JOUR DU SEIGNEUR
L’histoire, jalonnée de visites de Dieu (Gn 50,24-25 ; Is 10,3 ; Jr 6,15 ; Ez 13,5 ; Lm 1,12), a un terme, le « Jour du Seigneur » (Is 13,2-9 ; Ez 30,3 ; Am 5,18 ; Jl 1,15), préparé par le retour d’Élie (Ml 3,22-23 ; Lc 1,16-17). Le cosmos sera ébranlé (So 1,17-18 ; 2,9 ; Ml 3,19-20), la panique régnera (Is 2,10 ; Ez 7,7-17), mais pour un petit reste, ce sera la victoire d’Israël (Is 28,14-18 ; Mi 1,2-3 ; Za 12,1-4), avec le don de l’Esprit ; et quiconque invoquera le nom de Yhwh sera sauvé (Jl 3,5 ; cf. Jn 16,24 ; Rm 10,13). Car ce sera aussi le jugement (Ps 94,2 ; Ez 38 ; 2 P 2,9) et la conversion des nations (So 2,4-15).
Dans le NT, c’est encore le jour de la visite (Mt 7,22 ; 1 P 2,12), de la colère (Rm 2,5), mais pour cette raison c’est aussi le jour de Jésus-Christ (Lc 17,24-26 ; 1 Co 1,8 ; Ph 1,6), de la révélation (2 Th 1,7), de la parousie (ou « présence », Mt 24,3 ; 1 Co 15,52 ; 1 Th 2,19 ; Jc 5,7 ; 1 Jn 2,28 ; cf. Za 9,9). Jean le Baptiste proclame l’imminence du jugement (Mt 3,11). Jésus annonce que le Royaume est arrivé (Mt 12,28) ; telle est la figure du Fils de l’Homme (Lc 17,24-26), accompagnée de signes cosmiques (Mt 24,6.15.29.37-44 ; Ap 21,1). Au terme, les élus seront transfigurés (Ph 3,20-21). Cet horizon indéfini (Mt 24,42 ; Ac 1,11) maintient le croyant dans l’espérance (Tt 2,13 ; 1 Jn 2,28), lui fait accepter la persécution (1 P 4,13-15 ; 1 Jn 4,1-4) ; Paul le croit prochain (Rm 13,11 ; 1 Th 4,17) et invite à veiller (1 Th 5,2-6 ; cf. Ap 22,20). Jésus le demandait aussi (Mt 25,13), et invitait fermement à faire fructifier dans l’intervalle les « talents reçus » (Mt 25,14-30) et de pratiquer la charité (Mt 25,31-46 ; cf. Ga 6,10 ; Ep 5,15-17).
Depuis la résurrection du Christ, cet aboutissement est déjà présent : le croyant est « fils du Jour » (1 Th 5,5), « fils de lumière » (Ep 5,8) ; même s’il reste une attente (Jn 13,19 ; 16,1-4), tout est accompli dès maintenant (Jn 5,24-25 ; 12,31) ; le jugement ultime est arrivé (Jn 3,36). Le baptême introduit dans la résurrection (Jn 3,5 ; Rm 6,3-5 ; Ep 2,5).
La synthèse de « déjà là » et « pas encore » se fait dans le culte, le « Jour du Seigneur » (Ap 1,10) ; c’est le sens étymologique de « dimanche » (dies dominica). Il s’agit d’abord du premier jour de la semaine (1 Co 16,2), qui prolonge le sabbat jusqu’à l’aurore d’une nouvelle création (Ac 20,7-11) ; c’est donc un « huitième jour », à la suite de la résurrection de Jésus ; la fraction du pain annonce aussi le retour du Seigneur (1 Co 11,26).
b-JOURDAIN (2700, VTB ~)
La principale source du Jourdain, à Césarée de Philippe, au pied du mont Hermon, surgit des profondeurs de la terre, supposées infernales (cf. Mt 16,18). La région est verdoyante, et la tribu de Dan, d’abord établie entre Juda et le pays philistin (Jos 19,40-47 ; cf. Jg 14,1), y émigra (Jg 18,1-10). L’expression « de Dan à Bersabée » désigna ensuite la totalité du pays d’Israël (Jg 20,1 ; 1 S 3,20 ; 2 S 17,11).
Après avoir traversé le lac de Tibériade,le Jourdain, dont les crues sont suggestives (Si 24,26-34), descend en méandres – comme le suggère son nom – jusqu’à la mer Morte ou « mer du Sel » (Gn 14,3), stérile à cause de sa salinité ; c’est le point le plus bas du monde (400 m sous le niveau de la mer). La zone était fertile (Gn 13,10-11), mais à cause du péché de Sodome et Gomorrhe, une perversion sexuelle (Gn 18,20 ; cf. Rm 1,20-25), elle fut détruite par un Déluge de feu (cf. 2 P 2,5-10). Seul Lot, neveu d’Abraham et père incestueux d’Ammôn et de Moab, fut sauvé (Gn 19,23-38 ; Jud 6-8), mais sa femme fut punie pour s’être retournée (Lc 17,32). La région est restée désertique, inhospitalière et très accidentée (cf. Lv 16,20-22), à l’image d’une âme impie, d’où la prophétie que reprendra Jean le Baptiste devenu « la voix qui crie dans le désert : “Préparez les chemins du Seigneur” » (Mc 1,3 ; cf. Is 40,3). Une source issue du Temple futur restaurera la fertilité du désert de Juda (Ez 47,1-10).
Depuis l’arrivée des fils d’Israël avec Josué (Jdt 5,15-18), le Jourdain est symboliquement la frontière entre l’errance au désert depuis la sortie d’Égypte et la Terre promise, même si certaines tribus ont reçu leur lot au-delà du fleuve (Nb 32,16-19). L’ensemble du peuple l’a traversé à pied sec, comme la mer Rouge (Ex 14,29-31), mais plus solennellement, avec les prêtres portant l’arche (Jos 3,14-17 ; cf. Ps 114,3-6). Puis l’on érigea douze pierres commémoratives à Gilgal, l’endroit où le peuple fut circoncis à nouveau (cf. Ex 12,48) et où il célébra la Pâque de l’arrivée en Terre promise (Jos 5,10-12 ; cf. Ex 13,5).
Avant d’être emporté par un char de feu, Élie avait traversé le Jourdain à pied sec vers Jéricho (2 R 2,8-14), et c’est là que son retour est annoncé, pour préparer le « Jour de Yhwh » (Ml 3,22-23). Élisée, qui avait accompagné Élie au Jourdain, reçut une double part de son esprit et devint son héritier. Il retraversa le Jourdain à pied sec ; puis, parmi les signes accompagnant son ministère figure la guérison de Naamân le Syrien lépreux dans le Jourdain (2 R 5,10-14 ; cf. Lc 4,27).
Jean le Baptiste, qui a « la puissance d’Élie » (Lc 1,16-17), annonce l’imminence du jugement (Mt 3,11) et forme un nouveau peuple dans le désert (Is 40,3-5), à partir du Jourdain. Selon Jn 1,28, Jean baptisait au-delà du Jourdain ; proche du Royaume, il n’y entre pas (Mt 11,11), et n’en mange pas le produit (Lc 7,33). Plus tard, Theudas (Ac 5,36), qui avait rassemblé tout un peuple de réfugiés au-delà du Jourdain, affirmait qu’à son commandement il s’ouvrirait, comme au temps de Josué.