Textes bibliques du jour

Pour lire les textes de la Parole du jour  selon le rite latin et avoir un petit commentaire cliquez ici

 

Annonces actuelles

Liens externes

Beaucoup de sites bibliques, sur Israël...sont très intéressants. Ici vous trouverez une liste qui s'allongera au fur et à mesure. Voir la liste.

Glânures...

Prière de St Ignace

 « Seigneur Jésus,
apprenez-nous à être généreux,
à vous servir comme vous le méritez,
à donner sans compter,
à combattre sans souci des blessures,
à travailler sans chercher le repos,
à nous dépenser sans attendre d’autre récompense
que celle de savoir que nous faisons votre Sainte volonté. »

Si voulez lire plus cliquez ICI

N° 6 - Janvier 2003

No 6 – Mars 2003

Sommaire :

      Éditorial

      Dossier du mois : les élections, un tournant ?

      Page d’histoire : déclaration de l’Indépendance.

      Comment naissent les vérités

               Objectivité – demi-vérité – désinformation

               Témoignages

      Flashes d’espoir

      Un autre visage du judaïsme

      Chant du mois, humour.

      Infos pratiques

Éditorial

Au chapitre XV de l’Évangile de Luc, la parabole bien connue de l’enfant prodigue nous donne en quelques versets trois versions du même événement.

Version A, celle du serviteur : « C’est ton frère qui est arrivé, et ton père a tué le veau gras parce qu’il l’a vu revenir en bonne santé. »

Version B, celle du fils aîné : « Quand ton fils que voici est arrivé, lui qui a mangé ton avoir avec des filles, tu as tué le veau gras pour lui. »

Version C, celle du père : « Il fallait festoyer et se réjouir, parce que ton frère que voici était mort et il est vivant, il était perdu et il est retrouvé. »

Si l’on cherche un récit objectif de l’événement, on doit évidemment exclure d’emblée les versions B et C, l’une et l’autre particulièrement tendancieuses — la dernière surtout —, puisque la passion y mêle étroitement les faits et leur interprétation. La version neutre est celle du serviteur, d’autant plus détaché par rapport à l’histoire qu’il n’en a rien à faire.

Rédacteurs d’Un écho d’Israël, nous savons que nous ne sommes pas neutres par rapport à la vie, aux joies, aux espoirs et aux souffrances du peuple au sein duquel nous avons choisi de vivre. Au fil des décennies, nous avons appris à le connaître dans la diversité extrême de ses composantes, avec ses qualités et ses défauts, ses fautes, dont nous souffrons, et ses grandeurs, souvent mal connues.

Vivant au sein du peuple d’Israël, nous n’avons pas l’expérience quotidienne de la souffrance des Palestiniens, particulièrement en cette période où beaucoup d’entre eux sont contraints, par les bouclages et les couvre-feu, à des conditions de vie difficilement supportables. Ceux qui nous connaissent personnellement, et non sur la foi d’une réputation de deuxième ou troisième mains, savent l’effort que fait chacun d’entre nous pour s’informer et notre refus de nous enfermer dans une vision partiale des choses, et moins encore dans une apologétique inconditionnelle — attitude aussi facile et stérile que les condamnations sans nuances.

Nous n’avons pas la prétention de tout savoir ni de tout dire. Notre but, beaucoup plus modestement, est de vous faire entendre, à travers nos témoignages et notre expérience, « un écho d’Israël ».

                                                                                                                        Michel Remaud     

Dossier du mois :

                        Les élections en Israël, un tournant ?

Le résultat du scrutin des élections en Israël ne constitue en apparence aucune surprise notoire. De nombreuses rédactions avaient décidé de ne pas envoyer de correspondants spéciaux pour couvrir cet événement. Sharon allait être réélu, son dossier était déjà bien connu et la cause était entendue. Israël depuis le début de la seconde Intifada avait changé de visage. La forte majorité de la population, celle qui avait porté Ehud Barak au pouvoir il y a un peu plus de 3 ans, avait changé de camp et rejoint les rangs des faucons. Cette nouvelle victoire de Sharon suivait la même logique, il n’y avait rien de nouveau sous le soleil. Il est vrai que le résultat assez spectaculaire du Likoud est du en parti au sentiment que le processus de paix tel que l’a négocié la gauche était un échec. Le journal le Monde le reconnaît : « C’est un vote de désarroi, de désenchantement et de dépit. Traumatisé par le terrorisme palestinien, sonné par l’échec du processus d’Oslo, embourbé dans une récession durable, Israël a voté, mardi 28 janvier, pour reconduire au pouvoir l’homme qui, dans cette période d’incertitudes, lui paraît incarner un minimum de sécurité ».

Cette victoire est, de fait, d’abord et avant tout celle de l’homme Sharon et non celle de son parti. Le Premier ministre est perçu par nombre d’Israéliens, à tort ou à raison, comme un modéré et un centriste face à certaines figures de la droite comme Benyamin Netanyahou, Avigdor Liberman ou même le nouveau leader du Parti National Religieux Efi Etam.

Ariel Sharon est l’homme qui d’un côté avec une main de fer dit vouloir éradiquer le terrorisme et de l’autre, promet une solution politique avec la création d’un Etat palestinien. Malgré l’opposition de la plupart de ses proches ou de ses rivaux, il continue sans se laisser impressionner le moins du monde dans la ligne qu’il s’est fixé. C’est ce grand-père qui donne l’impression de savoir où il veut aller (sans jamais le dire d’ailleurs) que les Israéliens ont réélu. Sharon s’est présenté durant toute la campagne électorale comme un centriste et son entêtement à vouloir former un gouvernement d’union nationale avec le parti travailliste a renforcé cette impression. Le soir de la victoire de son parti au parc des expositions à Tel Aviv, Ariel Sharon a appelé à un rassemblement national et a souhaité la formation d’un gouvernement le plus large possible, et ce malgré les sifflements répétés de certains activistes du Likoud. Il sait parfaitement que confier le destin de son cabinet à la droite nationaliste serait non seulement une erreur fatale sur le plan de la politique intérieure mais suicidaire sur le plan international s’étant engagé à mettre en œuvre le plan Bush. L’alliance qu’il vient de faire avec le parti laïc centriste Shinouï est symptomatique de sa stratégie. Si même le parti nationaliste est entré dans son gouvernement, il pourra au moment opportun s'en séparer tout en préservant la majorité à la Knesset par un jeu d'alliance avec d'autres partis. Les Israéliens comme Sharon lui-même savent que l’occupation des Territoires est une voix sans issue et que la reprise des négociations avec les Palestiniens est la seule solution. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles les partis de la droite nationale n’ont pas fait de percée significative et que l’extrême droite, le parti Hérout, n’est même pas entrée à la Knesset.

Chez les Palestiniens comme dans le monde arabe, la nouvelle victoire de Sharon semble faire réfléchir et oblige les responsables à revoir leurs positions. Le Président égyptien Hosni Moubarak dont l’antipathie (et le mot est faible) pour Sharon est légendaire, a téléphoné au Premier Ministre israélien au lendemain de sa victoire pour le féliciter et l’inviter en Egypte pour une première visite officielle. Si les Américains et la situation géopolitique de la région sont les facteurs de ce changement de position, il n’en reste pas moins que la porte du dialogue est ouverte.

A propos de ces élections, le Dr Mosaad, égyptien, psychiatre, sociologue, éducateur et militant pour la paix a écrit l’article suivant :

« Les Israéliens ont réélu Sharon parce qu’ils sont absolument désespérés. […] Ce dont le peuple israélien a besoin, c’est tout simplement d’un mouvement arabe pour la paix, d’une manifestation pour la paix, ou au moins de quelques articles qui s’adressent à son cœur et qui soutiennent les militants de la paix en son sein. Comment peut-il porter quelque appréciation que ce soit sur cette conférence des Palestiniens au Caire quand elle a été précédée par le film « Cavalier sans Monture », par un flot d’articles antisémites dans la presse arabe, par la nouvelle vigueur du Front Anti-Normalisation soutenu par les gouvernements arabes? De nombreux Israéliens ont réélu Sharon, non parce qu’ils ont confiance en lui, mais parce qu’ils n’ont pas confiance en nous. »

Du côté de l’Autorité palestinienne les même interrogations se sont fait entendre : Dans le quotidien palestinien Al-Qods du 30 janvier 2003, le ministre palestinien de l'Intérieur Hani Al-Hasan écrit: «La direction [palestinienne] devrait méditer sur la radicalisation à droite de la société israélienne. Il semble que celle-ci ne comprenne pas [le sens] des actions et des objectifs palestiniens. Nous devrions tirer la leçon [du résultat] de ces élections et mettre au point une politique capable de persuader le citoyen israélien que nous ne menaçons pas sa sécurité, et que nous désirons véritablement une paix juste qui garantira [l'exercice] de ses droits au peuple palestinien et la sécurité des deux Etats: la Palestine et Israël.»

Au lendemain des élections un journaliste palestinien de Jérusalem interrogé par un journaliste israélien à la radio a dit avec lucidité : «C’est sûr que ces résultats sont dûs à la peur des Israéliens par suite des attentats meurtriers palestiniens parmi leurs civils. Nous devons faire notre examen de conscience et changer de comportement. »

A l’heure où nous écrivons ces lignes, le nouveau gouvernement est formé. Après un mois de négociations avec les différentes formations politiques, le Premier ministre se retrouve avec un cabinet qu’il n’a pas vraiment désiré. Aucun terrain d’entente n’a été trouvé avec le Parti travailliste et c’est vers la droite nationale que Sharon s’est tourné pour arriver à une coalition de 68 députés mais cette fois sans les partis religieux ultra-orthodoxes. Le parti Shinouï est une pièce maîtresse du nouveau gouvernement avec cinq ministères dont ceux de la Justice et de l’Intérieur et entend bien amorcer des réformes comme l’institution du mariage civil. Toute la question est de savoir quelle sera leur véritable marge de manœuvre face à une opposition religieuse qui n’a pas l’intention de perdre ses privilèges.

Quoi qu’il en soit, c’est avec satisfaction que les communautés chrétiennes ont accueilli l’annonce de la nomination d’Abraham Poraz (Shinouï) au poste de ministre de l’Intérieur succédant à Eli Ishaï, du parti religieux séfarade. Le ministre sortant avait pratiqué une politique particulièrement peu favorable aux chrétiens en particulier et aux non-juifs en général. Il devient de plus en plus difficile pour les chrétiens, européens ou arabes, de recevoir des visas ou même des permis de séjour très courts. Dernièrement, les fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, ayant reçu l’ordre de limiter le plus possible le nombre de visas pour les étrangers, ont même menacé de ne pas renouveler les permis de séjour pour les religieux et les clercs (de toutes confessions confondues) s’ils s’absentent trop souvent du pays. Ainsi certains responsables de communauté se voient dans l’obligation de justifier leurs sorties et une épée de Damoclès plane en permanence sur leurs têtes. Cette politique s’inscrit dans la logique de l’idéologie du parti Shass qui pendant la dernière campagne électorale a présenté le monde chrétien comme l’un des dangers qui guette les Juifs d’Israël et qu’il faut combattre. Sur leur site internet on peut lire : « Oui à l’immigration des Juifs, non à l’immigration chrétienne… Il faut endiguer le flot des chrétiens dans l’Etat d’Israël. Nous sommes pour l’immigration juive mais contre l’immigration chrétienne. Un demi million de chrétiens sont montés de Russie et ont vidé les ressources de l’Etat de près d’un milliard de shékels et ont amené dans le pays la délinquance violente, la pègre, l’antisémitisme et la haine. » Si ces propos ont de quoi inquiéter les chrétiens de Terre Sainte, il ne serait pas juste de crier à la persécution comme certains n’ont pas hésité à le faire. Israël de tous les pays du Moyen-Orient est le seul à garantir une véritable liberté de culte et d’expressions. Enfin la politique d’un parti ne reflète pas l’ensemble de la politique des institutions de l’Etat d’Israël.

Le nouveau ministre de l’Intérieur Avraham Poraz est un ancien membre du parti de gauche Méretz. Parlementaire depuis 1988, il jouit d’une réputation d’homme libéral et a combattu pour l’égalité des droits de tous les citoyens d’Israël. Il a déjà annoncé le jour de sa prise de fonction des réformes visant à conférer à tous les mêmes droits. De même, la nomination de Tommy Lapide, leader du parti Shinouï, comme ministre de la justice peut être vue comme une évolution positive sur ce dossier même si ce rescapé de la Shoa a plusieurs fois exprimé sa méfiance face aux chrétiens. Lors de la précédente Knesset, il avait initié une loi anti-missionnaire soutenue par les partis religieux. Suivant les accords diplomatiques entre le St Siège et l’Etat d’Israël, un certain nombre de questions concernant les communautés chrétiennes dépendent directement du ministre de la justice.

C’est le Likoud qui détient les portefeuilles les plus importants mais les différentes nominations de Sharon ont provoqué un tollé au sein du parti et laissé de nombreux députés insatisfaits. Benyamin Netanyahou a quitté les Affaires étrangères pour les finances, poste particulièrement délicat en ces temps de récessions. Silvan Shalom, ancien ministre des finances, inconnu sur la scène internationale, est le nouveau ministre des Affaires étrangères. Sharon lui a déjà fait savoir que les relations avec la Maison Blanche sont sa chasse gardée. Le nouveau gouvernement israélien fortement marqué à droite et ce malgré la présence de Shinouï fait déjà figure de gouvernement provisoire : la moitié des ministres n’accepte pas le plan Bush et s’oppose à la création d’un Etat palestinien. Si Sharon voulait reprendre des négociations de paix comme il l’affirme, il devra se séparer de la droite nationale et faire appel au parti travailliste pour mener à bien son entreprise.

Enfin, le nouveau chef de l’opposition Amram Mitzna (parti travailliste) a promis de ne pas faire de cadeaux à son rival politique et son premier discours à la Knesset promet des jours mouvementés dans l’enceinte du parlement israélien. Le temps de grâce du gouvernement d’union nationale est bel et bien révolu.

 

                                                                                                                      Jean-Marie Allafort

Page d’Histoire

            La déclaration d’Indépendance de 1948

            Israël et la ligue Arabe.

Accueillie avec liesse par les juifs, la résolution de l’ONU du 29 novembre 1947 rencontre l’opposition et le refus de tous les pays Arabes. La Grande Bretagne, se voyant dans l’impossibilité de faire appliquer cette recommandation, déclare qu’elle retirera ses forces le 15 mai 1948.

            Novembre 1947- 13 mai 1948 : 1ère phase de la guerre d’indépendance.

Dès le 30 novembre, les Arabes de Palestine qui comptent environ 1 million de personnes vont s’attaquer aux populations juives suscitant des émeutes.

Les Arabes n’ont pas d’organisations militaires.

Les Juifs n’ont que des armes légères pour seulement un tiers de la population combattante et dans la première phase ce sont les Britanniques qui ont le rôle le plus important. Avec chars, blindés, avions et artillerie, ils maintiennent l’ordre, déployés aux points stratégiques et refusent l’entrée en Palestine d’une commission de l’ONU.

            Avant même leur départ, la guerre d’indépendance a commencé. Les Arabes attaquent surtout les villes à population mixte, les villages isolés et les routes. Pendant plusieurs mois Jérusalem sera en état de siège, souffrant du manque d’eau et de nourriture.

            Au mois d’avril, la Hagana passe de la position de défense à l’attaque avec plusieurs opérations. Beaucoup d’Arabes s’enfuient par peur après le massacre de Deir Yassin et par conviction d’une victoire arabe. Pendant ce temps, les Anglais se préparent à leur évacuation et la Hagana met en place un plan pour assurer la continuité territoriale des zones à forte population juive. En même temps, le Yishouv prépare les institutions du futur Etat Juif avec le Conseil National, les services gouvernementaux de justice, santé aide sociale, police, poste et impôts.

            La déclaration d’Indépendance

Le texte de la Déclaration d’Indépendance dont voici un extrait est ratifié et le nom de l’Etat naissant est décidé : ce sera ‘Israël’ :

Le Pays d’Israël est le lieu où naquit le Peuple Juif. C’est là que se forma son caractère spirituel, religieux et national. C’est là qu’il acquit son indépendance et créa une culture d’une portée à la fois nationale et universelle. C’est là qu’il écrivit la Bible et en fit don au monde.

Exilé de Terre Sainte, le Peuple Juif demeura fidèle tout au long de sa dispersion et il n’a jamais cessé de prier pour son retour, espérant toujours la restauration de sa liberté politique.

Mus par ce lien historique et traditionnel, les Juifs s’efforcèrent au long des siècles de revenir dans le pays de leurs ancêtres. Au cours de ces dernières décennies, ils rentrèrent en masse dans leur pays. Pionniers, immigrants clandestins, combattants, ils ont défriché le désert, ressuscité la langue hébraïque, construit des villes et des villages et créé une communauté en pleine expansion, contrôlant sa vie économique et culturelle, recherchant la paix mais sachant aussi se défendre, apportant à tous les habitants du pays les bienfaits du progrès et aspirant à l’indépendance nationale…

…En conséquence, nous, membres du Conseil National représentant la communauté juive de Palestine et le mouvement sioniste, nous nous sommes rassemblés ici, en ce jour où prend fin le Mandat britannique et en vertu du droit naturel et historique du Peuple Juif et conformément à la résolution de l’Assemblée Générale des Nations Unis, nous proclamons la création d’un Etat Juif en Terre d’Israël qui portera le nom d’Etat d’Israël…

…L’Etat d’Israël sera ouvert à l’immigration juive et aux Juifs venant de tous les pays de la Dispersion ; il veillera au développement du pays pour le bénéfice de tous ses habitants ; il sera fondé sur la liberté, la justice et la paix selon l’idéal des Prophètes d’Israël ; il assurera la plus complète égalité sociale et politique à tous ses habitants sans distinction de religion, de race ou de sexe ; il garantira la liberté de culte, de conscience, de langue, d’éducation et de culture ; il assurera la protection des Lieux Saints de toutes les religions et sera fidèle aux principes de la Charte des Nations Unies….

…Nous demandons – face à l’agression dont nous sommes l’objet depuis quelques mois – aux habitants arabes de l’Etat d’Israël, de préserver la paix et de prendre leur part dans l’édification de l’Etat sur la base d’une égalité complète de droits et devoirs et d’une juste représentation dans tous les organismes provisoires et permanents de l’Etat.

Nous tendons la main à tous les pays voisins et à leurs peuples et nous leur offrons la paix et des relations de bon voisinage ; nous les invitons à coopérer avec le peuple juif rétabli dans sa souveraineté nationale. L’Etat d’Israël est prêt à contribuer à l’effort commun de développement du Moyen Orient tout entier.

Nous demandons au peuple juif de la Diaspora de se rassembler autour des Juifs d’Israël, de les aider dans la tâche d’immigration et de reconstruction et d’être à leurs côtés dans la grande lutte pour la réalisation du rêve des générations passées : la rédemption d’Israël.

Confiants en l’Eternel Tout Puissant, nous signons cette Déclaration en cette séance du Conseil Provisoire de l’Etat, sur le sol de la Patrie dans la ville de Tel Aviv, cette veille de Shabbat 5 Iyar 5708, 14 mai 1948.

David Ben Gourion et les autres membres du Conseil Provisoire.

            C’est donc le vendredi soir, veille de Shabbat, ce 14 mai 1948, à 16h37 que David Ben Gourion après avoir lu le texte de l’indépendance d’Israël déclare : « L’Etat d’Israël est né. La séance est levée. »

            Ce même jour, sur les bords du Nil, Gamal Abdel Nasser reçoit le diplôme d’officier de l’armée royale d’Egypte et deux jours plus tard, son 6ème bataillon marchera vers Tel Aviv pour détruire l’Etat que Ben Gourion venait de proclamer.

            Ben Gourion est réaliste et lucide. Voici ce qu’il écrira en 1965 dans son livre autobiographique :

            Quelques jours plus tôt, j’avais reçu du général Georges Marshall, à cette époque secrétaire d’Etat, un message urgent. Il me demandait de ne pas m’obstiner à proclamer l’indépendance. J’avais reçu de semblables messages de plusieurs gouvernements et aussi de personnalités distinguées, d’amis et d’autres qui l’étaient moins. Marshall était un ami, un véritable ami et s’il essayait de me décourager, ce n’était pas parce qu’il était hostile à un Etat juif, mais parce qu’il pensait que nous n’en aurions pas pour longtemps à être détruits par les Etats arabes, dont les forces armées avaient une supériorité accablante. Il pensait que si nous nous posions en Etat, ils nous attaqueraient, et que nos forces seraient écrasées. Il me suppliait d’attendre un climat politique plus favorable. Dans l’intervalle, les arrangements internationaux pourraient se faire de manière à compléter comme il se pourrait la résolution des Nations Unies. C’était donc le conseil d’un ami et l’appréciation de la situation militaire par l’un des soldats les plus remarquable du monde. On le voit, ce n’était pas un conseil qu’on pouvait rejeter à la légère.

            Et pourtant, il n’a rien pu pour nous détourner du chemin que nous avions choisi. Marshall ne pouvait pas savoir ce que nous savions, ce que nous sentions jusqu’en la moelle de nos os : cette heure était notre heure historique. Si nous n’étions pas à sa hauteur par crainte ou par manque d’ardeur, des générations, des siècles peut-être, se succéderaient avant que notre peuple puisse retrouver l’occasion historique, à supposer qu’il se trouve toujours vivant en tant que groupe national. Si graves que puissent être les conséquences de notre décision, je savais que l’avenir serait infiniment plus mauvais pour mon peuple si nous ne faisions pas cette déclaration. Nous avons donc décidé d’aller de l’avant et de nous déclarer indépendants comme prévu….

            Rentrant chez moi après la cérémonie d’indépendance, à la fin de l’après midi, je regardais les gens qui dansaient dans les rues, célébrant cet acte historique auquel chacun avait mis la main. Je ne me suis pas mêlé à leur danse, et pourtant je ressentais avec eux ce que l’heure avait d’émouvant. Tout cela faisait beau spectacle. La joie pure sur les visages, la lumière dans les yeux, l’exubérance dans les gestes, une sorte d’extase enveloppant toute chose. Ils avaient bien raison de danser, ai-je pensé. Mais je n’étais que trop conscient des dangers qui se présentaient et des sacrifices qu’allait nous coûter la défense de cet Etat que nous venions de créer. Bien des danseurs devaient en être conscients, eux aussi.         (David Ben Gourion, Regards sur le passé, Edition du Rocher, Monaco, 1965).

                                                                                                                                  Cécile Pilverdier

Désinformation

         Comment naissent les vérités

Les formules simples sont faciles à retenir. Puisqu’elles sont faciles à retenir, tout le monde les connaît et les répète. Et ce que tout le monde répète est forcément vrai, puisque tout le monde le dit.

La propagande fait donc un grand usage de ces slogans, qui ont d’autant plus de portée que personne ne songe à en vérifier le bien-fondé. Ainsi en est-il du mythe de la « Palestine historique », qui revient régulièrement dans le discours palestinien : après s’être approprié 78 % de la « Palestine historique », les Juifs oppriment encore les Palestiniens dans les 22 % qui restent. Il ne s’agit pas ici de nier la situation dramatique dans laquelle sont plongés les Palestiniens des territoires, mais d’essayer de remonter à l’origine du slogan.

S’il y a un terme dont la signification a considérablement varié au cours des siècles, c’est bien celui de Palestine, comme le montre la simple consultation d’un atlas historique. La Philistie biblique correspondait grosso modo à l’actuelle bande de Gaza. La Palæstina, nom donné par les Romains à la Judée après la répression du soulèvement de 132-135, s’est étendue jusqu’au-delà du Jourdain, et la Palestine du mandat britannique comprenait aussi la Transjordanie. Ajoutons que les territoires des différentes « Palestine » de l’Antiquité étaient trop imprécis dans leurs contours pour qu’on puisse en évaluer aujourd’hui la superficie avec une précision mathématique absolue.

Qu’est-ce que la « Palestine historique » dans le discours palestinien ? Il s’agit du territoire constitué de l’Israël d’avant 1967, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, territoire délimité par la frontière libanaise au nord, la vallée du Jourdain et de la Arava à l’est, la frontière égyptienne au sud-ouest et la Méditerranée à l’ouest. Or, le territoire ainsi défini est né en 1922, lors du premier partage de la Palestine (cf. “Page d’histoire”, Un écho d’Israël n° 5, janvier 2003, pp. 6-9 ; carte, p. 7). En bref, la fameuse « Palestine historique » n’a eu d’existence que de 1922 à 1948.

Qu’en est-il des chiffres, 78 % et 22 % ? À s’en tenir aux sources neutres, ils correspondent à peu de chose près à la réalité : 20770 km 2 pour Israël, 6236 pour les Territoires palestiniens (une source palestinienne donne 6257, ce qui ne change guère les proportions). À peu de chose près, puisqu’un simple calcul sur ces chiffres donne les proportions de 76,9 contre 23,1. Il serait mesquin, sans doute, de chicaner sur un peu plus de 2 % (1,1 % de plus d’un côté, 1,1 % de moins de l’autre). Encore peut-on souligner que l’erreur s’est produite dans ce sens et non dans l’autre. Un examen attentif de la carte et des chiffres révèle pourtant un tour de passe-passe : on peut arriver en effet, à une décimale près, aux proportions de 78 contre 22, à condition d’inclure dans la « Palestine historique »… le Golan, qui a failli faire partie de la Palestine britannique, mais qui a finalement été rattaché à la Syrie du mandat français, pour des raisons tout autres qu’historiques.

Dernière remarque : lorsque Ehud Barak et Shlomo ben Ami proposèrent à Yasser Arafat de céder à la Palestine 400 km 2 de Néguev, Arafat repoussa l’offre en disant qu’il n’avait rien à faire d’un désert. Israël peut donc garder son Néguev, qui constitue à lui seul près de la moitié de la prétendue « Palestine historique ». L’autorité palestinienne n’en a que faire, et que ce désert soit israélien permet au contraire d’entretenir devant l’opinion mondiale le scandale de l’iniquité du partage.

La « Palestine historique » avait 26 ans en 1948. Par la vertu et pour les besoins de la propagande, elle est aujourd’hui une octogénaire promise à un bel avenir.

                                                                                                          Michel Remaud

Objectivité ou propagande?

Comme le dit l’Éditorial, nous cherchons à donner un écho de ce pays que nous voyons vivre au jour le jour, pour nuancer la caricature qu’on en a dans les médias d’Occident (sans parler des autres). Mais le danger peut être de donner une image idéalisée, qui n’est ni conforme à la réalité, ni crédible par là même, car le lecteur un peu informé sentira la lacune. Dire des demi-vérités est toujours dangereux, comme nous le signalons ci-après.

Bien sûr, notre travail n’est pas d’ajouter de l’eau au moulin des critiques déchaînés et tendancieux. Mais reconnaître les erreurs d’Israël parfois graves, permet de


faire sentir notre sympathie pour les Palestiniens – en rappelant que le sens grec original de sym-pathie est « sentir-avec », je n’ose pas dire « pâtir-avec », ce que d’autres font avec courage. Nos lecteurs verront que nous ne vivons pas dans l’illusion, « victimes de nos médias », comme certains nous ont objecté.

Cette tentative de vue équilibrée nous laisse libres d’ajouter ensuite des nuances ou de compléter le tableau. Nous sommes sûrs que nos lecteurs sauront apprécier notre effort, même s’il n'est pas toujours réussi ! Il est normal que pour rétablir l’équilibre face à une masse de calomnies, nous ayons le souci de souligner le positif, et de montrer ce que souffrent aussi nos frères d’Israël.

Toutefois parler de cette souffrance, des victimes israéliennes, ne vise pas à noircir le peuple palestinien en bloc, alors qu’il est actuellement dans la situation la plus pénible. Dire les faits, comprendre mieux les situations, les causes profondes, mais n’accabler personne.

Notre effort est-il possible ? Le dessin ci-contre montre la voie, et les réactions de nos lecteurs nous encouragent à continuer.  


 

 


Demi-vérité

La vie apprend qu’une demi-vérité est pire qu’un mensonge. Car un mensonge est parfois assez vite dépisté, et cela ne se discute pas : c’est vrai ou c’est faux. Une demi-vérité se cache mieux, et on peut rétorquer « Ce que j’ai dit est vrai etc… ». Et pourtant…

Deux histoires :

Dans un village un enfant alla se confesser et commença :

– J’ai volé une corde…

– Bon, et après? Tu as obéi à tes parents? Tu as…

– Euh, enfin… et j’ai volé une corde.

– D’accord, tu l’as déjà dit! Et après ?

– Oui, mais… au bout de la corde, y avait une vache.

On peut sourire, mais l’image nous servira. Voici une autre histoire, vraie celle-là, hélas :

A l’arrivée des Communistes en Chine, on arrêta une Sœur de Saint Vincent, qui tenait une maison pour enfants. Elle comparaît devant un tribunal populaire. Accusation : 75 % des enfants confiés à ses soins étaient morts. Quel manque de vigilance et de compétence!

La deuxième moitié de la vérité est qu’elle les ramassait dans les poubelles, chaque matin. Les parents de familles trop nombreuses s’en débarrassaient ainsi (la pilule n’existait pas). Et elle en sauvait 25 %. Cela change le tableau.

C’est une des failles du discours humain, de ne dire généralement qu’une partie de la réalité. C’est parfois anodin, mais il en résulte souvent des distortions pas forcément volontaires. Mais c’est un des outils de la désinformation, qui l’utilise méthodiquement. Il est bon d’en être conscient quand on lit ou entend une nouvelle, et surtout quand on regarde le petit écran. On ne peut pas toujours rectifier, mais on peut au moins être sur ses gardes.

Donnons pour conclure quelques exemples de demi-vérités dans les informations que nous recevons couramment :

– les médias d’Europe soulignent souvent que des soldats israéliens tuent des enfants. Cela arrive, mais c’est le plus souvent accidentel. Un jeune soldat, que je connais personnellement et apprécie, a raconté son dilemme lorsqu’au cours d’une opération il se trouva face à une famille avec un homme armé; il propose à l’homme de jeter son arme. Alors l’autre, caché derrière les femmes et les enfants, tire sur les soldats… Fallait-il tirer sur le groupe, ou se laisser tuer ? Il n’en reste pas moins que dans certains cas de « liquidations » de terroristes, l’armée ne met pas de gants et un tir trop lourd tue aussi des innocents autour des hommes armés. Est-ce vraiment inévitable? Ces derniers mois, on peut se le demander.

– autre exemple dans l’autre sens : nous avons parlé de ces colons qui vont maltraiter les palestiniens cueillant leurs olives. Ou bien simplement, ils arrivent avant les paysans et cueillent eux-mêmes les olives! L’un d’eux a rétorqué : « Non, je ne fais rien de mal,… je cueille des olives seulement dans des terres appartenant aux Juifs. » Et il ajoutait à mi-voix avec un sourire malin « …car tout ce pays appartient aux Juifs ». Là aussi la fin de la phrase change tout. Rappelons au passage que cette conception n'est pas le fait de la majorité de la population ! L’histoire ne visait qu’à donner un exemple subtile de ce genre de vérités incomplètes. Les tribunaux en sont pleins, et la vie politique aussi.

«La corde… et la vache » – cela peut servir de terme codé dans nos nouvelles.

Trucages, sélections

Il y a les cas de trucage, les commentaires. Ainsi la RTBF – télévision publique belge – a montré l’an dernier l’état de la Basilique après la sortie des Palestiniens qui y avaient séjourné plus d’un mois. Dans un contexte d’images de l’armée israélienne circulant sur la place, on entendait un prêtre arménien se plaindre : « Ils ont tout volé, ouvert les portes etc… ». En fait il se plaignait des combattants palestiniens, et deux jours après la RTBF reconnaissait qu’elle avait à tort laissé entendre que…, et parlait d’une « imprécision due à un montage tardif ». TV5 qui avait diffusé ce même reportage dans le monde n’a pas fait ce rectificatif. Un exemple parmi bien d’autres, souvent plus graves.

Il y a aussi le choix des images, les accents. Le Monde dans son édition Internet donne les images du jour ou de la semaine. Parmi 8 images du monde entier, il est rare qu’il n’y ait pas un enfant de 10 ans jetant une pierre sur un tank, ou un enterrement palestinien. Curieusement, on ne voit jamais de victimes israéliennes, d’enfant tués ou de femmes grièvement blessées. Une photo présentait dernièrement « l’enterrement d’un jeune tué dans une riposte de l’armée après l’explosion qui a fait 23 victimes en Israël »; ce qui reste dans l’esprit du lecteur est la photo tragique, non le chiffre 23 en bas du sous-titre. Dans le journal israélien Haaretz (mais aussi dans d’autres journaux) on voit souvent en première page de telles photos de victimes palestiniennes ou de soldats arrêtant des femmes, ou de maisons détruites, ce qui nous empêche un peu d’oublier la souffrance des autres, même si c’est loin de refléter toute l’ampleur de cette souffrance.

                                                                                                                                  Yohanan Elihai

Témoignages

            Visite médicale

Le 2 janvier 2003, je vais à mon rendez-vous chez mon médecin francophone.

Antoinette : ‘Bonjour docteur’

Dr : ‘Bonjour et bonne fête’

A : !!??? (silence)

Dr : ‘C’est bien une fête pour vous le 1er janvier ?’

A : ‘Oh….pas tellement’

Dr : ‘C’est bien une fête chrétienne avec des prières spéciales ?’

A : ‘Pour moi, non… c’est une fête laïque’

Dr : ‘C’est pourtant la circoncision du Christ !’

A : ‘Comment vous le savez ?’

Dr : ‘C’est le 8ème jour après Noël’

A : ‘Mais ce n’est pas écrit qu’il faut le fêter’

Dr : ‘Ce n’est pas non plus écrit qu’il faut fêter Noël’

Confuse et me rendant compte combien j’ai à apprendre de ce médecin juif, je réponds : ‘vous avez raison, c’est une chose tellement importante que cette circoncision du Christ.’

Dr : ‘Et pourquoi ?’

Je réponds en balbutiant : ‘C’est son entrée dans le peuple juif, son identification avec lui. Il est vraiment un avec son peuple.’

Dr : ‘Pendant 2000 ans vous l’avez oublié.’

A : ‘Oui, c’est incompréhensible…’

Dr : ‘Passez-moi votre carte magnétique...’

            En sortant du cabinet médical, pendant la demi-heure de marche qui me sépare de la maison, je réalise un peu combien je suis encore loin d’avoir compris ce mystère de l’incarnation dans le peuple juif et l’importance de la circoncision, événement vécu si souvent ici dans les familles juives, un grand jour.

La circoncision d’un enfant juif est devenue le 1er de l’an pour les nations.

            Pourim et la solution finale

            Le rouleau d’Esther lu et vécu pendant la fête de Pourim (cette année le 18 mars), narre pour la 1ère fois, le projet d’extermination du peuple juif.

Laissons la parole à Haman, l’Aguaguite, descendant du roi Amalek et s’adressant au roi Assuérus : ‘Il y a un peuple à part. Ils sont partout, infiltrés parmi tous les peuples, dans toutes les provinces de ton royaume ; leurs rois les distinguent de tout peuple et ils n’exécutent point les lois du roi – il ne vaut rien pour le roi de les laisser en repos…’ (Esther, 3, 8)

Cet ‘adversaire des juifs’ comme il est nommé dans le texte, fait signer au roi le décret d’extermination en ces termes : ‘On devrait exterminer, tuer et faire périr tous les juifs, du jeune garçon au vieillard, les enfants comme les femmes, en un seul jour, le 13 du douzième mois, qui est le mois d’Adar.’(3, 13)

‘De l’Inde à l’Ethiopie’

Vous connaissez la suite et le rôle d’Esther pour sauver son peuple. S’il y eut dès le 13ème siècle, des édits chassant les juifs des pays européens, l’Angleterre, la France, l’Espagne…et des pogromes en Russie à la fin du 19ème siècle, il faudra attendre le traité de Wannsee le 20 janvier 1942 pour qu’une nouvelle fois une solution finale soit décrétée, cette fois par Hitler. Pour les Juifs, c’est encore ‘l’esprit d’Amalek’ qui est à l’œuvre dans les Nazis. Vous connaissez la suite : s’il y eut des Haman, il y eut aussi des Esther… mais tout le peuple n’a pas été sauvé.

            Est-ce que cet ‘esprit d’Amalek’ n’est pas encore à l’œuvre aujourd’hui ? Quand on voit défiler des foules d’islamistes et d’autres extrémistes hurlant : ‘mort à l’Etat d’Israël, au sionisme, aux juifs...’ Y aura-t-il des Mardoché ou des Esther parmi les chrétiens qui sauront discerner ici et là cet ‘esprit d’Amalek’ et y tenir tête ? Soyons vigilants.

                                                                                                                      Antoinette Brémond

Flashes d’espoir

Abou Youssef et Ilan

            Abou Youssef est un vieil ami, Palestinien qui habite Jérusalem-Est (côté arabe de la ville), il est né à Jérusalem il y a quelque 60 ans où il vivait avec ses parents dans la maison de famille à Talbieh, aujourd’hui dans la Jérusalem israélienne, proche de la résidence du Président de l’Etat. Dernièrement, j’ai été le voir, il avait envie de parler, assez ému il me confie :  « La semaine dernière (début février 2003), j’ai reçu un coup de téléphone d’un Israélien, Ilan, je n’avais pas eu de ses nouvelles depuis longtemps…C’est un homme de mon âge. Ses parents, des Juifs palestiniens comme on disait à l’époque, avaient loué un appartement dans notre maison à Talbieh. On s’entendait bien, et nous les enfants, ont joué ensemble. Ilan, avait un frère et trois sœurs dont l’une était si belle ! oh je m’en souviens encore. En 1948, nous avons été chassé de notre maison mais eux sont restés dans l’appartement qu’ils nous louaient. Depuis 1967, je n’avais plus entendu parler de lui. Et voilà il vient de m’appeler ! Il voulait dire qu’il se souvenait de moi, de notre amitié, de nos jeux de gosses, et nous avons parlé de choses et d’autres. Sa maman habite toujours dans notre maison…Il m’a dit : “J’aimerais te revoir, j’habite Tel Aviv.” Mais il n’est pas encore venu, il doit avoir peur de venir jusqu’ici, lui un juif à Jérusalem-Est.

            Abou Youssef s’en veut aujourd’hui car il a oublié de demander à Ilan son numéro de téléphone et il attend, il doit attendre, ils s’attendent ! Abou Youssef n’a pas le courage de retourner voir ‘leur’ vieille maison et la maman d’Ilan qui l’habite.

                                                                                                                                  Myriam Selz

Interview à Galei Tsahal

            Nous avons parlé dans un numéro précédent de Galei Tsahal, cette radio de l’armée qui donne bien plus que des nouvelles aux soldats : programmes culturels, musique, politique, société etc… Et chaque samedi, une interview d’une heure par Yaakov Agmon. En trente ans que de choses passionnantes on a pu entendre au cours de ces programmes, que de gens intéressants, juifs, arabes, chrétiens. Ce samedi 15 février 2003, l’invité est un professeur de l’Université Hébraïque de Jérusalem et de l’Institut Hartman d’études juives supérieures et de recherche, qui traite de la rencontre du judaïsme avec la modernité. Le Prof. Moshé Halbertal, 45 ans, est lui-même juif pratiquant (on nous a rassurés, l’interview a été faite en semaine!) et voici – en bref, hélas, faute de place – quelques idées évoquées :

Il y a tension entre la tradition et le monde moderne, la démocratie. Mais on ne peut vouloir que l’Etat impose des exigences religieuses; la pratique suppose liberté, choix personnel. Le mariage politique-religion est très dommageable pour la religion elle-même. […]

Ne pas oublier que les grandes œuvres juives du Moyen-Âge ont été écrites en arabe dans le cadre d’une culture différente qui pouvait être critiquée mais aussi intégrée partiellement. Ne pas se fermer, se fossiliser. […]

Le féminisme oblige à une réflexion ouverte; écarter les femmes de l’étude religieuse a été une discrimination dommageable. […]

Le soutien religieux à un courant politique extrêmiste est grave : on peut discuter de l’importance stratégique de tel point du territoire, mais ne pas proclamer : « Il est défendu (du point de vue religieux) de rendre un pouce de notre Terre Sainte ». C’est le débat entre le caractère sacré de la vie humaine et la sainteté de la Terre. La vie est la valeur suprême, notre vie et aussi celle des Palestiniens créés comme nous à l’image de Dieu.

Problème de conscience des soldats (M.Halbertal a été un des rédacteurs du code éthique de l’armée) : il faut parfois utiliser la force, mais en proportion du but légitime – ne pas se laisser entraîner, casser ou frapper sans raison. (Suit un long développement sur ce sujet délicat, bien d’actualité). La frontière entre l’action armée nécessaire et le crime est ténue.

Bien sûr, on peut trouver la façon la plus radicale de défendre le pays, mais… sera-ce le pays idéal où il fait bon vivre? Agmon remarque : C’est une phrase dure! Halbertal renchérit : Des frontières sures à 100% d’un pays où nous dominerons un autre peuple non libre, est-ce cela que je veux? La victoire de 1967 a été importante (survie menacée), mais quels problèmes depuis !

Agmon, provocateur, demande pour conclure : « Dis-moi, le peuple juif est-il un peuple sage? » Halbertal hésite… « Il a montré sa sagesse, lorsqu’il vivait faible et minoritaire dans la Diaspora. Il doit découvrir à présent comment se conduire avec sagesse quand il est devenu fort et majoritaire. »

Cour Suprême d’Israël

La plus haute instance judiciaire en Israël est souvent sollicitée pour trancher des cas difficiles. Bien des injustices sont évitées par cette Cour Suprême qui fait preuve de conscience et d’indépendance. Récemment la Commission électorale de la Knesseth dont les membres représentent les partis politiques au prorata de leur poids dans l'hémicycle, avait voté l'invalidité de la candidature de deux députés arabes, Azmi Bishara et Ahmed Tibi ainsi que de son parti, le Balad. Les deux hommes étaient accusés d'avoir tenu des propos soutenant les organisations terroristes. Après un long débat en séance plénière, la Cour Suprême, par sept voix contre quatre, a accepté leur candidature. Azmi Bishara a rendu hommage aux juges, à leur « volonté de protéger les valeurs démocratiques en temps de crise » et précisé qu'il étudierait scrupuleusement les arguments des quatre juges qui se sont prononcés contre sa candidature. Pour lui, il est clair que la décision de la Cour Suprême a réhabilité la démocratie israélienne aux yeux des Arabes. « Ils n'ont plus le sentiment d'être en marge de la démocratie. Ce verdict prouve que la tentative de délégitimisation des candidats arabes a échoué, que nous ne sommes pas hors-jeu, qu'il est important d'y rester et donc d'aller voter ». Le boycott prévu a donc été évité, même si seulement 62 % sont allés voter (68,5 % dans la population juive).

Objection de conscience

Un lieutenant des Renseignements militaires israéliens a refusé de transmettre à une autre unité des informations sur une cible que les hélicoptères devaient attaquer, il y a trois semaines, en riposte à l'attentat de Neve Shaanan (Tel-Aviv) qui a coûté la vie à 23 personnes. Cet officier a expliqué à son supérieur que la cible, un camp militaire du Fatah, était située à proximité de maisons de civils palestiniens dans les Territoires et qu'il refusait d'être impliqué dans une telle attaque. Finalement, un officier supérieur de la même unité a fourni cette information destinée aux hélicoptères mais l'opération a dû être annulée à la dernière minute. L'officier objecteur de conscience a été démis de ses fonctions et transféré dans un autre service. Les avis sont partagés au sein des Renseignements militaires à propos de cette affaire : certains considèrent que le lieutenant incriminé a agi avec beaucoup de courage, d'autres prétendent qu'il a outrepassé ses droits.

                                                                                                                                 Yohanan Elihai

Un autre visage du judaïsme

Antigone de Sokho reçut [enseignement] de Siméon le Juste ; il disait :

Ne soyez pas comme des serviteurs qui ne recherchent le Maître qu’à la condition de recevoir une gratification, mais soyez comme des serviteurs qui recherchent le Maître en exigeant de ne recevoir aucune gratification.

Mishna Avot, I,3. Traduction d’Éric Smilévitch, Leçons des pères du monde, Lagrasse, Verdier 1983, p. 25.

                                                                                                                                    M.R.

Le chant du mois

Il arrive que des chants contestataires fassent plus pour changer la société que bien des discours et des manifestations. De même le P.Bouyer, théologien connu, a écrit que Luther avait eu plus d’influence par ses cantiques que par ses longs développements théologiques. Un exemple en Israël :

Yitshak Rabin lors d’une visite sur le Golan rappela les morts de la guerre, et mentionna aussi les soldats syriens tombés à cette occasion. Il eut aussi le courage de parler d'une éventualité de retrait du Golan s'il y a une possibilité de paix. Plusieurs habitants déclarèrent alors: « Cela met en balance la vie et la maison que l'on a bâtie ici, où nos enfants sont nés. Or ce qui compte c'est la vie; la maison... on peut la reconstruire ailleurs. »

Lors de cette rencontre un chœur de l'armée, 6 garçons et filles, chantèrent le chant Nous sommes les enfants de l'hiver 73 (fin de la guerre de Kippour contre la Syrie). L'auteur du chant leur avait demandé: « Chaque fois que vous chanterez ce chant en présence du Ministre de la Défense, Rabin, (dans les cérémonies officielles), regardez-le droit dans les yeux. » Cette fois Rabin leur demanda la cassette: « Je veux écouter cela en auto dans mes voyages. » On dit que ce fut une des choses qui l'influença et le poussa à rechercher la paix. Voici des extraits de ce chant:

 


Nous sommes les enfants de l'hiver 73

Vous avez rêvé de nous dès l'aube,

   à la fin des combats,

Hommes fatigués, remerciant d’avoir survécu

Femmes prudentes, inquiètes,

Vous vouliez tellement aimer […]

Vous vouliez remplir, par votre corps,

   ce que la guerre avait détruit,

Quand nous sommes nés, le pays était blessé,

Vous nous avez regardés, serrés dans vos bras,

Vous tentiez de trouver une consolation,

Quand nous sommes nés,

   les vieux ont dit une bénédiction,

Larmes aux yeux, ils ont dit:

"Espérons que ces enfants n'iront pas à l'armée..."

Vous avez promis de tout faire pour nous,

   pour faire de l'ennemi un ami,

Vous avez promis une colombe,

   une branche d'olivier, la paix,

Vous avez promis…


 

malgré tout, l’humour en finale…

Problème biblique

Et Dieu dit à Noé : « Fais entrer les animaux deux par deux. » Alors Noé partit en chasse et appela tous ceux qui voulaient être sauvés. Et on vit entrer Mr et Mme Éléphant, le lion et la lionne, le moucheron et la moucheronne.

Mais dans la file, voici que se présente… le vers solitaire.

Optimisme radical

Il est un personnage légendaire dans le folklore arabe (et turc), le simplet du village, mais non dénué de bon sens, à qui il arrive mille péripéties. Un peu le Marius de Marseille ou le Ouin-ouin de Suisse, bien que différent. C’est Joha.

Il dit toujours el-Hamdou-lillah (Dieu soit loué) quoi qu’il arrive. Un jour il lave sa tunique et la pend au soleil sur la terrasse. Mais pendant qu’il fait la sieste, un vent violent se lève et emporte la tunique. Les voisins railleurs viennent lui annoncer la nouvelle en ajoutant :

– Alors, Joha, tu vas encore dire el-Hamdou-lillah ?

– Bien sûr ! el-Hamdou-lillah que je n’étais pas dans la tunique!...

                                    Yohanan Elihai

 

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

Infos pratiques

Livre conseillé :

Eli Barnavi, Luc Rosenzweig, La France et Israël, une affaire passionnelle, Perrin, Paris, 2002.

-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Même si nous avons une ligne commune dictée par notre présence en Israël, il semble bon de rappeler le principe qui guide bien des publications et qui donne une certaine liberté à chacun : la revue laisse aux auteurs des articles et comptes rendus l’entière responsabilité des opinions et jugements qu’ils expriment.

Au moment d’envoyer ce numéro

 

Voici une nouvelle toute récente :

D’abord, hélas, l’annonce de l’attentat du 5 mars dernier. Un attentat-suicide a été commis contre un autobus dans un quartier résidentiel du port de Haïfa, au nord d'Israël. Un jeune arabe d’Hébron s’est fait sauter avec une grosse charge qui a pulvérisé le bus. Bilan : 16 morts, une quarantaine de blessés dont 2 dans un état critique et 7 dans un état qualifié de grave.

Haïfa est une ville connue pour la bonne entente entre Juifs et Arabes. Ce qui dans de tels cas empêche le pire, avec en outre le fait que parmi les morts (la plupart des enfants revenant de leurs écoles) il y avait deux filles arabes. De même parmi les blessés, qui se retrouvent ensemble dans les hôpitaux. Un arabe, père de l’un des blessés, est venu à l’hôpital distribuer des bonbons à tout le monde, en disant à chacun : “…les bonbons de la paix”. De petits gestes qui dans une telle ambiance ont une valeur énorme.

et un autre Flash d’espoir :

Givat Haviva, un espoir pour la paix (communiqué de Shalom Akhshav - La Paix maintenant)

Le 6 mars 2003, les Amis de Shalom Akhshav de France ont reçu Myriam Dagan et Sana’a Watad, co-directrices du centre Judéo-Arabe pour la Paix Givat Haviva.

Le centre Givat Haviva est né en 1963, à l’initiative de la fédération des Kibboutzim Artzi. Sa mission consiste à faire naître et à promouvoir par l’éducation et des projets, la tolérance et la solidarité entre les deux communautés israéliennes, la juive et la palestinienne.

Parmi les programmes exposés par Myriam et Sana’a, deux programmes ressortent singulièrement, le Département de l’Education et le Centre des Femmes.

Chaque année, Givat Haviva permet à 25 000 jeunes, écoliers, lycéens et étudiants israéliens, arabes et juifs, de se rencontrer, de confronter les stéréotypes mutuels qui entravent la naissance d’une société fraternelle où chacun puisse se revendiquer comme un citoyen à part entière. Givat Haviva organise de nombreux programmes éducatifs comme des cours de langue arabe pour les jeunes juifs, des voyages et des séjours pour tous, des conférences et des séminaires en Israël et à l’étranger. Sana’a a expose les activités du Centre des Femmes, programme destiné à promouvoir le rôle des femmes dans une société peu soucieuse d’égalité. Chaque année et pour une durée de deux ans, le Centre des Fem mes accueille des groupes d’une vingtaine de femmes des deux communautés, généralement des travailleuses ou des assistantes sociales, afin de leur apprendre à mettre sur pied des programmes pour les femmes de leur ville ou de leur commune. Certaines stagiaires ont ainsi incité des femmes d’origine falasha (éthiopienne) à monter des pièces de théâtre pour exprimer les problèmes et les souffrances de citoyennes israéliennes doublement victimes des préjugés à l’égard de leur origine et de leur état de femme. Des Palestiniennes sont incitées à créer leurs entreprises comme des restaurants ouverts aux femmes.

Les femmes ont-elles des leçons à donner à la société israélienne ? Myriam avoue franchement que «  Sana’a et moi éprouvons parfois du mal à nous côtoyer tous les jours. Les attentats ou les tueries dans les Territoires marquent nos rapports. Parfois nous nous évitons, parfois nous ne nous regardons pas. Mais toujours, nous revenons l’une vers l’autre, car nous savons que nous marchons ensemble sur le même chemin. »

Givat Haviva a reçu en 2001 le Prix UNESCO pour l’Education à la Paix. Le centre tire ses ressources de subventions versées par des collectivités locales, ainsi que de dons, en baisse sensible depuis le déclenchement de l’Intifada. Malgré tout, Myriam et Sana’a affirment ressentir une volonté nouvelle au sein de la société pour renouer les fils d'un dialogue aussi  essentiel entre juifs et arabes. Cet espoir ne doit pas mourir. Nous devons nous engager aux côtés des milliers d’Israéliens qui comptent sur Givat Haviva pour entretenir la flamme de la paix.

Centre Judéo-Arabe pour la Paix, Givat Haviva 37850, M.P Menashe - Israel

Site Internet : http://www.givathaviva.org mail@givathaviva.org.