La prière d'Esther : Dieu fort

Une immense détresse accable le peuple voué à extermination; la reine Esther est chargée de porter, à elle seule, le poids de l'intercession pour que le roi Assuerus renonce à son dessein.

Une très belle prière lui vient aux lèvres, inspirée par tout ce qu’elle peut connaître des hauts faits de Dieu dans l'histoire de son peuple : j'ai appris dès le berceau, au sein de ma famille, que c'est toi Seigneur, qui as choisi Israël entre tous les peuples...tu les as traités comme tu l'avais dit (Est 4,17m). Puis elle évoque le péché du peuple et ses conséquences : nous avons péché contre toi et tu nous as livrés aux mains de nos ennemis (Est 4,17n). Elle affirme sa foi en la puissance de Dieu, le seul fort face à la faiblesse et l'angoisse qui sont les siennes : sauve-nous par ta main et viens à notre secours car je suis seule et n'ai rien à part toi (Est 4,17t).

Alors qu'elle est terrifiée, elle ajoute ce bel acte de confiance : O Dieu dont la force l'emporte sur tous.....libère-moi de ma peur (Est 4,17z).

La prière de BarTimée : aie pitié de moi 

Du fils de Timée au fils de David (en araméen bar veut dire fils), s'élève une prière de supplication, un cri de foi en à la compassion de celui qui s'est fait fils d'homme, fils de David, pour rejoindre les Bar Timée que nous sommes ( timée en grec appelés à la gloire), et devenus aveugles, mendiants à cause du péché.

Mais beaucoup le rabrouaient pour lui imposer silence (Mc10,48).De bonnes raisons de ne pas déranger le Seigneur se présentent, comme lorsqu’on veut prier avec insistance, et qu’une multitude de choses viennent nous en empêcher. La réaction de l’aveugle est toute simple : il criait de plus belle, cela nous enseigne que moins on a de facilités pour prier, plus il faut prier , la constance va de pair avec la foi.

Jésus lui demande : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » l’aveugle répond :«Rabbouni, que je recouvre la vue. » Ce qu’on pourrait traduire avec plus de précision : « Que je lève le regard vers toi. » Il n'attend pas seulement une guérison physique mais aussi une guérison spirituelle, l'aveugle mendiant veut devenir disciple. Son désir de voir Jésus et de le rencontrer sera sa plus belle guérison. Un nouveau chemin s’ouvre pour Bar Timée : Jésus lui dit : » Va, ta foi t’a sauvé. » Et aussitôt il recouvra la vue et il marchait à sa suite (11,52). Il marche à la suite de Jésus qui commence sa montée à Jérusalem ; ainsi le disciple suit le Maître qui prend la route de Jérusalem, la route de la Passion qui est aussi celle de la Résurrection.

Moïse et saint Paul

Ces deux grands personnages, chargés l'un et l'autre d'annoncer la Parole de Dieu, étaient affligés de fragilités qui les auraient fait immédiatement rejeter, si la parole qu'ils avaient à dire était une parole purement humaine.

Moïse reconnaît:je ne suis pas doué pour la parole....car ma bouche et ma langue sont pesantes (Ex 4,10)

Les Corinthiens disaient de Paul:son corps est chétif et sa parole est nulle (2 Co 10,10).

A Moïse le Seigneur répond: Va maintenant, je serai avec ta bouche et je t'indiquerai ce que tu devras dire (Ex4,11-12). Et à saint Paul: Sois sans crainte,continue à parler, ne te tais pas. Car je suis avec toi(Ac18,9-10).

Plus le Seigneur veut se servir d'eux pour l'annonce de la Parole, plus il va leur faire prendre conscience de leur fragilité. On pense même que ces deux serviteurs de Dieu étaient bègues, c'est pourquoi saint Paul demande instamment à être débarrassé de cette écharde : A ce sujet, par trois fois, j'ai prié le Seigneur (2 Co 12,8), et Moïse refuse d'abord sa mission : Excuse-moi, mon Seigneur, envoie, je t'en prie qui tu voudras [sauf moi](Ex 4,13).

La seule attitude qui leur sera demandée : une confiance totale en la puissance de Dieu : Ma grâce te suffit car la puissance se déploie dans la faiblesse (2 Co 12,9).

C'est pourquoi l'impossible est devenu possible, Moïse reçut les paroles de vie pour nous les donner (Ac 7,38), Paul devient l'apôtre des nations : cet homme m'est un instrument de choix pour porter mon nom devant les nations païennes (Ac 26,17).

La prière de Moïse :la communion des saints

Moïse tenait ses mains levées(Ex17,11)  : le peuple combat dans la plaine contre son plus redoutable ennemi : Amaleq, Moïse, sur la montagne supplie Dieu. Les mains levées signifient une prière de demande instante, une supplication pressante, car un grand danger menace Israël. Ceci se déroule dans un lieu appelé Rephidim(Ex17,8). Rephidim signifie des mains fatiguées, des bras baissés ; l’ennemi a profité de cette fatigue pour attaquer. Dans les moments de découragement, quand on a envie de baisser les bras une issue s'ouvre: la prière. Josué combat avec le peuple dans la plaine, les armes à la main, Moïse combat sur la montagne avec les armes de la prière. C'est pourquoi Moïse lève les mains vers le ciel : lorsque Moïse tenait ses mains levées, Israël l'emportait, et quand il les laissait retomber, Amaleq l'emportait(Ex17,11). Il arriva que Moïse aussi fut près de baisser les bras : les mains de Moïse s'alourdissaient (Ex17,12). A ce moment vont intervenir Aaron et Hur : Aaron le prêtre de la tribu de Levi et Hur, de la tribu de Juda, d'où sera issu le Messie. Deux grands priants qui vont soutenir la prière de Moïse : Ils prirent une pierre,[...]Il s'assit dessus tandis qu'Aaron et Hur lui soutenaient les mains, l'un d'un côté, l'autre de l'autre (Ex17,12).

C'est dans la communion des saints, magnifique solidarité de prière, assurance d'une supplication constante, qu'on obtient la victoire : « prière incessante, ennemi sans puissance » !

Sarah, Noémie et les autres

La stérilité dans la Bible est quelque chose de catastrophique  : la femme stérile et son mari se considèrent comme abandonnés par la bénédiction divine,puisqu'être béni et être fécond ça va ensemble :Dieu les bénit et leur dit « Soyez féconds,multipliez(Gn1,28). »

Le couple stérile se sent fragilisé,sans héritier,il ne vaut pas grand-chose :Abraham se plaint à Dieu : Tu ne m'as pas donné de descendance et un des gens de ma maison héritera de moi (Gn15,3).

Il y a une autre forme de stérilité, c'est celle de Noémie, dont les fils sont morts et qui est veuve ; elle pense qu'elle n'est plus rien et elle dit à ses belles-filles : Je suis pleine de douleur à votre sujet car la main du Seigneur s'est levée contre moi (Rt1,13). Quand elle retourne à Bethléem, elle change même son nom : Ne m'appelez plus Noémie, appelez-moi Mara. Noémi : signifie « gracieuse devant Dieu », et Mara « douloureuse ».

A travers ces souffrances, ces fragilités extrêmes, le Seigneur va agir, car il est celui qui assied la stérile en sa maison, mère en ses fils heureuse (Ps113,9).

Sarah deviendra des nations et des rois de peuples viendront d'elle(Gn 17,16)  ; Noémie recevra sur ses genoux, à sa naissance, l’enfant de Ruth consolateur et soutien de sa vieillesse (Rt4,15): Obed ancêtre du Messie.

Quand tout va mal, il faut se dire que,dans le secret,le Seigneur prépare de grandes bénédictions : la fragilité devient un chemin d'espérance.