Actes des apôtres, fiche n° 25.
Paul en prison à Césarée
comparait devant le gouverneur Félix.
Ac 24,1-27.
Lisons une première fois le chapitre en entier.
Souvenons-nous de la fin du chapitre précédent : Paul est transféré sous bonne garde à Césarée suite à un complot dressé contre lui pour le mettre à mort. Il est maintenant sous la surveillance ou la protection du gouverneur Félix qui attend la venue des accusateurs.
Nous continuons dans la même trajectoire des Actes des apôtres : de Jérusalem vers les Nations, Césarée est la ville de César, capitale romaine de la Judée, résidence ordinaire des préfets (Pilate et d’autres, qui ne viennent à Jérusalem que pour les fêtes de pèlerinage, à cause des risques de désordre). C’est à Césarée que Pierre, tout surpris, est allé visiter Corneille.
La situation de Paul dépend du bon vouloir de l’autorité en place. La détention de Paul a commencé à la fin de l’été 58 et se prolongera jusqu’au rappel de Festus à Rome (vers 59-60).
Plan du chapitre :
I Comparution devant Félix (v 1-21).
a) v 1-9 : Accusation contre Paul.
b) v 10-21 : Défense de Paul.
II Paul reste en prison à Césarée (v 22- 27).
Lecture verset par verset :
Nous sommes dans un procès. Regardons le vocabulaire : Accusateur, porter plainte, juger, instruire l’affaire, présenter sa défense, tort, rendre le jugement.
1. Comparution devant Félix (v 1-21).
a) Accusation contre Paul (v 1-9).
Relisons ces versets.
v 1-2a : Qui se constituent accusateurs de Paul ? Ananie, le grand prêtre, quelques anciens et un avocat romain (juriste), Tertullus. Regardons comment cela se passe. Qui prend d’abord la Parole ? Que dit-il ?
v 2b-4 : Que fait Tertullus ? Il flatte la fierté du procurateur Felix. Il parle avec l’art oratoire de l’époque dans ces circonstances et n’a qu’éloges à son égard : la paix et les réformes effets de l’administration qui est une véritable providence ! Pensons à un autre procès ! Celui de Jésus : Lisons Jn 19,12-15. Que font alors Les Juifs ? Ils font pression sur Pilate et confesse qu’ils n’ont que César comme roi. Souvenons-nous, le peuple d’Israël est appelé à ne reconnaitre que la royauté de Dieu ! Relisons 1 S 8,4-7. Ils ne veulent plus que Dieu règne sur eux.
Lisons quelques textes.
Le Seigneur est Roi (Ps 47,7-9), Roi éternel (Jr 10,10), et il règne les peuples tremblent ! (Ps 99,1-5). Il est le Roi d’Israël (Is 44,6), Roi de tout ce qu’il a créé (Jdt 9,12) et même le maître des rois (Dn 2,47). Le Seigneur est Roi sur toute la terre, il sera unique et son nom unique (Za 14,7-9).On pense bien sûr au Shema Israël (Dt 6,4). Jésus est recherché comme Roi par les mages à sa naissance (Mt 2,2) et lors de son procès, Pilate lui pose la question « Donc tu es Roi ? » (Jn 18,37). Dans l’Apocalypse, le Seigneur est non seulement Roi d’Israël mais aussi le Roi des Nations (Ap 15,3-4), le Roi des rois et Seigneur des seigneurs (Ap 19,16).
A travers la lecture de ces textes, qui est Dieu ? Roi d’Israël (Is), Roi des nations (Ap). Que fait-il ? Comment agit-il en tant que Roi ? Qui cherchent les Mages? Pourquoi ? Au moment de son procès, que déclare Jésus à la question de Pilate ? Pourquoi ? Partageons. Suis-je d’accord que le Seigneur règne sur ma vie ? Qu’il prenne la place de ROI.
Le point essentiel est que le roi fait la loi et ne rend de comptes à personne, d’où la méfiance de Dt 17,14-20. A Rome, c’est un peu différent : César est contrôlé par le Sénat, ce qui se rapproche des états modernes (cf. 1 M 8). Faut-il laisser le parlement faire toute la loi ? Y a-t-il une instance supérieure ?
v 5-6 : Comment Tertullus décrit-il Paul ? « Une peste »! Pourquoi ? Contagieux. Repérons les accusations portées contre Paul ? Il suscite des désordres chez tous les Juifs du monde entier, c’est un meneur du parti des Nazôréens, Il a même tenté de profaner le temple. Il rend Paul responsable de toutes les émeutes du monde.
Est-ce que ses dires sont vrais ? Est-ce que tout cela concerne le gouverneur romain ? Pourquoi cherche-t-il des appuis des autres Juifs ? Ils n’ont pas de preuves. L’avocat invite le gouverneur à faire sa propre enquête.
Nazoréens = la famille de Jésus, puis lui-même et sa postérité (c’est encore comme cela qu’on dit « chrétien en hébreu, en syriaque et en arabe). Voyons Mt 2,23 et Jn 19,19 sur le panneau que Pilate fait placer sur la croix.
b) Défense de Paul, mis en jugement pour une résurrection des morts (v 10-21).
Relisons ces versets.
Conformément à la loi romaine, les chefs d’accusation sont exposés en présence de l’accusé qui aura le droit de répondre et ainsi de se défendre. Comme au chp 21, le débat se situe sur deux plans : il se base sur des critères religieux mais aussi comme Paul est présenté comme agitateur politique, il porte atteinte à la Pax romana et donc atteint le domaine civil.
v 10 : Que fait alors Félix ? Il fait signe à Paul de présenter sa défense. Paul est devant un interlocuteur curieux et intéressé (v 22).
v 11-13 : Qu’explique Paul ? Les accusations portées contre lui ne tiennent pas ! Il n’y a que 12 jours qu’il est à Jérusalem. Aurait-il pu provoquer un tel soulèvement dans le Temple ? Il n’a pas eu assez de temps à Jérusalem pour préparer une telle émeute. v 13, peuvent-ils prouver tout ce qu’ils avancent ?
v 13 En quoi Paul reste-t-il un bon Juif ? Comment comprendre sa désinvolture à l’égard des lois rituelles, circoncision, etc. (mais non à l’égard des lois morales) ? Lisons Rm 14.
v 14-16 : Paul explique la Voie. Nous en avons déjà parlé. (Si nous voulons approfondir : Lisons Ac 9,2, note a). Il explique sa foi en parlant de nouveau de la résurrection des morts et de la conscience irréprochable (voir fiche n° 23).
v 17-18 : Pourquoi Paul est-il venu à Jérusalem ? Quand l’ont-ils trouvé dans le Temple ? Que faisait-il ? Amener la collecte faite pour « les saints » de Jérusalem et pour présenter des offrandes. Quelle est cette collecte : Lisons Ga 2,10 ; 1 Co 16,1-4 ; Rm 15,25-27.31 ; Ac 19,21 ; 2 Co 8,3-6. Que Paul veut-il faire ? Soutenir de biens terrestres la communauté de Jérusalem qui est dans le besoin.
Qui sont les « saints » ? Ceux sont qui appartiennent à la communauté de Jérusalem. Lisons Ac 9,13 (et la note f abondante).
Est-ce que je sais donner ? Lisons Rm 12,13, Ac 2,44-45 ; Ac 4,32.34-35 ; Mt 6,1-4 ; Lc 6,38 ; Lc 12,27-34. Comment est-ce que je donne (joie, crainte de manquer, tristesse…) ? Où est mon trésor ? Partageons : Où en suis-je pour donner ? Est-ce difficile de donner de mon matériel, d’ouvrir mon porte-monnaie ? Est-ce que je donne uniquement de mon superflu ? Est-ce que je sais donner de mon nécessaire ? Est-ce que je tiens à ce que mes dons soient utiles, ou est-ce que je vois qu’ils me libèrent ? Partageons.
v 19-20 : Qui auraient dû être présents ? Les Juifs d’Asie ! Souvenons-nous en Ac 21,27. Mais savent-ils de quoi ils accusent Paul ?
v 21 : Que fait à nouveau Paul ? Il reparle encore de la résurrection des morts. Rappelons-nous, c’est un élément qui appartient à la théologie pharisienne. Réfléchissons à nouveau sur le sens de la résistance sincère des Juifs (1 Co 1,22-25) « scandale pour les Juifs, folie pour les Grecs ».
2. Paul reste en prison à Césarée (v 22- 27).
Relisons ces versets.
v 22-23 : Pourquoi Félix est-il bien informé sur « la Voie » ? Que dit alors Felix ? Il attend Lysias qui lui a envoyé Paul, pour décider quoi faire de Paul, car l’accusation est juridiquement vague contre un citoyen romain (chp précédent) et demande que l’on traite correctement Paul.
v 24-26 : Que fait Félix ? Il veut écouter Paul. Pourquoi ? Pourquoi après prend-il peur ? Relisons Mc 6,17-20. Hérode aimait aussi écouter Jean Baptiste et le craignait. Pourquoi le protégeait-il ? Il savait que c’était un homme juste et saint. Que se passait-il quand il l’avait écouté ? Il était perplexe. Pourquoi à votre avis avait-il cette réaction ?
Au v 26 : Qu’espère Félix ? Que Paul lui donne de l’argent. Une caution ? Une partie de la collecte, une aide du parti de la Voie pour récupérer Paul ? Souvenez-vous en Ac 3,6 : Que proposent Pierre et Jean au boiteux ? Nous sommes dans le même genre de situation : Paul n’a pas d’argent à donner, ce qu’il propose c’est Jésus, la Bonne Nouvelle.
v 27 : Pourquoi une telle précision de temps ? Deux années révolues. C’est la durée légale de détention si pendant ces deux ans aucune sanction n’a été donnée, le prisonnier devait être libéré. Quand un citoyen a fait appel à l’empereur, il sait que cela pourrait être long : détention prolongée avant que son affaire arrive devant l’empereur. Mais cela pouvait aussi donnée une affaire classée sans suite, après les deux ans de détention légale. Félix agit dans l’illégalité en gardant Paul en prison. A qui veut-il faire plaisir ? Aux Juifs. Puis il y a un changement de gouverneur, Félix est remplacé par Porcius Festus.