No 11 – Novembre 2003
Sommaire :
– Editorial
– Dossier du mois : objection de conscience et liberté d’expression
– Histoire : l’Etat d’Israël entre deux guerres : 1957-1967
– Témoignages : Un cri – Une autre voix
– Le jour que le Seigneur a fait
– Désinformation : une émission du «Jour du Seigneur»
– Flashes d’espoir
– Chant du mois
– Et l’histoire en finale
Editorial
Selon un sondage d’opinion commandité par la Commission européenne, 59% des Européens seraient convaincus qu’Israël représente la plus grave menace pour la paix du monde (voir la rubrique ‘flashes d’espoir’). Sans entrer dans les polémiques qui suivirent la publication de ce sondage, sur les méthodes utilisées et sur sa finalité, on ne peut nier qu’il reflète un sentiment plus ou moins confus de nombreux européens sur Israël. Cet anti-israélisme, qui tourne parfois à un antisémitisme violent en parole et en acte, est inquiétant.
Si les médias ont une part de responsabilité parce qu’ils sont les premiers à influencer l’opinion publique, les responsables politiques et religieux ne semblent pas toujours avoir mesuré les enjeux du problème. Ceci étant dit, il n’en reste pas moins que certaines conduites d’Israël sont plus que regrettables. Les expropriations de terrains, les humiliations répétées des Palestiniens ou des étrangers aux points de contrôles, où l’arbitraire est parfois le seul critère, sont souvent injustifiables. Il m’est arrivé d’attendre près d’une heure que les soldats finissent de jouer aux cartes ou de boire leur café avant que l’un d’entre eux daigne regarder mon passeport. Comme journaliste, lorsque je présente ma carte de presse dans ces situations, j’ai droit presque toujours à des regards peu sympathiques. L’administration israélienne n’est pas en reste : pour délivrer des visas aux religieux chrétiens, les différents bureaux multiplient les procédures. Certains clercs, sans parler des laïcs qui sont liés à des organisations religieuses ou humanitaires, se voient refuser un droit de séjour sans la moindre explication. La lutte contre le terrorisme et le droit d’Israël à se défendre ne peuvent servir de prétexte à des conduites qui se retournent en fin de parcours contre Israël lui-même.
Mais il y a un écart considérable entre des attitudes condamnables d’Israël et le fait qu’il soit considéré comme un État mettant en danger la paix du monde…
La force de l’État d’Israël est dans sa démocratie. Seul pays de la région à garantir les libertés individuelles, il est une chance pour ce Proche Orient qui compte tant de dictatures, c’est sans doute pourquoi toute violation au droit est ressentie avec plus d’acuité. Le dossier du mois est consacré justement à la liberté d’expression et à l’objection de conscience en Israël. Un écho d’Israël essaie de donner une image plus proche du vécu quotidien dans ce pays où nous avons choisi de vivre. Nous avons fait le choix de mettre surtout en relief ce qu’il y a de bon et de beau sans pour autant occulter les problèmes. Comme chrétiens nous nous trouvons parfois au carrefour des deux populations palestiniennes et israéliennes. Nous écoutons les uns et les autres et nous transmettons en écho ce que nous avons entendu, tâche délicate tant le conflit israélo-palestinien soulève de passions et d’irrationnel.
Ne pas tomber dans les stéréotypes faciles est un défi permanent. Nous essayons de le relever.
Jean-Marie Allafort
Dossier du mois
Objection de conscience
L’affaire des 27 pilotes qui ont signé une lettre commune exprimant leur refus de servir dans les territoires, c’est-à-dire d’aller y bombarder des objectifs, a soulevé bien des remous dans le pays et rappelé une fois de plus le problème de l’objection de conscience dans Tsahal (l’armée israélienne).
Le sujet est complexe et demande un examen détaillé, un rappel de principes et un peu d’histoire.
Y a-t-il une ligne morale possible dans une guerre sans merci, y a-t-il des interdits absolus, ou au contraire doit-on rétorquer qu’il y a des dommages inévitables quand on veut sauver sa propre population civile ? Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’armée d’Israël se pose ces questions.
Disons d’emblée que si l’on apprend dans les lignes qui suivent qu’un tel questionnement existe, un code éthique auquel on se réfère, cela ne veut pas dire qu’on l’applique parfaitement, et qu’il n’y a jamais ni négligence, ni sadisme, ni tuerie d’innocents. Cela veut dire seulement qu’il y a une possibilité de se référer au code, de s’opposer aux opérations immorales, c’est dire que le sursaut de conscience existe, et c’est beaucoup. Cela ne console pas du mal commis, et ne donne pas le droit de s’endormir sur une bonne conscience, mais cela donne espoir. Cela représente une base pour agir.
Sans remonter à la guerre de 1948, et à Deir Yassin le village près de Jérusalem où des soldats du Lehi et de l’Irgoun (Organisation nationaliste juive, née en 1935 d'une scission de la Haganah) ont tué une centaine de civils, on doit rappeler un événement marquant : la tuerie de Kafr Kassem en octobre 1956.
A la fin de la guerre du Sinaï, le couvre-feu est encore imposé dans certains secteurs. Les cultivateurs du village de Kafr Kassem l’ignorent et rentrent trop tard des champs. La police des frontières tire, et fait 47 victimes. Ben Gourion sera furieux, il s’ensuivra un jugement, des condamnations des policiers pour avoir obéi à “un ordre illégal”. Mais il s’ensuivra surtout la rédaction d’un code pour l’armée où l’on traite de la possibilité de refuser d’obéir, dans un cas précis, à un ordre qu’on estime immoral.
Et de fait, il semble qu’il n’y ait pas de cas de condamnation de soldats pour le refus d’obéir à un ordre déterminé qu’ils considéraient comme immoral. Ainsi le pilote qui part bombarder un objectif militaire reste juge en arrivant sur place et peut décider de ne pas bombarder. C’est arrivé plus d’une fois, entre autres au cours de la guerre du Liban. Un pilote est revenu avec ses bombes parce que l’objectif proposé lui semblait être un hôpital ou une grande école.
Un cas tout différent est celui du refus absolu de servir dans l’armée par objection de conscience. C’est le cas des Juifs religieux observants qui disent servir le pays en étudiant et enseignant la Tora, ou des filles de familles religieuses qui sont dispensées automatiquement. Les laïcs qui refusent en se disant pacifistes pour raisons de conscience peuvent s’adresser à un tribunal spécial de l’armée, et recevoir la dispense. Les cas sont rares et l’adresse de ce tribunal est très difficile à obtenir. On reçoit des réponses évasives. Mais enfin la possibilité d’être totalement dispensé existe.
Le cas des 27 pilotes est encore différent en ce sens qu’ils refusent totalement de servir désormais dans les territoires palestiniens, quel que soit l’objectif. Le commandant en chef de l’armée de l’air, Dan Haloutz, qualifie leur position d’acte politique. Ce qui n’est pas faux, car ils adoptent la formule selon laquelle “la poursuite de la présence de l’armée dans ces territoires est illégale”. La position, politique aussi, du gouvernement et d’une bonne partie de la population est contraire : il est nécessaire d’agir militairement pour éradiquer les centres de terrorisme d’où partent les attaques contre la population civile en Israël. Quand on sait où se trouve un chef terroriste notoire qui prépare une nouvelle action qui fera de nouveau sauter un bus plein d’enfants, on doit agir pour le neutraliser.
Il y a donc les trois cas : 1) objection de conscience du pacifiste, 2) non-exécution d’un ordre jugé sur place immoral, 3) enfin dans le cas des pilotes, refus sélectif d’avance de servir dans une région déterminée de la part de soldats qui sont prêts à continuer leur service ailleurs.
En outre le fait de faire une déclaration publique et collective de leur refus a été considérée par beaucoup comme une démarche dangereuse et condamnable. Selon Dan Haloutz, “s’ils ont reçu un ordre illégal, ils auraient dû en informer leurs supérieurs, et non la presse”. Il a aussi souligné que ces 27 pilotes étaient des réservistes ou des vétérans, et qu’ils étaient minoritaires face à des milliers d’autres pilotes. Il rappelait enfin combien de précautions étaient prises pour s’assurer que tel objectif est bien militaire et qu’il n’y a pas, en principe, de civils alentour. Ce qui est toutefois contesté par d’autres pilotes, qui trouvent qu’on a quand même manqué de prudence et de mesure dans plusieurs cas.
L’opinion publique s’est divisée. Des écrivains très connus ont pris position : La veille du Grand Pardon, Yom Kippour, plusieurs auteurs et artistes connus – dont David Grossman, Natan Zach, Sami Michael – publiaient dans le journal Haaretz une déclaration de soutien aux pilotes, disant entre autre “Un gouvernement du refus qui ne laisse pas d’ouverture aux pourparlers et fait des opérations militaires qui tuent des civils doit entendre la voix de ceux qu’il charge de ces missions.” Deux autres écrivains de renommée internationale, Amos Oz et A.B. Yehoshoua, refusèrent de s’associer à cette formulation, qu’ils estimaient sans nuance, et publièrent ensemble un autre texte en cinq points :
- il y a un droit pour un soldat de refuser un ordre immoral
- il y a un droit pour l’Etat de faire le nécessaire pour défendre la vie de ses citoyens
- c’est le devoir des tribunaux (dont la Haute Court) de décider de ce qui est permis ou non en temps de guerre
- nous appelons l’Etat à tout faire pour mettre fin à l’occupation, même par un retrait unilatéral.
- nous nous opposons à tout boycott social ou professionnel des pilotes qui ont signé la lettre.
Certains pourront demander : comment applique-t-on en même temps ces cinq principes, au demeurant nuancés et bien réfléchis ? Ces intervenants ont en tout cas le courage d’essayer d’influer sur les événements, malgré les risques que cela entraîne, et les étiquettes qu’on leur colle.
Dans la foulée, Akiva Eldar, journaliste vétéran de Haaretz, raconte que lors d’un interview récent Sharon condamnait le refus d’exécuter un ordre, et le journaliste rappelait avec un malin plaisir que ce même Sharon avait donné le mauvais exemple ! Lors de l’évacuation d’une implantation illégale, il y a près de 30 ans, il avait déclaré que l’ordre d’évacuer les habitants du lieu était un ordre immoral et que les soldats devaient désobéir.
Récemment un raid du 19 octobre dans la bande de Gaza suscitait de nouvelles discussions. L’armée montrait des photos pour prouver que le tir avait été précis, et qu’il n’y avait pas de civils dans la rue. Le malheur est qu’on pouvait voir dans d’autres films des blessés graves amenés à l’hôpital. Zeev Schiff, commentateur militaire de « Haaretz », a signalé que dans les heures qui ont suivi, l'armée est restée paralysée face aux critiques. Il explique que Tsahal n'a pas réagi lorsque deux ministres du Shinouï (parti laïc) ont présenté leurs excuses pour ces raids et ont proposé des dédommagements aux palestiniens touchés. Les images filmées par les hélicoptères de Tsahal sont censées montrer qu’il n'y a aucune preuve ou signe permettant d'affirmer que des avions ou des hélicoptères israéliens ont tiré sur des civils palestiniens. Pourtant il faudrait vérifier comment tant de civils auraient été touchés. L'une des éventualités est que le bombardement d'un hangar (contenant des explosifs) aurait provoqué de mini-explosions qui n'étaient pas visibles dans les films de Tsahal… Au sein de l'armée, on s'est montré déçu par le silence du ministre de la Défense et du chef d'Etat-major face aux critiques émises par la classe politique.
Tout cela pour dire que le sujet est brûlant, délicat, et que la population se pose des questions, et que les débats n’ont pas manqué dans les médias. Cela rebondit chaque fois sur une nouvelle déclaration. Ce midi, 16 novembre, interrogé à la radio, un ministre ridiculisait les quatre anciens chefs du Shin-Bet (voir ci-dessous) et leur critique et mise en garde, et à sa suite un journaliste de Haaretz disait au contraire sa satisfaction de toutes ces réactions, dont celles des 27 pilotes, même si tout n’est pas au point. Il se disait heureux que dans ce pays, en pleine guerre, cette autocritique est encore possible, contrairement au silence de tant de pilotes d’autres pays qui ont bombardé Dresde avec des milliers de victimes civiles alors que la guerre de 1945 tirait à sa fin, ou du temps de la guerre d’Algérie, ou récemment en Tchétchénie.
“Demi-consolation”, comme on dit en hébreu. On est loin, en tout cas, de l’image qu’on peut avoir de loin d’une tuerie aveugle et tranquille. Le débat reste ouvert, sans cesse renouvelé, tant il y a de sujets variés, d’erreurs graves que nous signalons de temps en temps, et de souffrances des deux côtés – et de cela personne n’a une vue complète – mais sans savoir, hélas, comment et quand tout cela finira.
Liberté d’expression
Le film de Bakri
La projection du film “Jénine, Jénine” de Mohammad Bakri, acteur arabe israélien (de Galilée), avait été interdite par la commission de censure. On reproche au film sa version falsifiée des faits. Il présente bien sûr la souffrance des victimes palestiniennes, mais en déformant les circonstances. Interrogé sur cette présentation tendancieuse, Bakri avait répondu : “Moi, je ne suis pas un historien, je fais un film artistique et je présente un drame humain…”. Le dommage est que le monde entier en voyant ce film le prend pour un documentaire fiable.
Toutefois la Haute Cour de Justice a estimé que la commission de censure ne pouvait avoir "le monopole de la vérité". En publiant un tel décret, la commission a donné la priorité à la liberté d'expression et à la créativité artistique. C'est pourquoi Bakri pourra projeter son film même si les soldats israéliens qui ont combattu à Jénine ont un autre avis sur ce qui s'est passé là-bas. Le verdict de la Cour fait, de facto, de la liberté d'expression le critère le plus important. On peut regretter que cela serve à la propagande anti-israélienne, mais celui qui sait lire verra là un signe de plus de la grande liberté d’opinion et du désir de transparence dans un pays en guerre, dont on a eu tant de preuves dans le passé. Ne pas en conclure que cela régit toute la vie du pays. Il y a bien toujours cette tendance de cercles gouvernementaux à voiler de graves erreurs et des injustices sous des déclarations rassurantes. Mais il y aura souvent un journaliste ou un tribunal qui viendra contrer ces belles paroles.
Critiques du général en chef Yaalon
Il n’est pas habituel que ce soit l’armée qui demande au gouvernement plus de retenue dans la gestion des affaires.
C’est pourtant ce qui arrive de plus en plus ces derniers temps. Bien des soldats répètent que toutes les actions militaires ne sont qu’une réplique ponctuelle et sans efficacité à long terme, et que la solution doit venir d’un effort plus radical sur le plan politique. Il y a deux semaines le Chef de l’Etat major Moshé Yaalon critiquait la politique du gouvernement, disant que les barrages sur les route des territoires, rendant la vie impossible à la population, ne faisaient qu’augmenter l’amertume et le soutien du peuple au Hamas.
Il regrettait aussi que le gouvernement soit partiellement responsable de l’échec d’Abou Mazen (Abbas), en ayant été trop avare en gestes positifs dès son investiture, ce qui l’avait affaibli dans son duel avec Arafat.
Finalement, il y a eu une sorte d’arrangement entre lui et le ministre de la Défense Mofaz. Il suffisait de dire qu’il s’agissait non de critiques publiques, mais de suggestions faites au gouvernement dans le cadre de sa charge. L’impression faite n’en reste pas moins réelle.
Les quatre anciens chefs du Shin-Bet (services de sécurité)
Dans la même ligne le journal Yediot du 14 novembre publie un long article où ces quatre officiers qui connaissent le sujet mettent en gardent contre la dérive dangereuse qui risque de mener le pays vers le pire. Il est trop tôt pour commenter cette toute dernière nouvelle, et trop tard du point de vue de la rédaction finale de ce numéro, mais il faudra sans doute y revenir à l’avenir.
Yohanan Elihai
HISTOIRE
L'Etat d'Israël entre deux guerres - 1957-1967.
Après la campagne du Sinaï, Israël s'étant allié à la France et à l'Angleterre, apparaît aux yeux des Arabes comme un « outil impérialiste », mais en même temps ce petit pays, par sa riposte vigoureuse, prend de l'importance : il faudra désormais compter avec lui.
De 1957 à 1967 la population passe de 1, 9 million à 2, 8 millions. L'agriculture se développe, Israël obtient des rendements exceptionnels. On achève d'assécher le lac du Houlé, foyer de la malaria.
Peu à peu une classe moyenne, commerçants et professions libérales se développe ; c'est aussi l'inauguration de l'Auditorium Mann de Tel Aviv. Le 4 août 1958 a lieu le premier concours Biblique et les jeunes, tant religieux que laïcs se passionnent pour l'étude de leur passé avec la Bible et l'archéologie ; jusqu'à ce jour, la Bible est source d'influence sur la littérature, la musique et la poésie.
La question : qui est Juif? provoque une crise au gouvernement en 1958 entre les partis religieux et la coalition ; les définitions données par le gouvernement et celle du rabbinat étant différentes.
Pendant ces années 60, Israël fascine par ses kibboutsim, forme nouvelle de communauté, sa vitalité, ses compétences. De nombreux chefs d'état, de savants, d'intellectuels, visitent le pays ; Israël crée des liens avec des pays en voie de développement, soit en allant dans ces pays, soit en formant des techniciens sur place. Les conférences internationales se multiplient, comme les entretiens de Rehovot sur la Science et le Développement. C'est ainsi que 65 pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine ont des échanges avec Israël, ce qui lui permet de voir au-delà de ses frontières, celles-ci étant fermées par tous les pays Arabes voisins.
L'alliance avec la France est réelle ; à plusieurs reprises le général de Gaule a assuré Ben Gourion de « la solidarité et de l'amitié française; Israël, notre ami et allié ». En 1959 la France livre à Israël des bombardiers Vautour et envoie des ingénieurs pour la construction d'un réacteur atomique. De leur côté les Anglais sont moins froids vis-à-vis d'Israël et condamnent l'agressivité de Nasser. Quant aux Américains, ils s'engagent à venir au secours de tout pays du Moyen Orient qui serait menacé d'une agression communiste. En 62, John Kennedy se dit « l'allié » d'Israël et lui fournit des fusées Hawk et des chars Patton.
De son côté Nasser fait la guerre au Yémen pour essayer d'y mettre un régime pro-nassérien ; il menace l'Arabie Séoudite et les principautés du Golfe, alliées de l'Amérique. L'union entre les pays Arabes s'effrite et trois camps apparaissent : l'Arabie Séoudite et les pays royalistes, l'Egypte et les pays soutenant la « révolution républicaine » et les pays neutres. Seuls le Koweït, la Lybie et le Soudan ont de bons rapports avec la ligue Arabe ; l'Iraq s'en sépare de même que la Syrie en 1961. Mais au lieu de profiter à Israël, ces dissensions entre pays Arabes vont pousser Nasser à essayer de se les rallier par l'anti-israélisme ; pour lui, Israël est « une honte, une souillure, une plaie purulente » ; il adopte les « protocoles des sages de Sion » comme source d'information principale pour l'Egypte et il en fera venir un nombre d'exemplaires impressionnant. En 1963 Nasser et l'irakien Aref écriront « le but des Arabes est la destruction d'Israël ».
En 1964, le grand aqueduc national, réalisation du plan de partage des eaux pour la région, attribuant à Israël 35% de l'eau des pays limitrophes est achevé et amène l'eau de la Galilée jusqu'au désert du Néguev. Le monde applaudit et Nasser ne peut rien faire mais remet ses règlements de comptes à plus tard. A plusieurs reprises, les Syriens avec l'accord de l'Egypte essayent de détourner les eaux du Jourdain, mais les répliques d'Israël ne se font pas attendre.
Au cours de ces années, Adolf Eichman est capturé et jugé à Jérusalem.
En 1963 la première foire internationale du livre s'ouvre à Jérusalem avec la participation de 30 pays.
Le pays change ; l'austérité n'est plus un idéal, le niveau de vie s'élève et avec l'expansion économique, l'inégalité se creuse entre les classes sociales.
Ephraïm Kishon illustre bien cela dans le film Salah Shabati, décrivant la mentalité des immigrants du Maroc face à l'establishment et à la bureaucratie
des fondateurs du pays.
Du côté Palestinien, le 10 octobre 1959 c'est la naissance du Fatah, principale organisation palestinienne avec Arafat, et au premier congrès du Conseil national palestinien le 25 mai 1964 à Jérusalem avec Ahmed Shoukeiry, représentant la Palestine dans la Ligue arabe de l'époque, c'est la fondation de l'OLP ( organisation de libération de la Palestine ).L'Accord national Palestinien qu'il promeut, établit que la Palestine est la patrie de la nation palestinienne-arabe ; l'accord nie le droit d'Israël à exister et l'OLP sera chargée de renverser le roi Hussein de Jordanie. Shoukeiry adopte, non la lutte ouverte avec Israël mais les alliances avec les pays arabes, et pour cette raison à cette époque le Fatah n'adhère pas à l'OLP.
La Charte Palestinienne.
Arabes. Ensemble, ils forment la grande nation arabe.
« La Palestine, avec ses frontières de l'époque du mandat britannique, constitue une unité régionale indivisible...
« La personnalité palestinienne est une caractéristique permanente et authentique qui ne disparaît pas. Elle se transmet de père en fils.
« Les palestiniens sont les citoyens arabes qui ont normalement vécu en Palestine jusqu'en 1947, qu'ils y soient demeurés ou qu'ils en aient été expulsés. Tout enfant né de parents palestiniens après cette date, en Palestine ou à l'extérieur, est un palestinien.
« Les juifs d'origine palestinienne sont considérés comme des palestiniens s'ils acceptent de vivre pacifiquement et loyalement en Palestine...
« Le partage de la Palestine en 1947 et la création d'Israël sont des décisions illégales et artificielles...
« La déclaration Balfour, le mandat et tout ce qui en a résulté sont des impostures. Les revendications au sujet des liens historiques et spirituels entre les Juifs et la Palestine ne sont conformes ni avec les faits historiques ni avec les bases réelles d'un Etat. Ce n'est pas parce que le judaïsme est une religion divine qu'il engendre une nation ayant une existence indépendante.
Les juifs ne forment pas un peuple doté d'une personnalité indépendante, car ils sont citoyens des pays auxquels ils appartiennent
(Cité d'après Charles Enderlin : Paix ou Guerres ; p.220, 221 )
Le 3 janvier 1965, premier acte de sabotage du Fatah sur l'aqueduc national. Le 12 août Tsahal riposte sur le Golan syrien. Cette même année, Eli Cohen juif syrien, est pendu à Damas après avoir fourni à Israël des renseignements sur les positions syriennes du Golan.
En 1964 c'est aussi la première visite du pape Paul VI en Terre Sainte, visite rapide où le nom d'Israël ne sera pas prononcé, visite définie comme entièrement religieuse.
La même année, le palais d'Hérode est découvert à Massada.
Ben Gourion premier ministre démissionne en juin 1963 et Lévi Eshkol le remplace ; au « père autoritaire » succède un régime politique plus équilibré et plus ouvert ; Abba Eban est nommé premier ministre adjoint et le 1 janvier 1964, Itzhaq Rabin est nommé chef d'état major. Le 16 mars de cette même année Israël après de grands remous au sein de la population annonce officiellement la décision d'établir des relations diplomatiques avec l'Allemagne de l'ouest : pour Ménahem Bégin « pas d'absolution ni de pardon », pour Lévi Eshkol « la raison doit prévaloir sur les sentiments ». L'Allemagne annonce une aide de 50 millions de $ pour Israël et en réponse, la Ligue arabe rompt ses relations avec l'Allemagne de l'ouest.
1965 voit l'inauguration du musée d'Israël à Jérusalem ; la direction de la radio et de la télévision d'Israël est instituée.
Habib Bourguiba préconise un règlement négocié avec Israël, et avec l'URSS les relations se normalisent ; 2000 juifs peuvent quitter la Tunisie. Les relations d'Israël se développent avec la Pologne, la Roumanie, l'Amérique latine, l'Australie, le Sud-est asiatique, Singapour...
Au parlement, Lévi Eshkol annonce qu'il met fin au régime militaire en vigueur dans les villages arabes depuis 1948. En octobre 1966 Israël demande à être admis comme associé au Marché commun et l'année suivante il signe avec celui-ci un accord préférentiel.
Malgré quelques attaques terroristes et le raid en réponse sur le village Jordanien de Samoa, un certain optimisme commence à régner en Israël.
Cécile Pilverdier
Témoignages.
Un cri
L’autre jour, shabbat, un cri, un gémissement, dans notre rue. Un homme un peu âgé, religieux, grand, beau, tout de noir habillé, pousse des plaintes, des complaintes : “Ad mataï Elohim ?” [ Jusques à quand, ô Dieu ?]. Je le rejoins. De loin je vois ses yeux remplis d’un désespoir total. Il marche lentement, les bras levés ou balancés, sa tête, tout son corps dans son gémissement. Je ne comprends pas tout. Seul ce cri “Jusques à quand, Elohim ?” est distinct. Un policier le rejoint et, gentiment, essaye de le calmer… rien n’y fait. Un second arrive et, doucement, ils le conduisent vers la voiture de police, garée dans la rue Agrippas, silencieuse en ce jour de shabbat. Les policiers l’invitent à s’asseoir dans la voiture, mais après hésitation, il repart avec son cri, son gémissement, et disparaît au coin de la rue.
Comme si ce cri, ce désespoir visible et exprimé rejoignait en moi, et peut-être en beaucoup d’autres ici, un cri semblable, tout intérieur, tout refoulé par une espérance plus folle encore.
Car enfin… qui croit encore à “la paix au Proche Orient” ? Qui pense encore qu’avec quelques Oslo-Genève supplémentaires, avec quelque “feuille de route” émanant de Washington ou de l’Arabie Saoudite, avec une armée plus performante, on s’en sortira ? Qui pense encore qu’un “bon” Premier Ministre israélien avec un “bon” Premier Ministre palestinien sont LA solution ? Qui, ici, voit la sortie du tunnel ? Non pas que l’on baisse les bras. Bien au contraire, car, contre la désespérance, il faut agir, créer des lieux d’espérance, ne serait-ce qu’un coin de table où l’on se parle.
Au fond, au plus profond de soi-même, que l’on ait adopté les thèses qualifiées de droite ou de gauche, on fait souvent “semblant”… Et cependant on espère quand même que de nouvelles négociations, même si ce n’est ni la meilleure solution, ni la “dernière” manche du conflit… c’est tout de même un pas de plus.
Dans notre quartier, plusieurs sont ceux qui disent : « Seul le Messie peut amener la paix. Aucun “grand” de ce monde n’y réussira.» Et beaucoup parmi les juifs et les chrétiens “tiennent” grâce à cette certitude : le Prince de la Paix viendra, comme annoncé par le prophète Esaïe, et alors “La Paix sera dans nos murs et la tranquillité dans nos palais”.
Et puis, n’apparaît-Il pas déjà, parfois, ce “Prince de la Paix” promis ? Ne nous entraîne-t-Il pas déjà, le Roi de l’univers, à préparer Sa venue ? Ne nous met-Il pas parfois l’eau à la bouche lorsque, à l’occasion de tel ou tel événement “Son Royaume” semble déjà si présent ?
Alors, tenir, avancer, espérer… au nom de tous.
Antoinette Brémond
Une autre voix
André Chouraqui, que j’ai visité il y a quelques jours, concluait la conversation sur la situation du pays par ces mots d’espérance, très populaires, “Tout ira mieux”. Et d’ajouter : “Quand il y aura la paix”. Et à voix basse, comme en secret : “Mais il n’y aura pas la paix…” Et rapidement avec un air mystérieux : “Elle nous surprendra tous.”
Suzanne Millet
Le jour que le Seigneur a fait…
Sur la colline de Kiriat-Yearim, qui domine le village d’Abou-Gosh, là même où l’Arche, au témoignage de l’Écriture, séjourna pendant 20 ans avant de monter à Jérusalem, la basilique Notre-Dame-Arche-d’Alliance était trop petite, en ce 9 novembre 2003, pour accueillir les 750 participants à l’ordination épiscopale du Frère Jean-Baptiste Gourion. Une centaine d’entre eux durent suivre la cérémonie de l’extérieur, grâce à un écran installé sous les arcades. Foule où se mêlaient catholiques israéliens, chrétiens de différentes confessions, juifs et palestiniens, personnalités politiques et religieuses israéliennes, diplomates venus d’Israël, de France et d’autres pays. Une joie unanime se lisait sur les visages, et même l’averse qui se mit à tomber à l’heure précise où le cortège se mettait en marche fut interprétée spontanément par certains comme une pluie de bénédiction, guechem berakha.
Le patriarche latin de Jérusalem, Sa Béatitude Monseigneur Michel Sabbah, présidait la célébration, assisté du Cardinal Roger Etchegaray et du nonce apostolique en Israël, Monseigneur Pietro Sambi. Cette double présence témoignait de l’engagement personnel du pape dans la décision de confier à Monseigneur Jean-Baptiste Gourion la responsabilité pastorale des catholiques hébréophones. Parmi les autres évêques présents, Monseigneur Gaston Poulain, évêque de Périgueux et ancien président du Comité épiscopal français pour les relations avec le judaïsme, avait été spécialement délégué par ses collègues rassemblés à Lourdes pour représenter à l’ordination la conférence des évêques de France.
Il n’est guère possible de traduire par des mots l’atmosphère de ces deux heures et demie de célébration, où l’on vit même de dignes rabbins scander discrètement de la main le rythme des chants liturgiques. L’un d’entre eux confiait à un prêtre, à l’issue de la célébration, les sentiments complexes qu’il avait éprouvés en entendant des textes bibliques bien connus prendre dans la liturgie catholique une autre signification que celle qui lui était familière.
Particulièrement émouvant fut le témoignage rendu à Monseigneur Gourion, au début de la célébration, par un chrétien palestinien de Bethléem :
« Comme nous parlions en famille de l’ordination de Monseigneur Gourion, mon fils Karim, de 14 ans, nous a suggéré de faire le commentaire que voici : Abouna, c’est ainsi que tout le monde l’appelle, ici, en France, ou à Abou Gosh. Abouna, notre père, c’est ce qu’il a été pour nous. Il nous a accompagnés lors des moments heureux […] et il nous soutient à travers cette épreuve difficile, en nous encourageant à lutter pour la paix, en tant que chrétiens palestiniens. Même lorsque nous étions tous désespérés, Abouna était là pour nous aider. Nous espérons qu’ensemble, Abouna et Monseigneur Sabbah réussiront à fortifier les racines de cette Église, mère de la chrétienté. […]
Pour ma part, je voudrais ajouter quelque chose qui nous a toujours beaucoup marqués chez Abouna. C’est quelqu’un qui, sans jamais renier ses origines, est toujours resté proche de nous, il souffre profondément de la situation dans laquelle nous sommes. Nous nous sommes d’ailleurs toujours sentis soutenus par l’ensemble de la communauté d’Abou Gosh, que nous voyons comme un lieu de rencontre et d’ouverture […]. »
Un tonnerre d’applaudissements répondit aux paroles de conclusion du nouvel évêque, lorsqu’il dit en substance, en hébreu : « Je suis habité depuis quelque temps par cette phrase, que je vous livre sans être certain d’en saisir moi-même toute la signification : “Sof sof hazarnu habbaita” .» Ce qu’on peut traduire : « Enfin, nous sommes revenus chez nous. » Jour attendu depuis plus de cinquante ans, où il était difficile de ne pas penser à tous ceux qui avaient rejoint leur maison d’éternité sans avoir vu leur communauté rentrer enfin « à la maison » sur cette terre. Tous le sentaient plus ou moins confusément et beaucoup le disaient explicitement : autant que l’élection d’un nouveau pasteur, cette ordination était aussi une nouvelle naissance pour l’Église de langue hébraïque. En offrant nos vœux à Monseigneur Gourion, nous saluons un événement qui marque le début d’un nouveau chapitre de l’histoire de l’Église, fragile et plein d’espoir comme toute naissance, sur la terre où furent prononcés, il y a vingt siècles, les premiers mots de la foi chrétienne.
M.R.
Désinformation
Au sujet de l’émission « Les héritières de Marie » - 15 Août 2003
L’émission « Jour du Seigneur » du 15 Août à 10 h, était annoncée par un titre qui laissait le téléspectateur en appétit, à savoir « Les héritières de Marie ». Sans doute pensait-on, il s’agira de femmes célèbres portant le nom de Marie ou s’étant données corps et âme à la dévotion mariale ?… Et puis, à l’heure dite, qu’avons-nous découvert ? Un reportage (un de plus…) auprès de femmes palestiniennes chrétiennes vivant dans leur pays, sous occupation juive, comme Marie a vécu dans son pays occupé par les Romains. On a eu droit à toute la litanie des horreurs engendrées par cette situation de guerre : suppression des libertés, jeunesses gâchées, peur de sortir, peur d’être arrêté ou d’être blessé ou tué, encerclement par les colonies, droits de l’homme bafoués, etc… Et derrière tout ça ?… Derrière cette occupation brutale, derrière cette armée barbare, derrière ces injustices, se profilait comme en filigrane la face de ces méchants israéliens (des Juifs), ces voleurs de terre et de liberté, ces assassins… dont le nom fut prononcé par la sœur directrice de la crèche de Bethléem : faisant allusion à tous ces enfants victimes des violences israéliennes, elle constata : « Hérode existe encore ! »
Certes, ces femmes chrétiennes semblaient parfaitement sincères, faisant même appel aux consignes de l’Evangile, pour ne pas se laisser aller à la haine et garder confiance malgré tout. On leur a tendu un micro et elles auraient eu tort de ne pas parler. Sans doute aussi ignoraient-elles (apparemment…) la manière dont les droits de l’homme sont bafoués du côté palestinien ainsi que l’énorme duperie de l’homme qui gouverne l’Autorité Palestinienne. Accordons-leur cet a priori favorable. Par contre méritent amplement d’être blâmés les responsables qui ont programmé cette émission dont le téléspectateur non averti (et il y en a tant !) ne peut que retenir une chose « dehors les Juifs » ou peut-être même « mort aux Juifs » !
Oui, une telle émission diffusée en ce jour de l’Assomption, est doublement condamnable :
1) Toute la responsabilité du conflit israélo-palestinien apparaît reposer uniquement sur Israël, l’ennemi juré, comme si, de l’autre côté, il n’y avait jamais eu de kamikazes, jamais de haine systématiquement propagée à l’égard des Juifs dans les écoles, jamais de charte de l’OLP ou du Hamas prévoyant la destruction d’Israël, jamais de discours enflammé d’Arafat contre Israël et les Juifs, jamais d’entraînement des enfants palestiniens à la guerre, etc., etc… comme si, du côté israélien, on ne vivait pas aussi la peur au ventre en allant faire ses courses ou boire un verre au café du coin, comme si là aussi des mères ne pleuraient pas leurs enfants et ne vivaient pas dans l’angoisse… Tout cela, les responsables d’une telle émission n’ont pas le droit de le passer sous silence. Mais il y a autre chose.
2) Préparer les chrétiens à fêter l’Assomption de la Vierge Marie, juive entre les juives, par un tel reportage est totalement aberrant. La Vierge Marie dans le Magnificat (lu à l’Evangile de la messe) chante l’amour du Seigneur pour Israël et Sa promesse faite à tous les descendants d’Abraham. Oui, on ne prépare pas les cœurs à fêter Marie en assimilant la Vierge aux seules femmes palestiniennes, fussent-elles chrétiennes (et quelques soient leurs qualités et leurs souffrances), en lui faisant tourner le dos à ses sœurs israéliennes, des juives parmi les juives.
A moins que les responsables du Jour du Seigneur ne fassent partie de ces nouveaux théologiens dits « de la libération de la Palestine » et n’attendent eux aussi que l’Eglise renonce à nouveau à ses racines juives pour « retrouver » ses racines arabo-palestiniennes ?
Bernard Fauvarque
Flashes d’espoir
Sauver une vie
Le journal « Yediot Aharonot » du 22 octobre révèle l'émouvante histoire d'une petite palestinienne de 5 ans, Bahtoul Djaloudi, qui souffre depuis sa naissance d'une grave déficience cardiaque mettant sa vie en danger. Un cardiologue palestinien, le Dr Asli Nahazi, qui suit l'enfant depuis sa naissance, a recommandé à ses parents de lui faire subir une opération à cœur ouvert en Israël. « Il n'a pas été facile d'obtenir des autorisations pour quitter Jénine », a expliqué la mère de Bahtoul. Pour accélérer la procédure, la famille a fait appel à l'association d'aide humanitaire d'origine française La Chaîne de l'espoir qui s'occupe précisément des enfants malades et dont la branche israélienne est dirigée par le professeur Marc Mimouni, également directeur de l'hôpital pour enfants Schneider de Petach Tikva. L'opération s'est déroulée avant-hier et elle a été, selon les médecins, couronnée de succès : « Je n'ai pas de mots pour remercier ces gens fantastiques qui ont sauvé ma fille. J'espère que notre histoire privée apportera un peu d'espoir et d'optimisme aux gens », a déclaré la mère de la petite fille.
Le villageois et l’autiste
A la radio ce matin j’entends ce fait arrivé hier : un enfant autiste de douze ans est sorti du centre où il habite, il a marché deux kilomètres et s’étant perdu, est arrivé dans un village arabe voisin. Un homme de ce village le voyant et se rendant compte de la situation de l’enfant s’est empressé de le prendre par la main et de le ramener du côté israélien. Ne connaissant aucun numéro de téléphone des autorités israéliennes, il a eu l’idée de se rapprocher de la frontière et de secouer le grillage, sachant qu’il est électrifié. Les soldats alertés accoururent de suite et voyant l’enfant recherché depuis sa disparition, remercièrent chaleureusement le villageois. [rapporté par C.P.]
Les endeuillés de Metzer
Il y a déjà un an que le kibboutz Metzer, proche du village arabe Misser avec qui il entretenait d’excellents rapports, vivait l’horreur d’une attaque nocturne : un terroriste entrant dans une maison, tuait une mère de 37 ans. Puis entrant dans la chambre des enfants il tirait froidement sur une fillette de 7 ans, et ensuite sur son frère de 6 ans. Le terroriste venait d’ailleurs. Les voisins arabes vinrent le lendemain porter leurs condoléances. Cette année les membres du kibboutz réaffirment leur désir de paix et de bon voisinage, et les gens du village voisin sont venus de nouveau pour la cérémonie du souvenir. Cela peut passer inaperçu, mais cela aussi est une tranche de notre vie quotidienne.
Un attentat évité
Récemment 3 juifs extrémistes, qui avaient placé une voiturette avec des explosifs à proximité d’une école arabe de Jérusalem-est, avaient été arrêtés et l’attentat déjoué. Ils viennent d’être condamnés à 15 ans et 12 ans de prison par un tribunal israélien.
Enfin - coup de chapeau au Monde
Ce journal dont nous avons regretté dans le passé certaines présentations partielles et partiales, surtout dans le choix des photos, semble faire un effort d’objectivité ces derniers mois. Récemment, un sondage de 7500 personnes dans divers pays européens révélait que les personnes interrogées considéraient Israël comme le pays mettant le plus en danger la paix du monde. A ce propos et avec l’arrière-plan d’actions anti-juives en Europe, le Monde a publié quelques articles où il prend nettement position. Citons l’éditorial du 6 novembre :
AINSI, le seul pays du Proche-Orient dont les citoyens disposent d'un régime démocratique serait une menace pour la région – voire pour la paix mondiale. Ce jugement serait largement partagé, reflet d'une évidence telle qu'elle emporte la conviction d'une solide majorité dans l'opinion. Le pays, c'est Israël. Et, contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, l'opinion sollicitée n'est pas celle du monde arabo-musulman. C'est celle de l'Europe.
Du moins est-ce l'extraordinaire conclusion qui ressort d'un sondage commandité par la Commission européenne. Il a été réalisé par certains de ses experts et avec l'aide de la société EOS Gallup. Les résultats ont été rendus publics lundi 3 novembre. A la question "Pour chacun des pays suivants, dites, à votre avis, s'il présente ou non une menace pour la paix dans le monde", Israël est cité en tête, devant l'Iran, la Corée du Nord et les Etats-Unis (Le Monde du 5 novembre), parmi une liste comprenant encore l'Irak, le Pakistan, la Syrie, la Libye, l'Arabie saoudite, la Chine, l'Inde, la Russie etc. Ce jugement pointant Israël comme le danger numéro un pour la paix dans le monde serait celui de 59 % des Européens. L'hostilité à Israël serait la plus forte aux Pays-Bas et en Autriche, puis dans l'Europe du Nord ; elle diminue à mesure que l'on approche de la Méditerranée (la France arrive en 12e position et l'Italie est le seul pays de l'Union où les opinions s'équilibrent).
Dans cette affaire, tout compte, le moment, le sens, la méthode. Le moment, d'abord. Il est celui d'une époque où, en Europe, la critique d'Israël dérape parfois. Elle dépasse la dénonciation de la politique d'un gouvernement, lequel, en violation flagrante de ses propres engagements – la "feuille de route" –, multiplie les implantations en Cisjordanie et à Gaza de manière à perpétuer une occupation qui rend la paix impossible ; lequel, face aux assauts du terrorisme palestinien, mène une politique de répression dans les territoires que son propre état-major juge absurdement contre-productive. Ces choses-là sont dites tous les jours dans la presse israélienne.
Mais on quitte le terrain de la critique légitime d'une politique gouvernementale quand on pratique, comme certains milieux en Europe, un discours de dénonciation systématique et unilatérale qui démonise Israël. Cette rhétorique sous-entend que pareil Etat, systématiquement criminel, ne peut pas avoir sa place parmi les autres. De la critique d'un gouvernement, on passe, insensiblement, au questionnement sur le droit à l'existence d'un pays. Peu importe au fond que ses promoteurs en soient conscients ou non, le fait est là : cette hargne anti-israélienne nourrit aussi une nouvelle forme d'antisémitisme, qui se manifeste ici et là en Europe.
La question posée par les sondeurs est absurde (il aurait fallu énumérer des conflits plutôt que des pays) ; l'étude paraît avoir été menée et commanditée avec autant de désinvolture que d'irresponsabilité. Les résultats révèlent tout de même quelque chose de très dangereux sur le Vieux Continent.
Chant du mois
Le 1er Novembre un grand rassemblement de 100.000 personnes à Tel Aviv rappelait la mort tragique de Rabin, tué en 1995 par un jeune fanatique juif qui voulait ainsi tuer la route de la paix. Entre les discours et les témoignages, plusieurs chanteurs nous disaient leur soif de paix. Un vieux compositeur juif Shlomo Gronich chantait avec une jeune chanteuse arabe de Galilée “Jusques à quand…”, des couplets alternés en hébreu et en arabe, avec le verset biblique en finale : “Le sang de ton frère crie vers moi de la terre”, appel adressé aux deux peuples à se découvrir frères.
Un autre chanteur populaire, Kobi Oz, rappelait : Lors de l’enterrement de Rabin le speaker avait dit “Il y a tant de fleurs qu’on ne voit plus la tombe.” Ce qui lui avait inspiré le chant suivant :
Tant de larmes que la vue se brouille,
Tant de stickers qu’on ne voit plus la porte,
Tant de petites lumières qu’on ignore la ténèbre,
Tant de chansons qu’on n’entend plus la voix,
Tant de réponses qu’on oublie la question.
Tant d’accusés, on oublie quel fut le crime,
De trop de cynisme, il n’y a plus de sentiments
De trop d’artistique on ne voit plus de forme
De trop de métaphores, on ne saisit pas la phrase.
Tant de pansements qu’on ne voit plus la blessure
Tant de pompiers qu’on oublie ce qui brûle,
Tant de camouflage qu’on oublie de se cacher.
Trop de réalité, c’est un vrai cinéma
Tellement de bruit, on cherche le silence.
(refrain) Stam, ze hakol stam !
Non, c’est trop bête, c’est pas réel,
Un mauvais rêve, le gag d’un vieux film
De trop de commencements on ignore ce qui s’achève
De trop d’éloges funèbres, on oublie ce qu’il en reste,
De trop de fleurs on ne voit plus la tombe,
Par trop d’amertume, on oublie les douceurs,
Plus guère de rire, tant nous avons de pleurs
Comme toujours, il manque le rythme et les rimes, et surtout la musique, et le ton poignant du chanteur.
Et l’histoire en finale...
Humour ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Mais voici une histoire hassidique, qu’on peut appeler “Tradition” :
Nos ancêtres de Pologne se réunissaient dans une clairière et dansaient, et chantaient au son du violon un chant de louange au Saint Béni soit-il.
Leurs fils des années après se réunissaient et chantaient le chant, même si le violoniste n’était plus là.
Puis les fils des fils se retrouvaient et se disaient l’un à l’autre: “Tu te rappelles les paroles ? non, enfin...” Et ils fredonnaient la mélodie.
Le siècle dernier, les descendants allèrent à la clairière et l’un d’eux dit : “Comment était-ce donc ? Je ne sais plus l’air, mais ici, on chantait un chant...”
Et la dernière fois, le père emmena ses enfants, et errant parmi les arbres il leur dit : “Autrefois, quelque part dans la forêt, je ne sais plus où,... enfin il y avait un chant”, et il répétait en murmurant “Oui, il y avait... un chant...”
Yohanan Elihaï
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