégale. L'émancipation ne vaut que pour les Juifs d'Europe occidentale. Le judaïsme d'Europe orientale a été confronté à des problèmes tout autres.

La nécessité de trouver une solution à la question juive a entraîné la naissance d'un courant d'idées que l'on a appelé le sionisme. Ce dernier se fonde sur le constat que les options proposées en Europe ne sont pas satisfaisantes (pour différentes raisons ), et qu'il faut explorer de nouvelles voies. Domine le sentiment confus que la diaspora se trouve le dos au mur.

Mais, jusqu'à la Première guerre mondiale, - et on ne saurait trop insister là-dessus, l'option sioniste est restée l'affaire d'une petite minorité de Juifs. Bien d'autres options étaient avancées: l'émigration, l'autonomie sur place (DUBNOV ),...!! faut donc prendre garde à ne pas tomber dans le piège de la lecture rétrospective de l'histoire, évoqué par BERGSON dans La pensée et le mouvant. Nous avons une tendance naturelle à découper dans le passé les événements, les idées qui se sont réalisés effectivement, et à négliger le reste. On cherche toujours dans l'histoire les faits qui pourraient éclairer notre présent à nous. Cette considération du passé à travers le prisme du présent doit être évitée. Et, en plus du fait que le sionisme était loin d'être unanimement accepté, il existait de très violents conflits au sein de l'ensemble des penseurs juifs, prenant la forme de désaccords, d'interprétations différentes des buts et de la signification du renouveau national.

L'apparition du sionisme a ébranlé la cohésion des communautés juives. Il a déclenché un conflit entre religieux et laïcs ( hantise de la déjudaïsation ). Il a été à l'origine de querelles sur les moyens d'assurer la cohésion et la continuité de la vie juive. En un sens, on peut dire que le vrai débat a trait à l'identité juive. A suivre...

 

Vie quotidienne : Oulpan d'été 2005 à Jérusalem

L'oulpan (cours d'hébreu) d'été à l'université est très intensif et d'un haut niveau. Quant à moi, j'ai suivi ou subi un oulpan populaire intensif, regardant la télévision israélienne, lisant les journaux populaires, écoutant la radio en hébreu et rencontrant quelques amis israéliens. Cela m'a fait entrer dans un tourbillon d'émotions, de pensées, de réflexions jusqu'à en rêver la nuit.

J'apprends que le mot choisi « hitnatkout » ne veut pas dire : désengagement, retrait ou évacuation mais séparation. Avant de monter dans un autobus un petit collant sur la porte de celui-ci attire mon attention, il y est écrit : » ne te sépare pas de ton frère ». D'autres affiches « le Juif s'approche du Juif» pour contredire « le Juif chasse le Juif». Dans ce tourbillon d'images et de paroles, il y avait toutes les nuances et parfois aussi aucune nuance, toutes les couleurs : de l'orange qui fleurissait de plus en plus, au bleu qui apparaissait timidement. Sur un balcon d'un même appartement d'une même famille flottaient des rubans orange et des rubans bleus. Les femmes en noir manifestaient place de France et le lendemain les femmes en vert et même on a vu des jeunes en violet sur cette même place. J'ai appris que le violet est le mélange de l'orange et du bleu. Une amie de gauche nous fait une visite éclair. Elle est vêtue d'une robe orange avec une chasuble bleue au dessus, ses bijoux sont orange et bleus. Quelques jours après elle avait une robe bleue blanche et des bijoux bleus et blancs. S'amusait t'elle ? Oui et non, à 50 ans elle exprimait plutôt ce tiraillement intérieur que beaucoup d'Israéliens éprouvent. On souffrait pour les familles évacuées, pour les soldats qui « épongeaient » ou « encaissaient » avec un calme inouï, les insultes, les patates ou la farine qui les aveuglaient, pour ce petit garçon qui pleurait sans bruit en longeant le mur de sa maison qu'il quittait. On admirait la patience des officiers allant de maison en maison parler aux familles.

Et tandis qu'à la télévision on nous montrait des soldats en ligne, attendant des heures sous le soleil, on pouvait voir à la gare routière des affiches fraîchement collées ; elles représentaient la sculpture très connue de la Mènera (chandelier à 7 branches) transportée par les armées de Titus de Jérusalem à Rome, mais la partie inférieure de l'affiche était une photo des jambes de soldats israéliens, comme si c'était eux qui enlevaient la Menora de Jérusalem. Affiche d'extrême droite. Le soir même on voyait à Jérusalem les habitants de Netsarim évacués dans l'après midi de chez eux, faire une marche dans la rue de Jaffa jusqu'au Mur occidental, et des hommes au milieu d'eux transporter la Menora de leur synagogue. Le matin dans ce même Netsarim, un bébé avait été circoncis.

A Katif le petit fils d'une amie de Jérusalem faisait sa Bar Mitsva la veille du départ. 90 personnes au repas chez son fils. Les amis de Katif appréciaient de fêter dans une maison « habitée », la salle à manger n'ayant pas été déménagée pour cette occasion. En effet, tous les autres fêtaient shabbat au milieu des cartons. A Katif, petit village de 60 familles, ils avaient décidé de partir ensemble pour aller « en attendant » dans un pensionnat de filles en période de vacances. Comme le disait l'un d'eux : « on nous accuse d'idolâtrer cette terre de Goush Katif, et bien on ira au Néguev et là on montrera que l'on peut faire refleurir le désert ».

, Dans la Parasha de la semaine de « séparation » (partie de lecture de la Bible) on entendait Dieu dire à Moïse qui l'implorait pour entrer dans ce bon et beau pays : « ça suffit ». Un journaliste à la télévision interrogeait un rabbin : « Et vous, après tant de prières non exaucées n'avez-vous pas perdu la foi ? » Et le rabbin de répondre : « Non, nous n'avons pas perdu la foi, Dieu comme un père peut dire non à ses enfants pour les préserver d'un plus grand mal ». « Ce n'est pas pareil » dit le journaliste. Et le rabbin de conclure : « Si. Dieu est un père pour nous ».

Suzanne Millet

 

Connaissance d'Israël : Césarée Maritime

Chef-d'œuvre d'Hérode le Grand

Située sur le littoral méditerranéen du Sharon, à mi-distance de Tel-Aviv et Haïfa (entre les anciens ports de Dor et Joppé), la grandiose ville maritime d'Hérode le Grand, après avoir subi les outrages des intempéries et des hommes, fut oubliée par ces derniers et sombra dans les eaux de la Grande Bleue.

Cependant, depuis plus d'un siècle, des fouilles archéologiques sont effectuées sur le site qui abritait, il y près de 2000 ans, le chef-d'oeuvre des constructions du roi Hérode. Les recherches effectuées en mer et sur le rivage ont pour but de faire revivre la splendeur et la gloire de cette ville qui devint au premier siècle de notre ère la capitale administrative de la Judée et le siège des procurateurs romains. Cette ville connut en l'an 66 les premiers foyers d'insurrections juives qui conduisirent le pays dans le chaos en 70. Pour mater la révolte, Vespasien y débarqua à la tête des légions romaines, et la ville devint le quartier général des troupes d'occupation. C'est également à Césarée que des milliers de Juifs furent massacrés ainsi que leur chef spirituel, rabbi Aquiba, lorque l'empereur Hadrien mit fin, dans un bain de sang, à la deuxième révolte juive ( révolte de Bar Kokhba 132-135).

C'est l'Iduméen Hérode (73-4 av. J.-C), nommé en 40 « Roi de Judée » par le Sénat romain, qui entreprit de construire à l'emplacement apparemment abandonné d'un comptoir phénicien, la Tour-de-Straîon, un port qui dépassera en splendeur le port du Pirée : « Lorsqu'il faisait la visite de ses villes maritimes, ayant trouvé que la Tour-de-Straton tombait en ruine tant elle était ancienne et que son assiette la rendait capable de recevoir tous les embellissements que sa magnificence lui voulait donner, il ne la fit pas seulement réparer avec des pierres très blanches, mais il y éleva un palais superbe, et ne fit voir dans nul autre ouvrage plus qu 'en celui-ci combien son âme était grande et élevée... Mais ce roi si magnifique se rendit par ses soins, par sa dépense et par son amour pour la gloire, victorieux de la nature. Il fit malgré tous les obstacles qui s'y rencontraient, bâtir un port plus spacieux que celui de Pirée, dans lequel les plus grands vaisseaux pouvaient être en sûreté contre tous les efforts de la tempête... » C'est ainsi que s'exprime le général et historien juif Flavius Josèphe sur les réalisations d'Hérode à Césarée (voir La Guerre des Juifs I, XVI; Antiquités XV, XIII).

Après la victoire d'Octavien (Auguste) contre Antoine et Cléopatre à Actium en 31 av. J.-C., Hérode se voit conserver, par le vainqueur, sa royauté. De plus, des territoires et des villes, dont la Tour-de-Straton sont annexés à son royaume. C'est ainsi qu'en l'an 22 av. J.-C. il entreprit la construction d'une ville de toute splendeur et, 12 ans plus tard, la vingt-huitième année de son règne il la consacra en la baptisant « Caesaera » en l'honneur de son patron l'empereur César Auguste. La ville était dotée d'un palais, d'un théâtre, d'un amphithéâtre (stadium), d'un aqueduc, de temples, de places publiques, d'entrepôts, de thermes et des cardo maximus et decumanus... Le port quant à lui fut appelé « Sebastos » (grec pour Augustus). C'est par l'ouverture de jeux olympiques quinquennaux qu'Hérode célébra la dédicace de son chef-d'oeuvre. La cité à caractère païen, malgré sa grande communauté juive, devint une porte ouverte par laquelle la culture gréco-romaine s'infiltra en Judée.

La ville, qui connut son apogée aux époques romaine et byzantine et qui garda un certain prestige pendant les Croisades, ne survécut pas aux assauts répétés des Mamelouks et des Turcs. Après les Croisades, la ville et le port disparurent peu à peu de l'histoire et furent enfouis sous les dunes de sable, et ses monuments principaux furent démantelés pour la reconstruction des villes comme Saint-Jean-d'Acre, Jaffa et autres. Vers 1880, l'Empire ottoman installa quelques réfugiés musulmans bosniens près des ruines de la citadelle des Croisés, où ils construisirent un village de pêcheurs qui subsista jusqu'en 1948.

C'est par l'intervention du baron Edmond Jacques de Rothschild, qui acheta à la fin du XIXème siècle des dunes de sable et des terres marécageuses autour des ruines de Césarée, que la vie réapparut dans cette région du Sharon. Pour assainir les marécages l'association PICA (Palestine Jewish Colonisation Association) fut créée par le baron. L'Eglise grecque orthodoxe acheta également des terres à Césarée. En 1940, près du théâtre romain, voit le jour le kibboutz Qesaria, rebaptisé Sdot Yam (Champs de la mer). Un de ses membres, l'héroïne Hannah Sénesh, fut parachutée à l'intérieur des lignes allemandes pendant la Deuxième Guerre mondiale. Prise par les Nazis elle fut exécutée.

En 1954, à la dissolution de l'association du baron, les terres devinrent propriété de l'Etat d'Israël sauf pour celles du nouveau Césarée. Cette localité résidentielle, aux villas somptueuses, comporte le musée d'art Ralli, l'hôtel luxueux Dan et l'unique terrain de golf du pays !

Nous vous proposons maintenant d'effectuer la visite du Parc national de Césarée Maritime situé entre le kibboutz Sdot Yam et Césarée. Un des deux accès se situe au sud du parc et conduit au théâtre romain. Immédaitement après l'entrée nous pouvons nous arrêter pour une introduction générale autour d'un plan-maquette qui illustre bien le développement de la ville aux différentes époques. Ce nouveau plan fait ressortir les découvertes archéologiques des dernières années en apportant les modifications nécessaires. Le premier croquis contemporain des ruines de Césarée remonte à 1882 et il fut effectué par les explorateurs britanniques C. R. Conder et H. H. Kitchener (Survey of Western Palestine). Leur plan servit de référence aux archéologues pendant de nombreuses années. Dans la première moitié du XXème siècle, après des découvertes fortuites, quelques fouilles furent entreprises sur le terrain mais sans grande envergure. Ce sont les expéditions archéologiques intensives à partir des années 60 qui exhumèrent le passé de Césarée.

De la maquette, c'est par un vomitorium (passage) que nous accédons au théâtre d'Hérode. Les pierres pour les fondations provenaient des carrières de grès (kurkar) toutes proches et abondantes sur le littoral. Le théâtre fut dégagé et relevé partiellement entre 1959 et 1963, par la Mission archéologique italienne. Ce théâtre d'Hérode était certainement parmi les plus anciens et les plus beaux édifices érigés à l'époque romaine en Orient. La Mission dégagea la cavea, structure concave comprenant les gradins ; l'orchestra, espace semi-circulaire au pied de la cavea, recouvert de marbre blanc ; et le logeion, l'estrade (scène) ; et un vomitorium, passage d'accès au théâtre. Le bâtiment était composé de deux caveae pouvant contenir environ 4 000 spectateurs. Les sièges des gradins (probablement en marbre) avaient disparu, mais dans l'orchestre les archéologues découvrirent un dédale de colonnes en granit et en marbre, des morceaux de frises et d'autres pièces architecturales provenant certainement du scaenae frons, mur derrière la scène, haut de trois étages et embelli par des colonnes et des statues. Pendant les jeux, le théâtre pouvait être recouvert d'un vélum, grande toile protégeant les spectateurs de la chaleur du jour. Les fouilles révélèrent qu'à une époque tardive des remaniements furent entrepris dans le théâtre, comme par exemple dans l'orchestra qui fut transformé en piscine pour des jeux aquatiques à caractère licencieux.

Au cours de ces transformations un petit escalier fut aménagé dont une des marches comportait la fameuse inscription mentionnant le nom de Pilate. Est-ce dans ce théâtre que le roi Agrippa I se présenta devant la foule revêtu d'une tunique argentée et fut acclamé en recevant des honneurs dus à Dieu seul ? : « Voix d'un dieu et non d'un homme ! » (Actes 12 : 22) ; «Alors ces lâches flatteurs... voyaient maintenant qu'ils devaient le révérer comme un dieu... » (Antiquités XLX, VII).

En accédant à la dernière rangée de gradins, au sommet du théâtre, c'est une vue imprenable qui s'ouvre devant nous : à l'Ouest, la Méditerranée et, le long du rivage vers le Nord, s'étalent les ruines du port et la ville d'Hérode. A l'horizon, vers le Nord-Est, par temps clair, nous apercevons les collines du Carmel et la plaine du Sharon. Derrière nous, au Sud, se dessine au premier plan la muraille byzantine de Césarée, puis le kibboutz Sdot Yam et la centrale thermo-électrique de Hadera avec sa jetée s'avançant loin dans la mer pour l'accostage des pétroliers et charbonniers.

Depuis sa rénovation, terminée en 1970, le théâtre a retrouvé sa fonction première. Des concerts, des représentations théâtrales ainsi que des opéras y sont régulièrement donnés. J'ai eu personnellement l'occasion d'assister à la fameuse oeuvre de Verdi, la Traviata. Soirée inoubliable sous les cieux de Césarée...

Du théâtre, pour se rendre au palais d'Hérode le Grand, nous empruntons un chemin bordé de chapiteaux, de bases et de fûts, en granit ou en marbre, qui ornaient les colonnes du théâtre, des temples et des palais. Une carte du bassin méditerranéen explique la provenance de ces matériaux : le granit de la Haute-Egypte (les piliers attachés sous des radeaux descendaient le Nil) ; le marbre blanc ou polychrome venait d'Asie Mineure, des îles grecques ou bien de Grèce même.

Le somptueux palais, construit sur un promontoire rocheux qui s'avance dans la mer, était un vaste ensemble architectural (110m x 60m) : une cour intérieure à péristyle, des salles aux pavements de mosaïque, des citernes, une piscine creusée dans le grès, alimentée en eau douce et entourée de portiques. Les murs des demeures étaient certainement recouverts de fresques ou de stucs comme à Massada et à Jérusalem. Flavius mentionne que « non seulement les palais en étaient bâtis de marbre blanc et très magnifiques, mais les maisons des particuliers étaient d'une très belle architecture... » (Antiquités XV, XIII).

Ce palais d'Hérode servit probablement de résidence aux procurateurs romains qui succédèrent à son fils Archélaus (ethnarque de Judée, 4 av. J.-C.-6 apr. J.-C.). Pour cette raison peut-être une copie de la pierre comportant la fameuse inscription au nom de Pilate fut placée dans la cour (l'original est exposé au musée d'Israël à Jérusalem). Sur trois des quatre lignes de l'inscription nous lisons : ...S TIBERIEUM ; ...(PON)TÏUS PILATUS ;... (PRAEF)ECTUS JUDA(EA)E... Cette inscription est la seule source archéoloqique mentionnant Pilate, connu dans les Evangiles pour la sentence de Jésus. A Césarée, Pilate aurait donc dédié un temple, ou un autre édifice, en l'honneur de l'empereur Tibère.

Si les procurateurs (préfets) romains résidaient dans ce palais, celui-ci leur servait de prétoire selon la coutume romaine dans les provinces. L'on peut également supposer que les événements mentionnés dans le livre des Actes des Apôtres concernant l'emprisonnement de Paul à Césarée eurent lieu dans cet édifice. Aurait-il comparu ici devant les procurateurs Félix et Festus ainsi que devant Agrippa II (Ac.24-26) ? Sa prison était-elle dans les salles souterraines du palais ? A la découverte du palais des revues bibliques et touristiques suggéraient que la prison de Paul avait été découverte ! Coup médiatique et touristique...

Par le rivage nous continuons notre visite et nous voici dans un édifice hérodien en forme de grand U, comprenant une arène et des centaines de sièges sur quelques rangées de gradins. Josèphe mentionne un amphithéâtre érigé par Hérode. Par sa forme et sa longueur (200m de long, 50 de large), il ressemble plus à un stade ou à un hippodrome qu'à un amphithéâtre. Douze rangées de gradins pouvaient accommoder plus de 10 000 spectateurs. C'est ici qu'Hérode inaugura sa cité par des jeux olympiques : « ... Il ordonna ensuite des jeux et des spectacles qui devaient se célébrer de cinq ans en cinq ans en l'honneur d'Auguste ; et lui-même en fit faire l'ouverture en la cent quatre-vingt-douzième olympiade. Il proposa de très grands prix non seulement à ceux qui demeureraient victorieux dans ces jeux d'exercices, mais aussi aux seconds et aux troisièmes qui auraient après eux remporté le plus d'honneur » (Guerre des Juifs, I, XVI). Cette innovation d'Hérode perdure encore aujourd'hui : médaille d'argent et médaille de bronze. Est-ce dans cet hippodrome, stade, que les prisonniers juifs de la deuxième révolte furent massacrés par les gladiateurs, et leur leader spirituel, rabbi Aquiba, écorché vif?... Ce stade connut quelques modifications avant de tomber dans l'oubli et d'être recouvert de plusieurs mètres de gravas. Lors des fouilles récentes, au pied des gradins, quelques rares fresques représentant des animaux sauvages furent restaurées et préservées.

Par un escalier au travers des gradins nous pouvons nous rendre au cardo maximus (axe nord-sud) bordé de colonnades et de magasins. De cette grande rue principale il ne reste que des fragments du dallage et quelques bases des colonnes découvertes in situ. Les dernières fouilles dans cette section de la ville ont révélé le plan en damier, quadrillage à angle droit, du type hippodamien (Hippodamus, architecte de Milet). Les quartiers délimités par les rues sont appelés par les archéologues insulae (îlots de maisons). Une des rues, construite suivant l'axe nord-sud, conduisait directement à un vomitorium du théâtre, une autre rue passait sous la porte flanquée de tours rondes au Nord de la ville. D'après les mesures effectuées par la Joint Expédition to Caesarea Maritima (JECMj, qui entreprit des fouilles dès 1971, dans le but de dégager les strates romaines et byzantines de la ville, les rues sont à une distance de 80 mètres dans l'axe est-ouest et de 120 mètres dans l'axe nord-sud. La ville hérodienne comportait, comme le précise Josèphe, des égouts creusés sous les rues.

Dans ce quartier, les archéologues terminent actuellement la préservation des thermes romains-byzantins construits après que l'hippodrome tomba en désuétude. Les différentes salles d'eau chaude (caldarium), d'eau froide (frigidarium) et salle tiède (tepidarium), occupaient plus de la moitié d'une insula. Ici également tout l'art gréco-romain était étalé : marbre, fresques, stucs, mosaïques...

Un peu plus au Nord, toujours dans ce quartier, la JECM a fouillé un autre complexe d'époque byzantine identifié comme le palais du gouverneur. Entouré par les rues principales de la cité, et occupant toute la superficie d'une insula, il se compose de sept pièces disposées autour d'une cour d'entrée qui donnait sur le cardo maximus. Sa façade ouest reposait sur les arches qui abritaient autrefois les entrepôts du port. Une vaste salle comportant une abside, située au centre du bâtiment, servait peut-être de tribunal. Plusieurs pavements de mosaïque mentionnent les noms d'employés et d'un « chef comptable ». Il s'agit apparemment du bureau de prélèvement des taxes perçues dans la province de Palestine dont Césarée était la capitale. Sur une des mosaïques, l'inscription grecque n'est rien d'autre qu'une citation de l'épître de Paul aux Romains : « Veux-tu ne pas craindre l'autorité ? Fais le bien, et tu auras son approbation » (Ro. 13 : 3).

Avant d'atteindre le port d'Hérode situé à l'intérieur de la ville croisée, nous laissons sur notre gauche quelques salles voûtées qui servirent d'entrepôts à l'époque romaine. Ces salles furent découvertes par la JECM,. Les tessons de poteries et d'amphores datés de 25 av. J.-C. témoignent du commerce international de vin, d'huile d'olive..., vers l'Afrique du Nord, l'Espagne, l'Italie, le Bassin égéen, etc... La découverte surprenante dans la salle voûtée n° 1, c'est un médaillon en marbre représentant le dieu perse Mithra sacrifiant un taureau. Cette salle (4, 95m de large, 4,94 de haut et longue de 31,30m) fut transformée en Mithraeum, lieu de culte au dieu Mithra, « le soleil invaincu ». Outre l'autel, l'on peut mentionner le plafond peint en bleu pour imiter la voûte céleste, et les peintures murales représentant des scènes de la vie mythique de Mithra. Cette religion orientale au culte à mystères trouva de nombreux adeptes à Rome, dans les provinces romaines occidentales et surtout chez les soldats et fut en compétition avec le christianisme naissant.

Dans le prochain numéro d'Un écho d'Israël nous continuerons notre découverte de Césarée par la visite du port, des entrepôts, de l'emplacement du temple d'Auguste et des ruines de la ville croisée avec ses remparts..., une rue byzantine et les aqueducs romains et byzantins.

Loïc Le Méhauté

Culture : Centre Herzl

Un musée vivant et un institut interactif d'étude sur le sionisme

Le nouveau Musée Herzl fut inauguré le 26 mai 2005, à l'occasion du centième anniversaire de la mort de Théodore Herzl le 7 juillet 1904. A cette occasion le président de la Knesset, R. Rivlin termina son discours en disant : « Si Herzl était candidat aujourd'hui à la Knesset, c'est peu probable qu'il serait élu. Il n'aurait pas non plus trouvé un parti qui lui convienne. » Et le président de l'Agence juive d'ajouter : « Tout le rêve d'Herzl n'a pas encore été réalisé. »

Ce musée ne se présente pas comme un musée habituel avec vitrines, photos, lettres, et livres à consulter. Car son but n'est pas d'intéresser quelques chercheurs, mais de permettre aux jeunes générations du pays d'entrer dans la réalité du sionisme naissant en faisant la connaissance de son visionnaire, Herzl, et en revivant avec lui quelques épisodes de sa vie. C'est un musée vivant !

Dès l'entrée on se trouve en 1894 avec Herzl, écrivain, âgé de 34 ans, dans un café de Vienne, sa ville. Puis à Paris où le journal « Neue Freie Presse » l'avait envoyé couvrir le procès et la dégradation du capitaine Alfred Dreyfus, accusé faussement de trahison.

Nous voilà dans les rues de Paris entourés d'affichés antisémites et entendant la foule hurler, sur l'esplanade des Invalides : « Mort aux Juifs ». Impressionné, Herzl, de retour à Vienne, écrira en 1896 son livre « L'Etat juif ». Livre d'un fou diront certains. Mais le psychiatre Max Nordau, enthousiasmé par l'idée d'un Etat juif, deviendra son collaborateur.

Puis nous voilà nous installant dans une salle au milieu des congressistes juifs de l'époque, en plâtre, et assistant au premier Congrès Sioniste de Bâle du 29 au 31 août 1897, présidé par Herzl. « Le Congrès est l'acte de naissance de l'autonomie politique » écrit Georges Bensoussan. Première rencontre juive internationale depuis l'exil ! Herzl proclame : « Le but du sionisme est de créer pour le peuple juif un foyer en Palestine garanti par le droit public. » Débats passionnés et souvent contradictoires.

On participe alors à ses pourparlers avec le Sultan turc à Constantinople et avec Lord Chamberlain à Londres, deux des rencontres les plus saillantes de son intense activité diplomatique à travers l'Europe et le Moyen Orient.

Puis nous voilà avec lui en Palestine où il rencontre en 1898 le Kaiser allemand à Mikvé Israël (première école juive d'agriculture en Palestine). Ce qu'il verra de ce pays : sécheresse, poussière et mendicité. A son retour il écrit, rédige et prépare le prochain congrès dans son bureau que nous visitons. Dans sa bibliothèque, nous trouvons « L'Etat juif » traduit, déjà à l'époque, en 5 ou 6 langues. Sur le bureau, son journal, dans lequel il avait écrit en rentrant du premier Congrès : « A Bâle, j'ai fondé l'Etat juif... dans cinq ans peut-être, certainement dans cinquante ans, ce sera une évidence... » En effet, 50 ans et 9 mois après l'Etat juif proclamait son indépendance!

Nous sommes alors conduits à ressentir la frustration croissante d'Herzl, tous ses contacts diplomatiques ayant échoué. Comment trouver une solution rapide pour les Juifs d'Europe victimes d'incidents antisémites violents de plus en plus nombreux ? Son inquiétude ne fait que croître avec le pogrom de Kishinev en Russie (1903).

Puis nous assistons au 6° congrès sioniste de Bâle en 1903. Herzl enthousiaste présente aux 500 congressistes l'offre faite par l'Angleterre : l'Ouganda. « Ce sera notre asile de nuit », en attendant. Débat houleux, colère des Juifs russes, des « Amants de Sion » en particulier. Herzl découragé et fatigué proclame : « Si je t'oublie Jérusalem ! » Son coeur déjà malade ne résistera pas. Il meurt le 7 juillet 1904. L'année suivante le 7° congrès rejettera le projet de l'Ouganda.

Nous nous asseyons alors dans une salle de cinéma. Sur la galerie un Herzl, en plâtre, regarde l'écran où défilent toutes les réalisations modernes qu'Herzl, le visionnaire, avait écrites en 1902 dans son livre « Altneuland » (un vieux nouveau pays) traduit en hébreu sous le titre « Tel Aviv ». On voit déferler une avalanche d'images depuis les premières alyas (immigrations juives en Israël), de la vie collective des kibboutzim et des moshavim, jusqu'aux centres technologiques et scientifiques de renommée mondiale. Herzl parle aussi de sa vision d'une société juive idéale à tous points de vue... Tout un programme !

En ressortant du musée nous traversons le mont Herzl avec ses cèdres immenses, dons de divers pays, et arrivons à la tombe où la dépouille d'Herzl fut transportée de Vienne à Jérusalem en août 1949,... dans « un cortège triomphal qui célébrera la victoire de la vision sur la réalité ! » selon les termes de David Ben Gourion.

Antoinette Brémond et Suzanne Millet

 

Connaissance du judaïsme :

« Sonnez du cor au mois nouveau... »

Tous les chrétiens, du moins ceux qui sont dotés d'un minimum de culture religieuse, connaissent les paroles que Jésus adresse à l'apôtre Simon bar Yona avant de changer son nom en celui de Pierre : « Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les deux. » (Mt 16,19). Cette idée qu'une décision prise sur la terre puisse entraîner des conséquences dans les cieux est connue aussi de la tradition juive. Le parallèle vaut qu'on s'y arrête.

Le premier jour du mois de tishri, qui est aussi le premier jour de l'année juive depuis le retour de l'exil, est le début d'une période de pénitence de dix jours, les «jours redoutables », période qui se conclut le dix du mois, le jour de Kippour. À la fin de cette période, le sort de chacun est scellé pour l'année qui commence.

Le mois commence avec la nouvelle lune. Cependant, il revenait au sanhédrin, lorsqu'il existait, d'en proclamer solennellement l'ouverture, la néoménie, et il ne le faisait qu'après avoir entendu des témoins oculaires attester que le mince croissant s'était bien rendu visible dans le ciel. Quiconque avait vu la nouvelle lune avait le devoir de venir en témoigner. La mishna nous donne à ce sujet des précisions pittoresques. Les témoins étaient autorisés, le cas échéant, à franchir de longues distances le jour du sabbat, et même à se munir de bâtons pour se défendre des bêtes et des brigands. Comme ceux qui habitaient loin de Jérusalem pouvaient être dissuadés d'entreprendre le voyage à l'idée que leur déposition serait inutile, pusqu'ils auraient été devancés par ceux qui habitaient sur place, on organisait à Jérusalem un grand banquet pour les encourager à venir. Cependant, on les interrogeait d'une manière plus sommaire que ceux qui avaient déposé les premiers.

« Sonnez du cor au mois nouveau », dit le psaume 81. Au début de tishri, la sonnerie de la corne, le shofar, est bien plus qu'une indication de calendrier. Elle marque le début de la période pendant laquelle Dieu va juger le monde, jugement qui sera scellé dix jours plus tard. Or, le nouvel an liturgique ne coïncide pas forcément avec les indications astronomiques. Le ciel a pu être couvert et la lune demeurer invisible. Le jugement du monde ne commencera pas avant que le sanhédrin n'ait sanctifié la néoménie. Le jugement divin est donc, d'une certaine manière, suspendu à une décision humaine. Le psaume poursuit : « C'est une loi pour Israël, un jugement pour le Dieu de Jacob. » La mishna commente ainsi l'enchaînement des deux parties de ce verset : « Le tribunal d'en-haut ne s'apprête à juger que si le tribunal d'en-bas a déjà procédé à la consécration de la néoménie. » Parce que c'est une loi pour Israël, c'est un jugement pour le Dieu de Jacob. La décision d'en-bas précède celle d'en-haut. Le tribunal d'en-haut, Dieu et la cour céleste, ne peut siéger tant que le tribunal d'en-bas, le sanhédrin, n'a déclaré la séance ouverte.

Pour en revenir à notre point de départ, signalons que c'est le jour de Kippour, selon certains exégètes, que Jésus dit à Simon : « Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. » La coïncidence n'est peut-être pas fortuite...

Lorsque Benoît XVI s'est rendu à la synagogue de Cologne, la communauté juive lui a fait présent d'un shofar. Le successeur de Simon bar Yona, surnommé Pierre, tenant en mains le shofar : une conjonction de symboles probablement involontaire, et dont bien peu sans doute, que ce soit du côté juif ou du côté chrétien, ont perçu les harmoniques.

Michel Remaud

Flashes d'espoir

Comme toujours, dans le tourbillon il est bon de relever les choses positives. Et il y en a toujours. Par exemple le comportement très modéré des soldats et policiers durant l'évacuation des habitants de Goush Katif, face aux insultes, aux avalanches de saletés, de planches et de liquides corrosifs. Mais tous ces faits méritent un article à part. Prenons donc un tout autre sujet, dans le domaine des rapports judéo-chrétiens, et cette fois à Jérusalem même :

Le Cardinal Martini, encore récemment Archevêque de Milan, jésuite exégète, fidèle à ce qu'il a toujours dit et écrit, s'est installé discrètement à Jérusalem. Il se concentre sur la prière et l'étude biblique. Il a écrit un livre paru cette année sous le titre Verso Gerusalemme (Vers Jérusalem), bien conforme à ce qu'il a dit plus d'une fois dans des rencontres judéo-chrétiennes - par exemple en 1993 "Les racines juives nous ont manqué, et cette blessure est encore ouverte. C'est seulement en retournant à Jérusalem que l'Eglise réussira à guérir....". Et voilà que son livre récent vient d'être traduit en hébreu. Il a été fort bien accueilli à l'Université de Jérusalem et c'est un rabbin orthodoxe, un pionnier du dialogue, le rabbin David Rosen, qui a fait la préface. Elle comporte des points intéressants pour nos lecteurs, - n'oublions pas qu'elle a été écrite en hébreu pour un public israélien - et nous la donnons ci-dessous :

La plupart des Juifs d'Israël, tant religieux que laïcs, ne connaissent pas de chrétiens. Même quand ils vont à l'étranger, ils rencontrent les non-juifs en tant que non-juifs, et non pas comme chrétiens. Aussi les idées courantes dans le public juif de ce pays au sujet du christianisme et des chrétiens sont généralement négatives par suite du passé tragique.

Fort peu d'entre eux sont conscients des changements révolutionnaires dans l'attitude de l'Eglise catholique envers le judaïsme et les Juifs depuis la déclaration Nostra Aetate du Concile Œcuménique il y a 40 ans.

Dans ce processus, certaines personnalités d'envergure se sont fait remarquer, entre autres le Cardinal Carlo Maria Martini connu comme impliqué dans les rapports judéo-chrétiens.

Aussi est-il imponant que ce livre du Cardinal Martini soit publié en hébreu , ce qui permet au public israélien défaire connaissance avec ce changement historique dans l'attitude du christianisme envers le peuple juif, ses traditions, sa foi, ses valeurs et sa terre.

Assurément, le fait même que ce soit un rabbin orthodoxe qui ait été invité à écrire la préface d'un livre écrit par un"Prince de l'Eglise" est un signe de plus de ce renversement, comme l'est aussi la générosité de l'auteur et son amour d'Israël.

Dans ce livre nous trouvons des réflexions et commentaires instructifs qui reflètent la spiritualité profonde, la grande culture, le talent intellectuel, les valeurs morales - tout ensemble avec la modestie impressionnante - de cette personnalité exceptionnelle.

Il va sans dire que l'on trouve dans ces articles des conceptions que je ne peux faire miennes, ou même que je ne comprends pas, du fait même que je ne suis pas chrétien. Mais ce qui frappe surtout, c 'est le lien profond du Cardinal Martini non seulement avec la Bible et la Terre Sainte, mais aussi avec le peuple juif, sa culture et son héritage spirituel.

Comme l'indique le titre, le Cardinal se dit lié à la ville de Jérusalem au point qu 'il fait siens les mots du Psaume 8 : « De Sion l'on dira "Tout homme y est né ". » Mais tout le livre témoigne combien cela dépasse les limites physiques de la ville. De même qu Isaïe a identifié la ville avec le peuple d'Israël, l'amour du Cardinal Martini pour la ville englobe le peuple et sa Tora. Pour lui cela a des conséquences pratiques qui à ses yeux engagent tout chrétien, suivant ses paroles : « Il ne suffit pas de lutter contre l'antisémitisme, il faut apprendre à connaître les trésors de l'histoire et de la culture du peuple juif, en vivre et se retrouver en elles ; c'est elles qui nous amèneront à découvrir nos propres racines. »

Le Pape Jean-Paul II, dans son message au Congrès juif mondial à Varsovie en avril 1993 marquant le 50ème anniversaire de la révolte du ghetto de Varsovie, écrivait entre autres : « Juifs et chrétiens sont appelés, à la suite de la foi d'Abraham, à être une bénédiction pour le monde (Genèse 12,2)... ce qui exige que nous, chrétiens et Juifs, soyons d'abord une bénédiction les uns pour les autres. »

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Le Cardinal Martini est une réponse à cet appel. Récemment il nous a rejoint, nous qui avons le privilège de vivre dans la Ville sainte qu 'il aime tant. Nous en recevons déjà une bénédiction. Mais le lien spirituel qui le lie au peuple d'Israël et à son héritage sont pour nous la plus grande bénédiction.

Rabbin David Rosen

Au fil des mois...

(articles publiés sur notre site internet)

Israël veut développer le site du baptême du Jésus - 6 août 05

Le ministre israélien du tourisme, Avraham Hirchson, a annoncé son intention de développer le site de Qassar El-Yhoud, lieu traditionnel où catholiques, orthodoxes et arméniens situent l'endroit où Jésus fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Situé au nord de la mer morte, le lieu est actuellement une zone militaire fermée et les pèlerins ne peuvent s'y rendre qu'avec une autorisation de l'armée. Les différentes confessions peuvent y célébrer la messe quelques fois par an et les groupes qui le désirent doivent demander l'autorisation de Tsahal pour le visiter. Le site n'est ouvert que quelques jours par mois et à chaque fois, pour une durée de moins de quatre heures. Dans son état présent, il ressemble plus à une décharge publique qu'à un lieu touristique, personne ne prenant en charge son entretien.

Le ministère du tourisme souhaite faire de ce lieu saint un site aménagé ouvert au public, à l'instar de ce que les Jordaniens ont fait sur l'autre rive du fleuve. Le projet est d'ouvrir un site comparable à celui qui existe au sud du Lac de Tibériade, au bord du Jourdain là où les protestants viennent célébrer de nombreux baptêmes. Avec le temps, toutes les confessions chrétiennes se rendent sur ce lieu situé à quelques kilomètres seulement de la ville de Tibériade.

Le ministère estime que lorsque le site de Qassar El-Yhoud sera rénové et aménagé pour les célébrations liturgiques, plus de 250 000 visiteurs par an s'y rendront. Tous les pèlerins, surtout catholiques et orthodoxes, qui descendront à la mer morte pourront venir sur le lieu où, suivant la tradition, Jésus à été baptisé. Le ministre Avraham Hirchson essaie actuellement de persuader le ministère des finances de l'intérêt de ce projet de rénovation.

Rédaction

Rapport sur la pauvreté en Israël : un enfant sur trois est pauvre - 9 août 05

La Sécurité sociale israélienne a publié son rapport annuel sur l'état de la pauvreté : il en ressort qu'en 2004, un Israélien sur 5 (1 534 000) vivait en dessous du seuil de pauvreté, soit 100.000 personnes de plus qu'en 2003. Pour les enfants les statistiques sont encore plus alarmantes puisque 714 000 enfants, soit 1 sur 3 vivent en dessous du seuil de pauvreté.

En 2004, le nombre de pauvres en Israël a enregistré une hausse de 7.5 % . C'est le rapport le plus terrible depuis la création de l'Etat d'Israël. Après six années de stabilité relative, les chiffres de la pauvreté ont commencé à remonter à partir de 2003. Les familles pauvres sont passées cette année-là de 18.1 % à 19.3%.

Par ailleurs, le rapport montre une augmentation des inégalités sociales : l'indice du fossé entre riches et pauvres était en 2004 de 0,379, contre 0,370 en 2003.

Le niveau de vie des personnes riches est quatre fois supérieure à celui des pauvres.

Rédaction

Katsav demande pardon aux habitants des implantations - 10 août 05

Ce mercredi 10 août, alors que près de 70 000 opposants au retrait étaient réunis au Mur occidental à Jérusalem pour une prière publique demandant un miracle à 5 jours du début du désengagement, le président Moshe Katsav a voulu s'adresser à tous les Israéliens et particulièrement aux habitants des implantations qui doivent être évacuées. Il a commencé par leur demander pardon : « « Nous savons que vous vous y êtes installés en toute conscience et d'après les décisions des différents gouvernements d'Israël. Vous y avez bâti des localités florissantes, élevé des générations d'enfants et d'adolescents, honorant le pays tout entier. Au nom du peuple d'Israël, je vous demande pardon pour la demande qui vous est faite de partir après des dizaines d'années de construction et de sacrifices. »

Puis il leur a demandé avec insistance : « Après un an de durs combats et de discussions difficiles, l'heure est arrivée. Vous devez respecter la décision des autorités de l'Etat : de la Knesset et du gouvernement. Cette décision a été entérinée par la Haute Cour de Justice. » « La loi de l'Etat est la loi », a ajouté le président en citant cette célèbre sentence du Talmud.

Katsav s'est montré inquiet de la façon dont certains opposants menaient leur combat : « Même celui qui pense que cette démarche est une erreur et qu'elle est dangereuse, il ne lui est pas permis d'agir contre la loi pour faire annuler cette décision. » Puis d'ajouter : « Il y a des limites à la lutte. Il faut d'éviter toute expression extrémiste car certains pourraient en tirer de fausses conclusions. »

Le président de l'Etat a également désapprouvé les militaires qui refusent d'obéir aux ordres. Enfin, Moshe Katsav a appelé à garder l'unité du peuple : « L'esprit pionnier qui vous caractérise est vital pour le peuple et l'Etat dans la suite du chemin. Il restera évidemment des plaies et de l'amertume, mais il faut se rapprocher. A vous de garder cet esprit en vue des prochains combats qui nous attendent. »

Rédaction

 Evacuation du Goush Katif : « nous sommes tous frères » - 18 août 05

Les chaînes de télévision israélienne retransmettent en direct, presque en continu, les événements qui se déroulent dans le Goush Katif. Les images sont dures et parfois difficilement supportables. Mis à part quelques incidents et des violences verbales de la part des évacués, à l'heure où nous écrivons ces lignes, aucun incident majeur n'a été signalé. La presse nous avait préparé à des scénarios extrêmes, il n'en est rien et heureusement. Tsahal et la police israélienne, dans cette opération des plus délicates, ont choisi la transparence. La liberté de la presse est totale et les journalistes qui sont présents dans les implantations peuvent faire leur travail sans la moindre restriction alors qu'au même moment les journalistes étrangers qui se trouvent dans la Bande de Gaza sont confinés dans un hôtel et craignent de se promener librement après l'enlèvement du preneur de son de France 3.

Le revers de la médaille de cette présence massive des médias est la dramatisation des faits. Chaque incident vécu en direct devient un événement. C'est la télé- réalité dans ce qu'elle a de plus impudique. Les familles évacuées n'ont pas droit à leur intimité dans ce moment qui restera pour elles l'un des événements les plus durs de leurs vies. La transparence et la liberté de la presse ont un prix et ce sont les personnes évacuées et les forces de l'ordre qui le payent.

Les journaux français insistent bien évidemment sur les affrontements entre les forces de l'ordre et les évacués. Charles Enderlin sur France 2, avec un ton hautain, parle des colons comme des mouches à chasser au plus vite. Il est certes difficile en quelques minutes à la télé ou à la radio de rendre compte d'événements comme celui-ci, mais nous aurions voulu entendre pour une fois quelque chose de plus vrai. Les policiers et les soldats qui viennent évacuer - et non pas expulser - les habitants des implantations ne sont pas des ennemis, loin de là Les soldats qui sont interrogés le répètent à chaque occasion depuis le début de l'opération : « ce sont nos frères. » La douleur et l'émotion des évacués touchent profondément les soldats et les policiers. Certains craquent et pleurent, d'autres essaient de contenir leur émotion. La patience des forces de l'ordre est admirable. Aucune violence de leur part, aucune provocation. Ils évacuent leurs frères avec fermeté et détermination mais, surtout, avec une humanité admirable. Le destin les unit à tout jamais. Hier, un père de famille qui s'est effondré dans les bras d'un officier lui a demandé de rester en contact avec lui après l'évacuation. Ce sont les mêmes soldats qui font le siège de la synagogue de Kfar Darom - des dizaines déjeunes y sont barricadés - et qui leur distribuent des bouteilles d'eau.

La majorité des résidents du Goush Katif n'oppose pas de résistance aux forces de l'ordre et se laisse évacuer. Les difficultés viennent surtout des 'infiltrés' : ces jeunes et adolescents qui n'habitent pas dans ces implantations et qui sont venus 'renforcer' les familles du Goush. A Morag, les fondateurs de l'implantation qui sont partis sans poser de difficulté sont en colère contre ces agitateurs qui viennent faire leur loi et qui détruisent tout sur leur passage. Pour ces jeunes, qui sont en vacances, c'est une occasion de devenir des héros et de « rentrer dans la légende » surtout lorsque les caméras du monde entier sont braquées sur eux. S'ils ne sont pas représentatifs de l'immense majorité des habitants juifs de la Bande de Gaza, ils sont par contre des excellents acteurs pour la télé-réalité.

Jean-Marie Allafort

Jérusalem accueille les évacués de Névé Dekalim - 19 août 05

Près de 200 familles évacuées de Névé Dekalim et d'autres implantations du Goush Katif sont accueillies dans des hôtels par la mairie de Jérusalem. Récit d'une arrivée dans la ville sainte.

Le calme après la tempête. Silence. En entrant dans l'hôtel Shaarei Yerushalaïm, c'est l'impression que j'ai eue : un havre de paix. Etait-ce comme après la naissance d'un enfant, ou après la mort d'un parent ? Etait-ce comme après une traversée houleuse, ou après un tremblement de terre ?

Maintenant tout était silencieux dans cet hôtel où étaient arrivés dans la nuit du 17 au 18 août plusieurs dizaines de familles du Goush Katif.

A l'entrée un écriteau : « Bienvenue aux habitants du Goush Katif. » A l'intérieur, une table dressée avec gâteaux, fruits et boisson. Dans un coin, des sacs en plastique remplis de biscuits et de bonbons. Il y a quelques personnes dans le hall. Croyant que tous viennent de là-bas, je me tourne vers un couple de juifs religieux dont le fils portait un tee-shirt orange. « Bonne arrivée » leur dis-je. « Merci, mais nous sommes de Jérusalem Mon fils a apporté des jouets pour les enfants du Goush. Savez-vous à qui les remettre ? » Nous nous apercevons alors qu'il y a dans le hall deux jeunes assistantes sociales qui, calmement, passent de l'un à l'autre pour noter les besoins, les désirs, les problèmes, les questions. Tout se fait dans le calme, dans le silence presque !

Une femme du Goush est là, avec sa mère, le visage paisible. Elle me sourit. Je lui demande : « Etes-vous bien logées ici ? » « Bien sûr, c'est un très bon hôtel. Nous y sommes pour 10 jours et après ? Nous serons à la rue » me dit-elle tout en ajoutant : « II a son plan pour nous. Et nous sommes soutenus par tant de gens. Une foule était là à deux heures du matin pour nous accueillir à l'hôtel. »

L'orange devient couleur de solidarité, de main tendue.

Nous repartons pour aller dans l'hôtel César, rue de Jaffa ayant accueilli 9 familles et en attendant d'autres. Là aussi, une affiche souhaitant la bienvenue. Dans le hall, il n'y a que quelques visiteurs. Tous sont encore dans leurs chambres.

Cette après-midi, je vais à l'hôtel Shalom dans le quartier religieux de Bait Vagan. Grand hôtel. 54 familles y sont accueillies. Il est 16h30. A l'entrée, une table d'accueil, pour s'inscrire, se renseigner. Dedans, une cinquantaine d'enfants assis sur la moquette. Des volontaires sont venus avec un petit théâtre ambulant : de la prestidigitation, et tout un scénario pour faire rire et pour faire participer ces nouveaux arrivés.

Sur un mur, une affiche où chacun des visiteurs pouvait écrire un mot ou épingler une lettre de bienvenue et d'encouragement. Je lis : « Fortifie-toi et prends courage » ou encore : « Ni par puissance, ni par force mais par l'Esprit du Seigneur. » « Dieu est avec vous. » « Nous attendons avec vous le salut éternel. » Là aussi, de quoi manger et boire, distribué aux enfants et aux adultes. Une femme assise à côté de moi que je croyais venir de là-bas m'interroge : « Vous venez du Goush Katif ? »- « Non » - « Moi non plus, je suis venue visiter seulement. - « Oui, nous sommes mélangés, ensemble, unis, un seul peuple et bien malin celui qui veut nous séparer, nous dissocier. »

Alors je me tais. C'est le temps de se taire. D se passe quelque chose. Je reste là au milieu de ce monde d'enfants, de jeunes et d'adultes, déracinés. Soudain un cri, une femme a craqué nerveusement. Des hommes, des femmes accourent, la serrent dans leurs bras, l'encouragent. Et je constate que ce n'est pas une foule de réfugiés qui sont là, mais une communauté très organisée, chacun ayant sa fonction.

Demain Shabbat. Beaucoup d'autres viendront les visiter, surtout les 'orange'.

La municipalité de Jérusalem a ainsi mobilisé plusieurs hôtels pour recevoir 200 familles en essayant également de leur fournir les services sociaux nécessaires. Et la société a suivi. Même sur la route à l'entrée de Jérusalem, des jeunes 'orange'sont là pour accueillir et répondre aux questions.

En rentrant, je n'ai plus envie de regarder la télévision sur le retrait. J'étais déjà plus loin, au pas suivant... Dans un regard de foi, certains avaient tourné la page, et avaient écrits sur les murs de leurs maisons : "Dieu a donné, Dieu a repris."

Antoinette Brémond

"Redevenir une nation" par le rabbin Shlomo Riskin d'Efrat - 4 sept. 05

Le retrait de Gaza, l'expulsion, a pris fin. Mais est-ce aussi la fin du sionisme religieux ? Il me semble en tous cas qu'il nous faut tirer des leçons de cet événement pour nous permettre de sortir renforcés de cette période difficile.

Nous avons appris que nous sommes vraiment une nation et qu'aucun groupe ne désire se séparer des autres. D'où le fait que seuls quelques soldats ont refusé d'obéir aux ordres malgré les conseils de plusieurs rabbins. Il n'y a pas eu de véritable violence. Beaucoup d'habitants des implantations et de leurs responsables ont eu une attitude très digne. Les soldats et la police se sont comportés avec une grande maîtrise de soi et sensibilité malgré la difficulté de leur tâche. Pendant cette période, tout en pleurant, j'étais fier d'être un juif israélien.

Mais est-ce la fin du sionisme religieux ? Oui si sa définition est uniquement : « le Grand Israël » et « nous désirons le Messie maintenant », non pas seulement comme un désir, mais comme notre réalité historique actuelle.

Rappelons-nous les propos de Maïmonide : « Que personne n'imagine que le cours normal des événements sera changé pendant l'ère messianique ou qu'il y aura des transformations dans l'ordre de la création. Le monde continuera son cours normal. »

De cela on tire que personne n'a le droit de déclarer, par exemple, que Dieu ne permettra jamais que Goush Katif soit démantelé, comme les rabbins l'on fait. Ou alors que, si nous prions tous ensemble et très nombreux au Mur occidental nos prières doivent être exaucées. La seule garantie que la Tora donne est que le peuple juif ne sera jamais complètement détruit et que la paix mondiale émanera éventuellement de Jérusalem.

Pour le reste, prie et travaille pour obtenir le meilleur mais prépare toi à accepter le pire. Le Talmud enseigne que « même lorsqu'une épée est sur votre gorge, vous devez continuer à espérer en la providence divine. » Pourtant nos Sages déclarent aussi : « Il est interdit de compter sur des miracles. »

Le meilleur moyen pour atteindre notre but est de vivre de dialogue et de fraternité avec nos frères et sœurs non pratiquants. Le sionisme religieux des premières années de l'Etat jusqu'à la guerre de Kippour (1973) était basé sur un compromis par rapport au pays. Nous acceptions le plan de séparation de l'ONU. Nous acceptions en 1956 le retrait du Sinaï. Nous savions que ce que nous vivions n'était que le début du processus de notre rédemption, processus lent, fait d'avancées et de reculs, de réussites et d'échecs.

C'était une attitude de compromis qui a évité des affrontements avec les Palestiniens fondamentalistes. Nous nous distinguions de ceux des nôtres, les plus nationalistes, qui disaient : « nous ne concevrons pas un seul mètre carré. » Et c'est cet esprit de compromis qui nous a permis d'être toujours présents dans tous les gouvernements successifs en tant que parti religieux.

C'est la seule manière de pouvoir vivre ensemble dans un état démocratique, même lorsque le Premier ministre pousse la démocratie à ses limites. Car nous devons empêcher le feu d'une haine interne de nous détruire aujourd'hui comme souvent dans l'histoire.

C'est après la guerre de Kippour qu'on a commencé à voir des autocollants comme : « Israël a confiance en Dieu », alors que jusque là, ils clamaient la gloire de Tsahal, résultat de la guerre des Six Jours (1967). A ce moment-là, une part importante des Israéliens du mouvement national religieux ont commencé à sentir que l'ère messianique était déjà arrivée, que le Grand Israël était à notre porte et que construire des implantations en Judée, Samarie et Gaza devait être notre priorité.

C'était comme si le Tout Puissant avait conclu une alliance avec notre génération : Nous devions bâtir les implantations et Dieu garantirait leur permanence. Et nous avons bâti des implantations magnifiques, des communautés modèles basées sur l'amour du pays et sur l'amour spirituel et intellectuel de la Tora. Mais en faisant cela, nous avons laissé derrière nous le reste de la nation.

Beaucoup d'implantations étaient réservées aux seuls orthodoxes et durant ces 30 dernières années, de plus en plus de religieux nationalistes ont choisi de vivre dans des communautés séparées en dehors de leurs frères non pratiquants. Deux nations ont commencé à émerger, deux nations qui ne se rencontraient que très rarement face-à-face.

Nous avons aussi créé tout un système d'éducation depuis des garderies d'enfants à partir de 6 mois, des jardins d'enfants jusqu'aux écoles rabbiniques en passant par des écoles de musique et d'art, des écoles préparatoires militaires et des écoles talmudiques pour les jeunes soldats. Mais ces écoles étaient toutes orthodoxes, réservées aux religieux. Nous ne nous occupions pas des réels problèmes de la société, le trafic des femmes, la corruption, la pauvreté croissante. Etant profondément impliqués dans nos propres institutions, nous ne nous intéressions plus au monde séculier autour de nous.

Les pères fondateurs de l'Etat, quoique peu scrupuleux par rapport au Shabbat, étaient profondément liés à l'Ecriture, à la Bible et amoureux du pays où ils étaient de retour. Ils voulaient « construire et être construits. »

A.D. Gordon, Ahad Ha'am, Bialik, Ben Gourion et Lévi Eshkol étaient très loin de la position de Yossi Beilin qui écrivait que son grand-père avait fait une erreur en ne votant pas pour le Foyer National en Ouganda lors du 6ème congrès sioniste. Et celle de Shimon Pérès qui proclama que le nouveau Moyen-Orient nous entraîne à nous joindre à la Ligue Arabe, et que le tombeau de Rachel et la grotte de Machpela à Hébron sont sans importance. Ce n'est pas étonnant que nous soyons tellement séparés.

Donc, que faire ? Nous avons tous à nous remettre en question. Pour nous, la principale leçon du désengagement doit être notre retour à un messianisme selon la norme et la nécessité absolue de trouver un langage commun entre les pratiquants et les non observants, langage basé sur la tradition juive.

Il doit y avoir une culture juive pour tout le peuple d'Israël, culture présente dans notre musique, notre art, notre théâtre, nos organisations sociales, nos écoles, notre télévision, notre radio.

Nous avons de plus en plus besoin de quartiers où nous pouvons vivre ensemble et établir de véritables dialogues. Nous devons faire revivre le drapeau original du sionisme religieux, avec nos trois priorités, nos trois idéaux : le pays d'Israël, la culture de la Tora d'Israël et le peuple d'Israël. Nous ne pourrons plus jamais nous permettre d'oublier le peuple d'Israël dont la majorité est laïque, dans notre enthousiasme pour le pays et la Tora.

Je suis persuadé qu'en faisant ainsi nous finirons par apprendre à nous respecter mutuellement et même à créer ensemble une culture et des valeurs qui transformeront notre Etat en « lumière des nations ».

Devenir ainsi un modèle de paix et de respect mutuel dans une société occidentale décadente.

Jérusalem Post, 2 septembre 05 ; Traduction : Antoinette Brémond.

 

Tel Aviv, ville francophone pour un été - 1er sept. 05

Tel Aviv, la première ville hébraïque du monde, est passée cet été au français. Sur les plages, dans les rues, les grandes surfaces et dans les restaurants, la langue de Descartes s'est fait entendre. Sur la promenade de Tel Aviv, des drapeaux français flottaient dans le vent. Cette année, certaines invitations pour des discothèques et des soirées dansantes étaient écrites en hébreu bien sûr mais aussi en français. L'anglais s'est retrouvé relégué au 3ème rang. Il est vrai que les touristes anglophones n'ont pas vraiment déferlé sur les côtes israéliennes.

Le phénomène d'écrire des annonces publicitaires en français est de plus en plus fréquent. Par exemple, Upgrade, une célèbre salle de gym situé à deux pas de l'ambassade américaine, a dressé sur la rue un grand tableau en français pour vanter ses services.

Dans la plupart des restaurants en Israël les menus sont en hébreu et en anglais, mais on peut dorénavant en trouver parfois en français. La presse israélienne a même dénoncé certains escrocs qui n'affichaient pas les mêmes prix en hébreu et en français. 28 restaurants ont été rappelés à l'ordre et le ministère du tourisme a l'intention de lutter contre ce phénomène.

Pour certains restaurants du bord de mer la saison estivale a été « sauvée » par les juifs français. Shaï, patron d'un célèbre restaurant de Tel Aviv qui regrette de ne pas parler français nous explique : « C'est souvent une clientèle exigeante mais ils nous font vivre. Sans eux, j'aurais été obligé de licencier du personnel. Les Israéliens viennent de moins en moins au restaurant et l'on ressent la montée de la pauvreté. Sans les touristes français, l'été aurait été catastrophique. » A chaque fois que je passais devant son immense restaurant du bord de mer, j'entendais parler français.

Dans les hôtels, un guide touristique en français a été spécialement conçu pour les vacanciers du mois d'août. L'union hôtelière avait ouvert au début de l'été une campagne de recrutement de barmen, serveurs, et agents d'accueil parlant le français.

Un peu partout dans les villes côtières de la Méditerranée comme à Eilat ou encore à Jérusalem, les juifs de France sont venus cette année en nombre.

Marc, un jeune juif de Boulogne-Billancourt, rencontré à Hertzliya explique pourquoi il aime venir passer ces vacances en Israël : « Je ne me sens pas tellement juif en France, toute l'année je travaille comme un fou et je n'ai pas trop de contact avec la communauté juive. Lorsque je viens ici, je redécouvre mon identité. »

Jacques, 23 ans, rencontré dans un taxi-service assurant la liaison Jérusalem-Tel Aviv, porte autour de son poigne un ruban orange manifestant son opposition au retrait de Gaza. Lors de la conversasion, il met fait l'éloge d'Ariel Sharon qui par sa décision politique redonne une image positive d'Israël. Il est venu lui aussi en Israël parce que dit-il « ici je me sens chez moi » tout en précisant qu'il n'est pas sûr d'émigrer un jour en Israël.

De toutes les communautés juives de la Diaspora, la communauté juive de France est celle qui est la plus sensible à l'Etat d'Israël et la plus mobilisée. Il faut ajouter à ces touristes juifs dont beaucoup ont de la famille en Israël, les pèlerins chrétiens qui reviennent de plus en plus nombreux. Selon le bureau israélien des statistiques 134.200 entrées en Israël ont été enregistrées en provenance des aéroports français entre janvier et juin 2005, soit 28% de plus que l'année dernière. En juin seulement, 17.862 touristes français se sont rendus en Israël, soit une augmentation de 39% par rapport au mois de juin 2004.

Selon le directeur de l'union hôtelière israélienne, Eli Ziv, la majorité des touristes français (70%) choisissaient Tel Aviv pour y passer leurs vacances, Netanya et Eilat occupant la deuxième et troisième position.

Plus généralement, environ 200 000 touristes ont visité Israël au mois de juillet 2005. n s'agit d'une hausse de 36 % par rapport à l'an dernier à la même époque.

Enfin, le ministère du Tourisme a communiqué les chiffres de l'entrée de visiteurs dans le pays sur la première partie de l'année, de janvier à juin. Le tourisme de France est en augmentation de 28 % par rapport à 2004 avec la venue de 134 200 visiteurs. Sur ce même intervalle, on dénombre 72 628 touristes de Grande-Bretagne et 221 768 des Etats-Unis. Les estimations pour l'été 2005 (les chiffres ne seront publiés que le 15 du mois de septembre) devraient confirmer le record touristique détenu par la communauté juive de France.

Jean-Marie Allafort

Un demi million d'Israéliens nourri par des organisations caritatives -11 sept 05

Un demi million d'Israéliens au moins reçoit de la nourriture et des produits de première nécessité de la part d'organisations caritatives qui ne cessent de se multiplier depuis quelques années en raison de l'appauvrissement croissant des classes moyennes. En Israël, on dénombre près de 170 organismes dont l'unique mission est de distribuer de la nourriture. La majorité de ces organismes est juive. On ne compte que deux organisations caritatives arabes spécialisées dans la distribution de denrées alimentaires. Dans le secteur arabe israélien, ce sont surtout les organisations internationales qui se chargent des plus nécessiteux. 22% des familles israéliennes ne sont pas assurées de pouvoir se nourrir régulièrement. 8% des familles, soit 240 000 personnes, sont dans la misère et ne peuvent pas même acheter la nourriture de base, vitale pour leur santé.

30% de ces organisations caritatives ont du personnel qu'elles rémunèrent (250 personnes). Toutes les autres reposent uniquement sur l'aide de bénévoles, au total près de 20 000 volontaires.

80% des organisations distribuent des paniers de nourriture aux nécessiteux, 40% proposent des repas tout prêts et 24% ont, ou des cantines, ou des lieux spécialement adaptés où les pauvres peuvent venir chaque jour prendre leurs repas. Enfin, 8% d'entre elles sont spécialisées dans la distribution de nourriture dans les écoles et prennent en charge les enfants dans le besoin.

Haaretz, traduction et synthèse : Jean-Marie Allafort.

 

Benoît XVI reçoit les Grands Rabbins d'Israël - 15 sept. 05

Le pape Benoît XVI a reçu ce jeudi 15 septembre dans sa résidence d'été à Castel Gandolfo les deux Grands Rabbins d'Israël, Shlomo Amar et Yona Metzger à l'occasion du 40ème anniversaire de la déclaration Nostra Aetate.

Cette déclaration du Concile Vatican II , entérinée le 11 octobre 1962, allait marquer les débuts d'une nouvelle relation entre l'Eglise catholique et le peuple juif et ouvrir les portes du dialogue et de la réconciliation.

Le pape Jean-Paul II avait l'habitude de rencontrer régulièrement les Grands Rabbins d'Israël. Le nouveau pape, par ce geste, manifeste qu'il s'inscrit dans la même ligne de pensée que son prédécesseur.

Le Grand Rabbin ashkenaz, Yona Metzger, a déclaré aux journalistes israéliens que le sujet principal de discussion porta sur les incendies et les profanations par les Palestiniens des synagogues du Goush Katif : « Nous avons expliqué au pape les dangers qui se cachent derrière les images que nous avons vues. Nous nous souvenons du traumatisme de la « Nuit de cristal » et nous avertissons qu'après l'incendie de synagogues l'étape suivante risque d'être la crémation des Juifs. »

« Le second sujet à l'ordre du jour fut celui de la lutte contre l'antisémitisme qui s'est accru ces derniers temps surtout en Europe. En octobre prochain, l'Eglise commémorera les 40 ans d'un changement d'attitude vis-à-vis des Juifs qu'elle ne considère plus comme responsables de la mort de Jésus. Nous avons demandé au pape, a ajouté le Grand Rabbin, que ce jour-là soit déclaré jour de lutte contre l'antisémitisme et que les fidèles entendent dans chaque église une prédication contre l'antisémitisme. »

« Comme nous, le pape estime qu'il y a un danger dans le fait d'incendier des synagogues et qu'il faut prendre ce problème en considération. Il a dit qu'il appellerait à condamner par tous les moyens les incendies contre les lieux saints. » « Nous avons ressenti une grande sympathie et une grande chaleur dans les paroles et l'attitude du pape. Nous sommes restés avec lui presqu'une heure et avons été reçus dans une ambiance véritablement familiale, à l'opposé des règles strictes du protocole en usage habituellement. A la fin, le pape, conclut le Grand Rabbin Achkénaz, nous a dit qu'il fallait tout faire pour lutter contre le terrorisme et il a déclaré que le Vatican agissait déjà dans ce sens. »

Pas de communiqué officiel du Vatican sur cette visite, privée, mais un compte-rendu de la visite est publié par Radio Vatican et par les deux rabbins. « Je considère votre visite comme un nouveau pas dans le processus d'approfondissement des relations religieuses entre catholiques et juifs », a déclaré le pape. Ce geste veut souligner « que les forces du mal ne doivent jamais plus pouvoir conquérir le pouvoir et que les générations futures, avec l'aide de Dieu, puissent être capables de construire un monde plus juste et pacifique où tous les peuples aient des droits égaux et se sentent chez eux » a ajouté le pape. Enfin, Benoît XVI a conclu : « Chers rabbins, en tant que responsables religieux, nous avons devant Dieu une grande responsabilité, celle de l'enseignement que nous donnons et des décisions que nous prenons. Que le Seigneur nous assiste au service de la grande cause de la promotion du caractère sacré de la vie humaine, et de la protection de la dignité de toute personne humaine, afin que la justice et la paix puissent fleurir dans le monde. »

Selon le journal italien Corriere della Serra, les deux Grands Rabbins ont invité le pape à se rendre à Jérusalem, mais aucune date n'a été avancée.

Cette visite vient définitivement mettre un terme à l'incident diplomatique qui avait eu lieu cet été lorsque le pape n'avait pas mentionné Israël parmi les états frappés par le terrorisme. Le ministère israélien des Affaires étrangères avait vivement réagi. L'ancien Grand Rabbin d'Israël avait alors pris la défense de Benoît XVI.

Récemment, Ariel Sharon avait envoyé une lettre au pape pour lui dire combien Israël le considérait comme un ami. De son côté, Benoît XVI, à l'occasion de son premier voyage à l'étranger, s'était rendu à la synagogue de Cologne et avait alors rencontré lors d'une visite qui demeurera historique la communauté juive d'Allemagne. C'était la deuxième fois qu'un pape se rendait dans une synagogue.

Rédaction

La majorité des fidèles de l'Eglise orthodoxe sont des nouveaux immigrants - 1er sept

L'Eglise grecque orthodoxe a multiplié les prêtres travaillant en Israël en vue de fortifier la foi des dizaines de milliers d'Israéliens non-juifs qui ont immigré en provenance des pays de l'ex-union soviétique. C'est ce qu'a indiqué Mgr Timothée, évêque de l'Eglise grecque orthodoxe dans une interview qui vient d'être publiée dans un journal de l'Eglise russe.

Suivant les données du ministère de l'Intérieur, sur un million de nouveaux immigrants de l'ancien bloc communiste, 275 000 ne sont pas Juifs suivant la définition de la loi rabbinique puisque leurs mères ne sont pas juives.

Dans cette interview, l'évêque Timothée explique que l'Eglise grecque orthodoxe a multiplié le nombre de prêtres afin de les attirer à venir à l'Église. Selon lui, le nombre de fidèles israéliens qui se rendent à la messe dans les églises grecques orthodoxes a énormément grandi et aujourd'hui, il dépasse le nombre des fidèles arabes chrétiens (les orthodoxes arabes sont 25 500 dans les Territoires et 32 000 en Israël).

« Suivant les statistiques, la majorité des immigrants sont des slaves, explique Timothée. Certains disent qu'ils sont 300 000, d'autres pas plus de 150 000. De toute façon, leur nombre est plus important que celui des arabes chrétiens orthodoxes. Nous avons créé pour eux des églises adaptées dans l'espoir de pouvoir nommer des prêtres qui sont venus avec ces nouveaux immigrants. Notre principal but est de nourrir ces fidèles russophones. »

Selon l'évêque, il y a déjà dix communautés grecques orthodoxes de nouveaux immigrants qui existent en Israël : « Ces dernières années, s'est développée cette activité, même si je ne peux pas dire que cette situation soit satisfaisante pour l'Eglise de Jérusalem. Nous devons garder la foi et la fortifier dans le cœur de ces fidèles surtout parce que des missionnaires d'autres confessions agissent activement pour attirer ces chrétiens slaves vers eux. »

Maariv, 1er septembre ; traduction : Jean-Marie Allafort

 

 Les chrétiens ont le taux de natalité le plus bas en Israël - 31 août 05

Le bureau israélien des statistiques a publié ce mardi 31 août 2005 les données suivantes sur la natalité en Israël :

En 2004 sont nés en Israël 145 207 bébés : 69% sont juifs, 25% musulmans, 2% druzes, 1% arabes chrétiens et 3% dont la religion n'est pas mentionnée au ministère de l'Intérieur.

En moyenne pour l'année 2004, la femme israélienne a eu 2, 9 enfants soit bien plus que dans la majorité des pays occidentaux (2, 1 en moyenne). Ce taux se rapproche de celui des pays émergents en Asie et en Amérique du sud, comme l'Inde (3, 0), le Paraguay (2, 9), Bahreïn (2, 7) ou le Venezuela (2, 7). 51,4% des enfants nés sont des garçons et 48, 6 % sont des filles.

La population druze en Israël connaît une évolution importante puisqu'on 1990, la femme druze avait en moyenne 4, 1 enfants alors qu'en 2004, elle n'en a plus que 2, 7.

Les familles chrétiennes arabes sont celles qui en Israël ont le moins d'enfants. En 1996, la femme chrétienne arabe avait en moyenne 2, 7 enfants, en 2004, elle n'en a plus que 2, 2. Dans les grandes villes arabes de Galilée comme Nazareth, les femmes chrétiennes n'ont que 1, 9 enfants en moyenne.

Chez les musulmans, on enregistre également une baisse de la natalité : en 2000 une femme musulmane avait en moyenne 4, 7 enfants, aujourd'hui elle met au monde 4, 4 enfants en moyenne soit le double de la femme arabe chrétienne.

Enfin, dans le secteur juif, le taux de natalité n'a pas évolué depuis dix ans. Une femme juive a 2, 7 enfants en moyenne exactement comme la femme druze.

En moyenne en Israël, les femmes ont leur premier bébé à l'âge de 24 ans. Enfin, 6% des bébés juifs sont nés de mères célibataires. Pour les autres secteurs de la population israélienne, il n'est pas possible d'avoir des données fiables.

Sources : Haaretz et Ynet, 31 août O6 ; traduction : Jean-Marie Allafort

 

Le chant du mois

Voici un petit chant - écrit par Aviv Guéfen et chanté aussi par Arick Einstein (nous les retrouverons à l'avenir), un chant qui accompagnait la période de l'assassinat de Rabin, et que l'on entend encore en diverses occasions semblables, car il y en a. Il évoque les mots d'un frère en deuil de son frère, il se tourne vers le ciel et lui chante :

 


Je vais maintenant

Venir pleurer auprès de toi.

Sois fort, toi, là-haut.

La nostalgie est comme une porte

Qui s'entrouvre la nuit.

A jamais, mon frère.

Je garderai ton souvenir,

Et nous nous retrouverons,

A la fin, Tu le sais bien.

Oui, on a des amis, -  

Mais eux aussi s'éclipsent

Face à ta lumière éblouissante.

Quand on est triste, on va à la mer,

C'est pour cela que la mer est salée...

Et c'est triste et dommage

Qu'on peut rendre son paquetage,*

Mais pas sa nostalgie.

Et comme les vagues.

Nous allons nous briser

Contre la digue, contre la vie.


 

* Rendre l'équipement de soldat au magasin du camp à la fin du service.

 

et malgré tout, l'humour en finale...

Une histoire biblique. Un jour le prophète Isaïe entre chez son ophtalmologue, qui s'exclame :

- Ah bonjour, Monsieur Isaïe, qu'est-ce que vous devenez?

- Eh bien, docteur, je ne sais pas ce qui m'arrive, mais... je vois trop loin !

- Oh là là ! c'est une maladie plutôt rare. Ça s'appelle "la prophétie". Mais là, hélas, moi je n'y peux rien.

A ce propos, les personnes interrogées à la radio ici, quand on leur demande : « Que pensez-vous qu'il va se produire la semaine prochaine après tel événement ? » répondent souvent en citant le dicton juif qui met en garde : "Depuis la destruction du Temple la prophétie a été donnée aux sots." Ensuite certains se lancent quand même à raconter longuement ce qui se passera si... et ne se passera pas si...

Yohanan Elihai